Evo et Dilma: road trip en Bolizil

Un voyage entre Bolivie et Pantanal brésilien en voiture de location.
Août 2013
4 semaines
1

Prêts pour le grand départ ?

Dépêchez-vous le bus part dans quelques minutes !

Bus + train + tram + avion + avion + avion + avion + taxi

Bref, partis à 13 20 du logis, nous n'arriverons qu'à 17 00, J+1 heure locale (soit 23 00, J+1 heure française) à destination...

Je comprends mieux l'usage d'un jet privé pour parcourir la distance Europe-Bolivie même si cet usage me semble légèrement en contradiction avec les discours radicaux de son bénéficiaire...

Malgré les apparences, la lutte anticapitaliste n'est pas la priorité des Boliviens tout comme la France n'est pas la cible de la vindicte populaire dans les hautes plaines andines et les basses plaines du Pantanal...

Du Coca (Cola pas l'autre...) et un Cayenne pour tous semble être plutôt le slogan en vigueur.

Cette digression politique m'a fait oublier l'essentiel de cette première journée :Le magnifique trajet La Paz - Santa Cruz de la Sierra !

L'avion reliant Lima et La Paz entame sa descente vers l'aéroport d'El Alto le si bien nommé (4061 mètres d'altitude...) et lâche sur le tarmac les 3/4 de ses passagers.

Nous profitons de l'escale pour goûter l'air ambiant et découvrir le panorama...

Le soleil réchauffe nos vieux os endoloris après un si long voyage, un ciel d'azur remplace au fond de notre rétine le plafond bas et blanchâtre de la cabine...

Nous respirons à grands coups pour compenser le manque d'oxygène.

Malheureusement, il nous faut bientôt regagner notre siège pour un ultime décollage.

Personne dans l'avion ! Changeons de place pour bénéficier du hublot.

L'avion s'élance sur la piste, les moteurs vrombissent, les carcasses (? ) défilent derrière l'ovale rayé de la vitre.

Les trains avant puis arrière quittent le sol, les mains se crispent sur les accoudoirs.

L'avion entame sa montée vers les cieux puis bascule sur la gauche, offrant aux voyageurs une vision plongeante sur la ville haute de La Paz, un plateau poussiéreux, froid et venteux où pas un milliardaire en bolivianos n'aurait l'idée d'y construire son foyer...

Le haut plateau s'arrête brusquement pour laisser place, 500 mètres plus bas, au coeur de la ville tandis que se devinent au loin les quartiers chics qui ne culminent plus qu'à 3000 mètres d'altitude (...soit un climat nettement plus favorable, une atmosphère moins pauvre en oxygène et une végétation plus abondante...).

Mais ce qui attire le regard, ce qui redonne un coup de fouet au passager somnolant, ce ne sont pas ces quelques immeubles sans charme parsemant cette plaine désolée.

Ce serait plutôt ce qui entoure cette plaine, Les Andes et ses sommets enneigés...

Laissons derrière nous les cimes saupoudrées et regagnons des horizons chauds et plats.

L'avion franchit la cordillère puis se pose sur l'aéroport "international" de Santa Cruz de la Sierra, capitale économique de la Bolivie aux portes du Pantanal et de l'Amazonie.

Les formalités sont brèves, les bagages vite récupérés.

Il s'agit maintenant de trouver de l'argent...

Premier distributeur : nada...

Deuxième : nad...

Troisième : na...

Montons à l'étage !

Quatrième : merde...

Cinquième : merd...

Sixième :...

Dernier : Victoire !!!!!!!!

Les cartes étrangères n'ont pas grand succès dans les distributeurs boliviens . Ce sera d'ailleurs le même problème au Brésil...

Si vous êtes titulaire d'une mastercard, les distributeurs BCP et Bradesco vous fourniront tout ce que vous voudrez !

Si vous n'avez que des euros en poche, vous risquez fort de vous trouvez, telle la cigale, fort dépourvu dans les villes de seconde zone de Bolivie...

Munis de quelques centaines de bolivianos (soit quelques dizaines d'euros...), nous franchissons désormais les portes de l'aéroport pour trouver un taxi !

Le prix dans un vieux guide était de 60 Bob.

Le prix sans marchander sera de 60 Bob...

Une route bordée de palmiers nous mène en ville alors que nous abandonnons vestes et blousons pour profiter de la douceur de cette fin d'après-midi.

Plus qu'un bon repas, une bonne bouteille...

Et nous retrouvons enfin le confort d'un bon lit où nous nous écroulons épuisés...

Très bonne nuit et à demain !

2

Requinqués par une longue nuit de sommeil et un délicieux petit-déjeuner, nous allons prendre possession du Grand Vitara Vagoneta qui nous servira de carrosse durant les deux prochaines semaines !


Les formalités de location sont longues et le véhicule est inspecté sous tous les angles : dessous, dessus, côtés...

Nous aurions alors dû nous méfier de cette agence aux pratiques cavalières pour ne pas dire douteuses (Je reviendrai ultérieurement sur ce point).

Le véhicule est propre, l'extérieur n'est pas un champ de bosses et de rayures, les pneus ne sont pas lisses, le compteur affiche 40 000 kilomètres.

Le bas de caisse semble nickel aux béotiens que nous sommes.

Une dernière signature, une empreinte carte bleue...

A nous la Bolivie !

L'étape du jour est courte, histoire de comprendre le code de la route local...

Le feu est vert : je démarre sans attendre afin de ne pas irriter le chauffeur qui (s'im)patiente derrière moi.

Le feu est orange : j'accélère pour ne pas me faire rentrer dedans par le véhicule qui me suit.

Le feu est rouge écarlate : je m'arrête sauf s'il n'y a pas de route à ma droite et que la route à ma gauche présente un aspect dégagé...

Au rond point, la priorité est toujours au véhicule sur la droite. Sur les routes, la priorité est souvent au véhicule le plus gros...

La ligne est blanche continue, la ligne est jaune continue, deux lignes jaunes continues séparent la chaussée : je dépasse le camion qui me précède si je dispose d'une marge de manoeuvre d'une centaine de mètres. Si je ne vois rien, je fais confiance au chauffeur du camion qui me fait de grands signes de la main...

Le radar automatique est inconnu, le radar manuel aussi.

Je n'en profite pourtant pas pour imiter Fangio.

Entre les lamas, les vaches, les chiens, les piétons, les poules, les animaux sauvages qui déambulent sur la chaussée, je me cantonne à un prudent 80 sur les bons axes et à une allure d'escargot sur les routes défoncées...

Une corde barre la route : je m'arrête pour payer mon écot. Une barrière : idem. Un poste de péage dûment homologué : idem.Je reçois alors toujours un reçu qui sera visé au prochain point de contrôle...

Si un homme en vert est posté après le péage, ce n'est pas un représentant Cetelem mais un policier ou un militaire.

Je m'arrête donc, je lui indique ma destination et lui tends mon permis international. Il me fera alors signe de passer en feuilletant à peine le blanc livret...

Je vois une pompe à essence : je m'arrête pour remplir mon réservoir. La suivante peut être à 200 kilomètres...

Je paie mon plein : je tends mon permis de conduire pour que l'employé puisse remplir le reçu fiscal qui permet un remboursement partiel de la facture.

Le numéro de mon permis n'entre pas dans les cases : je suggère au pompiste de retrancher ou d'ajouter quelques chiffres fantaisistes puisque ce remboursement ne concerne que les boliviens...

Je repars de la station service le sourire aux lèvres : le litre d'essence s'affichait à 40 centimes...

Le temps d'assimiler tout ceci et l'étape du soir se profile à l'horizon !

Cette nuit, nous dormons à Buena Vista, petite bourgade aux portes du parc Amboro que les acharnés de la randonnée pourront découvrir tandis que nous nous contenterons d'une promenade sur la place du village...

Nous fûmes bien avisés de rester en ville car au bout de quelques pas, nous découvrons avec stupeur notre premier félin.

Un magnifique jaguar de 2 mètres dressé sur ces pattes arrières et prêt à fondre sur sa proie !

Le jaguar a finalement préféré dévorer un Empanada farci au poulet en sirotant une bonne Huari bien fraîche que du gigot d'Attila et ses herbes amères.

Nous pouvons donc quitter la ville entiers et nous réfugier dans notre chambre d'hôtel.

Un lit aux draps propres, une belle vue, une bonne douche !

... Claude François a dû être le premier expérimentateur de la chose...

Vous m'excuserez 5 minutes, la Huari fait son effet.

Pfffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff

Qu'est-ce là ?

Pfffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff

Je me relève, le bruit cesse.

Je me rassois, il recommence.

J'examine alors attentivement les toilettes et découvre le pot aux roses !

Patrick Sébastien sévit aussi en Bolizil et a trouvé amusant d'y recycler son stock de coussins péteurs en lunettes de toilette.

Vous ne serez donc pas étonné lors de votre futur séjour sud américain de voir votre délicat postérieur s'enfoncer onctueusement sur l'abattant de certaines commodités tandis qu'un filet d'air s'échappera de l'objet en produisant un son qui provoquera l'ire de votre conjoint...

Je n'ai jamais vu cela dans d'autres pays. Le Bolizilien aurait-il le fondement fragile ?

Je vous laisse philosopher sur la chose et vous dis à demain !

(Ce n'est pas la peine de me demander l'adresse d'un fournisseur, je n'en connais pas...)

3

Aujourd'hui, les choses sérieuses commencent !

Fini de batifoler entre palmiers et jaguars...

La longue route à destination de Cochabamba nous attend.

Les premiers kilomètres sont sans encombre. L'impeccable ruban de bitume suit le cours d'une rivière tandis que se profile au lointain le contrefort des Andes.

L'altimètre reste désespérément bloqué sur le nombre 300 alors que passent les heures. Quelques camions permettent au chauffeur de perfectionner sa technique de dépassement sur ligne jaune...

Tout à coup, le paysage change, la route se détériore, le temps vire à l'orage...Nous commençons à grimper.

500, 1000, 1500, 2000 mètres !Le Grand Vitara vire et virevolte sur la chaussée, le copilote verdit.Les dépassements hasardeux se succèdent, le copilote blanchit.

50 camions plus tard, 1500 mètres plus haut, nous franchissons le col qui débouche sur l'Altiplano...

Les passagers voudraient immortaliser l'instant, le chauffeur refuse, observant dans son rétroviseur la longue file de poids lourds si difficilement doublés.

Le véhicule file alors vers sa destination finale entre sapins, lacs et petits champs de blé.

Une dernière descente, un dernier virage,Quelques gouttes d'eau, des tombereaux de poussière, Et Cochabamba nous tend les bras.

A demain pour la visite !

4

La nuit fut longue.

Notre chambre donnait sur le bar branché de Cochabamba d'où s'échappait le rythme binaire d'une musique assourdissante tandis qu'à l'autre bout de l'hôtel se tenait la grande conférence anticapitaliste et anti-impérialiste rassemblant les aficionados du leader maximo bolivien...

Un bon café bien serré, un grand jus d'orange fraîchement pressé et nous voilà requinqués pour la découverte de la ville !

Nous retrouvons immédiatement l'atmosphère si particulière de l'Amérique Latine avec ses vieux bus scolaires reconvertis en transport urbain, ses places bordées d' arcades et ses petits métiers.

Nos pas nous entraînent à l'entrée d'un musée. Délestés de quelques dizaines de bolivianos, nous déambulons bientôt au milieu des vestiges du passé précolombien, inca et colonial de la région.

Une petite salle obscure reste à découvrir.

Des débris de boules de cristal tapissent le sol, une boule de feu traverse la pièce...

Un jeune homme à la mèche peroxydée surgit alors suivi d'un petit chien blanc tenant dans sa gueule une flûte taillée dans un os.

Je secoue la tête, l'illusion disparaît.

Seule reste exposée aux regards des tintinophiles la momie mal en point de Rascar Capac...

Ce ne serait pas maintenant l'heure de déjeuner ? Après de nombreux voyages en Asie, nous pensions échapper au riz. Raté !

Riz-Frites-Crudités-Boeuf ; Frites-Crudités-Riz-Poulet ; Crudités-Riz-Frites-Tripes ; Frites-Riz-Crudités-Langue.

Le tout accompagné de fromage et d'oeufs.

Il vaut mieux avoir de l'appétit...

(Mangez le dessus et vous découvrirez le riz et les frites...) Le rayon boisson est plus tentant entre les jus de fruits frais servis à la carafe, le houblon fermenté, Et les vins chiliens, argentins ou boliviens !

L'estomac bien rempli, la soif étanchée, nous reprenons le cours de notre promenade à travers les quartiers historiques de Cochabamba.

Je ne sais pas si vous vous souvenez de la statue entraperçue à notre arrivée représentant un grand chevelu les bras en croix.

Il ne s'agit pas là d'une vaine compétition entre villes sud-américaines mais l'expression d'une vraie folie religieuse.

Si le dieu chrétien perd des parts de marché en Europe, il résiste réellement au delà de l'Atlantique même si l'ombre de Pachamama n'est jamais bien loin. Eglises, couvents et autres séminaires forment donc l'essentiel des rubriques "A voir" de vos guides préférés.

Il faut cependant bizarrement jongler avec les stricts horaires d'ouverture de ces lieux de culte qui n'acceptent l'entrée aux dévots comme aux voyageurs qu'une poignée d'heures par jour.

Par chance, la porte du couvent de Santa Teresa semble entrebâillée...Dépêchons-nous, la visite guidée commence !

L'histoire des lieux ne me réconciliera pas avec le Catholicisme...

Il était de bon ton de réussir à placer l'une de ses filles entre les murs épais de cette prison pour le prestige comme pour l'assurance de gagner sa place au paradis.

La future recluse était dotée d'une forte somme d'argent servant à alimenter les caisses de l'Eglise...

Si la somme était suffisante, l'apprentie carmélite logeait dans une cellule réchauffée par les rayons du soleil. Elle avait aussi droit à un voile noir, signe de sa haute position hiérarchique.

Si la somme était restreinte, sa cellule pointait vers le nord et son voile blanc la reléguait aux tâches subalternes.

Si le sang de l'élue était indigène, point de voile ni de cellule particulière mais juste un rang de servante et une place en dortoir...

Jusqu'à sa mort, la nonne restait dans les lieux sans contact physique ou visuel avec l'extérieur consacrant sa vie au travail, à la prière et aux mortifications.

Quittons vite cet endroit glaçant pour de nouvelles découvertes !

5

Une nouveau jour se lève sur la plaine de Cochabamba...Finis momies et curés, allons découvrir les environs !

Je rappelle à mes lecteurs assidus (?) que le superbe Vitara n'est pas doté d'un GPS, que la carte en possession du copilote est succincte et que les panneaux de signalisation sont une espèce en voie d'apparition sur les routes boliviennes...

S'extirper de la ville pour trouver son chemin demande donc l'amicale collaboration des passants. En espagnol, bien sûr !

Les indications obtenues sont si claires que nous parvenons rapidement à l'entrée du parc recherché : Le Cerro Tunari.

La route grimpe maintenant en lacets et dépasse les dernières maisons. Le revêtement devient de plus en plus pierreux, les jambes fourmillent...

Abandonnons donc notre véhicule à l'ombre des arbres pour faire quelques pas et admirer la ville à nos pieds...

Les plus courageux pourront parvenir au sommet des montagnes. Pour notre part, nous ne sommes pas équipés et pas assez entraînés pour une grimpette à 5000 mètres d'altitude !

Nous regagnons donc la plaine pour poursuivre notre route en direction de Tarata, petite ville coloniale assoupie.

Les maisons sont de guingois ou sponsorisées...

La bière s'affiche au balcon loin du regard des enfants...

D'étranges cheminées ornent les toits de la ville

Que nous laissons à son abandon.

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Jusqu'à présent, les températures étaient clémentes :Une veste le soir mais T-Shirt, jupe et sandalettes de rigueur en journée !

Nous rangeons tout ceci au fond de la valise pour sortir polaires, chaussettes et pantalons.

En effet, ce soir nous dormons à Oruro, 3710 mètres au dessus du niveau de la mer.

Et pour ce faire, nous franchirons quelques cols encore plus hauts perchés...

Le Vitara trépigne, les voyageurs aussi. Il est temps de quitter Cochabamba !


L'asphalte nous arrache vite à la plaine alors que se dessine au lointain la majestueuse cordillère.

La pente s'accroît, l'air fraîchit, le vent se lève... Tiens, un panneau !

Puis un autre...

Le froid glacial ne décourage ni les marchands de souvenirs coupés du vent par leurs abris de pierre, ni les lamas emmitouflés dans leur épaisse toison laineuse.

Nous redescendons maintenant sur l'Altiplano, sous l'oeil implorant de chiens postés régulièrement sur le bord de cette route dans l'espoir d'être les heureux élus de la manne jetée à leur attention par les camionneurs...

Oruro est en vue.

Un coup d'oeil sur le plan affiché sur l'écran de sa tablette indique au copilote que ce format n'est vraiment pas le meilleur pour la lecture des cartes.

Ou que le copilote prend de l'âge.

Ou les deux...

Le Vitara s'engage donc au jugé dans les ruelles de la ville.

Le copilote se crève les yeux et trouve enfin son chemin...

A la prochaine, tu tournes à droite et l'hôtel sera à 2 pâtés de maison !

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Mais un policier barre la route et des étals de marché occupent la chaussée aussi loin que porte le regard...

La fête nationale est dans quelques jours et chaque ville / université / quartier / collège / village / école se prépare à la commémoration de l'indépendance du pays.

Nos deux voyageurs tentent alors une approche par le revers et se perdent dans le dédale des rues...

A la prochaine, tu tournes à gauche !

C'est barré...

Au feu, tu tournes à droite !

Y a un sens interdit...

Tels des Raymond Devos, nous tournons en rond.

La nuit tombe, les estomacs grognent.Les lettres H O T E L se détachent de la façade d'un immeuble engageant.Si nous allions le voir de plus près ?

L'eau est bouillante, il y a du chauffage (très important !), les draps sont propres...

Un gars en croix cloué sur le mur gâche un peu le décor mais bon, nous n'allons pas faire les difficiles !

Et puis ce gars-là, ce n'est rien à côté de sa mère que nous découvrirons ébahis au matin....

45 mètres de haut - 1,3 millions de dollars de travaux...

7

Proxima Estacion Uyuni

Que hora son mi corazon ?

Siete de la mañana...

Faudrait pas se lever là ?

Une bonne douche, deux polaires et direction la salle du petit déjeuner !

Devant notre omelette et notre bol de café, nous contemplons la place où se déroule le fameux carnaval d'Oruro.

Tiens, je croyais que les festivités avaient lieu à un autre moment de l'année ! Alors, pourquoi tant de monde ?

Des écoliers, des écolières et toute la famille sur les gradins !

Ah oui, c'est vrai, la fête nationale. Au programme dans toute la Bolivie : défilé des écoliers derrière l'étendard de leur établissement !

Vite, dépêchons-nous de récupérer le Vitara avant de rester bloqués...

Et pour le Carnaval, rendez-vous en Février !

Nous laissons derrière nous majorettes et discours enflammés et gagnons la sortie de la ville.

Pas besoin de cartes ni de plans, il suffit de suivre la ligne de chemin de fer pour trouver la bonne direction, une route déserte et bitumée où les demeures des morts sont en briques et celles des vivants en pisé.

Le confortable macadam cède bientôt place à une piste dont les cahots n'effraient ni les bus ni les camions...

Tout à coup, un mouvement dans les rares buissons attire l'attention du copilote qui retrouve ses réflexes sud-africains...

Vite les jumelles ! Vite le lumix !

Un splendide chacal fait son entrée.

Les troupeaux de moutons et de lamas ne sont guère impressionnés par le petit prédateur et broutent paisiblement quelques herbes en admirant le paysage minéral qui les entoure.

Une dernière halte pour observer les flamants roses,

Et voilà les voyageurs en vue du plus grand désert blanc du monde, le salar d'Uyuni.

Petite parenthèse d'ordre pratique...

La routeOruro-Uyuni se parcourt sans problèmes en une courte journée. La partie piste est en réfection et sera un jour prochain bitumée.

Quelques passages sont assez désagréables mais rien de bien méchant du moins en voiture particulière.

Je ne conseille pas en revanche le trajet en bus du fait des nuages de poussière...

Je ne conseille d'ailleurs pas la visite de ce pays par ce moyen de transport car la Bolivie, c'est avant tout de somptueux paysages. Chaque route n'est donc pas qu'une étape de transition mais un voyage en soi qui serait gâché derrière la vitre crasseuse d'un bus.

(Et que dire des trajets nocturnes...)

Je profite de cet aparté transport pour saluer tous les courageux cyclotouristes croisés en chemin.

Le Vitara se rapproche de plus en plus de l'immense étendue salée puis s'engage sur l'étroite piste qui débouche sur le fort peu recommandable hôtel qui abritera nos deux prochaines nuits.

Les valises posées dans une chambre glaciale au carreau fendu élégamment réparé au rubafix, nous décidons de gagner Uyuni pour réserver l'excursion interdite à la pauvre Suzuki par son propriétaire !

La ville est sillonnée par les devenus habituels défilés, mais aussi par de très nombreux -et devenus inhabituels- touristes en quête du véhicule qui les entraînera sur le chemin de leurs plus beaux rêves ou sur celui de leurs pires cauchemars...

Une agence, deux agences et 360 bolivianos changent de main.

Rendez-vous est pris en matinée pour découvrir enfin le Salar !

8

Le thermomètre affiche un petit 7 degrés dans la chambre. Heureusement qu'une bonne douche bouillante nous attend !

Je tourne le robinet, rien.

Pas de chauffage, pas d'eau le matin mais bien 140 dollars de débités par nuit.

Seule la douloureuse tient ses promesses à la Luna Salada...

Les polaires, les gants et les chaussettes de skis font remonter la température interne des voyageurs transis.

Une bonne discussion avec la direction, aussi...

Un surclassement, la promesse de deux dîners offerts et un petit déjeuner plus tard, nous rejoignons le point de départ fixé pour la visite du Salar.

Le 4x4 est prévu pour 7, nous serons 5 ce qui semble le juste nombre vu l'espace réduit procuré par la banquette arrière...

Le chauffeur prend place derrière son volant, introduit un CD dans le lecteur et voilà le promène couillons qui s'élance dans les ruelles défoncées d'Uyuni !

Le Toyota s'arrête en périphérie de la ville et dépose ses passagers devant l'unique attraction des lieux : un immense cimetière de locomotives, vestige de l'intense activité minière qui régnait autrefois sur l'Altiplano.

Les carcasses sont abandonnées à la rouille, aux graffitis et aux photographes...

A Colchani, deuxième étape du programme, nous retrouvons la foule des voyageurs devant les inévitables boutiques de souvenirs.

Tandis que les uns négocient un poncho ou un bonnet, les autres découvrent la future star du ballon rond.

Quelques kilomètres plus loin, la piste débouche enfin sur l'inhospitalier désert blanc qui fournit toujours au village l'essentiel de ses ressources.

Nous nous engageons alors sur le Salar,

Pour rejoindre le coin pique-nique...

Des cuisines s'improvisent à l'arrière des 4x4 tandis que des casques porte-bières tout droit sortis de l'imagination débridée d'un soiffard invétéré sont recyclés en d'élégantes dessertes à légumes.

Les téméraires pourront profiter de la halte pour piquer une tête ou vérifier qu'aucun lionceau n'est bloqué aux toilettes.Oups, je me suis trompée de voyage...

Quant aux vexillologues (Qu'est ce qu'il ne faut pas faire comme recherches pour écrire un carnet !), ils réviseront leur science et s'interrogeront sur la provenance de ce drapeau inconnu...

De la musique s'échappe du Toyota, le chauffeur rappelle son troupeau !

La cumbia cristiana s'avérera-t-elle une protection aussi efficace que les bâtons d'encens et autres effigies de Bouddha en vigueur sous d'autres cieux ?

Nous allons bientôt le découvrir...

Le véhicule s'élance sur la piste de sel. L'horizon est dégagé.

Plus un 4x4, plus un drapeau, plus une piscine, plus un touriste.

La pédale d'embrayage est vivement sollicitée.

Première, seconde, troisième, quatrième...

Mais à combien roulons-nous ?

L'aiguille est bloquée sur un zéro trompeur. Il n'y a donc plus qu'à résoudre un petit problème mathématique...

Soit un véhicule X parcourant une distance de 100 kilomètres en 50 minutes, quelle est la vitesse de croisière dudit véhicule ?

(Je ramasse les copies à la fin du carnet !)

Les passagers du 4x4 rassurés par l'apaisante présence de Jésus sont sans crainte !

Mais sur d'autres banquettes, des voyageurs tremblent...

Le Toyota freine et s'arrête au milieu de nulle part...Nous sommes enfin seuls !

Du bout de la chaussure, nous tâtons l'épaisse couche de sel.

Un pied se pose, puis l'autre.

Des mains fébriles recherchent les lunettes de soleil enfouies au fond du sac.

La réverbération est digne de celle d'une piste de ski sur glacier.

Le sel forme de vastes plaques plus ou moins hexagonales tandis qu'au lointain se devine la silhouette des volcans !

Le 4x4 reprend bientôt sa route et rejoint ses petits camarades sagement ou moins sagement alignés au pied de l'Isla Incahuasi plus connue sous le nom d'île aux cactus .

Au milieu du désert de sel se dressent d'étranges îles coralliennes tapissées d'algues fossiles.

Ces vestiges d'un lointain passé où le grand blanc était une grande bleue offrent un terrain propice au développement d'une vie animale

Comme végétale qui surprend le voyageur essoufflé...

Un sentier serpente entre les cactus géants. Empruntons-le !

Nous sommes à plus de 3650 mètres d'altitude et nos corps comme nos coeurs de sportifs du dimanche souffrent.

Les pauses pour admirer le paysage s'enchaînent comme se déchaînent les photographes.


Un dernier effort, une dernière marche et nous voici au sommet de ce petit bout de terre insolite.

A 360 degrés, la terre n'est que sel, un sel sur lequel glissent les 4x4 dans la lumière déclinante de cette journée qui malheureusement s'achève...

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Les cactus, le sel et le chant des oiseaux ont peuplé nos rêves.Malheureusement, un bip bip incessant nous tire de la bienveillante chaleur de notre lit douillet.

Les yeux collés, la joue zébrée de traces d'oreiller, la démarche hésitante, nous finissons par trouver le chemin de la douche.

Le jet brûlant disperse les dernières brumes de sommeil...

Erratum.

Le jet glacial coupe court à toute velléité de toilette.

Ça va finir par sentir le fauve cette histoire !


Les voyageurs ne s'attardent donc pas dans ces lieux désorganisés et partent à la découverte de nouveaux horizons...

La route, toute neuve, est impeccable et qui plus est déserte !Mais un panneau nous rappelle rapidement que la vigilance est toujours de mise sur le bitume bolivien...

D'ailleurs, au détour du tournant surgit...

Le lama attendu. (Je crois qu'il y a erreur sur la personne...)

Un autre virage, quelques autres ânons, et voilà la signalisation enfin respectée !

L'altier camélidé nous snobe et regagne son logis.

L'altier camélidé nous snobe et regagne son logis tandis que son propriétaire s'active aux travaux des champs.

Au détour d'un col, nous retrouvons les hauts sommets des Andes. Potosi n'est plus bien loin.

Nous dépassons bientôt la ville pour rejoindre l'ancienne hacienda qui servira de décor à notre prochaine nuit de sommeil...

L'hôtel est à une dizaine de kilomètres sur la route d'Oruro mais où exactement ?

Tiens, une famille d'indiens. Si nous leur demandions notre chemin ?

Le questionnement est un peu laborieux car l'espagnol n'est ni leur langue maternelle, ni la nôtre mais nous finissons par nous comprendre...

C'est à gauche puis tout droit ! Vous pourriez nous emmener car nous allons nous aussi dans cette direction ?

Et voilà le Vitara transformé en taxi collectif avec 2 blancs becs à l'avant et 4 indiens à l'arrière.

Le terme de Camioneta prend alors tout son sens...

Nous déposons les auto stoppeurs sur la place d'un village en fête et refusons les pièces tendues en règlement du service rendu.

Il ne nous reste plus qu'à suivre la rivière qui serpente au fond de la vallée pour trouver notre logis !

La vénérable hacienda est blottie au fond d'une vallée où broutent, comme c'est original, ânes et lamas...

Si nous allions nous promener ? Nous décidons de longer le lit de la rivière puis, dans notre élan, attaquons le chemin qui zigzague sur la colline.

Les cultures en terrasse laissent bientôt place à un relief plus tourmenté qui coupe les jambes de nos randonneurs...

Fourbus (Il nous en faut peu...) et affamés (Les repas du midi seront quelquefois transformés en pique nique rudimentaires sur le bord de la route...), nous rentrons au logis pour dîner.

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Après une bon repas et une bonne nuit, nous poursuivons notre voyage.

Aujourd'hui est prévue la visite de Potosi, ville nichée à plus de 4000 mètres d'altitude au pied d'une motte de gruyère qui fut autrefois une montagne de minerai...

L'heure de gloire de Potosi sonna au 16 siècle quand ses mines d'argent fournissaient au roi d'Espagne la majeure partie de ses richesses.

La ville était alors la plus importante agglomération d'Amérique du Sud et églises comme demeures coloniales s'y construisaient à foison.

La corne d'abondance finit par se tarir entraînant le déclin de cette cité dont les murs résonnent toujours de la souffrance des mineurs indiens et des esclaves africains sacrifiés pour entretenir le faste de la maison des Habsbourg.

De nos jours, subsistent encore quelques mines en activité que le voyageur téméraire pourra visiter.

Pour notre part, nous nous contenterons des témoignages recueillis sur les murs de la ville.

Potosi est en ébullition, un défilé est imminent !Nos pauvres voyageurs se retrouvent donc une nouvelle fois bloqués...

Le temps de découvrir le moyen de se rapprocher du centre et la Casa de la Monéda a refermé ses portes pour une longue pose méridienne.

Nous devons maintenant patienter quelques heures avant de découvrir ce monument historique où furent fondus les lingots d'argent à destination de l'ancien monde.

Que faire en attendant ?

Une partie de baby-foot ? Une partie de billes ?

Je crains que nous n'ayons aucune chance de gagner face à de si talentueux adversaires !

Suivons plutôt leurs aînés à travers la ville...

Un vent glacial s'engouffre dans les ruelles...Si nous allions nous réchauffer devant un chocolat chaud ?

Le café est confortable, la boisson revigorante, la crêpe roborative.

Nous nous assoupissons doucement...

Notre regard flotte par delà la vitre quand soudain un étrange manège l'attire.

Une mendiante est installée au carrefour voisin et semble bénéficier du meilleur coin de la ville...

Un couple de boliviens la dépasse puis s'arrête puis recule.

Et hop une pièce...

La pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.

Une voiture approche. Une vitre se baisse.

Quelques pièces sont jetées...

Les pièces disparaissent vivement dans le corsage de la vieille dame.

Une famille passe, la mère ouvre son porte monnaie et tend à sa fille une pièce.

La fillette traverse la rue et dépose l'argent dans la sébile.

La pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.

Un groupe d'occidentaux arrive au carrefour. Le nez dans leur carte, ils continuent leur chemin.

Ah non ! En voilà un qui fourrage dans son poncho fraîchement acquis...

Et une nouvelle pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.

10 minutes se passent, 10 nouvelles pièces rejoignent le giron de la mendiante.

La recette espérée est bientôt atteinte. La femme récupère sa timbale, époussette ses jupons et disparaît...

Le musée va réouvrir. Les voyageurs récupèrent leurs affaires, enfilent un blouson et disparaissent...

Bonne visite !


Des lingots d'argent plein les poches, nous quittons la froide Potosi. Le jour décline mais, qu'importe, l'étape du soir est toute proche !

Le copilote est aux aguets et scrute toutes les rares pancartes au bord de la route.

Les kilomètres passent, aucun signe du village recherché, aucun panneau indiquant l'hôtel réservé.

Le copilote regarde sa carte où, grâce aux indications trouvées sur le site du gîte, il a tracé une grande croix et s'exclame :

Nous sommes beaucoup trop loin !

Le Vitara rebrousse chemin...

Je pense que c'est par là ! Prends cette petite route.

Le Vitara s'engage sur le sentier caillouteux...

Il y a de la lumière dans cette maison. Tu ne veux pas aller demander ?

Le pilote revient bientôt bredouille...

Et si nous téléphonions ?

Le pilote refuse. Nous avons tout le temps, nous nous sommes toujours débrouillés seuls et puis où veux-tu que je trouve un téléphone ? Le pilote est breton...

Le Vitara erre dans les collines, prend à droite, prend à gauche, revient sur ses pas.

Le pilote interroge un épicier, un passant, un policier, un marchand ambulant.

Personne ne connaît la modeste auberge où nous pensions dormir.

La nuit est tombée. L'éclairage public est inexistant. Deux heures se sont écoulées.

La tension monte dans le véhicule.

Le copilote se souvient du dernier petit village traversé, il y a si longtemps déjà...

Peut-être devrions-nous y retourner ?

Les voyageurs regagnent la nationale, trouvent une cabine téléphonique et passent l'appel salvateur...

Dix minutes plus tard, l'hôtelier les rejoint :

Vous avez bien fait de nous appeler. Il est impossible de nous trouver !

Cinq minutes après, nous ouvrons enfin la porte de notre chambre, la plus surprenante de tout le voyage...

11

Demandez le programme du jour !

VTT ?

Demandez le programme... !

Farniente ?

Demandez le.... !

Cordillera de los frailes ?

Pique nique douille c'est toi l'andouille.

Le grand gagnant est la balade dans les massifs montagneux.

A la lumière du jour, le chemin de la nationale est évident...

Mais il faut bientôt quitter le bitume,

Puis le pavé.

Les tournants tournicotent.

Il n'y a pas âne qui vive.

Et pourtant, les traces de l'homme comme de son activité marquent le paysage tourmenté de cette vallée volcanique.

La sortie est par là !

Quelques montagnes et cols franchis, quelques montées et descentes plus tard, nous retrouvons un autre monde...

Je vous propose maintenant de partager ces quelques gouttes de vin

En admirant le soleil terminer sa course par delà les cimes.

12

Les pistes empruntées depuis quelques jours ont marqué de leur sceau la blanche Suzuki.L'extérieur est jaune, l'intérieur poussiéreux...A chaque claquement de portière, à chaque ouverture de fenêtre, un nuage suffocant enveloppe les voyageurs !

L'Eléphant Bleu local se nomme Lavado Completo, petite entreprise artisanale où, en échange de 40 bolivianos (un peu moins de 5 euros), vous aurez droit à un bichonnage en règle de votre véhicule.

Un premier employé s'empare du pistolet à air comprimé et traque le moindre grain de poussière tandis que son acolyte rend une seconde jeunesse aux tapis de sol.

Puis le véhicule grimpe sur le pont et subit un tonique massage au jet suivi d'un nettoyage de peau vigoureux...

Un petit coup d'aspirateur, un dernier coup de chiffon et le Vitara retrouve enfin sa splendeur originelle.

Nous pouvons désormais reprendre la route et gagner Sucre !

Nous abandonnons bientôt le rutilant 4x4 dans le parking de l'hôtel pour arpenter les rues, places et arrière-cours de Sucre.

Je me demande bien pourquoi cette ville est surnommée la blanche?

Pas vous ?

Je vous abandonne un instant.

Je viens de repérer une petite boutique remplie de douceurs chocolatées...

13

Après cet intermède gourmand, poursuivons la visite de Sucre.

Les pages du guide sont remplies de musées et d'églises.

Que choisir ?

Une exposition de masques de carnaval attire l'attention des voyageurs.

Ouvrons-en vite la porte et découvrons l'atmosphère fantasmagorique des lieux !

La salle est plongée dans le noir. Seules s'offrent au regard d'effrayantes têtes surdimensionnées aux yeux exorbités, à la langue pendante, aux poils drus ou aux dents de sabre...

Le bois se mêle au tissu, la fourrure à l'acier, les plumes à l'os.

Les couleurs explosent, les formes n'ont plus rien d'humaines...

Par delà le grotesque, nous reconnaissons le colon espagnol, l'esclave africain, différents diablotins et de multiples oiseaux, ours et autres lamas.

Grâce à un habile jeu de lumières, l'effet rendu est superbe !

Mais je laisserai votre imagination recréer cette ambiance car les photographies sont interdites...

Nous laissons derrière nous cet étonnant musée pour nous diriger vers la zone industrielle de la ville.

J'entends déjà certains s'exclamer :

"Chouette, on va visiter une fabrique de chocolats !'

Désolée de vous décevoir mais nos pas nous entraînent plutôt vers une cimenterie.

Nous dépassons bientôt la guérite du gardien puis les cheminées de l'usine Franseca.

Des panneaux nous invitent alors à garer le véhicule.

Une silhouette cauchemardesque se détache d'un mur, des bruits étranges résonnent au lointain...

Nous voilà propulsés quelques millions d'années en arrière !

Les vestiges exposés nous rassurent. Pas de savants fous dans le secteur, pas de clonages improbables...

Vous commencez à vous demander quel est le lien entre ciment et dinosaures...

Le voici :

Il y a 68 000 000 d'années, les dinosaures précédaient l'homme sur ce qui n'était pas encore l'Altiplano.

Cette paroi, autrefois zone lacustre et horizontale, fut leur terrain de jeu préféré comme en témoignent les milliers d'empreintes de pas laissées par ces fascinantes créatures sur ce site menacé aujourd'hui par l'érosion et l'activité humaine.

Les traces paléontologiques furent découvertes il y a une vingtaine d'années par les ouvriers de la cimenterie qui exploitaient cette carrière, non à la taupe d'acier, mais à la dynamite.

Je vous propose maintenant de sortir vos jumelles...

Pour tenter de déchiffrer ces vestiges d'un lointain passé.

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Nous reprenons maintenant le rutilant Vitara pour rejoindre notre prochaine étape, la petite bourgade de Samaipata.

Un long voyage nous attend !

Les premiers kilomètres sont aisés sur une belle route goudronnée longeant rivières et sinuosités du relief.

Le filet d'eau qui coule ne décourage pas les lavandières,

Pourtant habituées à un débit plus soutenu comme nous le prouve la taille de ce pont suspendu.

A la sortie d'un village, le bitume disparaît remplacé par un chemin de terre.Laver le 4X4 à Sucre n'était peut-être pas l'idée du siècle.

Le paysage prend des airs de Far West.

Il ne manque plus qu'un John Wayne et une diligence...

Nous semons habilement les Indiens lancés à nos trousses mais notre chevauchée fantastique se trouve rapidement stoppée nette au pied d'une pente sablonneuse.

Que font tous ces camions arrêtés ?

Un coup d'oeil au sommet de la montée nous indique vite la raison de cet embouteillage.

Un poids lourd a raté son tournant, s'est ensablé et bloque la circulation...

Que faire ?

L'auto stoppeuse embarquée dans un village des environs nous affirme qu'avec notre véhicule nous pourrons passer sans problèmes...

La Suzuki se faufile donc parmi les camions.

Tu as 10 centimètres sur ta gauche !

Le ravin est à 1 mètre !

Replie le rétroviseur !

Nous arrivons bientôt sur les lieux du crime

Et découvrons stupéfaits que les légendes urbaines circulant sur la DDE ont dû être inventées en observant les routiers boliviens.

Le pauvre camionneur manie désespérément sa pelle alors que tous ses collègues le regardent le nez au vent, qui fumant une cigarette, qui s'octroyant un petit somme, qui narrant le mariage de son petit dernier...

Le Vitara trouve alors un petit passage et se glisse vers la liberté !

Quelques heures, quelques kilomètres restent à parcourir...

Et nous voilà enfin arrivés à destination !

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Ce matin, nous partons visiter le site archéologique d'El Fuerte.

Délestés de quelques bolivianos extorqués par un gardien vigilant, nous pénétrons dans le large périmètre des fouilles.

Un chemin pentu aboutit à une plateforme d'où nous pouvons contempler les vestiges précolombiens d'un centre cérémoniel dont les divers éléments furent gravés à même la colline de grès rouge.

Je vous laisse imaginer les animaux sculptés dans la roche.Pour ma part, je n'ai pu discerner les serpents et jaguars promis...

Le sentier longe maintenant les niches des sanctuaires qui dominaient autrefois la vallée, avant d'obliquer vers les quartiers administratifs et résidentiels de cette ancienne capitale provinciale de l'empire Inca.

Le temps a fait son oeuvre et le mot ruine prend ici tout son sens.

Cependant, le néophyte tombé bébé dans une marmite d'Aguirre, d'Aztéca ou de Zorrino saura récréer intérieurement la magie des lieux.

Je vous laisse maintenant revenir doucement, tout doucement au XXI ème siècle...

Le Vitara nous attend pour nous entraîner à la découverte des somptueux paysages volcaniques des environs de Samaipata.

La dernière halte surprend les voyageurs.

Ce paysage ressemble à si méprendre à ceux du Drakensberg Sud-africain !

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Le périple en Vitara s'achève.

Après un dernier soin de beauté, il faut rendre le véhicule à son propriétaire.

Nous sortons les bagages du coffre puis tendons les documents à l'employé de chez Avis.

Le préposé se précipite sur le véhicule qu'il inspecte sur toutes les coutures. C'est à peine s'il ne va pas chercher une loupe pour détecter quelques rayures et autres bosses...

Il paraît d'ailleurs bien déçu de trouver la carrosserie en parfait état et disparaît dans le garage de l'établissement tandis que les voyageurs gagnent le bureau d'accueil.

Les minutes passent. Nous trouvons le temps long...

Le pilote se lève et part à la recherche du salarié qu'il rejoint au pied de la Suzuki montée sur le pont.

L'homme brandit alors une torche qu'il pointe vers les amortisseurs et s'exclame :

Les amortisseurs sont foutus. Il va falloir que je vous en facture le remplacement !

Nous n'y connaissons absolument rien en mécanique mais il semble étrange d'avoir réussi à casser deux amortisseurs sans nous en rendre compte et surtout sans rien ressentir au niveau conduite, confort et bruit...

De plus, l'usure donc le changement de ces pièces relève habituellement de l'entretien usuel d'un véhicule et ne peut donc pas être facturé aux clients d'Avis...

L'employé sort alors le contrat et nous invite à lire la petite ligne figurant à la page 2 du document : les pièces mécaniques suivantes sont à la charge du client...

Nous faisons comprendre au salarié que nous pensons qu'Avis Bolivie a de drôles de manières et que nous n'avons jamais vu cela ailleurs. Nous lui faisons aussi comprendre que nous pensons que les pièces sont dans le même état que celui dans lequel nous les avons trouvées et que cette agence profite de sa clientèle étrangère pour arrondir ses fins de mois...

Vous aurez compris que je ne recommande pas Avis et que je vous conseille de mettre sur l'état d'entrée en possession d'un véhicule : bas de caisse et toutes pièces mécaniques dont...... (toutes celles non couvertes) en état usagé !

Cette mésaventure nous fut facturée 130 euros (Pas chers les amortisseurs en Boliviemais pas de très bonne qualité apparemment...). Cette somme nous a été intégralement remboursée par l'assurance de notre carte bancaire.


Nous laissons derrière nous le Vitara et les agents Avis pour prendre un taxi.

Enfin...

Une ruine de taxi !

Le véhicule possédait à sa sortie d'usine un volant à droite et tout ce qui s'en suit. Il est ensuite passé par différentes mains à travers le monde avant d'achever son interminable existence en Bolivie.

Là, d'habiles mécaniciens l'ont adapté à la conduite locale, c'est à dire, le volant à gauche...

L'horizon du passager avant ne se résume donc pas à un banal vide poche mais à d'inattendus trous de diverses dimensions surmontés d'un tableau de bord complet !

Cela permet au voyageur de vérifier qu'il ne tombera pas en panne d'essence et que le chauffeur respecte les limitations de vitesses...


Le surprenant engin nous dépose bientôt à la gare routière.

A peine le pied posé à terre, nous sommes alpagués par les représentants des diverses compagnies de taxis collectifs.

Nous indiquons le nom qui nous a été recommandé et la nuée se disperse...

Nous suivons alors l'employée de Las Misiones vers son guichet.

Le véhicule est prévu pour 7, il ne manque plus qu'un passager.

L'attente ne sera donc pas très longue.

Le temps d'acheter de l'eau et quelques biscuits, le temps de caser les bagages dans le petit coffre et les passagers sur les étroites banquettes et voilà qu'il est l'heure du grand départ !

Le véhicule s'élance dans les rues embouteillées de Santa Cruz et slalome sur la chaussée.

Les minutes se passent et nous nous enfonçons dans la ville. C'est bizarre, il me semblait que notre destination était dans le sens opposé...

Le parcours étonne aussi les autres passagers qui, au bout d'une demi-heure, commencent à réagir.

Nous avons failli nous retrouver à Samaipata...

Un demi-tour, une nouvelle demi-heure et nous quittons enfin Santa Cruz !

Non sans repasser devant la gare routière...

Les kilomètres défilent, les passagers trouvent leurs marques. Les genoux cognent les sièges, les coudes frottent les côtes...

Je commence à avoir mal au c..

Nous atteignons rapidement le péage où de petites vendeuses se précipitent sur les véhicules arrêtés.

Du café ! Du café bien chaud !

De l'eau ! De l'eau fraîche !

Coca ! Fanta !

Qui veut mes bananes ?

Qui veut mes biscuits ?

Qui veut mes chaussons au poulet ?

Les affaires se font en un clin d'oeil. L'argent est lancé, jeté, rendu en un tour de main.

Une odeur de poulet et de café règne bientôt dans le taxi collectif tandis que nous reprenons la route....


Le soleil disparaît sous les nuages, la température chute, le vent se lève et fait trembler le véhicule...

Nous arrivons alors à destination.

Le taxi nous dépose sur la place de San José de Chiquito à quelques centaines de mètres du confortable hôtel choisi.

Le village est en pleine rénovation et la tempête soulève des nuages de poussière qui achèvent leur course sur nos deux pauvres piétons...

Nous ne voyons pas à trois mètres alors que le vent siffle à nos oreilles et nous glace.

Une lumière se rapproche...

Ouf, voilà l'hôtel !

Vite, vite, refermons la porte et balayons la poussière de nos gosiers sous la revigorante caresse de quelque boisson à base de raisins...

17

Le mugissement du vent a agréablement bercé notre sommeil. L'odorant parfum d'un café réanime nos neurones endormis.

Nous décidons de partir à la recherche du moyen de transport qui nous déposera à la frontière le lendemain.

Nos pas nous entraînent à la gare ferroviaire devant laquelle stationnent les taxis collectifs.

La commerciale en charge de ce secteur nous annonce un prix légèrement exagéré...

- La frontière ? C'est 1000 bolivianos si vous privatisez un taxi !

Le commercial de l'agence Attila ne se laisse pas faire et engage une négociation serrée.

- Une place pour aller à Roboré, c'est 30 ? Et de Roboré à la frontière, c'est 50 ?

- Oui ! Oui !

- Dans un taxi, vous mettez 7 personnes ?

- Oui, 7.

- (30+50)x7, ça fait 560. Non ?

- Oui !

- Donc, demain, vous venez nous chercher à l'hôtel, vous nous emmenez jusqu'à la frontière et nous vous payons 560 bolivianos...

- Oui...

Une poignée de main et l'affaire est conclue !


Nous pouvons maintenant arpenter les ruelles de San José de Chiquitos et prendre un bain de couleurs en admirant ses maisons peintes et ses boutiques éclatantes.

Les voyageurs débouchent bientôt sur la place du village où ils découvrent étonnés cet arbre à la forme rebondie.

Dieu seul sait pourquoi il a écopé du nom d'arbre bouteille...

Un cri s'échappe des branchages et une tache rouge détonne sur le fond de ciel bleu.

Le toucan se laisse admirer puis prend son envol.

Nous nous retournons alors et constatons que les missions jésuites de la Chiquitania sont injustement ignorées des circuits touristiques majoritairement en vigueur.

Des notes s'échappent de l'aile gauche du bâtiment où sévissent d'apprentis violonistes.

Tentons donc une approche par l'autre côté !

Une porte est ouverte.

Entrons !

Les lieux ont été restaurés et les peintures murales ont retrouvé tout leur éclat.

Je vous propose maintenant une petite promenade en dehors de la ville.

Que le salar d'Uyuni semble lointain !

Sur le chemin du retour, une déesse dévoile ses rondeurs, tandis qu'une rivale préfère s'emmitoufler dans le carmin...

Je vous laisse retrouver votre passeport et votre carnet de vaccination.Demain, nous partons au Brésil !

18

Il est bientôt 10 heures. Le taxi devrait arriver.

Tiens, il est là !

Les bagages et les voyageurs installés, nous quittons la ville pour 4 heures de route pied au plancher en direction du Brésil.

Nous arrivons maintenant au dernier péage. Une multitude de militaires semble s'y être donné rendez-vous...

Un officier frappe à la vitre et demande au chauffeur de prendre quelques uns de ses hommes avec lui puisque le taxi est vide.

Gêné, le chauffeur indique que nous avons payé pour toutes les places...

Le militaire se retourne alors vers les passagers qui acceptent de bon coeur de prendre ces auto-stoppeurs d'un genre particulier.

C'est donc entourés de l'élite de la formation anti-drogue du pays que nous parcourrons les ultimes kilomètres de notre séjour bolivien !

Les soldats déposés à leur mess, il est temps de franchir la frontière.

Le taxi débarque ses passagers à quelques mètres du bureau des douanes puis part à la quête d'une nouvelle cargaison...


Nous prenons place dans la courte file et changeons nos derniers bolivianos.

Un dernier coup de tampon, un au revoir...

Un nouveau cachet, quelques lignes d'écriture, un bem vindo sonore...

Brésil, nous voilà !

A peine la frontière franchie, une nuée de chauffeurs de taxi s'abat sur les voyageurs.

La ville de Corumba n'est qu'à une poignée de kilomètres. 20 réaux, soit 7 euros, semble un prix un peu élevé.

Surtout qu'il y a un arrêt de bus juste là et que le ticket coûte moins d'un euro !

Nous entrons dans une phase de restrictions budgétaires...

30 minutes plus tard, le bus jaune débarque ses passagers au centre de la ville.

L'hôtel repéré n'est qu'à un pâté de maison.

Palace est un bien grand mot pour cet établissement dont les chambres ressemblent plus à celles d'un Ibis budget qu'à celles du Georges V....

A plus de 70 euros la nuit, nous comprenons vite que le Brésil n'est décidément pas une destination bon marché.

Les valises défaites, les voyageurs refaits... enfin rafraîchis..., l'idée de se dégourdir les jambes s'impose.

Nous retournons à la place principale puis dégotons la rue commerçante.

Un distributeur puis 2 puis 3...

Pas d'argent !

Comme en Bolivie, les banques semblent réticentes à délivrer quelques billets aux malheureux détenteurs d'une mastercard européenne...

Nous trouvons enfin notre bonheur et les poches bien remplies, nous décidons de partir à la découverte des shopping center brésiliens.

Alors qu'en Bolivie, les magasins "modernes" se faisaient plus que rares, nous retrouvons ici la société de consommation.

La partie de lèche-vitrine permet vite de découvrir que le niveau de vie du pays, malgré les prix pratiqués, est loin d'atteindre les standards européens.

En effet, le paiement en 10 fois semble être la norme. Même pour un T shirt à 5 euros...

Le soleil va se coucher. Quittons donc les boutiques pour gagner le rio Paraguay...

Dont les eaux poissonneuses attirent pêcheurs et cormorans !

J'espère que vous n'avez pas oublié de vous enduire de lotion anti-moustique ! Nous ne sommes pas au bord de la Tamise, ce ne sont pas les scarabées qui bourdonnent...


J'ai faim ! Pas vous ?

Nous avons repéré un restaurant spécialisé, comme c'est original, dans la viande. Je vous propose d'y diner.

Le décor n'a rien de luxueux. La carte bleue ne risque pas de chauffer !

Le serveur nous tend le menu que nous découvrons effarés.

Il faut bien chercher pour trouver un plat à moins de 25 euros...

L'employé revient pour prendre la commande.

- 2 steaks s'il vous plait !

- 2 ???

- Euhhh, nous sommes 2 alors...

- Ici c'est le Brésil. Les plats sont très très copieux. Généralement, nous servons une portion pour 2 personnes.

Les voyageurs retrouvent alors le sourire. Finalement, une dizaine d'euros la part de très bonne viande, c'est un bon prix, non ?

Faites bien attention en visitant le Brésil car cette pratique est la coutume. Alors, à moins d'avoir un appétit d'ogre, il vaut mieux prendre une demi-portion ou partager...

Rassurés sur leur pouvoir d'achat, les affamés décident de prendre une bouteille de vin argentin pour accompagner leurs agapes.

Les verres se remplissent, la viande apparaît.

Et ses accompagnements...

Vous vous souvenez peut-être qu'en Bolivie, les plats étaient généralement servis avec du riz et des frites.

Une nourriture de fillette pour les brésiliens qui ajoutent à ce duo déjà bourratif une bonne louchée de haricots rouges ou noirs !

Je crois que je vais me resservir un peu de Malbec pour faire passer tout cela...

Bon appétit et bonne digestion !

19

9 heures.L'agence de location va ouvrir et nous sommes les premiers clients.

Quelques signatures, quelques paiements, un petit état des lieux et la Golf modèle réduit est à nous !

Nous quittons bientôt la nationale pour nous engager sur Estrada Parque, route de terre et de bois traversant le Pantanal.

Quelques kilomètres plus loin, nous faisons une étrange rencontre. Malheureusement, l'animal, effrayé par la vive allure de notre bolide, fonce vers les buissons avant que je ne puisse l'immortaliser... de face...

Ton épaule est Tatou, dit la chanson.Faut aimer ! Ça fait un peu Robocop...

Les passagers de la Golf électrisés par cette première rencontre reprennent le tempo Safari et s'élancent sur la piste verglacée.

Je crois que je confonds un peu tout...

Reprenons !

Les voyageurs, ravis d'avoir pu contempler même furtivement un tatou, redémarrent.

La terre devient rouge et rien ne trouble l'horizon.

Nous parvenons alors au premier des 87 ponts de bois qui jalonnent les 120 kilomètres de cette piste.

Les rapaces, hérons et autres familiers du marécage ne semblent guère troublés par notre passage.

Il faut dire que cette partie de la piste n'est pas vraiment fréquentée car le rio Paraguay la coupe nette.

Heureusement, un antique bac permet le passage !

Le batelier rejoint son outil de travail et met péniblement les moteurs en route.Notre véhicule prend alors place dans la longue file des bus, camions, 4x4, vélos et piétons qui attendent impatiemment le moment de grimper sur le pont...

Un coup de sirène et c'est le départ. Les berges s'éloignent et nous contemplons la majesté des rives du rio Paraguay.

Déjà, nous apercevons le débarcadère.Il faut regagner la voiture !

Le comité d'accueil ne tarde pas à faire son apparition.

Glups ! Nous sommes cernés !

Nous prenons rapidement le large pour échapper à ces féroces prédateurs et retrouvons la quiétude des sous-bois où les prochaines rencontres s'avèreront plus placides .

Les pont se succèdent, Le soleil décline.

La marais prend alors des reflets argentés et s'anime.

Il fait nuit noire désormais.

Trouvons rapidement la Fazenda réservée où nous attend une dégustation de produits locaux...

A bientôt pour le recette de la caïpirinha...

20

Je vous laisse quelques minutes pour rassembler les ingrédients nécessaires à la confection d'une Caïpirinha :

Un citron vert bien juteux

Du sucre ou du sirop de canne

De la glace pilée

De la Cachaça


Prêts ? Allons-y.

Il faut tout d'abord enlever les extrémités du citron puis la partie blanche au milieu de cet agrume.

Ensuite, vous découpez le citron en gros dés. (Juste le citron, pas vos doigts !)

Vous déposez les morceaux obtenus dans un verre genre verre à whisky puis vous ajoutez une cuillère de sucre.

Avec un pilon, vous écrasez les quartiers de citron pour que le jus se mélange au sucre. (Ecraser ne veut pas dire réduire en bouillie...)

Vous ajoutez ensuite la glace pilée qui doit recouvrir tous les morceaux de citron.

Y a plus qu'à boire !

Ah non, j'ai oublié le principal...

Une dose de Cachaça et un mélangeur pour le brassage final.

Bonne dégustation !


Avis aux Domiens présents dans l'assemblée : rien à voir avec un Ti'Punch !

Avis aux Vladimir et autres Boris : la Caipiroska, c'est n'importe quoi...

Fin de la parenthèse.

Merci de déguster ce chapitre avec modération...

21

La dégustation est finie, découvrons les habitants de la Fazenda.

Certains sont peu farouches et quémandent une caresse...

Avant d'abandonner la leçon de ronronthérapie pour une activité plus noble...

La chasse !

Laissons-là cet intrépide chaton et faisons une promenade sur les terres inondées de la propriété.

Un troupeau qui aura bientôt l'honneur d'être au menu des meilleures Churrasqueira du pays nous observe sans méfiance.

Mais tel n'est pas là le but de notre quête !Nous cherchons aujourd'hui un fin gourmet plus avide de la délicate saveur d'un plat de termites fraîchement léchées que de celle d'un steak grillé à la perfection.

Le gastronome poilu est vite repéré.

Malheureusement, le tamanoir est farouche et décampe promptement vers une table plus tranquille...

La lune se lève, Le soleil se couche.

Je vous souhaite une agréable nuit !

22

Aujourd'hui, nous partons pour Bonito, petit village au sud du Pantanal connu pour sa faune et ses eaux claires.

La VW rejoint la nationale et slalome entre les cadavres...

Malgré les radars, les limitations de vitesse et les nombreuses pancartes d'avertissement, les piétons ne sont guère respectés sur cette route où filent camions, bus et autres rouleaux compresseurs.

Le tatou a les pattes en l'air, le capybara gît dans le fossé.

L'atmosphère est humide et les corps décomposés dégagent une odeur franchement écoeurante...

Seul le vautour semble à la fête !

Nous quittons rapidement ce cimetière pour retrouver la quiétude du réseau secondaire.


Nous ne tardons pas à croiser notre premier jaguar brésilien...

Belle bête, non ?

Un peu plus loin, un cavalier semble vouloir nous avertir d'un danger.

Nous ralentissons et tombons alors nez à nez sur la transhumance d'un troupeau cornaqué de main de maître par d'attentifs gauchos.

Le véhicule se fraye un passage entre les bêtes qui disparaissent bientôt dans le rétroviseur.

(Faudrait changer la signalisation...)

Un duo d'heures plus tard, nous entrons dans Bonito où, chance inouïe, nous croisons notre deuxième jaguar de la journée !

De l'autre côté de la rue, ce toucan ne semble pas vraiment effrayé par l'inamicale posture du magnifique félin.

Nous les abandonnons à leur duel et poursuivons notre chemin...

Plus qu'une poignée de kilomètres et nous franchissons les portes du paradis .

Je vous invite à me rejoindre devant la cheminée pour partager l'apéro et le dîner !

Vous n'avez pas fait de drôles de rencontre sur le chemin du restaurant ?

Deux yeux phosphorescents sont tout d'abord apparus dans le faisceau de ma lampe...

Puis deux oreilles pointues...

Et un beau manteau de fourrure !

Le renard apeuré a alors pris la tangente dans les buissons.


Nous allons donc maintenant faire plus attention à ce qui nous entoure...

Tiens ! On dirait que quelque chose bouge là bas près du chemin.

Un autre renard ?

Ah non, c'est plus petit et plus en longueur...

Et puis, c'est court sur pattes !

Eteignons la lampe et approchons nous discrètement.

Je sors le Lumix, j'enclenche le flash...

Et j'aveugle le Tamandua !

Nous laissons ce cousin du fourmilier trouver son repas et gagnons notre table ...

Bon appétit !

23

Une bonne nuit de sommeil plus tard et voici l'heure d'un nouveau repas !

Fourmiliers et renards ont regagné leur foyer tandis qu'une chevêche quitte le sien.

Un cariama huppé s'interroge quant à la comestibilité des voyageurs qui s'empressent de rejoindre le buffet du petit déjeuner sous le regard envieux d'un de leur cousin poilu...


Repus, nous nous interrogeons sur le programme de la journée.

Hamac ? Transat ? Baignade dans les eaux claires et poissonneuses de la rivière ?

La troisième option est vite abandonnée car nous n'avons pas emmené la combinaison isotherme...

Nous optons donc pour le farniente sous le regard attentif des habitants des lieux.

Le Pantanal, l'autre nation arc-en-ciel ?

La journée s'achève.Si nous allions marcher un peu, histoire de débusquer quelques fourmiliers ?

Le fourmilier est au Pantanal ce que le chacal est au Kgalagadi. Y en a partout !

Encore faut-il connaître les moeurs de cet étrange animal qui préfère le crépuscule pour assouvir sa gloutonnerie...

Nous quittons bientôt les limites de l'hacienda et poursuivons notre balade sur la piste caillouteuse.

Au lointain apparaît alors la silhouette attendue.

A pas de loup, nous nous rapprochons du farouche animal...

L'est bizarre celui-là !

Il y a comme une grosse bosse dans son dos.

La bosse bouge !

Encore quelques enjambées et le mystère s'éclaircit.

Le fourmilier est une fourmilière...

Et transporte sur son dos son petit.

Oups, nous voilà repérés!

Le duo poilu jette un oeil au duo vêtu et s'enfuit dans le sous bois...


Il ne nous reste plus qu'à rejoindre le salon pour fêter autour d'une énième caïpirinha notre dernière soirée au coeur du Brésil rural.

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Une longue traversée du Brésil nous attend avant de gagner Sao Paulo.

Il faut d'abord rendre la voiture à Corumba puis prendre un bus pour Campo Grande et enfin emprunter la voie aérienne.


2 jours plus tard, nous atterrissons aux portes de la ville...

Taxi, bus, métro ?

Nous optons pour les transports en commun.

Un bus nous dépose bientôt à une bouche de métro.

Deux changements après, nous voilà arrivés.


La station est bondée et nous avons l'impression d'être au coeur d'une manifestation où même la police dénombrerait plusieurs millions de participants.

Châtelet les Halles, c'est le désert du Sahara à côté...

Nous suivons le flot pensant nous diriger vers la sortie.

Les minutes passent, le couloir n'en finit pas.

Les corps compressés forment une longue file impatiente.

Une pancarte apprend alors à nos voyageurs qu'ils se sont égarés...

Point de sortie par ici mais une correspondance.

Comment quitter la foule compacte ?

Comment endiguer le mouvement ?

Nous nous extirpons du flot pour gagner la balustrade où un policier surveille le chassé croisé des voyageurs.

- La sortie ???? Il faut faire demi tour et c'est tout droit...

Et nous voilà repartis dans l'autre sens tout aussi encombré...

Nous gagnons alors l'air libre et la fameuse avenue Paulista, Champs Elysées local.

Quelques nouvelles erreurs d'orientation plus tard, nous déposons enfin nos valises au pied d'un bon lit !


C'est la soirée d'adieu. En bons gaulois, nous décidons d'achever notre voyage sur un banquet...

Je vous avais parlé dans un autre carnet de la version indienne d'un festin.

Découvrons désormais le thali unlimited brésilien...

Cette version n'aurait aucun succès au pays de la vache sacrée car le divin animal est le principal ingrédient du gueuleton.

Vous êtes prêts ?

Nous pénétrons dans la Churrascaria.

A peine assis, un serveur se précipite pour nous apporter l'indispensable jeton vert et rouge et nous emmaillote dans une immense serviette blanche.

Au milieu du restaurant trône une desserte qui croule sous les faire-valoir de la viande grillée : petites salades, cornichons, moutardes de toutes origines...

Dans la salle, l'oeil perçant des serveurs guette le signal du carnage : le jeton vert.


Une tranche de faux filet ? Jeton vert...

Une tranche de rumsteck ? Jeton vert...

Un morceau d'onglet ? Jeton vert...

Je cale... Jeton rouge...

Une gorgée de Malbec, une gorgée d'eau.


Un tranche de filet ? Jeton vert

Une darne de saumon ? Jeton rouge

Une côtelette d'agneau ? Jeton vert

Je n'en peux plus...

Une caipirinha peut-être pour digérer ?


Une belle entrecôte ? Jeton vert mais vraiment pour faire plaisir...

Des travers de porcs ? Jeton rouge

Du.........

Stop !


Un café...

Je vous laisse régler l'addition, je vais digérer !