Du Cap au Kgalagadi

Une virée en 4x4 des vignobles du Cap aux dunes du Kalahari.
Mars 2014
18 jours
1

Le moteur du Nissan Double Cab ronronne. Les passagers sont attendus.

Et c'est le top départ pour quelques milliers de kilomètres à travers l'Afrique du Sud !

Je vous promets du sable et des cailloux. Mais aussi un grand bol d'iode et de senteurs marines...

Avant de se poser délicatement sur la piste, l'avion amorce un dernier virage offrant aux voyageurs une vue panoramique sur Cape Town, sa superbe baie et ses gigantesques bidonvilles coincés entre aéroport et océan.

Les passagers débarquent en un clin d'oeil, les formalités sont expédiées en quelques minutes, les bagages retrouvent rapidement leurs propriétaires.

Nous voilà donc bientôt chez Thrifty pour prendre possession du poussif mais vaillant 4x4 qui sera notre fidèle destrier durant les 18 trop courtes journées de ce voyage.

Ce n'est pas la Rolls du genre mais pour 45 euros par jour ce véhicule fera parfaitement l'affaire sur les pistes empruntées. De plus, il s'avérera beaucoup plus étanche à la poussière que les X trail, Tucson et Corolla précédemment loués ! (Autre avantage : avec cet engin, pas de risque d'amendes vu que sa vitesse de pointe atteint difficilement 120 en descente et 80 en montée...)

Le chauffeur se met aux commandes, le copilote sort sa vieille carte usagée.

Il est temps de gagner notre première étape : une propriété viticole des environs de Tulbagh.

Je vous laisse, c'est l'heure de la dégustation !


(Vous trouverez ici un topo sur la location de 4x4 et un guide des premiers pas en safari.)

2

La bouteille de Shiraz était bonne ? Le filet de boeuf fondant ? Le lit douillet ?

Je vous attends maintenant sous la tonnelle pour prendre le petit déjeuner.

Et si nous profitions de l'étape pour faire quelques emplettes ? Je crois que l'entrée de la cave est par ici...

Les bouteilles sont bientôt calées entre les bagages.Nous pouvons envisager sereinement la suite du programme...

C'est quoi déjà ???

Un petit tour au Pick n Pay pour les provisions, un petit tour à la pompe pour remplir le réservoir et à nous les premières pistes !

Les kilomètres sont avalés sous un soleil de plomb. A raison d'une ferme tous les 20 kilomètres et d'un véhicule tous les 30, nous comprenons rapidement que l'Auvergne est finalement une région surpeuplée...

Nous recherchions le silence et les espaces infinis. Le contrat sera parfaitement rempli !

Une pancarte nous indique alors que le logis réservé n'est plus qu'à quelques tours de pneu.

Le véhicule aborde une dernière montée et nous découvrons le camp d'Elandsberg : 4 spacieux cottages disséminés sur la colline.

Une dernière porte à franchir et nous voilà au paradis des agoraphobes.

Le soleil commence à disparaître derrière l'horizon. Allumons vite les lampes à paraffine (J'ai oublié de vous prévenir...Y a pas l'électricité ! ) et préparons les braises pour notre premier braai.

Le steak attend la caresse d'un couteau, les pommes de terre celle d'un nuage de beurre.

Les verres préfèrent le parfum capiteux du raisin à celui insipide d'une eau pourtant si pure.

Madame est servie...

Bon appétit et à demain !

3

J'ai passé la nuit à écouter le silence...


Pas de portes cochères qui claquent, pas de poubelles qui s'entrechoquent au matin.

Pas de chiens qui aboient, pas de chats qui ronronnent ou qui miaulent.

Pas de musique, pas de parole et surtout pas de télé.

Pas de voisins sans gêne, pas de fêtards avinés...

Juste le murmure du vent, la respiration apaisée d'un dormeur et le chant des oiseaux au petit jour.


Une douche, un petit déjeuner, quelques heures de contemplations du paysage et un déjeuner plus tard, nous nous décidons enfin à reprendre le volant pour explorer les environs.

Si nous allions admirer la vue depuis le col de Gannaga ?

La large et confortable piste

Cède bientôt la place à un chemin étroit, pentu et tournicotant.

Une vue plongeante sur la plaine s'offre désormais aux regards, aux seuls regards des passagers de la Nissan qui n'ont pas croisé d'autres voyageurs depuis leur arrivée dans ce parc.

Le véhicule fait maintenant volte face et entame la descente tandis que le copilote adresse une muette prière au Dieu des freins, plaquettes et autres disques...

Les mains se décrispent, les doigts se décroisent. Nous avons regagné le plat !

Une antilope, un rapace, un oryx et une timide chacal

Rappellent alors aux visiteurs que, si l'être humain se fait rare, la vie abonde pourtant dans les plaines de Tankwa.

Le soleil tire sa révérence, il faut regagner notre logis !

Je vous souhaite une excellente nuit.

4

Les amateurs de longues étapes et de grands espaces (vides...) vont aujourd'hui être ravis !

De la piste, de la piste, un dernier regard sur Tankwa et encore de la piste...

Quelques kilomètres de pistes

Nous croisons enfin un premier véhicule, une charrette tractée par quelques ânes, avant d'atteindre Calvinia où nous retrouvons le goudron...

Le goudron mais ni les embouteillages, ni les villes.

Le prochain village est à 150 kilomètres, le suivant à 300, le dernier à 450.

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Tiens la circulation s'intensifie !

Le vert l'emporte sur les déclinaisons de jaune, les vignes s'étalent à perte de vue.

Serions-nous donc arrivés à notre étape du soir, les bords du fleuve Orange ?

La terre est bleue comme une orange a écrit le poète.

L'Orange est bien bleu, un ruban d'eau qui coule du Lesotho aux frontières de la Namibie apportant aux terres arides du Kalahari un peu de fertilité.

Je vous laisse profiter de l'étape et du restaurant. Moi, je vais me coucher !

La climatisation et les courants d'air ont eu raison de mon fragile gosier...

Une bonne nuit de sommeil et tout ira mieux !

Enfin, je l'espère...

5

Après un passage à la pharmacie, à la petite boutique de fruits séchés (Je conseille les poires... ) et à notre supermarché préféré, nous franchissons rapidement les derniers kilomètres qui nous séparent du Grand Nord : le Kgalagadi !

Nous laissons bientôt l'entrée du parc derrière nous et entamons notre premier safari.

Le défilé animalier commence alors au détour d'une piste...

A l'oryx revêtu d'une robe au graphisme aussi sobre qu'élégant d'ouvrir le bal !

L'autruche préfère le clinquant d'une parure toute en plumes et esquisse quelques pas de danse. Le lion, quant à lui, a complètement oublié l'heure de sa prestation et ronfle dans un buisson...

Nous abandonnons le lion à sa digestion (son indigestion ?) et poursuivons notre route jusqu'au toujours aussi superbe camp de Kieliekrankie.

Le sable rouge est aujourd'hui couvert d'un tapis vert. La pluie a donc dû être au rendez-vous.

Les herbes folles partent à la conquête des bungalows et les fleurs à celle du point d'eau.

Bientôt l'horizon s'assombrit alors qu'un vent violent se lève.

Les voyageurs renoncent au spectacle des flammes d'un brasier et admirent l'orage qui éclate.

Le ciel prend alors l'aspect d'une peau de zèbre, une encre noire striée de blanc...

Le show électrique se joue sans le son tant son origine est lointaine.

Il se joue aussi à sec alors que les éclairs mettent en valeur un rideau de pluie au lointain.

Nous dînons émerveillés par ce feu d'artifice naturel en nous félicitant de ne pas en être les victimes trempées...

6

CRAAAAAAAAAAACCCCCCCCCCCC

CCCCCCCCCCRRRRRRRAACCCCCCCCCCCCCCC

Que se passe-t-il ?

Une heure indique le réveil...

Orage indique le paysage derrière la mince vitre...

CCCCCCCCCCCRRRRRRRRRRRRRaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaCCCCCCCCCCCC

Le vent et la pluie s'engouffrent par les fenêtres laissées ouvertes pour profiter de la fraîcheur de la nuit.

Une rigole d'eau glisse sous la porte mal jointe du balcon.

CrrrrraaaaaaaaaCCCCCCCCCC

Je pose un pied hors du lit. Le sol est mouillé....

CCCCCCCCCCCCCCrrrrrrrrrrrrrrrrraaaaaaaaaaaaac

Le bungalow ressemble bientôt à un navire en perdition.

Voilà donc les safaristes transformés en marins d'eau douce !

Je me bats avec les écoutilles qui préfèrent la caresse du vent et le clapotis des trombes d'eau à mes envies de fermeture tandis que mon compagnon abandonne vite un écopage sisyphesque pour une action plus radicale : la surélévation...

Nos efforts portent rapidement leurs fruits : la plupart des ouvertures sont colmatées et nos bagages survivent à la montée des eaux.

Les Crac bercent alors les voyageurs qui sombrent dans un profond sommeil...

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Le soleil se lève, les voyageurs aussi.

Quelques flaques et quelques grains de sable subsistent sur le carrelage, seules traces de la violence de l'orage.

Le souvenir de notre première expédition au Kgalagadi nous revient alors en mémoire : une petite voiture, des chemins transformés en rivières sur 10, 20, 50 mètres...

Les pistes seront-elles aujourd'hui inondées ?

Nous tentons bientôt notre chance.

Il nous faut en effet rejoindre notre prochaine base, le fameux Kalahari Tented Camp.

A la croisée des chemins, une petite mare atteste que la saison est bien à la pluie mais ce ne sont pas ces quelques centimètres d'eau qui vont effrayer le 4X4 !

Rassurés, les voyageurs se consacrent désormais entièrement à l'observation de la nature décidément généreuse cette année.

Cette abondance d'herbes fait d'ailleurs les délices de tous les quadrupèdes du coin qu'ils soient à poils ou à carapace.

Un jeune aigle couronné observe le manège d'un écureuil quelque peu exhibitionniste.

Un gnou déboule de la dune, puis s'affale à l'ombre d'un arbrisseau.

Les girafes entament une parade qui me donne le torticolis.

Effrayée par le bruyant passage de la Nissan, l'autruche accourt protéger ses petits sous l'oeil impavide d'un secrétaire et celui, plus gourmand, d'un vautour.

Plus nous montons vers le nord, plus le paysage prend des airs bucoliques et plus le garde manger des carnivores s'étoffe.

Le lion, le léopard et le guépard ne daignent cependant pas se montrer et nous devrons nous contenter d'un derrière de chacal avant de bifurquer vers le Kalahari Tented Camp.

La tente numéro 1 nous a été attribuée.

J'ouvre la porte du garage et le 4X4 se faufile derrière les barbelés protecteurs.

A gauche, la cuisine, à droite, la chambre...

Devant, le braai et par delà la vallée de l'Aob.

Le soleil peint les nuages en rose, la température chute. C'est le quart d'heure colonial des animaux.

Un troupeau de springboks file dans la plaine.

De droite à gauche puis de gauche à droite comme des électeurs déboussolés...

Le martèlement des sabots rompt le silence tandis que les plus excitées des antilopes entament un concours de sauts.

Gnous et bubales se joignent à la fête puis le ballet s'achève dans une nuée de poussière.

Les herbivores gagnent alors le point d'eau tandis que sonne l'heure de l'apéro sous la tente numéro 1...

N'abusez pas du Savanna Dry ou de la Windhoek car nous nous réveillerons demain avant l'aube !

8

5H30 !Il faut se lever...

Une douche et l'agréable odeur d'un café qui passe dissipent les dernières brumes dans le cerveau des voyageurs.

6H00.

Le 4x4 quitte la protection des barbelés et prend la direction du point d'eau le plus proche.

Les kilomètres se succèdent, pas un animal...

3 véhicules arrêtés dans le lointain indiquent bientôt aux safaristes qu'ils n'ont pas sacrifié en vain leur sommeil.

Les jumelles et les objectifs pointent vers la gauche...

Nous nous rapprochons alors des lieux et garons la Nissan pour une étude approfondie des environs.

Tu vois quelque chose ?

Oui !

Regarde là bas à quelques centaines de mètres près de la mare laissée par les pluies !

Une beau couple de lions...

Il y en a aussi un à droite caché dans les buissons !

Et puis encore un autre, là, juste devant le springbok qui ne paraît guère troublé par cet inquiétant voisinage...

Les animaux se lèvent et se recouchent.

Une deuxième tentative de réveil est plus concluante et voilà les féroces carnivores qui se rapprochent doucement mais sûrement de notre 4x4 .

Quelques retardataires se prêtent de bonne grâce à la pose avant de rejoindre d'un pas décidé leur petit camarade qui s'impatiente.

La troupe enfin réunie reprend alors son activité favorite, la sieste !

D'ailleurs, nous allons en faire de même et rebroussons chemin vers notre lit...

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Une sieste, une petite omelette, un peu de lecture...

Un nouveau safari !

Nous retournons sur les lieux de la rencontre matinale mais les lions se sont évaporés.

Le springbok comme l'oryx fêtent leur départ sous le regard perplexe d'un aigle et celui, malicieux, d'un écureuil.

Nous reprenons alors notre route sous la tendre caresse d'un soleil...

Qui se meurt entre les bras rugueux d'un bosquet d'acacias.

Bonne soirée et à demain !

9

Un nouveau jour se lève.Les voyageurs remballent valises et provisions et quittent à regret le Kalahari Tented Camp pour Nossob.

Un ratel tente alors de nous barrer la route pour piller notre glacière mais nous parvenons à prendre la fuite !

Pas de photos, elles sont ratées, nous tremblions...

Le danger écarté, nous poursuivons, rassurés, notre chemin à la recherche de plus sympathiques animaux..Que nous ne tardons pas à rencontrer...

Deux jeunes lions montent la garde sous le couvert des arbres.

L'oeil aux aguets...

L'un d'entre eux ne tarde pas à repérer notre véhicule...

Mais détourne finalement le regard, peu intéressé par la viande en conserve.

Il semble en revanche avoir découvert quelque chose d'infiniment plus goûteux derrière notre véhicule.

Nous tournons la tête et apercevons bientôt l'objet de sa convoitise.

Un jambonneau de springbok ? Un rôti de bubale ?Ou bien encore, délice des délices, un jeune oryx fondant sous la canine ?

Heureusement pour tout ce joli monde, l'appel de la sieste est irrésistible et les lions se rendorment en remettant à plus tard leurs agapes.

Nous redémarrons alors doucement et reprenons le chemin de notre prochaine étape.

La piste devient extrêmement sableuse. Aucun doute, nous arrivons à Nossob !

Comme souvent, la barrière du camp est fermée.

Il faut dire que les environs sont très fréquentés par d'impressionnants félidés que le voyageur peut parfois entendre mugir depuis sa terrasse...

Manquerait plus que ces féroces animaux viennent jusque dans nos bungalows, égorger les visiteurs !

Je balaye l'horizon du regard puis descends précautionneusement du véhicule et fais glisser le portail.

Le 4x4 entre alors dans l'enceinte de ce camp poussiéreux et accablé de chaleur...

Nous nous installons bientôt pour bouquiner sous l'ombre à peine rafraîchissante d'un arbre.

35 indique le thermomètre et pas un souffle d'air.

La nuit risque d'être pénible sous le toit de tôle...

Les rayons du soleil perdent finalement un peu de leur ardeur.

Si nous allions découvrir ce qui se passe au point d'eau ?

Nous empruntons le petit couloir de bois qui débouche sur la cachette aménagée face à la plaine.

D'autres voyageurs sont déjà installés dans le cabanon et entament le concours de celui qui possède le plus gros des objectifs.

Il va sans dire que nous ne finissons pas dans les premiers...

Mais qu'importe !

Notre petit Lumix réussit tout de même à capturer l'image de quelques oiseaux de proie qui se dorent la plume au soleil

Tandis qu'un secrétaire tente d'impressionner un groupe de mangoustes interloquées.

10

La nuit a été aussi mauvaise que prévue entre chaleur éprouvante et toux persistante des malades.

Nous nous précipitons donc hors de la fournaise dès que les premières lueurs du jour illuminent notre bungalow.

Un copieux petit déjeuner plus tard, nous quittons Nossob direction plein Nord ! A la sortie du camp, nous rencontrons deux chacals assoiffés...

Puis un oryx protégeant de son large poitrail une bande de bubales pygmées.

C'est alors que surgit la croisée des chemins : à droite le Botswana, tout droit Union's end, l'ultime frontière septentrionale du Kgalagadi sud africain.

Une nouvelle pancarte attise bientôt la curiosité des voyageurs.

Le mythique Polentswa ! Si nous allions découvrir ce lieu magique qui fait briller l'oeil de tant de voyageurs ?

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Nous nous engageons sur la très roulante piste menant au nirvana des campeurs.

Quelques kilomètres sablonneux plus loin, nous comprenons que nous touchons au but en apercevant quelques constructions noyées dans la verdure.

Il n'y a pas de gardiens, pas de barrières et les emplacements ont plus la superficie d'un terrain de foot que celle d'une studette parisienne...

Les commodités sont réduites au strict nécessaire : un auvent de bois pour se protéger du soleil et de la pluie, un braai et une salle d'eau à ciel ouvert.

Dormir en ces lieux isolés avec pour seuls voisins les animaux et seuls bruits le grondement d'un orage au lointain doit être une expérience inoubliable !

Mais je crains de ne pouvoir y fermer l'oeil de la nuit en sachant que seule une fine toile de tente me sépare de ces possibles visiteurs du soir rencontrés à quelques lieues de là !

Nous abandonnons les deux lions rencontrés à la sortie de Polentswa à leurs fragments de rêves, fragments d'ailleurs.

Et poursuivons notre route jusqu'à Grootkolk, le seul camp du Kgalagadi Sud Africain où nous n'avions encore jamais dormi.

Après un copieux déjeuner, les uns sont de corvée de vaisselle alors que les autres se demandent si le ciel ne va pas leur tomber sur la tête.

Nous tentons cependant une sortie qui s'avère aussi aquatique que prévue


Les animaux semblent cependant apprécier cette douche rafraîchissante et entament une danse de la pluie.

Les voyageurs profitent bientôt d'une timide éclaircie pour accomplir un curieux pèlerinage. Malheureusement lionceau échaudé craint l'eau froide et aucune boule rousse ne daigne montrer sa frimousse.

Une autre année, peut-être !

Le soleil se couche...

Nous aussi.

---/---

Je tombe bientôt dans un profond sommeil bercée par le souffle d'un petit vent qui caresse agréablement la peau des dormeurs.

rrrrrrrrrrrrrrrrrrhaou

Mon inconscient se met en mode alerte.

RRRRhaaaou

L'image d'un lion s'invite dans mes rêves.

RRRRRRRRRRhhhhhhhhAAAou

Je me réveille...

RRRRRRRRRRRRRRRRRRrrrrrrraaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhoUUUUUUUUUUUU

T'as entendu ?

RRRRRRRRRRRRHHHHHHHHHHHHHHHHAAAAAAOUUUUUUUUUUUU

Ça se rapproche !

Un bruit d'herbes foulées, un craquement de branches piétinées...

RRRRRRRRRRHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAOUUUUUUUUUUUUUU

Glups!

Tu vois quelque chose ?

La nuit est impénétrable, le danger reste invisible.

Les sens des voyageurs sont en alerte rouge...

RHHHHaaaaaaaaaau

rrrrrhaou

rhaou

rh

Le coeur des voyageurs s'apaise....

La nuit retrouve bientôt son calme absolu.

Je retourne alors à mes rêves...

Bonne nuit !

11

Il est 5 heures, Grootkolk s'éveille ! C'est l'heure où la hyène va se coucher...

Nous laissons le disgracieux animal regagner son foyer et reprenons notre route. Direction plein Sud, désormais.

Notre regard est bientôt attiré par ces quelques silhouettes juchées au sommet d'acacias.

Nous nous rapprochons des arbres et identifions l'oiseau squatteur : le vilain marabout.

Il n'est pas tout seul d'ailleurs !

Il paraît assez vain d'attendre la venue d'autres animaux à ce point d'eau...

Nous poursuivons donc notre chemin puis profitons d'une aire de pique nique pour prendre notre déjeuner.

Le soleil a chassé les nuages mais pas les charognards qui semblent tous s'être donné le mot pour se montrer aujourd'hui !

Un magnifique aigle puis un chacal facétieux rompent alors la malédiction de l'ugly five que nous retrouvons cependant bien vite, se dandinant sur la piste !

SttttttttOOOOOOOOOOOOp !

T'as vu quoi ?

Recule mais fais attention au serpent qui traverse la route.

Le cobra du Cap, dont la morsure est mortelle dans plus de la moitié des cas, se glisse dans l'herbe tandis que les voyageurs se réfugient dans leur bungalow...

Et se remettent de leurs émotions en admirant le ciel passer du bleu au rose.

12

Le soleil surgit de la dune, il faut quitter Kieliekrankie...

Un gracile steenbok tente de retenir les voyageurs mais l'heure tourne et une longue étape nous attend !

Un, deux puis trois Porsche Cayenne confondent bientôt la piste avec une autoroute allemande.

J'espère qu'ils ne finiront pas comme cette étrange tortue rencontrée un peu plus loin...

Nous parvenons alors à la sortie du parc et retrouvons le goudron.

100, 200, 300 kilomètres passent.

Et fini le confort du macadam...

Les nids envahissants du républicain social ponctuent la piste de leurs étranges parasols et font oublier la monotonie d'une route qui semble vouloir ne jamais s'achever.

Quand est-ce qu'on arrive ?, couine le chauffeur. Bientôt, murmure le copilote.

Une notion de temps élastique...

18 00.

La silhouette d'une petite ville se découpe à l'horizon.

Carnarvon, nous voilà !

Nous sommes dimanche et le seul restaurant de la ville ouvert en cette divine journée ferme bientôt.

Bon appétit !

(Une pizza pour changer...)

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Un dernier col, une dernière piste et nous parvenons à notre prochaine étape !

Seuls quelques kilomètres nous séparent de notre foyer pour les trois prochaines nuits.

Je vous propose maintenant de me rejoindre sur la terrasse pour profiter du somptueux paysage en dégustant une boisson bien glacée !

Si nous allions maintenant découvrir les merveilles de ce parc ?

Les jours précédents ont été pluvieux et les pistes réservées aux 4X4 sont fermées.

Nous décidons donc d'emprunter la boucle qui grimpe à travers les montagnes du Nuweveld avant de redescendre serpenter dans les plaines du grand Karoo.

Nous croisons bientôt le chemin de quelques habitants des lieux.

Certains sont plus coopératifs que d'autres !

Mais tous ont tout de même une fâcheuse propension à la fuite ce qui ne fait guère les affaires du photographe.

Nous comprenons rapidement le motif de ce manque de collaboration : la vengeance !

Les antilopes menaient une vie sereine dans ce parc jusqu'à ce que l'homme eut l'idée saugrenue d'y réintroduire le lion.

Fini l'insouciance de l'herbivore !

Bienvenue au paradis du carnivore...

Quel empêcheur de brouter en rond, ce ... de bipède !

Nous laissons les animaux à leur bouderie et en deux lacets, trois épingles à cheveux, nous parvenons au sommet des montagnes.

Le soleil entame son déclin. Il faut regagner notre foyer.

Au programme du soir, dégustation de produits locaux et contemplation !

Faites de doux rêves...

14

Après un safari très matinal durant lequel nous ne verrons ni la queue d'un lion, ni celle d'un rhinocéros, joyaux bien cachés de ce parc, nous décidons de rejoindre le restaurant du camp pour prendre le petit déjeuner.

La très sympathique serveuse nous accompagne à travers la salle, nous tend le menu et nous invite à nous servir en thé café et toast au buffet.

Lion breakfast, Hunter breakfast

Tu as envie d'un steak à cheval, toi ?

Omelet breakfast

Avec des tomates, des pommes dauphines, des saucisses, du bacon...

Cold breakfast

Parfait ! Du muesli, des fruits, du yaourt nature et un muffin.

Nous passons alors commande puis observons les autres convives.

Un papy trottine vers le buffet.

Une mamy range son déambulateur.

Une tablée de cheveux blancs attaque vigoureusement son steak...

Il faut bientôt se rendre à l'évidence : nous sommes, et de très loin, les benjamins de l'assemblée !

Requinqués par le repas et le coup de jeune, nous regagnons notre bungalow pour une petite sieste.

A plus tard pour le safari de l'après midi !

Dans la partie 4x4 du parc cette fois-ci.

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Il est 3 heures. Nous quittons le confort climatisé du bungalow pour une petite exploration du Karoo.

Une sentinelle avertit bien vite tous les ongulés de notre passage. C'est à nouveau la débandade !

Nous tentons donc notre chance sur une nouvelle piste, une longue et magnifique piste, réservée à de plus agiles véhicules qu'une malheureuse Chico.

La guigne nous abandonne enfin.

L'antilope et le zèbre font un concours d'oreilles dressées. (Pas besoin de vous communiquer le nom du vainqueur...)

L'échassier, vexé de ne pouvoir participer, boude dans son coin...

Tiens...

Qu'est ce donc ?

Sur ces terres se trouvaient autrefois de vastes exploitations agricoles pratiquant l'élevage extensif du mouton

Il reste ça et là des traces de ce passé comme cet enclos ou bien encore ce corps de ferme restauré en wild cottage pour amateurs d'isolement.

Un oryx semble alors nous inviter à le suivre...

Dans la lumière déclinante de cette si belle journée.

Il est 6 heures.Le parc va fermer.Regagnons maintenant nos pénates.

Ce soir, c'est Pâques avant l'heure au dîner , agneau du Karoo au braai !

Délicieux...

15

Après un petit déjeuner roboratif au club des anciens, nous voilà fin prêts pour une nouvelle journée qui, de pistes en pistes, nous entraînera aux confins du parc.

Nous reprenons tout d'abord la route qui serpente dans les montagnes.

Un voile de brume enlace les sommets...

Avant de s'évaporer sous les ardents rayons d'un soleil bien décidé à faire rôtir les voyageurs dans leur sauna roulant.

Malgré sa robe couleur de muraille, l'oréotrague n'échappe pas à l'oeil vigilant du copilote qui inspecte toujours chaque buisson, chaque rocher bien qu'il ait, depuis longtemps, perdu tout espoir d'entrevoir une crinière de lion, une corne de rhinocéros ou un aigle noir fondant sur sa proie.

Nous atteignons alors l'aire de pique nique où sont censés nous retrouver les absents.

Faute de grives, nous nous contenterons encore de jolis merles...

Un choix cornélien s'offre désormais aux visiteurs : la route ou la piste ?

Va pour la piste...

Et suivons les traces boueuses de nos prédécesseurs !

Un gué, un autre gué

Un trou d'eau...Demi-tour !

La Nissan s'engage alors sur un terrain certes plus sec...

Mais surtout plus pentu !

Le soleil est maintenant au zénith.

L'horizon se trouble comme se trouble l'esprit des voyageurs à la vue de cette étrange apparition.

L'illusion ne dure heureusement qu'un instant et le couple infernal retrouve sa dualité.

De là vient bien évidemment l'expression un drôle de zèbre...

Un gargouillis résonne bientôt dans l'habitacle.

La faim taraude les safaristes !

Nous reprenons donc le chemin de l'aire de pique nique où nous attend un peu de fraîcheur sous l'ombre des acacias.

Le soleil s'est caché derrière les montagnes, les braises tiédissent dans l'âtre.Les deux voyageurs contemplent la nuit étoilée.

Un bruit furtif interrompt le silence.

Nous scrutons le bush qui s'étend par delà la mince barrière protectrice.

Une branche craque, un claquement de mandibules parvient alors à nos oreilles.

Je récupère la lampe torche et la braque vers les buissons.

Un oeil doré apparaît dans le faisceau lumineux.

Puis un autre.

Et encore un autre.

Trois koudous impassibles entament leur banquet de feuilles, c'est le carnage dans la végétation...

Les altiers animaux se laissent admirer un instant puis disparaissent aussi discrètement qu'ils sont arrivés, nous laissant seuls face à nos rêves d'absolu.

Bonne nuit...

16

Le séjour dans le Karoo National Park touche à sa fin.

C'est à regret que nous quittons ces paysages, certes moins propices à la rencontre animalière, mais si grandioses dans les brumes d'un petit matin ou dans l'embrasement d'un coucher de soleil.

L'autre atout de ce parc est sa très faible fréquentation. S'il y avait bien du monde dans le camp, il n'y avait personne sur les pistes !

Nous avons ainsi parcouru toute la partie 4x4 sans croiser âme qui vive.

Je vous donne maintenant rendez-vous à Prince Albert, petite bourgade située aux pieds du massif du Swartberg, massif que nous franchirons dans l'après-midi.

Le massif du Swartberg, montagne noire pour les francophones, se rapproche,

Tout comme se rapproche la petite ville touristique de Prince Albert. Monsieur trône sur les collines, Madame, sur les poubelles. Pauvre Victoria !

Nous laissons la reine à son désarroi et profitons des multiples restaurants pour prendre un délicieux déjeuner.

Requinqués par une bonne saucisse genre Francfort accompagnée d'une salade de pommes de terre, plat idéal en cette torride journée..., nous attaquons maintenant la montée vers le col du Swartberg.

La piste s'engouffre d'abord dans un étroit défilé puis grimpe à l'assaut des montagnes.

Encore quelques virages, quelques arrêts photos, et nous voilà au sommet !

La température a fraîchi, la végétation a changé. Le parfum des fleurs remplace la poussiéreuse odeur d'une terre accablée de soleil.

Derrière nous s'étalent les plaines désolées du Grand Karoo alors qu'à nos pieds se devinent les surfaces abondamment cultivées du Petit.

La piste redevient plus carrossable le col passé.

Une dernière pente abrupte et nous quittons les montagnes !

Se retirer à Groetfontein.

Plus les kilomètres passent, plus je me demande pourquoi, les propriétaires de cet hôtel ont donné un tel nom à leur établissement...

Je vous laisse éclaircir ce mystère pendant que je vais prendre un puis deux bains.

Rendez-vous à la table d'hôtes pour le dîner !

Autour d'un verre de vin, nous rencontrons les autres invités : des cheveux blancs, des cheveux argentés mais aussi un couple de trentenaires.

La plupart sont allemands, d'autres anglais et l'Afrique du Sud les a attirés pour son art de vivre et ses paysages. Ils reviennent d'années en années sillonner les environs du Cap. Certains s'y sont même installés.

On m'avait autrefois mise en garde contre les banquets géorgiens mais personne jusqu'alors ne m'avait avertie du danger germanique et de la perfidie des sujets d'Albion...

Cette table paraît en effet bien innocente avec ses cruches d'eau posées ça et là.

Ne vous y fiez pas...

Dans quelques heures, le spectacle sera tout autre.

Bon appétit ou plutôt Prost !

(J'espère qu'il vous reste quelques cachets d'aspirine...)

17

J'ai un peu la langue pâteuse ce matin...Un bon petit déjeuner et il n'y paraîtra plus !

Nous reprenons maintenant la route direction l'océan Indien.

Plus qu'une dune à franchir...

Et à nous les joies de la baignade !

T'es sûr que tu veux te baigner, toi ?

Il doit faire un petit vingt au soleil et les rafales de vent se succèdent !

Si nous allions plutôt déjeuner ?

Nous échangeons les maillots pour une polaire et allons rechercher un peu de chaleur dans le seul restaurant du coin...

Le repas englouti, nous décidons d'emprunter la piste qui passe au large de l'océan pour gagner notre étape du soir, Cape Agulhas.

Surveillés par la brigade mobile, nous évitons habilement vaches et moutons.

Notre progression est bientôt stoppée nette par une rivière. Il n'y a plus qu'à attendre le bac.

Il est étrange, ce bac.Aucun bruit de moteur, aucune cabine de pilotage !

Un billet de 50 rands, un filin d'acier et la force de trois hommes nous permettent de franchir l'obstacle.

Un heure plus tard, nous atteignons enfin notre but...

Le bien nommé Cap des Aiguilles !

A droite, l'océan Atlantique, à gauche, l'océan Indien.

Je vous invite à me rejoindre côté atlantique où nous nous installerons pour les 2 dernières journées de notre voyage.

Je vous souhaite une excellente nuit dans l'odeur salée de la lande, le déferlement des eaux tumultueuses de l'océan et les ardeurs d'un vent qui s'engouffre sous le toit de chaume.

18

Le réveil sonne. Je jette un oeil à la fenêtre. Il pleut...

Le programme du jour commence donc par une grasse matinée.

Le réveil sonne. Je jette un oeil à la fenêtre. Le ciel est plombé mais plus de bruine.

Sortons prendre un grand bol d'air !

Les vagues partent à l'assaut des rochers.

Le déchaînement des éléments ne semble guère troubler les habitants des lieux.

Nous nous promenons alors parmi la lande puis la grève.

Regagnons vite notre logis,

Le lumière sans sons du soleil s'achève...

Tandis que s'étoile la nuit.

19

Encore une poignée d'heures et il faudra quitter le sol africain.

Profitons de ces derniers instants pour contempler les paysages de l'Overberg puis empruntons la fameuse...

Qui longe l'océan.

Sous un ciel d'ardoise, nous parvenons alors à Betty's bay, petite station balnéaire célèbre pour sa colonie de pingouins.

Quelques kilomètres plus loin, la route débouche sur la superbe baie qui s'étale à l'est du Cap.

L'aéroport est maintenant tout proche.

Nous laissons la brave Nissan chez Thrifty puis prenons notre envol...

Vers de nouveaux horizons.