Carnet de voyage

Archéotour : un tour de France de l'archéologie

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2 étudiantes en archéologie et 1 rêve : partager cette passion ! Pendant 3 mois suivez-nous pour explorer l'univers de l'archéologie.
Du 15 juillet au 30 septembre 2017
78 jours
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A la suite de l'Archéotour en 2017, Anne-Lise a eu envie d'appliquer la recette à son terrain de jeu/études : l'Etrurie, pays des Étrusques. Marie ne peut malheureusement pas l'accompagner dans ce nouveau périple, mais un nouveau carnet de voyage (un peu différent) conte toujours les découvertes de cette jeune chercheuse en vadrouille.

Andiamo ! Destination l'Italie du Premier millénaire avant notre ère (avant les Romains !) !


Pour lire l'Etruscotour, un "Grand Tour" d'Etrurie, c'est par ici !

Etrusqueries : préparatifs 
Publié le 11 avril 2019

Après la publication, la promotion !

Qui croyait que tout se finissait après la publication ? Nous sans doute ! 😉 Nous découvrons à présent une nouvelle étape du travail d'écrivain : la promotion. Et nous voici de nouveau par monts et par vaux pour vous parler du livre !

Le week-end dernier, nous étions au festival archéologique à Saint-Dizier dans la Haute-Marne pour les premières séances de dédicaces de l'Archéotour. Il y avait quelques livres, des conférences, des films, et surtout des reconstitutions ! Archéologues ou amateurs, ils sont dans tous les cas passionnés et se donnent à fond pour retrouver les techniques, l'habitat et le mode de vie de différentes périodes. Nous avons ainsi rencontré les Ambiani, fier peuple gaulois du territoire picard, Guillaume et Guillaume charpentiers médiévaux, la cité des Leuques, Pernette potière de toutes les périodes et les gladiateurs d'ACTA !

Le public de Saint-Dizier est déjà acquis à l'archéologie grâce à son beau patrimoine. On y trouve en effet une villa rurale gallo-romaine, des nécropoles de l'antiquité tardive et des tombes mérovingiennes Et il y a même un collège avec une classe archéo ! bref, on a discuté de tout cela avec les Bragards (c'est ainsi qu'on nomme les habitants de Sain-Dizier) ! Ce fut un beau et intense week-end fait de sympathiques rencontres et échanges.

l'Archéoteam à Saint-Dizier 

Ce vendredi nous sommes invitées pour la deuxième fois dans le club de la Tête au carré sur France Inter de 14h à 15h. Attention, direct ! On attend vos questions et réactions ! 😀

Et le week-end du 27 et 28 avril nous serons à la Chapelle-aux-Saints pour le salon du livre préhistorique.

On vous raconte donc la suite bientôt !

Qui a dit qu'on ne parlerait plus de l'Archéotour ? 

Préparez-vous car demain l'Archéotour débarque en librairies !!!

Dans cette nouvelle version, vous pourrez redécouvrir toute l'aventure avec de nouvelles anecdotes, de nouveaux dessins... Le carnet de voyage est passé du virtuel au réel avec une mise en page aux petits oignons concoctée par notre talentueux éditeur !

Vous pouvez le commander directement sur le site des Editions Fedora (ci-dessous), ou bien sûr chez votre libraire !

https://www.editions-fedora.com/product-page/archeotour

Bref, on voulait vous partager notre joie en tant que toutes nouvelles auteures !

Bonne lecture !

ps: pour suivre l'actualité, n'hésitez pas à consulter notre page facebook !

J77
J77
Publié le 1er décembre 2017

Et voilà … l’Archéotour est fini. Notre dernier (?) article sera donc un bilan de l’aventure :

Finalement ce fut :

5799 km au compteur, 77 jours, 5 régions de France, 5 fouilles archéologiques, 3,5 tonnes de terre avalée et une multitude de passionnés d’archéologie de tous horizons !

Un tour de France :

Du Saumurois à l’Ile de France en passant par la vallée du Rhône, l’Auvergne et les Vosges nous en avons vu du pays !

Le périple !  

Un métier de passion et de patience:

Retour en dessin sur  les déformations professionnelles de l'archéologue !! 


Du partage :

Un blog carnet de voyage, 46 articles, 7600 vues et une diffusion dans la presse régionale et nationale :

Un petit aperçu avec l'article de Fabienne Trélat paru dans le Courrier de l'Ouest sur notre première fouille et le podcast de l'émission La tête au carré animée par Mathieu Vidard à laquelle nous avons participé le 22 septembre 2017 (notre intervention est à la minute 29 !).

http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10212-22.09.2017-ITEMA_21442169-6.mp3

Et maintenant qu’allons nous faire ?

Le voyage est bel et bien terminé mais l’Archéotour n’a pas dit son dernier mot, nous avons des idées plein la tête: publication, site internet et nouveaux tours, tout est possible ! Si vous avez des idées ou des souhaits n’hésitez pas à nous en faire part :D

Nous pouvons dores et déjà vous annoncez la publication d'un carnet de voyage illustré aux Editions Fedora : http://www.editions-fedora.com/

Ce n'est donc qu'un au revoir !!


J67
J67
Publié le 29 septembre 2017

Un petit jeu illustrant notre quotidien : la multitude des tenus d'archéologues pour pouvoir faire face à toutes les intempéries ! Ce n'est pas parce qu'il pleut, grêle ou que nous sommes en zones polluées, que nous allons nous arrêter ! Il suffit de bien savoir adapter ses vêtements. Et l'Inrap nous a rhabillées de pieds en cap pour faire face au contexte de l'Isle-Adam : boue, gadoue, pluie...

Astuce : on peut porter tout ensemble. Nous avons adopté la stratégie de l'oignon ! 😉

Habille ton archéologue !  
J66
J66
Publié le 27 septembre 2017

Aujourd'hui nous avons dû nous replier, l'histoire nous rattrape : une bombe de la Seconde guerre mondiale menace d'exploser. Le secteur est évacué, nous abandonnons truelles et artefacts pour échapper au danger !! Mais, tout est sous contrôle, la ville bombardée par les anglais en 1944 a l'habitude de faire face à ce genre de menace.

Le chantier déserté !
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Nous en profitons pour vous partager notre entretien exclusif avec Thomas Chenal, Responsable d'opération au Saint-Mont, ingénieur d'études pour la ville de Besançon, archéologue et topographe.

Quel a été ton parcours ? Comment en es-tu arrivé à faire de l'archéologie ? Et à faire ce que que tu fais aujourd'hui ?

J'étais passionné, en CE1 j'hésitais entre être garde-forestier et archéologue, en CE2 j'avais tranché, je serai archéologue.

De 14 à 18 ans j’ai eu mes premières expériences archéologiques : reconstitution de mammouth, ours et autres animaux préhistoriques dans un club de préhistoire local du Doubs, découvertes de la protohistoire lors d’un stage au musée de Belfort, fascination devant mes premiers artefacts et premières fouilles à Mandeure :

Je fouillais avec mes mains, (j'étais un peu bête) puis on m'a mis une truelle dans les mains et c'était parti !

A 18 ans, le chantier où j'avais passé mes étés (Mandeure) m'a poussé à aller voir d'autres sites. Et, après mon Bac (S, option SVT) je suis allé fouiller partout sur toutes les périodes : préhistoire, protohistoire, gallo-romain, médiéval… J'avais hâte d'être à la fac, et encore mieux en master !

A la Fac ça a été le déclic :

J'ai vu la recherche différemment, cela prenait du relief, j'avais toujours de l'intérêt pour les objets, mais les structures, les processus et les gens derrière, c’était ça le plus important !

J’ai voulu travailler à fond et tout faire pour y arriver. Bien sûr, je n'étais jamais seul ! Avec la synergie, les amitiés, les inimitiés, je découvrais quelque chose de nouveau qui me nourrissait, élargissait ma vision du monde et me faisait avancer dans mes questionnements.

Avec l’archéologie j’ai découvert un domaine tellement vaste que pour approcher un phénomène tu es obligé d'être le spécialiste de plein de choses ! C'est une gymnastique mentale perpétuelle :

Tu donnes un coup de pioche, et tu as quatre dimensions qui te sautent à la figure !

J’ai aussi pris conscience de ma responsabilité car l'archéologie est destructive. Puis, j'ai eu l'occasion de voyager. Il y a eu l'Irlande, l'Italie, la France, la Croatie. Et là, ça a pris une autre dimension : une équipe internationale, le monachisme colombien, les premiers monastères en Occident…. J’ai eu mes premières responsabilités ; on me faisait confiance sur le terrain.

Je suis aussi parti au Brésil, en tant que responsable topographe, j'avais 21 ans. Mais, pour la première fois, j'étais tout seul… au milieu de l'Amazonie : c’était beaucoup de pression entre les responsabilités, le contexte étranger, la nouvelle langue…


Une petite anecdote ?

C'était en Amazonie avec des animaux partout… quelques jours avant la fin du chantier, j'étais avec un guide, il s'était un peu éloigné, je ne le voyais plus, je prenais mes points topo, puis d'un coup je n'ai plus rien entendu : pas un oiseau, pas un insecte, rien. Comme un sentiment de vide. J'entends un froissement dans l'herbe sèche. Je me retourne et je vois un losange noirâtre avec un gros point au milieu : C'était un énooooorme serpent qui avançait, se déroulait comme s’il n’avait pas de fin… Je crie au guide : « Aqui esta um Cobra ! ». Mais, je n'entends et ne vois plus rien. Donc le guide regarde, et il me dit :" Je le vois, je le vois, écaille verte, on ne voit pas sa tête".

Il faisait bien 4-5 mètres mais nous n’avons jamais connu sa taille réelle. Le guide balance une grosse branche dessus, part en courant avec la machette me laissant seul avec mon petit couteau ! Je lui ai très rapidement emboîté le pas... La forêt amazonienne est un monde à part, où tu te plantes, tu meurs, tu te coupes, tu ne cicatrises pas : tu ne peux pas être imprudent.

Cette expérience était dure psychologiquement mais je crois que cela m’a appris le courage, la patience et l’abnégation et c’est aussi ça l’archéologie.


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En master, j'ai choisi de travailler sur le Saint-Mont parmi d'autres sujets.

Il y a les bons sujets et les sites qui font pétiller les yeux des gens, le Saint-Mont est un de ceux-ci.

C’était un challenge pour reprendre les données d’un site réputé impossible à reprendre. Alors je me suis attelé à la tâche : avec des amis nous avons fait 3,5 hectares de topographie sous la neige, le vent et la pluie. En M2 j'ai fait des sondages. A partir de 2014, j'ai eu les autorisations de fouilles, et c'était parti pour une fouille programmée!

A l’issu de mon master, j’étais recruté Ingénieur d’étude contractuel au CNRS, au laboratoire de Artehis de Dijon. Puis lorsque le PCR (Programme Commun de Recherches) sur les premiers monastères d’Occident a été clos pour travailler aux publications, j'ai été recruté par la ville de Besançon et, j'ai continué à être chercheur associé au CNRS. Le travail que j'y fais complète le contexte rural du Saint-Mont par un travail sur la topographie urbaine, sur la genèse et l'évolution de la ville jusqu'à Vauban.

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J65
Publié le 26 septembre 2017

La recherche archéologique ne se pratique pas seul dans son coin. Alors, pour aborder toute la complexité d'un site et reconstituer une société à partir de fragments très partiels, les archéologues se spécialisent ( sur une période, sur une thématique et/ou sur une technique) et les spécialistes croisent leurs connaissances.

Perspectives de fouille ! 

L'information archéologique est très partielle ; des gestes et des objets passés, nous estimons n'en retrouver que 10%. En effet, tous les matériaux organiques ( tissus, bois, vannerie, cuir...) vont disparaître. Les vestiges vont être perturbés par les hommes du passé, les processus anthropiques ultérieurs (réutilisations, labours, exploitation), les processus naturels dus à la croissance de végétaux, aux animaux fouisseurs, et aux phénomènes géologiques.

Ici, à l'Isle-Adam, le contexte est assez impressionnant. Dans un premier temps, nous ne faisons pas forcément bien la distinction entre la couche Néolithique et celle du Mésolithique. C'est un site exceptionnel : une telle densité de mobilier et une telle préservation des os de faune sont peu communes pour le Néolithique (Souvenez-vous le peu de mobilier retrouvé à Louresse-Rochemenier!)

C'est un réel plaisir de fouiller, la terre bien qu'assez dense s'entame facilement et se retire proprement ; à chaque coup de truelle un silex ou un os peuvent sortir. Les abords du foyer dont nous vous parlions hier sont assez riches: autour des pierres brûlées, nous avons retrouvé des silex taillés, des éclats de silex, des galets de matière première, un nucléus, des bois de cerfs, de la faune (des mâchoires, des vertèbres, et plein d'autres os qu'un archéozoologue identifiera plus sûrement que nous!

Abondance de mobilier ! 


Nous ne chômons pas, les archéologues se répartissent en différentes zones et tâches : une équipe sur tel secteur pour relever (prendre les coordonnées GPS, étiqueter et mettre en sachet) ce qui a déjà été fouillé : un topographe enregistre tous ces points avec une première détermination (silex, grès, céramique, faune) au tachéomètre. Chaque objet a un numéro qui le singularise et permettra son étude en post-fouilles. D'un bout à l'autre du chantier, on entend donc nos collègues s’époumoner par dessus le grondement de la pelle méca : "6579 - silex! ", "ok", "6580-faune" "c'est bon"...


Un autre binôme fouille certaines zones à l'aide de la mini-pelle. En avant du bras de la pelle, l'archéologue prévient son collègue de l'apparition d'une nouvelle couche ou de vestige. Notre pelleur manie avec délicatesse cette monstrueuse machine, enlevant couche fine par couche fine. Et, les autres fouillent à l'aide de truelle, petite spatule, rasette...


Le terrain a été marqué par un carroyage, des carrés d'un mètre sur un mètre délimitent ainsi des zones de fouilles que l'on suit progressivement. Cela permet d'attribuer les éclats et esquilles d'os qu'on a enlevé à une zone précise. Donc dans l’apparent chaos de ce vaste chantier, de ces tranchées, de ces zones inondés, de ces secteurs pollués, des petits carrés très réguliers apparaissent !

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J63
Publié le 25 septembre 2017

Qu'y-a-t'il donc à découvrir à l'Isle-Adam ?

Voila une semaine que nous fouillons et nous avons déjà eu un bon aperçu de ce site même s'il reste encore des centaines de mètres carré à explorer.

Sur un site préhistorique, on trouve des silex et des ossements et quand il s'agit de niveaux néolithiques de la céramique. Cela ne semble guère impressionnant n'est-ce pas ? Mais, intéressons nous un peu à ces artefacts et voyons ce qu'ils nous apprennent sur ces époques :

L'Oise était une manne à silex pour les hommes de l'époque : sous forme de galets ils sont récoltés puis taillés pour servir d'outils. On retrouve principalement des éclats, c'est-à-dire des fragments issus de la taille de silex. Mais les outils finis ou la matière première pré-taillée (nucléus) peuvent être analysés et apportent de nombreuses informations sur :

> La datation et l'attribution à une période spécifique ici mésolithique ou néolithique.

> Les techniques de taille et les chaînes opératoire (ensemble des étapes de la production d'un objet).

Dans un premier temps, le silex est sous la forme d'un gros galet avec un cortex (couche extérieure en calcaire du silex ) qui sera pré-taillé pour donner des outils bien spécifiques : lames, lamelles, pointes de flèches, haches polies, percuteur, micro-burins, racloirs...

Un film sur la taille de silex de Jean-Paul Gurliat,  Production :MVC © Inrap/RFF/MVC - 2006 avec Jacques Pelegrin CNRS


Exemples d'objets du Mésolithique. 

La découverte d'une hache polie typique du néolithique et la présence de certaines lames et lamelles en silex ont permis de prouver qu'il y avait eu une occupation humaine au Mésolithique et au Néolithique. Chaque période est ainsi caractérisée par les objets qui sont produits et qui sont reconnaissables par leurs techniques de fabrication, leurs formes, leurs matériaux.

Les artefacts permettent donc de dater le site et de mieux comprendre son utilisation.

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Comment savoir à quoi servait cet espace ?

Prenons l'exemple de la période Néolithique pour laquelle on a retrouvé un ancien foyer. Concrètement cela ressemble à un amoncellement de pierres grises très friables de forme circulaire ou carré. Cela s'appelle un foyer de type polynésien : les pierres sont chauffées au feu et servent ensuite pour une cuisson indirecte des aliments.

Le foyer en cours de fouille ! 

Autour de ce foyer on retrouve de la céramique, des éclats de silex, et d'ossements animaux. On a sous les yeux les restes de toute l'activité d'une communauté du néolithique (chasse, cuisine, taille d'outils, ...) qui devait très certainement être proche d'un habitat dont nous n'avons pas les traces. On a l'impression que ces vestiges datent d'hier !

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Tout cela a pu être très bien conservé grâce à l'humidité du sol qui permet de retrouver des matières organiques notamment. Les archéologues aiment les contextes extrêmes : extrêmement froid ou chaud et sec ou humide. En effet c'est dans les déserts, glaciers, tourbières que l'ont retrouve les vestiges les mieux conservés ; Pensez aux momies égyptiennes, à Ötzi l'homme des glaces ou encore aux maisons palafittiques des lacs Suisses.

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L'archéologie est une passion certes, mais certains en font leur métier et cela change presque tout !

Nous en tant qu'étudiantes, nous ne fouillons que quelques mois par an, et l'été ! Mais eux, les professionnels de l'archéologie préventive, font ça toute l'année, qu'il pleuve, grêle ou vente ! Alors, les conditions matérielles de travail deviennent importantes. L'Inrap a à cœur de fournir un cadre de travail adapté, mais en discutant avec ces professionnels, on se rend compte qu'ils sont très dépendants du contexte économique et politique.

De vrais archéologues professionnels ! 
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Nous discutons ce matin avec Nathalie de son métier. On la sent passionnée et ce malgré les années de travail et les difficultés contextuelles. C'est pour nous très intéressant d'être confrontées directement à la réalité économique et sociale du métier, et ce n'est pas toujours tout rose : le temps, les moyens, l'usure physique, l'instabilité de l'emploi...cela demande une vraie motivation !

Alors à nous petites jeunettes, on donne plein de conseils pour garder la forme : faire des échauffement avant la fouille, des étirements après, pratiquer une activité physique pour muscler le dos tous les moyens sont bons !

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Nous marchons sur les pas de l'abbé Breuil (entre autres), habitant de cette ville et passionné de géologie, qui fit les premières découvertes préhistoriques du coin. Mais, gare à l'endroit où nous marchons ! dans cette ancienne décharge, la Seconde guerre mondiale a laissé des traces de bombardements, et quelques vestiges explosifs nécessitent la présence d'un démineur à chaque décapage !

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Mésolithique et Néolithique (frise chronologique de l'Inrap) 

Sur ce site, nous découvrons le Mésolithique (-10000 / -5000), période de transition entre la Préhistoire et le Néolithique. Pour cette période, les sites sont rares c'est pourquoi il était crucial de l'étudier. Les sites archéologiques du Mésolithique correspondent généralement en Ile-de-France à des zones d'activités liées à la chasse, on trouve donc des outils en silex et des ossements animaux. Des vestiges néolithiques ont également été retrouvés.


Entre ces deux époques, le mode de vie change et nous pouvons le constater à l'Isle Adam. Situé au bord de l'Oise, le site offre pour les populations du Mésolithique un lieu idéal pour pratiquer les activités liées à la chasse qui nécessitent la présence d'eau. A l'époque, les habitats se situaient plus vers l'intérieur des terres pour éviter l'eau et ses dangers. Mais tout cela change au Néolithique : l'agriculture, la poterie apparaissent ; l'eau devient nécessaire et les hommes viennent donc habiter plus près des rivières.

Des archéologues spécialistes de ces deux périodes sont donc mandatés sur ce site. Ainsi, ils peuvent facilement identifier et analyser les vestiges.

> Pour le Mésolithique, les outils en silex seuls permettent de reconnaître la période.

> Pour le Néolithique on retrouve des restes d'occupation domestiques, d'aires de boucherie et de taille d'outils : foyer, outils spécifiques, céramique, ossements animaux ... mais, pas de traces de construction. En retrouverons-nous ?


L'humidité a permis de bien conserver ces objets mais cela ne nous facilite pas la tâche : c'est dans la boue que nous devons parfois aller les chercher !

Ouh la gadoue ! 
J59
J59
Publié le 20 septembre 2017

La fin de l'archéotour approche, puisque l'Isle-Adam est notre ultime étape! Mais vous ne savez pas encore tout de l'archéologie, une distinction fondamentale n'a pas encore été abordée : connaissez-vous la différence entre archéologie programmée et préventive?

Sans le savoir vous connaissez presque tout de l'archéologie programmée : ses problématiques de recherches, ses acteurs ( chercheurs de tous horizons et fouilleurs bénévoles), et les ambiances de vie en communauté. Ces fouilles se font à l'initiative d'archéologues qui intéressés par un site ou des questions particulières montent un projet afin d'obtenir des autorisations de fouilles et des financements. Elles se déroulent l'été pendant quelques semaines ou mois. Les fouilleurs sont bénévoles ; le pacte tacite étant que les bénévoles fournissent une main d'oeuvre investie et efficace en échange de la formation de terrain, du gite et du couvert. Ainsi tout le monde est satisfait : les étudiants se forment et les archéologues avancent dans leurs travaux.

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Et maintenant place à l'archéologie préventive car le nouveau site que nous fouillons est un chantier de l'Inrap.

L'archéologie préventive s'intéresse elle exclusivement à des vestiges menacés. En effet, la construction d'infrastructures (de la maison à l'autoroute) endommage les couches archéologiques. Dans ce cas-là l'archéologue a pour mission de sauver cette information sinon à jamais perdue !

Et l'aventure commence :

> Au XXème siècle, nombreux sont les récits épiques d'archéologues qui mettaient en péril leurs vies pour sauver in extremis les vestiges sur les chantiers de construction ! La pelle mécanique était alors un outil de destruction redouté par les archéologues !

Progressivement cela s'est structuré et institutionnalisé :

> L'AFAN (Association pour les fouilles archéologiques nationale) est créée. Les condition étaient négociées à l'amiable entre les constructeurs et les archéologues.

> 2001, une loi oblige les constructeurs à faire des diagnostics archéologiques avant leurs constructions, et à financer des fouilles si les résultats de ces diagnostics sont positifs. L’État crée également un institut national spécialisé dans cette question : l'Inrap (Institut national de recherches et d'archéologie préventive).

> 2003, une nouvelle loi ouvre ce secteur à la concurrence : des boîtes privées d'archéologie sont créées : Eveha, Archeodunum... certaines avec des spécialités : sur les mines, les puits, des périodes historiques.

Le préventif reste un bras de fer entre les intérêts économiques des aménageurs et ceux scientifiques des archéologues.


Exemple :A l'Isle Adam, la ville a décidé d'aménager une marina sur les bords de l'Oise. Mais des vestiges sont découverts l'Inrap est donc choisi pour mener à bien cette fouille.

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Concrètement, cela a lieu en deux temps :

Les diagnostics : 10% de l'emprise construite est sondé pour évaluer le potentiel du site. Si le site a un apport archéologique intéressant, le SRA (Service régionale de l'archéologie) peut décider de mettre en place une fouille. Le mécanisme s'active: l'aménageur lance un appel d'offres car c'est lui qui finance la fouille.

Le temps est alors compté pour les archéologues, en quelques mois ils doivent étudier au mieux le site. L'efficacité est de rigueur car il faut fouiller, prendre des photos, faire des plans, et des relevés topographiques d'objets... bref leur boulot en un temps record !

On s'adapte à ces conditions, l'ingéniosité prime : c'est ainsi que la pelle mécanique a fait son apparition sur les chantiers ! Comprenez bien, sans l'archéologie préventive de nombreux vestiges (et connaissances donc) disparaîtraient irrémédiablement.

Ami ou ennemi de l'archéo? 

Il nous fallait bien participer à ce type de fouille pour vous donner un aperçu le plus complet possible de l'archéologie française !


de la boue et des vestiges 
J58
J58
Publié le 19 septembre 2017

Roulements de tambour : nous sommes heureuses de vous annoncer que nous serons vendredi à 14h sur les ondes pour l'émission la tête au carré de France Inter. Vous pourrez poser toutes vos questions en direct sur les réseaux sociaux de France Inter

J57
J57
Publié le 18 septembre 2017

Depuis les montagnes Vosgiennes nous atterrissons près des charmants bords de l'Oise. Nous voilà sur un nouveau site à L'Isle-Adam ! Pour nous, c'est un retour en région parisienne qui s'annonce bien. Mais, nous regrettons le site du Saint-Mont (dont nous ne verrons pas l'aboutissement de la fouille) et sa joyeuse équipe !

Montée au Saint-Mont avec le Pont des fées
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Nous devions vous présenter en différé l'interview d'une des ses étudiantes mais, suite à un problème technique nous ne pourrons vous en faire qu'un résumé :

Anaïs nous a fait découvrir une nouvelle spécialité en archéologie : l'archéologie du bâti. Et oui, les archéologues étudient aussi l'élévation des bâtiments. Cette étude peut donc aussi bien se faire sur les bâtiments d'une ville actuelle que sur les vestiges d'un monastère comme au Saint-Mont.

Chaque élément de la construction est étudié par l'archéologue du bâti : des tranchées de fondations aux murs tout y passe. Quand il s'agit d'un monument comme le monastère du Saint-Mont, l'étude est complexe car il a été de nombreuses fois modifié (rétrécissement, construction d'annexes et d'ouvertures ...). Le but de ce travail est de reconstituer son histoire depuis sa construction jusqu'à son abandon. Comme le disait Anaïs : " Un bâtiment vit".

Réutilisation d'une base de colonne dans un mur au Saint-Mont.  

Vous aussi vous pouvez vous prêter au jeu en observant autour de vous les indices de modification sur un bâtiment : ouvertures murées, ajout d'un étage ou d'une annexe... les pierres vous le diront !

J53
J53

De la pluie et toujours de la pluie ! Le moral descend car nous savons que cela signifie que nous allons passer la journée à nettoyer les os issus de l'ossuaire (encore une fois !). Ce qui est au début intéressant devient rapidement une tâche fastidieuse qui nous plonge dans un état semi-automatique quelque peu déprimant !

Mais c'est également l'occasion de nous familiariser avec ce que nous appelons l'anthropologie funéraire (étude des sépultures) et nous sommes gâtées car le chantier compte 5 étudiants spécialisés dans cette discipline ! Nous mettons donc à profit les longues heures de nettoyage pour apprendre à reconnaître les os de notre corps. Cet exercice a quelque chose de fascinant : nous comprenons la complexité et la perfection du fonctionnement du corps humain.

Comprenez bien, c'est comme un immense puzzle dont des pièces seraient manquantes et fragmentaires. Pour un homme adulte, cela fait 206 os à identifier ! Multipliez cela par 10 000 (sans exagération !) et vous aurez un aperçu du travail que cela représente !

Le travail s'organise, les anthropologues font un premier tri des os qu'ils séparent par zones corporelles :

> Membres inférieurs et supérieurs, pieds, mains, coxal, côtes et vertèbres, crâne et bien sûr la catégorie des os indéterminés !

Ensuite, c'est à nous de jouer : piocher un os, mouiller sa brosse à dent, frotter, retourner l'os, frotter, déposer sur le sopalin et recommencer !

Des os toujours des os ! 

Enfin, les os sont latéralisés. C'est-à-dire que les anthropologues déterminent s'il s'agit d'un os du membre droit ou gauche ce qui permet d'estimer par la suite le nombre d'individus. Il faut ensuite faire sécher ces os puis les ranger(conditionnement) afin qu'ils puissent être analysés par une anthropologue. Le but étant de retrouver l'histoire de ces individus (âge, sexe, maladies, ... )

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Portrait d'anthropologue :

Paul, étudiant en anthropologie nous parle de sa spécialité :

L'anthropologue est avant tout un archéologue qui s'intéresse aux personnes ayant vécu à une époque antérieure. Cette discipline comprend deux volets :

> Etude des gestes des vivants par rapport aux morts (rites en fonction des croyances).

> Anthropologie biologique : travail sur l'os, seul reste demeurant après la mort d'un individu(généralement).

L'étude passe par la détermination du profil biologique d'un individu (âge, sexe) par des observations à l’œil nu . L'anthropologue observe aussi les modes de vie, maladies et carences pour reconstituer la vie d'un individu.

Exemple : Dans un cimetière paroissial médiéval on s'attend à trouver beaucoup d'enfants mais très peu de jeunes adultes. Pourquoi ? Au Moyen Age, beaucoup d'enfants meurent en bas âge (sur 7 enfants survivants, une femme en attendait le double).

Par la comparaison des restes de nombreux individus, l'anthropologue cherche à reconstituer la vie d'une population entière : est-elle en bonne santé ? A-t-elle connu des guerres ? ... Mais pour avoir l'image la plus fidèle possible d'une population à l'échelle régionale il faut étudier de nombreux sites ; c'est un travail de longue haleine !

Qu'est-ce qui te passionne dans cette spécialité ?

J'adore les choses du passé, l'histoire et l'archéologie...il y a une vérité dans le sol qui ne demande qu'à être découverte. Mais ce sont les personnes qui m’intéressent particulièrement, la vie qu'ils ont eu est visible sur leur squelette. C'est un peu comme un négatif de leur vie.

J52
J52
Publié le 14 septembre 2017

Aujourd'hui, jour de pluie, nous avons donc procédé à une étape de l'étude archéologique que vous connaissez bien : le lavage. Nous avons troqué nos truelles et pioches pour des brosses à dents et des grands seaux d'eau, et patiemment nous avons rincé et frotté tous les tessons de céramiques et de TCA (terre cuite architecturale, à savoir tout ce qui est briques, tuiles, tomettes...). Puis nous avons attaqué le nettoyage de 50 sacs d'os humains. Mais d'où viennent-ils ??

Impressionnant ! 

Si vous avez bien suivi les articles jusque là, vous savez déjà que nous fouillons aux abords d'une basilique funéraire. Cette dernière a été fouillée l'an dernier révélant ainsi un vaste espace rempli de formae (forma au singulier). Ce sont des tombes très rares. Sur le terrain, cela prend la forme de rectangle accolés, ceux-ci sont maçonnés et recouverts d'un enduit hydraulique. Nous pouvons en restituer plus de 90 au Saint-Mont, ce qui est exceptionnel ; la plupart des sites n'en comptant qu'une dizaine.

Voici le modèle 3D créé par l'archéologue responsable d'opération du site du Saint-Mont Thomas Chenal (UMR Artehis), que nous vous invitons à explorer !

https://sketchfab.com/models/8477e21d9fe445fd98028c63caa90d73

Ce type de tombes à l'architecture très fine est probablement réservée à une élite qui a eu les moyens de commander une telle oeuvre. Des aristocrates (ou leudes) auraient influencé la construction du monastère. Cela expliquerait sa richesse visible par les vestiges archéologiques (poterie fine, verre mérovingien, pierre-ollaire probablement d'origine lombarde, formae...) et sa position dominante dans l'axe transvogien (voir et être vu).

Dans ce monastère, suivant la tradition de Saint Maurice d'Agaune les moniales devaient pratiquer la louange perpétuelle : un office continu de louanges à Dieu et aux morts. La première communauté comptait 369 moniales qui se relayaient donc pour pouvoir prier jour et nuit.

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Au Sud de la basilique funéraire, on trouve un ossuaire : il a sans doute servi à vider les ossements des formae pour pouvoir déposer de nouveaux défunts. On sait cela grâce à une fouille des années 1970 à la suite de laquelle l'ossuaire a été entièrement vidé. ll ne reste de cette étude qu'une seule photo montrant un amoncellement d'ossements dans cette structure de plus de 10 mètres de long et un mètre de haut. Que sont-ils devenus ?

A la recherche de ces ossements (au cours d'une prospection), l'archéologue glisse et découvre dans sa chute un crâne humain. Bientôt ce sont des kilos d'os humains qui sortent de terre ! Mais cette découverte pose un problème majeur : que faire de vestiges hors de leur contexte d'origine ? Sans lui on ne pourra jamais prouver qu'ils provenaient bien de l'ossuaire. Malgré ce, dans un souci de rigueur et d’honnêteté scientifique, le choix a été fait de les étudier du mieux possible.

D'où notre travail d'aujourd'hui : il faut laver, trier puis analyser ces multiples ossements.

Quel travail le nettoyage des os ! 

Cette anecdote montre bien la complexité du travail sur un site déjà fouillé, avec d'autres objectifs et d'autres méthodes maintenant dépassées. D'où l'importance d'être très rigoureux sur la documentation d'une fouille, car l'archéologie est par nature destructive.

J51
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Publié le 12 septembre 2017

Ou jour de pluie au Saint-Mont !

Comme tout travail en extérieur, nous sommes tributaires du temps et de ses aléas météorologiques ! Aujourd'hui encore, le Saint-Mont a disparu dans les nuages.

Ensevelis sous le brouillard ! 

Après notre petite ascension dans les chemins encore un peu humides des averses de la veille, on assiste à une scène étrange : les fouilleurs s'habillent et doublent de volume à cause des multiples épaisseurs de vêtements : pulls, k-way, ciré, pantalons de pluie... Nous sommes loin du look de Lara Croft ou Indiana Jones!

Puis nous attaquons vaillamment la fouille. La veille, les secteurs ont été protégées par de grandes bâches de camions afin d'éviter les coulées de boue qui rendraient le terrain illisible. Ecopage, débâchage, fouilles et rebâchage rythment la journée au grès des "rabasses" comme on dit ici. Le grand chef guette au loin l'avancée des nuages et nous prévient de l'arrivée imminente d'une averse ; aux premières gouttes, nous stoppons la fouille, rangeons les outils sous les seaux, et déplions rapidement les bâches. Le temps d'opérer un déluge s'est abattu.

Au rythme des averses ! 

Nos visages deviennent terreux à force d' essuyer la pluie dégoulinant le long de nos fronts et nez. L'eau s'infiltre insidieusement par la moindre faille dans nos vêtements.

Comble de la malchance, c'est au moment du déjeuner qu'une accalmie se présente, nous permettant d'admirer un magnifique arc-en-ciel. Nous nous serrons dans la "cuisine" de la maison de fouilles : les années y ont accumulé une décoration disparate, donnant une atmosphère chaleureuse à cette pièce où l'on trouve pêle-mêle de grands buffets en bois, un vieux poèle, de vieux papiers... et deux grandes tables en bois où nous dressons le couvert. Un bon café nous réchauffe les entrailles et nous revoilà partis pour fouiller.

Une pause méritée ! 


La pluie ralentit le travail, et finit par nous obliger à hâter le départ.

Après un ultime débâchage, nous nous entassons dans les voitures dont nous avons protégé les sièges de sacs poubelle ; direction le gîte et une bonne douche !

J50
J50
Publié le 11 septembre 2017

Vous connaissez maintenant le site et son histoire. Il s'organise en terrasses en partant du sommet, on descend sur 9 plateformes de A à I qui ont probablement été aménagées par l'homme. Nous travaillons sur la zone H où l'on trouve la basilique funéraire, une annexe et une chapelle.

C'est dans cette basilique dont il ne reste que les fondations que les moniales étaient enterrées. Mais, au cours des siècles le bâtiment a été réutilisé, modifié et partiellement détruit. Sur le terrain, on retrouve donc un enchevêtrement de murs dessinant les plans successifs de ces aménagements. La mission de l'équipe est de comprendre l'organisation, la fonction et l'histoire de ces constructions.

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Pour fouiller la zone H, l'archéologue décide de la séparer en 3 secteurs : le parvis de l'ancienne basilique, le côté ouest où un ossuaire et une annexe sont visibles et les éventuelles tombes. Chacun de ces secteurs est géré par un responsable de secteur (ou RS pour les intimes). Il a pour mission d'encadrer les fouilleurs dont nous faisons partie et gère la fouille de son secteur en suivant les directives de l'archéologue responsable d'opération (ou RO). C'est un choix du responsable de déléguer ainsi. Cela donne aux étudiants l'opportunité de se former et d'avoir des responsabilités.

Georgi et Thomas tous deux étudiants en archéologie gèrent donc les secteurs cela nécessite de la patience, beaucoup de pédagogie et de l'investissement car il faut faire face aux multiples questions des fouilleurs !

Sur chacun des secteurs le travail ne manque pas :

> Secteur du parvis : Il a fallu faire venir une pelle mécanique pour dégager la zone de fouille. Une équipe motivée s'attelle au nettoyage, du rocher à la couche végétale, tout y passe !

Un travail impressionnant sur le secteur du parvis . 

> Secteur de l'annexe et de l'ossuaire : Déjà dégagée lors de fouilles précédentes, cette zone nécessite cependant un solide désherbage et de bien dégager les murs.

Sous la pluie le nettoyage du deuxième secteur avance. 

A la fin de la première semaine, nous commençons enfin à fouiller la zone du parvis. Peu à peu, nous creusons une fois la première couche végétale enlevée, une couche caillouteuse apparaît mais pas de structures en vue mais ça ne saurait tarder !

J47

L'histoire du Saint-Mont est liée à la vie de saints de l'époque mérovingienne entre le V ème et le VIII ème siècle : saint Colomban, saint Amé et saint Romary.

Les sources (hagiographie ou vie de saint écrite) nous racontent l'oeuvre de saint Colomban, moine irlandais, qui serait à l'origine d'un vaste mouvement d'évangélisation des Gaules. ce qu'on appelle plus précisément la peregrinatio (voyages entrepris par des religieux pour renouveler la foi chrétienne).

Quittant son abbaye de Bangor, il débarque en Burgondie à la fin du 6 ième siècle après maintes péripéties et fonde monastères sur monastères grâce à l'autorisation du roi d'Austrasie et de Burgondie ( probablement Childebert II) : Annegray, Luxeuil et Fontaine pour la région. Il finit exilé en Italie où il fonde un nouveau monastère qui recueillera ses derniers soupirs (Bobbio).

Mais l'histoire ne s'arrête pas là, ses disciples reprennent le flambeau; les moines Romary de Luxeuil et Amé fondent vers 620 un monastère perché sur un mont à la croisée de deux voies d'échange transvosgiennes ( à proximité de la Moselle et la Moselotte). Il a sans doute été érigé sur les ruines d'une villa ou d'un castrum* tardo-antique. Il s'agit de l'abbaye du Saint-Mont que nous fouillons.

* Une "agglomération" fortifiée

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De 620 à 1789 : une longue vie monastique !

L'abbaye du Saint-Mont ou Monasterium Habendum était habitée par des moniales et des clercs. Les fouilles ont permis d'identifier depuis 1964 les différents bâtiments composant le monastère : il y a d'abord l'église abbatiale située sur le point le plus haut du mont, en contrebas, des bâtiments conventuels avec le fameux puits d'un côté, des chapelles disséminées sur tout le site, et une basilique funéraire (terme architectural pour désigner un édifice religieux ).

1: sous la chapelle moderne l'église abbatiale  2: vestiges des bâtiments de vie  3: prieuré plus récent 

Différentes phases de construction sont visibles : à partir de l'abbaye initiale du VII ème siècle, des annexes, chapelles, et autres bâtiments se sont ajoutés ou ont été détruits au fil des siècles. Tout l’intérêt de la fouille est de comprendre l'histoire du lieu, la fonction des bâtiments...

Mais ce n'est qu'une infime partie du site (la partie nord) que nous vous avons présentée ici comme vous pouvez le voir sur le plan, de nombreux autres vestiges attendent d'être explorés.

Plan général du Saint Mont et représentation du monastère tel qu'il est au XVII ème siècle.
J46
J46
Publié le 5 septembre 2017

Arrivées depuis peu dans les Vosges nous découvrons ce massif qui nous plonge dans une ambiance montagnarde. Aujourd'hui, après une matinée de nettoyage, nous consacrons l'après-midi à un point technique sur la géologie si particulière de cette région.

L'objectif est de comprendre ce que nous allons fouiller c'est-à-dire comprendre les particularités géologiques du site, savoir reconnaître les pierres les unes des autres pour pouvoir repérer les objets comme les sarcophages en grès, les pierres des murs ... autant d'éléments qui renseignent le site et nous aide à mieux le fouiller.

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Comment se sont formées les Vosges ?

Il faut remonter il y a plus de 330 millions d'années pour comprendre l'origine du socle granitique de ces montagnes : à l'époque, le monde est divisé en deux grands continents (Laurasia Baltica et Gondwana) qui se rapprochent par l'effet de la tectonique des plaques et finissent par se heurter en formant la fameuse Pangée. Cette collision crée une immense chaîne de montagne sur 10 000 km dont on voit la trace sous la forme d'une immense faille dans la carte géologique des Vosges.

Dans un second temps, les reliefs de cette chaîne sont complètement érodés jusqu'à former une plaine qui forme le socle granitique actuel. Sur cette plaine, des dépôts sédimentaires se forment à l'origine des grès formant la couche supérieure des Vosges. Enfin, une dernière phase d'érosion par le biais des glaciation fini de creuser le relief visible actuellement.

Cette activité géologique se manifeste sur le site du Saint Mont par la présence de deux types de roches :

> Le granite de Remiremont (gris à petits cristaux)

> Le grès rouge local.

Tout autre matériau provient donc d'autres lieux dont il est intéressant de retrouver la provenance.

Grès et granites locaux : qui est qui ?   
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Encore une fois nous mesurons l'importance du travail pluridisciplinaire où les archéologues coopèrent avec des géologues (par exemple) pour mieux comprendre un site.

Exemples concrets :

> Comment le ravitaillement en eau du site est il possible ?

Sur un socle de granite imperméable à l'eau, c'est en effet un problème majeur qui pourrait remettre en cause l'installation d'un groupe humain sur le site. Et pourtant, les vestiges archéologiques prouvent que des gens ont habité là : un puits a notamment été retrouvé. L'explication se trouve dans l'analyse géologique. Le socle granitique a été soumis à de fortes pressions tectoniques qui ont crée de multiples fractures où l'eau est emmagasinée permettant de ravitailler le puits. C'est aussi simple que ça mais sans l'expertise d'un géologue l'archéologue n'aurait pas pu le comprendre !

A la claire fontaine !   

> La Pierre ollaire :

Cette pierre a des propriétés bien particulières : tendre à l'extraction elle peut donc être tournée et façonnée comme le bois. Sur le site des fragments de vaisselle en pierre ollaire ont été retrouvés. D'où proviennent-ils ? Des gisements de serpentinite (une des nombreuses roches de ce type) étaient connus localement. Mais encore une fois, l'analyse du géologue a précisé l'origine exacte de celle-ci : il s'agissait de glaucophanite à grenats (bien évidemment !). Par comparaison d'échantillons étudiés au microscope, l'équipe a pu définir que ce mobilier venait d'Italie du Nord. Imaginez tout ce que cela implique de réseaux d'échanges pour importer ces objets.

J45
J45
Publié le 4 septembre 2017

Aujourd'hui, la campagne de fouille commence pour trois semaines à Saint-Amé. Partis de bon matin, l'entrée en matière est physique : après avoir récupéré les outils de fouille dans le dépôt, nous attaquons vaillamment un petit chemin tapissé d'épines au cœur de la forêt qui monte au site. Vive le relief vosgien !

Au sommet, un vaste espace s'ouvre sur les vallées de la Moselle et de la Moselotte encore un paysage à couper le souffle ; nous sommes décidément chanceuses ! Une ancienne maison forestière sert de local pour la fouille. Une fois n'est pas coutume, nous attaquons le ménage afin de rendre un peu plus accueillant ce lieu délabré. De la maison au site, nous poursuivons notre nettoyage en deux temps :

> Le débâchage : Les vestiges fouillés l'an passé ont soigneusement été protégés des intempéries et du pillage par des bâches, du géotextile et des bottes de pailles.

La première étape consiste à écoper l'eau stagnant sur les bâches qui sont ensuite retirées et mises à sécher.

Chaîne d'écopage.

Puis, nous retirons la deuxième couche de protection et nous transformons en filles et garçons de ferme pour charrier les bottes de paille qui limitent le piétinement des structures.

Dépaillage du site ! 

Enfin, la dernière couche de géotextile * ôtée délicatement nous révèle le site...

* matériau limitant la pousse des végétaux perturbant les restes archéologiques

Cette superposition étonnante est essentielle à la conservation des murs instables et des sols très vulnérables au gel et à l'humidité.

> Le nettoyage : Une étape que vous commencez à connaître aussi bien que nous sur laquelle nous ne reviendrons pas (cf fouille du site néolithique des Choffaux).

Désherbage des structures. 
J42àJ44
J42àJ44
Publié le 3 septembre 2017


J 42 : Fin de la fouille à Gergovie. 


Après la traditionnelle soirée de fin de fouille jeudi soir, nous attaquons la dernière journée sur le chantier consacrée au nettoyage des outils, aux dernières mesures topographiques et aux photos par drone (défi : essayer de trouver le drone sur la photo !)

Séance de nettoyage du matériel : efficace ! 

Les adieux se font nous quittons une super équipe et une association investie dans le patrimoine archéologique dont nous vous invitons à découvrir le site (passionnant et très complet !) : https://www.gergovie.net

Mais, qui dit fin de chantier dit aussi grosse séance de ménage pour laisser les lieux de vie aussi propres qu'au départ. Et, nous voilà reparties sur la route direction les Vosges pour l'avant-dernière étape de l'Archéotour.

Les adieux et, Voyageuse contemplant une mer de nuage depuis Gergovie ! 

La fatigue aidant, nous étalons la route sur tout le week-end que nous entrecoupons de pauses familiales, amicales et archéologiques bien sûr !

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J 43 :

Une première halte reposante en Bourgogne nous laisse l'occasion de visiter le fameux site protohistorique de Bibracte situé à quelques kilomètres d'Autun. En haut du Mont Beuvray, cet oppidum Eduen contemporain de celui de Gergovie joue également un rôle important dans les événements de la Guerre des Gaules.

Bibracte dans toute sa splendeur ! 
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J 44 :

La nuit à Augustonemetum (ou Autun) nous a permis d'admirer (entre autres) les vestiges de la ville antique qui a supplanté Bibracte à la période Gallo-romaine.

Et, rebelote, nous reprenons notre chemin toujours par les petites routes pour mieux découvrir le charme des paysages français en passant par la route des grands crues (Bourgogne) jusqu'aux contreforts des Vosges.

A l'arrivée, nous découvrons notre gîte niché au cœur des monts boisés et l'équipe que nous aurons le temps de découvrir durant les deux prochaines semaines.

J41
Ciel orageux sur Gergovie. 


Une nappe de brume baigne le plateau, jour de pluie : nous ne fouillerons pas aujourd’hui mais la journée n’est pas perdue, le travail ne manque pas : les os et les céramiques patiemment extraits du sol attendent d’être nettoyés. Armés d’une bassine et d’une brosse à dent nous nous installons en cercle autour de la grande table.


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Il faut croire qu’on est abonnées aux lieux pittoresques : un ancien presbytère est reconverti en maison de fouille. Après avoir passé le petit pont de bois sous la tour crénelée du clocher, nous pénétrons dans ce lieu où un drapeau, souvenir de la compagnie de Gergovie nous accueille. Les décennies de fouilles y ont entassé un véritable bric-à-brac : dans de vieilles vitrine destinées au musée s’entassent des poteries reconstituées, les restes fossilisés d’un rhinocéros, des amphores, de vieux bouquins poussiéreux ; un assemblage hétéroclite qu’on pourrait explorer des heures durant.Dans les combles où la cloche résonne, des caisses de mobilier délimitent les chambres. Les fouilleurs dorment ainsi aux côtés d’un crâne millénaire, d’ossements de toutes sortes et de vieilles affiches historiques.

Mystères du presbytère ! 
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Revenons à nos tessons ! Méthodiquement, caisse par caisse nous ôtons la gangue de terre autour des objets afin de pouvoir étudier les formes, les matières et les décors. Autant d’indices témoignant de la vie passée de ces vestiges. Cela nous occupe toute la journée et nous ne venons même pas à bout de ce travail monotone. De temps en temps, au milieu des conversations, notre attention est réveillée par un détail qui suscite notre curiosité. Nous redécouvrons avec intérêt les objets fouillés ; voilà une autre étape du travail de fouille.

Siffler en travaillant ! 
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J40
Publié le 30 août 2017

J-2 avant la fin de chantier, si les deux principaux objectifs de cette année à savoir définir l'extension du grand dallage et sa datation sont atteints (le post-fouille précisera sans doute encore cela), il est temps de finir les sondages commencés, boucler les enregistrements et nettoyer le mobilier. Les derniers jours ont été rudes sous le soleil de plomb de fin août et la chaleur du basalte. Mais nous menons à bout nos structures. Les sondages sont progressivement finis, et ce qui semblait encore flou il y a quelques jours apparaît plus clairement : murs, trous de poteaux, fossés ...

Ambiance de fouille : sous le soleil de plomb les parasols sont de rigueur ! 
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Petit point de numismatique (ou science des monnaies)

On retrouve quelques monnaies (en bronze) sur le chantier, ces dernières ne renvoient pas seulement à une activité économique, mais aussi à une certaine organisation politique encadrant la production. On sait en effet que des monnaies étaient frappées à Gergovie : un flanc métallique (rondelle de métal sans effigie) après avoir été chauffé est littéralement frappé entre deux coins portant chacun la représentation en creux figurant sur les deux faces de la pièce.

Deux monnaies en bronze retrouvées sur le site et la représentation de la technique de frappe monétaire. 

Un système monétaire élaboré se développe chez les peuples celtiques dès le IIIème s. av. JC sur l'imitation des pièces macédoniennes.

Les Arvernes développent leur propre système monétaire vers le milieu du II ème siècle avt JC : ils utilisent trois métaux or, argent et bronze dont dépend la valeur de la pièce. Les monnaies se distinguent entre elles par les symboles qui y sont représentés ; on peut ainsi distinguer les différents peuples gaulois. En localisant ces monnaies, on découvre les échanges existant entre ces différents peuples.

Exemples de monnaies celtiques.  
J39
J39
Publié le 29 août 2017

Avec la fouille de Gergovie, nous vous emmenons dans l’âge des Métaux : âge du Bronze et âge du Fer deux périodes qui marquent profondément l’histoire de l’humanité avec d’importants changements :

Sur le plan technique, la découverte et développement de la métallurgie du cuivre (-2500), du bronze (-1800) puis du fer (-800) ont renouvelé les objets de toutes sortes.

Des réseaux sur de grandes distances se développent dans toute l’Europe favorisants les échanges matériels et conceptuels.

Les systèmes politiques s’élargissent avec une intensification de la hiérarchie et les prémices de pouvoirs centralisés. L’économie se monétarise (III ème siècle avt JC) et les premières villes apparaissent.

Frise chronologique des temps protohistoriques.  
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Quid des Arvernes ?

Gergovie serait la capitale du territoire arverne.

Les Arvernes sont un des nombreux peuples gaulois (indépendants les uns des autres) tels qu'ils ont été définis par César dans ses écrits. Il y a 2200 ans, le territoire est morcelé entre différentes populations qui s'inscrivent dans une tradition celtique (culture matérielle proche) avec des sociétés rurales organisées maîtrisant l'art de la métallurgie.

On retrouve les Arvernes dans la plaine de la Limagne (Auvergne actuelle) dès le III ème siècle avt JC. Leur position au centre des échanges Nord/Sud favorise leur enrichissement et leur influence. Cela explique l'importance historique qu'ils ont eue ; bien visible dans les écrits de César.


Avant la conquête, les Arvernes s'organisent de manière très complexe autour de trois sites centraux (Corent, Gergovie, Gondole) ; lieux de pouvoir renseignés par les fouilles archéologiques.

L'image d'Abraracourcix est loin de représenter la réalité du système politique au sein des populations gauloises : il faut plutôt imaginer un modèle se rapprochant des cités-états grecques (pas si rustres ces gaulois !).



Voici en exemple la description par César de Vercingétorix, célèbre leader Arverne :

7,4(Commentaire de la Guerre des Gaules)

« Un jeune Arverne très puissant, Vercingétorix, fils de Celtillos, qui avait tenu le premier rang dans la Gaule, et que sa cité avait fait mourir parce qu'il visait à la royauté, assemble ses clients et les échauffe sans peine. [...] On lui donne le titre de roi, et il envoie des députés réclamer partout l'exécution des promesses que l'on a faites. Bientôt il entraîne les Sénons, les Parisii, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes, et tous les autres peuples qui bordent l'océan : tous s'accordent à lui déférer le commandement. Revêtu de ce pouvoir, il exige des otages de toutes les cités, donne ordre qu'on lui amène promptement un certain nombre de soldats, et règle ce que chaque cité doit fabriquer d'armes, et l'époque où elle les livrera. Surtout il s'occupe de la cavalerie ; à l'activité la plus grande il joint la plus grande sévérité ; il détermine les incertains par l'énormité des châtiments ; un délit grave est puni par le feu et par toute espèce de tortures ; pour les fautes légères il fait couper les oreilles ou crever un oeil, et renvoie chez eux les coupables pour servir d'exemple et pour effrayer les autres par la rigueur du supplice. »

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Si vous souhaitez approfondir la vie d'Astérix et la réalité du monde gaulois, nous vous invitons à lire le hors-série Science et Vie n° 2 de septembre 2017.

J38
J38
Publié le 28 août 2017

La fouille de Peter Jud sur le plateau de Gergovie, dans le cadre d’une triennale (un projet scientifique de trois ans) documente la « protoville » gauloise du Ier siècle avant JC et son évolution au début de la romanisation. Dans ce cadre, l’équipe fouille depuis trois ans la porte ouest, des parties du rempart et le centre du plateau. L’archéoteam arrive en cours de route et plonge dans l’ambiance protohistorique.

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La porte :

C’est la première porte qui a pu être datée de la période gauloise. Rattachée aux remparts, cette porte fait partie du système défensif du lieu : la porte forme un goulot d’étranglement protégeant très efficacement l’entrée. Comme le rempart, cette grande porte est faite en pierres sèches formant un mur de 3 m de largeur et pouvant atteindre 7 m de haut (de quoi faire peur aux romains !).

La place centrale :

La découverte d’un vaste dallage en pierre basaltique de plus de 3000 m² a marqué la campagne de 2016. Ces grandes dalles pouvant peser entre 100 kilos et 1 tonne étaient détachées d’une carrière voisine. Pendant les semaines précédant notre arrivée, les fouilleurs ont vainement cherché les limites de ce grand espace ! L’usage de cette vaste place est difficilement identifiable à cause du trop rare mobilier, sa date même est incertaine : avant ou après la conquête de César.

Le rempart : Où et comment cette zone du rempart est construite ? Comment se rattache-t’elle à la porte. Mais pour l’instant nous sommes encore au niveau de l’éboulement du mur (qui ressemble à un gros tas de pierres pour l’instant) on en cherche donc le parement (l’habillage extérieur du mur régulier) pour déterminer sa véritable taille et son orientation. C'est une construction en pierre sèche de 3 m de large et selon les estimations de 7 m de haut.

Vue depuis le rempart sud  à l'extrémité du plateau.
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Où fouillons nous et pourquoi ?

Anne-Lise fouille en divers points les restes d’une réoccupation gallo-romaine perturbant la voie. Les niveaux de pierres sont assez perturbées et difficilement lisibles, ce n’est que progressivement que les structures se dessinent : ici une citerne, là un foyer, peut-être un trou de poteau ici, une rigole…


Marie : Au niveau du grand dallage central, un fossé d’1.50 m de large a été creusé. Tout l’enjeu est de retrouver la forme de ce fossé et de le dater. Pour cela, plusieurs sondages (zone où l’archéologue décide d’investiguer pour mieux comprendre une structure par exemple) ont été ouverts. On a pu ainsi retrouver le tracé de ce fossé tout le long de la place centrale.


Le mobilier abonde mais de manière très fragmentaire : l’acidité de la terre a fortement fragilisé les os (d’animaux abandonnés ici en déchet), les morceaux de céramique sont de petites tailles, surtout représentatifs de la vaisselle commune de cuisine, pour ce qui est des métaux, nous retrouvons de nombreux éléments en fer rongés par la rouille dont la forme n’est plus très identifiable et quelques petits objets en bronze un peu mieux conservés.

Ossements d'animaux, fragments de métaux et céramiques. 
J34
J34
Publié le 24 août 2017

Gergovie est connue par la célèbre bataille que « nos » ancêtres les Gaulois ont gagné en - 52 (contrairement à Alésia) contre Jules César. Ce dernier raconte dans les Commentaires de la Guerre des Gaules cette fameuse escarmouche contre le chef Vercingétorix.

[7,36]

De là César parvint en cinq marches à Gergovie ; et le même jour, après une légère escarmouche de cavalerie, il reconnut la position de la ville, qui était assise sur une montagne élevée et d'un accès partout très difficile ; il désespéra de l'enlever de force, et ne voulut s'occuper de ce siège qu'après avoir assuré ses vivres. De son côté, Vercingétorix campait sur une montagne près de la ville, ayant autour de lui, séparément, mais à de faibles distances, les troupes de chaque cité, qui couvrant la chaîne entière des collines, offraient de toutes parts un aspect effrayant. Chaque matin, soit qu'il eût quelque chose à leur communiquer, soit qu'il s'agît de prendre quelque mesure, il faisait, au lever du soleil, venir les chefs dont il avait formé son conseil ; et il ne se passait presque pas de jour que, pour éprouver le courage et l'ardeur de ses troupes, il n'engageât une action avec sa cavalerie entremêlée d'archers. En face de la ville, au pied même de la montagne, était une éminence escarpée de toutes parts et bien fortifiée ; en l'occupant, nous privions probablement l'ennemi d'une grande partie de ses eaux et de la facilité de fourrager ; mais elle avait une garnison, à la vérité un peu faible. César, dans le silence de la nuit, sort de son camp, s'empare du poste, dont il culbute la garde, avant que de la ville on puisse lui envoyer du secours, y met deux légions, et tire du grand au petit camp un double fossé de douze pieds, pour qu'on puisse aller et venir même individuellement, sans crainte d'être surpris par l'ennemi.

Pendant longtemps des débats ont existé au sujet de la localisation exacte de Gergovie, mais on peut aujourd'hui le situer sur ce vaste plateau volcanique de 70 hectares dominant la plaine et les monts alentours.


Vue à 180°  permet de voir à peu de distance l'oppidum de Corent et Gondole. 

Le paysage que nous pouvons admirer depuis le haut du plateau est le résultat d'une intense activité sismique qui a façonné la plaine de la Limagne et la chaine des Puys. Le plateau de Gergovie s'est formé par érosion d'une vaste coulée de lave. Cette position en hauteur et l'escarpement de ses flancs lui confèrent naturellement une position défensive que les Gaulois ont su exploiter et ont même renforcé d'une vaste enceinte en pierre sèche.

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Gergovie est ce qu'on appelle un oppidum. Ce terme est emprunté au texte latin qui l'utilise pour qualifier les sites fortifiés d'habitat des gaulois, on ne connaît pas le terme gaulois correspondant, et même la signification du terme est sujet à débat. Qu'est-ce qu'un oppidum ? Est-ce la même chose qu'une ville ? Peut-on appeler villes les vastes occupations gauloises du II ème s av. JC ? La question des premières urbanisations est au cœur des thématiques de recherches actuelles. Les archéologues réfléchissent donc aux indices qui permettent d'identifier une ville. Dans ce cas-là ce serait une première urbanisation avant celle effectuée par les Romains.

Ce sont les problématiques de recherche de Peter Jud, chercheur associé au CNRS. Jusque là, les recherches se sont surtout concentrées sur la bataille de Gergovie : les remparts, les camps romains. Depuis 2013, Peter Jud s'intéresse à l'organisation de ce site à l'intérieur des remparts.

J33
J33
Publié le 23 août 2017

Ça y est nous en sommes à un mois de fouille ! Le résultat : nous sommes lessivées mais toujours aussi motivées pour vous conter le monde merveilleux de l'archéologie !

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Nous enchaînons directement lundi notre troisième chantier de fouille à Gergovie. Quel saut dans le temps ! Après la préhistoire et ses millions d'années, nous arrivons aux portes de l'histoire : 50 ans avant notre ère.

A l'époque toute la Gaule n'est pas encore occupée surtout dans le territoire Arverne où nous nous situons. Cette région foisonne de découvertes archéologiques. La riche plaine de la Limagne a effectivement favorisé l'implantation humaine.


Il y a un mois, la fouille a commencé et nous arrivons sur les deux dernières semaines ce qui nous permettra de vous présenter l'aboutissement d'une campagne archéologique.

Depuis lundi, nous avons découvert Vercingétorix (voir photo ci-dessous), une nouvelle équipe (qui s'annonce très sympa !), un nouveau contexte et de nouveaux paysages.

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Aujourd'hui nous avons encore une fois repris la route, quittant le cœur lourd une très bonne équipe, et l'esprit enrichi de nombreuses découvertes. Le trajet fut l'occasion d'un débriefing : voici un petit pot pourri de ce qu'il faut encore vous dire.

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Une technique innovante de micro-chronologie : le récit des suies.

Les feux successifs sous l'abri ont déposé sur les parois de la suie. Celle-ci est régulièrement recouverte par des concrétions calcaires déposées par l'eau ruisselant sur les parois. A Mandrin, des fragments de la paroi ont été retrouvés recouverts de ces couches alternées de suies (noir) et de calcaire (blanc) comme un véritable code barre !

L'analyse de ce processus de concrétion permet de compter le nombre de dépôts de suie et de savoir ainsi combien de fois l'abri a été occupé. Pour ces longues périodes cette information est cruciale car elle permet de connaître précisément le nombre d'occupations de la grotte et de retracer son histoire.

Impression préhistorique à la Grotte Mandrin. 
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Une bonne équipe pour une bonne fouille

Les chantiers de fouilles sont un tout, où l'équipe apporte beaucoup. A la Grotte Mandrin, nous avons fait de belles rencontres, avec une variété de profils et de visions du monde très enrichissante. Nous vous avons déjà présenté Audrey et Benoît, les deux anciens de la fouille qui participent à l'analyse scientifique du site par leur spécialité.

Puis, nous avons une bande de joyeux lurons passionnés :

Peter (qui est aussi un ancien), étudiant à Harvard, Zach , currator d'un musée de Boston et qui est tombé amoureux de la France et de son archéologie, Carlotta étudiante enjouée de licence à Toulouse, Marie (licence Lyon 2) qui s'oriente vers l'étude du Proche-Orient, Chloé la petite sœur d'Audrey qui s'interroge sur son avenir et expérimente pour la première fois avec curiosité et beaucoup de sérieux l'archéologie, et William qui après de nombreuses pérégrinations s'est pris de passion pour l'art pariétal océanien et commence un master sur le sujet à Toulouse.

Le rythme de vie commun et le partage de notre passion nous permettent de créer rapidement de forts liens amicaux. Nous parlons beaucoup d'archéologie bien sûr, mais nous abordons très vite de nombreux autres sujets : politique, voyages ,vision du monde, écologie et spiritualité… tout y passe. Les soirées sous les étoiles et dans la vieille salle voûtée virent naître de belles rencontres, et de nombreux rires.

Les fouilleurs pris sur le vif ! 
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Les objectifs 2017 :

La Grotte Mandrin est (vous le savez maintenant!) fouillée depuis longtemps !

La couche E du Néronien (cf. article et stratigraphie précédente) a été atteinte dans tout l'intérieur de l'abri. Des études géologiques et stratigraphiques ont montré que la cavité a été plus importante à une époque et s'est effondrée avant la période néronienne. Ludovic s'intéresse cette année au rapport intérieur/ extérieur de la Grotte Mandrin. Nous fouillons donc le devant de la grotte. L'étude spatiale des artefacts et leur catégorisation permettront de déterminer s'il y a des différences d'utilisation entre espace intérieur et extérieur,

L'objectif concret de la fouille est donc de retrouver le niveau E du 50 ième millénaire devant la cavité pour avoir la continuité avec l'intérieur de l'abri. A cette fin l'espace a été couvert par une structure plexiglas pour protéger les vestiges des coulées de boues dues aux orages du sud. Nous étions chacune sur un secteur différent : Marie fouillait la couche E à l'extrémité de la fouille tandis qu'Anne-Lise retirait patiemment les couches supérieures 20 cm plus haut avec 8 000 ans d'écart !

Pourquoi la couche E ?

Dans ses nouvelles problématiques, Ludovic s'interroge sur ce qui passe au 50 ème millénaire qui semble être un tournant majeur dans l'histoire humaine avec la colonisation de l'Australie (attestant de la maîtrise de la navigation) et l’apparition du néronien entre autres.

La Grotte Mandrin  avec au premier plan la zone extérieure en cours de fouille. 
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La réapproppriation du site par les locaux

Au fil de ces longues années de fouilles, l'équipe scientifique a su créer des relations de confiances avec l’administration et les entreprises locales. Cela a permis aux Malatavernois de se réapproprier leur patrimoine. Ainsi l'auvent et le système de surveillance assurant la sécurité du site à la suite d'un pillage ont été produits et financés en partie par la mairie. Le site est d'ailleurs la propriété de la mairie et de nombreux projets de valorisation et de transmissions du savoir (musée et publications) sont en cours d'élaboration.

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Particularités préhistoriques

C'était pour nous notre première expérience de fouille aussi ancienne, et même si chaque site est un peu unique et demande une adaptation des méthodes et une réflexion propre, on a remarqué certaines particularités :

> L'universalité des problématiques qui concernent rapidement l'ensemble de l'humanité : chaque découverte permet d'affiner la chronologie, de mieux comprendre les phénomènes d'expansion et colonisation des hommes archaïques et modernes . La connaissance est ainsi continuellement renouvelée.

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Publié le 20 août 2017


C’est juste après la pause déjeuner aujourd’hui, que Ludovic Slimak (archéologue au CNRS responsable de la fouille de la Grotte Mandrin) nous raconte son parcours pour le moins atypique et passionnant !



C’est un vieux souvenir qui me revient en mémoire ; 4 ans, à l'arrière de la voiture de mon père, il m'interroge sur ce que je veux faire plus tard. Et avec mes mots d'enfant ma réponse a été celle-ci :

J'aimerais creuser la terre pour trouver de vieilles choses.

La deuxième partie de cette pensée d’enfant était étonnante et révélatrice des valeurs et des concepts que la société dans son entier amène à inculquer, consciemment ou inconsciemment à ses enfants :

Mais, ça ne peut pas exister parce que ça ne rapporte pas d'argent !

Heureusement que mon père réoriente immédiatement ma pensée trop rationnelle pour un petit bout de 4 ans : "Si, ça existe, et cela s'appelle archéologue." Je crois que j’ai été bouleversé par cette possibilité, cet entrebâillement, que mon père venait de me faire percevoir. Une porte s’ouvrait dans mon regard et je n’allais jamais la laisser se refermer complètement, malgré les mille détours et aléas qui sont ceux de la vie de tout Homme.

A 12 ans, je reconstitue des poteries provenant d'un château Cathare. A 14 ans, ce sont mes premières fouilles. Tout les mercredis, je participe à la fouille de sauvetage d'un site gallo-romain à Martigues avec Jean Chausserie-Laprée. Mais, ce n'était pas gagné : il m'avait assuré que je ne tiendrais pas une semaine… Je suis resté 6 mois !

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Le parcours incertain vers le monde professionnel est fait de chances, de hasards et d'improbabilités mais, la passion et la motivation sont restées.

Je souhaitais travailler dehors, être libre, surtout pas enfermé dans un bureau et donc encore moins faire des études. Autant de raison qui m'ont conduit à m'inscrire dans un lycée agricole (formation forestière) à Vic en Bigorre, formation bien pensée, solide même je pense, mais qui ne débouchait résolument pas vers le monde professionnel, amenant l’ensemble de notre promotion à se réorienter vers d’autres branches. Je me suis alors dirigé vers une formation en horticulture qui n'a pas du tout répondu à mes attentes. Ce parcours m’a conféré de solides bases en science naturelles, sciences de la vie et biologie, mais ne me correspondait pas en termes de choix du mode de vie que j’espérais.

En parallèle, je passais mes étés en fouilles et, voyant que ces études ne me correspondaient pas pleinement je me suis orienté vers mes passions initiales. N’ayant pas le bac, mais un Brevet de Technicien Agricole, option production forestière, il a fallu que je me batte pour finalement pouvoir intégrer la Fac d'Aix-Marseille en Histoire de l'Art/ Archéologie, le parcours a été tortueux, avec des détours par Pau entre-autres.

C'est grâce à une rencontre et à une fouille que j'ai découvert ma passion pour la préhistoire et que j'ai fait mes armes sur le terrain : La Baume du Moula-Gercy connue pour ses restes néandertaliens cannibalisés anciens d’une centaine de millénaires. A ce stade, et dès 1993, dans ma tête et mes choix de vie, ma voie était résolument tracée!

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Cela faisait des années que j'étouffais à étudier des disciplines dont l’intérêt me semblait très relatif, et que je comptais les jours pour pouvoir me consacrer pleinement à mes passions, désir qui ne prendra corps qu’à partir de la maîtrise (devenue l’actuel Master I).

Une maîtrise et un DEA m'ont amené à la thèse. Sans financements, et pendant 6 ans et demi, je l'ai financée en jouant de la cornemuse. Ce n'est qu'au bout de la troisième année que j'ai vu le sujet émerger, il fallait continuer !

                  "Les dernières expressions du Moustérien entre Loire et Rhône"

(Moustérien : culture néandertalienne connue pour une taille particulière de silex, le débitage Levallois)

Production typique du Moustérien. 

La recherche est un tâtonnement :

La taille de silex, les intuitions de Jean Combier (Le Grand préhistorien de l’Ardèche), l'étude et la connaissance intime des collections moustériennes m'ont permis de mettre en évidence et définir une culture originale : le Néronien.

En rejoignant la fouille de la Grotte Mandrin en 1998, j'observe des objets datés de -50 000 dans la couche E ne correspondant à aucune culture connue pour cette période (dont des micro-pointes témoins d'une maîtrise technique exceptionnelle).

Production typique du Néronien. 
La stratigraphie de la Grotte Mandrin : 120 000 ans d'histoire !

Ce sujet m'a permis de comprendre un pan original de cette période charnière dans l’histoire de l’humanité qui voit l'arrivée de Sapiens en Europe et la disparition des néandertaliens.

Les fouilles de la Grotte Mandrin renouvellent les connaissances sur cette question passionnante par la qualité et la quantité des objets mis au jour et par l'investissement humain et scientifique : 27 années de fouille deux mois par an, la gestion d’une équipe de 35 chercheurs, qui permettent désormais de solidement envisager que l'homme moderne pourrait bien être arrivé en Europe 8 à 10 millénaire plus tôt qu'on ne le pensait !

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Petite histoire de fouille :

1993, je pars pour des fouilles au nord du Mali sur le site de Kobadi découvert par Théodore Monod. Nous travaillons avec des ouvriers Peuls vivant depuis des temps immémoriaux au cœur de conflits territoriaux et sociaux avec les touaregs dans les conditions difficiles de la frange Sahelienne.

La fouille se déroule et nous collectons les objets archéologiques que nous conservons soigneusement dans des sachets étiquetés. Nous avions clairement expliqué aux ouvriers l’importance de cette organisation pour les recherches scientifiques.

Alors que nous venions d’acheter aux touaregs du riz ( stocké dans des sachets), l’un des sachets se perce et laisse s’écouler le riz. Réflexe immédiat des ouvriers : ils bazardent les artefacts de leurs sachets pour récupérer le précieux aliment oubliant totalement nos considérations et recommandations, la raison même pour laquelle nous étions venus depuis la France. Le paradoxe était remarquable et l’anecdote délicieuse avec le recul, permettait de calibrer une hiérarchie remarquable de valeurs et de conception des priorités radicalement différentes de la nôtre et qui a pris dès lors un sens particulier à mes yeux. Relativité des valeurs et des états. Fragilité des vérités. Tout est anthropologie... Tant mieux…

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Nous vous avons parlé de notre rythme, des travaux effectués, du contexte préhistorique, mais nous n'avons guère développé pour l'instant les particularités de cet abri exceptionnel !

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La Grotte Mandrin est fouillée depuis 27 ans, 27 étés de fouilles et autant d'années de recherches, d'études et d'analyse du mobilier, qui ont permis de mettre au jour un site d'une grande richesse (scientifique).

Ce travail est possible grâce à une équipe nombreuse et diversifiée: nous y trouvons des anthropologues, des spécialistes de la micro-chronologie (datation grâce aux suies), des spécialistes de l'analyse spatiale, des archéozoologues(spécialistes de la faune), des spécialistes du lithique (artefacts en pierre), ... Cet aspect pluridisciplinaire est à la fois passionnant et enrichissant pour nous.

Conseil pour briller en société : Parlez de la malacologie ou de la palynologie (voir ci-dessous) !

Les multiples métiers de l'archéologie !
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A la Grotte Mandrin nous avons rencontré deux de ces spécialistes :

> Audrey, archéozoologue :

Son travail se fait en trois temps.

1/ La détermination anatomique de l'os animal : à quel os et à quelle espèce cela correspond ?

2/ La taphonomie : observation des processus d'altération depuis la mort de l'animal jusqu'à la découverte de l'os. Ils peuvent correspondre à l'activité humaine (chasse, boucherie,...), biologique (décomposition, climat, bactéries,...) ou géologique (sédimentation, climat, nature du sol,...).

3/ La détermination de l'âge : Cela peut se faire par l'étude des dents (principalement) ou celle de la croissance des os.

En croisant ces analyses avec les données ethnologiques et des expérimentations, Audrey peut comprendre dans le cas de Mandrin quels animaux étaient chassés, pourquoi (alimentation ou outils), à quelles saisons et ainsi mieux documenter les activités des préhistoriques dans cet abri.

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> Benoît, analyste spatial :


Son travail permet de comprendre comment les hommes préhistoriques vivaient, occupaient et organisaient leur espace de vie.

Pour cela il étudie la répartition des objets sur le site : des calculs statistiques lui permettent d'observer les concentrations d'objets par types et d'étudier leur emplacement grâce à un logiciel de cartographie.


Prenons un exemple : Sur le site un foyer a été retrouvé et Benoît est capable de déterminer quelles activités ont été effectuées autour de celui-ci.

Ici dans la Grotte Mandrin qui a été occupée par plusieurs groupes humains, il est intéressant de comparer l'utilisation qu'ils ont eu de ce même espace (intérieur et extérieur).

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Après une fouille minutieuse : c’est-à-dire en gardant les objets à leur place et en essayant de suivre le pendage naturel du terrain nous obtenons une grande surface plane où apparaissent de ci, de là les différents objets. Nous mettons ainsi au jour :

· > Des silex : selon les époques, ils sont taillés différemment. L’archéologue doit désormais identifier la technique de taille et déterminer grâce à cela à quelle période ils correspondent.

Quelques silex taillés retrouvés sur le site.

· > Des ossements : animaux ou humains, on retrouve les os parfois très abîmés. C’est alors aux anthropologues ou aux archéozoologues que revient le travail d’identification pour savoir à quelle espèce l’os appartient et à quelle partie anatomique il correspond.

Ossements très fragmentés. 

Si l’objet apporte une information particulière, il est relevé. C’est-à-dire que des mesures sont prises au tachéomètre afin de connaître son emplacement exact dans l’espace (x,y,z). Ainsi, l’archéologue pourra analyser les zones où les objets ont été retrouvés qui peuvent correspondre à des zones d’activités (foyer, zone de taille de silex, zone de boucherie, zones funéraires, zones de rejet…). Le reste des objets est relevé et soigneusement mis en sachet tandis que les seaux de terre sont tamisés pour être sûr de ne pas oublier un seul fragment.

Grâce à toutes ces informations, nous pouvons connaître pour chaque couche la période, l’utilisation de l’espace et son évolution. La stratigraphie permet d’immortaliser cette information.

Ensuite, une fois par semaine, l’équipe se réunit au sous sol du gîte pour une « journée labo ». Le labo est une salle qui a été aménagée sommairement pour pouvoir laver les objets exhumés, les marquer pour connaître leur origine et leur position (exemple de marquage : MAN 17, Couche, n°). Ce travail minutieux permettra aux spécialistes d’analyser plus précisément ces objets afin de recueillir toutes les informations nécessaires.

"Journée labo" ! 
J27
J27
Publié le 16 août 2017

Sur plus de 7 millions d'années, les premiers hominidés sont apparus (Toumaï, -7 MA), ont commencé à marcher debout (Lucy, -3,2 MA) et ont développé les premiers outils (-2,6 MA en Afrique). Nous sommes sur le temps long !

Petite chronologie du Paléolithique. 

Les archéologues ont défini une première période appelé le Paléolithique qui commence avec l'apparition de ces premiers outils créés par les homininés (ancêtres de l'homme moderne). Si l'on comparait le Paléolithique à une année débutant avec la production des premiers outils le 1er janvier, l'Homo sapiens (nous) n’apparaîtrait que début décembre en Afrique. Au cours de cette période, différentes espèces humaines se succèdent et explorent le monde. Tout en créant les premiers outils en pierre, ils apprennent à maîtriser le feu (-400 000 ans), développent les premières sépultures (-100 000 ans) et l'art (-40 000 ans).

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Faisons un zoom dans le temps et dans l'espace pour nous intéresser à la Grotte Mandrin où nous fouillons.

Nous sommes il y a 120 000 ans au cœur de la Drôme actuelle : au bord du Rhône, des néandertaliens occupent un abri sous roche qui surplombe la vallée. Une position stratégique sur un axe de migration humaine et animale encore présent aujourd'hui (l'autoroute et la ligne TGV en témoignent !).

Qui sont ces hommes et pourquoi se sont-ils installés ici ?

Entre -250 000 et -42 000 (Paléolithique moyen), la France est occupée par des populations nomades de chasseurs-cueilleurs assez différentes de nous autres Homo sapiens. Avec sa carrure robuste, son habilité à la chasse et sa grande capacité d'adaptation à des contextes tant froids que chauds, nous vous présentons l'Homme de Néandertal (à gauche sur l'illustration).


Vivant par petits groupes d'une trentaine de personnes, ces hommes s'installent sur un territoire bien défini en vivant de chasse, de pêche et de cueillette. Ils s'organisent autour d'un campement principal combiné avec des installations spécialisées : haltes de chasse, ateliers d'extraction et de taille des silex, sites d'abattage du gibier.

La Grotte Mandrin a probablement été utilisée comme une halte de chasse de manière saisonnière par un petit groupe d'individus (une dizaine). On sait tout cela grâce à l'étude des dépôts de suies par les feux sur les parois de la grotte et à l'analyse des objets.

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C'est fascinant pour nous archéologues de découvrir l'histoire de cet abri grâce à sa stratigraphie (cf article précédent). Incroyable, sur 8000 ans toutes les activités de ces hommes ont été conservées : on retrouve les animaux qu'ils ont consommés, les outils et les armes qu'ils ont taillés et utilisés, les traces de leurs foyers et de leur campement. Autant d'indices qui nous permettent de reconstituer leurs modes de vie.

J24
J24
Publié le 13 août 2017

Un rapide retour aux Choffaux à la rencontre des deux archéologues responsables de la fouille : qui sont-ils, d'où viennent-ils ? Une interview exclusive par l'archéoteam !!

Hélène Courty et Nicolas Fromont, archéologues.  

Comment est née votre vocation d’archéologue ?

Nicolas : Cela est né d’une curiosité pour les sciences naturelles, la recherche de fossiles, qui m’ont d’abord poussé vers la géologie. Et, finalement, ce n’est pas si différent de la recherche archéologique !

Hélène : Par l’histoire. C’est la confrontation et la complémentarité des sources qui me passionnent : sources écrites, matérielles, iconographiques, qui donnent lieu à différentes disciplines, histoire, archéologie, histoire de l’art. Le tout pour restituer l’histoire des hommes.

Quel a été votre parcours pour arriver à l’archéologie ?

Hélène: J’ai une formation en histoire à Rouen et en histoire de l’art à l’école du Louvre, qui m’a permis d’élargir mes horizons. Parallèlement, l’été, je faisais des chantiers de fouilles bénévoles. A l’époque, il n’y avait pas de cursus purement archéologique à Rouen et c’était déjà l’événement d’aller à Paris !

Nicolas: J’ai fait une fac de géologie à Caen. Comme alternative au service militaire, j’ai fait une objection de conscience au sein du service départemental d’archéologie du Calvados. C’est à partir de là que je me suis vraiment orienté vers l’archéologie avec un DEA à Paris 1 Panthéon Sorbonne. Passionné, j’ai embrayé sur une thèse traitant des bracelets en pierre du Néolithique ancien tout en enchaînant des contrats en archéologie préventive (fouille de sites avant travaux d’aménagement).

Hélène : Après ma licence, j’ai choisi de faire une année de muséographie avant d’effectuer un Master à Paris 4 sur le Soudan au Ier millénaire avant J.-C. Enfin, j’ai passé le concours de conservateur avec une formation à l’Institut national du patrimoine.

Et, actuellement quel poste avez-vous ?

Nicolas : Avec la création de l’Inrap, l’archéologie s’est considérablement développée et il y a eu des vagues d’embauches en CDI dont j’ai profité. Je suis maintenant employé à l’Inrap en tant que responsable d’opérations.

Hélène: Depuis 2010, je travaille à la direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire en tant que conservatrice du patrimoine.

Quels sont les points positifs et négatifs de vos métiers ?

Nicolas: J’aime la diversité de mon travail qui m’amène à découvrir de nombreux contextes archéologiques. Et la variété entre les différentes étapes de l’étude (fouille puis post-fouille) qui se fait en combinant les savoir-faire de spécialistes. Mais, le contexte actuel de l’archéologie préventive (ouverture à la concurrence) favorise la rentabilité plus que la recherche scientifique.

Hélène: Oui, je vois le même problème dans mon travail où je dois concilier le scientifique avec les exigences économiques. Ce que j’aime, c’est la vision globale de la recherche archéologique à l’échelle régionale que me permet mon poste.

Nicolas: Quand je fais de l’archéologie je n’ai pas l’impression de bosser car j’aime ce que je fais !

Votre meilleur souvenir en archéologie ?

Nicolas: Mon premier site en tant que responsable d’opération sur une fouille programmée. Et en plus c’était en lien avec mon sujet de thèse puisque c’était dans une carrière de schiste. Après 1 semaine sans résultats, nous avons enfin découvert le lieu d’extraction : quelle satisfaction !

Hélène: (Après une soirée de réflexion !) Je n’ai pas de « meilleur souvenir », mais des rencontres (éphémères !) que l’on fait sur les chantiers. Des gens avec qui j’ai passé de bons moments, que j’ai revus parfois, car l’archéologie est un petit monde, d’autres dont j’ai eu des nouvelles. Sinon, j’ai une anecdote. Sur l’un de mes premiers chantiers, le responsable avait caché des pièces de 20 centimes martelées pour voir si on les trouverait. J’avais trouvé celle qui se trouvait dans mon sondage !

L’œil attentif des l'archéologues.  
J23
J23
Publié le 12 août 2017

6 h 30, le réveil sonne.

7 h une volée de cloches précipite les fouilleurs hors de leur lit. La cuisine s'anime telle une fourmilière chacun trouve sa tâche : grillade du pain, préparation du café, vaisselle, éminçage des légumes en prévision de la salade du midi. Le ballet se calme et nous nous attablons tous pour un copieux petit déjeuner dans la salle commune.

8 h 15, départ. On s'entasse dans les voitures pour arriver sur le site.

9 h, début des opérations chacun s'arme d'un seau, de son bambou, et s'attaque vaillamment à la fouille de son secteur. Un stylet de bambou remplace ici la truelle métallique afin de ne pas abîmer les artefacts archéologiques (objets produits par l'homme retrouvés en fouille) . Minutieusement, chacun met au jour les vestiges : silex et ossements. Au fur et à mesure du décapage millimétrique, nous remontons dans le temps.

Jusqu'à midi et demi, le travail se poursuit dans une ambiance studieuse ponctuée de conversations philosophiques ou de jeux de mots.

12h30 Nous prenons enfin une pause pour déjeuner, nous nous serrons dans un carré de soleil pour nous réchauffer du mistral qui souffle continuellement sur le site.

13h30, nous reprenons. Les fouilles préhistoriques ont un autre rythme, les vestiges (nombreux) sont gardés en position d'origine. Le décapage se fait par fines couches. On peut se rendre compte des objectifs d'une fouille au nombre de seaux ! Pour une fouille de précision, le seau se remplit plus lentement que lors des séances de gros décapage. Pour être sûr de ne rien manquer, la terre ramassée est tamisée à travers trois mailles de plus en plus fines.

Fin de journée, le soleil décline, nous rangeons nos affaires après un dernier coup de pinceau.

Comme pour toute vie en communauté, on s'organise : des tours de cuisine sont décidés. Tandis que nos deux cuistots s'activent, les autres se détendent de leur journée de labeur sur la terrasse baignée de soleil. Nous nous émerveillons chaque soir du beau paysage qui nous entoure.

Les bonnes odeurs de la cuisine nous invitent à table sous la voûte de la grande salle médiévale.

Et ainsi se termine joyeusement notre journée!

Le charme de Saint-Thomé  !
J21
J21
Publié le 10 août 2017

Chaque matin nous passons le Rhône pour aller de notre gîte perché sur une colline au site de la Grotte Mandrin près de Malataverne. C'est mercredi après une petite marche dans la garrigue encore boueuse de l'orage de la veille que nous débouchons sur la fameuse grotte. Il s'agit en réalité dans le jargon archéologique d'un abri sous roche creusé par le gel et le vent et non par l'eau (grotte).

C'est une longue histoire et les archéologues la lisent à l'envers : pour l'époque contemporaine, on retrouve un homme sauvagement assassiné par balle et une plaque commémorant la cachette d'un résistant lors de l'occupation allemande. 4 000 ans en arrière, ce sont des hommes du néolithique qui sont venus y incinérer leurs morts. Et enfin, il y a plus de 120 000 ans, des hommes préhistoriques y sont venus régulièrement installer leurs campements. Impressionnant n'est-ce-pas ? Peu de sites archéologiques peuvent se vanter d'avoir une telle histoire.

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Comment les archéologues ont-ils fait pour remonter aussi loin dans le temps ?

Tout est dans la méthode : LA STRATIGRAPHIE !

Au fur et à mesure des années, des sédiments (sables, argiles,...) apportés par le vent et l'eau se déposent par couches sur le sol qui s'épaissit. Ce phénomène s'appelle la SÉDIMENTATION ; phénomène inverse de l'érosion. Sur les sites archéologiques, on observe ces processus : par exemple, le site néolithique des Choffaux était totalement érodé tandis qu'à la Grotte Mandrin on observe une forte sédimentation qui a permis de préserver de nombreux vestiges.

Exemple de couche stratigraphique et de sa lecture archéologique. 

Nous avons emprunté cette technique aux géologues qui à partir de la sédimentation naturelle qui se forme par strate, lisent l'histoire de la terre. Pour voir cela, il suffit de faire une coupe c'est à dire qu'on creuse le sol verticalement suivant une ligne (horizontale). Quand un archéologue effectue une coupe, il peut donc lire la succession de couches sédimentaires.

Que nous apprend une coupe stratigraphique ?

Chaque couche sédimentaire comprend donc le sol sur lequel ont vécu les hommes de l'époque et piège les objets qu'y ont été abandonnés. Logiquement, plus on descend en profondeur, plus les couches et donc les vestiges sont vieux. Le rôle de l'archéologue lors de la fouille est de creuser pour retrouver les différentes couches, leurs relations, leurs natures et mettre en évidence les phases d'occupation du site par les populations anciennes.

Par exemple, sur le site de la grotte Mandrin les archéologues gardent une coupe comme référence pour lire l'histoire du site.

Le site de la grotte Mandrin avec au centre la coupe stratigraphique de référence.  
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Si vous voulez en apprendre plus sur l'archéologie, être tenus au courant des dernières découvertes, vous pouvez suivre le site http://archeologia.be présent aussi sur Facebook (archéologia.be). Nous remercions son auteur d'avoir relayé notre blog (n'hésitez pas à en faire autant !!)

J16
J16
Publié le 7 août 2017

C'est pour nous la fin sur le site de Louresse-Rochemenier. Après une dernière matinée de travail, le temps de finir la fouille et l'enregistrement de nos structures, nous devons reprendre la route pour la deuxième étape de notre Archéotour. Nous quittons l'équipe si sympa et le site avec un pincement au cœur : on a à peine le temps de faire notre trou qu'il faut déjà repartir !

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Il est maintenant temps de vous faire un petit bilan (provisoire car la fouille continue sans nous !). Le plan de la maison nous avait déjà appris qu'il s'agissait d'une maison monumentale néolithique.

Mais, que nous apporte la fouille des structures ?

Il est fondamental de se rendre compte que seules les fondations de cette maison ont été conservées. Les labours ont détruit définitivement le sol sur lequel les femmes et les hommes du néolithique ont vécu. Cela veut dire qu'on ne retrouvera pas ou très peu d'objets qui pourraient nous renseigner sur ces personnes et leur mode de vie.

Les archéologues sélectionnent des structures représentatives de chaque type (fosse, fossé, foyer, ...) pour répondre à des hypothèses bien précises par la fouille.

Les entrées :

Adrien commençant la fouille d'une entrée.  

Adrien, Mervé et Alexandre se sont attelés à cette tâche. Les entrées du bâtiment voient se recouper les deux fossés de fondation (externe et interne). 2 hypothèses sont envisageables :

> Hypothèse 1: Les deux tranchées ont été creusées simultanément ce qui voudrait dire qu'elles étaient toutes deux nécessaires à l'architecture du bâtiment. Dans ce cas là on peut se demander quelle est l'utilité de la tranchée interne : elle peut servir de tracé préparatoire à la construction du bâtiment, de tranchée pour faire glisser les poteaux dans les fosses plus facilement et la question reste ouverte car c'est le seul exemple de bâtiment de type Antran avec une tranchée interne.

> Hypothèse 2: Elles n'ont pas été creusées en même temps et correspondent à deux phases de construction du bâtiment.

Pour vérifier ces hypothèses un seul moyen : la fouille. Elle a révélé que les deux fossés étaient probablement contemporains car il n'existe pas de limite claire entre les deux au niveau de l'entrée où ils se croisent.


Les foyers :

Anne-Lise fouillant méticuleusement son foyer.  

Anne-Lise a fouillé comme vous le savez déjà un foyer qui se situe à l'intérieur de la maison. Était-il utilisé par les occupants de cette maison ou avant la construction de celle-ci ?

Pour bien comprendre le fonctionnement de celui-ci, Anne-Lise a peu à peu ôté les niveaux de pierres qui formaient la base du foyer afin d’atteindre le fond. La position du foyer par rapport à la maison, sa taille, l'orientation des pierres ont permis aux archéologues de dire qu'il s'agissait d'un four de type polynésien (cuisson à l'étouffée). Il a dû être utilisé antérieurement car il était plus profond que le niveau d'habitation de la maison. Quelques os brûlés retrouvés dedans permettront peut-être d'effectuer une datation au C14.

Les fosses:

 Fouille en coupe d'un trou de poteau (en noir, le négatif du poteau en bois)

Le reste de l'équipe est réparti sur les fosses dans lesquelles les poteaux soutenant le bâtiment étaient plantés. Pour mieux comprendre la position des poteaux et l'architecture du bâtiment, le fouilleur fait une coupe au travers de la fosse. Ainsi, on peut observer la manière dont les couches de terre sont organisées à la verticale et à l'horizontale. Il faut alors descendre en creusant à plat par couche de 10 cm. Après avoir ôté ces 10 cm de terre sur toute la zone fouillée, on prend une photo et on fait un relevé de ce qu'on voit en plan ; puis on recommence. Marie a pu ainsi découvrir la trace d'un poteau en observant la présence d'une zone de terre plus sombre à l'endroit où il s'est décomposé. En connaissant son emplacement exacte, les archéologues pourront restituer plus précisément l'architecture du bâtiment.

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Cette première étape nous a replongées dans le monde de l'archéologie de terrain avec des problématiques passionnantes sur l'habitat du néolithique. Et aujourd'hui, après une halte ressourçante au Mayet-de-Montagne, nous reprenons déjà la route, Anne-Lise au pilotage et Marie tapant l'article du jour tant bien que mal ! Deuxième fouille : la fameuse grotte Mandrin dans la Drôme ! Un bond de presque 50 000 ans en arrière (préhistoire) et de plus de 800 km à travers la France.

J15
J15
Publié le 4 août 2017

Jour 15, la fin de la fouille approche (pour nous), nous avons survécu aux pluies éparses, au falun, aux fosses sans fond...

Nous vous avons parlé du site mais, qu'en est-il des fouilleurs ? Vous connaissez leurs positions, leurs techniques mais, qui sont-ils ?

Tout le monde est bienvenu sur un chantier de fouille ! Principalement étudiants en archéologie, les fouilleurs peuvent également venir d'autres horizons. Des retraités passionnés, aux géologues, préhistoriens, anthropologues, et autres amateurs, tous les âges sont représentés ! Notre super équipe offre un bon échantillon de cette diversité.

Le selfouille 

Quelles études pour l'archéologie ?

Après un bac général le parcours classique est d'intégrer une licence d'Histoire de l'Art et Archéologie à l'université puis de se spécialiser au Master sur une période ou une technique. Mais, nombreux sont les parcours atypiques avec un passage à l'école du Louvre, l'ENS, l'EHESS ou l'EPHE, en Licence de sciences naturelles, de géographie ou d'histoire...mais, l'essentiel est d'être PASSIONNÉ et de participer à des chantiers de fouille car les bancs de la Fac ne suffisent pas !

ET, il vous faut aussi l'ARCHÉO-STYLE :

Tuto pour être "magnifique" sur les chantiers de fouille !

Si l'envie vous prend (à la suite de la lecture de ce blog 😉 ) de participer à des fouilles, bonne nouvelle c'est tout à fait possible: il vous suffit d'être majeur et vacciné (tétanos surtout). Chaque année, le ministère de la culture publie la liste des chantiers de fouille ayant lieu durant l'été sur ce site :

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Archeologie/Sur-le-terrain/Chantiers-de-benevoles

Alors n'hésitez pas !

Nouvelles (fraîches) du jour :

Yanis a fait sa première GRANDE découverte : une splendide pointe de flèche taillée dans le silex ; explosion de joie !

Une flèche et la main de fouilleur (caleuse) qui va avec ! 

Et, nous pouvons ajouter à notre répertoire une nouvelle position de fouille spéciale trou de poteau :

Touche le fond (du trou de poteau) et creuse encore ! 
J14
J14
Publié le 4 août 2017

Nous sommes désolées de ne pas avoir alimenté le blog, mais les chantiers archéologiques sont assez physiques, et le soleil étant pour une fois de la partie, la journée nous laissa harassées, et en manque d'inspiration pour vous faire un récit palpitant !

Petit point sur la progression de la fouille:

Le site dans toute sa splendeur après des pluies éparses qui mettent en valeur les structures ! 

Les fouilleurs répartis sur les diverses zones de la maison avancent sûrement leurs travaux. Des sondages ont été ouverts sur les fosses. Comme nous l'avons dit, nous ne pouvons pas tout fouiller ! Que ce soit sur une entrée, une fosse de poteau ou une tranchée de fondation, nous fouillons tous les couches successives de terre à la truelle, (pioche et piochons quand le sol se fait plus dur).

Ensuite, nous documentons l'évolution des structures : y avait-il un poteau de bois, comment interpréter la construction (son historique) puis le comblement des fosses...

Nous vous en dirons un peu plus au prochain épisode !

Et en attendant, voici quelques photos pour vous faire patienter :

Adrien dégage minutieusement un bois de cerf et une céramique: les outils de dentiste sont de rigueur !
J12
J12
Publié le 1er août 2017

Un petit exemple de découverte fouillée par Anne-Lise :

En nettoyant le sol on est tombé sur des zones circulaires dans laquelle apparaissaient des pierres rubéfiées (rougies par l'action d'un feu). Il s'agit très probablement de foyers (feu utilisé pour la cuisson alimentaire). Selon l'organisation des pierres, un archéologue pourra déterminer le mode de cuisson auquel cela correspond : une cuisson à l'étouffé (type four polynésien), un barbecue ?


C'est à l'intérieur de la maison qu'Anne-Lise s'attelle à la fouille de cette structure. Un nettoyage délicat au pinceau et à la pointe de la truelle fait apparaître les contours et les premières pierres brûlées. Pour garder une trace de ces vestiges avant une fouille minutieuse, photo et enregistrement sont faits. Nous sommes près du centre du bâtiment, avons-nous à faire au lieu de cuisson des aliments ? Sous quel mode ? Sommes-nous dans la cuisine ? Nous espérons le savoir en explorant un peu plus le foyer.

Autres exemples de sympathiques découvertes :

De gauche à droite : deux éclats de silex, une pointe de flèche néolithique tranchante et des ossements animaux.
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On vous parle de fouiller mais c'est tout un art de se tenir en équilibre au plus près des structures, voyez plutôt :

Pour soulager les douleurs "squeletto-musculaires" inhérentes au métier, le fouilleur doit effectivement s'adapter ! (ce qui n'empêche pas les crampes en fin de journée !)

Illustrations sur le vif !
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Grande question car quand les structures ne sont pas visibles (comme des ruines), comment les archéologues font-ils pour les repérer ?

Plusieurs méthodes permettent aux spécialistes de détecter des sites ; ce qu'on appelle les prospections :

> Prospection pédestre : l'usage puis l'abandon des sites laissent des objets que l'érosion, les labours (...) peuvent faire remonter à la surface. Par une visite systématique, ordonnée des champs (généralement), les prospecteurs peuvent noter des concentrations de fragments de céramiques, de métaux, de pierres, qui montrent la présence d'une ancienne occupation.

> Prospection aérienne : En prenant un peu de hauteur, des structures archéologiques deviennent visibles dans le paysage actuel. Ainsi les structures en creux (fosses) et en élévation (murs) influencent la croissance des végétaux. Du ciel (par avion le plus souvent) ces traces sont bien visibles ; on repère des distinctions régulières de formes, de couleur ou de micro-reliefs.

Depuis des années, un archéologue passionné, Gilles Leroux sillonne en avion la région, en long en large et en travers. Il cherche des sites archéologiques par prospection aérienne (Leroux, 2011). Grâce à lui, de nombreux sites ont été repérés comme celui des Choffaux qu'il a découvert en 2011.

> En complément de ces méthodes, quand les archéologues supposent qu'il y a des vestiges intéressants enterrés, ils peuvent effectuer des prospections géophysiques (électrique, magnétique, thermique,etc.) qui permettent de révéler les anomalies du sol. Il faut cependant ouvrir et fouiller pour vérifier ces résultats.

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Mais rassurez-vous, nous avons aussi pris le temps de nous reposer après cette première semaine plutôt intense! Nous avons mis notre week-end à profit pour découvrir le beau patrimoine saumurois : c'est un des bons avantages de l'archéotour, pouvoir visiter de nouvelles régions.

Vue du charme de Saumur. 

Entre la visite de majestueux châteaux, le passage obligé de la dégustation des vins saumurois et la quiétude des bords de Loire... nous comprenons Du Bellay qui a si bien su célébrer l'ardoise fine et la douceur angevine !

Le château de Montreuil-Bellay (et ses bons vins) ! 

La campagne saumuroise offre au regard une harmonieuse diversité de champs et de forêts, parsemés d'aimables villages. Et au détour d'une route, il est courant de rencontrer un château élançant ses tourelles dentelées vers le ciel, un sanglier curieux ou un dolmen lissé par les ans. Ainsi de bois en hameau, nous avons exploré les environs.

Un dolmen oublié sur la D159 ! 
J10
J10
Publié le 30 juillet 2017
http://multimedia.inrap.fr/archeologie-preventive/chronologie-generale#.WX40e4jyi00 

Un aperçu du Néolithique.

Entre la préhistoire et l'apparition de la métallurgie, une longue période de 4000 ans voit apparaître des changements fondamentaux pour les sociétés humaines : les hommes se sédentarisent et développent l'agriculture. Vous connaissez sans doute ce que les archéologues appellent le mégalithisme comprenant les dolmens, menhirs, tumulus et alignements de pierres qu'on retrouve partout en France comme ceux de Carnac, Bougon et Bagneux qui sont typiques de la période (et non, nos irréductibles gaulois ne sont pas à l'origine des menhirs !).


A la fin du Néolithique, entre 2900 et 2000 avant JC, on retrouve dans l'Ouest de la France des objets spécifiques (vases et pointes de flèches aux décors et à la forme typique ) qui ont permis aux archéologues d'identifier une société particulière qu'on nomme dans notre jargon "culture d'Artenac". La maison que nous fouillons à Rochemenier appartient à cette culture. Sa découverte est essentielle pour connaître l'habitat de cette période, très mal connu dans la région.


Imaginez : au milieu de champs, de prés et de forêts, une grande palissade circulaire en bois qui entoure une vaste maison de bois et de torchis. Autour, des hommes et des femmes vaquant à leurs activités : soin des animaux, agriculture, cuisine, tissage, poterie, taille d'outils... C'est sans doute à cela que ressemblait la vie quotidienne au Choffaux.


L'architecture de notre bâtiment est très particulière avec les doubles tranchées de fondation, les angles arrondis et l'enceinte circulaire palissadée. Mais, ce qui est le plus marquant c'est sa monumentalité. Pour les archéologues, cela implique l'investissement d'une communauté très bien organisée ayant des savoir-faire spécialisés. Seulement 7 exemplaires de ces maisons ont été retrouvés en France qu'on nomme (affectueusement !) bâtiment de type Antran.

Reconstitution 3D d'un bâtiment type Antran (Pérez, Lessueur, 2008) 

Et voila vous savez tout sur le Néolithique final ou presque ! Vous pouvez maintenant tester vos connaissances avec ce quizz de l'INRAP (http://multimedia.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources/Quiz/p-20595-Le-Neolithique-a-petits-pas.htm) Bonne Chance !

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Vous vous demandez sans doute pourquoi nous en sommes toujours à la phase de nettoyage. Certes, nous sommes maintenant expertes du falun sous toutes ses formes allant des strates friables aux poches sableuses (particulièrement embêtantes à nettoyer). Mais, ce travail est bel et bien essentiel et rempli plusieurs objectifs :

1) Rendre propre le site afin d'éviter la boue, les traces de pas, les poussières cachant les structures ...

2) Égaliser la surface (ex: enlever les mottes de terre, effacer les traces de pelles...), pour bien voir l'organisation des structures. Et l'archéologue travaille toujours à plat ! (mais nous y reviendrons lorsque nous aborderons la stratigraphie !)

3) Rendre parfaitement lisibles les structures pour connaître leurs délimitations, orientations et donner une première interprétation de leurs rôles.

Un exemple de Marie : "J'ai nettoyé une des tranchées de fondation de la maison pour bien délimiter son contour et déceler la présence des trous de poteaux tout du long pour vérifier que ce sont biens des structures archéologiques et non pas de simples poches de terre (naturelles)"

Les pros du nettoyage ! 

Ce travail accompli, les archéologues vont pouvoir commencer l'étude du site. Cela permet de :

> Choisir les structures à fouiller. En effet, un échantillon suffit pour récolter les informations nécessaires et ce serait trop long de tout fouiller. Il faut donc les choisir judicieusement afin qu'elles soient le plus représentatives possible.

> Documenter systématiquement les structures pour garder une trace de ces découvertes. Cette étape est cruciale car l’archéologue détruit son objet d'étude (le site) en le fouillant. Cela passe par l'observation, la description et l'illustration des structures au moyen de fiches d'enregistrement, de photos et de dessins.

Et bonne nouvelle, ce premier nettoyage est fini ou presque ! Nous allons maintenant pouvoir dessiner le plan du site, prendre de belles photos...

Magnifique croquis du site fait par Hélène. 
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Aujourd'hui en arrivant nous avons pu enfin découvrir toute l'étendue de la maison. La taille du site, nous impressionne et, nous devons nettoyer ces 2 000 m² !

Pour le nettoyage, tous les moyens sont bons : balais, truelles, pelles et même un souffleur à feuilles...

Petit à petit, les traces de fosses, trous de poteau, fondation de murs apparaissent. Les vestiges n'apparaissent qu'au niveau du socle géologique (ou substrat) sous le sol remanié par les labours.

Pour construire leur maison et assurer la solidité de leur fondation, ils ont creusé le substrat (ici blanc). Dans ses creux, la terre (brune) s'est infiltrée, piégeant la décomposition des poteaux de bois et les objets qui ont pu être oubliés autour. C'est pourquoi les fosses sont brunes sur blancs.

"Pourquoi une habitation si gigantesque ?"

Pour l'instant, Hélène et Nicolas ont quelques hypothèses : il peut s'agir d'une maison communautaire, d'un lieu de rassemblement, ou d'une maison avec un espace habitable et un espace réservé aux animaux... La fouille des structures et la découverte d'objets (tessons de poteries, ossements, silex...) peuvent permettre de répondre à ces interrogations. Grâce à cela, les archéologues peuvent aussi répondre à des questions sur la construction et l'architecture de la maison, sa datation, les fonctions des différents espaces ...

Mais étudions d'abord son plan!

Une maison de 50 m de long, 15 m de large et 10 m de haut : monumentale ! 

Alors comment imaginez-vous cette maison néolithique ?


PS : Si vous avez des questions n'hésitez pas à nous les poser ! (en commentaire)

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"De la pluie intermittente" annonçait la météo, et ça n'a pas manqué, il a plu toute la journée ! Bonne et mauvaise nouvelle : les structures deviennent plus visibles (l'humidité rehausse les couleurs du sol) mais en grande quantité elle rend le terrain trop boueux pour fouiller. La pluie nous chasse donc du terrain pendant la fin de matinée et c'est l'occasion d'aller découvrir le mignon village de Rochemenier, ses troglodytes et ses mannequins bizarroïdes.

Visite mouillée de Rochemenier. 

Mais, la pluie se calme et nous pouvons reprendre notre travail de nettoyage cet après-midi. Tandis que la pelle décape le reste du terrain, d'intéressantes structures apparaissent sous nos coups de brosse. Foyer ? fosse ? ou simple hasard du terrain ? la fouille nous le dira !

Tous alignés en rang d'oignon, la truelle d'une main, la brosse de l'autre, nous avançons à reculons (pour éviter de resalir notre travail) et en profitons pour faire connaissance avec nos plus proches voisins. Ainsi, en bavardant le temps passe plus vite !

Mêlez- vous de vos oignons !!
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Une pelle mécanique, un champ : voila le site !!

Orange mécanique. 


C'est sur ce plateau dominant les environs, il y a plus 4000 ans que des hommes du Néolithique décidèrent de s'établir. Aujourd'hui, il n'en reste rien et pourtant ... voilà ce qu'on découvre en prenant un peu de hauteur.


Grâce à ces images, les archéologues savent maintenant que sous ce champs de blé se cache un grand bâtiment entouré d'une enceinte circulaire. En observant cela, ils décident d'aller regarder le site d'un peu plus près. C'est ainsi qu'en 2016 Hélène Courty et Nicolas Fromont allient leur savoir-faire pour mettre au jour les vestiges cachés sous ces champs de blé. C'est un premier "sondage". Durant deux semaines, les fouilleurs testent la structure en ouvrant et creusant la terre sur des petites portions. Cette étape permet d'évaluer le potentiel du site. Mais, pour bien comprendre ce site et mesurer tout ce qu'il peut apporter à notre connaissance du passé il faut fouiller...et, nous sommes là pour ça !

Premier jour de fouille : mission décapage !

Le bras de la pelle mécanique plonge et entame la terre pour accéder au structures. Une première couche de terre végétale (sol actuel remué par les travaux agricoles) et juste en dessous, une couche pierreuse (falun) dans laquelle ont été creusées les fondations du bâtiment. Peu à peu se dévoile le plan en négatif de la maison. C'est fascinant de voir les structures apparaître si rapidement sous les puissants coups de pelle : les fondations se détachent clairement, brunes sur le calcaire blanc.

Le plan (brun foncé) d'une maison monumentale et ce n'est que la moitié ! 

Et maintenant, le nettoyage : activité principale du fouilleur ou la satisfaction du travail bien fait !

Explication : armées d'une truelle, d'une balayette, d'une pelle et d'un seau nous balayons la terre avec le soin d'une ménagère tatillonne ! L'objectif est d'évacuer la terre et les pierres laissées par la pelle qui masquent les vestiges. Penchées sur le sol à manger de la poussière, on pourrait trouver cette tâche bien ingrate parfois mais elle est réellement essentielle pour préparer la suite de la fouille.

Photo: Avant (gauche)/Après (droite) nettoyage

Et c'est ainsi que nous avons passé ces deux premiers jours qui nous laissent le dos courbaturé mais heureusement nous avons une piscine pour nous délasser !

J3
J3

Départ de Vendée direction Saumur où nous attendent : la pluie, les religieuses et un charmant coin de terre surplombant la ville pour camper !

Et, c'est sous la tente, sous la pluie et après un très mauvais repas que nous essayons de trouver les mots pour vous mettre dans l'ambiance.

Miam !! 

Le trajet quoique pluvieux nous réserve une surprise : le château de l'Ebaupinaye. C'est au détour d'un chemin que nous apparaissent les hautes ruines d'un mystérieux château abandonné (à vendre pour la bagatelle de 750000 euros !). Aventurières, nous pénétrons dans le bâtiment malgré le panneau décrépi avertissant de chûtes de pierres. Et, nous découvrons les vastes salles moyenâgeuses dont nous admirons la beauté au travers de leur planchers effondrés. Tout y est : tours crénelées, cheminées gargantuesques, vastes salles de réception, chapelle...

Le mystérieux château de l'Ebaubinaye. 
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Voiture vérifiée, courses faites : nous sommes parées pour le grand départ ! Nous partons enfin direction Bessay où nous attend un week-end entre amis dans la légendaire maison de vacances d'Alix : charmant logis du XVII ème s., au cœur de la campagne vendéenne.


" Combien de jolis paysages j'ai manqué concentrée que j'étais sur la route" déplore Anne-Lise, notre pilote. Les petites routes nous mènent à travers de paisibles villages, des champs dorés et de mystérieuses forêt (où on imaginerait bien quelques druides cachés dans la pénombre des arbres).


Croisés : un grand-père à bicyclette qu'on croirait sorti d'un autre temps et des tracteurs nous bloquant indéfiniment la route.

Mais, n'oublions pas notre objectif : l'archéologie ! Nous nous arrêtons donc à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres où nous attend depuis plus de 4000 ans le très célèbre (n'est-ce pas ?) tumulus de Montiou (tumulus: monticule artificiel de pierre ou de terre où on enterrait les défunts).

Devant ce monument, on ne peut être que saisies par le travail que cela a pu demander : les longs couloirs donnant accès à la chambre funéraire sont faits de murs en pierre sèche alternés de grandes pierres dressées (orthostates) et surmontés d'immenses dalles de plusieurs tonnes qu'il a fallu amener, soulever et déposer là !

C'est reparti ! Mais les tracas commencent. L’entrelacs de routes à la sortie de Niort nous perd complètement et ce n'est qu'après avoir fait un aller-retour complètement inutile sur l'autoroute que nous retrouvons le droit chemin ! Ce petit épisode nous laisse stressées, fatigués (et méfiantes envers le GPS !). Nous écourtons notre trajet et filons directement vers Bessay.

Alors, nous y voilà au bord de la piscine à nous creuser la tête pour vous faire ce récit !

J-5
J-5
Publié le 18 juillet 2017

Enfin du nouveau !

La liste est longue pour préparer cet Archéotour, entre le choix des fouilles, l'organisation du planning (serré !), les conventions de stage ... vous avez compris le tableau : nous n'avons pas chômé !

Et...(roulement de tambour !) nous vous révélons enfin le premier site archéologique de notre périple : "LES CHOFFAUX" à Louresse-Rochemenier en Maine-et-Loire. ! Quoi de mieux qu'un habitat vieux de plus de 5000 ans (Néolithique final) pour comprendre comment vivaient nos ancêtres, à quoi ressemblaient leurs maisons, leur alimentation... ce site recèle de nombreux trésors que vous découvrirez en même temps que nous.


Mais, rien n'est aussi simple : le gîte accueillant les fouilleurs étant complet nous avons dû trouver une âme charitable voulant bien nous prêter un bout de terrain pour planter notre tente. Après plusieurs coups de fil, nous avons finalement trouvé notre coin de paradis chez des religieuses à Saumur !


Le chronomètre est désormais lancé, il ne nous reste plus que 72 h avant le grand départ !

J-15
J-15

Premiers pas en tant que blogueuses : check !

Bienvenue sur ce qui sera notre carnet de voyage pendant ces trois mois d'aventure ! Au menu beaucoup de kilomètres, 5 magnifiques sites archéologiques (que vous découvrirez très prochainement !), des photos, des dessins, de la terre, des archéologues bref un récit palpitant !