Après une bon repas et une bonne nuit, nous poursuivons notre voyage.
Aujourd'hui est prévue la visite de Potosi, ville nichée à plus de 4000 mètres d'altitude au pied d'une motte de gruyère qui fut autrefois une montagne de minerai...
L'heure de gloire de Potosi sonna au 16 siècle quand ses mines d'argent fournissaient au roi d'Espagne la majeure partie de ses richesses.
La ville était alors la plus importante agglomération d'Amérique du Sud et églises comme demeures coloniales s'y construisaient à foison.
La corne d'abondance finit par se tarir entraînant le déclin de cette cité dont les murs résonnent toujours de la souffrance des mineurs indiens et des esclaves africains sacrifiés pour entretenir le faste de la maison des Habsbourg.
De nos jours, subsistent encore quelques mines en activité que le voyageur téméraire pourra visiter.
Pour notre part, nous nous contenterons des témoignages recueillis sur les murs de la ville.
Potosi est en ébullition, un défilé est imminent !Nos pauvres voyageurs se retrouvent donc une nouvelle fois bloqués...
Le temps de découvrir le moyen de se rapprocher du centre et la Casa de la Monéda a refermé ses portes pour une longue pose méridienne.
Nous devons maintenant patienter quelques heures avant de découvrir ce monument historique où furent fondus les lingots d'argent à destination de l'ancien monde.
Que faire en attendant ?
Une partie de baby-foot ? Une partie de billes ?
Je crains que nous n'ayons aucune chance de gagner face à de si talentueux adversaires !
Suivons plutôt leurs aînés à travers la ville...
Un vent glacial s'engouffre dans les ruelles...Si nous allions nous réchauffer devant un chocolat chaud ?
Le café est confortable, la boisson revigorante, la crêpe roborative.
Nous nous assoupissons doucement...
Notre regard flotte par delà la vitre quand soudain un étrange manège l'attire.
Une mendiante est installée au carrefour voisin et semble bénéficier du meilleur coin de la ville...
Un couple de boliviens la dépasse puis s'arrête puis recule.
Et hop une pièce...
La pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.
Une voiture approche. Une vitre se baisse.
Quelques pièces sont jetées...
Les pièces disparaissent vivement dans le corsage de la vieille dame.
Une famille passe, la mère ouvre son porte monnaie et tend à sa fille une pièce.
La fillette traverse la rue et dépose l'argent dans la sébile.
La pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.
Un groupe d'occidentaux arrive au carrefour. Le nez dans leur carte, ils continuent leur chemin.
Ah non ! En voilà un qui fourrage dans son poncho fraîchement acquis...
Et une nouvelle pièce disparaît vivement dans le corsage de la vieille dame.
10 minutes se passent, 10 nouvelles pièces rejoignent le giron de la mendiante.
La recette espérée est bientôt atteinte. La femme récupère sa timbale, époussette ses jupons et disparaît...
Le musée va réouvrir. Les voyageurs récupèrent leurs affaires, enfilent un blouson et disparaissent...
Bonne visite !
Des lingots d'argent plein les poches, nous quittons la froide Potosi. Le jour décline mais, qu'importe, l'étape du soir est toute proche !
Le copilote est aux aguets et scrute toutes les rares pancartes au bord de la route.
Les kilomètres passent, aucun signe du village recherché, aucun panneau indiquant l'hôtel réservé.
Le copilote regarde sa carte où, grâce aux indications trouvées sur le site du gîte, il a tracé une grande croix et s'exclame :
Nous sommes beaucoup trop loin !
Le Vitara rebrousse chemin...
Je pense que c'est par là ! Prends cette petite route.
Le Vitara s'engage sur le sentier caillouteux...
Il y a de la lumière dans cette maison. Tu ne veux pas aller demander ?
Le pilote revient bientôt bredouille...
Et si nous téléphonions ?
Le pilote refuse. Nous avons tout le temps, nous nous sommes toujours débrouillés seuls et puis où veux-tu que je trouve un téléphone ? Le pilote est breton...
Le Vitara erre dans les collines, prend à droite, prend à gauche, revient sur ses pas.
Le pilote interroge un épicier, un passant, un policier, un marchand ambulant.
Personne ne connaît la modeste auberge où nous pensions dormir.
La nuit est tombée. L'éclairage public est inexistant. Deux heures se sont écoulées.
La tension monte dans le véhicule.
Le copilote se souvient du dernier petit village traversé, il y a si longtemps déjà...
Peut-être devrions-nous y retourner ?
Les voyageurs regagnent la nationale, trouvent une cabine téléphonique et passent l'appel salvateur...
Dix minutes plus tard, l'hôtelier les rejoint :
Vous avez bien fait de nous appeler. Il est impossible de nous trouver !
Cinq minutes après, nous ouvrons enfin la porte de notre chambre, la plus surprenante de tout le voyage...