Adieu Maun, nous reprenons la route pour une courte étape vers Baine's Baobab.
- Baine's baobab ? T'es sûre ? C'est pas plutôt à Khumaga que nous dormons ce soir ?
- Glups, je me suis emmêlée les pinceaux. Faut dire que le sens des prochaines étapes n'est pas très logique...
Le voyage devait initialement se dérouler entre Zimbabwe et Botswana mais la dégradation de la situation au pays de Robert m'a obligée à réviser ma copie.
Des nuits avaient déjà été réservées et payées dont Baine's Baobab, il a fallu broder le nouveau parcours autour.
Nous bifurquerons donc après la barrière sanitaire qui se dessine à l'horizon.
Un stop, un pédiluve, un employé qui fond sur le frigo...
- Ahhh, mais c'est interdit ça !, s'exclame-t-il en brandissant notre repas du soir, une superbe saucisse sous vide.
Décidément, je ne comprendrais jamais les subtilités de la loi botswanaise et, le chef ayant toujours raison même s'il a tort, j'abandonne mon repas et me convertis momentanément au végétarisme.
Le 4x4 allégé, nous avalons les kilomètres jusqu'à l'entrée du parc, soixantaine kilomètres plus loin.
Un village, une piste. Une pancarte nous annonce notre prochaine arrivée.
Merde, c'est quoi, ça ???? Dans mon souvenir (2016), la rivière se traversait à roue sèche mais aujourd'hui, il semble y avoir un peu d'eau. Pas assez pour le ferry cependant...
Nous sortons du Ranger et prenons le pouls du gué.
- Ça a l'air profond, non ?
Une employée du parc est sur le point de rejoindre son poste en barque. Nous lui demandons s'il est raisonnable de traverser.
- Vous êtes expérimentés ?
- Pas vraiment, c'est notre première fois...
- Y en a qui passent mais si vous ne l'avez jamais fait...
J'ôte mes sandales et entre dans l'eau. Cheville, genoux, bas des fesses... Je prends le guide fourni par le loueur et lis : Gué à hauteur du genou uniquement !
Bon, je crois qu'on va faire demi-tour et passer par l'autre entrée à 110 kilomètres de là... C'est dommage, le camping est presque en face, nous y arriverions dans 15 minutes s'il n'y avait pas d'eau...
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65 kilomètres plus tard.
Le bitume jusqu'ici impeccable devient gruyère et c'est parti pour une quinzaine de kilomètres d'enfer. Ce ne sont plus des nids de poule qui parsèment la chaussée mais des tanières d'ours ! Ça ne semble pas déranger les voyageurs sud africains qui se lancent dans ce parcours du combattant comme si leur vie en dépendait...
Dire qu'il faudra repasser par là après demain !
Le goudron mité cesse aussi brusquement qu'il est apparu, nous nous détendons. Une dernière ligne droite, un dernier coup d'oeil sur le gps, nous arrivons à Phuduhudu gate.
Nous nous enregistrons, payons les droits d'entrée et demandons comment est la piste actuellement.
- Faut bien dégonfler !
D'accord, d'accord ! Nous dégonflons comme pour le Kgalagadi...
J'ouvre maintenant la porte du Makgadikgadi National Park puis nous nous élançons sur le chemin sablonneux.
Enfonçons, devrais-je écrire...
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Les deux premiers kilomètres se déroulent sans anicroches. La piste n'est certes pas assez large pour le passage aisé de deux véhicules mais surtout pas assez étroite pour que les maudits acacias ne se jettent sur notre carrosserie et nos pneus. Nous ne sommes pas à la meilleure heure pour une bonne portance du sable mais ce dernier ne s'avère pas si profond que prévu.
Troisième kilomètre, de piégeuses ornières balafrent la piste, le sable se délite, la Ford peine à surfer sur la vague puis jette l'éponge, nous voilà bloqués !
On fait quoi, maintenant ?
Ben, on n'insiste pas, on passe en vitesse courte, on recule, on prend un peu de vitesse et on recommence !
Deuxième échouage...
T'as une autre solution ?
On n'a peut-être pas assez dégonflé ?
Un coup d'oeil à droite, un coup d'oeil à gauche, pas d'animaux. Après, vu la broussaille et les hautes herbes, il y en a peut-être une centaine autour de nous, pliés en deux de rire de nous voir dans une telle situation...
La copilote dégonfle, le pilote surveille, nous remontons dans le Ranger pour un ultime essai.
Positif !
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Vu la configuration du terrain, nous ne sommes, tout d'abord, guère attentifs à la présence d'éventuels animaux. Puis la piste s'améliore tandis que nous nous rapprochons de la rivière.
Nous repassons en mode safari.
L'infranchissable rivière Boteti serpente désormais à nos pieds, un lieu de vie qui n'intéresse pas que les amateurs d'observation de la faune.
Quel vilain comité d'accueil guette son futur repas ! Trop coriace, trop sur leurs gardes, parfait !
Mais que fait le boucher ?
Il se cache, ronflote...
Il ne dort cependant finalement que d'un d'oeil, l'oreille dressée au moindre craquement.
Ses acolytes semblent vouloir enfin se mettre au boulot. Un court instant...
Décidément, il fait trop chaud pour travailler ! Pour rouler aussi.
Allons nous installer au camp, nous reviendrons par là en fin d'après-midi.
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Quel est le numéro de notre emplacement de camping, déjà ?
Le 2 !
Le 2, t'es sûre ? Parce qu'il y a déjà quelqu'un dessus...
Le jeune couple venu ici la fleur au fusil remballe table, chaises et apéro et s'en va sur un autre emplacement moins bien situé et pour la rivière et pour le bloc sanitaire flambant neuf. Madame fait la tronche, Monsieur va devoir faire avec...
Une bonne douche, un petit quatre heure.
Les employés du camp viennent vérifier que tous ont payé leur écot. 50 $ par personne, le plus cher de nos hébergements avec celui de demain...
Cela les vaut-il ? Pas vraiment. Il n'y a pas de réelle intimité des emplacements, pas de charme particulier. Mais il n'y a pas d'autres options pour dormir à l'intérieur du parc à proximité de la rivière Boteti.
Et quelle rivière... Un goût de Chobé mais quasi sans autres voitures.
Nous ne croiserons d'ailleurs qu'un autre 4x4 lors de notre safari, le véhicule d'un des lodges privés adjacents.
En parlant de safari, ne serait-il pas l'heure d'y aller ?
En route...
Une piste en pente douce, et nous posons les roues sur les berges de la Boteti.
Je vous laisse déguster en silence ce magique instant...
Le soleil décline, il faut malheureusement retourner au camp.
Bonne nuit !
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Nous n'avons pas eu de visites cette nuit. Ou du moins nous ne nous en sommes pas aperçus.
La hyène comme le vervet n'ont pas su crocheter la serrure de la cabine et chaises, table comme provisions sont toujours là... Même nos chaussures, perchées sur l'échelle, n'ont été l'objet d'aucune convoitise. L'odeur peut-être... ?
Avant de quitter le parc, nous décidons de retourner au bord de la rivière pour un petit safari matinal.
Les éléphants ont déjà bu, ont déjà quitté leur salle de bain. Seul reste un retardataire. Potomane ou maniaque du nettoyage ?
Les vautours ont suivi les lions vers d'autres gueuletons. Un irréductible fait cependant toujours le pied de grue au bord de l'eau. Asocial ou puni ?
Les girafes se régalent de feuilles d'acacia, leur mets préféré.
Mais qu'est ce là ???
Les berges de la Boteti sont couverts de zèbres et de gnous.
50, 100, 200, j'arrête de compter !
Nous laissons bientôt ces immenses troupeaux à leur festin d'herbe grasse et reprenons la piste sablonneuse de la veille en direction de la sortie que nous gagnerons sans encombre.
Rendez-vous à Nxai !