Jour 29
La matinée est consacrée à la visite de la colonie d’otaries de Cap Cross, colonie qui abrite près de 100 000 otaries et est la plus réputée de Namibie.
La proximité avec les animaux est totale. Ils ne sont pas farouches du tout!!! Quand nous arrivons, ça semble être l’heure du réveil... Beaucoup dorment encore sur le sable, d’autres sont déjà actifs. On les voit partir pêcher en se déplaçant maladroitement sur leurs pattes. Les eaux sont particulièrement poissonneuses par ici. Les bébés tètent leurs mères et ça piaille!!! Nous voyons les chacals qui rôdent, à la recherche de petits seuls ou vulnérables. Certains mangent des carcasses le museau plein de sang. Dure loi de la nature. Ce sont les chacals et les hyènes qui causent le plus de mortalité chez les bébés otaries.
Les otaries à fourrure du Cap vivent en collectivité pour se protéger des prédateurs mais sont en réalité plutôt solitaires. D’où les nombreuses querelles qui surviennent. On en a vu se mordre!! Les mâles pèsent environ 200kg. Les bébés muent après 4 ou 5 mois passant d’un pelage gris sombre au brun.
Nous passons plus d’1h30 à les observer! Un super moment!!
Nous prenons la direction du Damaraland en passant par une centaine de km de pistes totalement désertiques: pas un arbre juste quelques buissons épars et un soleil de plomb.
Nous arrivons à Spitzkoppe et ses magnifiques formations rocheuses d’origine volcanique qui surgissent au milieu de nulle part. Le Spitzkoppe culmine à 1728m.
Le camping est exceptionnel, un des plus beaux du pays. Très peu de campements et des emplacements en pleine nature et très isolés. La vue sur les roches de granit aux douces formes rondes est un enchantement.
Nous grimpons sur une des formations à l’aide d’une chaîne pour voir des vestiges d’art pariétal du peuple San. Les peintures ne sont pas très bien conservées mais nous impressionnent énormément. Des buffles, des girafes, des hommes avec un arc, des rhinocéros. Les peintures sont rouges et blanches: rouge (mélange de sang d’animaux et d’œuf d’autruche) et blanc ( extrait d’arbre). Ces peintures ont entre 2000 et 4000 ans.
Nous nous rendons à différents points de vue sur le Spitzkoppe Park et finissons avec un coucher de soleil magique.
Au campement, nous faisons un feu et mangeons dans la tranquillité la plus complète en pleine nature.
Jour 30
Lever à 5h50 pour assister au lever de soleil sur le Spitzkoppe. Les levers et couchers de soleil en Afrique sont de mon point de vue les plus beaux que j’ai vu. Le soleil rouge, la brume du matin et les arbres typiques de ces latitudes offrent une vision exceptionnelle.
Nous prenons ensuite notre petit-déjeuner au campement. Puis partons visiter un autre site d’art pariétal du Spitzkoppe: le small bushman paradise. Les peintures ne sont pas en excellent état mais les explications du guide sont intéressantes.
Les San chassaient en utilisant les peaux et têtes des bêtes pour mieux approcher les animaux. Ils se mettaient à 4 pattes avec la peau de bête et lançaient une flèche empoisonnée à l’euphorbe (plante toxique). L’animal mourrait et ils faisaient cuire la viande pour évacuer le poison. Les animaux (rhinocéros, éléphants) peints sur la paroi sont dessinés de manière à indiquer la présence d’un point d’eau. Suivre les animaux c’était la certitude de pouvoir trouver des points d’eau. De même le poulpe indique la direction d’un lac salé: la présence de sel était nécessaire pour saler la viande, pour la faire sécher et de même pour les peaux afin qu’elles ne pourrissent pas.
Le massif du Spitzkoppe était un paradis il y a 2000 ans avec beaucoup d’animaux, beaucoup d’arbres et de points d’eaux . Aujourd’hui, c’est une région très sèche et et les bushman sont partis vivre dans le Kalahari.
Les bushman utilisaient les œufs d’autruche pour stocker l’eau. Des scènes de danse sont aussi représentées: les San buvaient une décoction à base de racines pour entrer en transe. Ces danses avaient pour but de demander la pluie, la guérison d’un proche ou une bonne chasse.
Nous allons voir ensuite des pierres tombales du peuple San.
Puis, nous prenons ensuite la route pour le Brandberg. Lors d’un arrêt à la station service des vendeurs ambulants veulent à tout prix nous vendre des pierres. Face à notre refus, ils insistent et nous demandent à manger: en disant qu’ils ont faim. Nous leur proposons des pâtes qu’ils acceptent immédiatement.
Nous nous installons ensuite au camping du Brandberg White Lady Lodge. Il est ombragé et de nombreux calaos à bec rouge investissent les lieux.
Apres le repas nous partons visiter le site d’art pariétal attenant. 5 km de marche aller/retour en plein soleil c’est assez rude!!
Le site abrite des peintures rupestres qui ont entre 8 et 5000 ans.
On a retrouvé des poteries sur le site qui prouve qu’il y a eu une influence européenne à cette période. Le site a été découvert en 1917.
Le découvreur l’a appelé «White Lady » en l’honneur du personnage principal qu’il a pris pour une femme mais en réalité il s’agit d’un chaman, homme qui pratiquait la médecine en invoquant les esprits.
Le chaman entrait en transe avec plantes hallucinogènes pour demander de l’aide aux esprits (pluie, récolte, guérison). La «white lady» tient un œuf d’autruche remplit d’eau ( ancêtre du verre?!). Il y a également une représentation de squelettes qui montre qu’ils enterraient leur morts. La fin de l’art pariétal correspond pour les San à leur passage d’une vie nomade à une vie de pastoralisme.
Parler avec le guide est très instructif. Il a notre âge et parle parfaitement anglais. Nous l’interrogeons sur la situation du pays. Il fait partie de la tribu des Damaras. Il nous dit être content du gouvernement namibien actuel qui fait beaucoup pour répartir les richesses et réduire les inégalités. En revanche, il est inquiet par rapport aux relations du pays avec l’Afrique du Sud. En effet, l’Afrique du Sud connaît des difficultés économiques en ce moment et mène une politique de fermeture des frontières que ce soit en terme de population ou de marchandises. Les namibiens sont victimes d’actes racistes voire de violences (cf les meurtres de Nigérians à Johannesburg il y a quelques jours). Les tensions montent.
De plus, il nous parle du climat autre source d’inquiétude. Il n’a pas plu depuis 4 ans dans le Damaraland, ce qui n’arrive jamais normalement. La population est obligée de pomper dans les réserves des nappes phréatiques (et de plus en plus avec le développement touristique) et cela risque de s’aggraver.
Nous terminons notre journée sur ces questionnements par rapport à nos responsabilités en tant que touriste dans le développement ou non d’un pays et ses conséquences. Face à ce jeune homme de notre âge, nous ressentons aussi notre immense chance d’être « bien né » et d’avoir un passeport français. Comment s’en montrer dignes par nos actes au quotidien et en avoir plus souvent pleinement conscience?