Jour 203
Aujourd’hui, départ matinal en direction de Salento: 280 km nous attendent. Nous hésitons longuement sur l’itinéraire: l’un est beaucoup plus long mais garantit une route bitumée, l’autre plus court semble être une piste aux nombreux virages. On demande l’avis des locaux. Les avis divergent mais ceux en faveur de la route bitumée sont plus nombreux.
Nous mettons 6h pour atteindre Salento. La circulation est limitée à 80km/h et il y a beaucoup de zones de travaux. Mais on est plutôt contents car en bus on aurait mis 9h! Nous sommes cependant surpris du nombre de péages sur la route! Il y en a des fois tous les 20km! Ce ne sont pas des grosses sommes à chaque fois, mais pour les Colombiens ça doit vite chiffrer.
Nous commençons donc un petit tour de reconnaissance dans Salento vers 16h. Salento est un village de 7000 habitants au cœur de la zone de culture du café. Il y a plusieurs régions où le café est cultivé en Colombie mais celle ci est la plus célèbre. (Classée à l’Unesco d’ailleurs).
Salento est devenue très touristique, plus que Jardín où nous étions hier. Il faut dire que le village est charmant avec de jolies maisons coloniales colorées. Ici aussi, les anciens portent le chapeau et le poncho et les chevaux sont très présents.
Il y a de nombreux restaurants et bars, on sent qu’on va trouver notre bonheur ici. Pour ne rien gâcher, nous bénéficions d’un accueil adorable à l’hôtel (en anglais!! YES!!) et sommes ravis de notre petite chambre à 18€ la nuit.
Nous nous rendons au mirador qui domine le village et la vallée. C’est vert, vert, vert à perte de vue!!
Jour 204
Le réveil sonne à 6h. Micka regrette déjà d’avoir accepté hier soir de mettre le réveil si tôt, mais se lève finalement de bonne grâce!
En effet, le gars de l’hôtel nous a dit que la météo était très capricieuse et imprévisible ici et qu’il valait mieux profiter des heures matinales avant l’arrivée de la pluie.
Nous filons donc en direction de la vallée de Cocora. Au programme ce matin, une jolie randonnée!!
A 15km de Salento, la vallée de Cocora est réputée pour ses palmiers à cire, une espèce de palmiers poussant en altitude et à la hauteur vertigineuse. Certains mesurent jusqu’à 60m de haut!
Nous sommes saisis par cette vision atypique: des palmiers dans un paysage de montagne!
La randonnée que nous effectuons nous permet de bien les voir. Cette espèce est endémique à la vallée de Cocora. Le palmier à cire est l’arbre national colombien et ne pousse qu’entre 2500 et 3000m d’altitude. Il peut vivre jusqu’à 100 ans. Il tire son nom de la cire qui recouvre son tronc. Avant l’arrivée de l’électricité, les paysans s’en servaient pour fabriquer des bougies puis utilisaient leurs feuilles pour les Rameaux. Enfin, ils utilisaient leurs troncs pour en faire des gouttières d’irrigation. Heureusement, le palmier à cire est aujourd’hui protégé car classé parmi les espèces « vulnérables ».
Ces palmiers poussent sur de vertes collines où quelques vaches paissent librement près des rares fermes qui s’y trouvent. Quelques chevaux profitent aussi de l’herbe bien grasse qui pousse ici.
Le soleil est de la partie et nous profitons d’un moment privilégié, seuls, sur les chemins.
Nous randonnons jusqu’à une finca de café (plantation), située à 2800m d’altitude offrant une vue sur le Cerro Morrogacho (3400m).
Nous avons la chance d’apercevoir un condor des Andes. Son envergure est de 3,5m.
De retour à Salento, nous partons visiter une finca, la finca Don Elias. C’est encore l’occasion d’une belle balade à pied d’une heure environ pour nous y rendre.
Nous faisons un tour guidé pour visiter la plantation. La visite est très instructive. Nous apprenons que la Colombie ne produit que de l’arabica, variété de café, présentant plus d’arômes et moins de caféine que le robusta (plus corsé et amer et produit essentiellement en Asie).
Le caféier pousse entre 1500m et 2400m d’altitude. Plus le café pousse en altitude plus développés sont ses arômes. Il a besoin d’ombre et d’humidité. C’est pourquoi, la finca que nous visitons a planté de nombreux bananiers qui offre l’ombre et l’eau (par leurs troncs gorgés d’eau qui permettent une meilleure irrigation) aux caféiers. L’ombre est aussi très importante pour protéger les caféiers de la maladie de la rouille, maladie liée à la présence d’un champignon qui se développe de plus en plus avec la hausse des températures.
La plantation est 100% biologique et applique les principes de la permaculture. Par exemple, pour ne pas utiliser d’insecticides, ils ont planté des orangers au milieu des plants de café. Les insectes sont plus attirés par les agrumes sucrés et donc vont envahir en priorité les orangers. (Malin!) Dans une même lignée, la ferme utilise le compost et favorise la rotation des cultures en laissant le sol se reposer. Un caféier produit des fruits pendant environ 8 ans. Ensuite, ses arômes perdent en qualité. Il faut donc le couper, celui ci repousse et redonnera pour 8 années supplémentaires. Après cela, il faudra le remplacer par un nouveau plant de caféier.
Le guide nous explique ensuite les différentes étapes de la récolte à la production du café.
En Colombie il y a environ 2 récoltes par an ( avril/mai et novembre). Le fruit du café appelé « cerise » est récolté lorsqu’il est bien rouge. Cette « enveloppe » rouge est enlevée à l’aide d’une machine, c’est ce qu’on appelle le dépulpage.
Puis, les grains sont lavés. Ce processus demande beaucoup d’eau (ce qui n’est pas écologique dans certains pays qui souffrent déjà du manque d’eau). Cela permet de trier les grains abîmés et d’enlever la « gelée » qui entoure les grains et qui pourrait les faire fermenter.
Vient ensuite le temps du séchage qui dure 4 à 5 jours. On enlève ensuite encore une enveloppe supplémentaire entourant le grain (c’est l’étape du déparchage). On obtient alors le grain de café final vert. Il est envoyé tel quel à l’exportation car c’est ainsi qu’il se conserve le mieux.
Le café est ensuite torréfié dans le pays destinataire. Le torréfacteur va chauffer les grains de café pendant une dizaine de minutes à différentes températures (de son choix), avant de le refroidir, donnant ainsi une saveur particulière au café. C’est là, tout l’art du travail du torréfacteur. Plus le grain est grillé longuement, plus il sera noir et plus l’arôme du café sera corsé.
La visite se termine ensuite par une dégustation. Nous goûtons le café produit par la finca.
La saveur du café dépend donc de nombreux paramètres: la variété et la zone d’origine (altitude, qualité du sol, humidité), les conditions de traitement après récolte et le processus de torréfaction. Cela nous fait prendre conscience de l’immense travail qu’il y a derrière chaque tasse de café que nous buvons machinalement chaque jour.
Nous papotons dans la finca plus d’une heure après la visite avec un couple de français en attendant que la pluie qui s’est mise à tomber fortement, cesse.
Ravis de notre journée, nous mangeons le soir un petit menu du jour délicieux, avec soupe et truite saumonée comme ils en proposent beaucoup ici. Nous partageons notre table avec un autre couple de français avec qui nous avons une discussion passionnée mêlant voyages et modes de vie. Un très bon moment.
Jour 205
Ce matin, nous prenons notre temps. Il faut dire que nous sommes un peu parasités par les infos qui font l’actualité en ce moment autour du coronavirus. Nous en avons parlé avec d’autres voyageurs et nous nous posons des questions sur la suite de notre voyage. Pourrons nous le continuer? Passer d’un pays à l’autre en Amérique du Sud? Devons nous rentrer en France au cas où les mesures de confinement se durcissent et perdurent? Aurons nous encore des vols pour rentrer si les choses s’aggravent? Tout le monde ici se posent les mêmes questions, surtout les voyageurs qui ont un vol prévu dans les jours qui viennent. Chacun vérifie que la compagnie n’annule pas leur avion au dernier moment.
Nous prenons un petit-déjeuner copieux à « Brunch », un resto qui porte bien son nom puisqu’ effectivement ça devrait nous tenir au corps pour la journée!
Nous partons ensuite visiter Filandia à 10km de Salento. C’est un petit village qui a une taille et une architecture similaire à Salento et constitue un petit complément de visite. Filandia est par contre, sans raison apparente, beaucoup moins touristique.
Le Parque central est très arboré et très vivant et l’église a des allures d’église orthodoxe avec ses jolies coupoles.
Micka en profite pour aller chez le coiffeur. Après l’Inde et Taïwan, il teste donc la coupe colombienne. Et bien, c’est selon moi la plus réussie! Et on hallucine sur le tarif: 10 000 pesos colombiens, soit 2,5€.
Ainsi s’achève nos 3 jours dans la zona cafetera qui sera c’est sûr notre gros coup de cœur en Colombie!