Le lendemain matin, début du trek ! Nous faisons la connaissance de notre guide pour ces deux prochains jours, Khaw Lin, ainsi que des autres touristes qui composent notre groupe de voyage, trois sud-coréens et deux israéliens. Rapidement, la bonne humeur s’installe et nous nous montrons tous extrêmement curieux des cultures des uns et des autres. C’est dans cette atmosphère positivement internationale que nous arpentons les magnifiques montagnes du Myanmar. Sur la route, nous marquons plusieurs haltes dans les villages que nous croisons. Dans ces lieux reculés, les habitants ont leur propre dialecte, et vivent d’autoconsommation, des fruits et légumes qu’ils cultivent. Leurs vêtements traditionnels diffèrent également de ceux qu’on connaissait jusqu’à lors, portant un costume tout noir avec une sorte de turban coloré sur la tête.
Alors que nous passions par l’un de ces villages, notre guide nous indiqua qu’un mariage y était célébré aujourd’hui. Ni une, ni deux, et nous voilà installés à table au milieu des invités. Après avoir grignoté quelques mets, sous l’œil dubitatif des locaux, Khaw Lin nous propose d’aller saluer les mariés. C’est entre gêne et curiosité que nous allons donc à leur rencontre. Ici, pas de robe blanche ni de costume, mais des tenues traditionnelles de couleur grise et assez peu festive. La mariée n’en demeure pas moins magnifique ! Une journée particulière pour ses deux jeunes âgés de 20 et 22 ans, qui semblent pourtant s’ennuyer, assis toute la journée par terre, derrière un petit banquet. Est-ce notre présence qui les met mal à l’aise ? Possible. Quoi qu’il en soit, nous ne nous éternisons pas. Après les avoir félicités, nous reprenons la route.
À l’orée du village où nous devons passer la nuit, nous croisons des jeunes jouant au sport le plus populaire du pays, le Chinlon, qui s’apparente au tennis ballon. Le principe consiste à se renvoyer une petite balle tressée en bambou, au pied ou avec la tête au-dessus d’un filet de volley. Arthur qui voulait essayer depuis le début du voyage se réjouit de cette partie improvisée. Difficile de rivaliser avec les locaux mais il se défend pas trop mal !
Le soleil se couche lorsque nous arrivons chez notre hôte. Nous faisons le tour du propriétaire. Des toilettes à la turc au fond du jardin, trois murs en pierre protégeant un sceau d’eau menant sur la route en guise de douche, et une grande salle dans laquelle étaient installés une rangée de matelas pas plus épais que des tapis de sol. Ce sera parfait pour la nuit. Puis nous partons découvrir le village avant le dîner, en compagnie de Khaw Lin qui semble connaître tout le monde ici, car il y a l’habitude de dispenser des cours bénévolement. Il nous présente à de nombreux habitants et nous sommes invités à prendre l’apéro chez l’un d’eux, qui nous accueille très chaleureusement dans sa modeste maison en bambous. Cette famille nous offre généreusement ce qui s’apparente chez eux à des gâteaux apéros en riz soufflé, avec une tasse de thé. Nous échangeons tant bien que mal avec eux, entre langage des signes et quelques mots d’anglais basiques. Heureusement Khaw Lin est là pour faire l’intermédiaire et nous raconter des anecdotes sur cette famille et la vie au village. Puis, nous nous essayons à l’alcool local fait à base d’eau de riz. Une forte odeur de banane s’en dégage, expliquant certainement l’image du singe présent sur la bouteille. Le nom trop difficile à retenir, c’est tout naturellement que nous rebaptisons cette boisson : le MONKEY. Cela semble beaucoup amuser nos hôtes, et nous trinquons tous au Monkey, éclairés sous une ampoule faible et blafarde.
Ici, pas de photos ni de vidéos, mais simplement le souvenir poignant d’un beau moment de partage grâce à l’hospitalité exceptionnelle de ces personnes, qui nous offrent le peu qu’elles ont.
Nous rentrons diner et ne tardons pas à aller nous coucher, épuisés de cette journée.
6h30, le réveil sonne. La nuit a été difficile mais une envie pressante me sort du lit. Pratique. Je croise un bœuf en allant aux toilettes. Banal. Après le petit déjeuner, on se lave les dents en crachant le dentifrice par terre. Classique. Et la journée recommence.
Après une matinée de randonnée similaire à la précédente, le trek touche à sa fin. Le périple se termine par la traversée reposante du lac en bateau.
La fin de la journée arrive et nous prévoyons une journée d’excursion sur le lac le lendemain. Nous rentrons tôt car je me sens très fatiguée, probablement dû à ces deux jours de treks éreintants. Et les ennuis commencent…
Je me réveille le lendemain matin, pas reposée du tout… Mon corps entier est endolori. Je me sens barbouillé et j’ai une barre à la tête. Aucun doute : une insolation. Je me force à faire bonne figure. C’est raté. Ma mine de déterrée ne trahie personne, surtout pas Arthur. Heureusement, la journée est plutôt calme. Pas de marche, nous sommes assis dans une pirogue toute la journée, en compagnie d’un capitaine qui nous propose des haltes dans différents endroits du lac. Tout un écosystème a été développé au milieu du lac, où des villages entiers, commerces et manufactures ont été construits sur pilotis. Ce sont des infrastructures flottantes étonnantes et singulières, qui sont superbes à découvrir ! Entre autre, nous naviguons dans les rues fluviales d’un village flottant, nous visitons une manufacture de textile de lotus et de soie, une autre de cigare et un atelier de bijoux en argent. Enfin, nous découvrons une fabrique d’ombrelle dans laquelle vivent les femmes dites « au long cou », qui s’allonge à mesure qu’elles y ajoutent des colliers serrés, si bien qu’elles ne peuvent plus les retirer car cela pourrait les tuer.
La journée se termine mieux qu’elle n’a commencé. Arthur qui a dû me trainer et m’a fait boire toute la journée remarque que je vais beaucoup mieux. Je me sens plus sereine pour la nuit de bus qui nous attend. Arthur ne peut pas en dire autant. Alors que je reprends des forces avec un bon repas après un jeûne de 24h, Arthur commence à avoir mal au ventre et ne peut rien avaler. Il se sent mal toute la nuit et les secousses du bus n’améliorent pas son état.
Diana