En ligne de mire, la Toscane !

2 semaines, une pincée d'Aubrac, un pont, une poignée d'Alpes de Haute Provence, une tour, des vignes, quelques villes et villages toscans, un peu de fromage, de vin et de charcuterie...
Août 2022
15 jours
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Les valises enfournées dans le coffre de la Scirocco, nous prenons maintenant la route des vacances !

Comme nous ne sommes pas du genre pressés, nous ne nous précipiterons pas en Toscane mais musarderons un peu en chemin...

Nous gagnerons donc l'Italie via le haut plateau d'Aubrac, le célèbre Pont du Gard puis les vertigineuses Alpes.

Nous prendrons pied dans la botte au col de la Lombarde puis arriverons dans la région du Chianti en 3 étapes : les vignes du Barolo, l'agréable ville de Lucques puis le joli village de Massa Marittima.

Posés pour une semaine au milieu du vignoble, nous observerons la faune depuis les transats de la maison louée et arpenterons la Toscane de Volterra à Sienne, du val d'Orcia à Florence.

Le retour sera bien plus direct avec une nuitée aux environs de Turin pour ne pas avaler les plus de 900 kilomètres d'une traite et visiter enfin le monastère perché de St Michel de la Cluse.

Prêts pour des paysages de montagnes, des ruines antiques, un peu de vélo, beaucoup de vignes, des palais et des cathédrales ?

Je vous laisse choisir votre propre monture, c'est parti !

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Entre Cantal, Lozère et Aveyron s'étale le haut plateau d'Aubrac, une terre d'élevage perchée à plus de 1000 mètres d'altitude.

Enneigée en hiver, couverte de pâturages en été, cette vaste terre au passé volcanique se découvre à ski de fond, en raquettes, à vélo ou bien encore à pied.

Les chemins de St Jacques la traversent, les troupeaux observent les pèlerins, l'aligot file dans les assiettes au buron entre la charcuterie, la côte de boeuf , le fromage et les myrtilles...

Vous aurez compris que la destination est nature, gourmande et bucolique !

Je vous laisse rêver à sa générosité en quelques vignettes toutes saisons, je vais chercher les vélos à assistance électrique loués pour l'après-midi.

Nos bolides nous attendent à la boutique de Nasbinals.

Nous choisissons un itinéraire de lacs en lacs et enfourchons nos montures !

Heureusement que nous n'avons pas ripaillé au Buron de Born ou chez Bastide ce midi car entre la digestion et la chaleur, je pense que nous aurions plus fini la journée à l'ombre d'une botte de paille que sur les vélos...

Les paysages sont desséchés par cet été caniculaire, les Aubrac, la vache locale, entament déjà le fourrage prévu pour l'hiver.

Les cascades font rigoles, les rivières, ruisseaux.

Un petit vent apporte cependant un peu de fraîcheur et caresse les cyclistes peinant malgré leur moteur.

La balade en famille s'achève à l'Étang de Bonnecombe où nos culs endoloris pensent ne jamais pouvoir supporter les kilomètres du retour...

Malgré ce petit inconvénient inhérent au cyclisme, je recommande chaudement cette randonnée sur 2 roues .

Après cette mise en jambe auvergnate, nous entrerons demain dans le vif du voyage, destination le sud !

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Nous quittons le Cantal dans l'après-midi direction le sud.

La route choisie, la nationale 106, est tortueuse. Franchissant les Cévennes, elle offre de jolis points de vue avant que de gagner la plaine après Alès. L'ambiance devient alors méditerranéenne et nous empruntons quelques superbes allées de platane.

Nous traversons bientôt l'animé village d'Uzès puis bifurquons vers Castillon-du-Gard où nous avons réservé une chambre d'hôte pour la nuit.

A peine installés, nous repartons profiter des dernières heures de cette belle journée d'été sur le site du Pont du Gard !

Le parking n'est pas bien rempli, je me félicite de visiter ce haut lieu du tourisme français en dehors des heures de pointe !

Pas de bus, quelques voyageurs, principalement des baigneurs plus intéressés par les plages le long du Gard que par l'aqueduc, c'est quasi parfait pour une balade dans une relative sérénité.

Ce que je n'avais pas prévu, ce sont les animations et le concert qui se déroulent sur l'autre rive...

Nous nous promènerons donc au son de quelques vieilles rengaines des années 70-90. Le positif, c'est que tout ceci semble attirer comme un aimant les flâneurs, nous serons donc de plus en plus seuls au fil de nos différentes ascensions vers les belvédères.

Avant que le soleil ne disparaisse, nous nous installons au bord de la rivière et dînons agréablement alors que l'aqueduc rougit.

Allez, assez bavardé, place aux photos !

Je vous conseille vivement l'heure mordorée pour (re)découvrir ce chef d'oeuvre de l'antiquité romaine !

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Nous prenons la route des Alpes au matin.

Après une traversée du Luberon, nous suivrons la vallée de la Durance avant que de nous enfoncer au coeur des montagnes.

Un pique-nique en compagnie d'ânes gourmands plus tard, nous parvenons au village d'Allos.

De là, part une route aussi étroite que sinueuse qui finit en cul de sac au parking le plus proche du lac.

Une enseigne lumineuse nous apprend alors que ce parking est plein - le site est couru- mais, vu l'heure avancée, nous tentons tout de même le coup.

Au fil des épingles à cheveux, nous croisons -difficilement...- des véhicules sur le retour et les employés du péage installé à quelques petits kilomètres du but nous laissent finalement passer.

Nous chaussons maintenant nos godasses de randonnée et partons à l'assaut du sentier court mais pentu qui mène au fameux lac.

Un dernier effort et nous apercevons la merveille.

Nous sommes à 2228 mètres d'altitude, les marmottes sifflotent, les sommets se mirent dans les eaux bleutées, le sentier se poursuit autour du lac.

La plupart des randonneurs s'arrêtent à la buvette et nous nous retrouvons bientôt seuls à gambader parmi les fleurs.

Notre boucle achevée, nous regagnons le village puis notre hôtel campé au pied de remontées mécaniques assez incongrues en ce plein été torride...

Le patron s'avèrera aussi bourru que son enseigne mais l'étape sera malgré tout plutôt plaisante.

Bonne nuit...

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Le programme du jour est constitué de montées, de descentes et de lacets.

Nous nous élançons tout d'abord vers le col d'Allos, 800 mètres de dénivelé au départ du village du même nom.

En voiture...

La Scirocco enchaîne sans peine les épingles à cheveux ce qui n'est pas le cas de tous les cyclistes dépassés, bon courage à eux !

Nous atteignons ainsi rapidement le col et ses 2247 mètres d'altitude puis partons nous balader parmi les troupeaux.

Les personnes sensibles au vertige fermeront les yeux durant toute la descente vers Barcelonnette puis les rouvriront pour suivre le cours de l'Ubaye puis admirer les paysages qui défilent tandis que nous entamons l'ascension du col de la Bonette.

Toujours sur 4 roues...

Un coin d'herbe avec vue nous sert bientôt de somptueuse table de pique-nique.

Bon appétit...

La fraîcheur gagne du terrain au fur et à mesure des kilomètres, le vent forcit .

Nous sommes maintenant en vue du fortin de Restefond à quasi 2600 mètres d'altitude.

Nous nous approchons de l'installation militaire abandonnée lorsque de curieuses ombres virevoltant dans les airs attirent notre attention.

Un grand rassemblement de vautours en contrebas annonce le funeste destin d'un mouton.

La pauvre bête n'est pas perdue pour tout le monde, les charognards sont à la fête !

L'odeur douceâtre des chairs en décomposition s'insinue dans nos narines, nous ne sommes pas vraiment rassurés par cette immense nuée de rapaces à l'envergure impressionnante.

Nous abandonnons ce glaçant spectacle et poursuivons notre route vers le col, 2802 mètres tout le monde descend !

Quelques enjambées nous séparent alors de la cime de la Bonette, 60 mètres plus haut.

Du sommet, un extraordinaire panorama à 380 degrés nous attend.

Encore éblouis par ce saisissant spectacle auquel mes photos ne rendent pas justice, nous reprenons la tortueuse départementale 64.

De la route, nous apercevons diverses fortifications de la Ligne Maginot puis nous traversons le Camp des Fourches, ancien casernement de montagne aujourd'hui refuge de quelques bergers.

Nous avons encore du temps devant nous lorsque nous arrivons au niveau de l'embranchement pour St Dalmas-le-Selvage.

Nous décidons donc de parcourir les quelques kilomètres de cette route escarpée dont le bitume s'achève au blockhaus du col de la Moutière.

Intrigués par cet ouvrage à la porte grande ouverte, nous nous glissons à l'intérieur des lieux.

De l'extérieur, le bâtiment ne paraît pas très grand. Ne vous y fiez pas !

Des escaliers s'enfoncent dans la montagne puis de noires coursives desservent différentes pièces .

Un véritable labyrinthe peu tentant à la lumière d'un smartphone...

Aucun mort vivant n'hante cependant les lieux et seul un âne féroce troublera la sérénité de cette fin de journée...

Un petit tour dans les ruelles de Saint-Étienne-de-Tinée ...

Et nous attaquons les dernières lignes courbes qui nous séparent de notre étape du soir, Isola 2000 !

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Nous franchissons maintenant le col de la Lombarde, la France s'estompe dans le rétroviseur.

Nous dévalons nos premières pentes italiennes puis pénétrons au coeur de l'industrieux Piémont.

Fini les routes désertes, fini les kilomètres sans villages, nous retrouvons la civilisation...

Après avoir traversé moult bourgades dont le souvenir s'évapore aussitôt la dernière maison laissée derrière soi, nous partons nous dégourdir les jambes dans la ville haute de Mondovi.

La Piazza Maggiore est mignonne mais le tout ne mérite peut-être pas un gros détour...

Ce qui nous attend un peu plus loin est nettement plus sympathique !

Au détour d'un tournant, nous découvrons, ébahis, un magnifique paysage de vignobles.

Les rangs de Nebbiolo façonnent les collines, ça et là dépasse un village, un palais ou un clocher.

Bienvenue au pays du Barolo !

Nous arpentons bientôt le village éponyme de ce vin qui s'affiche à tous les coins de ruelles.

J'aurais bien participé à une dégustation mais il nous reste encore quelques kilomètres à rouler !

Nous nous perdons donc plutôt parmi les routes qui serpentent au milieu des grappes direction le château de Grinzane Cavour.

La pluie s'invite alors dans la carte postale, nous nous réfugions dans la Scirocco puis dans la confortable chambre de notre B&B des environs de Guarene.

En toute fin d'après-midi, le soleil se décide enfin à percer et nous quittons notre abri pour une promenade apéritive.

Pas âme qui vive dans le village ou presque, où sont donc les touristes comme les italiens ?

Je ne sais pas pour les uns mais pour les autres c'est la semaine phare des congés d'été !

Les villes et villages sont abandonnés aux voyageurs, les commerces et les restaurants à visée locale sont fermés.

Une pizzeria nous installera une petite table en terrasse et nous dégusterons une délicieuse quatre fromages à la pâte incomparable.

Et au prix bien doux par rapport à la version française, même en incluant le coperto !

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Une étape assez kilomètrophage nous attend aujourd'hui.

Nous choisissons donc d'utiliser largement l'autoroute pour rejoindre Lucques.

La traversée de Gênes ne nous tente cependant pas du tout et nous empruntons de petites routes tortueuses pour contourner cette ville peu agréable au volant.

Le ciel s'assombrit très bientôt, le vent souffle, la pluie inonde le bitume, une forte tempête balaie le nord de l'Italie.

Des branches d'arbres jonchent l'étroite chaussée qui serpente en direction de notre première étape, le plutôt kitsch Sanctuaire de Notre Dame de Montallegro.

Vu les conditions météorologiques, le funiculaire qui permet de rejoindre ce site depuis Rapallo est fermé et les visiteurs motorisés sont rares.

A la faveur d'une éclaircie, nous sommes donc quasi seuls à admirer la vue sur la baie de Portofino.

Un déjeuner plus tard, nous revoilà sur la démentielle autoroute A12 toute en tunnels et en viaducs.

Nous sommes soulagés de quitter ce purgatoire routier au niveau de Lucques, très sympathique ville fortifiée du nord ouest de la Toscane

Nous abandonnons alors la Scirocco sur le parking de notre hôtel idéalement situé aux portes de la vieille ville et partons en balade.

L'intérieur des remparts est semi-piéton. Semi-piéton à l'italienne, c'est à dire en ZTL !

Qui dit ZTL, dit quand même circulation et le visiteur doit constamment faire attention tandis que le photographe bougonne à la vue des voitures garées devant les monuments...

Après cette minute râleuse, place à la découverte du centre historique de la belle toscane !

En quelques instants, le bleu vire à l'orage, tous aux abris !

La douche est courte même si les nuages s'accrochent, nous reprenons le fil de nos pas.

Encore quelques enjambées et la Piazza Anfiteatro s'ouvre devant nous.

Cette place emprunte son nom et sa forme à l'amphithéâtre romain sur les ruines duquel elle fut construite et l'ensemble est assez surprenant.

Nous terminons cette jolie promenade sur les remparts de la ville, rendez-vous des sportifs, des amoureux et des rosalies...

Après un oubliable dîner, nous faisons nos adieux à cette agréable ville pas excessivement fréquentée.

Mais Lucques by night tourne court sous une nouvelle averse...

Bonne nuit !

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Pour rejoindre Pise, notre logeur nous conseille vivement d'emprunter la petite route qui passe par San Giuliano Terme plutôt que l'autoroute plus embouteillée.

Nous suivrons sa recommandation et arriverons sans encombre dans la ville à la célèbre tour.

Il nous glissera également d'éviter de stationner dans les environs de la gare Pisa S. Rossore où sévit une bande spécialisée dans le vol des effets laissés dans les véhicules.

Eviter les ZTL, éviter les voleurs... C'est le mantra qui nous guide jusqu'au Pisa Tower Parking où nous laissons la Scirocco serrée comme une sardine en boîte parmi toutes les voitures des touristes déjà partis à l'assaut des merveilles de la place des Miracles.

Elle ne porte pas vraiment bien son nom cette place !

Car, pas de miracles, l'esplanade est plutôt bondée...

Les autorités gérant ce haut lieu du tourisme italien ont heureusement bien balisé les espaces autorisés et interdits et, à coup de pancartes promettant de fortes amendes , réussi à préserver les pelouses bien entretenues qui cernent les divers monuments.

Nous partons maintenant prendre le pouls de ce magnifique ensemble religieux et en arpentons, amusés par les multiples poses des voyageurs en quête du meilleur selfie, ses allées.

L'ambiance est internationale comme interconfessionnelle.

Des turbans, des voiles côtoient moines en sandales et religieuses espiègles. Leur point commun : cette fascinante tour penchée !

Notre tour de la place terminé, nous nous dirigeons vers l'entrée de la cathédrale pour y apprendre que, même si la visite est gratuite, il faut un billet...

L'Italie, victime de son succès, a dû, face au nombre, instaurer des quotas dans bien des monuments.

L'autre particularité de l'Italie est son code vestimentaire. Un peu comme dans les mosquées, n'entre pas qui veut dans une cathédrale de la botte...

Nous avions prévu le point 2 mais pas le point 1.

Nous voilà donc partis à la recherche de la billetterie !

Par chance, personne devant nous.

Mais le premier créneau horaire possible de visite est dans une heure et demie...

Nous patienterons donc en nous égayant dans la ville, direction l'Arno.

C'est quoi ces gros nuages noir ?

Une goutte, deux gouttes, des éclairs, le déluge...

Nous nous réfugions sous un auvent et espérons la fin du grain avant l'heure indiquée sur notre ticket...

Un miracle -finalement, tout vient à point à qui sait attendre...- survient 10 minutes avant la deadline et nous prenons place dans la file qui se forme devant les portes du Duomo.

Lorsque nous quittons les lieux, c'est l'heure de pointe autour de la Cathédrale, du Baptistère et de la Tour...

Nous admirons une dernière fois ce monumental ensemble puis reprenons la route direction le sud.

Le temps s'arrange au fur et à mesure des kilomètres et c'est sous le soleil que nous nous baladons dans les ruelles de Bolgheri.

Une heure plus tard, nous déposons nos valises dans le B&B réservé et, après une caresse aux miaoutants habitants des lieux, nous entamons une promenade apéritive à travers le magnifique village médiéval de Massa Marittima.

La table d'une Osteria nous fait alors de l'oeil et nous dégustons bientôt vin et plats toscans...

Bon appétit !

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Aujourd'hui, nous déambulerons dans le sud de la Toscane à la découverte de villages médiévaux ou d'abbayes en ruines puis des paysages originaux des Crete Senesi.

Nos roues nous entraînent tout d'abord à Roccatederighi, bourgade établie sur un éperon rocheux principalement connue pour la course équestre qui s'y déroule le 14 août, le Palio dei Ciuchi.

Montures comme cavaliers ont regagné leurs foyers mais les étendards des différents quartiers concourants flottent toujours aux fenêtres formant un bien joli tableau.

Une bonne demie-heure plus tard, nous arrivons en vue de la sublime Abbaye de San Galgano.

Au bout d'un impeccable alignement de cyprès, les vestiges de l'abbatiale s'offrent au regard ébahi du voyageur.

Aucune catastrophe naturelle n'est à l'origine de l'état de cet édifice victime de l'usure du temps et des hommes.

L'église sert désormais de décor à des films, à des concerts ou à des mariages.

D'ailleurs, une union y est bientôt célébrée et les visiteurs sont priés de presser le pas. Dépêchons-nous !

Un bref sentier grimpe derrière l'Abbaye en direction de l'Ermitage de Montesiepi.

Cette fois-ci, le toit a résisté aux siècles ...

35 kilomètres nous séparent alors de Murlo, village délicieusement désert où ne nous ferons que passer.

Un peu plus loin, la pittoresque commune de Buonconvento n'est guère plus animée...

Malgré son ensemble de fresques du début du XVIème siècle à la gloire de Saint Benoît, l'abbaye de Santa Maria de Monte Oliveto Maggiore est tout aussi déserte...

Je ne sais pas où sont passés tous les nombreux touristes qui visitent actuellement la Toscane mais apparemment, ce n'est pas ici !

Au sud est de Sienne, la région des Crete Senesi ne semble pas non plus subir les dommages du tourisme de masse.

Heureusement car les parkings permettant d'admirer ces arides paysages collinaires sont rares !

Le sol argileux du désert d'Accona ne se prête qu'à la culture du blé et du tournesol.

En été, après les moissons, des bottes de foins ponctuent l'horizon alors que dépassent ça et là fermes et cyprès.

Un chemin de terre puis un peu de marche nous permettent d'approcher du Site Transitoire, sculpture de Jean-Paul Philippe, plantée au milieu des champs.

Le panorama est superbe, à peine perturbé par de jeunes imbéciles préférant la pollution sonore, visuelle et olfactive de leur véhicule à la perspective d'effectuer quelques pas. Je suppose qu'ils ne comprenaient pas le panneau Interdit aux voitures...

L'après-midi est maintenant largement entamée. Il va falloir rejoindre fissa Castellina in Chianti avant la fermeture de la supérette !

Le plein de courses effectué, nous nous installons dans la maisonnette réservée à quelques kilomètres du village.

Le calme, la vue, je sens que je vais me plaire ici !

Douce nuit...

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Après cette première semaine plutôt intense, nous nous accordons une petite grasse matinée...

C'est donc presque à l'heure de déjeuner que nous nous mettons en route pour une courte journée sur les routes de la partie nord du Chianti.

Qui dit Chianti, dit ceps de vigne partant à l'assaut des collines, dit propositions alcoolisées à tout bout de champ, dit bouteilles remplies d'un vin rubis.

Le Chianti possède plusieurs déclinaisons plus ou moins cotées : de la bouteille évasée au tressage protecteur renfermant un vin jeune pas toujours fameux aux flacons à la bordelaise abritant les plus divins nectars...

Les parcelles d'origine de l'appellation forment un territoire de 70 000 hectares situé entre Florence et Sienne. Mais le Chianti a essaimé, pour le meilleur mais surtout le pire, en dehors de son berceau natal.

Le consommateur avisé reconnaîtra le vin issu du terroir initial, vin au cahier des charges plus strict privilégiant la qualité, au coq noir présent sur les bouteilles mais aussi à la mention Classico accolée au nom Chianti.

La première étape de notre déambulation viticole nous entraîne à Greve in Chianti, petite ville dont le charme se résume à sa place principale bordée d'arcades.

Devant une délicieuse assiette de pâtes au ragout de sanglier, nous observons le va et vient des rares touristes à la recherche de leur déjeuner.

Quelques kilomètres plus loin, nous effectuons une agréable promenade digestive à la découverte de l'intéressant complexe monastique vallombrosien de Saint Michel Archange à Passignano.

Quelques paysages enivrants, quelques lignes droites parmi de nombreux tournicotis et nous parvenons à l'ultime étape de cette après-midi sous le signe de la dolce vita, la très sobre église romane de Sant'Appiano.

Retour à la case départ !

Un canapé en palettes, de gros coussins, quelques tranches de charcutaille, un verre qui chatoie sous les rayons d'un soleil couchant...

Un bruit attire soudain notre attention dans le silence du crépuscule.

Une biche apparaît à la lisière de notre jardin puis, effrayée par notre peu discrète approche, regagne en quelques bonds le couvert des arbres...

Rendez-vous demain peut-être pour une nouvelle apparition ?

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Le but de cette belle journée d'été : découvrir les villages perchés de Volterra et San Gimignano !

Si quelques cyprès ou quelques grappes de raisin s'invitent en chemin, ma foi, tant mieux...

Comme dans toutes les villes touristiques, trouver à se garer n'est pas vraiment évident. Et quand le voyageur trouve, il prend vite une mine déconfite à la vue du panneau "Réservé aux résidents"...

Bon là, nous avons de la chance, le parcomètre accepte les étrangers et nous sommes tout près de l'imposante muraille qui entoure Volterra.

Nous jetons un coup d'oeil rapide aux ruines d'un théâtre romain puis nous nous faufilons dans le coeur médiéval de cette superbe cité d'origine étrusque.

L'affluence est assez importante mais reste suffisamment raisonnable pour ne pas gâcher la promenade.

Des gargouillis persistants nous rappellent alors que le petit déjeuner est lointain. Si nous goûtions les appétissants produits de cette vitrine ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà attablés devant une odorante planche de charcuterie et de fromage.

Je ne sais pas s'il y a un lien entre l'abondance des délicieuses propositions offertes par la gastronomie italienne et cet objet culpabilisateur trônant sur les trottoirs du pays ?

Nous résistons à l'appel de la diabolique balance et partons plutôt éviter les kilos en continuant notre marche à la recherche des plus beaux points de vue.

Une halte au comptoir d'une gelateria ruine nos efforts et c'est les doigts un peu collants que nous parvenons à la Piazza dei Priori.

Repus, nous regagnons la Scirocco et virevoltons jusqu'à San Gimignano et ses fameux gratte-ciels médiévaux.

Le village est hérissé de tours construites au moyen-âge par les potentats locaux comme symboles de leur puissance. Il en reste aujourd'hui 13 mais plus de 70 de ces crayons de pierre s'élevaient autrefois en direction du ciel toscan.

Le tout n'est pas sans me rappeler la géorgienne Svanétie et je tombe immédiatement sous le charme de cette ville si particulière !

Deux choix s'offrent alors à nous, remplir la voiture de souvenirs à base de sanglier ou visiter le Palazzo Comunale, Torre Grossa incluse...

Les nourritures spirituelles l'emportent, nous achetons nos billets et commençons l'ascension des quelques 54 mètres de la tour.

La vue sur le village et la campagne environnante est extraordinaire. S'il ne fallait grimper qu'à un campanile toscan, je choisirais celui-ci !

Au retour, nous admirons les magnifiques fresques ornant les murs du palais-mairie.

Je pensais que San Gimignano serait trop "must-do" pour être honnête, je me suis trompée !

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A l'heure du dîner, la biche se fait attendre !

Mais, alors que nous dégustons l'un de ses cousins en saucisson, de puissants gruik-gruik nous signalent le passage de quelques sangliers...

On ne peut pas être tranquilles dans cette maison !

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En arrivant en Italie, nous avons réservé nos entrées pour le complexe du Duomo. Le jour voulu étant complet, nous nous rabattons sur ce mardi.

Je me souviens de l'affluence qui existait déjà dans cette ville il y a 30 ans. Nous décidons donc de ne pas trop nous approcher en voiture du coeur touristique de la capitale de la Toscane et de nous garer au très pratique parking relais Villa Costanza.

En un coup de tram, nous voilà maintenant en vue de la gare de Santa Maria Novella aux portes du centre ville.

Comme prévu, les visiteurs sont nombreux, très nombreux, trop nombreux...

Je suis contente de ne rester dans ce délicieux enfer surpeuplé que le temps de quelques heures !

La première merveille croisée est la Basilique Santa Maria Novella.

J'espère que vous aimez ce style tout en marbre polychrome car il sera le fil conducteur de cette promenade florentine !

Nous nous dirigeons ensuite vers la Piazza del Duomo pour admirer ladite cathédrale et entamer les visites incluses dans le billet acheté, le Brunelleschi Pass.

La visite de l'intérieur de la cathédrale est gratuite mais notre ticket en permet l'accès par une autre entrée que la porte principale où une longue file attend patiemment son tour.

Nous poireauterons pourtant nous aussi.

Les minutes se transforment en quarts d'heure, le soleil cogne, pensez à prendre une ombrelle et beaucoup d'eau...

Un groupe puis deux doublent et accèdent au Saint des Saints sous les regards mi envieux, mi courroucés des individuels.

Plus que notre billet à scanner et nous voilà enfin intra-muros.

J'avoue ne pas avoir été spécialement subjuguée par ce lieu trop fréquenté.

La visite de la crypte de Santa Reparata est, par ailleurs, particulièrement désorganisée et le nombre de personnes acceptées en même temps trop important.

Dommage car, en petit comité, cette ancienne basilique possèderait une belle atmosphère.

Nous retrouvons la lumière du jour et une autre queue, celle qui permet d'accéder au campanile de Giotto.

Des ambulances cernent la place guettant le voyageur succombant aux rayons ardents du soleil, un français comprend un peu tard que la file ne mène pas à la billetterie, les photographes patientent en immortalisant quelques détails, tous sont soulagés quand c'est à notre tour d'entrer.

416 marches plus tard, nous atteignons le sommet de nos efforts.

84 mètres plus bas, un autre file se forme.

La vue est magnifique mais les autorités ont voulu éviter tout accident. La terrasse est donc entièrement grillagée ce qui n'est pas l'idéal pour admirer le panorama...

Après quelques découpes, les clichés ne s'avèrent pas si mal !

Revenus sur terre, nous nous égarons dans les ruelles pour reprendre quelques forces autour d'une table.

La pizza se révèlera excellente. Le piège à touristes est, sans le vouloir, évité !

Cette parenthèse gastronomique effectuée, nous poursuivons notre programme par la visite du Baptistère de St Jean.

Bizarrement, il n'y a quasiment personne.

Cet octogone bâti sur une ancienne maison romaine est pourtant un véritable bijou.

Encore éblouis par toutes ces mosaïques inspirées par l'art byzantin, nous quittons enfin ( mais provisoirement...) la Piazza del Duomo pour une balade à travers la ville.

Pas de musées en perspective mais juste le plaisir d'une déambulation en forme de carte postale...

From Florence with Love !

Nous gardons un peu de peps pour accomplir une ultime ascension, celle qui nous entraînera au pied de la lanterne couronnant le dôme de Brunelleschi.

Des voyageurs se font tirer la caricature en attendant leur heure, d'autres goûtent aux plaisirs sucrés d'une glace.

La précédente fournée quitte les lieux, à nous de grimper au paradis !

Les escaliers nous hissent au niveau des fresques . Nous ne les verrons qu'en coup de vent car le parcours est minuté pour que le maximum de tickets puissent être vendus...

Les marches s'enfoncent alors dans un boyau étroit dissimulé dans la double calotte qui forme la coupole.

L'atmosphère est assez oppressante et le visiteur comprend alors pourquoi la montée est déconseillée aux personnes souffrant de claustrophobie, de vertiges, de difficultés à marcher et de problèmes cardiaques.

Plus que quelques efforts et nous retrouvons l'air frais.

Florence est à nos pieds, sans grillage cette fois-ci !

Le temps imparti est écoulé, le gardien indique le chemin de la sortie.

Nous retrouvons la place puis le tram et enfin la quiétude de notre logis...

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Un jour en ville, un jour à la campagne !

Les collines du sud du Chianti nous attendent donc en ce lumineux mercredi.

Premier arrêt en chemin : le joli et paisible village de Radda in Chianti.

Nous sommes loin de l'effervescence de la veille et c'est tant mieux !

8 kilomètres plus loin, ce sont les ruelles pavées de la minuscule bourgade viticole de Volpaia qui nous accueillent.

Autour de la placette qui marque l'entrée du village se pressent quelques restaurants. Ça tombe bien, il est l'heure de déjeuner ...

Quelques lignes de cyprès nous montrent alors la direction de l'église romane de San Lorenzo .

La balade routière suivie nous entraîne ensuite au domaine de Meleto.

Nous ferons l'impasse sur les dégustations, boire ou conduire, il faut choisir...

Une promenade dans les jardins du château de Brolio nous enchante maintenant.

Les vues sont magnifiques, le bâtiment intriguant.

Une dernière propriété viticole se dresse sur le chemin du retour à la case départ : Castello di Ama.

Les lieux sont déserts, nous errons parmi les ruelles du hameau entre vieilles bâtisses et installations d'art contemporain.

Je ne suis pas vraiment convaincue par l'ensemble mais je ne suis pas sûre que nous soyons allés au bon endroit...

Le paysage, en revanche, s'avère toujours aussi charmant.

Avant de regagner définitivement notre logis, nous profitons d'une halte "courses" pour découvrir enfin le village autour duquel nous rayonnons depuis quelques jours : Castellina in Chianti.

Les anciens sont de sortie et discutent qui sur les marches de l'église, qui sur les bancs.

Observer les touristes semble leur activité favorite dans ce village comme dans tant d'autres.

Que peuvent-ils bien penser de nous ?

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Prêts pour une nouvelle plongée au coeur de la foule ? Nous voilà à Sienne.

Comme pour toutes les grandes villes, nous avons préalablement repéré la ZTL et les possibilités de stationnement.

Les emplacements gratuits sont bien sûrs tous pleins et nous nous garons dans l'étroit parking du stade.

La ville historique s'élève au dessus de nous, nous la rejoignons en quelques volées de marche.

Nous nous dirigeons tout d'abord vers la Piazza del Campo, place en forme de coquillage qui vibre tous les 16 août au son des sabots des chevaux lancés dans une folle course, le célèbre Palio.

La tour de la Mangia adossée à l'hôtel de ville se dresse vers les cieux et nous ne tardons pas à avoir envie d'y grimper.

Une affichette nous apprend alors que les premiers billets disponibles sont pour la montée de 16 heures. Qu'importe nous avons toute la journée devant nous !

Les précieux sésames en poche, nous musardons autour de cette superbe place médiévale, joyau de la Toscane.

Le labyrinthe des ruelles nous entraîne ensuite sur la Piazza del Duomo.

Là, une longue file patiente pour accéder à la billetterie de la Cathédrale.

La perspective d'attendre encore de très longues minutes en plein soleil ne m'enchante guère...

Il est heureusement possible d'acheter son entrée en ligne jusqu'à la dernière minute et ,même si ce service coûte un duo d'euros, il nous permet d'accéder de suite à l'intérieur de ce bijou gothique à l'impressionnant sol en marqueterie de marbre.

Si vous n'avez pas les moyens ou l'envie de visiter toutes les églises de la région, choisissez comme exception celle-ci !

Un déjeuner tardif plus tard, nous poursuivons notre balade dans les rues du centre historique.

Puis sonne l'heure de regagner la Piazza del Campo pour une ultime ascension d'un sommet...

Après tous les efforts effectués pour gravir le campanile de Giotto, la coupole de Brunelleschi ou les gratte-ciel de San Gimignano, la Torre del Mangia se laisse facilement dompter.

Une nouvelle fois, les vues sont sublimes et permettent d'appréhender au mieux le lacis des ruelles, des églises, des placettes et des palais.

Un dernier regard sur Sienne et nous quittons cette magnifique cité que je trouve personnellement bien plus attirante que Florence, trop muséifiée.

Avant de retrouver sangliers et biches musardant dans notre bout de campagne, nous effectuons un détour par le village fortifié de Monteriggioni.

Les remparts sont en travaux, un concert se met en place, le lieu ne vit plus que pour le tourisme.

Bref, nous ne ferons que passer...

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20 heures, nous prenons place en terrasse.

Une bouteille de Chianti Classico, un steak fondant dans l'assiette, le bonheur...

Bon appétit !

15

La semaine en Toscane se termine. Nous décidons de retourner du côté du val d'Orcia, au sud de Sienne.

C'est ici que se concentrent les plus beaux paysages de la région et les plus fameuses allées de cyprès.

La visite des bourgades se révèlera plutôt tranquille, les arrêts aux différents panoramas beaucoup moins...

Une longue route guère intéressante nous sépare de notre première étape, le charmant et surprenant village de San Quirico d’Orcia.

Les ruelles médiévales comme les jardins Leonini forment un splendide écrin à quelques installations de street art bien inattendues. La juxtaposition des styles s'avère réussie et sortira peut-être de sa torpeur cette localité de pèlerinage de la Via Francigena.

Nous déjeunons d'une assiette de délicieuses bruschettas qui se feront bien attendre. Deux heures pour un repas sur le pouce, c'est le fast food à l'italienne...

Nous sommes donc légèrement en retard sur le programme quand nous nous garons au pied de la Rocca di Tentennano.

Le sommet de cette tour de guet offre un magnifique panorama sur la campagne toscane et sur sa jumelle en cours de réhabilitation, la Rocca Aldobrandesca.

La petite route qui nous entraîne ensuite vers Pienza est truffée d'invitations à la photographie.

Malheureusement, le manque de bas côtés ne permet pas souvent l'arrêt et les paysages traversés resteront plus dans la mémoire de nos cerveaux que dans celle de nos cartes SD...

Le village de Pienza semble avoir les faveurs des tours et nous sommes un peu trop nombreux à arpenter ses ruelles trop léchées.

La promenade est tout de même agréable mais il manque un petit quelque chose pour oublier San Quirico.

La journée s'achève sur un dernier tour dans la campagne toscane de spot célèbre en spot célèbre parmi les cyprès.

Autant dire que nous ne sommes pas les seuls sur les sentiers ...

Ni dans notre canapé d'ailleurs, honteusement squatté par un individu poilu alors que sangliers et biches nous offrent une dernière représentation.

Bonne soirée !

16

Nous rendons à regret les clés à notre logeur et dévorons les kilomètres jusqu'à l'ultime étape de ce voyage : l'Abbaye de Saint Michel de la Cluse.

Le sanctuaire est perché à plus de 950 mètres d'altitude à l'entrée du val de Suse et s'aperçoit dès la sortie de Turin en direction de la France.

Les plus courageux pourront rejoindre à pied le fabuleux monastère via l'un des sentiers de randonnée (Compter plus de 600 mètres de dénivelé positif tout de même).

Les plus pressés grimperont en voiture jusqu'au parking du col de la Croce Nera .

Notre arrivée tardive nous fait opter pour la seconde option...

Depuis le col, un chemin bitumé part vers l'aérien prieuré qui aurait largement inspiré Umberto Eco pour son roman "Le Nom de la Rose".

La forêt cache tout d'abord les ruines de l'austère abbaye romane abandonnée, depuis le milieu du 17ème siècle, à la neige au brouillard ou à la pluie. Ou, pour les plus chanceux, à la caresse du soleil...

Au détour d'un tournant, nous découvrons ce joyau du chemin de pèlerinage qui relie toutes les abbayes consacrées à Saint Michel depuis le Mont-Saint-Michel en Normandie au Monte Sant' Angelo dans les Pouilles.

Après la billetterie, un escalier nous fait alors grimper au ciel puis nous pénétrons dans l'imposant sanctuaire.

La visite s'achève par les terrasses qui surplombent la plaine et offrent de vertigineux panoramas sur Turin comme sur les Alpes.

Nous contournons enfin l'abbaye par une sorte de chemin de ronde avant de regagner la sortie.

Une dernière pizza, une dernière nuit sur le sol italien...

Demain, nous retrouverons la France via le col du Mont-Cenis !