Inde

Beautiful India!!! Premiers pas au Rajasthan... A la recherche du choc culturel...
Octobre 2019
3 semaines
9
oct

Jour 46 & 47

Nous quittons Windhoek ce matin par le vol de Doha. Le Qatar ne peut pas survoler l’Arabie Saoudite depuis que les tensions entre les 2 pays se sont exacerbées. L’avion fait donc un détour. L’escale de 3h en plein milieu de la nuit est pénible mais c’est le jeu lorsqu’on prend les compagnies du Golfe.

Nous arrivons à Delhi à 8h40 épuisés. Nous attendons encore 2h à la douane puis retrouvons le taxi que nous avions réservé pour le transfert à Agra. Nous sommes soulagés d’avoir opté pour cette solution car on n’a pas réussi à se connecter ni à acheter une carte SIM, ça aurait donc été compliqué de trouver un Uber en dernière minute. Le trajet prend 5h car la circulation en sortie de Delhi est intense. Nous sommes bien accueillis à la guesthouse udde´s homestay tenue par un papy bien chou et son fils. La chambre est tout à fait bien pour le tarif (18€) et il y a même un roof top d’où l’on aperçoit le dôme du Taj Mahal. Première vision de ce monument mythique!!

Depuis le rooftop de la guesthouse 

Nous partons nous balader en direction du Taj Mahal facilement accessible à pied depuis l’hôtel. Nous sommes séduits par l’ambiance très vivante et pas si oppressante des bords de la rivière Yamuna. Beaucoup de femmes sont en sari. Les couleurs sont de toute beauté.

 Au bord de la Yamuna
On a l'impression d'un rêve éveillé 

Nous allons ensuite manger dans un petit resto: nous dégustons notre 1er thali végétarien. Un régal! (surtout après le régime africain un peu monotone pendant 6 semaines) et partageons un petit banana pancake en dessert (Céline ça rappelle de tels souvenirs!!) le tout pour 7,2€ avec boissons.

 Thali chez Good Vibes

La fatigue se fait sentir mais ce premier jour en Inde nous rend assez enthousiaste. Les odeurs, les bruits, les couleurs ça nous plait même si ça sera sûrement fatigant à la longue. Les vaches sont dans la rue comme on l’imaginait et les voitures les contournent! Elles semblent donc toujours aussi sacrées que par le passé.

Nous ne nous sommes pas sentis harcelés en ce premier jour, Agra semble très touristique. On se couche tôt car demain c’est lever de soleil sur le Taj Mahal!!!

Jour 48

Nous nous levons à 5h15 pour aller visiter le Taj Mahal. Il y a du monde mais ça va quand même vite pour prendre les tickets.

L’arrivée est chouette car on passe par un grand portail de grès rouge et le site se découvre avec ses fontaines alignées parfaitement.

Le portail d’entrée  

La symétrie est parfaite, le dôme (74m de haut) splendide et le monument entièrement en marbre. Ça nous rappelle bizarrement la cathédrale de Florence. Effet marbre? Architecture du dôme? Le Taj Mahal est un mausolée de marbre blanc entouré de chaque côté par des édifices rouges (2 mosquées) et 4 minarets.

Première vision 
Lever de soleil  

La légende du Taj Mahal est connue car très romantique. Il a été édifié par amour! L’empereur moghol Shah Jahan l’a fait construire de 1631 à 1648 suite à la disparition de Mumtaz Mahal, sa 3 ème épouse, d’une beauté légendaire et morte en donnant naissance à leur 14 ème enfant. Fou de chagrin, il voulut lui faire construire un monument qui n’ait pas son pareil au monde. Il demanda les services d’un architecte persan à qui il fit tuer la fiancée afin qu’il ressente la même douleur que lui et puisse dressser un monument à la hauteur de cette douleur! ( hallucinant!)

Une des mosquées latérale  

Le monument abrite les tombeaux de l’empereur et son épouse. La décoration du mausolée est très soignée (dentelle de marbre, inscriptions calligraphiques, motifs végétaux, frises sculptées). Enfin, la vue depuis la terrasse sur le fort rouge d’Agra et la rivière Yamuna complète la visite.

Details du mosolé 

De nombreux touristes indiens visitent le site. On sent que pour eux c’est un jour important. Ils posent en famille. Les femmes portent de très jolis saris ou tuniques colorées et sont bien coiffées.

Après une petite sieste, nous partons visiter le Fort Rouge d’Agra. Le fort est un témoin de l’empire moghol puisque 4 générations d’empereurs ont régné ici: Akbar, Jahangir, Shah Jahan (qui fit ériger le Taj Mahal) et Aurabgzeb. Ils sont les descendants de Gengis Khan. De religion musulmane, cet Empire moghol domina toute l’Inde au XVIIème siècle. Agra fût leur capitale.

Le fort est cerné d’immenses remparts en grès rouge et longs de 2,5km. A l’intérieur, on visite une enfilade de palais de marbre entourés de jardins.

Entrée du Fort rouge  

Nous commençons par le palais de l’empereur Jahangir (1565-1569) en grès rouge de style hindou et musulman. Nous y voyons son immense bain!

Palais de l’empereur Jahangir 

Nous poursuivons par la visite du Khas Mahal, palais de marbre construit par Shah Jahan pour ses 2 filles préférées.

Khas Mahal 
Marbre sculpté et finesse des motifs 

Shah Jahan recevait monarques, ambassadeurs et ministres dans une magnifique loge: le Diwan-i-Khas.

 Diwan-i-Khas

Dans l’empire moghol, l’aîné ne succédait pas forcément à son père et Shah Jahan fût évincé par son fils Aurangzeb qui régna à sa place et le fit emprisonner dans le fort d’Agra. Pendant 8 ans, Shah Jahan pût contempler uniquement depuis sa geôle l’admirable Taj Mahal où reposait sa bien-aimée, jusqu’à ce que son fils fasse murer la fenêtre!

Vue sur le Taj Mahal depuis le fort rouge 

Après ces belles visites, nous flânons dans les ruelles étroites du quartier de Taj Ganj. Pour un coin touristique on n’en est pas moins totalement dépaysé: vaches, cochons, chèvres investissent les ruelles. Les scènes de vie quotidienne s’offrent à nos yeux dans une effervescence incroyable. Beaucoup d’enfants nous saluent, on se sent vraiment bien dans cette ambiance qui représente l’Inde telle que nous l’imaginions.

 Quartier de Taj Ganj

Aujourd’hui, à Agra les indiens fêtent la Dusserha, une fête célébrant la victoire du bien sur le mal. Nous voyons plusieurs processions et les enfants lancent des poudres de couleur comme pour la fête de Holi. Nous en faisons un peu les frais mais l’ambiance est top!

Nous dégustons ensuite un thali au Yash Café.

 Yash Café

Jour 49

Ce matin, nous quittons notre guesthouse à 8h avec un taxi que le proprio nous a réservé. On a vraiment apprécié cet homme qui tient son tout petit établissement avec beaucoup de droiture et a sans cesse été dans le souci de nous aider. C’était très réconfortant pour une première étape en Inde.

Nous partons pour la visite de Fatehpur Sikri à 40 km d’Agra.

Elle fût la capitale de l’empereur moghol Akbar. Elle reste en partie inachevée en raison du départ précipité de l’empereur et de sa cour 15 ans après sa création en partie à cause du manque d’eau. C’est pour cela qu’elle est surnommée la « ville fantôme ». Akbar déménagea ensuite sa cour à Lahore.

Nous commençons par la Grande Mosquée à laquelle on accède par la Porte Sublime construite en 1575. Cette porte est malheureusement en travaux mais son aspect n’en demeure pas moins colossal (52m de haut). Elle fut construite pour commémorer la conquête du Gujarat par Akbar et fait figure de chef d’œuvre de l’architecture moghole.

La Porte Sublime et la perspective sur la ville 
La Porte Sublime depuis la cour 
La grande mosquée et sa cour  

Au milieu de la cour de la mosquée trône le mausolée de Sheikh Salim Chishti, soufi indien. Il était le conseiller personnel de l’empereur Akbar et son devin. Le mausolée est en marbre blanc ciselé, certains panneaux sont taillés dans un seul bloc de marbre. Pour entrer dans le mausolée nous devons mettre un fez (petit chapeau couvrant la tête).

Le mausolée  
Indian spirit 

Nous visitons ensuite la partie palais du site: en premier, le palais de Jodh Bai où l’on peut voir la résidence d’été et d’hiver de la femme hindoue d’Akbar et de sa mère ainsi que de ses odalisques. Par un viaduc, l’empereur Akbar pouvait accéder directement à la salle des audiences.

Le superbe Panch Mahal est un pavillon à 4 niveaux aux formes pyramidales surmonté par un dôme. Il compte pas moins de 176 piliers. C’est de là que les 350 demoiselles du harem (les concubines ) prenaient l’air et admiraient la vue sur le palais. Les frises mêlent des symboles hindous (fleur) chrétiens (croix) et musulmans.

Panch Mahal  

L’immense bassin Anup Talao fait face aux appartements de l’empereur. Tansen, musicien de la cour d’Akbar y chantait et parfois l’empereur faisait remplir le bassin de pièces d’or et d’argent pour les distribuer aux plus pauvres.

Anup Talao 

Le pavillon de la sultane turque est sans doute un des bâtiments les plus travaillés en terme de sculpture. Ça nous rappelle un peu les temples d’Angkor dans la finesse des détails des bas reliefs: oiseaux, fleurs et feuillages y sont représentés.

Intérieurs du pavillon de la sultane 

La salles des audiences privées Diwan-i-Khas est impressionnante: elle abrite une énorme colonne soutenant le balcon où l’empereur siégeait.

Diwan-i-Khas 

Enfin nous terminons par la salle des audiences publiques vaste cour rectangulaire dominée par une loge royale, c’est là où la justice était rendue.

Diwan-i-Am 

La visite de Fatehpur Sikri, site classé à l’Unesco nous a ravi. On est décidément toujours aussi amoureux des vieilles pierres... On ne s’attendait pas à un tel site en arrivant. Il est immense et très bien conservé. On s’est fait un peu harcelé par les guides (vrais et surtout faux guides), rabatteurs multiples mais ça n’en reste pas moins un super lieu à voir. Le grès rouge donne aux bâtiments une teinte superbe. Le style est plus baroque qu’au fort d’Agra et le mélange des inspirations religieuses est intéressant à voir.

Nous reprenons la route et quittons la région de l’Uttar Pradesh pour rejoindre l’état du Rajasthan.

Pause repas sur la route de Jaipur 
11
oct

Après la visite de Fatehpur Sikri, le taxi reprend la route jusque Jaipur. Le temps passe ensuite assez vite et à l’arrivée sur la ville se dessine de jolies collines.

Jaipur est une grosse ville de 3,7 millions d’habitants qui semble d’emblée épuisante. Mais notre petit hôtel, le Jorawar Haveli est charmant. Il est décoré à la manière des havelis, petits palais joliment peints du Rajasthan.

Jorawar Haveli 

Nous partons jeter un premier coup d’œil au Palais des vents au coucher du soleil. Ce monument faisait rêver Julie pour l’avoir vu maintes fois dans des magazines Géo.

Le palais des vents  

Certes, les voitures passent juste devant mais l’architecture et les couleurs de la pierre sont de toute beauté. Nous buvons un verre sur un roof top en face pour profiter de l’instant puis rentrons manger à l’hôtel.


Jour 50

Après un rapide petit déjeuner à l’hôtel (pas fameux, le muesli nous manque!), nous prenons un tuk tuk pour le fort d’Amber. Nous faisons un bref stop au Jal Mahal, palais flottant sur le lac Man Sagar.

Jal Mahal 

Nous arrivons ensuite au fort. Nous sommes impressionnés par la taille du site, son implantation au milieu des collines et les immenses murailles qui l’entourent. C’est vraiment majestueux. Amber est une ancienne capitale des maharajas et cette forteresse date du XVIème siècle.

Fort d'Amber 

On accède à l’entrée principale par la Porte du soleil. On y monte à pied en 10 minutes. Malheureusement un business consiste à monter les touristes à dos d’éléphants. Les pauvres bêtes sont peinturlurées et exploitées. Ça fait mal au coeur après avoir vu tant d’éléphants en liberté de les voir dans une telle attitude de soumission.

L’entrée débouche sur une immense place: Jaleb Chowk où avait lieu les parades de la garde du maharaja.

Jaleb Chowk 

La Porte au lion mène ensuite au palais proprement dit.

Porte au lion

Nous visitons le Diwan-i-Am, hall des audiences publiques (on retrouve la même organisation dans tous les palais). Ici trônait le maharaja sur un fauteuil d’argent. Les piliers sont surmontés de chapiteaux en forme de têtes d’éléphants.

Diwan-i-Am 
Vue sur la ville  

La Ganesh Pol est porte d’entrée du palais couverte de motifs floraux peints, c’est absolument sublime. Depuis la fenêtre, les femmes du harem jetait des fleurs sur le maharaja quand il rentrait au palais...

Ganesh Pol 
Motifs de la Ganesh Pol 

Nous passons ensuite dans le Zenana Bagh, le jardin des femmes où reines et servantes étaient tenues à résidence (comme le faisait aussi les empereurs moghols). Nous voyons le hammam et les latrines de l’époque.

Zenana Bagh 
Voir sans être vu, voila le principe de cette architecture 

Le hall des audiences privées Diwan-i-Khas est tapissé de verre. On y allumait des lampes à huile qui se reflétaient sur ces miroirs. Ça devait vraiment être une ambiance des 1001 nuits. Ces palais sont fortement inspirés du style persan puis moghol.

Diwan-i-Khas 

A l’étage, le hall de la gloire: Jasha Mandir est le lieu d’où le maharaja écoutait de la musique, jouait aux échecs et contemplait le panorama.

Panorama  depuis Jasha Mandir

Enfin, nous visitons le gynécée: Man Singh Palace qui date de 1599. Le pavillon à colonnes accueillait les conciliabules des 12 favorites du maharaja qui attendait longuement sa visite. Autour se trouve leurs appartements privés qui ont des aspects de labyrinthe à l’ambiance un peu carcérale.

Nous montons ensuite par un sentier un peu raide jusqu’au Jaigarth Fort, forteresse dominant le Fort d’Amber. Cette forteresse était un refuge ultime pour le maharaja si jamais Amber avait flanché, une sorte de second verrou défensif.

Jaigarth fort 

On peut y voir le canon Jaivan, fondu en 1720 et pesant 54t! Un des plus gros du monde. Il fallait 4 éléphants pour faire pivoter ce canon. Il ne servit qu’une fois car l’onde de choc tua 8 soldats et 1 éléphant!!

Le canon Jaivan 

Du Fort Jaigarth, la vue est absolument sublime sur Amber et sur le lac Man Sagar et son palais flottant ( où nous nous sommes arrêtés ce matin).

Vue sur Amber et son fort 

Après un thali express au Fort Jaigarth (dur à digérer par cette chaleur!), nous renégocions un tuk tuk pour le retour (celui de ce matin ne voulait pas attendre les 3-4 heures de visite) et nous rendons dans le centre de Jaipur. La ville est vraiment bruyante et quasiment impossible à visiter à pied. Pas de trottoir, une circulation anarchique c’est limite dangereux sans compter la pollution. On n’y est pas hyper sensible d'habitude mais là les yeux et la gorge piquent.

Une des portes d’entrée dans la vieille ville: Pink City 
Jaipur en quelques vues 

On fait donc un tour pas trop long et nous lançons dans un défi de taille: acheter une carte SIM. En Inde c’est compliqué: il faut fournir passeport, visa, photo et un indien doit se porter référent en fournissant aussi photo et adresse. L’agence de téléphonie où nous nous rendons le fait pour nous. Après toutes ces infos, il fait activer la carte SIM en appelant une centrale qui vérifie les infos et valide la demande... cela nous prend pas moins d’une heure mais.... ça fonctionne!!! Ce sera quand même bien pratique pour nos réservations de taxis, hôtels etc...

Nous rentrons à l’hôtel fourbus mais absolument ravis de notre belle journée de visite.

Nous mangeons au Jal Mahal, resto délicieux mais à la décoration très...indienne! Sombre et qui fout un peu le blues! Mais on se régale de nos curry (cashmeree curry et cajou curry) accompagné du tradionnel naan.

 Au Jal Mahal restaurant

Jour 51

Petit déjeuner au Jorawar Haveli 

Ce matin, nous démarrons par la visite du palais des vents: Hawa Mahal. C’est une annexe du City Palace. Le palais des vents était relié au City Palace par un tunnel. Ce monument construit en 1799 permettait aux femmes du harem d’observer la rue sans être vues.

Quelle merveille cette façade! 

De toutes petites fenêtres ornent la façade et sont faites sur le même principe que le store à lamelles. Les évents sont faits de manière à pouvoir voir de l’intérieur mais pas de l’extérieur.

Intérieur du palais des vents 

L’architecture du Palais des vents est assez incroyable car il compte 5 étages dont la largeur diminue plus on monte. Au dernier étage, la largeur est de 2 ou 3 m au maximum. On dirait une énorme pièce montée avec des grosses alvéoles roses! Ça nous rappelle un peu les palais de Gaudi à Barcelone. On se croirait dans un décor de théâtre.

Beaux details

Apparement le maharaja était tellement content du résultat qu’il donna à l’architecte tout un ensemble de villages pour le remercier.

Depuis le Palais des vents, on peut apercevoir l’observatoire astronomique avec un cadran solaire de 27m datant du XVIIIeme siècle. Il montre l’incroyable passion du maharaja Sawai Jai Singh II pour l’astronomie. En effet, il a même mis au point lui-même certains instruments d’observation.

Vue sur le cadran solaire de forme triangulaire 

Nous enchaînons avec la visite du City Palace à proprement parlé, palais construit par le maharaja Sawai Jai Singh II en 1732 et aujourd’hui encore habité par le maharaja et sa famille.

Le bâtiment blanc est la résidence actuelle du maharaja 

La visite du palais est assez chère et nous déçoit un peu. Il y a quand même un joli hall des audiences avec 2 immenses jarres de 345kg en argent massif qui servirent à transporter l’eau du Gange nécessaire aux ablutions du maharaja lors de son voyage en Angleterre en 1901.

De jolies portes peintes et sculptées représentent les 4 saisons. Porte aux paons, porte verte, porte rose et la porte aux fleurs.

La Porte aux éléphants toute en marbre

Un petit musée permet de voir les tenues des maharajas. Intéressant même si encore une fois on n’a pas trouvé cette visite transcendante.

Nous faisons une petite pause sur un rooftop face au Palais des vents histoire de profiter encore un peu de ce monument magnifique qu’on ne se lasse pas de regarder.

Il y a beaucoup de touristes en Inde dans les sites que nous visitons mais pas beaucoup d’occidentaux en proportion. Il s’agit essentiellement d’indiens et de chinois.

12
oct

Après notre matinée de visite à Jaipur, nous commandons un taxi Uber pour rallier Pushkar. C’est la première fois qu’on teste l’application en Inde. Ça évite de négocier et ça permet une flexibilité énorme puisque le taxi arrive quelques minutes à peine après. Nous montons donc dans une Tata, petite voiture de marque indienne. Tata a lancé il y a quelques années la voiture la moins chère du monde: la Nano ( c’est pas celle dans laquelle on est monté). Vu l’explosion du marché automobile indien avec le développement de la classe moyenne, la marque a encore de beaux jours devant elle. Les ceintures de sécurité semblent cependant en option....! Nous arrivons à bon port à Pushkar. La ville nous séduit immédiatement et notre petit hôtel tout autant.

Notre petit hôtel à Pushkar: Inn Seventh Heaven. Il porte bien son nom!

Pushkar est une ville de pèlerinage hindoue. Son lac est sacré et les pèlerins viennent faire leurs ablutions rituelles sur les ghâts.

Le cœur de ville est piéton (en Inde cela veut dire que seul les scooters et tuk tuk sont autorisés!) du coup c’est tout de suite beaucoup plus reposant. Et l’ambiance est à la fois très spirituelle: on a l’impression de toucher le cœur de l’Inde (un « mini mini Bénarès » du moins dans mon imagination) et à la fois très baba cool. Une ville où en tant que touriste on se sent bien, des boutiques, plein de restos sympas, de la nourriture healthy car en tant que ville sainte hindoue la ville ne sert exclusivement que de la nourriture végétarienne (pour notre plus grand bonheur! Et pas d’alcool). C’est très hippie!

Une pause lassi pleine de sagesse! 

Après une pause où nous dégustons notre premier lassi dans un café à l’ambiance zen, nous allons voir le coucher de soleil depuis les ghâts. Il y a quelques rabatteurs qui essayent de nous fourguer de force quelques pétales de fleurs à donner en offrande pour notre karma, mais à part cela l’atmosphère est très agréable et délicieusement calme après l’agitation de Jaipur.

Coucher de soleil sur les ghâts 

Nous mangeons sur le roof top de notre hôtel notre meilleur thali depuis le début du séjour, un régal avec en dessert un pancake!!

Le thali notre plat préféré!! 

Petite parenthèse sur les vaches sacrées

Comme partout depuis qu’on est arrivés nous voyons des vaches partout dans les rues et même sur de grands axes. Car oui le mythe des vaches sacrées en Inde n’est pas un mythe mais bien une réalité. Les voitures les contournent parfois à toute vitesse mais elles restent imperturbables à manger les déchets des rues et souvent du plastique... Ces vaches ont apparement des propriétaires mais ils les laissent vaquer librement.

Vaches dans les rues de Pushkar 

La vache sacrée ce n’est pas une lubie mais bien un symbole important pour les hindous dans le rapport qu’ils entretiennent avec la nature. Respecter la vache c’est respecter l’absence de volonté de tuer précepte hindou et c’est aussi un signe envers la mère universelle puisque la vache symbolise la maternité, la charité, la pitié.

Enfin du temps des famines, seul le lait de la vache pouvait être consommé par les bébés. En donnant un rôle religieux à la vache, les sages ont assuré la survie des enfants. Même si cela peut paraître un non sens d’un point de vue économique de nourrir et soigner ces animaux improductifs jusqu’à leur mort, l’abattage d’une vache suscite apparement des émeutes! La loi autorise cependant les policiers depuis 2005 à utiliser les coups de bâtons pour faire déguerpir les vaches de certains grands axes en ville!! Pas de doute la vache sacrée en Inde c’est vraiment un truc à part!!

Jour 52

Au petit matin, nous allons sur les ghâts voir les pèlerins venus faire leurs ablutions. Ils s’immergent dans l’eau sacrée du lac. Les photos sont bien sûr interdites. Nous voyons les femmes revêtues de leurs beaux saris s’asperger d’eau à l’aide de petits gobelets de métal. La ville compte 52 ghâts autour du lac. C’est difficile à décrire mais cela nous inspire beaucoup de respect. Même si nous ne connaissons rien à l’hindouisme, ces gestes répétés et toute cette spiritualité nous touche.

Sur les ghâts 

Nous montons ensuite au Savriti Temple, temple perché sur une colline (Pushkar est entouré de jolies collines verdoyantes) auquel on accède par téléphérique ou à pied par un long escalier. Ça nous rappelle l’Adam’s Peak au Sri Lanka en beaucoup plus petit.

A l’assaut du Savriti Temple 

La vue de là-haut est très chouette sur le lac et la ville. Mais à 8h il fait déjà chaud et on en bave un peu pour grimper les 580 marches. Il y a pas mal d’indiens curieux sur le chemin qui nous posent des questions, nous observent. Des jeunes filles nous réclament des selfies avec elles et une demande à ce que je la prenne avec mon téléphone portable! Curieux! Mais on se prête au jeu avec plaisir.

Au sommet du Savriti Temple 
Petit selfie  

Nous nous offrons ensuite un super petit déjeuner au Honey&Spice que nous avons testé hier (on adore la philosophie du lieu et le proprio est adorable) et que notre estomac a bien supporté. Donc yaourt, muesli, fruits on se fait plaisir à manger ce que nous n’avions pas encore osé manger en Inde. Je goûte mon premier massala chaï, thé au lait et aux épices et Micka un café au gingembre et à la cannelle.

Notre fief à Pushkar 

Pushkar nous plait et on prolonge notre séjour d’une nuit pour se poser un peu et profiter de cette ambiance. Il y a plein de centres de yoga et de méditation. C’est zen, bab’s et à la fois remplis d’indiens en pèlerinage qui prennent plaisir à faire des achats et viennent se recueillir. Pour eux, venir à Pushkar c’est un gros événement dans une vie. Pushkar abrite un temple dédié à Brahma, le dieu créateur.

Ruelles de Pushkar 

Pushkar est aussi une ville où se tient la plus grande foire aux dromadaires d’Inde. C’est une fois par an et apparement ça rassemble un monde fou. Cette année ça tombe début Novembre. Nous ne verrons que quelques dromadaires au détour des ruelles.

Nous nous arrêtons au Old Rangji Temple qu’on ne peut voir que de l’extérieur en tant que non hindou. Puis nous flânons, mangeons sur un rooftop, lisons un peu plus sur le pays et organisons un peu la suite de notre voyage.

Old Rangji Temple 
Au pays des Royal Enfield 


Le soir, nous retournons faire un tour en ville histoire de s’imprégner encore des lieux et regardons le coucher de soleil depuis un rooftop ultra babos où quelques Occidentaux semblent s’être un peu perdus dans leur quête spirituelle...

Coucher de soleil au Nirvana rooftop 
16
oct

Jour 53

Départ à 8h pour Udaipur avec un stop en route à Chittorgarh. Ça commence un peu mal car l’hôtel a oublié de nous commander le taxi et la note est assez salée: 76€ pour la journée, on n’a pas réussi à trouver moins cher. Et encore la climatisation dans la voiture est en supplément.... On va donc avoir chaud! Le trafic est dense et on met plus de 5h à arriver à Chittorgarh. Nous nous partageons un petit thali dans un resto d’étape avant d’attaquer la visite du Fort.

Nous sommes obligés de prendre un rickshaw pour la visite car la grimpette jusqu’au Fort est longue et les monuments à voir sont éparpillés et pas du tout indiqués. Négociation avec le rickshaw qui nous propose un prix aberrant. Puis la visite se fait un peu au pas de course. Le chauffeur de rickshaw nous presse sur la fin, sautent certains sites. De plus, les sites en eux-mêmes sont bondés d’indiens en vacances ( on est le seuls occidentaux). Ils nous sollicitent des dizaines de fois pour faire des photos avec nous et avec la fatigue on subit un peu. On a le sentiment que notre visite nous échappe. Surtout quand le rickshaw nous fait quitter le site plus tôt que prévu et à l’arrivée nous dit que le prix fixé au départ était par personne et pas pour deux! On l’envoie paître mais tout ça est assez épuisant. Une vraie journée à l’indienne comme on n’en avait encore pas eu depuis notre départ, où l’on doit toujours être dans des rapports de force, dans de la négociation alors qu’on voudrait juste profiter.

Bref, assez parlé du négatif, le fort de Chittorgarh classé à l’UNESCO est une petite merveille d’architecture.

La forteresse appartenait au petit royaume rajpoute du Mewar, royaume qui eut à subir à 3 reprises les assauts des Moghols. La première fois en 1303 sous le règne de Ratha Singh et de son épouse à la beauté légendaire Padmini. Allaudin, sultan de Delhi fantasma sur Padmini l’épouse de maharaja et voulut pouvoir la contempler. Pour éviter une guerre, Padmini y consentit à condition que cela se fasse par le biais d’un jeu de miroirs. Mécontent, le sultan fit prisonnier le maharaja Ratha Singh. La reine par une ruse parvint à faire libérer son époux. Mais le sultan fou amoureux de Padmini attaqua la forteresse avec une armée énorme. Les Rajpoutes se battirent jusqu’aux derniers et Padmini inaugura le johar (suicide par le feu) avec ses servantes et des milliers de femmes. Une manière de ne pas se rendre quand on savait que la ville était perdue.

Puis le royaume de Mewar connut malgré cet épisode son apogée sous le règne de Khumbha (1433-1468). Mais la forteresse connut une seconde invasion en 1533. Là encore, la reine et 13 000 femmes pratiquèrent le johar dans un immense brasier.

Enfin en 1568, le 3 ème assaut fût donné par l’empereur moghol Akbar (encore lui). Même résultat: un immense johar. Chittorgarh symbolise donc particulièrement le courage des Rajpoutes.

Dur d’imaginer que la forteresse eut à subir de tels assauts quand on voit qu’elle est située sur un immense promontoire et cernée d’énormes murailles. Majoritairement bâtie au XVème siècle, beaucoup de monuments sont en ruines.

Nous commençons par le Ranakhumba Palace assez abîmé par les assauts mais il reste de beaux pavillons à dôme avec des balcons finement ciselés. Depuis le palais, la vue sur la ville basse est très belle (de jolies maisons bleues) même si au loin on aperçoit les usines de zinc et de ciment qui font vivre Chittorgarh aujourd’hui. C’est dans ces murs que Padmini commit le 1er johar.

Ranakhumba Palace 
Vue sur la ville de Chittorgarh depuis le fort 
Details du temple 

Nous nous arrêtons ensuite au Khumbhat Shyam Temple et son acolyte plus petit le Meera Bai Temple. Dédié à Vishnou, il est superbement sculpté et l’architecture ne ressemble à rien de ce qu’on connaît. Les frises qui l’entourent sont superbes et d’une grande finesse. Les colonnes sont ornées de motifs végétaux. L’intérieur en revanche est beaucoup moins fastueux.

Khumbhat Shyam Temple 
Meera Bai Temple 

Nous grimpons ensuite au sommet de la Victory Tower, monument symbole du fort de Chittorgarh construit au XVème siècle aussi. De nombreuses scènes de la religion et de la culture hindoue ornent le monument avec un grand sens du détail. Vraiment le patrimoine indien est dingue! Cette tour servait de tour de guet. Certaines représentations humaines hindoues ont été malheureusement martelées par les Moghols. C’est devant cette tour qu’eut lieu le 2 ème johar.

Victory Tower 
Décorations extérieures de la tour 
 Intérieurs de la tour
Une des nombreuses mascottes chapardeuses locale! 

Le Samadhisvara Temple date lui du XIème siècle et est dédié à Shiva.

Une famille en visite, et ce feux d'artifice de couleurs! 
 Samadhisvara Temple

Nous passons ensuite devant de beaux bassins sacrés avec vue sur les murailles de la forteresse.

Nous terminons par le Padmini Palace, palais reconstruit en 1905. C’est là qu’eut lieu la scène des miroirs. Padmini permit au sultan de Delhi d’admirer ainsi sa beauté.

Padmini Palace 

Une bien belle visite donc bien que trop courte. On est déçus de ne pas avoir pu voir tous les monuments du site et de ne pas avoir pu flâner au milieu de ces vieilles pierres chargées d’histoire comme on aime tant le faire. Tant pis on ne retiendra que le meilleur!

Nous reprenons la route pour Udaipur. Il y a beaucoup de trafic et en arrivant en périphérie d’Udaipur c’est carrément étouffant tellement c’est pollué. Nous logeons dans le quartier d’Outside Chand Pol et une bonne partie des rues sont interdites aux voitures. Nous finissons donc le trajet à pied de nuit avec nos gros sacs. Notre homestay est toute simple mais l’accueil est adorable. On essaye de privilégier les homestay, ce sont des chambres chez l’habitant et on a vraiment l’impression de loger chez une famille ( ici on voit les parents du propriétaire assez âges qui nous observent ils sont choux!). L’accueil est en général au top car ils ont à cœur de faire tourner leur petite affaire au mieux.

Homestay: il y a souvent des seaux dans les salles de bains pour récupérer et réutiliser l’eau de la douche. 

Nous partons manger dans un petit resto du quartier avec rooftop et vue sur la ville. L’ambiance y est très sympa, la cuisine délicieuse (nos meilleurs chapatis pour le moment!) et comme à Pushkar il y a plein de petites phrases zen ou positives écrites sur les murs. Avec l’addition on pioche une petite phrase à découvrir. On adore ce style de resto où on se sent tellement bien!

Chez Yummi Yoga 

Jour 54

Ce matin, c’est grasse matinée! Nous prenons notre petit-déjeuner à 10h sur une jolie terrasse d’Udaipur. On prend notre temps et ça fait du bien!

Au Millet Of Mewar, un régal!

Nous nous baladons ensuite un peu le long des ghâts et croisons des femmes allant laver leur linge (et parfois se laver en même temps). Ce spectacle des lavandières, panier de linge sur la tête, slalomant dans les ruelles est presque irréel.

Lavandière au bord du lac 

Nous allons ensuite voir le Jagdish Temple, temple du XVIIème dédié à Vishnu. Il est superbement décoré et très animé ce matin. On observe le culte hindou: beaucoup de chants, des offrandes, des sons de cloches...

Entrée du temple avec en bas les stands pour acheter les offrandes de fleurs 
Jagdish Temple 

Autour du temple, les rues sont très animées et assez touristiques mais dans le sens positif du terme. De jolies boutiques et pas mal de restos qui donnent envie de s’y arrêter.

Nous nous dirigeons ensuite plus dans le cœur d’Udaipur, dans les quartiers anciens et commerçants. Là il n’y a plus de touristes mais que des indiens qui vaquent à leurs achats et ne nous prêtent aucune attention. Et c’est un vrai spectacle. Nous traversons des ruelles entièrement dédiées aux saris et tenues de mariages. Des piles de saris de toutes les couleurs emplissent les boutiques et l’on voit les Indiennes choisirent leurs tissus, leurs bracelets dorés...

 Boutiques de sari  

Nous traversons ensuite les rues des bijoutiers: de toutes petites boutiques étroites avec matelas par terre pour choisir ses bijoux confortablement!

 Petite boutique de bijoutier

Nous voyons aussi des tailleurs, mètre-ruban autour du cou et grosse paire de ciseaux dans la main préparer de belles pièces de tissu. C’est magnifique de voir tous ces vieux métiers et ces rues si animées. Ça grouille de vie par rapport à chez nous. Quel dépaysement!

Nous traversons les marchés aux fruits et légumes puis aux épices: on voit du gingembre par caisses entières!

Petite charrette livrant aux hommes qui travaillent le repas!

Nous retournons ensuite au bord du lac. La vue sur le City Palace et le Lake Palace Hôtel (ancien palais de maharaja transformé en hôtel et situé sur l’eau) est superbe. Udaipur dégage une certaine quiétude.

Petit pont sur le lac Pichola pour rejoindre le quartier d’Outside Chan Pol 
Vue sur le city palace 

Nous nous partageons un thali au bord de l’eau et organisons la suite de notre voyage. Alors oui, nous le découvrons, voyager sans réserver à l’avance implique de passer du temps sur place à organiser la suite du voyage. Nous ne l'avions jamais expérimenter encore. Là, sur un voyage si long il n’y a pas le choix mais j’avoue que parfois c’est un peu chronophage... (bon y’a pire dans la vie...)

Thali un jour, thali toujours  

Nous passons la fin d’après-midi au bord de l’eau pour le coucher de soleil et retournons manger au Yummi yoga que nous avons adoré hier!!

Rooftop chez Yummi Yogi et de nouveau 2 petites phrases inspirantes tirées au sort!! 
Vue du rooftop sur Udaipur 

Petite parenthèse sur la démographie en Inde.

La population en Inde s’envole: 1,35 milliards d’habitants en 2018! L’explication revient clairement aux progrès de la médecine et même si aujourd’hui le taux de natalité a tendance à diminuer l’Inde va dépasser la Chine en terme de population d’ici 2 ans. Autre problème majeur: le déséquilibre hommes/femmes qui augmente à cause de la médecine moderne et des échographies révélant le sexe de l’enfant. Comme en Inde, avoir une fille est toujours dans les mentalités signe de mauvais investissement (la fille quittera la maison parentale et en plus il faudra payer une dot), les avortement parfois très tardifs prolifèrent. Un vrai drame: le sex-ratio de l’Inde est de 94 femmes pour 100 hommes.

Jour 55

Nous nous levons tôt pour observer de nouveau le spectacle des lavandières. Mais ce matin, elles ne sont pas nombreuses. Les femmes font leur toilette avec pudeur enroulées dans leur sari tandis que les hommes plongent allègrement dans l’eau du lac en caleçon et n’ont pas de corvée de lessive. Nous réalisons pleinement la problématique de l’eau. Beaucoup d’indiens n’ont pas l’eau courante et utilisent des petits tankers pour faire leur vaisselle. De même les seaux dans les douches rappellent à quel point l’eau est précieuse. Que ce soit en Inde ou en Afrique, on a vraiment vu de nos yeux que la sécheresse est chaque année plus importante et que l’eau devient un problème. Les années futures s’annoncent compliquées et de nouveaux enjeux/conflits autour de l’eau risquent de se jouer.

Puits dans Udaipur 

Après un petit déjeuner sympathique au bord d’une petite rue animée (le serveur tentant de chasser une vache entrant dans son café...) nous consacrons la matinée à la visite du City Palace.

L’immense City Palace d’Udaipur appartient à la dynastie Mewar une des plus anciennes du monde car elle a commencé au VIème siècle et perdure aujourd’hui. Le maharana (titre encore plus honorifique que le maharaja) actuel habite une aile du palais.

Entrée du palais 
Vue sur la ville depuis le City Palace 

En arrivant dans le palais nous sommes accueillis par une représentation de Ganesh, le dieu éléphant qui apporte la fortune/prospérité et est souvent situé à l’entrée des maisons.

Ganesh 

Nous passons devant un sanctuaire sadhu construit en hommage au sage qui a conseillé le maharaja Udai Singh II d’établir son Palais à Udaipur. Ce maharaja régnait sur Chittorgarh alors en proie à l’invasion moghole. Le sadhu lui promit une longue et prospère dynastie s’il installait là sa nouvelle capitale. C’est ainsi qu’en 1533 fût fondée Udaipur: littéralement « la ville d’Udai ».

L’Amar Vilas est un superbe jardin agrémenté de 104 colonnes sculptées individuellement. C’est le lieu où le festival Holi (fête des couleurs marquant la fin de l’hiver) était célébrée.

Amar Vilas 
Vue sur Udaipur et son lac depuis le palais 

Nous voyons ensuite de belles peintures murales Mewar, qui ont environ 200 ans. Elles représentent des scènes de la cour, des processions, des scènes de rue... La fleur de lotus est le symbole de la création et est la fleur préférée du dieu Shiva. Ces peintures ont un style un peu naïf à là Douanier Rousseau qui nous plait beaucoup.

Puis une petite loggia est décorée de carrelages importés de Delft.

Bheem vilas: on y voit des chambres plus récentes (style d’influence britannique). Nous voyons le fauteuil roulant du maharana Bhupal Singh (1930-1955). Il était partisan d’une Inde indépendante et a joué un grand rôle pour développer l’éducation dans son pays. Pour mémo, l’Indépendance de l’Inde date de 1947 et l’unification du Rajasthan ( dans lequel le royaume de Mewar fût intégré) eût lieu un an plus tard.

Fauteuil roulant du maharana

Le Mor Chowk est une cour avec 5 paons en bas reliefs du XIXème. On retrouve la représentation du paon (comme à Jaipur). En effet, le paon, symbole de protection et de fertilité a une place forte dans la culture hindoue. Il est aujourd’hui l’oiseau national de l’Inde.

Mor Chowk, la partie la plus précieuse du palais

La Manak Mahal est la salle d’audience aussi appelée salle rubis car le rouge domine. Le jeu des miroirs donne l’impression de pièces dans la pièce.

Manak Mahal 

Nous terminons par la cour des femmes. Il faut imaginer ici des dizaines de saris, des bains d’eau et d’huile parfumées ou les femmes se baignaient, chantaient et dansaient.

La Cour des femmes

Une partie musée abrite des instruments de la collection royale avec des sitars ayant plus d’un siècle. Le sitar est l’instrument symbole de l’Inde.

L’audioguide nous fournit pas mal d’epxlications sur le mariage indien. C’est un rite de passage important en Inde. De nombreuses offrandes (riz, fruits, fleurs) sont faites lors de la cérémonie qui peut durer plusieurs jours. Les mariés sont attachés par les mains et font le tour d’un feu sacré en récitant 7 vœux en sanskrit.

Représentation d’une scène de noces: au milieu emplacement pour le feu sacré. 

Nous nous baladons ensuite au bord du lac Pichola et retournons ensuite dans le quartier que nous avons aimé hier voir les tailleurs, bijoutiers etc..

Lac Pichola 
Livraison de lait 
Superbe étal de fruits et légumes
Les boutiques des tailleurs 
Mention spéciale au petit fer à repasser!! 
Un gardien de chèvre en pleine rue 

Le soir, nous allons voir un spectacle de danses traditionnelles du Rajasthan. Les danseuses portent de belles tenues, des bracelets par dizaines et autres bijoux (anneau dans le nez relié à l’oreille par une chaîne, ça c’est tellement indien pour nous!!). Elles portent sur leurs têtes des pots enflammés ou des outres empilées dans un jeu d’équilibre impressionnant. Des instruments traditionnels accompagnent ces danses à la gestuelle très forte. Nous passons un super moment.

Nous terminons la soirée au restaurant autour d’un paneer tandoori (sorte de ricotta) et d’aubergines en sauce, le tout accompagné de naan à l’ail (le pain cuit au four). La nourriture indienne nous régale et il n’est pas exclu qu’on prenne quelques kilos ici...

Chiragh restaurant et toujours des phrases peace&love partout! On adore😉

On se demandait pourquoi les restaurateurs nous proposent toujours de la bière quand on arrive alors que ce n’est jamais proposé sur les cartes. En fait, une loi est passée en 2017 interdisant la vente d’alcool dans les établissements situés dans un certain périmètre autour d’une autoroute afin de lutter contre la mortalité sur les routes qui est parmi les pires au monde. Visiblement, la vente d’alcool continue de se faire sous le manteau.

Jour 56

Aujourd’hui, nous profitons à nouveau de la belle ville d’Udaipur le matin. Dans les ruelles étroites du quartier où nous logeons nous assistons à la livraison du lait. Le vendeur arrive avec ses 2 boilles de lait sur le scooter et les habitants intéressés descendent dans la rue ou envoient leur petit récipient à remplir par l'intermédiaire d’un seau qu’ils font descendre par la fenêtre. Dans la même veine, un vendeur de fruits et légumes passe dans les ruelles avec sa charrette. Nous retournons flâner dans les marchés et ressentons beaucoup de bienveillance de la part des habitants: les vendeurs nous sourient, les enfants nous saluent de leurs « hello » trop mignons! Vraiment, l’Inde nous gâte et casse tous les préjugés qu’on pouvait avoir.

On trouve aussi que le pays n’est pas noyé sous le plastique comme d’autres en Asie du Sud Est, du moins proportionnellement au nombre d’habitants. Les indiens semblent encore attachés à leur mode de vie et leurs habitudes: repas servis dans des récipients en inox, peu de pailles, pas trop d’emballages et pas beaucoup de fast-food, ils cuisinent! Nous voyons même une petite manifestation écolière contre le plastique.

Marche

Nous voyons des personnes âgées distribuer des chapatis trop appétissants aux vaches dans les rues (normal, cette vache peut être leur grand-mère réincarnée!) Plaisanterie mise à part, leur respect pour les animaux et leur alimentation quasi exclusivement végétarienne nous épatent et nous inspirent.

Comme quoi, tout n’est jamais bien ou mal, blanc ou noir. Chaque pays est passionnant à découvrir et permet de se faire sa propre idée loin de tout ce qu’on peut entendre parfois.

Comme en Afrique du Sud où les inégalités sociales nous avaient profondément choquées l’Inde et sa pauvreté bouscule notre vision du monde et de la mendicité. Jusqu’à présent, on ne donnait quasiment jamais rien aux SDF en France. A croire que parfois, la pauvreté près de chez soi est devenue une part entière du décor, on n’y prête plus attention et on se cache derrière des pensée toutes faites du style « c’est à l’Etat de gérer le problème » ou « nous ne voulons pas alimenter des réseaux » mais n’avions nous pas tort de réfléchir ainsi? N’est-ce pas se trouver des excuses? Est-ce que le plus petit geste qui soit ne compte pas plus que des intentions vaines de changer un système? Bref, comme vous le voyez, voyager bouscule nos certitudes et on se pose pas mal de questions.

Que faire quand comme ici l’Etat ne fournit pas à la population les infrastructures et assistances nécessaires? On a vu des enfants noirs de crasse en haillons dans les rues de Jaipur et beaucoup de personnes aveugles ou estropiées. Des gens sont atteints de handicaps liées à des maladies infantiles qui n’existent plus dans nos pays.

Sur la question de donner ou ne pas donner de l’argent on essaye d’appliquer certains conseils glanés sur le net. Puisque la question s’est posée en Afrique, se pose en Inde et se posera ailleurs aussi, on s’interdit de donner aux enfants de l’argent car on estime que leur place est à l’école. Parfois on leur donne de la nourriture. Et pour les adultes en Inde on essaye de donner quelques pièces aux personnes en incapacité de travailler par la maladie ou un handicap. Ça ne changera pas leur destin mais face à une telle misère on ne peut pas rester insensible. Nous nous sentons tellement chanceux d’avoir un tel système de soin dans notre pays. La santé est tellement la base de tout, ce sans quoi rien n’est possible.

Beaucoup de vieillards esseulés font l’aumône auprès des commerçants et ceux-ci leur donnent volontiers un petit quelque chose. Les gens sont charitables entre eux, nous ne trouvons pas l’Inde si inhumaine que nous l’imaginions.

En fin d'après-midi, nous prenons un petit téléphérique pour nous rendre au sommet d’une des collines entourant la ville pour un superbe point de vue sur le City Palace et les lacs entourant la ville. Udaipur aura été une bien belle étape de ce séjour indien.

Udaipur depuis le Sunset Point 
Coucher de soleil sur la ville 
20
oct

Jour 57

Nous quittons Udaipur pour Jodhpur avec un taxi que nous avons réservé pour la journée. Nous traversons cette fois la campagne indienne très verte et vallonée.

Pour la première fois depuis le début de notre séjour en Inde, la route est un voyage en soi et en plus le chauffeur met de la musique indienne! C’est très agréable.

Nous voyons des cultures de blé, moutarde, des bananiers et papayers et beaucoup d’arbres et de végétation. Des dizaines de femmes marchent chargées de fourrage pour les animaux, de bois, et comme d’habitude des vaches un peu partout dans les champs et sur la route. Il y a des norias, sorte de machine hydraulique tiré par une vache qui a pour but d’irriguer les cultures.

Noria au bord de la rivière  

Nous voyons pas mal d’écoliers en uniforme (tunique rose pour les filles et chemisette pour les garçons et pantalon marron) qui vont à pied à l’école.

Nous arrivons à la forteresse de Kumbhalgarh, forteresse en pleine campagne sur une haute colline des monts Aravalli. Son mur d’enceinte est de 36km et est vraiment impressionnant quand on arrive par la route.

Entrée dans l’enceinte 

Édifiée en 1548 par le maharaja Khumba (le même qu’à Chittorgarh) cette forteresse a des tours et bastions particulièrement ventrues. A l’intérieur de l’enceinte subsiste un petit village, des temples et le palais des nuages ( Badal Mahal).

La forteresse 

Nous passons une succession de portes construites à angle droit pour empêcher les éléphants ennemis de charger, avant d’arriver au sommet où la vue est superbe sur la campagne environnante. Une très belle visite UNESCO s’il vous plaît!

Badal Mahal 
Temples dans l’enceinte du Fort  
Petit autel hindou  

Nous faisons ensuite une pause repas où nous nous régalons d’un Navratan Korma (légumes dans une sauce au yaourt avec noix de cajou et quelques fruits pour un petit effet sucre/salé).

Navratan Korma, riz au cumin et chapati  

Puis nous entamons une succession de virages pour descendre sur Ranakpur (ça nous rappelle la route de Vénissac!)

A Ranakpur, nous visitons le temple d’Adinath, sanctuaire jaïn. Sobre à l’extérieur il se révèle d’une richesse décorative incroyable une fois l’entrée franchie. Le temple entièrement en marbre compte 1444 piliers sculptés, tous différents.

Temple jaïn de Ranakpur 

La fouille à l’entrée du temple est minutieuse en raison des croyances jaïns: pas de nourriture, de cigarettes, ni de cuir.

Les jaïns sont assez respectés de tous les autres indiens même s’ils représentent une minorité religieuse. ( ils ne sont que 12 millions). Leur religion trouve son origine dans un rejet du systèmes des castes hindoues et des sacrifices d’animaux. Ils ne consomment aucun animal. Des purs Vegans! Pour respecter cette règle à la lettre, les jaïns portent une étoffe devant la bouche pour ne pas avaler un insecte en respirant. De même, ils ne mangent pas de nuit pour ne pas risquer de manger un insecte sans le voir. Les moines jaïns ne prennent pas le bus car les véhicules tuent les insectes. Ils sont souvent vêtus de blanc.

Pèlerin jaïn (photo prise sur le net)

Jaïn signifie: celui qui s’est libéré de son attachement au monde matériel . Pas de malveillance ni de mauvaises intentions dans le jaïnisme. Pour les jaïns tout être vivant a une âme divine et chaque âme a le potentiel de se libérer de son karma (Cycle des réincarnations). Ils ne croient pas en un créateur suprême mais vénèrent les tirthankaras qui sont des personnages méditatifs ( moines, religieuses) ayant atteint l’Ilumination en se libérant de leur karma. (on peut les comparer aux bodhisattvas dans le bouddhisme ou aux saints dans la religion chrétienne).

La religion jaïn repose sur 5 vœux

-Vœu de non-violence ( avec l’interdiction de tuer tout être vivant du microbe au plus gros animal)

-Vœu de vérité : toujours dire la vérité sans blesser

-Voeu d’honnêteté: ne pas voler

-Voeu d’abstinence sexuelle.

-Vœu de détachement: se libérer du besoin de posséder et accumuler.

La campagne autour du temple 
Détails du temple de Ranakpur 

Après cette belle visite très instructive, nous continuons en direction de Jodhpur. Ce soir, nous avons réservé dans un hôtel qui vient juste d’ouvrir et faisait de belles offres. Nous avons une superbe chambre et bénéficions d’un accueil incroyable! Nous sommes accueillis avec le tilak: petite pâte de poudre de curcuma qu’on nous applique sur le front avec des grains de riz en guise de bienvenue.

Arrivée à Jodhpur 

P.S. À ceux qui se demandent s’il nous arrive de changer de tenue, disons que l’Inde et ses températures chaudes nous permettent de pratiquer une certaine « routine» dans notre style vestimentaire: on lave le soir et le lendemain c’est sec!


Jour 58

Réveil à Jodhpur. Nous goûtons un petit déjeuner indien sur le rooftop de notre hôtel. Nous nous régalons et le massala chaï est excellent: épices, lait et une bonne dose de sucre! Le patron redouble de prévenances à notre égard c’est presque trop!!

Petit déjeuner avec vue sur la forteresse 

Nous partons découvrir la ville de Jodhpur avec un arrêt au temple hindou Kunj Bihari Ji Ka Temple et à un ancien puits à degrés superbement restauré: Toorji Ka Jhalara.

 Le superbe puits à degrés  

Nous nous rendons ensuite dans les ruelles étroites de la vieille ville qu’on surnomme la « ville bleue ». Les maisons ne sont pas toutes en bon état, les ruelles sont un peu crasseuses mais il y a une vraie « patine » qui donne un charme à ce vieux quartier. Nous l’imaginions très touristique mais en fait il est resté dans son jus, habité par les gens. Les hôtels et restaurants sont plutôt près de la ville nouvelle. C’est donc un vrai plaisir de se perdre dans ces ruelles.

Scenes de vie dans la ville bleue 
Vieille ville de Jodhpur 
Une touriste dans les rues de Jodhpur! 
En Inde, le beau côtoie souvent l’immonde: une vache sacrée au milieu d’une montagne de déchets 😦

Nous nous rendons aussi dans le quartier très animé de la Clock Tower et du Sardar Bazar. C’est l’effervescence, on y trouve des échoppes avec tout absolument tout et ça grouille de monde, ça klaxonne et ça marchande à tout va! Épuisant, mais cette frénésie nous plaît!!

Sardar Bazar 
Clock Tower 

Nous nous rendons sur la colline Panchotiya pour les belles lumières du soir.

Depuis Panchotiya Hill  

Nous dînons sur un rooftop avec vue sur le fort de Mehrangarh et rentrons à notre hôtel. Là, notre hôte nous offre une bière et papote avec nous. Il est ultra, ultra présent, fait tout pour nous satisfaire (nous sommes les seuls clients de l'hôtel car il vient d’ouvrir). Il veut notre avis sur chaque détail et nous propose de nous faire découvrir mille choses! En gros sauvages que nous sommes, nous trouvons cela un peu oppressant avant de nous détendre et de profiter du moment pour parler un tout petit peu anglais (pour Julie: c’est un début! ) et poser plein de questions sur l’inde. On parle donc castes, mariages, système de santé etc...

Avec les filles du proprio de l’hôtel 
Vue sur la forteresse de Mehrangarh by night 

Jour 59

Ce matin, petit déjeuner de pacha (mon dieu qu’est ce qu’on mange en Inde!!! Mais c’est tellement bon!) en terrasse. Nous savourons aussi le fait de ne pas avoir à se poser la question de la météo: depuis notre arrivée en Inde il fait un temps superbe tous les jour. Départ donc pour la visite de la forteresse de Mehrangarh. Fondée au XVème siècle, elle est construite tout en grès rose sur un nid d’aigle et ses façades sont finement sculptées! On croirait que c’est du bois parfois! Une merveille d’architecture. La beauté du fort rivalise avec celle d’Amber que nous avons visité en début de séjour. Les maharadjas de Jodhpur y vivèrent jusqu’aux années 30 où le maharaja fit construire le Umaid Bhawan Palace.

A l’entrée du Fort nous pouvons voir les empreintes de mains des femmes royales. Elles laissaient la trace de leurs empreintes alors qu’elles allaient se suicider à la mort de leur mari. En effet, la « tradition » voulait que les femmes ne survivent pas à la mort de leur époux et pratiquent le « sati », c’est à dire qu’elles rejoignent leur mari sur le bûcher de crémation. Le dernier sati royal eut lieu à Jodhpur en 1843 à la mort du maharaja. Les Britanniques condamnèrent ensuite cette pratique.

Nous voyons plusieurs Howdas magnifiquement décorés, datant du XVIIIème, chaises qui étaient utilisés pour le transport sur dos d’éléphants.

Howdas  

De même, des palanquins d’époque (chaises de transport portés par des hommes lors des processions) sont exposés: ceux ouverts étaient utilisés par les hommes et ceux couverts par les femmes. Les Empereurs moghols qui régnèrent près de 3 siècles sur la région cohabitèrent bien avec les maharajas Rajpoutes et de nombreux jeux d’alliances se firent. L’empereur Akbar (empereur moghol dont on a déjà entendu plusieurs fois parler) épousa des princesses Rajpoutes. Preuve de ces alliances: un énorme palanquin mélange de style gujarati et moghol. Il fallait 12 hommes pour le porter.

Le fameux palanquin en question  

Nous entrons ensuite dans la Cour du couronnement: les fenêtres appelées « jalis » filtrent la lumière du soleil et empêchent d’être vu. Par contre on voit bien ce qui se passe à l’extérieur. Les motifs des jalis sont variés.

Vue sur la ville bleue depuis le fort  

Arrive ensuite une des plus belles salles du palais: la Phool mahal qui signifie le «palais des fleurs ». Elle date du 18ème siècle. Cette salle était celle réservée aux réceptions et aux spectacles de danses, musique etc...

Phool Mahal 

Puis, Takhat vilas: ancienne chambre à coucher du maharaja Takhat Singh (XIXème).

 Thakat Vilas

Nous pouvons voir aussi les berceaux royaux pour les bébés maharajas!! Le thème astral du bébé est établi traditionnellement dès sa naissance, c’est pour les Indiens au moins aussi important que de couper le cordon ombilical.

Petits berceaux royaux

On retrouve ensuite la traditionnelle Zenana: la cour des femmes, cour qui était gardée par des eunuques.

 Les gardiens du fort
 Cour des femmes
Encore une belle façade  du fort et vue sur la ville

Le fort de Mehrangarh nous a beaucoup plu, une super visite, une belle plongée au temps des maharajas!

Nous repassons ensuite devant des petits marchés, c’est amusant les fruits et légumes sont toujours bien alignés! Il y a une grande place pour l’esthétisme en Inde. On le retrouve dans le style vestimentaire, les femmes prennent vraiment soin d’elles et de leur tenue, puisque l'extérieur doit être le reflet de notre intérieur.

Nous nous reposons pendant les heures de forte chaleur chez « Dylan » en se partageant un thali et un lassi. Jodhpur est la ville où on a le plus chaud depuis le début de notre séjour indien. Il faut dire qu’on se rapproche de plus en plus du désert du Thar, près du Pakistan.

Street art from India 

L’après-midi, nous grimpons jusqu’au Jaswant Thada, joli temple de marbre blanc élevé à la mémoire de Jaswant Singh II par une de ses épouses. On le surnomme « le petit Taj ». Les extérieurs sont très agréables avec plan d’eau, jardins et cénotaphes. Le lieu respire la quiétude.

Jaswant Thada 

Nous allons voir le coucher de soleil sur une colline. La vue sur le fort est de toute beauté. Des dizaines d’oiseaux le survolent.

ahhh les lumieres de l'Inde...unique 

Le soir, le proprio de la guesthouse nous emmène avec un autre couple de touristes arrivés aujourd’hui goûter un peu de street food dans la ville moderne de Jodhpur, partie où nous n’étions pas allés. Nous nous entassons dans sa petite voiture et sa femme et ses 3 enfants nous rejoignent en scooter (à 4 sur le scooter: pas mal!!). Nous goûtons différents petits snacks indiens salés/sucrés (mention spéciale à la glace à la cardamome!) et passons vraiment un super moment. On parle de l’Inde, des modes de vie etc... Nous avons ainsi un petit aperçu du Jodhpur by night du côté des familles indiennes. Le proprio nous explique qu’il a fait un mariage d’amour et pas un mariage arrangé. Or sa femme n’étant pas de la même sous-caste que lui, ses parents ne lui ont pas parlé pendant 5 ans!! Maintenant, ils vivent tout ensemble mais sa femme nous prend à part avec Micka pour nous dire que sa belle mère est vraiment très autoritaire, lui dit sans arrêt quoi faire et ne pas faire et que c’est difficile de vivre tous ensemble. Le proprio nous confirme que sa femme porte le sari tous les jours car sa belle mère l’exige mais que sinon elle aime porter des jeans et autres tenues modernes! Il nous demande de ne pas montrer les photos de la soirée à ses parents car sa femme n’est pas censée prendre du bon temps comme ça. Incroyable! Ce couple a quasiment notre âge c’est fou de voir à quel point le poids des traditions peut les freiner dans leur quotidien. Mais cela semble être encore la réalité de l’Inde d’aujourd’hui.

 Street Food
La petite famille au complet 
Leurs enfants sont « sooooo cute!!! »

L’ainé des enfants a 11 ans et collectionne les pièces du monde entier. On lui donne un billet qui nous restait du Swaziland et des pièces namibiennes. Des pièces d’Afrique il n’en revient pas! Là, on a fait un heureux, c’est cool!!


Jour 60

Ce matin, on met le réveil à 6h30 pour profiter de la ville bleue de bonne heure. Malheureusement, c’est un peu la désillusion: les rues sont pleines de déchets et de bouses de vache car les poubelles ne sont pas encore passées et les chiens sont nombreux et un peu agressifs.

Nous voyons quand même quelques très jolies maisons et buvons un café en terrasse.

L’après-midi, nous nous rendons en tuk-tuk aux jardins de Mandore, jardins où les indiens viennent se balader le dimanche. Le jardin abrite de jolis cénotaphes de maharajas du XVIIIème.


Jardins de Mandore 
Nous faisons l'expérience de la célébrité lol 
Le rickshaw indien  

Par contre, nous ne passons pas inaperçus. Il y a carrément un instituteur avec sa classe (immense) en voyage scolaire qui nous demande de participer à la photo de groupe! S’ensuit une série de selfies avec chaque enfant et chaque instit!! et des poignées de mains par dizaines. Ça les amuse de serrer la main aux Occidentaux, eux qui saluent habituellement en joignant les mains et en disant Namaste. On se prête au jeu car l’instit est vraiment adorable et les enfants aussi! Par contre, on ne comprend toujours pas ce que suscite chez eux les Occidentaux, surtout qu’en voyage on ne ressemble vraiment à rien!! En tout cas, ils ont la photo facile...

Dans Jodhpur comme ailleurs, nous avons pu faire plein de photos des boutiques, des stands des marchés sans jamais qu’on ait de refus ou d’hostilité. Les indiens sont dans l’ensemble vraiment adorables et les enfants nous gâtent avec leurs coucous et leurs sourires. Beaucoup de bienveillance. Beaucoup plus que dans d’autres pays que nous avons pu visiter.


Sur les murs du Dylan’s restaurant 

Nous profitons encore de la ville avec plaisir, papotons autour d’une crêpe et d’un thé et nous faisons un petit bilan de ces deux premiers mois de voyage. Bilan plus que positif! On apprécie vraiment d’avoir du temps pour nous et que chaque journée soit si riches de découvertes. On apprend aussi doucement à ralentir, à profiter plus longtemps des lieux. Ça nous change nous qui avions l’habitude d’avoir des itinéraires ultra chargés et chaque seconde rentabilisée quitte à finir sur les rotules! Parfois, le vrai luxe c’est peut-être d’en voir moins mais mieux...

24
oct

Jour 61

Ce matin, nous quittons avec tristesse notre guesthouse. Nous l’avons tant appréciée et son propriétaire Anshul nous a vraiment touché. Il nous a confié hier soir au moment de payer que nous serions ses derniers clients. Il s’est disputé avec ses parents (toujours à cause de sa femme et du fait qu’elle n’est pas de leur caste). Les parents leur ont demandé de quitter les lieux. On a entendu une grosse engueulade mais on ne pensait pas que c’était si sérieux! Ça nous fend le cœur car si les murs appartiennent à ses parents, c’est bien lui qui y a investi son argent et toute son énergie depuis des mois pour en faire le super hôtel que c’est devenu! Il venait d’ouvrir il y a deux mois, commençait à être bien classé sur booking, se préparait avec joie pour la saison qui allait débuter. Et son rêve s’écroule pour des considérations qui nous échappent complètement en tant qu’européen... Incroyable le poids des traditions et l’importance du « Quand dira-t-on »... Et pourtant, Anshul fait partie d'une famille favorisée et son ouverture d’esprit montrait qu’il faisait partie des indiens les plus modernes. Ça nous touche car lui et sa femme ont quasi notre âge, on a parlé de nos vies mutuelles, de nos rencontres mutuelles et les voir être coupés en plein vol dans leurs projets nous rend bien triste. On espère qu’ils rebondiront, on s'est promis de se donner des nouvelles.

Nous partons pour Jaisalmer, à l’ouest de Jodhpur tout près de la frontière pakistanaise. Sur la route, nous faisons un stop rapide aux temples jaïns d’Osiyan. Nous visitons le Mahavira Temple, temple du VIIIème siècle maintes fois rénové et remanié depuis. Les sculptures y sont superbes, très fines. On fait la visite un peu à la va vite malheureusement car le taxi doit être à 14h à Jaisalmer.

Mahavira Temple 

La route jusque Jaisalmer compte quelques checks-points, la présence militaire est importante car la frontière pakistanaise n’est pas loin mais la région est sûre, nous ne sommes pas dans le Cachemire, qui est la région de conflit entre l’Inde et le Pakistan. Pour info, l’Empire des Indes sous colonie britannique comprenait l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh actuels. Lors de l’indépendance, il y eut une partition du pays entre hindous d'un côté et musulmans de l’autre. Le Cachemire était dirigé à l’époque par un maharaja hindou alors que la population était majoritairement musulmane. Le maharaja choisit de se rallier à l’Inde mais depuis, cette zone est restée une zone de conflits. S’en sont suivis 3 guerres indo-pakistanaises (menant à l'indépendance du Bangladesh en 1971 notamment) mais aujourd’hui encore les tensions persistent. Le Cachemire est séparé en deux zones: l’une pakistanaise et l’autre indienne. Les Pakistanais revendiquent la partie indienne. Cette année encore il y a eu un attentat et le mois dernier, une loi indienne vient de modifier le statut du Cachemire (qui avait une certaine autonomie), d’où une recrudescence des tensions.

Petite vidéo bien claire car nous on n’y avait jamais rien compris au conflit du Cachemire

Bon, ça s’était pour la parenthèse actualité.

Nous arrivons à Jaisalmer en début d'après-midi. Nous sommes super bien accueillis dans notre petit hôtel et même « upgradés » dans une plus grande chambre. Nous mangeons sur le rooftop de l’hôtel face à la forteresse avant de partir l’explorer de plus près.

Shanti Home Guesthouse, 23€ la nuit avec petit-déj

La vue sur la forteresse quand on arrive de loin est vraiment chouette. Cernée de remparts ocre jaune c’est une cité fortifiée aux portes du désert du Thar. Ses remparts font 5 kms et on compte 99 tours. Cette citadelle a été fondée en 1156 et était une étape sur la route des caravanes. Les caravanes d'épices, d’opium et d’indigo s’y arrêtaient. L’arrivée des britanniques et l’ouverture du canal de Suez mirent fin à ce commerce caravanier et Jaisalmer tomba dans l’oubli. La forteresse est classée à l’Unesco depuis 2013. Un petit bijou!

Ruelles dans la citadelle  
 Peintre de miniatures & vue sur les remparts

Nous nous baladons un peu dans les ruelles pour un premier aperçu puis nous rendons sur la colline voisine pour un joli point de vue sur la citadelle au coucher du soleil. Les lumières sont douces. Il y a quelques musiciens qui animent un peu le lieu. Deux enfants viennent nous voir. Ils veulent faire des photos. En échange d’un cadeau? D'argent? On ne saura pas car ils nous parlent en hindi mais ils sont chou, ils grimpent sur les genoux de Micka et même si leur venue était au début intéressée on sent que face à notre refus ils ne font pas de cas et gardent toute leur innocence d’enfants. Par contre, ils sont vraiment habillés pauvrement et quand nous redescendons de la colline nous découvrons avec tristesse où ils habitent: un taudis à mi-chemin entre une tente et une maison sans eau courante ni électricité. On aurait aimé leur donner des petites choses pour égayer leur quotidien. Clairement, on n’a pas tous la même enfance dans ce bas-monde... et pourtant ils gardent leurs sourires d’anges!

Jour 62

Ce matin, nous démarrons par la visite du Fort de Jaisalmer: le Rajmahal Palace. La conservation du fort est malheureusement menacée car l’eau a tendance à s’infiltrer. Construite initialement en plein désert, la citadelle bénéficie aujourd’hui de l’eau courante mais sans avoir les systèmes d’évacuation appropriés. Résultat, un affaissement de la forteresse. Le développement du tourisme dans la citadelle majore le problème. (ouf on loge à l’extérieur! Ça nous déculpabilise un peu.)

Entrée du fort 

A l’entrée du palace de 7 étages, nous voyons le trône en marbre du maharaja depuis lequel il assistait aux fêtes données en son honneur.

Le trône du maharaja  

A l’intérieur, le trône du couronnement appelé siège du lion est une petite merveille d’orfèvrerie. Il était utilisé pour le sacre du roi. Le dernier maharaja y fût couronné en 1982 et il n’avait que 14 ans!! Le roi est traditionnellement assis sous un parasol (symbole de la protection du dieu Krishna).

Siège du lion sur ce meme fauteuil

Le turban du maharaja représente l’honneur, le rang social et le pouvoir royal et le protège du soleil.

 Chambre du maharaja

La citadelle comptait une dizaine de temples hindous et presque autant de temples jaïns: de superbes sculptures du XVème siècle témoignent de cette richesse religieuse.

 Femme avec son enfant, le Dieu Rama et femme écrivant une lettre.

La Sarvotam vilas est une pièce du XVIIIème siècle avec des carreaux hollandais ( drôle de mélange des styles! Comme quoi on est toujours attiré par ce qui vient de loin). On voit le lit du maharaja et sa grande robe (il mesurait 2m paraît-il).

Sarvotam Vilas 

L’architecture du palais était conçue pour filtrer la poussière, la lumière, minimiser la chaleur et potentialiser la brise.

Le maharaja qui fonda Jaisalmer au XIIème siècle: il avait une bonne bouille!! 

La visite nous ravit. Le palais de Jaisalmer offre vraiment une belle architecture et ses pierres dorées sont superbes. Il y a un petit côté palais des mille et une nuits . Et lorsqu’on se balade dans les ruelles de la citadelle on se croirait au Moyen-Orient ou au Maroc. L’odeur du cuir des nombreux vendeurs de sacs et de babouches, les nombreux étals de foulards, tentures et peintres en tout genre... C’est touristique mais vraiment agréable de s’y balader.

Nous poursuivons avec la visite des temples jaïns, visite qui exaspère un peu Micka car il faut toujours enlever ses chaussures et marcher pieds nus sur de longues distances!!;-) De nombreux jaïns vivaient à Jaisalmer. Ils s’enrichirent grâce au commerce caravanier et construisirent ces nombreux temples de marbre blanc. Nous visitons donc un ensemble de 7 temples du XVIème siècle.

Un moine Jain 
Temples jaïns 
Les Tirthankaras, maîtres jaïns 

En fin d’après-midi, nous rejoignons le Garisar Lake, lac artificiel creusé au XIVème siècle pour faciliter l’approvisionnement en eau de Jaisalmer. Plusieurs pavillons sur l’eau et temples rendent le lieu assez magique au coucher de soleil.

Garisar Lake  
3 sikhs portant leur traditionnel turban. 

Je profite de la petite photo volée ci-dessus ( pas vraiment volée car eux aussi m’ont pris en photo en loucedé!), pour parler des sikhs. Les sikhs forment une minorité religieuse en Inde (2% de la population). Ils sont très présents dans le monde des affaires. Ils se distinguent facilement des autres indiens car ils ont une barbe et un turban de couleur en toute circonstance. Ce turban soigneusement noué cache leur longue chevelure sacrée roulée en chignon. Ils constituent une certaine élite indienne. Le sikhisme est une religion monothéiste, étrange mélange entre l’islam et l’hindouisme. La différence réside dans le fait qu’ils rejettent le système des castes et la vénération des idoles. Mais ils croient en la réincarnation. 75% des sikhs vivent dans le Pendjab région située à cheval entre l’Inde et le Pakistan. Des mouvements fondamentalistes sikhs revendiquaient l'autonomie voire même l’indépendance d’une région sikh: le Khalistan dans les années 80. En 1984, Indira Gandhi alors premier ministre a lancé l'armée indienne à l’assaut du Golden Temple d’Arimtsar (le lieu saint du sikhisme) devenu alors le bastion des séparatistes armés. Cette opération fit des centaines de morts et Indira Gandhi fût assassinée en représailles par 2 de ses gardes du corps, fanatiques sikhs. Beaucoup de sikhs s’expatrièrent alors en Angleterre ou au Canada. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre et c’est même un sikh qui fût premier ministre de l’Inde de 2004 à 2014 (Manmohan Singh).

Jour 63

Après un bon petit déjeuner dans notre charmant hôtel dont nous sommes encore les seuls clients (le gérant nous dit que c’est un peu la crise économique cette année), nous partons en direction du marché.

Petite boutique de tailleur et marche 

En route, nous passons devant un petit salon de coiffure et comme Micka commence à avoir une sacrée touffe il se dit que c’est l’occasion. Ni une ni deux le voilà installé sur le petit fauteuil en cuir, le coiffeur dégaine son shampoing local: une bouteille de coca remplie d’eau avec au bout un vaporisateur! Puis il entame sa coupe en lui mettant la mèche sur le côté à l’indienne;-).

Il a un bon coup de ciseau et prend vraiment le temps de faire ça bien. Micka lui demande pour la finition de ne pas utiliser de lame (et oui le risque d’hépatite est quand même là!), du coup il utilise une petite tondeuse électrique. Le branchement électrique est artisanal, mais tout se fait bien.

A la fin, le coiffeur propose un petit massage du cuir chevelu avec un petit produit mentholé. C’est TRES tonique mais agréable selon Micka! Un petit coup de talc dans le cou et il débarrasse Micka de ses cheveux coupés avec un chiffon douteux. Mais franchement c’était parfait, pour 250 roupies et avec le sourire. Ces petits salons de coiffure donnant sur la rue sont tellement typiques. Simples mais l’essentiel est là. Encore une fois a-t-on vraiment besoin de tout ce luxe qu’on a en France? Seule petite différence culturelle le coiffeur se racle régulièrement la gorge pendant la coupe et s’éloigne cracher dans le caniveau... Mais voilà on s’y fait;-)

Nous partons ensuite visiter les havelis de Jaisalmer, des superbes demeures (presque des palais) construites au XVIII-XIXème par de riches négociants. Situées dans d’étroites ruelles leur architecture est sublime.

Les havelis et leurs superbes façades  

Nous visitons la Patwah-ki-Haveli construite au XIXème pour des marchands jaïns qui faisaient commerce de fils d’or, d’argent, d’opium, d’épices, d’ivoire etc... (bon, pour le précepte jaïn de non accumulation de richesses on repassera!)

Cette haveli est richement meublée et décorée: on peut voir la cuisine, salle à manger, salle de jeux, chambres. La visite est super intéressante avec une vue sur la citadelle de Jaisalmer depuis le toit terrasse.

Le salon, le petit temple et la salle de jeux

Nous visitons également la Salam Singh-ki-Haveli qui est une haveli qui n’est pas meublée et même plutôt délabrée. Mais la visite guidée est plutôt tournée sur l’architecture des havelis avec des explications très intéressantes. Comme ces demeures sont construites dans une zone où l’eau est rare, le ciment n’a pas pu être utilisé. Les pierres s'insèrent Les unes dans les autres comme des legos (« avec des pierres mâles et des pierres femelles »). Les havelis tirent leur nom de « hava » qui signifient « air ». L’architecture de ces demeures était étudiée pour une ventilation optimale.

Façade de la Salam Singh-ki-haveli 

Le guide nous montre aussi pas mal de petits objets que possédaient les habitants de ces havelis: petite lampe à huile, des petites boites à encens, à bijoux, à maquillage en étain. Des vrais petits bijoux d’ingéniosité avec des petites clés ou des systèmes d’ouverture ingénieux. Ça fait un peu cave aux trésors.

Nous passons notre dernière soirée dans la forteresse pour le coucher de soleil. Jaisalmer nous aura plus que séduit!! Un petit joyau! Nous n’aurons par contre pas fait les excursions dans le Désert du Thar. On n’en avait pas forcément entendu du bien que ce soit en terme d’organisation (stop à des stands pour vous faire acheter des choses) ou en terme de paysage (apparemment le désert est très plat et pollué par des déchets plastiques et des éoliennes en nombre). On a fait le choix de pas y aller, peut-être à tort car nous avons papoté avec des français qui en revenaient ravis, mais bon, Jaisalmer nous a totalement occupés pendants 2 jours plein donc ce sera sans regrets.

Au restaurant, nous croisons une française d’une bonne soixantaine d’année qui arrive seule avec sa valise et sa canne. Elle marche difficilement mais voyage seule et arrive de... Goa! Incroyable! On adore! Femme seule et avec un handicap physique...Y’a vraiment des gens qui ne se mettent pas de limites dans la vie et c’est magnifique à voir!

Jour 64

Nous profitons de notre dernière matinée à jaisalmer: petit déjeuner et re-petit-déjeuner.

Puis nous prenons notre vol pour Jaipur et terminons en Uber jusque Delhi. La route Jaipur-Delhi est complètement saturée de camions. Nous mettons plus de 6h à rallier Delhi. La conduite est vraiment dangereuse et chaotique et on n’a pas de ceinture. C’est du coup pas plus mal si ça roule pas très vite. Des gens font la manche aux péages des autoroutes. Les gens leur donnent quelque pièces, notre chauffeur le premier. Nous qui pensions que les indiens étaient indifférents à la misère avec leur système des castes, force est de voir qu’ils sont plus généreux que nous. Comme quoi moins on a plus on donne c’est toujours aussi vrai. Le chauffeur met de la musique indienne et est vraiment adorable. On arrive à 1h du matin à Delhi et il nous accompagne jusqu’à la porte de notre hôtel. Adorable. Le gérant du B&B que nous avons réservé est un sikh. Il nous a attendu aussi jusqu’à cette heure tardive. On se couche fourbus mais contents que ce long trajet se soit bien enchaîné et bien passé.

25
oct

Jour 65

Ce matin, nous partons à la découverte de New Delhi. On a entendu jusqu’à présent que du mal de Delhi, ville fatigante voire harassante et terriblement polluée donc nous partons sans aucune attente.

Nous commençons par partir en métro en direction de Qutb Minar. Le métro est très moderne et sécurisée ( il y a une fouille avant de rentrer avec une file hommes et une file pour les femmes) et bien organisé. Il y a un wagon femmes par rame mais avec Micka, je ne me suis pas sentie en insécurité dans le wagon classique. Par contre, il est vrai que le métro est fréquenté majoritairement par des hommes ce qui rappelle à quel point beaucoup de femmes indiennes restent à la maison.

Le métro est ultra propre et climatisé. On se prend une carte à la journée et c’est parti. Par contre, les stations ne sont pas forcément au pied des sites touristiques et nous devons compléter avec un rickshaw sur quelques kms.

Métro de Delhi 

Le site de Qutb Minar est un petit bijou pour les amateurs de vieilles pierres comme nous. On peut y voir un immense minaret de plus de 800 ans. Haut de 72m, on dirait une fusée, un énorme faisceau de grès rouge. Il a été édifié en 1199 par Qutbuddin Aibak, chef des armées musulmanes qui imposa l’islam sur ces territoires d’Inde du Nord qu’il avait réussi à conquérir. Ce minaret faisait donc partie d’une mosquée adjacente aujourd’hui en ruines. Sur les étages de la tour, des sourates du Coran sont sculptées dans la pierre.

L'arrivée sur le site 
Les sourates du Coran sculptées dans la pierre. 

On peut voir autour les restes d’un superbe portail en ogive qui lui aussi était décoré avec soin.

Alai Darwaza est une petite extension de la mosquée datant du XIIIème siècle.

Alai Darwaza 

Pour la pause repas, nous nous rendons dans le quartier d’Hauz Khas, à Hauz Khas Village. On y trouve une flopée de restaurants branchés où la bourgeoisie indienne vient dépenser ses roupies. Musique américaine, cocktails à gogo, décoration ultra branchouille. On se croirait à Paris. Pas vraiment ce qu’on s’attendait à trouver!

Nous enchaînons ensuite avec la visite du mausolée d’Humayun. On retrouve là un des premiers exemples de l’architecture moghole. C’est d’ailleurs ce mausolée qui aurait inspiré le Taj Mahal. Humayun fût le 2 ème empereur moghol en 1530. C’est son fils Akbar qui lui succéda. Le mausolée n’a pas la magnificence du Taj Mahal mais il n’en reste pas moins superbe. Il est construit en grès rouge et marbre blanc et son dôme directement dérivé des mausolées persans frôle la perfection architecturale. La visite en fin d’après-midi avec les lumières qui s’adoucissent est vraiment sublime. Les jardins autour sont un vrai havre de paix dans la folie de Delhi.

 Mausolée d’Humayun
Intérieur du mausolée  
Mausolée d’Isa Khan  

A quelques mètres, on peut voir aussi le mausolée d’Isa Khan, beaucoup plus modeste de forme octogonale avec 8 coupoles. Superbe.

Nous reprenons le métro à la nuit tombée et mangeons dans le quartier où nous logeons près de Kailash Colony (quartier riche avec des immeubles assez luxueux). Nous trouvons quand même un super resto dans nos prix et nous partageons un gargantuesque thali!!!

Quartier de Kailash Colony 

En rentrant, nous apprenons une super nouvelle: la naissance du bébé de mon amie Jessica! Félicitations aux heureux parents!

 Thali gargantuesque et le Gulab jamun, notre dessert préféré 

Jour 66

Nous commençons la journée par un stop au Rashtrapati Bhavan, le palais présidentiel. Nous n’avons pas le droit d’approcher de trop près par mesure de sécurité. En face, sur cette longue avenue, se trouve l’India Gate, équivalent indien de notre Arc de Triomphe.

Le palais présidentiel et l’India Gate sous un nuage de pollution.

Nous rejoignons le quartier de Old Delhi, quartier historique. Rien à voir avec New Delhi. Old Delhi c’est un peu un concentré de l’Inde « pur jus ». Un quartier qui n’a pas changé, qui reste une enclave dans la ville, à l’écart du progrès. Des ruelles étroites qui se succèdent où seuls passent les scooters et les vélos-rickshaws dans une cacophonie folle. Klaxons, vélos croulants sous le poids des marchandises à livrer, fils électriques qui se croisent dans un imbroglio dingue, le tout dans une chaleur et une pollution étouffante. Les petites boutiques de saris, réparateurs en tout genre, marchands de fleurs, de fruits et légumes se succèdent. Les stands sont souvent à même le sol, à manger la poussière. Bref, on trouve de tout à Old Delhi. C’est absolument épuisant mais c’est à voir. Surtout que nous sommes à quelques jours de Diwali, le nouvel an indien qui signe le passage à l’hiver. Les indiens achètent des cadeaux, des douceurs et des pétards en masse pour l’occasion.

Ruelles d’Old Delhi 

Nous jetons un œil à la mosquée Jama Masjid, plus grande mosquée d’Inde.

Mosquée Jama Masjid 

Nous visitons le Fort Rouge l’après-midi. Les lumières de fin de journée sont belles, des lumières d’orient, un peu vaporeuses. Le fort rouge est une énorme forteresse en pierre rouge cernée de 2,5km de remparts. C’est l’empereur moghol Shah Jahan qui le fit construire en 1640 après avoir déménagé la capitale depuis Agra.

Entrée du fort  
Le hall des audiences publiques et ses arcades de grès rouge 

La visite se révèle un peu décevante, les monuments ne sont pas en très bon état. On retrouve le hall des audiences publiques et le hall des audiences privées comme à chaque fois et de grands jardins. Il faut essayer d’imaginer à l’époque les bassins et les fontaines remplies d’eau, les parterres de fleurs et les monuments incrustés de pierres précieuses. L’empire moghol devait avoir un sacré faste.

Les hall des audiences publiques et ses arcades 
Hall des audiences privées  

Nous retournons au restaurant Juggernaut que nous avons tant aimé hier. Nous goûtons cette fois un masala dosaï (crêpe fine) qu’Anshul nous avait conseillé d’essayer et un uttapam aux légumes (crêpe plus épaisse comme un pancake). En dessert, on se régale d’un basunti et des gulab jamun!

Dernière soirée en Inde... ces 3 semaines nous auront ravis et permis de mettre un petit pied dans cet immense pays et de découvrir un peu de la culture indienne si différente de la nôtre. Il faudrait beaucoup plus de temps pour l’appréhender et la comprendre mais pour nous la magie de l’Inde a opéré et nous espérons pouvoir y revenir un jour et visiter d’autres régions.

J’ai oublié de dire qu’en Inde le « merci » n’existe pas. Le mot existe mais n’est jamais employé. Le merci se fait par un regard ou par un geste (que personnellement nous ne voyons pas toujours!)

Ce petit résumé de notre cher guide du routard a le mérite de mettre des mots sur notre ressenti: « India is magic, India is tragic. Ainsi décrit-on souvent le pays. Un pays pas comme les autres. L’Inde secoue, l’Inde remue. Un premier voyage au pays de Gandhi n’est jamais anodin. Il déboussole au sens propre. On y perd ses codes, ses repères. Trop de bruit, trop de gens, trop de chaleur, trop de pauvres... mais quelle grâce dans les sourires, quelle élégance dans les mouvements d'un sari, dans l’enroulement d’un turban, quel naturel dans la spiritualité, quelle majesté dans son architecture et quelle ferveur dans ses prières! La dureté de la vie, on la rencontre à chaque coin de rue. La beauté aussi. C’est cette permanente dualité qui déconcerte. Le mélange des contraires. L’Inde, la plus grande démocratie du monde, accepte ses contradictions. C'est une leçon d’énergie. L’Inde ne donne pas dans la demi-mesure. Elle offre un autre regard sur le monde et vient vous cueillir au fond des tripes. »

Un autre regard sur le monde... c’est tout à fait cela. On est heureux d’avoir découvert un peu du pays qui sera le plus peuplé au monde d’ici 2 ans, pouvoir s’en faire une petite idée par nous mêmes en faisant tomber les peurs et les préjugés. Le patrimoine nous a émerveillé, la population nous a profondément touché et chamboulé et la nourriture nous a régalé. Bref, vous l’avez compris on a adoré l’inde au moins autant qu’on l’appréhendait et on la quitte à regrets.

Petite parenthèse pour finir. Comme l’Afrique du Sud ne peut être évoquée sans parler de Mandela, on ne peut pas aller en Inde sans lire 2,3 choses sur Gandhi.

Né en 1869, Gandhi comme Mandela commence par une carrière d’avocat. Il passe quelques temps en Afrique du Sud. Là-bas, le racisme quotidien dont il est victime fait naître sa conscience politique. C’est là-bas, alors qu’il se fait expulser d’un compartiment 1ère classe alors que son billet est valide, qu’il élabore pour la première fois son concept de résistance non violente. De retour en Inde, il s’implique dans plusieurs conflits locaux et prend le surnom de Mahatma: « la grande âme ». Il initie en 1930 la célèbre « marche du sel » qui est une remise en cause du monopole anglais sur la production et la vente de sel (et donc implicitement une remise en cause de la colonisation dans son ensemble). Les paysans accompagnent Gandhi jusqu’à la mer pour ramasser eux mêmes une poignée de sel dans un geste hautement symbolique. Par ce simple geste, des millions d'indiens défient ainsi les lois anglaises et le monopole d’état sur le sel. C’est ce qu’on appelle la désobéissance civile. Après des années en prison et un séjour à Londres, Gandhi s’installe dans un village minuscule auprès des plus pauvres. En 1942, son mouvement Quit India est un appel clair à l’indépendance. Celle-ci arrive finalement en 1947. Cependant, cette indépendance est entachée par la partition qui y fait suite (séparation des Indes en Inde et Pakistan avec d’un côté les hindous et de l’autre les musulmans). Gandhi s’y oppose. Il débute une grève de la faim. Mais cette dernière bataille lui coûte la vie. En 1948, un fanatique hindou lui tire 3 balles dans le cœur.

C’est Nehru, compagnon de route de Gandhi dans son combat pour l’indépendance qui devient premier ministre de l’Inde indépendante.