Jour 177,178,179 et 180
Nouvelle étape au nord de Mexico: la ville de Guanajuato à 1h30 de San Miguel de Allende. Les paysages que nous traversons pour atteindre cette ville sont désertiques. On est toujours en altitude autour de 2000m et il n’y a quasiment pas de végétation. La ville de Guanjuato est construite dans une sorte de cuvette entourée de collines.
Guanajuato Cette ville de 70 000 habitants diffère complètement des autres villes coloniales que nous avons visité jusqu’ici. Elle n’est absolument pas taillée au cordeau! Ici, pas de grandes rues qui se croisent à angle droit mais une succession de ruelles étroites, d’escaliers qui se croisent à flanc de collines. Une ville aux allures de labyrinthe construite sur plusieurs niveaux.
Les ruelles souterraines succèdent aux escaliers qui débouchent eux mêmes sur de petites placettes. Bref, c’est un régal de s’y balader car on va de surprises en surprises et c’est le genre de ville qu’on n’a jamais fini d’explorer. Il y a toujours un petit coin qu’on n’a pas vu, une maison colorée particulièrement esthétique, un point de vue qu’on déniche par hasard etc...
Plaza de Mexiamora Ces ruelles étroites s’appellent les callejones. Certaines sont si étroites qu’on pourrait s’embrasser de balcon à balcon comme dans la célèbre Callejón del Beso (la ruelle du Baiser), une des plus célèbres de Guanajuato. Les couples de tous âges viennent se prendre en photo aux 2 balcons proches de seulement 68cm dans cette ruelle célèbre! Au vu de la file d’attente, nous n’aurons pas tenté cette petite expérience!!
Ça s’embrasse au balcon! La ville de Guanajuato a aussi un passé de ville minière (extraction d’or et d’argent) et les nombreux souterrains piétons et routiers qui traversent la ville de part en part sont les témoins de cette époque.
Guanajuato est un vrai gruyère! Mais au moins les voitures ne traversent pas le centre puisqu’elles empruntent les souterrains. Guanajuato nous a rappelé un peu la ville chilienne de Valparaiso, par sa topographie et ses maisons colorées.
Depuis le monument de Pipila sur une des collines, on a un panorama absolument magnifique sur la ville. En fin de journée, c’est magique de voir les lumières du soleil sur les maisons puis une fois le soleil couché, le spectacle des lumières de la ville qui s’éclairent une à une, en décalé.
Panormana sur la ville depuis le monument de Pipila. Guanajuato est aussi une ville étudiante, son université réputée pour le droit et les arts est située en plein cœur de la ville. Le bâtiment en lui même est magnifique: construit en 1950 dans un style néoclassique, il se fond parfaitement dans le paysage urbain.
Université de Guanajuato Qui dit ville étudiante dit souvent cafés/restos bon marché et éclectiques. A Guanajuato, y’a de quoi faire. On a particulièrement aimé un petit café libanais cosy qui propose des sandwichs à l’houmous délicieux! Ça change des tortillas! C’est devenu notre fief pendant ces 4 jours!
Manger libanais au Mexique....ah la la la la mondialisation...! Sur la jolie place San Fernando qui regroupe pas mal de bars sympas, nous avons goûté au pulque, l’alcool des Aztèques, à base de sève de maguey (équivalent de l’agave) fermentée. C’est pas très fort en terme d’alcool mais ça a une odeur de vomi absolument immonde!
Place San Fernando Place San Fernando et à droite l’immonde boisson blanche c’est du pulque... Nous arrivons dans la ville le jour de la St Valentin et force est de constater que les mexicains sont des « lovers »! Menu de St Valentin dans tous les restaurants et couples bien habillés se succèdent. C’est marrant, les trucs tendance ici à offrir ici, c’est le ballon en forme de cœur marqué «Te Quiero », avec le bouquet de fleurs et une jolie boîte en carton enrubannée avec un intérieur remplie de friandises surprises. On voit donc plein plein de jeunes couples rejoindre le restaurant qu’ils ont réservé, les bras lourdement chargés: l’homme généralement encombré de ses fleurs et de son ballon qui le suit comme son ombre! C’est très amusant de voir les codes et coutumes/tendances des pays!!
Autre particularité en parlant de mœurs et de coutumes, le goût des mexicains pour le morbide continue de nous étonner. A Guanajuato, une des attractions phare à faire est le musée des momies. Des cadavres momifiés issus d’un cimetière de la ville sont exposés dans des vitrines. Le plaisir des mexicains consiste à se prendre en photos devant ces corps d’enfants ou d’adultes dont on peut encore voir les cheveux, les vêtements... vraiment glauque! On n’a même pas imaginé y aller... Mais tout ça pour dire que les Mexicains ont une fascination pour la mort. Pareil dans la rue, on a vu un gars qui s’exposait dans un cercueil et les autres touristes venaient tour à tour se prendre en photo dans un cercueil... Différence culturelle curieuse! Après, c’est peut-être nous les français qui manquons beaucoup d’humour et de détachement vis à vis de la mort...
Pas sûr que ce soit lié mais même à l’intérieur des églises mexicaines, il y a souvent des représentations du christ très ensanglanté. (Encore une fascination pour le morbide?)
Des Jésus bien amochés... A Guanajuato, nous logeons dans un joli B&B (vive les réductions fidélité de booking), la Casa Sueño Azul. On y est vraiment bien. Il y a un grand salon pour se poser, un petit patio extérieur pour le petit déjeuner et café, thé à volonté toute la journée. Du coup, on se fait nos petites soirées tisanes/internet comme à la maison bien confortablement installés dans les canapés! Manque plus que le petit feu de cheminée...
Notre B&B à Guanajuato Le marché Hidalgo est un grand marché couvert où on a eu du plaisir à flâner et à faire nos achats pour les pique-nique. On a pu y observer la fabrique des tortillas et en acheter des toutes fraîches. Les stands de nourriture y sont sympas. Toujours sur des bancs ou de hauts tabourets, on s’asseoit au comptoir et on peut prendre un p’tit déj, boire un jus de fruit frais ou goûter des gâteaux faits maison pour quelques pesos. Vraiment bien comme ambiance.
Marché Hidalgo Stands pour manger au marché Hidalgo Les fruits qu’on mange le plus ici sont la papaye, le melon, la pastèque et les mangues. Quand aux avocats ils sont juste délicieux et énormes... Malheureusement on est tombé sur un article parlant de la culture des avocats au Mexique qui nous a fait un peu déchanter alors qu’on s’en gavait allègrement! Surnommée « l’or vert », la culture de l’avocat est devenu un énorme business au Mexique qui en est le premier exportateur mondial. L’avocat est devenu l’aliment santé à la mode. Du coup, il y a une déforestation massive au Mexique pour faire de la place pour ces cultures que le pays développe à grands renforts de pesticides...rendant les paysans locaux malades...
Fabrique de tortillas Étal de fruits au marché Les visites
A Guanajuato, la première chose que l’on découvre c’est le théâtre Juárez et sa très jolie façade néoclassique.
Théâtre Juarez Juste à côté de trouve une belle place très ombragée: le Jardin de la Union. Là se regroupent les restaurants un peu chics. C’est ici entre autre que les mariachis viennent jouer et chanter pour les clients. A Guanajuato, il y a des mariachis partout! C’est vraiment la tradition. Ce sont des musiciens habillés avec des pantalons noirs ajustés, vestes brodées, bottes et sombrero qui jouent des airs traditionnels à la guitare, violon, trompettes... ça a beaucoup de succès ici. Il y a même ce qu’on appelle les callejoneadas. Ce sont des groupes de musiciens qui emmènent un groupe de passants à travers les rues de la ville. Ils jouent et tout le monde chantent en chœur.
Mariachis! En terme d’églises, Guanajuato n’est pas en reste même si la densité d’églises n’a rien à voir avec les autres villes que nous avons faites. La Basilique est superbe à l’extérieur comme à l’intérieur. C’est marrant car les cloches y sont sonnées manuellement.
Basilique de Guanajuato Le peintre Diego Rivera est originaire de Guanajuato où il est né en 1886. Nous avons pu visiter la maison où il a passé les 6 premières années de sa vie. Joliment meublée dans le style de l’époque, on se dit que pour un peintre devenu communiste, Diego Rivera était plutôt né dans un famille bourgeoise!
Maison natale du peintre Diego RiveraMaison Diego Rivera La maison-musée regroupe quelques œuvres du peintre. C’est intéressant de voir qu’il est passé par des phases très différentes dans son style de peinture. D’abord, une peinture figurative très classique, puis impressionniste puis cubiste, expressionniste, avec un passage par le nu et la peinture indigène (codex mayas) etc...
Dans l’ordre: “La era”, “ Bather of tehuantepec“, “nude of Lola Olmedo” et “sailor at breakfast”.Guanajuato enferme un autre musée absolument improbable celui là, c’est le musée Don Quichotte. Un passionné a regroupé quantité de tableaux et sculptures représentant le célèbre personnage du roman de Cervantes publié en 1605. Don Quichotte est une sorte d’anti héros. En effet, Don Quichotte est un gentilhomme désargenté passionné de romans de chevalerie. Complètement naïf, presque fou, il part à travers l’Espagne accompagné de son fidèle compagnon Sancho Panza (dont la principale préoccupation est, comme son nom l’indique, de se remplir la panse). Il se prend pour un chevalier et il lui arrive tout un tas d’aventure tragi-comiques. Personnellement j’ai lu le livre il y a quelques années et je l’ai trouvé difficile d’accès car vraiment d’une autre époque, un peu comme peuvent l’être les romans de Rabelais.
Bon, on n’a pas compris pourquoi le guide du routard avait mis 3 étoiles à ce musée mais on y a fait un petit tour de bonne grâce. C’est toujours l’occasion de se cultiver un peu! Micka, gonflé à l’optimisme a pu sortir sa phrase fétiche spéciale visite décevante: “Hey, dis toi, on pourrait être au boulot! “. IMPARABLE! ;-)
Musée Don Quichotte Jour 181 & 182
Nous retournons à Mexico pour la 3ème fois! Cette fois ci, c’est sûr, c’est la dernière car nous y revenons pour prendre un avion. Nous retournons dans notre auberge de jeunesse fétiche.
Pour notre dernière journée, nous nous rendons dans le quartier de Polanco, au sud ouest de la ville. C’est là que se trouve le quartier chic de la capitale, avec les grandes enseignes de luxe, des malls mais aussi de nombreux musées et la colline boisée de Chapultepec qui est en quelque sorte le Central Park de Mexico, où les familles viennent se balader le week-end.
Pour finir ce séjour mexicain en beauté, nous visitons le musée national d’anthropologie. Après toutes nos visites, c’est une belle façon de conclure et de faire les liens entre les sites que nous avons vu.
Le musée, construit en 1960, est une prouesse architecturale avec un toit immense reposant sur une seule colonne.Le musée est divisé en différentes salles représentant différentes régions et peuples du Mexique.
Il est immense, d’une grande richesse et abrite des pièces majeures. Nous y passons plus de 3h. Notre grande déception cependant c’est que les explications sont uniquement en espagnol. Il y a quelques explications en anglais mais succinctes et franchement c’est le genre de musée où un audio guide / guide papier en français change tout! On a donc été très frustrés. Ce serait à refaire, nous réserverions une visite guidée. Malgré cela, on gardera un beau souvenir de cette visite qui récapitulait un peu toutes les autres!
Salle maya ( période faste: 600-900 après JC).
Reconstitution du temple de Hochob On peut voir à l’extérieur du musée des reconstitutions de temples mayas et notamment la reproduction des peintures d’un temple de Bonampak. (Temple du Chiapas assez isolé que nous n’avions pas pu visité en 2017). Ce sont des fresques incroyables très colorées ayant apporté beaucoup d’informations aux archéologues sur la vie des mayas.
Cérémonie festive de danse au pied d’une pyramide, bataille avec des guerriers mayas, cortège de musiciens et de dignitaires.On peut voir aussi un Chac mool de Chichen Itza (900-1250 après JC).
Un chac mool qui a dû recevoir nombre de cœurs sacrifiés... Il y a un chac mool dans chaque temple. C’est sur son ventre, dans le petit trou, qu’étaient placés les cœurs des victimes immolées.
Dans l’ordre: disques de turquoise qui servaient d’offrandes, scène de décapitation sur une stèle et codex mayas. Scène de jeu de pelote: on voit que les joueurs portaient une ceinture pour renvoyer la balle avec les hanches sans douleur.Salle Mexico-Tenochtitlan, peuple Aztèque, période faste (XIV-XVème siècle).
Jaguar et son récipient à coeurs et à sang!
Dans cette salle, on est accueilli par un énorme jaguar avec un récipient sur le dos, récipient dans lequel on déposait le cœur et le sang des victimes sacrifiées.
Pour les Aztèques, la création du monde était le fruit du sacrifice des dieux. L’homme se devait donc de remercier en quelque sorte les dieux par des rituels à la hauteur de ce don... Quoi de mieux alors que d’offrir son propre sang... C’est pour cela que les sacrifices humains avaient lieu.
La célèbre pierre du soleil est la pièce maîtresse du musée. Elle pèse 24 tonnes, mesure 3,5m de large et est un calendrier aztèque. Elle fut retrouvée en 1790 au templo Mayor à Mexico.
La pierre du soleil Salle Teotihuacan, civilisation de Teotihuacan, période faste 500 après JC.
Disque de la Muerte retrouve à Teotihuacan dans la pyramide du soleil. On peut voir une belle reconstitution du temple du serpent à plumes de Teotihuacan. Cela permet de voir qu’à l’époque le temple était entièrement peint de couleurs vives. Il y a une reconstitution également des tombes des victimes qui furent sacrifiées dans le temple, mains attachés dans le dos.
Reconstitution du temple du serpent à plumes de Teotihuacan A l’intérieur du temple du serpent à plumes on a découvert un tunnel de 100m de long, 14 m de profondeur. Les archéologues voient en ce tunnel une représentation métaphorique de l’Inframonde.
Salle Toltèque, civilisation toltèque, période faste X ème siècle.
On peut y voir un Atlante de Tula (statue de guerrier de 5m de haut).
Un colossal guerrier, gardien de Tula. On les appelle Atlantes. Tula est une cité qui s’est développée après la chute de Teotihuacan (vers 700 après JC). C’était la capitale des Toltèques.
Statuettes toltèques et cuirasse de Tula tout en coquillages!Salle Oaxaca, civilisation zapotèque (IV-VIIIème siècle) et mixtèque (XI-XIVème)
La salle Oaxaca renferme de nombreuses pièces venant du site archéologique principale de cette région: le site de Monte Alban. Ce site a été occupé par les Zapotèques puis par les Mixtèques d’où une grande variété de styles.
Urnes et statuettes zapotèques et codex mixtèque.Reconstitution
de la tombe 104 de Monte Alban Les reconstitutions permettent de se représenter comment les tombes étaient faites, les offrandes qui s’y trouvaient et surtout la débauche de couleurs partout présente, qui tranche avec les sites archéologiques tels qu’on les voit aujourd’hui.
Jolies céramiques Mixtèques à 3 pieds, masques de turquoise et instruments de musique. Salle golfe du Mexique: civilisation Olmèque, période faste (-1200 à -400 avt JC), c’est la civilisation qui influencera toutes les autres.
On y découvre de curieuses têtes de très grande taille: ce sont des monolithes olmèques, vieux de 2000 ans.
Têtes colossales olmèques Ces têtes (au nombre de 17 qui ont été retrouvées) sont des portraits d’hommes, réalistes et non idéalisés. Il est probable qu'il s'agisse de portrait de dirigeants.
Les olmèques étaient présents bien avant Teotihuacan, dès 1500 avant JC. Ils vivaient dans la région de Veracruz et de Tabasco.
Statuettes olmèques En sortant du musée, nous tombons sur une représentation des voladores. Les voladores sont des danseurs acrobates de la région d’El Tajín. Ils s’élancent dans le vide en tournant autour d’un poteau de 30m de haut, la tête en bas tenus juste par une corde attachée à la taille. La corde se déroule progressivement à chaque tour, jusqu’à ce que les danseurs atteignent le sol en douceur. Ils font 52 tours à eux 4, ce qui représente le nombre de semaines d’une année. Ce rituel ancestral était dédié à la fertilité, au soleil et au vent. Vraiment chouette à voir!
Représentation de voladores. Après une rapide pause repas, nous enchaînons ensuite avec la visite du Castillo de Chapultepec, à quelques pas du musée. Le Castillo est le seul château d’Amérique latine! Alors on allait pas rater ça!
Le château fût construit en 1780 par un vice-roi espagnol. Puis, Maximilien de Hasbourg en fit sa résidence de 1864 à 1867 lorsqu’il régna sur le Mexique.
Ensuite, le château devint résidence présidentielle de 1884-1934, notamment sous la présidence de Díaz.
La visite commence par les carrosses de Maximilien puis on découvre ses appartements. Appartements qu’il fit décorer avec des meubles venus d’Europe. Il s’installa ici avec son épouse: l’impératrice Charlotte.
Salle de lecture, salle à manger, salle d’après diner et cuisine.Chambre de l’impératrice Charlotte, de style Boule. Du château, on a la vue sur l’immense forêt de Chapultepec et sur les quelques gratte ciel de Mexico.
Vue sur la Paseo de la Reforma, grande artère de Mexico qui rallie le centre-ville.La visite des pièces se fait par l’extérieur du bâtiment, c’est original! En effet on voit les pièces du château depuis les grandes fenêtres de la terrasse principale.
A l’étage, on trouve les appartements de Díaz, président mexicain qui finit exilé en France suite à la révolution mexicaine. Ses appartements sont meublés dans le style art déco français.
Chambre du président Dias, 1906, et la jolie galerie qu’il commanda à la France.Micka, en grande forme continue par la visite du musée d’histoire national. Je préfère l’attendre tranquillement à l’ombre.
Nous achevons cette journée par un petit menu du jour dans une fonda près du marché San Juan, quartier populaire très vivant en cette fin de journée.