Le Briançonnais au printemps

8 jours de balade dans les environs de Briançon à la fonte des dernières neiges.
Mai 2021
8 jours
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Un semaine de congés au milieu d'un mois de mai Covid, quelle destination programmer pour se changer les idées ?

Nous avions passé un grand week-end près de Briançon il y a quelques années et la région nous avait beaucoup plu. Nous décidons donc d'y retourner.

Un coup d'oeil aux locations sur Gîtes de France, un chalet nous fait envie.

Et c'est parti pour huit jours au milieu des perce-neige et des marmottes à sillonner toutes les vallées déjà accessibles, à rejoindre des cols plus ou moins dégagés !

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Le magnifique ciel bleu qui saluait, hier, notre arrivée a revêtu son habit de grisaille au matin. Nous regardons la pluie marteler notre terrasse, nous distinguons à peine le fond de la vallée.

Un déjeuner, une vague éclaircie. On tente notre chance ?

Nous choisissons alors d'aller faire un tour à Briançon, petite cité Vauban nichée au pied du col de Montgenèvre à quelques encablures de l'Italie.

Les ruelles escarpées de la ville haute sont bien vides en cette basse saison touristique et ce n'est pas le covid qui arrange les choses.

Tout ceci ajouté à une météo maussade ne met pas vraiment Briançon en valeur.

Nous décidons donc de prendre de la hauteur et de grimper dans un premier temps au fort des Salettes puis, dans un second, à son jumeau d'outre Durance, le fort Dauphin.

Que d'efforts déployés, que d'énergie dépensée, que de neurones sollicités pour verrouiller nos frontières !

En vain ?

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Un nouveau matin, un autre manque de soleil...

Il ne neige pas, les nuages ne crèvent pas en grosses gouttes, nous tentons une sortie !

Nos roues nous emmènent tout d'abord le long de la Clarée puis nous bifurquons en direction de Bardonnèche. La frontière italienne est toute proche et, s'il est théoriquement interdit de s'y rendre, aucun douanier ne monte la garde.

Nous abandonnons bientôt la belle départementale pour un fin ruban asphalté qui s'enfonce dans une vallée aussi étroite que son nom. Au bout de quelques kilomètres, le bitume s'achève à l'orée d'un hameau composé de quelques granges et de quelques refuges.

Bien que nous soyons toujours en France, les lieux sont beaucoup plus accessibles aux italiens et nous serons les seuls hexagonaux sur le parking...

Divers panneaux nous proposent d'alléchantes randonnées. Pourquoi ne pas essayer d'accéder au Lac Vert ?

Nous enfilons donc nos tenues insubmersibles et partons illico à l'assaut du sentier.

La balade est facile et agréable malgré un temps qui reste bien bouché. Il ne nous reste maintenant plus qu'à trouver ce fameux Lac Vert.

Une descente dans la forêt, une éclaircie parmi les troncs, le voici !

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Le soleil brille encore par son absence en cette nouvelle journée. Peut-être nous attend-il aux Fonts de Cervières ?

Cette vallée méconnue épouse, à une poignée de kilomètres près, le tracé de la frontière italienne et se ponctue d'hameaux d'estive au caractère bien préservé.

Ski de fond au pied des sommets en hiver, randonnée au milieu des troupeaux en été, que nous réserve le printemps ?

De jolies cartes postales de chalets, de granges, de chapelles sur un fond de montagnes encore emmitouflées de neige ...

Mais aussi le bêlement de quelques moutons, le sifflement de quelques marmottes, ode à une liberté enfin retrouvée après un trop long hiver ...

Enfin, une sérénité absolue à peine troublée par les deux, trois promeneurs rencontrés !

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Plus la journée avance, plus le bleu gagne sur le gris. Nous décidons donc de prolonger notre exploration du Briançonnais dans une autre direction, le massif des Ecrins.

Nous traversons bientôt Vallouise et nous nous enfonçons dans la vallée d'Entre-les-Aygues.

La route est dégagée jusqu'au parking des Bans même si des coulées d'avalanche plus ou moins récentes nous indiquent que cela n'est pas forcément le cas depuis longtemps.

Nous nous garons alors en surplomb du torrent et partons faire quelques pas sur le sentier du refuge.

La neige obstrue rapidement le chemin. Par courtes plaques, certes, mais de plus en fréquentes ! Mieux vaut ne pas tenter le diable et redescendre sur Vallouise.

Une balade dans le vieux village inanimé et voilà déjà l'heure de retrouver notre chalet .

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Nous nous réveillons avec le soleil.

Vite, on emballe le pique nique et on file vers le vallon de l'Eychauda !

La route est parfaitement dégagée jusqu'à son terminus, le hameau pastoral de Chambran situé à 1700 mètres d'altitude. Le parking est rempli de vide, nous allons pouvoir profiter des lieux tranquillement.

Nous entamons maintenant la randonnée en direction du lac de l'Eychauda. Nous savons que nous n'irons pas jusqu'à ce lac glaciaire encore obstrué par la neige mais le sentier offre tout de même de magnifiques points de vue.

J'aime beaucoup cette vallée paisible aux paysages ouverts. Un jour, peut-être, atteindrais-je le lac ?

En attendant, nous reprenons la voiture pour monter au pré de Madame Carle en fond de vallée de Vallouise.

Le Glacier Blanc et le Glacier Noir se rejoignaient ici au siècle dernier mais, réchauffement climatique oblige, il faut désormais marcher pour admirer ces deux langues glaciaires, randonnée impraticable en mai.

La route culmine à quasi 1900 mètres et a encore un peu le bitume dans la neige. Le temps est reparti au gris, les sommets demeurent dans un brouillard de plus en plus présent.

Une certaine tristesse se dégage de cette plaine d'altitude que j'ai bien du mal à reconnaître !

Un coup de machine à remonter le temps ?

Nous voilà en début mai 2018 et voici le pré de Madame Carle sous un autre jour, bien plus enchanteur !

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Aujourd'hui, nous allons essayer de parvenir au parking Laval, 2030 mètres d'altitude, dernière parcelle de goudron sur l'impasse que forme la superbe D 301 T qui, partant de Névache, serpente le long de la Haute Vallée de la Clarée.

L'avantage de partir en mai est de pouvoir rouler sur toutes ces petites routes généralement fermées à la circulation en été, le désavantage est de ne pas savoir si nous toucherons au but !

Pour cette fois-ci, aucun problème. Le bitume est bien dégagé, tout comme le ciel, d'ailleurs.

Arrivés au cul de sac, nous enfilons chaussures de randonnées et blouson chaud pour nous engager sur le sentier qui remplace l'étroite départementale.

Jusqu'où pourrons-nous aller, mystère !

Des plaques de neige apparaissent bientôt sur le chemin mais cette fois-ci, nous décidons de poursuivre notre montée.

Le terrain n'est pas escarpé, la direction se devine, nous ne risquons que de nous mouiller les pieds.

Le paysage devient de plus en plus hivernal, je suis ravie.

Une pancarte nous annonce alors notre proche arrivée au refuge des Drayères, continuons jusque là !

Nous sommes seuls parmi les perce-neige, un manteau blanc nous encercle, nous profitons de ces derniers instants d'hiver.

La route retrouvée, le vert ne tarde pas à remplacer le blanc.

Nous abandonnons le blouson, chaussons les lunettes de soleil et partons à la découverte de la cascade de Fontcouverte.

Une vallée, deux ambiances !

Nous conclurons cette magnifique journée au bar de notre village. C'est la réouverture des restaurants après des mois d'arrêt-covid, il faut fêter cela !

Tchin !

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En cette belle journée de grand bleu, nos pas nous entraînent au Queyras, au bout de la D947 plus précisément.

De là, nous randonnerons jusqu'au grand belvédère du Viso, via l'ancienne route qui reliait autrefois l'Echalp au point de vue.

Les marmottes sifflent, les fleurs forment bouquets, un ruisseau tinte en fond de vallée. La balade est facile et très agréable, nous sommes ici presque en été.

Pour rejoindre notre chalet, la route la plus courte passe par le col de l'Izoard.

Ce col n'ouvre officiellement que demain mais nous ne résistons pas à l'idée d'y grimper.

Passé Arvieux, aucune barrière n'empêche l'accès, nous enchaînons donc les lacets.

La casse déserte est en vue quand un panneau signale la fermeture du col. A quelques heures près et vu l'état de la chaussée, nous prenons quelques libertés avec la signalisation...

Il ne nous reste alors qu'une ou deux boucles avant d'arriver à la passe qui s'avère encore enneigée.

Comme nous ne connaissons pas l'état du bitume de l'autre côté, nous choisissons finalement de revenir sagement par là d'où nous sommes venus !

Je rebranche la machine à remonter le temps pour mai 2018.

A cette date, il nous fut impossible de rouler jusqu'au col. Nous avions donc abandonné la voiture au niveau du dernier bitume visible et continué à pied.

Une sacré balade sans raquettes !

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La météo n'incite guère à s'éloigner de la douce chaleur du poêle en cette dernière journée briançonnaise.

Nous prenons donc bien notre temps avant de partir se balader un peu.

Notre premier objectif, le col du Lautaret !

Perché à 2058 mètres d'altitude, il reste ouvert toute l'année, un ballet de chasse neige dégageant les voies au moindre flocon.

Une vue panoramique sur les sommets enneigés s'offre à nous dès les parkings. Nous tentons alors une randonnée mais le blanc occupe bientôt une bonne partie des sentiers nous obligeant à rebrousser chemin.

Je remonte une dernière fois le temps pour vous présenter les lieux plus ensoleillés mais aussi beaucoup plus enneigés...

Le col de Granon n'est pas très loin, nous n'y sommes jamais allés. Pourquoi pas aujourd'hui ?

Nous retrouvons rapidement la vallée de Serre Chevalier puis entamons la modeste D234 T qui grimpe très sec jusqu'à un peu plus de 2400 mètres d'altitude. Au col, le goudron se transforme en sentier permettant à de courageux Vttistes d'effectuer une boucle Briançon- Briançon via ce col et la vallée de la Clarée.

Le versant est bien exposé, la neige nous bloquera assez haut.

Nous abandonnons la voiture au bord de la route puis marchons un peu.

Nous sommes maintenant juste en dessous du col. L'orage gronde, le ciel est de plomb.

Ne tentons pas le diable et rentrons !

Nous découvrirons bientôt d'autres montagnes. Au prochain carnet ...