Jour 189
Flores est située dans la région la plus vaste du pays: le Peten. Au nord du Guatemala, le Peten est une immense zone de forêt tropicale à faible densité de population. Une zone malheureusement soumise comme toutes les zones de forêt à la déforestation.
En tout cas, le climat ici change des hauts plateaux, on a chaud, très chaud et le mot tropical prend tout son sens! Micka a d’ailleurs du mal à encaisser le changement de température.
Flores est un petit îlot situé au bord d’un grand lac, le lac Peten Itza.
L’îlot de Flores sur le lac Peten Itza (photo du net!) Nous passons une journée tranquille dans cette jolie petite ville de Flores, reliée à la terre ferme par un pont. C’est une petite enclave touristique bien protégée et respirant la quiétude.
Flores, au petit matin Chiller à Flores... petit-déjeuner avec vue sympa et Micka devant notre petite auberge. Nous nous baladons, nous reposons, nous bavardons sur quelques jolies terrasses. Nous organisons nos prochaines journées de visite et nos transports. Nous logeons dans un petit hôtel tenu par des locaux. On est contents d’être enfin chez des locaux, chose pas si facile au Guatemala ou tant d’établissements sont tenus par des occidentaux. La proprio gère sa petite affaire d’une main de maître et se montre très disponible pour nous aider à réserver nos différents bus etc...
Ruelles de Flores Les lumières de fin de journée sont particulièrement belles. On se fait un joli petit tour photo. Le spectacle des lanchas qui fendent l’eau du lac tout calme en fin d’après-midi est particulièrement sublime. Ça fait vraiment carte postale.
Sunset timeLe soir, les locaux investissent la place du village située sur les hauteurs. Devant l’église les jeunes enchaînent les matchs de basket pendant que les anciens bavardent tranquillement.
Encore quelques vues de Flores en fin de journée.... Jour 190
Au petit matin, nous avons la mauvaise surprise de nous réveiller sous des trombes d’eau!!! Il fait froid et le ciel noir! Après avoir râlé qu’il faisait trop chaud hier, nous voilà bien dépourvus! Nous avions prévu de visiter Tikal, LE site archéologique du Guatemala. Mais avec cette météo, nous revoyons nos plans avec l’aide de la propriétaire de la Guesthouse. Nous décidons d’aller visiter le site de Yaxha, une excursion a lieu l’après-midi. La pluie devrait s’être calmée d’ici là.
Nous partons donc pour 2h de minibus aller et 2h retour. Les sites mayas se méritent au Guatemala! Ils sont vraiment situés en pleine jungle! Nous avons choisi l’option « visite par nous mêmes ». Le guide qui est à bord du mini bus essaye de nous convaincre de prendre un tour avec lui par des méthodes plutôt douteuses. Il nous montre des photos de serpents, serpents que l’on risque de rencontrer sur le site... Quand on lui répond qu’on sera prudent et que les serpents ne s’attaquent pas à l’homme si on ne les surprend pas ou qu’on ne leur marche pas dessus, il nous répond: « si, si!! Ceux là, ceux du Guatemala s’attaquent à l’homme!! ». Sacré Gus! (bon, je mets fin de suite au suspense, nous avons fait la visite seuls et n’avons pas croisé l’ombre d’une queue ou d’une tête du moindre serpent...).
Yaxha est une ancienne cité maya dont le nom signifie « eau verte ». En effet, la cité était bordée par une lagune, grand réservoir d’eau douce pour les mayas. A son apogée entre 250 et 600 après J-C elle compta jusqu’à 42 000 habitants avant d’être progressivement abandonnée à partir de 900 après J-C.
Belle stèle représentant un guerrier avec les attributs du dieu Tlaloc, dieu de la pluie, un des dieux mayas les plus importants.Plus que les ruines en elles même qui sont encore majoritairement enfouies sous la végétation, c’est le cadre qui est incroyable. La forêt est partout, une vraie jungle, avec en fond sonore les cris des singes hurleurs qui vous glacent le sang lorsqu’on les entend pour la première fois! On nous aurait dit que c’était des jaguars ou des pumas on y aurait cru au vu de la puissance du cri! Il y a aussi d’autres espèces de singes plus sauteurs qu’hurleurs qui évoluent de branches en branches dans un joyeux barouf! Ça grouille de vie dans cette forêt!
Le long de la Calzada de las canteras, ancienne grande chaussée qui traversait la cité de Yaxha.La majorité des 400 structures du sites sont encore couvertes de végétation. Nous voyons de nombreuses collines aux formes bizarres qui ne sont rien d’autre que des pyramides mayas encore enfouies sous la verdure!
De curieuses buttes sous lesquelles sont cachées des structures mayas: palais et pyramides... Le site bénéficie de fonds allemands pour sa préservation et le responsable de la campagne de restauration tient particulièrement à garder l’âme du lieu. Son objectif n’est donc pas de dégager de nouvelles ruines mais plutôt de les laisser telles qu’elles avec la forêt comme protection naturelle. Ça se défend comme idée, même si notre curiosité nous pique au vif! On aurait aimé en voir plus!
Vue sur la lagune depuis l’ancien observatoire astronomique: ancienne pyramide non dégagée, à laquelle on accède par 1 passerelle.En tout cas, la visite du site de Yaxha est malgré la météo mitigée un ravissement. Nous marchons sur plusieurs centaines de mètres le long d’une grande allée, ancienne chaussée maya, en pleine forêt, avant de découvrir nos premières ruines. Les sites sont assez éloignés les uns des autres et ces moments de marche en forêt sont vraiment agréables.
Arrivés à l’Acropolis nord, un ensemble de 3 pyramides, parfaitement dégagées, nous vivons un moment de grâce! Nous avons le lieu pour nous. Nous grimpons au sommet d’une des pyramides et découvrons un panorama à 360 degrés et à perte de vue sur la forêt du Peten. Et nous entendons toujours les singes hurleurs en toile de fond!
On est pas bien là-haut?! Cela réactive des souvenirs vraiment forts de nos visites dans le Yucatan en 2017 où nous avions eu un vrai coup de cœur pour ces pyramides mayas. Difficile de décrire ce que l’on ressent quand on est au sommet de ces pyramides. Les amateurs de vieilles pierres comprendront. On a l’impression de toucher du doigt la grandeur de ces civilisations anciennes. On se sent privilégiés, vraiment, de fouler ces pierres, ces lieux chargées d’histoire.
Le site de Yaxha a été fouillé par l’archéologue suisse Maler à partir de 1904. Les conditions d’accès et de vie sur le site étaient vraiment difficiles à l’époque.
La forêt à perte de vue Après la visite de l’Acropole nord, nous poursuivons avec la visite des autres édifices du site, moins impressionnants, mais nous passons un bel après midi à crapahuter de ruines en ruines avant de rentrer, de nuit à Flores.
Edifice 216: templo de las manos rojas, le plus haut de Yaxha.Plaza de las Sombras, c’était un lieu de rassemblement pour des cérémonies religieuses selon les archéologues.Jour 191
Ce matin, pas de pluie juste un ciel un peu gris. Après avoir refait le monde avec un couple de retraités canadiens adorables pendant le petit déjeuner, nous partons vers 8h en direction de Tikal. 2h de route nous attendent. Le chauffeur de bus n’est pas pressé, l’achat des tickets d’entrée sur le site prend 1h.... et pendant ce temps il laisse tourner le moteur (à croire que l’essence ne coûte rien ici?!). Pour tout dire, nous sommes un peu frustrés d’être dépendant des navettes pour se rendre à Tikal car elles imposent des horaires fixes (départ à 8h retour à 15h), ce qui laisse peu de temps pour profiter du site. Mais bon, on essaye de rester zen face à la nonchalance guatémaltèque, c’est ça aussi le jeu du voyage!
Arrivés à Tikal, nous sommes surpris par l’immensité du site et l’omniprésence de la forêt. Très peu de ruines au final sont dégagées et le site garde encore tous ses secrets.
Qui dit jungle, dit animaux! Les singes hurleurs, les nombreux oiseaux ( toucans, piverts) et les coatis et autres faisans peu farouches se font entendre ou se laissent apercevoir.
Un coati et la jungle de Tikal avec quelques frontons de temple qui dépassent! Les Mayas ont choisi le site de Tikal pour y exercer le commerce du silex, des plumes et du bois. Le site était pourtant exigeant, la nature y reprenant très vite ses droits et l’eau douce y était rare. ( ils s’approvisionnaient probablement en eau douce par stockage de l’eau de pluie).
Comme Yaxha que nous avons visité hier, le royaume de Tikal connut son apogée à la période classique c’est à dire entre 250 et 900 après JC. Tikal était à la fois un centre religieux et une cité active, commerçant avec Teotihuacan et exerçant son influence jusqu’au Honduras. 90000 personnes y vivaient.
La cité connut un déclin progressif après 900, période à laquelle les habitants migrèrent vers le nord probablement en raison de la surpopulation, de périodes de sécheresse successives entraînant des famines et d’un certain épuisement des ressources dus par exemple à la déforestation massive. (Un exemple à petit échelle de ce que vit notre planète actuellement?)
A l’époque, les édifices étaient recouverts de peintures aux couleurs vives et de gravures. Mais l’humidité de la région et les phénomènes d’érosion du calcaire ont tout fait disparaître.
Sculpture du dieu Chac, qui a perdu ses couleurs vives. Le site nous a vraiment surpris. On ne s’attendait pas à ce qu’il soit autant fondu dans la végétation. Beaucoup de pyramides sont encore complètement prisonnières de la végétation et on ne peut que voir leur fronton supérieur qui s’élève jusqu’à plus de 60m de haut pour le temple IV. Le nombre de pyramides que comptait le centre ville de Tikal est impressionnant!
Pique-nique au temple IV, le + haut de Tikal, avec la forêt à perte de vue. Seul le sommet du temple est dégagé de la végétation. Le temple III noyé dans la verdure. On ne distingue que son sommet. La Gran plaza est la structure mise à jour la plus impressionnante. 2 grandes pyramides se font face. Le style architectural diffère de tout ce que nous avons pu voir jusqu’à présent. Le style de Tikal, ce sont des frontons très hauts et des pyramides assez étroites ce qui donne encore plus l’impression de hauteur. Celles ci furent construites sous le règne du roi “Ah Cacao” (682-734), un des 33 rois de Tikal. Tous avaient des noms qui nous font sourire tels que “patte de jaguar”, “grenouille fumante” ou “premier crocodile”!
La Gran Plaza avec le temple I vu depuis le temple II.Acropole nord:les palais sont superposés comme des poupées russes. Les mayas construisaient toujours sur la structure précédente. Le temple I ou temple du jaguar est le plus célèbre, l’image d’Epinal de Tikal, celui que je rêvais de voir depuis quelques années!! Haut de 47m pour 9 étages, on ne peut qu’essayer d’imaginer ce qui pouvait se passe là-haut lors des cérémonies.
Temple I ou temple du jaguarEn face, le temple II, 38m sur lequel on peut monter pour une jolie vue sur la Gran plaza.
Temple II ou temple des masques L’acropole centrale face à la Gran Plaza abritait les maisons des nobles et les bâtiments administratifs.
Acropole centrale Sur 215m de long, les édifices se succèdent, séparés par des patios.Le temple V fût celui qui a le plus impressionné Micka. Très imposant, il est un des plus anciens de Tikal. On ne peut malheureusement plus monter au sommet (apparement il y a eu des accidents). On voit que la végétation regagne déjà du terrain sur l’escalier.
Temple V Un des secteurs les plus bucoliques de Tikal est le secteur d’El Mundo Perdido (le monde perdu). Un océan de verdure avec de petites clairières, autour d’une des anciennes places de Tikal. On peut grimper au sommet d’une pyramide de 32m qui servait d’observatoire astronomique.
Y’a de la liane!! Observatoire astronomique El mundo perdido Vue depuis l’observatoire astronomique. Il faut imaginer les cris des singes hurleurs en arrière fond. En conclusion, Tikal est un site qui se mérite, de par son isolement, mais ça valait vraiment le déplacement!! La jungle guatémaltèque renferme encore beaucoup de patrimoine. Il y a notamment les temples d’El Mirador, encore plus isolés qui sont accessibles uniquement en randonnée (une boucle de 6 jours de marche).
Nous passons notre dernière soirée à Flores dans un joli bar terrasse avec vue sur le lac.
J’aime bien le gros attrape rêve! Ils en vendent beaucoup ici! Nous en profitons pour tirer les conclusions de cette petite escapade guatémaltèque. Nous avons beaucoup aimé ce pays d’une grande diversité (volcans, patrimoine archéologique, villes coloniales et fortes traditions culturelles) mais nous en repartons un peu frustrés, avec le sentiment de ne pas avoir pu découvrir le « vrai » pays. Nous étions plus ou moins contraints de rester dans des « enclaves touristiques », pour des raisons de sécurité et d’accessibilité. Les temps de transport conséquents nous ont empêchés également de pouvoir rayonner autant qu’on l’aurait souhaité. Enfin, les tarifs nous ont un peu surpris, beaucoup, beaucoup plus élevés qu’au Mexique alors que le niveau de vie du pays est plus bas. Ceci n’est bien sûr que notre avis, un avis très subjectif, à un instant T.
Le Guatemala est un pays malade de ces dirigeants tous plus corrompus les uns que les autres. Les présidents se succèdent et tous corrompus, finissent en prison les uns après les autres. Le pays a connu plus de 30 ans de guerre civile qui s’est terminée en 1996. La guérilla rurale (les paysans indiens) tentaient d’obtenir par les armes ce qu’ils ne pouvaient obtenir par les urnes. La répression fut sanglante et massive avec des villages indiens rayés de la carte, 200'000 indiens morts ou disparus...
Bref, le pays souffre de son état défaillant incapable de gérer les problèmes de narocotrafic et de sécurité. Pas étonnant de constater que la santé et la maltnutriton des enfants y sont des problèmes majeurs et complètement délaissés. Certains services publics ne sont plus assurés comme la poste qui a fait faillite depuis 2/3 ans. C’est cela qui nous a un peu choqué dans le pays: le fossé entre quelques zones touristiques, repères d’occidentaux et l’autre réalité avec la population indienne vivant sous le seuil de pauvreté. Pas sûr que l’argent dépensé lors de notre passage profite à la population...