05 35, le réveil interrompt le profond sommeil des dormeurs.
Des miettes de sommeil plein les yeux, je me dirige vers le bloc sanitaire pour une toilette de chat.
L'esprit toujours embrumé, je fais couler le café dans le thermos tandis que mon conjoint range table et chaises.
Tous les campeurs sont maintenant sur les starting-blocks, l'entrée du parc va ouvrir !
Le Hilux arrive trop tard pour la pole position et se contente du rôle de voiture-balai...
Nous profitons des 60 kilomètres de goudron qui nous séparent du cœur des dunes pour avaler le petit déjeuner des safaristes en morning drive : des rusks accompagnés d'une boisson chaude.
Imaginez des biscuits de marin bien secs agrémentés de dattes et autres douceurs.
Ça s'émiette, ça se mastique et ça gonfle au contact de la boisson avalée pour faire passer le magma collant au palais...
Mais, étonnamment, le goût est délicieux.
06 40, nous dépassons la dune 45. Plus que 15 kilomètres avant la piste sablonneuse menant à Sossuvlei.
06 55, nous enclenchons la position 4x4 et nous engageons nos roues dans le sable.
07 00, prends à droite !
07 01, le Toyota est ensablé...
J'aurais du savoir que virer à droite ne pouvait être une bonne solution...
Nous sortons du véhicule pour évaluer les dégâts et avertissons le véhicule qui s'approche d'opter pour la gauche.
Le conducteur pense que nous lui montrons un oryx et fait le mauvais choix.
Et de deux...
Quelques coups de pelles, une vigoureuse marche arrière, le 4x4 bouge enfin.
Puis se replante...
La navette d'un lodge s'arrête. Les passagers nous observent légèrement goguenards tandis que leur guide évalue la situation.
Vous avez dégonflé les pneus ?
Oups... Nous n'étions vraiment pas bien réveillés ce matin...
L'air s'échappe des 4 roues, les pneus épousent la surface du sol.
Le guide s'empare du volant et dégage les deux 4x4 de leur gangue de sable.
Merci !
Nous reprenons alors la piste que nous survolerons désormais ...
Nous garons bientôt le 4x4 sous la rare ombre d'un arbre puis arpentons les dunes entre ocre et rouge.
Le désert fourmille de traces de vie : des empreintes, des silhouettes, des ombres, des experts en conduite sur sable au repos...
Apparaît alors le lac asséché de Dead Vlei et ses fameux arbres dont les branches tordues semblent implorer la clémence d'un hypothétique dieu de la pluie.
Le plus du 4x4 équipé, c'est qu'on peut faire sa popote n'importe où...
Nous repérons donc un arbre touffu avec vue imprenable sur dune et nous installons table et chaises pour prendre le petit déjeuner.
La bonbonne de gaz, le brûleur, la bouilloire, le porte filtre, le café...
Les assiettes, les tasses, le muesli, les fruits secs de bobo, le yaourt nature...
Venez vite avant que les oiseaux ne pillent notre mixture !
Le ventre plein, nous reprenons la piste, en professionnels cette fois-ci...
Nous abandonnons maintenant les dunes du Namib pour celles du Kalahari.
Et c'est parti...
Pour quelques centaines de kilomètres de pistes et de routes encombrées pour rejoindre Bagatelle.
Sans clim' bien sûr puisque le samedi après midi, tous les garages Toyota sont fermés...
Je vous laisse vous rafraîchir et vous attends au restaurant du lodge pour le dîner.
Le cadre de l'emplacement de camping aurait été parfait pour un braai mais, comme les garages, les magasins d'alimentation étaient fermés.
Par ailleurs, notre prochaine étape est le parc du Kgalagadi pour 5 nuits.
Or, dans mes souvenirs, les boutiques y ressemblent plus à un stand alimentaire moscovite sous Brejnev qu'à un buffet de all inclusive à Punta Cana. Nous préférons donc ne pas puiser dans le faible stock de provisions restant...
Cela dit, nous ne faisons pas une mauvaise affaire avec ce dîner !
J'vais prendre les champignons, le steak d'oryx et la glace noyée dans l'Amarula. Et vous ?
C'est le milieu de la nuit.
Un petit vent frais s'engouffre dans la moustiquaire posée sur les ouvertures de la toile de tente et me réveille.
Je sens les odeurs qu'il charrie.
Je regarde à travers la mousseline et observe le ciel étoilé.
Je me rendors...
A demain matin.