Jour 19
Après une petite balade matinale sur le sentier côtier, nous quittons Hermanus par la route panoramique qui suit la côte. 1er stop du jour: Stony Point et sa colonie de manchots du Cap. Il y a un air de Scandinavie sur cette pointe, avec les maisons dominées par le relief et prises dans la brume et l’humidité de la mer. Les manchots sont marrants à regarder vadrouiller sur la plage, nager, plonger, revenir sur la rive. Une chose est sûre ils n’arrêtent pas!! Ça court à droite à gauche A croire qu’ils ont des journées très chargées! Le manchot ne vole pas, ses ailes se sont transformées en nageoires. Il peut plonger jusqu’a 130m et rester sous l’eau 2 minutes 30.
Puis nous faisons un stop photo devant le village de Rooiels niché contre une montagne. Les paysages commencent à évoquer Le Cap tel que nous l’imaginions. Le sable est très blanc et les montagnes plongent dans l’océan.
Nous faisons une pause repas à Simon’s Town ville sur la péninsule du Cap. La ville est sympa, ambiance balnéaire avec de belles maisons de style British.
Nous nous rendons ensuite au Cap de Bonne Espérance. Tout un symbole!! Les paysages de lande rocheuse rappellent la Bretagne où l’Ecosse sauf que la végétation est différente.
Nous nous rendons au Cape Point lighthouse, ancien phare construit à 249m d’altitude, abandonné en 1919 à cause du brouillard épais qui l’empêchait souvent de jouer son rôle. Un autre phare fut construit plus bas.
Nous marchons ensuite sur un joli sentier jusqu’au Cape of Good Hope, le point le plus au sud-ouest de toute l’Afrique, le plus au Sud étant le cap Agulhas.
Pour mémoire, le cap de Bonne Espérance fût franchi pour la première fois en 1488 par les Portugais (même si on pense que des navires arabes, indiens, chinois avaient pu le franchir avant) et c’est par cette route que Vasco de Gama atteignit les Indes en 1498.
Après cette belle visite et après-midi de balade (Micka a vraiment eu un gros gros coup de cœur pour ce lieu qui le faisait rêver), nous rejoignons notre air bnb à Kommetjie, à l’ouest de la péninsule. Nous avons fait le choix de ne pas loger dans le Cap par économie et pour plus de tranquillité. Nous bénéficions d’un super accueil de nos hôtes qui nous offrent une bouteille de vin sud-africain pour notre apéro du soir.
Jour 20
Aujourd’hui, nous filons au Cap, à 40 minutes de route. Ce qui nous frappe tout de suite, ce sont les montagnes qui font vraiment partie de la ville du Cap, c’est assez impressionnant. Ce ne sont pas des collines qui entourent la ville comme on se l’imaginait mais bien des montagnes (Table Mountain est à 1000m d’altitude) et la montagne de Lion’s head est massive aussi!!
Nous filons à Table Mountain. Table Mountain, c’est LA célèbre montagne qui domine la ville. Nous montons au sommet en téléphérique. Nous arrivons au sommet qui est dans le brouillard. On reste serein, on se boit en café en se disant que ça va se lever. On a tenu à monter à Table Mountain aujourd’hui car c’est le dernier jour de soleil potentiel avant plusieurs jours. Malheureusement, le brouillard reste épais et vers 13h on finit par redescendre un peu déçus. Entre temps, le temps s’est encore plus couvert sur la ville que ce matin.
Nous partons explorer le quartier de Bo-Kaap, le quartier malais du Cap. Ce quartier accueillait les esclaves indiens, malais, indonésiens au XIXème: après l’abolition de l’esclavage, ils se sont installés dans ce quartier et en ont fait un joli quartier calme aux belles maisons multicolores. Ils s’y sont fait une place et une réputation d’artisans respectés. C’est le quartier musulman de la ville avec un joli minaret.
Nous mangeons dans un restaurant sympa de ce quartier avec vue sur les maisons colorées.
Nous allons ensuite sur Long Street, LA rue principale de la ville et faisons un tour à Green Square Market, marché de babioles et « artisanat » africain ainsi que sur St George Mall, une des rues piétonnes principales.
Nous ne sommes pas séduit par le centre-ville. Il ressemble à certaines villes américaines sans histoires et sans charme avec quelques rares immeubles art déco. Il y a pas mal de mendiants et marginaux drogués dans les rues. On se fait pas mal aborder, notamment par un jeune qui insiste, nous suit dans toute la rue. On lui dit qu’on n’a pas d’argent, il nous demande alors de l’accompagner à l’épicerie pour lui acheter du pain. Il est d’une maigreur et d’une saleté qui nous font mal au coeur, vraiment. Du coup, on l’accompagne. Il se jette sur un paquet de pain de mie et une boîte de lait en poudre. Sauf que le lait en poudre coûte l’équivalent de 20€. On lui dit qu’on n’est pas d’accord. On veut bien acheter le pain mais pas le lait. On lui paye le pain, mais il le prend en grognant puis s’énerve qu’on n’ait pas voulu acheter le lait. Il a les yeux dilatés qui brillent on se demande s’il n’est pas sous l’emprise de la drogue. Il s’éloigne... petite expérience qui nous montre une fois de plus à quel point les inégalités et la problématique de la pauvreté ne sont pas des choses qui se traitent et se solutionnent si facilement. Nous quittons le quartier pas franchement à l’aise.
La ville doit être belle et l’ambiance plus sympathique sous une météo plus clémente. On n’a pas eu l’occasion de la voir sous le soleil donc on ne tirera pas de conclusions hâtives...
Jour 21
Ce matin, après le sympathique petit déjeuner de notre air bnb (la proprio nous prépare un petit panier qu’elle dépose devant notre porte avec un bon pain fait maison:-)), nous partons pour Stellenbosch. Stellenbosch est au cœur de la région des vignobles. Nous n’avions pas prévu initialement d’y aller mais comme nous avons un peu de temps, on s’y rend.
Stellenbosch nous séduit immédiatement. La ville a un air de ville de province, à taille humaine, ville proprette, qui mêle à la fois de belles demeures historiques, bons restaurants et une ambiance étudiante puisqu’elle abrite une grande université. La ville a été fondée en 1679 par Simon van der Stel (à l’époque de la colonisation hollandaise). Nous visitons The Village Museum, un ensemble de 4 maisons restaurées. On peut y voir la plus vieille maison d’Afrique du Sud: la Schreuderhuis qui date de 1709. Elle est charmante avec son toit de chaume et ses pièces simples. Les meubles sont bas car les pieds des meubles s’abîmaient avec l’humidité du sol et ont donc été retaillées à de nombreuses reprises.
Nous descendons ensuite Dorp Street qui concentre d’élégantes demeures.
Nous poursuivons ensuite par la ville de Franschhoek, petite ville plus petite que Stellenbosch qui nous plaît encore plus. Avec ses jolies maisons d’époque blanches immaculées, ces nombreuses boutiques d’artistes, restaurants, cafés c’est un petit bijou, un cocon au milieu des vignobles.
C’est ici qu’une poignée de Huguenots français (protestants) se sont réfugiés après avoir fui la France suite à la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV. Ces français sont venus avec leurs savoir faire parmi lesquels la viticulture!! Ils plantèrent des pieds de vigne qu’ils avaient rapporté de France. La région s’est développée, a prospéré et c’est donc ainsi, grâce à une poignée de français qu’aujourdhui les vins africains se font une jolie réputation dans le monde entier! (Chauvinisme quand tu nous tiens!!) Les nombreux domaines autour de Franschhoek ont donc des noms français.
Les vins sud-africains sont moins chers que les vins français à qualité égale. Par contre, les méthodes de vinification sont très différentes et feraient hurler certains vignerons français : les cépages ne sont pas dépendants d’une localisation particulière, ils peuvent même être mélangés et certaines bouteilles ne sont pas millésimées. Cependant les vins sud-africains connaissent un succès croissant et visiblement largement mérité selon les connaisseurs.
Autour de Stellenbosch et Franschhoek, il y a de nombreux domaines (ultra sécurisés comme le reste du pays: barrières, gardiens) qu’on peut visiter, y faire des dégustations, y dormir dans de superbes B&B et y manger dans des restaurants gastronomiques. Comme c’est vraiment moins cher qu’en France, ça peut être l’occasion de se faire plaisir si on apprécie les vins. (Apparement pour vous donner une idée, pour 50€ on a 6 plats, 6 vins.)
De notre côté, on ne s’est pas alourdit le sac déjà lourd avec des bouteilles de vin mais on a apprécié de passer une journée dans ce coin.
Nous visitons le Huguenot Memorial Museum. C’est hyper intéressant et ça nous permet de mieux comprendre l’histoire de cette région.
Jour 22
Après une matinée très pluvieuse où nous en profitons pour passer des p’tits coups de fil à nos proches, le soleil est de retour et nous partons à Boulders NP. C’est un tout petit parc qui abrite une colonie de manchots d’Afrique du Sud qui compte près de 2000 individus. C’est une zone où les manchots couvent, il y a plein de nids creusés dans le sable et du coup plein de bébés manchots. Les bébés manchots ont un duvet qu’ils perdent progressivement en quelques semaines. C’est marrant car on en voit qui en ont encore que dans certaines zones (autour du cou, dans le dos), ils sont en transition! Les adultes ont aussi une période de mue annuelle, période au cours de laquelle ils restent à terre car n’ont plus leur peau protectrice pour aller dans l’eau.
Nous voyons des marques d’affection entre les manchots ils se passent la nageoire dans le dos pour se faire des accolades! Bref, c’est un régal de les voir évoluer. Dans l’eau ils semblent très actifs, partant chasser la sardine en groupe!;-)
Il n’y a que 2 endroits pour en voir sur le continent: à Stony Point où nous étions il y a 3 jours et à Boulders. Sinon, le reste de la population de manchots vit sur des îles. La population est menacée même si elle est protégée.
Nous mangeons dans la jolie petite ville de Simon’s Town puis allons voir les Beach Boxes de St James, cabines de plage colorées très esthétiques.
Nous décidons ensuite de retourner au Cap explorer cette fois le quartier de Waterfront. Le Cap, deuxième essai!! Et là, la magie a opéré!! . Sous le soleil, ça change TOUT! On voit la ville dominée par Table Mountain, Signal Hill et Lion’s Head. La ville entre montagnes et mer!
Le quartier de Waterfront en lui même est hyper touristique et tendance, on s’y sent vraiment bien. Waterfront ce sont des docks qui ont été réhabilités dans les années 1980 avec succès en restos, boutiques, galeries d’art, musées. Respect pour le travail des architectes (notamment le Victoria wharf) car les espaces de ces hangars vides ont été magnifié, exploité avec intelligence. C’est lumineux. Il y a des espaces de coworking. Il y a des groupes jouant de la musique, c’est animé. Le côté portuaire a été maintenu,ce qui rend le quartier vivant. On passe un bon moment à flâner avant de rentrer par la route panoramique Chapman’s Peak Drive ce qui nous permet avant de l’emprunter de traverser d’autres quartiers du Cap: Sea Point (petite ville dans la ville) , Clifton Bay (très résidentiel et un peu style Californie) et Camps Bay (avec son immense plage).
Pour notre dernière soirée en Afrique du Sud, nous nous offrons un petit resto à Kommetjie où nous logeons et passons un moment à papoter avec les proprio de notre AirB&B, des gens vraiment adorable, une belle rencontre!
Comment clôturer ce carnet sud-africain sans un mot pour l’apartheid et Nelson Mandela? Nous n’avons pas visité Robben Island, prison au large du Cap où il fût détenu de longues années, mais nous nous sommes intéressés à cet homme dont on ne savait pas grand chose au final.
L’apartheid
Les bases de l’apartheid ont été jetées très tôt, dès le XIXème siècle. Fermiers boers exploitant des terres agricoles et patrons britanniques exploitant les mines d’or et de diamant s’arrachaient la main d’œuvre noire, prête à travailler pour une misère. Les lois racistes se sont mises en place peu à peu. En face, la résistance noire s’enclenchait : l’ANC ( African National Congress) a été créé en 1911. L’accès au travail qualifié et le pouvoir étaient réservés aux blancs. Très vite, les noirs seront interdits de ville. En 1948, le Parti national Afrikaner impose l’apartheid: séparation physique des Noirs, désurbanisation forcée, interdiction des mariages mixtes. La loi de 1949 interdit toute union entre blanc et non-blanc. La loi sur la classification raciale détermine la frontière entre blancs et noirs. Le test du crayon placé dans la chevelure permettait de déterminer en cas de métissage à quelle catégorie la personne appartenait. Si le crayon tombe, la personne est blanche. S’il tient, cela signifie que les cheveux sont crépus donc la personne est noire... Des familles ont ainsi été séparées, obligées à vivre dans des quartiers différents. En 1953, la loi sur l’éducation des africains bannit les non-blancs du système éducatif normal et établit un système différent pour éviter toute concurrence entre Blancs et Noirs!!
La résistance monte et Nelson Mandela alors avocat, crée dans l’illégalité, en 1962, une branche armée de l’ANC, pour obtenir des réformes que des années de combat pacifique n’ont pas permis d’obtenir. Il est arrêté et condamné à la prison à vie. Des mouvements de grèves dans les années 70, le mouvement de la conscience noire mené par Steve Biko, des années de lutte, la pression internationale ( l’Afrique du Sud était sous embargo, les Sud Africains ne pouvaient notamment obtenir un visa que pour 4 pays dans le monde...) mèneront finalement à la libération de Mandela en 1990 (27 ans de prison!), à l’abolition de l’apartheid en 1991 puis à l’élection de Mandela à la présidence en 1994.
On avait entendu parler de l’apartheid bien sûr mais on ne pensait pas qu’il avait pu se passer de telles choses, de telles aberrations.
Quelques mots sur Mandela
Né en 1918, il appartient à l’ethnie des Xhosas et est né près de Umtata. Il fait des études d’avocats et fonde avec Oliver Tambo le premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud. Il habite alors à Soweto. En intégrant l’ANC et la lutte armée, il est arrêté et devient le prisonnier politique le plus célèbre du monde. Il obtient le prix Nobel de la paix en 1993. En tant que président il est acclamé, admiré. Ce qui est beau c’est qu’il a su rejeter toute idée de vengeance et n’a cessé de prôner le pardon et la réconciliation.
Comme on le disait dans un autre article, l’ANC est au pouvoir depuis l’abolition de l’apartheid. Mais ce parti a fait preuve de beaucoup de corruption et frasques en tout genre (cf Jacob Zuma par exemple). Il reste encore beaucoup à faire pour diminuer les inégalités sociales et la discrimination.
On voudrait finir ce carnet sur l’Afrique du Sud par cette belle citation de Nelson Mandela.