Le signal "Attachez vos ceintures" s'éteint. Les passagers, impatients de se dégourdir enfin les jambes, rassemblent leurs affaires et se précipitent vers la sortie de l'appareil.
Quelques couloirs, un coup de tampon sur le passeport, un rapide passage au tourniquet des bagages et nous gagnons le comptoir des taxis.
La Rabida ? C'est 26 dollars. Voici un ticket, vous paierez directement la course au chauffeur.
Les valises prennent place dans le coffre, les voyageurs exténués se vautrent sur la banquette arrière.
Dites, Monsieur, vous connaissez bien notre destination ?
Le jeune homme esquisse un non et se renseigne.
Nous voilà maintenant partis !
Nous profitons du trajet pour essayer de comprendre le code de la route équatorien.
Apparemment, doubler à droite est autorisé tout comme les dépassements de vitesse...
Faut pas non plus trop traîner quand le feu devient vert ou freiner brusquement quand il vire au rouge.
Les piétons ne sont pas prioritaires, les camions et les bus sont nombreux.
Le parc automobile est assez récent et Chevrolet truste les premières places dans toutes les catégories. Je n'ose en déduire que les équatoriens ont mauvais goût...
Tiens, c'est bizarre, on quitte l'autoroute pour une petite voie à sens unique !
Ça descend, ça monte, ça tournicote puis nous nous retrouvons au coeur de la ville moderne.
La suite du voyage nous prouvera que l'autochtone qu'il conduise une voiture, un taxi ou un bus adore les chemins de traverse qui s'avèreront souvent des raccourcis.
Le chauffeur se faufile dans la circulation, j'essaie de repérer le nom de la rue.
J'ai trouvé ! Nous ne sommes plus très loin ! Je pense d'ailleurs qu'il aurait dû tourner avant...
La berline jaune stoppe. Son conducteur s'empare de sa cb (citizen band pas carte bleue...) et entame une discussion animée.
Señor Supervisor, j'suis perdu !
Derecha, Izquierda, Avenida Colon....
J'essaie de capter l'attention du novice et lui montre mon Gps. Son regard s'illumine, nous sommes sauvés.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à notre hôtel, un BB relativement calme pour Quito et plutôt bien situé. Pour le charme, ce n'est pas tout à fait ça mais c'est propre et le personnel est serviable.
A 70 USD la double petit déjeuner compris, le rapport qualité prix reste correct.
Je vous laisse vous installer, je vais choisir un restaurant pas trop loin pour le dîner...
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Il est 19 00, 2 heures du matin à Clermont Ferrand. Je sens que nous n'allons pas trop traîner au dîner...
Un restaurant se trouve à quelques pas de là. Malgré son nom fort peu exotique, Crêpes and Waffles, nous nous y risquons.
Le soleil est couché depuis un moment, nous sommes à 2850 mètres d'altitude, il ne fait pas bien chaud. Je sors la polaire de la valise pour la première fois...
Arrivés à la porte, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas les seuls à avoir eu envie de manger ici.
Une bonne partie du Quito à la bourse bien garnie est attablé et déguste crêpes, glaces, salades. Un anniversaire, des familles, des amoureux, une poignée de touristes.
Plus de tables à l'intérieur ! La terrasse, ça vous ira ?
Ben, c'est que...
On a des radiateurs !
Et la serveuse d'allumer des sortes de grille pains accrochés au mur qui me font furieusement penser au chauffage de la salle de bain de ma grand-mère... C'est kitsch mais finalement efficace.
Nous commandons maintenant nos boissons et nos plats. Pas envie de crêpes, pourquoi pas une pita ?
Au vu des assiettes qui arrivent, pita signifie pizza à Quito... Et c'est quoi ce gros machin noir sur ton assiette ?
Un champignon géant au goût de coulemelle.
Bon appétit !
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Une première nuit plutôt bonne malgré le décalage horaire, un premier réveil, un premier petit déjeuner aux senteurs de fruits exotiques...Il est 08 30, il fait bon et sans trop de nuages, notre premier 4000 nous attend !
Nous rejoindrons notre camp de base en bus et à pied.
1,6 kilomètres dans les rues désertes de la ville, 10 minutes de bus au tarif imbattable de 0.25 dollars le ticket et finalement un autre kilomètre de balade en rude montée.
Nous sommes maintenant à 3127 mètres d'altitude et c'est parti pour le premier tour de manège de ce voyage !
Comme ailleurs, les sensations fortes ne sont pas gratuites même si beaucoup plus abordables qu'en Norvège ou en France, moins de 10 dollars l'aller/retour.
Attention tout de même à vous si vous n'êtes jamais monté à 4000 mètres ou si vous subissez déjà des impressions désagréables en arrivant au sommet des pistes d'une station de ski française car cette sensation forte pourrait vous être fatale. (voir ici)
Comme ailleurs, les lève-tôt ne sont pas très nombreux en ce samedi matin et nous ne ferons que 3 minutes de queue avant de monter dans une cabine. Rendez vous dans 18 minutes, 900 mètres plus haut !
Le temps de grimper, les premiers nuages arrivent,
Et, si la vue sur la ville reste superbe,
Nous ne verrons pas les volcans. Un lama en remplacement ?
Les sportifs pourront ici s'adonner aux joies du VTT ou de l'équitation.
Pour notre part, nous nous contenterons d'une courte randonnée de décrassage jusqu'à la tour à haute tension perchée 200 mètres plus haut.
Le début de la balade est facile, ça descend...Puis les choses se corsent. Le beau chemin laisse place à un sentier pentu et friable et chaque pas nous rappelle bientôt que marcher à plus de 4 000 mètres d'altitude demande un effort certain.
Une pause, je reprends mon souffle. Une autre pause, je me demande si je parviendrais au but fixé.
Le stent tient bon, merci à l'équipe de cardiologie du CHU Gabriel Montpied, me voilà arrivée.
Je laisse les courageux poursuivre jusqu'au sommet noyé dans les brumes, je vais déjeuner !
Que proposent les stands de restaurations installés près du téléphérique ? Pas grand chose...
Va pour un empanada au poulet !
En échange de quelques dollars, je me retrouve bientôt avec des milliers de calories. Ça nourrit mais je n'en ferais pas mon quotidien...
Les visiteurs sont maintenant plus nombreux et les randonneurs ont laissé place aux promeneurs du dimanche. Madame est en robe moulante, bras nus et chaussure à talons. Il fait 10 degrés...
Nous les laissons à leur future angine et redescendons.
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De retour en ville, nous décidons d'explorer les salles du Musée National.
Dites, Madame, c'est bien ici l'entrée ?
Les lieux, gratuits, retracent l'histoire du pays à travers quelques chefs d'oeuvre d'hier et d'aujourd'hui.C'est à taille humaine et bien présenté.
Trois attractions principales :
- Les oeuvres préhispaniques
- Les masques de carnaval
- Les visiteurs...
Les gardiens ont bien du mal à éviter que les objets laissés sans protection soient manipulés, les appareils photos crépitent qui en selfie, qui en portrait de famille. Un entresol a heureusement été prévu pour la présentation de créations interactives et l'interaction ne manque pas...
Repus de nourritures spirituelles, nous nous dirigeons maintenant vers un café pour déguster quelques nourritures terrestres. Adossée au bistrot, se trouve une boutique de souvenirs plutôt hauts de gamme. Nous flânons bientôt parmi ses rayons...
Un mur rempli de plaquettes de chocolat nous fait alors saliver.
L' Equateur produit en effet des fèves de grande qualité et quelques sociétés locales se sont lancées dans la fabrication de cet or noir savoureux. Leur créneau est le chocolat de luxe et le prix s'en ressent : quasi 4 dollars la plaquette de 70 grammes. Ce produit figure ainsi rarement en supermarché, pas plus que les grandes marques habituelles d'ailleurs. On n'y trouve que de l'industriel bas de gamme genre crunch et autres mars.
En parlant de supermarché, il ne faudrait pas faire quelques courses pour notre longue journée de bus d'après-demain ?
Les poches pleines de Pacari, nous prenons donc le chemin du plus proche Supermaxi.
Vite, dépêche-toi ! On n'a plus que 8 secondes pour traverser cette 6 voies !
Pratiques, les petits bonhommes verts équatoriens. Non seulement il y a le décompte du temps mais aussi le son, un bip bip qui s'accélère au fur et mesure que le sablier s'approche du zéro tandis que les jambes de la silhouette marchent à pas de plus en plus pressés. Faut vraiment le vouloir pour se faire écraser par les véhicules trépignants !
Une dernière photo, et nous voilà arrivés.
Le panier restera bien vide. Si le rayon des fruits et des légumes est alléchant (et très bon marché...), celui de la charcutaille et des fromages s'avère déprimant.
Retour maintenant à l'hôtel pour un peu de repos avant le dîner !
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Nous sommes samedi.
Nous choisissons donc le quartier le plus animé de la ville pour manger : La Mariscal.
Se décider pour un restaurant est difficile: notre guide en indique peu et leur description n'en fait ressortir aucun; les sites internet noient le voyageur sous une tonne d'adresses.
Un mexicain, ça te dirait ? Va pour le mexicain !
Nous quittons maintenant l'hôtel et le calme pour trouver quelques centaines de mètres plus loin une agitation grandissante, la foule et des cars de policiers...
Le restaurant se situe à un carrefour au premier étage. Nous avons une vue dominante sur l'animation et les caméras de surveillance...
Le cuba libre est bien dosé, le guacamole savoureux et l'assiette de fajitas débordante.
La soirée avance, le nombre de promeneurs augmente. Des jeunes filles, des jeunes gens, des familles, un peu d'étrangers. Nous les rejoignons.
La musique s'échappe des bars, les discothèques essaient de remplir leurs établissements à grand renfort de " Hola Caballeros" tonitruants. Un quartier idéal pour les fêtards, un quartier à fuir pour les amateurs de silence...
Nous laissons bientôt les premiers et retrouvons les seconds. Bonne nuit !
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Le programme du jour réside en la visite du Quito historique, aujourd'hui fermé à la circulation pour le plus grand bonheur des cyclistes et des piétons.
Prêt(e)s pour arpenter places et ruelles ? C'est parti !
Si, en Europe, la religion a perdu tant de parts de marché qu'elle en devient quasi invisible, ce n'est pas le cas ici. Nous sommes dimanche et les églises font le plein !
Pendant l'office, certaines demeurent ouvertes aux touristes, d'autres non.
Les messes se succèdent toutes les heures et pour que le croyant n'en perde pas une miette, des écrans géants retransmettent l'homélie du curé sur tous les piliers.
Des mendiants, des vendeurs de glace, de fruits ou de papier toilette (ne cherchez pas de lien entre eux...) prient ardemment que sortent catéchumènes et communiants.
En attendant l'ite missa est, les rues, les places et les ruelles se font désertes.
Il y en a bien certains qui sèchent mais ils forment une minorité.
Les cloches sonnent, la vie reprend.
Un peu, beaucoup, passionnément...
Les fidèles retrouvent maintenant leur monture et regagnent leur foyer.
La fameuse église de la compagnie de Jésus reste cependant toujours fermée aux visiteurs.Si nous allions nous promener au parc Itchimbia pour patienter ?
Un escalier, deux escaliers, trois escaliers...Ça grimpe !
La ville de Quito est entourée de collines et le parc se situe au sommet de l'une d'elle.
Un lieu idéal pour promener son chien ou admirer la vue.
Les estomacs commencent à gargouiller et pas de pique nique dans le sac à dos. Il faut donc retourner à la civilisation pour déjeuner.
Pas mauvais ce riz aux crevettes accompagné de sa banane plantain. Un peu copieux peut-être...
Personnellement, je n'ai plus de place pour le dessert mais je vous laisse volontiers le temps d'en tenter l'expérience...
L'église jésuite est désormais ouverte. Nous payons nos entrées et pénétrons dans le monument.
Fermez les yeux et imaginez vous dans une église romane dépouillée de ses peintures originelles. Sobriété, blancheur immaculée. Rien ne dissipe le fidèle dans sa rencontre avec son dieu, rien ne choque le bon goût du voyageur.
Ouvrez maintenant les yeux et oubliez tout ce qui a été écrit précédemment... Les murs dégoulinent de dorures, de colonnettes torsadées, de peintures, de sculptures jusqu'à l'écoeurement. Les yeux ne savent où se tourner pour trouver quelque repos, les neurones calculent le coût d'une telle débauche d'ornements. Le but ne semble pas de faire réfléchir le croyant- qui pourrait se recueillir dans un tel décor- mais de l'écraser du poids de la splendeur divine...
L'éblouissement de la rétine est proche, fuyons !
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Un bus bondé nous ramène maintenant dans la ville moderne et nous décidons de terminer cette journée au parc de La Carolina. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée...
Le public mange, regarde des exhibitions de roller ; les enfants mangent, font des tours de manège ; les amoureux mangent, font du pédalo ; les sportifs mangent, jouent au foot ou joggent.
Les animaux mangent et courent après leurs maîtres...
Si vous avez, vous aussi, une petite faim, n'hésitez pas ! Y a tout ce qu'il faut....