Duo Lesotho Botswana, un voyage contrasté!

Par
Vertes montagnes et pans desséchés au menu de ce road trip en Afrique Australe
Mars 2019
3 semaines
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Un Ford Ranger single cab bushcamper, 19 jours, 5500 kilomètres.

Un chocolat chaud, quelques bouteilles de cidre, quelques bonbonnes d'eau.

De l'autruche, des steaks, du maïs, du raisin, des ananas, quelques restaurants, quelques braais.

Un thermomètre qui joue au yoyo de 10 à 40, quelques orages, un soleil accablant, quelques nuits bien fraîches.

Des montées vertigineuses, des descentes spectaculaires, des lignes droites à l'infini.

Du bitume, de la pierre, du sel, un peu de boue, beaucoup de sable, un cours d'eau.

Des verts pâturages, des fleurs violettes, de hautes herbes jaunes qui ploient au vent, des baobabs encore en feuilles et beaucoup d'acacias.

Des blancs qui font la manche, des noirs qui font la manche, des candidats à une proche élection, des gens heureux, des bergers, des enfants qui réclament des bonbons ou de l'argent.

Des ânes, des chevaux, des moutons, des chèvres, des vaches et j'en oublie certainement...

Bienvenue au Lesotho et au Botswana !

(Vous trouverez ici un petit guide concernant la réservation des campings au Botswana et un topo sur la location de 4x4.)

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Clermont-Ferrand fin d'après-midi, les voyageurs n'attendent plus que l'avion pour décoller. Une petite heure de retard et c'est parti !

Johannesburg, fin de matinée, l'A380 se pose délicatement sur le tarmac. Trois petites heures et nous démarrons le Ford Ranger.

L'avantage d'Avis Safari Rental est de posséder un dépôt très proche de l'aéroport, l'avantage d'un 4x4 premier prix est de ne pas être suréquipé et donc de ne pas nécessiter d'interminables explications quant à son utilisation.

Entre la double cabine et le système bushcamper, il a fallu effectuer un choix financier. La tente dépliable en 10 secondes a gagné...

L'espace de rangement aménagé sur le plateau s'avèrera plus pratique que celui du double cabine loué pour la Namibie (grand tiroir protégé de la poussière, plus de place pour les valises, frigo plus accessible) mais on ne peut pas prendre grand chose avec soi dans l'espace conduite même si deux petits sacs à dos peuvent se glisser derrière les sièges. L'équipement se révèlera par ailleurs minimaliste. Aucun outil hormis le cric mécanique, la pelle, des sangles, une bombe anti-crevaison, un compresseur à brancher sur la batterie et des pinces. Fini le réchaud à gaz avec sa protection anti vent, la douchette chaude, le compresseur "automatique", le cric à air...

L'engin fera le job jusqu'au bout et son principal défaut sera surtout son manque de puissance, un désavantage certain pour un parcours pentu et sableux...

Une pause grignotage sur une aire d'autoroute et notre étape du soir se profile à l'horizon, Harrismith, une petite ville à proximité du Drakensberg.

Notre hôtesse nous attend. Elle nous confie les clés puis une torche...Comme en Zambie il y a quelques années, l'Afrique du Sud est actuellement confrontée à une pénurie d'électricité et le courant est coupé quelques heures à tour de rôle dans chaque quartier. Bruyant générateur, panneaux solaires, les plans B se mettent en place. Quand on n'a pas d'énergie, on a des idées...

Nous dînerons donc aux chandelles de notre premier steak en sirotant notre premier Savanna dry.

Pas très pratique de regagner le BB à la lueur du lumignon dans ces ruelles de quartier résidentiel où, comme souvent en Afrique du Sud, il n' a pas été prévu de trottoir. Pourquoi marcher 500 mètres quand on possède une voiture ???

22 heures, la fée électricité ressurgit.

Nous ne le saurons pas, ça fait déjà quelques temps qu'un bon sommeil réparateur s'est emparé de nous.

A demain...

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Accompagnés de quelques nuages, nous quittons la quatre voies pour une étroite route de campagne qui file vers le Drakensberg.

Le goudron se transforme bientôt en piste qui serpente au pied des montagnes. Il est bien joli ce chemin mais on n'avance guère...

Elle ne ferme pas à 16 00, la frontière ? Pressons un peu !

Un plein d'essence, quelques kilomètres de goudron et nous atteignons enfin notre but.

La piste qui mène au poste frontière sud africain a connu quelques transformations depuis mon dernier passage en 2006. C'est plat, lisse mais pas encore tout à fait fini. Il vaut mieux certainement éviter les lieux après de gros orages...

Les vilains nuages s'évanouissent heureusement lorsque nous parvenons à la frontière.

Un pique nique tardif, un coup de tampon sur le passeport et à nous Sani Pass !

Un dernier regard sur l'Afrique du Sud et le vaillant Ranger se lance à l'assaut du col, 900 mètres plus haut, 8 kilomètres plus loin.

Dans un premier temps, la piste est plutôt large, la pente douce, le revêtement perfectible sans être épouvantable. La saison des pluies a provoqué quelques ravines, des flaques subsistent ça et là. Ce n'est franchement pas insurmontable et absolument pas effrayant.

Nous prenons donc notre temps et multiplions les points de vue.

Comme il est assez tard, nous sommes les seuls à monter hormis un minibus lesothan au pneu crevé bientôt rejoint par son sauveur. En revanche, dans le sens de la descente, les véhicules d'excursion se pressent, les 4x4 de voyageurs se suivent. J'espère que ce sont les derniers !

Une nouvelle pause, une nouvelle vue sur la vallée...

La piste se détériore légèrement au fil de la grimpette, le temps aussi !

Nous parvenons maintenant à la principale difficulté de cette route, les épingles à cheveux qui en parsèment les deux derniers kilomètres avec une pente supérieure à 20 pour cent... Notre veau est à la peine, il faut rétrograder en première et surtout espérer ne pas devoir s'arrêter !

Las, quelques voitures déboulent du col et filent à notre rencontre bien décidées à ne pas nous céder le passage, pressées d'arriver en Afrique du Sud avant la fermeture de la frontière.

La piste n'est pas assez large pour permettre un passage aisé de deux véhicules dans les virages.Nous devons donc nous ranger et bien évidemment caler... Nous aurons toutes les peines du monde à redémarrer et à chaque tournant, l'histoire se répètera.

Centimètres après centimètres, la passe et le plat se rapprochent. Mètres après mètres, le brouillard enveloppe la montagne.

Le minibus accidenté nous rejoint, nous rejoignons le Lesotho !

Il est 15 H 45, il fait froid et venteux, la brume a submergé les lieux. Un coup de tampon sur le passeport, 40 rands pour la Ford, nous gagnons notre logis.

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Je profite de notre arrivée au Lesotho pour glisser un aparté vestimentaire.

Nombreuses sont les personnes désireuses de ne pas passer pour un touriste en voyage, avides de se fondre dans la population locale. Ceci paraît bien difficile dans certains pays mais sera parfaitement réalisable au royaume du ciel même pour un blanc.

Voici comment procéder :

- Troquer son 4x4 contre un cheval ou un âne selon les moyens.

- Enfiler une paire de chaussettes de foot sur laquelle auront été préalablement cousus de petits pompons au niveau du genou.

- Chausser une paire de botte en plastique blanche, la couleur phare de la saison été automne 2019 au Lesotho

- Se draper dans une couverture fine de couleur plutôt sombre. Le tombé s'arrêtera au genou.

- Découper deux trous dans un bonnet qui serviront d'ouverture pour les yeux et y glisser sa tête (Ne pas oublier de le retirer de retour à l'aéroport sous peine d'être confondu avec un terroriste corse ce qui pourrait être dommageable lors de votre face à face avec un douanier de Roissy)

Un bâton en bois sculpté à la main et l'illusion sera parfaite ! A vous l'ivresse de l'incognito...

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Notre logement du soir ne sera pas le célèbre Sani Mountain Lodge aux chambres plutôt onéreuses et nous n'étrennerons pas non plus la tente de toit, je me suis méfiée des températures à cette altitude.

Nous continuons donc notre route, maintenant goudronnée, sur quelques kilomètres puis bifurquons sur une jolie piste.

Aussitôt la passe quittée, le soleil réapparait, les nuages et la brume restant scotchés aux montagnes.

Au bout du chemin, quelques rondavels de pierre, si caractéristiques du pays, un restaurant et un bâtiment abritant quelques chambres plus rustiques qui abriteront nos rêves. Bienvenue au Sani stone lodge.

La vue sur la rivière Sani est magnifique, pas une habitation à l'horizon, que nous, des nuages moutonnants et la lande. Le paradis.

Nous sirotons un Savanna, commandons notre repas et allons nous dégourdir les jambes en explorant les environs. Nous découvrons alors l'autre élément symbole de l'habitat lesothan,

La tinette en tôle fichée à quelques encablures de la case principale. Le modèle ici présenté n'est pas très moderne. Il manque le tuyau vertical permettant l'évacuation des odeurs de la fosse...

Sur ces considérations pratiques, je vous abandonne pour aller déguster ma truite. Bon appétit !

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Une clochette sonne, une seconde, une troisième, un orchestre symphonique. Qu'est-ce donc ?

Le soleil s'est levé, les bergers ont libéré moutons et biquettes de leurs enclos. Des hordes d'animaux défilent donc joyeusement à travers la lande nous souhaitant bon réveil...

Le brouillard semble avoir complètement disparu. Si nous retournions à Sani Pass ? Aussitôt dit,

Aussitôt fait.

La vue est dégagée, le vent souffle, les oiseaux gazouillent.

Un peu tôt pour l'apéro, non ? Mais pas pour un chocolat chaud...La boisson revigorante dégustée, nous faisons définitivement nos adieux au mythique col,

Et pénétrons plus avant ce délicieux petit royaume perché.

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Au Lesotho, le plat ne dure jamais bien longtemps. Et si vous ne savez pas ce que signifie " frein moteur", vous le comprendrez bien vite...

Une montée, une descente, des panoramas sur les montagnes et la lande à l'infini.

On pense être seul, on ne l'est jamais vraiment.

Un troupeau de mouton ? Les hautes plaines.

Un troupeau de bovins? La moyenne montagne.

Des champs de maïs ? La ville n'est plus loin.

Nous passons maintenant devant la plus grande station de ski d'Afrique Australe, 200 mètres de dénivelé, 2 tire-fesses, 3000 mètres d'altitude.

A défaut de glisse, nous y découvrirons l'ancêtre de la cagoule, du bonnet à trous, le chapeau traditionnel lesothan, un peu plus visible sur cette plaque d'immatriculation...

Une ultime prière au dieu frein, un premier barrage de police et nous rejoignons les basses terres où se concentre la population du pays.

Nous sommes dimanche, Jésus est de sortie... Nous sommes dimanche, c'est jour de match...

La route grouille de vie, les femmes ont revêtu leurs plus beaux habits, les enfants se chamaillent et réclament bonbons et argent...

Le dernier village traversé, nous entrons dans le parc de Tsehlanyane et récupérons les clés de notre logis.

Il est presque 16 00, trop tard pour effectuer une boucle dans le parc. Nous décidons tout de même d'aller faire un petit tour le long de la rivière puis un peu plus loin...

Nous distançons bientôt le seul randonneur et suivons les crottins semés par quelques cavaliers.Ou leurs montures ?

Le chemin s'élève légèrement puis s'enfonce dans la vallée.

Le soleil décline alors de plus en plus, il faut malheureusement retourner sur nos pas.

Nous reprenons maintenant la voiture pour aller dîner au restaurant du lodge à quelques kilomètres de là. Une souris d'agneau, de la truite, une boisson dorée... Les produits locaux sont à la fête, nos papilles aussi ! Le meilleur repas du voyage. Le plus cher, aussi...

Retour ensuite à la "case" départ où nous sommes impatiemment attendus.

Bonne nuit !

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Au matin, nous nous extirpons avec difficulté des immenses bouchons encombrant la vallée.

Les dernières maisons se nichent au pied d'une immense barrière montagneuse qui semble infranchissable.

Et pourtant...

Un mince et parfait ruban de bitume se fraie un chemin jusqu'à la passe, permettant à la poussive Ford et à d'encore plus poussifs camions d'atteindre les hauts plateaux.

La vue est toujours aussi sublime mais un vent puissant nous fait comprendre qu'il faudra pousser un peu plus loin pour le pique nique...

Ce dernier ingurgité, nous avalons les kilomètres qui nous séparent de notre prochaine étape, l'imposant barrage de Katse.

Nous parvenons bientôt à la rivière qui alimente l'ouvrage et qui s'étale rapidement en un immense lac de retenue.

Sur les terres inondées, les truites ont remplacé les moutons. Autre culture, autre monde, on pourrait presque s'imaginer en Norvège. Le soleil et quelques degrés en plus...

Nous nous installons alors en bordure de lac sur le carré d'herbe réservé par le Katse Lodge aux campeurs. Ce soir, ce sera nuit à la belle étoile.

Mais nous n'en sommes pas encore là !

Une promenade tout d'abord dans le jardin botanique, jardin plutôt en friche à cette époque.

Il y a pourtant de quoi s'y préparer à manger : protéines de demain et dessert en devenir...

Puis nous rentrons pour rêvasser devant les couleurs changeantes des eaux,

Et du ciel.

Bon, un criquet et trois ananas pas mûrs, ça va faire un peu juste comme repas. Si nous allions plutôt dîner au restaurant ?

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Je me demandais pourquoi notre loueur nous avait fourni une couverture en plus du duvet. Cette nuit, j'ai compris... Ce n'était pas le froid d'une nuit d'hiver mais il manquait quelques degrés !

Avec le lever du soleil revient la chaleur, nous dégraferons bientôt la moustiquaire pour admirer une dernière fois le lac.

Un petit tour au barrage, et c'est reparti pour une nouvelle journée de grand huit.

Le bitume se transforme alors en une piste plutôt carrossable qui nous transporte de champs,

En hameaux d'hier et de demain.

Pas de goudron certes par ici mais d'autres traces de modernité.

Le macadam revenu, nous retrouvons les habituels ânes et chevaux, logique, non ?

Les paysages sont toujours aussi grandioses. La route est toujours aussi déserte.

Nous arrivons beaucoup plus tôt que prévu à l'étape projetée. Comme hier, je n'ai rien réservé. Nous décidons donc de pousser jusqu'à Semonkong, sûrs d'y trouver un logis...

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15 30, le village est en vue. Nous nous perdons un peu dans les ruelles poussiéreuses et finissons par trouver l'entrée du Semonkong lodge.

Un emplacement de camping ? Ben, ça va pas être possible, nous sommes complets ! En revanche, il nous reste des chambres à 1370 rands.

Je regarde les lieux. Pas mal de monde, une aire de réception étriquée, un accueil pas franchement sympathique.

Je regarde ma montre. Il est 16 00. On peut arriver aux chutes vers 16 30. Une heure sur place puis 50 kilomètres pour atteindre le camping le plus proche. Ça va être tendu mais on devrait y arriver juste avec la nuit !

On s'en va...

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Une pancarte à la sortie (ou l'entrée selon le sens...) de Semonkong indique la direction des chutes.Un oeil sur maps me, un oeil sur la piste, nous suivons la trace. Je crois que nous sommes arrivés !

Tiens, pourquoi il nous fait de grands signes cet homme là ? Il ne te paraît pas un peu loin le parking ???

Un nouveau regard sur le smartphone m'apprend que, dans notre élan, nous avons dépassé les lieux...

Euhhh, on fait comment pour faire demi tour avec un véhicule aussi large que la piste sur un terrain accidenté ? Ben, on poursuit son chemin sur plusieurs kilomètres jusqu'à ce que la manoeuvre soit enfin possible... C'est pas comme si nous étions pressés...

Le tour gratuit effectué, nous nous garons en vrac sur l'herbe à côté d'un minibus. Aucune indication, rien d'aménagé, pas un rand à payer...

Un petit sentier semble se diriger vers la faille. Nous le suivons.

Un enfant surgit alors, bien décidé à ne pas nous lâcher d'une semelle, histoire de nous soutirer un bonbon ou une pièce sous le fallacieux prétexte de nous guider... Pas très partageur, d'ailleurs le garçon ! Quand d'autres approchent, il leur fait signe que nous lui appartenons.

Nous nous vengerons du pot de glu en lui donnant un terrible rusk -sans boisson-, les habitués de la chose comprendrons...

La Maletsunyane se jette maintenant sous nos yeux ébahis 192 mètres plus bas.

Ce n'est pas la chute la plus impressionnante du continent mais elle ne manque pas de charme dans ce décor resté à l'état brut. Et puis, si la lumière n'est pas optimale à cette heure tardive, nous avons l'avantage d'avoir le site quasi pour nous !

17 30, les habitants des villages voisins reviennent du marché. Non sans nous crier money, money, dès qu'ils aperçoivent l'appareil photo...

17 31, nous quittons les lieux. S'engage alors une course contre la montre. Il paraît que le Ranger se transforme en citrouille dès que le soleil disparaît...

Une légende !

18 55, il fait nuit depuis quelques instants et la Ford a conservé sa forme quand se détachent les mots Ramabanta Trading Post devant nous.

Nous arrivons à la grille du lodge alors qu'un employé la boucle. Etonné de nous voir là à cette heure tardive, il nous laisse cependant entrer et nous indique d'un geste la réception. L'anglais est aussi limpide pour lui que le sesotho l'est pour nous...

Apparemment, aucun client n'était aujourd'hui attendu et les lieux allaient fermer. Nous arrivons juste à temps !

La réceptionniste nous emmène au camping, nous fournit une bougie et la clé des commodités puis s'éclipse.

Pas de dîner, pieds sous la table, il aurait fallu arriver beaucoup plus tôt ou réserver. Tant pis, ce sera omelette aux chandelles, une banane et des économies forcées...

Bonne nuit !

7

Au matin, nous découvrons la jolie vue qui était plongée dans les ténèbres à notre arrivée. Les oiseaux gazouillent, le troupeau voisin de chèvres carillonne, le camping est à nous !

Il est maintenant l'heure de choisir la route qui nous ramènera en Afrique du Sud.

Maseru or not Maseru, telle est la question...

Le poste frontière de la capitale a la réputation d'être très fréquenté, nous n'avons pas trop envie de retrouver une ambiance urbaine. Va pour le chemin des écoliers !

Maps me propose un itinéraire qui évite non seulement Maseru mais aussi Roma, je le valide, nous quittons le lodge puis le goudron.

La piste n'est pas toujours bien roulante mais traverse toute une campagne très vivante, très fleurie.

Le plateau légèrement vallonné stoppe bientôt de manière brutale.

La piste dégradée se poursuit en quelques tournants et quelques pentes abruptes, se faufile entre les rochers. Nous atteignons alors rapidement la plaine et retrouvons bitume et civilisation.

Le poste frontière de Van Rooyens n'est plus qu'à une grande heure, adieu le Lesotho !

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Avant de poursuivre le voyage, un petit bilan sur le Lesotho.

Je ne connaissais pas du tout ce pays autour duquel j'ai tourné pendant des années. Ce fut un tort de ne pas y aller plus tôt !

Le Lesotho tranche radicalement avec les autres pays du secteur, particulièrement d'avec Botswana et Namibie.

Des montagnes, des paysages de lande, de grands troupeaux. Norvège, Ecosse ???

Les habitants, les maisons nous rappellent bien vite que nous sommes en Afrique. Les températures et le soleil aussi...

Une destination verte de paysages et de vie rurale qui peut se marier facilement avec un séjour animalier au Kruger ou plus urbain et océanique au Cap.

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Les grandes plaines cultivées de l'Etat Libre sont certes un bienfait pour l'indépendance alimentaire de l'Afrique due Sud mais guère passionnantes comme horizon. Nous avalons donc rapidement les kilomètres qui nous séparent de Bloemfontein, capitale des afrikaners et corne d'abondance après ces quelques jours au Lesotho.

La faim et le vide du frigo nous entraînent tout d'abord à la recherche d'une zone commerciale, zones qui poussent comme des champignons ces dernières années à travers tout le pays.

La fin de l'apartheid n'a pas rendu tout le monde riche comme certains innocents le croyaient mais elle a tout de même permis l'émergence d'une classe moyenne qui s'offre aujourd'hui tout ce qui lui était refusé hier.

Le restaurant est donc blindé en ce samedi midi et parfaitement aux couleurs du pays : une majorité de noirs, des métis et une minorité de blancs.

La mendicité aux carrefours sera, elle, nettement moins arc en ciel. Un blanc, deux blancs, trois blancs...

Une pancarte qui supplie un rand ou un repas mais bizarrement jamais un travail comme si ce dernier était un nirvana définitivement hors de portée.

Le résultat d'années d'une politique de discrimination positive ou l'impossibilité de s'adapter à un monde nouveau ? Les deux sans doute.

D'autres blancs ont su tirer leur épingle des nouvelles règles du jeu.

Moins d'emplois dans la fonction publique ou privée ? Devenons nos propres patrons et ouvrons nos maisons aux voyageurs impatients de découvrir une Afrique du Sud post apartheid ! Et ainsi fleurirent de nombreux BB à travers le pays...

Dont celui qui nous ouvrira ses portes ce soir, la Franklin view guest house.

Pas très original, ce nom mais réaliste... Pas vraiment l'impression d'être dans une ville de plus de 250 000 habitants, non ?

Un peu de repos et voilà déjà l'heure du dîner. Notre hôte nous informe des possibilités les plus proches et nous confirme la possibilité d'y aller à pied. Mais il faudra être rentrés pour 22 00 car il n'y aura plus d'électricité donc plus d'éclairage dans le quartier passé cette heure-là...

Comme à Harrismith, il n'a pas été prévu qu'un habitant du quartier ait l'idée saugrenue de marcher. C'est tout con un trottoir, ça nous paraît une évidence, et pourtant...

Premier restaurant. Ça a l'air chic et animé ! Je commence à imaginer mon délicieux repas quand...

Douche froide !

Vous avez réservé ? Nous sommes complets...

Bon, ben, une pizza, ça t'ira ??? Bon appétit...

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Aujourd'hui, fin de la verdure (quoique...), de la fraîcheur (même de la tiédeur...), des montagnes (une dunette, ça compte ou pas ???). Nous entrons aux confins du grand Karoo, le pays de la soif, vaste zone semi désertique presque aussi grande que la Suède. Notre but : le parc national de Mokala et sa faune.

Je vous en laisse parcourir les pistes, découvrir les points d'eau, patienter aux cachettes...

Le parc n'est pas très fréquenté, nous sommes seuls ou presque.

De nombreux herbivores au menu mais aussi, avec un peu de chance, otocyons et suricates.

N'oubliez pas l'heure de fermeture et rendez vous à Mosu Lodge où nous dormirons ce soir ...

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La nuit fut aussi confortable que tranquille dans ce chalet avec vue sur le point d'eau.

Mosu Lodge, Mokala NP 

Il ne nous reste maintenant qu'un couple d'heures pour dénicher suricates, rhinocéros et otocyons sur les pistes du parc.

Là-bas, Agnès, un suricate !

Faut changer de lunettes, je crois...

Et près du buisson, tout au loin, caché dans les hautes herbes ???

Un peu flou mais bingo !

Le renard à oreilles de chauve-souris continuera, lui, à se faire désirer. Quant au rhinocéros, nous aurons plus de chance ailleurs...

En fin de matinée, nous quittons donc Mokala sur un demi-succès.

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Quelques centaines de kilomètres de routes désertes nous attendent alors pour rejoindre notre prochaine étape, Upington aux portes du Kalahari.

Tous les voyageurs visitant actuellement l'Afrique du Sud n'auront pas pu manquer les nombreuses affiches électorales fleurissant à tous les carrefours, sur tous les panneaux. Dans quelques jours, le 8 mai exactement, le pays vote pour son avenir !

4 partis ont principalement placardé leurs slogans sur mon parcours.

L'indéboulonnable ANC, pour combien de temps encore ?

L'outsider qui n'en finit plus de grimper, l'Alliance démocratique.

Le poil à gratter de l'ANC, les Economic Freedom Fighters.

Le Front de la liberté Plus, le parti des afrikaners autrefois indépendantistes.

L'ANC suit le chemin du feu RPR. De Charles Mandela à Jacob Fillon-Balkany... Miné par le clientélisme et la corruption, il peine à convaincre et à proposer un programme rassembleur.

L'Alliance démocratique est en marche dans tous les sens du terme. C'est le parti le plus arc en ciel gagnant des électeurs au delà de son vote historique plutôt blanc.

Julius Malema, leader maximo des EFF, se reconnait à son béret rouge qui annonce la couleur. Un mélange de Mugabe et de Maduro, le Jean-Luc Mélenchon local, le racisme (anti-blancs) en plus.

Le Front de la liberté plus n'a aucune chance de gagner l'élection mais, comme d'autres partis nationalistes sous d'autres cieux, ses quelques sièges peuvent faire ou défaire une majorité...

Rendez-vous très bientôt pour les résultats !

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Les vignobles qui s'étalent le long de la route nous apprennent rapidement que la seule bourgade qu'on pourrait qualifier de ville à des centaines de kilomètres à la ronde n'est plus très loin.

Le Gps nous achemine alors jusqu'à notre logis, un petit appart'hôtel plus qu'une guesthouse, puis nous allons dévaliser les rayons de l'inattendu Kalahari Mall en vue de notre approvisionnement des quatre prochains jours.

Le restaurant où j'avais si bien mangé en 2009 a fermé la porte. Nous allons donc dîner dans l'une des enseignes préférées de la classe moyenne sud africaine, Ocean Basket. L'atlantique est un peu loin mais bon...

Le vin blanc coule dans nos verres, la commande est passée quand...Le carrosse se transforme en citrouille, les deux heures quotidiennes de coupure de courant ont sonné. Il vaut mieux ne pas penser à ce que deviennent crevettes et filets de poisson gisant dans les congélateurs...

Il apparaît économiquement très logique de priver tous les restaurants d'électricité à l'heure du coup de feu.

Une douzaine de gambas plus tard, un quelconque dieu oeuvrant chez Eskom prononce la phrase magique, Et que la lumière soit,

Et la lumière fut...

Pile poil pour payer !

Bonne nuit.

10

Le frigo est plein ? Le diesel déborde du réservoir ? Les 10 bonbonnes d'eau n'ont pas disparu durant la nuit ?

Oui ! Oui ! Non !

C'est parti mon kiki !

Euhhh, je voulais dire pour le Kgalagadi...

Rendez vous à la frontière, nous passons au Botswana !

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Pour changer un peu, je décide de passer la frontière à Bokspits au lieu de Two Rivers. Quelques dizaines de kilomètres de piste à la place de goudron, mais des kilomètres inconnus !

Nous nous garons pour accomplir les normalement très rapides formalités mais c'est sans compter les particularités locales...

Le policier sud africain veut absolument nous faire passer par l'autre côté et ne comprend pas qu'on puisse avoir envie de se taper une heure de gravel. Il tente divers arguments puis, à la vue du splendide melon, des juteuses tomates, de la caisse de raisins, du filet de pomme de terre, nous assène son ultime et imparable botte : au Botswana, ils vont vous confisquer tout cela alors qu'en passant par le parc, pas de soucis !

Je me souviens alors d'une entrée au Botswana par le poste frontière de Ngoma. Le douanier avait les yeux qui s'illuminaient à la pensée de possibles fruits et légumes à s'adjuger... Je m'avoue donc vaincue, nous rebroussons chemin.

La silhouette familière du bâtiment d'entrée du Kgalagadi se découpe maintenant dans un beau ciel bleu. Le thermomètre frise les 40, l'air est sec, le sable brûlant. En quelques secondes, un nouveau cachet orne notre passeport sans aucune inspection du véhicule.

Tiens, c'est bizarre, normalement, il y a des taxes routières à payer pour entrer au Botswana ! Pourquoi ne nous ont elles pas été réclamées ? A la sortie du pays, peut-être...

Nous nous enregistrons ensuite auprès des autorités du parc. Ce soir, nous dormirons au camping de Two Rivers, 4 emplacements, un bloc sanitaire et c'est tout.

60 pulas pour deux pour le camping, 48 pour les entrées soit moins de 10 euros au total.

A ce prix, il vaut mieux oublier la douche chaude...Ou inventer la machine à remonter le temps...

Les emplacements de camping de Two Rivers, Kgalagadi NP 

Nous avons bien fait de réserver. C'est complet !

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Nous déjeunons en compagnie d'une mangouste puis allons faire un petit tour du côté sud africain.

L'emblème du parc, l'oryx ou gemsbok en version originale, ne tarde pas à montrer son élégant pelage, son sublime port de tête.

Nous scrutons l'horizon à la recherche de l'autre star du Kgalagadi mais en vain.

Dis, Monsieur le Lion, nous sommes arrivés ! Montre toi !

Macache walou, chou blanc, fiasco total...

Une autruche et sa challengeuse, l'outarde kori tentent bien de sauver le safari mais la moisson d'animaux reste maigre.

Peu de précipitations apparemment cette année donc pas grand chose à se mettre sous la dent pour les herbivores et par ricochet pour les carnivores... Les bêtes se sont donc dispersées à la recherche de nourriture, espérons qu'elles se montreront tout de même aux points d'eau !

En parlant d'eau, le ciel se couvre, le vent tempête et les tortues se dandinent sur la piste.

Un orage serait-il sur le point d'éclater ?

De grosses gouttes martèlent bientôt la tôle, nos essuie-glaces peinent à chasser la pluie. Des grondements sourds tambourinent au lointain puis se rapprochent alors que le plomb se zèbre de blanc.

Le déluge cesse aussi rapidement qu'il s'est déclenché laissant derrière lui des panaches de poussière et une odeur ozonée.

Un troupeau de gnous énervés par les nuées trépigne puis se calme et s'affale sur un sol à peine trempé par le grain.

Le soleil réapparaît brièvement puis entame son coucher derrière les bungalows du camp de Twee Rivieren. Nous regagnons le notre...

Il y a bien une clôture mais vu l'immense terrain qu'elle encercle et la porte restée grande ouverte et sans aucune surveillance toute la journée, je ne me risquerai pas à sortir cette nuit...

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La nuit fut calme. Pas un bruit d'animaux, pas une goutte de pluie. Nous remballons rapidement nos affaires et prenons la piste qui longe la vallée de l'Auob.

L'orage a laissé de vagues traces de son passage,

Mais c'est toujours une impression d'extrême sécheresse qui domine.

Les suricates jouent dans le sable, les aigles prennent les points d'eau pour piscines.

Comme hier, il n'y a pas grand chose de vivant à se mettre sous la dent ! Nous faisons donc une halte au petit musée d'Auchterlonie, témoignage de la vie des fermiers sur ces rudes pâturages.

Vaut mieux être berger au Lesotho, non ?

Musée d'Auchterlonie 

Aux environs d'Urikaruus, le sol verdit un peu mais un troupeau de gazelles Attila devrait avoir bientôt raison de cette maigre végétation...

Nous quittons alors le lit de l'Auob pour rejoindre celui de la Nossob.

Un arrêt pique-nique sous haute surveillance et recommence une nouvelle traversée du désert...

Une heure, deux heures, un chacal éborgné pour rompre la monotonie.

Je ne reconnais pas le Kgalagadi !

En fin d'après midi, nous franchissons la grille du camp qui s'avère aussi plein d'agitation que les terres qui l'entoure sont morne plaine. Les meilleurs emplacements dotés d'électricité sont pris, il ne reste que deux places noyées de soleil.

Heureusement subsistent les emplacements de secours qui, s'ils ne sont pas survoltés, s'avèrent nettement plus agréables. Pas pis pour le frigo! Il n'a pas été branché depuis le début du voyage, il va bien tenir quelques jours de plus.

Les braais s'allument, les saucisses crépitent, les bières se vident.

Une visite au point d'eau et passe le marchand de sable.

Le camp de Nossob, Kgalagadi NP et son point d'eau 

Bonne nuit !

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Une petite parenthèse sur le camp de Nossob.

Ma dernière visite au Kgalagadi date de 2015 et, depuis, le camp s'est grandement développé. Il n'y avait autrefois que des emplacements de campings, un bloc sanitaire et quelques bungalows vieillissants. On entrait depuis le sud par une barrière et on ressortait pour le nord par sa jumelle deux pas à côté.

Aujourd'hui, vers le nord, de nouveaux bungalows du style de ceux de mata-mata ont été édifiés le long du lit de la rivière avec vue directe sur la plaine alors que vers le sud s'étalent une dizaine d'emplacement de camping avec sanitaires privés. C'est fonctionnel mais pas d'un charme fou. Les logements sont trop proches les uns des autres sans grande intimité. Idem pour les emplacements de camping "deluxe". En revanche, l'amélioration du bloc sanitaire commun est un gros plus par rapport à avant...

Ce camp est désormais doté d'une entrée et d'une sortie totalement distinctes. L'accroissement du nombre de logements n'a pas résolu le problème du fully booked permanent...

Je voulais dormir initialement à Polentswa, mais ce camp botswanais était déjà complet lors de mes réservations (vers novembre). Je ne trouvais rien côté Sud Af puis à force de consulter Sanparks une place s'est libérée...

12

Pas plus de rugissements cette nuit que la précédente. Quelques ronflements peut-être...

Avant de s'enfoncer dans la partie botswanaise du parc, immense territoire très faiblement fréquenté, je vérifie que tout est ok dans le véhicule et m'aperçois que la batterie du frigo clignote alors que s'affiche un gros 4 / 6 degrés là où figurait un - 5/2 hier...

Bon, j'ai compris, il fait trop chaud pour juste une alimentation via le panneau solaire, il faut débrancher ! Pas envie de tomber en rade sur une piste où personne ne passera avant quelques jours...

Nous commençons notre longue route vers Kaa sur du velours.

Les premières rencontres se font attendre un peu et c'est encore le facétieux chacal qui assure le spectacle en compagnie d'artistes emplumés.

La végétation se densifie mais le résultat est plutôt mité...

Attente au point d'eau. Je n'y crois plus.Quand une silhouette apparaît...

D'accord, ce n'est ni un lion, ni un guépard, ni un léopard mais une hyène brune, c'est encore moins courant !

Une licorne non plus, d'ailleurs... La chance reviendrait-elle ?

J'espère, car mon compagnon, qui ne connaissait pas les lieux, commence à trouver le temps long et les paysages monotones...

Les herbivores sont enfin là en abondance, en variété mais nous quitterons la partie 2x4 sans avoir croisé une crinière.

La piste 4x4 qui file vers Kaa est sableuse, plutôt étroite et souvent bordée d'acacias.

Les véhicules sont rares, les herbes et les buissons prospèrent tranquillement... Le crissement des épines sur les flancs du 4x4 met les nerfs des voyageurs à rude épreuve et oblige le chauffeur à une attention de tous les instants.

Nous avons d'ailleurs peut-être croisé toute l'arche de Noé sans même la voir...

Heureusement des steenboks bondissent régulièrement devant nous, agrémentant les 80 kilomètres exténuants.

Nous devions initialement camper à Sizatswe mais la perspective de rouler une bonne heure de plus en toréant contre la végétation ne nous enchante guère. Nous demandons donc aux employés de Kaa s'il est possible de bivouaquer là.

Un conciliabule, un acquiescement.

J'en profite pour me renseigner sur l'éventuelle présence de félins.

Des lions ? Ah oui, il y en a souvent ! Soyez prudents !

Nous nous installons bientôt sur l'emplacement désigné, un vaste espace situé à quelques centaines de mètres de là, bien en dehors de l'espace protégé... Aucun voisin, aucune silhouette à 4 pattes sur les lieux.

Un arbre, une table, des latrines (reconnaissables à leur petit tuyau...), une douche.

Bienvenue au camping de Kaa Gate, Kgalagadi NP 

Nous nous reposons un peu puis trouvons le courage de reprendre la voiture pour un court safari vespéral.

J'ai repéré sur la carte un point d'eau qui devrait se situer à une poignée de kilomètres de notre logis. Peut -être qu'un lion, un guépard viendra y prendre l'apéro ?

Raté, mais pas si mal... Très bien même !

Une, deux, trois, quatre beautés tachetées sont au bain,

En compagnie de leurs admirateurs...

J'espère que tout ce petit monde ne viendra pas nous visiter cette nuit !

A moitié rassurés, nous rejoignons notre bercail et allumons un grand feu pour éloigner les indésirables ce qui s'avèrera peu efficace contre un chacal aussi affamé que farceur...

Je ne peux m'empêcher de verser ma petite larme en revoyant cette photo. C'est la dernière fois que...

13

06 00, le réveil fait entendre sa petite musique. J'ai bien dormi.Pas vous ?

Je déplace la couverture pliée en polochon, j'ouvre grand les fenêtres et la porte de la tente de toit. Un vent léger souffle sous la grosse toile, quelques rayons de soleil illuminent nos visages.

rrr rr

Je nettoie mon visage, vive les lingettes pour bébé..., je mets mes lentilles, je retrouve la vue.

rr rrr rrr rrr

Je tends vaguement l'oreille, je jette un oeil au campement, puis un second. Dis, elle est où ma chaise ?

RRRrrrrRrrrRrrrrRRRRRR

DIS, C'EST PAS UN LION ÇA ???

RRRRRRRRRRRRRRRRRRRR RRR RRR RRR!

Nous sommes maintenant complètement réveillés. Et toujours pas de chaise...

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Tu le vois ?Non

Qu'est-ce qu'on fait ?

Ben, j'chais pas moi...

Une inspection scrupuleuse des environs rythmée par quelques rugissements aboutit au résultat suivant:

- Côté gauche : négatif !

- Côté droit : négatif !

- Arrière du véhicule : négatif !

- Avant du véhicule : angle mort...

Nous patientons un peu puis décidons de tenter une sortie. Un pas sur l'échelle, deux. Toujours pas d'animal.

Une chaussure dans le sable, l'autre pied. Pas de crinière en vue.

Nous ouvrons les portes du véhicule en vue d'un éventuel repli stratégique et commençons à remballer nos affaires. Sauf la chaise toujours introuvable...

Un indice, un début de preuve pour confondre l'infâme voleur ?

Trois minutes passent, nous démarrons à la recherche du fauteuil. Rien dans les buissons, rien près des toilettes. Pas un morceau de tissu noir, pas un morceau de ferraille. Mais qu'est ce que ce CENSURE de lion a fait de ma chaise ???? Va voir de quel bois, j'me chauffe, si je le retrouve, celui-là !

Nous nous éloignons maintenant de notre bivouac et essayons de découvrir la source des sonores ronronnements...

Je tenterais bien le point d'eau !

Un kilomètre de sable, un peu d'ombre au pied d'un arbre, deux silhouettes. Manifestement, nous dérangeons...

La piste des fuyards est facile, ils nous ramènent à notre point de départ, l'emplacement de notre 4x4 pour la nuit...

Les odeurs que nous avons laissées semblent vivement intéresser les deux félins.

Ben oui, nous avons un peu marqué notre territoire, les toilettes étant trop éloignées en cette matinée agitée... C'est pas la peine de nous dénoncer !

En échange, on ne dira rien pour la chaise... Ok ?

Les lions poursuivent bientôt leur route. Nous gagnons la sortie du parc.

Un petit déjeuner à l'abri des grilles, une signature sur le grand livre des sorties, quelques échanges avec le ranger en charge.

Un lion vous a piqué une chaise ? Ah non, ça, c'est la signature d'une hyène !

Glups...Si je comprends bien, alors que nous rêvions tranquillement sous la couette, les hyènes aperçues hier soir ont fait la java autour de la Ford puis des lions ont organisé une after ???? C'est vraiment le bordel dans ce parc. Je n'y remettrai plus les pieds !

Et puis, la chaise, qui va la payer ?

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Bon, c'est pas tout ça mais on a de la route à faire aujourd'hui ! Dont 103 kilomètres de piste...

Comme à l'intérieur du parc, c'est un long ruban de sable qui nous attend.

Mais contrairement au parc, les paysages sont nettement plus ouverts, les acacias griffus moins présents.

La conduite est plaisante, nous sommes détendus. Les animaux beaucoup moins...A peine une silhouette apparaît, qu'elle s'enfuit.

Nous traversons quelques pans, nous effrayons quelques oryx, nous nous risquons à faire quelques pas dehors...

Quelque chose me dit alors que Zutswa ne doit plus être très loin,

D'ailleurs voilà le péage !

La dernière fois que je suis passée par ici, les droits d'usage de la route se payaient comme autrefois en Norvège : un prix affiché en plusieurs devises, des enveloppes, une boîte, pas d'employés. Une méthode basée sur la confiance...

Les voyageurs pensant niquer le système mais ne niquant en fait que les communautés environnantes ont dû souvent omettre de régler leur écot. La confiance a donc été remplacée par une barrière et un gardien...

50 pulas changent de mains, nous signons le registre.

La zone est très fréquentée, le dernier voyageur est passé hier. A Kaa, c'était il y a trois jours...

Nous abandonnons l'employé à son ennui et plongeons dans les bouchons retrouvés.

En France, nous avions la 2 chevaux. Ici, règne le two donkeys...

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La faim nous fait stopper au bord de la piste.

Tiens, c'est bizarre. Pourquoi il y a tant de poussière au dessus du frigo ?

Le joint qui assure l'étanchéité de la cellule baille, les boulons qui retiennent notre maison d'aluminium sont largement desserrés. Va falloir réparer cela avant que tout se détache !

Ça tombe bien, la ville est en vue. Il y aura bien une boîte à outils dans la prochaine station service.

Le responsable va nous chercher une clé mais ce n'est pas la bonne dimension. En plus, il en faut deux : l'une pour revisser, l'autre pour tenir l'écrou. Il se renseigne alors auprès des automobilistes présents puis revient bredouille. Je ne peux rien pour vous mais maintenant c'est du goudron. Pas de problèmes pour arriver jusqu'à Kang !

Nous arrivons effectivement en un seul morceau dans cette bourgade plantée au bord de la grande route reliant Gaborone à Windhoek et demandons à notre logeuse si elle possède ce qu'il faut pour nous dépanner.

Vous avez de la chance, le mécanicien est en ville. Je l'appelle, il va passer !

L'horloge tourne, tourne, tourne. La nuit commence à tomber et toujours personne.

La cabine branle, la batterie ne se charge pas malgré un branchement au réseau électrique, le frigo refuse de se rallumer... Oublions le froid, ce n'est pas bien grave, des glaçons feront l'affaire. Mais on ne peut pas continuer à rouler hors bitume avec une cellule mal arrimée !

La prochaine ville est à quelques centaines de kilomètres.

Espérons qu'elle possède un garage...

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Ghanzi, un atelier plutôt spécialisé dans le pneu, nous sommes sauvés !

Un employé vient jeter un oeil à notre problème de boulons, son patron aussi. En dix minutes, l'affaire est gracieusement pliée, nous repartons rassurés.

Trois petites heures plus tard, Maun et ses supermarchés nous tendent les bras. Deux nuits de brousse à suivre sans aucune possibilité d'approvisionnement, il va falloir remplir un peu le frigo...Bizarrement, les magasins ne proposent pas un choix aussi abondant que ce gros carrefour touristique pourrait laisser à penser.

Et puis, il ne faut pas oublier que demain, nous franchirons une barrière sanitaire et donc adapter notre marché à ce que j'ai compris des lois en vigueur : pas de viande fraîche sauf du poulet mais chair crue sous vide possible. Un gros sac de glaçons pour maintenir au frais et ne reste plus qu'à trouver une chaise...12 euros.

Je garde la facture et l'envoie à Mme la Hyène, Kaa Gate, Botswana accompagnée de mon RIB. Sait-on jamais...

Le reste de l'après midi sera consacré à un peu de farniente au bord de la rivière,

Dans une étonnante maison écologique dont je ne révèlerai l'adresse que contre une légère participation !

Ben oui, quoi...J'attends toujours le virement de la beauté tachetée et mon banquier me harcèle depuis qu'un achat aussi imprévu qu'inconsidéré a grévé le mince budget consacré à ce voyage.

En attendant le renflouement de mon compte, me voilà aux fourneaux.

Les pommes de terre frémissent, le faux filet grésille, deux verres se remplissent d'un odorant nectar rubis. Bon appétit !

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Adieu Maun, nous reprenons la route pour une courte étape vers Baine's Baobab.

- Baine's baobab ? T'es sûre ? C'est pas plutôt à Khumaga que nous dormons ce soir ?

- Glups, je me suis emmêlée les pinceaux. Faut dire que le sens des prochaines étapes n'est pas très logique...

Le voyage devait initialement se dérouler entre Zimbabwe et Botswana mais la dégradation de la situation au pays de Robert m'a obligée à réviser ma copie.

Des nuits avaient déjà été réservées et payées dont Baine's Baobab, il a fallu broder le nouveau parcours autour.

Nous bifurquerons donc après la barrière sanitaire qui se dessine à l'horizon.

Un stop, un pédiluve, un employé qui fond sur le frigo...

- Ahhh, mais c'est interdit ça !, s'exclame-t-il en brandissant notre repas du soir, une superbe saucisse sous vide.

Décidément, je ne comprendrais jamais les subtilités de la loi botswanaise et, le chef ayant toujours raison même s'il a tort, j'abandonne mon repas et me convertis momentanément au végétarisme.

Le 4x4 allégé, nous avalons les kilomètres jusqu'à l'entrée du parc, soixantaine kilomètres plus loin.

Un village, une piste. Une pancarte nous annonce notre prochaine arrivée.

Merde, c'est quoi, ça ???? Dans mon souvenir (2016), la rivière se traversait à roue sèche mais aujourd'hui, il semble y avoir un peu d'eau. Pas assez pour le ferry cependant...

Nous sortons du Ranger et prenons le pouls du gué.

- Ça a l'air profond, non ?

Une employée du parc est sur le point de rejoindre son poste en barque. Nous lui demandons s'il est raisonnable de traverser.

- Vous êtes expérimentés ?

- Pas vraiment, c'est notre première fois...

- Y en a qui passent mais si vous ne l'avez jamais fait...

J'ôte mes sandales et entre dans l'eau. Cheville, genoux, bas des fesses... Je prends le guide fourni par le loueur et lis : Gué à hauteur du genou uniquement !

Bon, je crois qu'on va faire demi-tour et passer par l'autre entrée à 110 kilomètres de là... C'est dommage, le camping est presque en face, nous y arriverions dans 15 minutes s'il n'y avait pas d'eau...

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65 kilomètres plus tard.

Le bitume jusqu'ici impeccable devient gruyère et c'est parti pour une quinzaine de kilomètres d'enfer. Ce ne sont plus des nids de poule qui parsèment la chaussée mais des tanières d'ours ! Ça ne semble pas déranger les voyageurs sud africains qui se lancent dans ce parcours du combattant comme si leur vie en dépendait...

Dire qu'il faudra repasser par là après demain !

Le goudron mité cesse aussi brusquement qu'il est apparu, nous nous détendons. Une dernière ligne droite, un dernier coup d'oeil sur le gps, nous arrivons à Phuduhudu gate.

Nous nous enregistrons, payons les droits d'entrée et demandons comment est la piste actuellement.

- Faut bien dégonfler !

D'accord, d'accord ! Nous dégonflons comme pour le Kgalagadi...

J'ouvre maintenant la porte du Makgadikgadi National Park puis nous nous élançons sur le chemin sablonneux.

Enfonçons, devrais-je écrire...

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Les deux premiers kilomètres se déroulent sans anicroches. La piste n'est certes pas assez large pour le passage aisé de deux véhicules mais surtout pas assez étroite pour que les maudits acacias ne se jettent sur notre carrosserie et nos pneus. Nous ne sommes pas à la meilleure heure pour une bonne portance du sable mais ce dernier ne s'avère pas si profond que prévu.

Troisième kilomètre, de piégeuses ornières balafrent la piste, le sable se délite, la Ford peine à surfer sur la vague puis jette l'éponge, nous voilà bloqués !

On fait quoi, maintenant ?

Ben, on n'insiste pas, on passe en vitesse courte, on recule, on prend un peu de vitesse et on recommence !

Deuxième échouage...

T'as une autre solution ?

On n'a peut-être pas assez dégonflé ?

Un coup d'oeil à droite, un coup d'oeil à gauche, pas d'animaux. Après, vu la broussaille et les hautes herbes, il y en a peut-être une centaine autour de nous, pliés en deux de rire de nous voir dans une telle situation...

La copilote dégonfle, le pilote surveille, nous remontons dans le Ranger pour un ultime essai.

Positif !

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Vu la configuration du terrain, nous ne sommes, tout d'abord, guère attentifs à la présence d'éventuels animaux. Puis la piste s'améliore tandis que nous nous rapprochons de la rivière.

Nous repassons en mode safari.

L'infranchissable rivière Boteti serpente désormais à nos pieds, un lieu de vie qui n'intéresse pas que les amateurs d'observation de la faune.

Quel vilain comité d'accueil guette son futur repas ! Trop coriace, trop sur leurs gardes, parfait !

Mais que fait le boucher ?

Il se cache, ronflote...

Il ne dort cependant finalement que d'un d'oeil, l'oreille dressée au moindre craquement.

Ses acolytes semblent vouloir enfin se mettre au boulot. Un court instant...

Décidément, il fait trop chaud pour travailler ! Pour rouler aussi.

Allons nous installer au camp, nous reviendrons par là en fin d'après-midi.

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Quel est le numéro de notre emplacement de camping, déjà ?

Le 2 !

Le 2, t'es sûre ? Parce qu'il y a déjà quelqu'un dessus...

Le jeune couple venu ici la fleur au fusil remballe table, chaises et apéro et s'en va sur un autre emplacement moins bien situé et pour la rivière et pour le bloc sanitaire flambant neuf. Madame fait la tronche, Monsieur va devoir faire avec...

Une bonne douche, un petit quatre heure.

Les employés du camp viennent vérifier que tous ont payé leur écot. 50 $ par personne, le plus cher de nos hébergements avec celui de demain...

Cela les vaut-il ? Pas vraiment. Il n'y a pas de réelle intimité des emplacements, pas de charme particulier. Mais il n'y a pas d'autres options pour dormir à l'intérieur du parc à proximité de la rivière Boteti.

Et quelle rivière... Un goût de Chobé mais quasi sans autres voitures.

Nous ne croiserons d'ailleurs qu'un autre 4x4 lors de notre safari, le véhicule d'un des lodges privés adjacents.

En parlant de safari, ne serait-il pas l'heure d'y aller ?

En route...

Une piste en pente douce, et nous posons les roues sur les berges de la Boteti.

Je vous laisse déguster en silence ce magique instant...

Un paradis, les rives de la Boteti, Makgadikgadi NP 

Le soleil décline, il faut malheureusement retourner au camp.

Bonne nuit !

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Nous n'avons pas eu de visites cette nuit. Ou du moins nous ne nous en sommes pas aperçus.

La hyène comme le vervet n'ont pas su crocheter la serrure de la cabine et chaises, table comme provisions sont toujours là... Même nos chaussures, perchées sur l'échelle, n'ont été l'objet d'aucune convoitise. L'odeur peut-être... ?

Avant de quitter le parc, nous décidons de retourner au bord de la rivière pour un petit safari matinal.

Les éléphants ont déjà bu, ont déjà quitté leur salle de bain. Seul reste un retardataire. Potomane ou maniaque du nettoyage ?

Les vautours ont suivi les lions vers d'autres gueuletons. Un irréductible fait cependant toujours le pied de grue au bord de l'eau. Asocial ou puni ?

Les girafes se régalent de feuilles d'acacia, leur mets préféré.

Mais qu'est ce là ???

Les berges de la Boteti sont couverts de zèbres et de gnous.

50, 100, 200, j'arrête de compter !

Nous laissons bientôt ces immenses troupeaux à leur festin d'herbe grasse et reprenons la piste sablonneuse de la veille en direction de la sortie que nous gagnerons sans encombre.

Rendez-vous à Nxai !

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Quelques brefs kilomètres de goudron et nous pénétrons dans le parc voisin, Nxai et ses fameux baobabs, objet de notre venue en ces lieux.

Toujours du sable, toujours personne, enfin presque...

C'est quoi ces silhouettes cachées dans le bush ?

Trois lionceaux efflanqués profitent de la relative fraîcheur procurée par l'ombre des buissons.Que font-ils par ici, ce coin du parc n'est normalement pas très fréquenté par les animaux ? Pas d'adultes à l'horizon, un mystère.

Nous dérangeons la fratrie pour poursuivre notre route, les lionceaux s'enfoncent alors un peu plus dans les hautes herbes.

Nous atteignons maintenant le pan déjà bien sec en cette fin de saison des pluies puis les géants feuillus.

Quel contraste avec leurs silhouettes dénudées d'un mois d'août ! Quel contraste également point de vue fréquentation...

Nous pique niquons en solitaire au pied des vénérables ancêtres avec vue sur le lac asséché.

Une attaque de guêpes féroces nous fait malheureusement accélérer nos agapes et nous nous enfuyons à la recherche de notre emplacement de camping, le numéro 3.

Là, je ne dis plus rien pour le prix...Pas un humain à des kilomètres à la ronde, un baobab comme parasol, le nirvana !

Une dizaine de mètres de sable et nous prenons possession de notre petit coin de paradis.

Seuls au monde sous les baobabs, Nxai Pan NP 

Paradis où la pomme a été remplacée par le pain-de-singe...

Tout a été prévu pour notre bien-être, même si la douche s'avère plus amusante que pratique.

Une brève virée en voiture entre pans et savane,

Une courte promenade apéritive sous les derniers rayons d'un soleil flamboyant,

Et sonne l'heure d'allumer les feux...

Bonne soirée !

17

Une assez longue étape nous attend aujourd'hui, un peu plus de 520 kilomètres pour rejoindre Khama Rhino Sanctuary. Il faut repasser par l'horrible portion de bitume remplie de nids de poule puis tracer vers le sud à travers un immense espace consacré à l'élevage extensif et coeur minier du pays.

Quelques heures passent, le chauffeur et la copilote se partagent le volant. Nous comptons les vaches, nous pronostiquons l'heure d'arrivée au village suivant...

T'as pas un petit creux, toi ?

Le frigo est vide, le bac à provisions aussi. Un coup d'oeil sur maps n'est guère encourageant...

A défaut de remplir nos estomacs, la prochaine bourgade nous permettra au moins d'étancher la soif du Ranger en diesel. Qui sait, il y aura peut être un magasin accolé à la station service ?

Je ne reconnais pas les lieux traversés en 2016. Pas de boom touristique dans ce Botswana du diamant mais apparemment un boom économique !

Une zone commerciale moderne commence à s'implanter attirant les grandes enseignes de la région dont une chaine de fast food amélioré : Nando's et son poulet à la mozambicaine...

C'est dans ce genre d'enseigne que les clients sont le plus arc en ciel- nous serons d'ailleurs les seuls blancs- : les Spurs, les Braza, les Ocean Basket. Pas de chichis, pas de touristes, la classe moyenne, celle qu'on rencontre dans un Léon de Bruxelles ou un Buffalo grill en France. Des gens de passages, des familles en virée shopping dans la "grande ville" du coin. Des prix ici pourtant comparables aux restaurants classiques. Leur succès auprès de tous n'est donc pas lié à un pouvoir d'achat.

Notre faim assouvie, nous reprenons la route et parvenons au refuge des derniers rhinocéros du pays une paire d'heure avant sa fermeture.

Nous nous installons rapidement sur notre emplacement de camping puis allons à la découverte des lieux. La chance nous sourira-t-elle ?

Premier point d'eau, premières rencontres...

Deuxième point d'eau, plus agité...

Hep, vous là-bas !

Nous ???

Non ! Les stars du parc ! C'est pas fini de vous chicorer !

Faites comme nous, ignorez-les.

Mouais, ça n'a pas l'air très efficace...

Le parc offre de jolis moments mais c'est trop facile. Nous n'avons pas vraiment l'impression d'être au coeur de la vie sauvage mais plus au milieu d'une sorte de zoo. Une visite à réserver à un premier voyage ?

De plus, l'intendance des lieux laisse un peu à désirer. L'électricité ne fonctionne pas dans le bloc sanitaire, l'eau chaude s'avère froide, le balai ne doit pas être passé tous les jours...

Les emplacements sont en revanche agréables. Spacieux, intimes, ombragés.

Un coucher de soleil, une grillade au restaurant et voilà déjà l'heure de notre dernière nuit sur le sol botswanais.

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Les employés du parc ont dû ranger les rhinocéros pour la nuit, ils s'avèrent invisibles au petit matin...

Pour ne pas frustrer les visiteurs, les volières ont, en revanche, connu une opération porte ouverte.

Pour le meilleur, comme pour le pire.

Se réincarner en pintade de Numidie ou en vautour, quel triste karma !

Et puis, au détour d'un tournant, deux évadés nous offrent une dernière opportunité

De fixer pour l'éternité leur meilleur profil...

Adieu Khama Rhino Sanctuary et Botswana, nous regagnons maintenant l'Afrique du Sud.

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Personne à la sortie ne nous réclame les frais que nous aurions dû payer à l'entrée. Je ne comprends pas bien comment fonctionne l'administration botswanaise mais visiblement, il y a des failles...

De l'autre côté du Limpopo, la route déroule son impeccable bitume cerné de hautes herbes.

Que fait-il, armé de son seul rotofil, le gars en bleu là-bas ??? Il ne va tout de même pas tondre les dizaines (centaines...)de kilomètres de bas côté ???

Ben, si...

Heureusement, le voilà bientôt rejoint par d'autres jardiniers pareillement outillés.

Z'ont pas fini !

Peut-être les croiserez-vous l'année prochaine au bout du gazon...

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L'après midi est bien entamée lorsque nous arrivons à Thabazimbi, petite ville nichée aux portes du massif du Waterberg.

Nous sommes dimanche. Nous sommes dimanche ????

Arghh, voilà ce que c'est de se laisser piéger par le rythme langoureux des vacances, j'ai oublié de remplir le bar avant ce jour maudit ! Les bouteilles de vin et de cidre nous font de l'oeil derrière les affiches interdisant leur vente, nous nous replions sur les bonbonnes d'eau...

Le parc de Marakele, dernière étape de ce voyage, nous ouvre alors grand ses portes.

Nous échangeons les nuits de camping réservées contre une tente aménagée au camp ouvert de Bontle et allons prendre possession de notre logement.

La situation est moins plaisante qu'à Tlopi, l'autre possibilité d'hébergement du parc, mais nous gagnons largement en intimité ce que nous perdons en vue !

Si nous allions maintenant explorer un peu le coin ?

Le parc est en deux parties : l'une plutôt plate et arborée, domaine de quelques herbivores et petits prédateurs et l'autre montagneuse, sauvage où, avec beaucoup de chance, peuvent être croisés éléphants, léopards, lions et plus encore...

Comme le temps nous est compté, nous décidons de nous en tenir à la plaine pour ce safari.

Les pistes sont plutôt défoncées, ravinées, il a dû bien pleuvoir par ici !

L'animal se fait rare, très rare, la végétation, bien trop abondante...

Un véhicule s'arrête bientôt à notre niveau, sa passagère nous interroge sur nos observations.

Chou blanc ou presque !

Si vous voulez voir des lions...

Je comprends que les félins sont bien évidemment dans l'autre partie du parc mais apparemment seulement à un ou deux kilomètres de son entrée près d'un point d'eau. L'horloge nous donne la permission d'aller tenter notre chance, nous changeons nos plans.

J'ouvre le portail, nous commençons à grimper. J'observe le plan, pas vraiment de point d'eau d'indiqué. A gauche sur ce vilain chemin, peut-être ?

500 mètres plus loin, un véhicule est curieusement garé. Je crois que nous avons trouvé...

Le pelage souillé, le jeune animal délaisse son dîner pour observer les intrus...

Le lion, surtout s'il est une lionne.., n'est pas vraiment un animal solitaire. D'autres membres de son groupe montrent bientôt leur museau. 1,2,3,4... 5, non ?

Nous profitons de ce nouvel instant en féline compagnie.

Ce voyage aura décidément été celui du lion ! Dans de très bonnes conditions qui plus est. Il y a bien deux autres véhicules avec nous mais nous sommes loin de la cohue qui peut exister dans les parcs les plus célèbres.

Malheureusement, il ne reste plus que vingt minutes avant le couvre feu, il faut rentrer...

Marakele NP, de superbes paysages, une faune variée !

Bonne nuit !

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Un petit déjeuner à l'ombre des feuillages et nous partons pour un grand tour du parc. Pas une piste ne nous échappera ! Ou presque...

Les lions de la veille font la grasse matinée.

Les gnous en profitent pour baguenauder, les vervets pour s'épouiller.

Une piste, un chemin, des broussailles. Où sommes-nous ?

Je n'en sais trop rien mais ce n'est pas forcément une mauvaise idée de s'être un peu perdus dans les recoins de Marakele...

Nous prenons maintenant un peu de hauteur puis bifurquons en direction du point de vue.

Un étroit ruban de bitume remplace maintenant la route de terre et part à l'assaut de la montagne.

Je ne conseille pas aux acrophobes de nous suivre, la sensation de vertige sur cette route est plutôt terrible en 4x4 côté copilote. Je serrerai d'ailleurs les fesses tout le long de la montée... Vaut mieux mille fois Sani Pass !

A la descente en revanche, je serai nettement plus détendue, priant juste de ne pas avoir à croiser un véhicule ou un éléphant...

2045 mètres d'altitude. Nous sommes arrivés. Des pas nous invitent à nous approcher

Du panorama.

Une boucle piétonne permet de faire le tour des lieux. Attention aux féroces animaux qui rôdent dans ces montagnes...

Le ciel est limpide, une petite brise souffle, un couple d'amoureux arc en ciel se bécote. Pas de baobabs, pas de bergers emmitouflés dans leur couverture de laine mais une très belle ambiance toute de même !

Grrrrrrrr....Grr....

T'aurais pas un peu faim, toi ?

Rentrons au camp !

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Activité de l'après midi, se préparer au prochain départ... Le Ranger est vidé ; ce qui ne servira plus, remisé proprement dans un coin de la cuisine -cela peut intéresser le personnel du parc- ; le reste, trié puis empaqueté dans les bagages. Je ne sais pas pourquoi mais une valise est toujours plus difficile à fermer au retour...

Nous allons ensuite en ville pour s'enregistrer en ligne et trouver de quoi accompagner notre dîner.

Le Liquor Store dévalisé, nous retournons dans le parc profiter des dernières heures du jour en compagnie des animaux et des montagnes.

Les lions sont désormais partis, la mare a retrouvé toute sa tranquillité.

Petits et grands savourent la douceur de l'instant, nous savourons notre dernière équipée.

Il est alors l'heure d'accomplir une ultime fois le grand rituel nocturne sud africain : un braai, du Shiraz et au lit !

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Nous quittons Marakele au matin, direction l'aéroport.Des milliers de kilomètres depuis plus de 10 ans en Afrique Australe, pas un pv, pas un accident.Jusqu'alors...

Les rotofileurs sont encore à des dizaines de kilomètres avec leur matériel de pointe, l'herbe et les fourrés prospèrent le long de la route.

Sans crier gare, une gracile silhouette surgit et se jette sous nos roues.

Un Ranger, ça freine bien, c'est solide.

Mais la gazelle, elle, n'en réchappera pas.

Nous rendons donc un peu soulagés notre 4x4 puis l'employé d'Avis nous dépose rapidement à l'aéroport.

Plus qu'une bonne vingtaine d'heures et nous reverrons la ligne verte des puys !

A très bientôt pour un nouveau voyage...

Et profitez bien des vôtres !