Instantanés espagnols

Par
Sauts de puces un peu givrés de Cadaqués à Nerja en suivant la côte méditerranéenne.
Mars 2024
15 jours
1
1

L'après midi s'achève, les dernières minutes de télétravail aussi !

Nous bondissons dans la voiture déjà chargée de tout le nécessaire pour deux semaines d'itinérance à travers l'Espagne et filons en direction de l'autoroute.

Pas de neige au col de la Fageolle, pas plus au col des Issartets -le plus haut col autoroutier de France avec ses 1121 mètres d'altitude-.

L'A75 peut être encore piégeuse à la sortie de l'hiver car, contrairement aux autoroutes savoyardes, elle n'a pas été construite dans la vallée !

C'est par ailleurs une autoroute panoramique grâce aux merveilleux paysages qu'elle traverse : Puy de Sancy, Aubrac, Causse du Larzac et aux curiosités qu'elle frôle : Saint Flour, Viaduc ferroviaire de Garabit.

C'est aussi l'occasion d'emprunter le pont à haubans de tous les records, le libérateur Viaduc de Millau ( Ceux qui ont emprunté l'autoroute en été avant sa construction comprendront aisément l'usage de cet adjectif...)

Bref, rouler ici, ce n'est pas vraiment comme rouler ailleurs. Un avant goût du voyage...

Ne voulant pas déflorer votre première vision de cette voie royale, je ne publierai aucune photo !

Il vaut mieux tout de même éviter l'expérience les week-ends en période scolaire, la France du Vide s'appréciant tout particulièrement quand elle l'est !

Ce qui est le cas aujourd'hui...

Nous avons réservé une chambre d'hôte au Caylar, nous y arrivons à la tombée du jour.

Ne reste plus qu'à déguster un steak de viande d'Aubrac , qu'à siroter un vin de Lozère avant que d'aller se coucher.

Demain, nous passerons la frontière à Cerbère et ferons nos premiers pas en Espagne

2

Le Pas de l'Escalette nous fait basculer en Méditerranée.

L'autoroute A9 n'offre pas vraiment du rêve jusqu'à l'arrivée en vue des Pyrénées.

La ligne blanche des montagne se dessine alors à l'horizon, c'est saisissant !

Nous quittons maintenant l'univers des camions et des gens pressés pour baguenauder sur le réseau secondaire direction Cerbère.

Plus qu'un col à franchir, et nous voilà en Catalogne.

Le ciel est d'un bleu profond, le vent est assez frais, les cactus sont plus nombreux que les touristes...

D'épingles à cheveux en épingles à cheveux, nous grimpons jusqu'à l'église en ruine de Santa Helena et au tout proche monastère de Sant Pere de Rodes.

Quel panorama !

Le petit port de la Selva qu'on aperçoit au lointain doit proposer d'intéressantes options pour déjeuner, non ?

Un oeil sur le smartphone et je repère un restaurant dont la carte semble rassembler tout ce dont nous avons envie.

Nous nous régalons bientôt de poulpe et de seiches pour un tarif plutôt raisonnable comme c'est souvent le cas en Espagne.

Nous roulons ensuite jusqu'au parking du Cap de Creus puis partons nous balader un peu.

Même hors saison, les lieux ne sont pas déserts et je pense qu'il doit être impossible de se garer ici en juillet août !

Cette remarque vaut aussi pour notre prochaine étape, Cadaqués où nous flânons en cette lumineuse fin d'après-midi.

Que serait devenu ce bouillonnant village sans l'ombre de son plus célèbre habitant ?

Nous le saurons jamais !

Ce que je sais en revanche, c'est que cette charmante commune pourtant extrêmement touristique n'a pas été transformée en centre commercial de luxe comme on en voit partout de Paris à Dubaï, de Saint-Tropez à Courchevel, de Zermatt à Monaco.

Je ne vais pas en voyage pour reluquer les importables vêtements de luxe, pour me frotter à la jet set.

Alors je profite pleinement des ruelles qui réunissent la prouesse de n'être devenues ni un nid à kebab ou à mac do, ni un repaire de marques m'as tu vu, les deux plaies du sur-tourisme...

L'heure tourne, il faut partir !

Nous avons choisi un hébergement loin du tumulte de la côte dans la petite ville de Fortià.

Ce logis est plein de charme, le petit déjeuner excellent mais je ne le recommanderai pas pour son silence.

En effet, si d'autres hôtes décident de bavasser tout au long de la nuit, vous profiterez largement de leurs conversations...

3

Si nous voulons atteindre l'Andalousie dans quelques jours, il va falloir faire des étapes un peu plus longues et emprunter le très dense réseau d'autoroutes.

Pas de péages sur de nombreuses quatre voies, c'est économique de rouler en Espagne !

D'autant plus que les prix à la pompe peuvent être très doux si on repère sur internet les stations discount ...

1.349 le litre de diesel, 1,449 celui de sans plomb. L'automobiliste a l'impression d'effectuer un voyage dans le temps...

Je recherche une curiosité à voir en chemin, je ne suis pas une fanatique de la pré-préparation à outrance de mes voyages. Les grandes lignes, c'est à dire les étapes du soir, oui mais pas le programme précis de chaque journée.

Pourquoi pas le monastère de Poblet ? Un coup d'oeil sur le site de l'abbaye m'apprend que les horaires d'ouverture ne sont pas adaptés à un passage le nez au vent.

La pause méridienne est effectivement très longue : fermeture de 12 30 à 15 00 ...

Aurais-je plus de chance avec le monastère royal de Santes Creus ?

Bingo ! Les lieux sont accessibles toute la journée !

Un court détour plus tard, nous voilà sur la jolie place Sant Bernat au milieu des orangers.

Nous apprenons que le site est en cours de restauration et que le cloître est fermé.

La visite reste tout de même intéressante et nous ne regrettons pas nos 4 euros d'entrée !

Nous profitons du soleil pour déjeuner d'un sandwich en terrasse en observant le spectacle de la rue.

Ce n'est pas là non plus que nous allons nous ruiner !

Nous regagnons alors l'autoroute qui s'écharpe bientôt de brume.

Fini le ciel bleu comme le printemps, l'automne nous rattrape.

Arrivés au niveau du delta de l'Ebre, nous comprenons que les balades prévues se feront dans le froid et le gris.

Nous nous garons tout d'abord au parking de la plage de la Marquesa et flânons en direction du phare El Fangar.

Vu le temps, il n'y a pas vraiment foule ...

Nous rebroussons chemin bien avant d'arriver au phare et sillonnons ensuite les petites routes du delta.

Aux beaux jours, il doit être agréable d'enfourcher ici son vélo pour essayer de dénicher les nombreux habitants à plumes du coin !

L'embouchure du fleuve est maintenant toute proche .

Nous abandonnons la voiture au terminus du goudron, enfilons nos plus chauds blousons et grimpons au sommet du mirador du Ziggourat.

L'Ebre rejoint la Méditerranée au milieu des roseaux sous un ciel plombé.

L'après midi touche à sa fin lorsque nous atteignons la plage del Trabucador et ses canaux en arrière plan.

Que c'est triste ! Il manque vraiment un rayon de soleil pour réveiller le delta !

Nous n'avons plus qu'à rejoindre l'hôtel réservé, hôtel choisi pour son restaurant.

Pas de chance, il est fermé le dimanche !

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas...

4

La brume est toujours bien présente au matin et nous accompagne jusqu'à Peñíscola.

Nous devinons à peine l'ancien village calfeutré dans ses murailles, encore moins le château qui le surplombe.

Nous effectuons tout de même une balade autour de la presqu'île en espérant le retour du soleil.

En vain ou presque !

Nous filons maintenant vers Murcie que nous atteignons en début d'après-midi.

Un saut à l'hôtel pour poser les bagages et nous partons visiter cette métropole de quasi 500 000 habitants connue pour son climat semi-aride chaud.

Peut-être mais pas aujourd'hui...

La cathédrale est en travaux et une bâche plutôt rigolote orne sa façade.

Ce n'est heureusement pas l'attrait principal de cette cité dont le principal charme se découvre à quelques rues de là : le Casino Royal, un ancien club privé dont les membres, triés sur le volet, s'adonnaient aux plaisirs du jeu et de la conversation.

D'extérieur, ce bâtiment édifié en 1847 ne soulève pas l'étonnement.

Mais une fois sa porte franchie, le visiteur reste bouche bée en arpentant la magnifique entrée et le patio arabe de style néo-mudéjar.

Le reste des salles est un cran en dessous mais le tout est à ne pas manquer si vous passez par là !

Nous flânerons ensuite dans le centre historique, centre relativement restreint qui se parcourt sans déplaisir.

Tiens, la cathédrale semble ouverte maintenant ! Si nous allions y jeter un coup d'oeil ?

Les préparatifs de la Semaine Sainte battent leur plein comme dans toutes les églises du pays. Les chars sont ornés de fleurs, de cierges, de rameaux.

Même les pâtisseries se mettent à l'heure de la fête !

J'avais un peu oublié ce paramètre en organisant ce voyage en Espagne...

Une fois sur place, impossible de l'ignorer !

Nous achèverons notre journée à Murcie dans un bar à tapas où nous nous régalerons d'appétissantes bouchées et d'un excellent vin. A savoir : la première tapa est gratuite. C'est un peu l'équivalent des cacahuètes servies dans les bars français à l'heure de l'apéro...

Bonne dégustation !

5

Nous franchissons maintenant les portes de l'Andalousie et entamons notre visite de cette région par le blanc village perché de Mojacar.

Nous sommes hors saison et ça se voit.

Pas grand monde dans les ruelles, un stationnement plutôt facile et une ambiance plus naturelle, plus village classique que village touristique.

Nous profitons d'un rayon de soleil pour déjeuner en terrasse puis allons nous perdre dans la chaîne de montagnes qui surplombe le village, la Sierra Cabrera.

Les routes sont étroites, pentues, tournicotantes et parfaitement désertes !

Nous sommes maintenant au Cerro de la Mezquita à 960 mètres au dessus du niveau de la Méditerranée.

Le secteur n'est pas vraiment mis en avant dans les guides et sur les sites. Tant mieux pour ceux qui s'y aventurent !

Pas de voitures à la queue leu leu, pas de papier toilette qui traîne partout, une impression d'être aux confins de l'Europe !

Sauf quand les yeux traînent du côté des plaines agricoles défigurées par ces kilomètres de plastique blanc formant une mer ininterrompue de serres abritant le pire de ce que la culture intensive de légumes et de fruits peut produire...

Depuis avoir vu cette horreur, j'avoue être nettement plus sensible aux étiquettes de ce que j'achète et évite au maximum les produits frais espagnols pourtant souvent étiquetés bio ( La preuve qu'il y a vraiment à boire et à manger derrière le cahier des charges permettant de s'afficher vert...)

Oublions cette désastreuse marée blanche et reprenons la route dos à l'océan !

Le paysage s'avère de plus en plus sauvage et nous faisons même de très intéressantes rencontres ...

Une fois la Sierra Cabrera traversée, nous retrouvons quatre voies et autoroutes et filons vers notre prochaine étape, le village de San José au coeur du parc naturel de Cabo de Gata-Níjar.

Nous y avons réservé un appartement avec vue mer et nous ne sommes absolument pas déçus de notre choix !

Cerise sur le gâteau, ce n'est ni le week end ni encore les vacances très courues de la Semaine Sainte, la station balnéaire reste donc paisible quasi endormie ce qui convient parfaitement à nos envies !

Le soleil semble sur le point de se coucher, si nous faisions une petite promenade avant la nuit ?

Je regrette bientôt de n'avoir prévu que 2 nuits ici !

6

Au matin, nous partons randonner dans le parc.

Le sentier commence à quelques pas de notre hébergement et suit la côte jusqu'à la très belle plage de Los Genoveses.

Cette plage est également accessible par une piste roulante, piste aussi peu fréquentée en cette fin mars que le chemin de randonnée !

Nous longeons le ruban de sable jusqu'à son extrémité puis prenons un peu de hauteur.

C'est franchement une balade très sympa surtout en quasi totale solitude !

Je ne sais pas comment sont les lieux en août mais j'ai comme l'impression qu'il doit y avoir ici une multitude de serviettes et de parasols ôtant à cette plage sa magie.

Nous retournons à notre point de départ par l'intérieur des terres avec comme but un ancien moulin.

Ce nouveau sentier est tout aussi plaisant.

Et tout aussi désert ...

Nous changeons maintenant de mode de déplacement et longeons à nouveau la plage de Los Genoveses, en voiture cette fois-ci.

Un peu de monde circule sur la piste puis le troupeau s'éparpille dans les buissons...

Nous dépassons le point le plus éloigné de notre randonnée et continuons notre route jusqu'à la jolie plage de Mónsul, qui comme Los Genoveses, a échappé au béton et aux méfaits du développement d'un tourisme débridé grâce à son isolement mais aussi à son inscription en zone protégée.

La piste carrossable s'achève ici.

Nous rebroussons donc chemin et partons du côté est du parc.

Fini le gravier, place au bitume.

Les criques sont plus faciles d'accès, des constructions émaillent la côte, le ciel vire à l'orage.

Nous évitons cependant la pluie et profitons du retour du soleil pour nous balader aux confins de la plage de Rodalquilar.

La silhouette d'un château construit sur une dune fossilisée aux formes tourmentées nous intrigue, nous nous dirigeons vers lui.

Il est malheureusement un peu trop tard pour pouvoir explorer le coin plus en profondeur et nous regagnons sagement notre logis !

7

Nous abandonnons aujourd'hui le bord de mer pour le désert !

Comme les routes les plus courtes en durée sont rarement les plus belles en paysages, nous préférons passer par Nijar puis traverser la Sierra Alhamilla plutôt que d'emprunter les 4 voies.

Nous tentons tout d'abord le franchissement de cette chaîne de montagnes via le village d'Huebro.

Malheureusement la tortueuse et étroite route qui se hisse jusque là s'achève en piste et la Scirocco n'a guère les capacités d'un 4x4...

La deuxième tentative via les routes secondaires AL 102 et AL 3105 s'avèrera plus concluante.

Un halte très intéressante en chemin, les anciennes installations minières de Lucainena de las Torres !

Les fours du complexe possédaient une hauteur de 20 mètres et pouvaient produire chaque jour 50 tonnes de minerai de fer calciné.

Construits au début du 20ème siècle, ils s'éteignirent définitivement en 1942 faute de rentabilité.

En 2010, la municipalité procéda à une mise en valeur touristique du site librement accessible aujourd'hui.

Les estomacs grondent maintenant, je recherche un restaurant pour déjeuner !

Pourquoi pas à Turillas ?

Un copieux repas ouvrier plus tard, nous dépassons Tabernas pour poursuivre plus au nord jusqu'au col de Velefique perché à 1820 mètres d'altitude.

Le temps est plutôt bouché, dommage !

Nous choisissons alors de plonger vers le village de Bacares situé de l'autre côté du col avant que de partir à l'assaut de l'observatoire de Calar Alto où nous retrouvons enfin un brin de soleil !

Dis Agnès, l'après-midi est bien avancée ! A combien de kilomètres se trouve notre BB ?

Euhhh, une bonne heure...

La nuit s'annonce quand nous atteignons la confortable casa rural Cortijo Oro Verde, la nuit est d'encre lorsque nous partons dîner en ville.

Bon appétit !

8

Quel est le point commun entre Lawrence d'Arabie, Conan le Barbare, Le Bon la Brute et le Truand, Indiana Jones et la dernière croisade ?

Le seul désert d'Europe : celui de Tabernas !

Des scènes de toutes ces super-productions ont, en effet, été filmées ici et, si les tournages se font aujourd'hui bien plus rares que dans les années 60-70, les lieux n'en gardent pas moins la trace des chevauchées de Clint Eastwood.

Nous choisirons plus sagement d'explorer ces paysages desséchés tout en ravins, crevasses et buissons à pied !

Le point de départ de la randonnée se situe au niveau du parc à thèmes Mini Hollywood Oasys et nous entrons rapidement dans le vif du sujet.

La marche, gratuite, ne semble pas l'option favorisée par les personnes en charge du développement touristique du secteur, les panneaux se font rares !

Il est donc préférable de se promener muni d'un gps...

Quelques notes d'harmonica résonnent dans ma tête, nous nous approchons de Western Leone, le village Potemkine de nombreux westerns-spaghetti.

En échange de quelques euros, vous pourrez vous mettre dans la peau d'un cow-boy.

Nous préférons ne pas tenter l'expérience...

Nous longeons maintenant l'autoroute.

Qui a eu la sinistre idée de balafrer ce désert ?

Il vaut mieux prévoir les boules quies pour admirer certains panoramas...

Le tintamarre de la circulation s'estompe tandis que nous nous dirigeons vers l'oasis de Lawrence d'Arabie, le clou de cette randonnée d'une dizaine de kilomètres.

Nous n'avons alors plus qu'à emprunter un bringuebalant escalier pour retrouver, un peu fourbus et transpirants, la Scirocco.

J'attendais beaucoup de cette étape, je suis plutôt déçue.

Tabernas est coincé au milieu d'un noeud routier et les installations sont complètement à l'abandon.

Je vous conseille plutôt une virée au Parc Naturel des Bardenas Reales si vous voulez goûter aux joies d'un paysage évoquant le désert !

9

Avant de quitter Tabernas, nous grimpons à la citadelle hispano mauresque qui domine la ville.

La forteresse est plutôt en ruines mais l'ensemble ne manque pas de charme et offre de belles vues sur le désert comme sur la cité.

La Scirocco avale maintenant les 30 petits kilomètres qui nous séparent d'Almeria.

À chaque mouvement On entendait Les clochettes d'argent De ses poignets Agitant ces grelots Elle avança Et prononça ce mot : « Alméria »

Nous ne croiserons pas plus la légendaire B.B. sur le parking du port que dans la Cathédrale de l'Incarnation...

Tant pis, profitons tout de même de la visite - payante comme souvent en Espagne - de cette surprenante église, à la fonction à la fois religieuse et défensive : un refuge contre les pirates écumant la Méditerranée !

A quelques pas de là, se dresse le monastère de Las Puras ( billet d'entrée combiné avec celui de la Cathédrale ), un élégant couvent réservé aux femmes.

Un petit bijou !

Nous dégustons ensuite quelques tapas au pied de l'imposante Alcazaba puis nous partons digérer notre déjeuner en arpentant les jardins et les trois enceintes de ce palais d'origine arabe.

Le promeneur n'est guère dérangé par la foule...

Cette balade, sous le signe du soleil, est pourtant plutôt enthousiasmante !

Regardez bien ce ciel bleu, vous ne le reverrez pas avant longtemps...

C'est d'ailleurs dans la brume et les nuées que nous nous installerons dans la maison louée sur les hauteurs de Frigiliana pour les 3 prochaines nuits !

Il devrait y avoir ici une jolie vue sur Nerja et la méditerranée mais ce sera pour un autre voyage...

10

La météo ne s'est guère améliorée au réveil.

Enfin si, il ne pleut pas !

Têtus, nous maintenons pourtant la randonnée prévue au départ du village de Frigiliana : le Sendero Acequia.

Nous suivons tout d'abord le rio Higueron. Les figuiers et les avocatiers sont en fruits contredisant la sensation climatique d'être en Irlande plutôt qu'en Andalousie ...

D'après notre GPS, il y aurait bientôt sur la gauche un raccourci permettant de rejoindre le fameux canal d'irrigation, objet de cette randonnée.

Tu le vois, toi ?

Nous nous enfonçons alors dans la broussaille à la recherche d'une trace.

Rien par ici, rien par là !

Grimpons un peu, c'est peut-être plus haut !

Après quelques efforts, la ténacité finit par payer et le sentier tant attendu apparaît brusquement.

Je reprendrais plusieurs fois mon souffle avant que d'enfin toucher au but...

Le rio s'étale devant nous, les montagnes barrent l'horizon, nous marchons sur l'étroite margelle.

Sous un resplendissant ciel bleu inondé de soleil, ces paysages doivent être magnifiques ! Malheureusement, nous devrons nous contenter de toute cette grisaille comme toile de fond.

La randonnée s'achève sur les hauteurs de Frigiliana au niveau des ruines du château.

Une fois de plus, le panorama serait grandiose, une fois de plus, un ciel bouché étouffe la beauté des blancs villages andalous.

Nous foulons maintenant les ruelles pentues de la très touristique bourgade.

Le temps maussade joue alors enfin pour nous !

Le risque de pluie a, en effet, éloigné les touristes et nous sommes quasi les seuls à nous être aventurés sur les pavés.

L'ambiance au coeur de la ville doit être tout autre en juillet.

Une foule que je ne regrette absolument pas, une tranquillité qui garantit à cet âne un repos bien mérité !

Je trouve ce village très plaisant. Il n'est pas défiguré par le sur-tourisme à tous les coins de rue et j'espère qu'il saura garder un peu de son âme malgré l'assaut croissant des AirBnb et des boutiques fourre-tout et n'importe quoi.

Un brin de soleil finit par percer.

Le temps d'une photo...

Je n'ose regarder les prévisions pour demain...

11

J'ouvre un oeil, il pleut.

Je le referme ...

La matinée est bien entamée lorsque nous nous décidons enfin à affronter les éléments.

Que faire par un temps si pourri ?

Errer en voiture, manger, errer en voiture, manger ...

La route que nous suivons maintenant nous entraîne dans le mignonnet village de Competa.

Pas un chat à l'horizon, un ciel toujours aussi plombé, une ambiance de plus en plus déprimante !

Et si nous déjeunions, histoire de retrouver goût à la vie ?

Aussitôt dit, aussitôt fait !

Et nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la même idée pour sortir du marasme au vu du monde sur le parking du restaurant...

Repus, nous reprenons le chemin de Frigiliana, en longeant la côte cette fois-ci.

Un arrêt à la trop touristique Nerja,

Et nous retournons à notre activité favorite...

Bon appétit !

12

Grenade, la perle de l'Andalousie ?

Je ne sais pas puisque je n'ai pas visité tous les coins et recoins de cette région mais je peux au moins dire que la visite de son superbe complexe mauresque se mérite !

Mes souvenirs de l'Alhambra sont à la fois lointains (2001 au coeur de l'hiver) et très lointains (fin des années 1980 au coeur de l'été)...

Un temps béni où le touriste pouvait presque se pointer la fleur au fusil pour obtenir son ticket d'entrée !

Aujourd'hui, le voyageur avisé fera bien de s'y prendre quelques mois à l'avance pour obtenir le précieux sésame.

A défaut, il ne pourra contempler que des murailles...

J'avais bien pensé à effectuer cette démarche début décembre mais, comme le planning du voyage n'était pas encore bien défini et que les feux étaient encore bien au vert sur le site officiel du palais, j'ai fini par complètement oublier de réserver mes places.

Je me réveille fin février, bien trop tard pour une période de très haute saison ( la semaine sainte a débuté).

Alors, j'applique la technique utilisée pour réserver dans les parcs sud-africains : la persévérance !

Nous voilà donc connectés plusieurs fois par jour au site en attendant le miracle d'un créneau disponible. Heureusement, nos dates sont assez élastiques et nous finissons par dégotter le Saint Graal !

Nous devrons être à 1130 pétantes à l'entrée des palais nasrides, le reste du complexe n'étant pas soumis à un créneau horaire dédié.

Nous blinderons l'affaire en réservant également une journée de stationnement au parking le plus proche.

---/---

En début de matinée, la Scirocco se glisse dans son emplacement.

Nous enfilons plusieurs couches de vêtements, prévoyons une veste à capuche puis nous nous extirpons du chaud habitacle.

Le ciel dégouline, un vent polaire souffle, le thermomètre peine à dépasser les 5 degrés...

Allez, on se motive et on n'oublie ni son passeport, ni son QR code faisant office de billet !

La porte de la justice franchie, nous prenons notre premier bain de foule du voyage.

Des parapluies, des polaires, des doudounes, des guides, des braillards, des selfistes, des érudits, des photographes, des groupes, des couples.

Et des shorts !

Certains doivent tout droit arriver de leur pays natal et penser que Sud de l'Espagne = chaleur en toutes saisons...

Je vous laisse vous égayer dans le Palais de Charles Quint ( entrée libre) et vous donne rendez-vous vers onze heures au guichet des Palais Nasrides !

Alors, pas trop frigorifiés ?

Bon, la suite du programme est un peu plus à l'abri, on devrait se réchauffer un peu !

La fournée de 11 30 est au complet, les agents de l'accueil vérifient tous les passes.

La visite du joyau de l'Alhambra peut débuter !

Je craignais le pire point de vue fréquentation mais le système de quota fonctionne. Certes, nous ne sommes pas seuls mais nous n'avons pas non plus la sensation d'être étouffés par le nombre.

D'autant plus que les gens vont chacun à leur rythme ce qui favorise une certaine dispersion.

Seul bémol, comme partout, les groupes !

Les visites guidées devraient franchement être interdites que le groupe soit composé de 2 ou de 40. Cette litanie de commentaires en toutes langues est franchement insupportable tout comme les bouchons que la visite en masse induit.

Ou alors leur réserver des créneaux horaires spécifiques ?

Nous nous dirigeons maintenant vers l'Alcazaba.

Une pluie glaciale nous cingle, des bourrasques nous font tituber, nous ne nous attardons pas...

Si nous allions déjeuner en espérant une éclaircie pour la visite du Generalife ?

Nous traversons le complexe direction la porte nord afin de descendre en ville par la cuesta del Rey Chico quand, soudain, un miracle se produit, une apparition du soleil !

Nous changeons illico nos plans, le déjeuner attendra !

Nous nous précipitons donc dans le palais d'été et ses célèbres jardins.

La faim nous talonne lorsque nous quittons enfin l'Alhambra.

Google maps me propose un restaurant avec vue sur la ville, pourquoi pas ?

L'endroit s'avère assez chic mais les prix demeurent plutôt raisonnables.

Nous nous régalerons d'une délicieuse fideua à l'encre de seiche,

Puis, repus, partirons faire une balade dans les rues de Grenade.

Je ne reconnais rien de la ville qui semble avoir bien changé de visage en deux décennies !

Nous terminerons notre déambulation au point de vue de San Nicolas qui offre de spectaculaires perspectives sur l'Alhambra et la Sierra Nevada enneigée.

Assez fatigués par cette longue journée de piétinement urbain, nous regagnons maintenant le parking puis l'appartement réservé aux environs de Dúrcal.

J'avais tout d'abord prévu un logement sur Grenade mais les difficultés de stationnement et la perspective de nuits bruyantes à cause des festivités pascales m'ont fait changer d'avis ...

Malgré des débuts frigorifiants, Grenade a tenu toutes ses promesses.

A dans 20 ans, peut-être ?

13

J'espère que vous n'avez pas mal au coeur en voiture car, aujourd'hui, les tournants vont s'enchaîner !

Au programme : les villages situés sur le versant nord de la Sierra Nevada, c'est à dire au sud de Grenade...

Le soleil se montre timidement puis de plus en plus franchement au fur et à mesure que nous avalons les 70 kilomètres qui nous séparent de Trevélez, 3 quartiers, où nous arrivons en fin de matinée.

Ce village situé sur les pentes du mont Mulhacén, le plus haut sommet de la péninsule ibérique, est célèbre pour une spécialité culinaire qui s'affiche à chaque coin de rue...

Mais c'est surtout une charmante bourgade où il est agréable de se perdre, tout particulièrement dans les ruelles de son barrio alto.

Une randonnée ou un déjeuner ?

Le déjeuner gagne, ce n'est pas encore tout à fait la bonne saison pour s'aventurer en montagne...

Après le repas, ça va être un peu difficile de bouger...

On continue en voiture ?

Nous parvenons à Capileira juste avant la brume.

Ce village m'a moins inspiré que Trevélez : un poil plus touristique, un gros chouia moins dans son jus.

Nous revenons à Dúrcal ravis de notre journée.

Pas un touriste, du soleil, de beaux paysages, une ambiance sympathique, un excellent repas !

Que demander de plus ?

14

Nous reprenons maintenant la route de l'Auvergne laissant derrière nous l'hivernale Andalousie.

Moi qui pensais trouver soleil et douceur, c'est raté...

Si je me fie aux évènements climatiques récents qui ont ravagé l'Espagne, nous avons pourtant eu de la chance : aucune inondation, aucun déluge.

Mais le voyage n'est pas tout à fait terminé !

Nous n'allons, en effet, pas effectuer d'une traite les 1500 kilomètres qui nous séparent de notre home sweet home.

Comme à l'aller, j'ai prévu quelques étapes. Celle d'aujourd'hui nous conduira à Valence.

Deux haltes semblent alléchantes en chemin, la première est bientôt annoncée sur les pancartes autoroutières : Guadix.

Cette ville est connue pour son ensemble de maisons troglodytes que nous ne tardons pas à découvrir.

L'activité touristique n'est guère intense et nous pouvons nous promener tranquillement dans cet étrange quartier où même l'église possède une partie enterrée.

Je ne regrette pas ce petit détour, un peu trop bref cependant !

De retour sur l'autoroute, nous filons jusqu'à Elche.

Cette grosse ville des environs d'Alicante possède un point commun avec Marrakech : une palmeraie !

Encore une fois la halte est trop courte, nous n'aurons qu'un aperçu des charmes certains de cette cité verdoyante.

L'après midi touche à sa fin lorsque nous pénétrons dans les faubourgs de Valence.

J'ai bien eu du mal à trouver un logement à tarif raisonnable ( c'est à dire - de 120 euros) dans cette ville !

Les prix s'envolent avec les festivités et nous devrons nous contenter d'un (bel) appartement en proche banlieue près d'un arrêt de métro.

Un peu de repos et c'est déjà l'heure de dîner.

Nous ne serons pas très originaux dans nos choix...

Bonne paella !

15

La voiture restera sagement au garage aujourd'hui tandis que ses propriétaires utiliseront transports en commun et force de leurs mollets pour sillonner la belle Valence.

Je ne connaissais pas du tout cette ville et, comme d'autres, ce sont les bâtiments futuristes de la cité des arts et des sciences qui m'ont attirée ici.

Nous nous dirigeons tout d'abord dans le centre ancien avec pour premier objectif le Mercado Central, marché que nous ne verrons que de l'extérieur, jour férié oblige.

Une file se forme devant la Loge de la Soie, une bourse du commerce édifiée au XVème siècle reflétant la puissance et la richesse des marchands de cette époque.

Nous hésitons à entrer, trop de monde se presse !

Mais ce que nous entrapercevons de l'édifice depuis la rue nous convainc de patienter.

Arrivés au guichet, nous comprenons le pourquoi de cette foule : l'entrée est gratuite !

Bon, le ticket coûte habituellement 2 euros...

Nous pénétrons bientôt dans l'odorante cour des orangers puis dans le spectaculaire salon aux colonnes. L'opulente salle du consulat de la mer clos cette visite que je ne peux que vous conseiller !

Nous déambulons ensuite le nez au vent entre les nombreux touristes , les nombreuses églises, les nombreuses places et placettes.

Les tours de Serranos sont alors à portée d'appareil photo.

Nous grimpons à leur sommet et contemplons Valence d'en haut !

L'immense parc qui ceinture la ville sur 7 kilomètres s'étale à nos pieds.

Autrefois, coulait ici un fleuve, le Turia.

Suite aux pluies torrentielles des 13 et 14 octobre 1957, les eaux du rio sortirent de leur lit inondant une grande partie du coeur de Valence et tuant 80 personnes.

Les autorités décidèrent donc de détourner le fleuve vers le sud pour éviter que ce scénario catastrophique ne se reproduise (En vain ?).

Que faire de ce nouvel espace ?

Une autoroute ?

Face aux protestations des habitants, ce projet fut abandonné au profit d'une coulée verte.

Une magnifique idée !

Si vous suivez les allées de ce jardins, vous parviendrez à la cité des arts et des sciences.

Pour notre part, nous replongeons dans la vieille ville pour un déjeuner en terrasse.

Notre soif étanchée, notre faim comblée, nous partons à la recherche d'une station de métro.

Dans cette direction, peut-être ?

Nous apprenons que le service sera, en fin d'après-midi, en partie interrompue à cause d'une procession pascale.

Heureusement, l'arrêt concernant la cité des arts et des sciences n'est pas encore concerné !

La construction de cet immense complexe futuriste s'étala sur un peu plus de 20 ans et le dernier bâtiment, l'Ágora, fut inauguré en 2009.

L'ensemble fait un peu film de science fiction des années 70 ce qui n'est pas sans me déplaire !

Dis-moi, ce ne sont pas des coups de tonnerre qu'on entend ?

Vite rentrons à l'appartement avant que le ciel ne nous tombe sur la tête !

16

La route de Valence aux Pyrénées ne passe pas loin du parc naturel de la Montaña de Monserrat.

Je regarde quelques photos sur internet et me dis que ce lieu serait un parfait endroit pour se dégourdir les jambes et pique-niquer !

Nous filons donc directement en direction du parking de Can Maçana, point de départ de nombreuses randonnées.

Comme nous sommes hors saison, nous trouvons facilement une place.

Payante...

Nous ne sommes pas loin de Barcelone et il a fallu canaliser les trop nombreux randonneurs !

Les employés en charge du site semblent avoir trouvé une combine pour arrondir leur fin de mois : demander à la sortie le ticket délivré à l'entrée !

Pas envie de me prendre la tête en ce dernier jour du voyage, nous ne protesterons pas.

La randonnée choisie ne fait que quelques kilomètres et offre de très beaux points de vue sur ce massif tout en aiguilles.

De retour sur le bitume, l'émerveillement continue tandis que la Scirocco enchaîne les virages jusqu'au village de Monistrol de Montserrat situé dans la vallée.

Montserrat n'est pas qu'un magnifique massif montagneux. C'est aussi un ensemble monastique enchâssé au milieu des aiguilles !

L'abbaye bénédictine est accessible en voiture (nombre de places de parking très limité), à pied, en train à crémaillère ou en téléphérique.

Je garde en tête l'idée de cette visite pour une prochaine virée en Espagne !

Nous traversons maintenant les Pyrénées au col d'Ares.

Le voyage s'achève sous un beau ciel bleu comme il a commencé...