Ah la belle étape !!!
Toute en opposition : chaleur et fraîcheur, forêts et vignes, culture et enfermement, chemins moelleux et pierriers, joie et peur, grimpettes et belles descentes !
Je quitte Bar sur Aube de très bonne heure, ne trouve qu'une boucherie ouverte, me fais héler par un couple : "Vous faites la Francigena ! Ça se voit !" Et c'est parti pour la rencontre. Quand il apprend que je suis de Lille, le couple m'annonce qu'il va visiter Saint Quentin, Arras et la Côte d' Opale. Me voilà en train de donner les bons plans !
Je quitte ces gens bien sympathiques en traversant la ville.
Je rattrape le chemin vers le lieu dit Sainte Germaine. Commence alors l'ascension d'un chemin escarpé. Je suis déjà en sueur et il ne fait pas 11 degrés ! J'arrive auprès d'un corps de ferme en rénovation, il y a une table d'orientation et un point de vue magnifique. Il y a même un endroit dégagé pour se lancer en parapente.
Je me dirige vers Baroville à travers les bois. Je suis au frais. Le sentier est moelleux sous les pieds. Les écureuils s'échappent, j'observe une sittelle torche-pot. Quelle agilité ! Puis la descente se fait à travers les vignes, ça chauffe au soleil et c'est caillouteux.
Sommière des moinesBaroville possède de nombreuses maisons de Champagne, dont certaines primées lors des concours agricoles. Je traverse le village et regrimpe le coteau à travers les vignes avant de rentrer dans la forêt. Je vais suivre la sommière des moines pendant 5 km et me retrouverai à Clairvaux. Clairvaux, l'Abbaye, Saint Bernard ! Je longe un mur interminable. Mais où est l'Abbaye ?
Et là, je comprends. Clairvaux, la prison. Je n'avais jamais fait l'association ! Je rentre dans la cour. Sur le bâtiment d'accueil, un panneau indique que la visite guidée est commencée. Dommage ! La guide m'aperçoit et me dit que sa collègue arrive. J'ai attendu à l'ombre un bon quart d'heure, personne.
Alors me voilà attablée au bar à boire un coca. Quand je suis entrée, les hommes au zinc, personnel pénitentiaire, m'ont regardée avec des yeux ronds ! Je remplis de nouveau ma poche à eau et pars.
Avant d'attaquer le long cheminement qui m'attend dans les bois, je m'installe pour déjeuner près d'une petite rivière et mange mon traditionnel feuilleté à la viande !
Et je retrouve la forêt...avec des grands chemins et des plus escarpés. A force d'entendre les gens me demander si je n'ai pas peur toute seule, je me fais une frayeur en entendant un animal déguerpir derrière un taillis !
Je découvre même que je suis sur un chemin emprunté par Jeanne d'Arc !
J'amorce ma descente vers Cirfontaines en Azois. Le chemin devient un vrai pierrier. Je trouve un banc à l'ombre d'un platane pour faire une pause. Je me déchausse. Le cantonnier passe en tracteur et me fait signe. Une camionnette s'arrête et klaxonne : le boucher. Je vais le voir. Il passe 1 fois par semaine. Autre réalité...
Afin de ne pas dépasser les 40 km, je prends la route pour rejoindre Aizenville, puis Orges. Je ferai une dernière halte sur un banc au pied d'un calvaire, au frais sous la brise. Je taillerai bavette avec une vieille dame en demandant la route puis arriverai au Moulin de la Fleuristerie où m'attend une belle surprise.
Fabrication des pistils Ce moulin est un lieu du patrimoine vivant. En effet sont fabriqués ici pistils, pétales de fleurs et feuilles artificiels à destination de la Haute Couture. C'est le dernier endroit en France. Les machines datant du XIX ème siècle sont toujours actionnées par la roue à aubes. Annette me fait une démonstration puis me fait visiter l'atelier. Je suis ensuite accueillie dans sa maison.
La soirée sera très agréable : repas partagé avec son mari puis visite de la halle aménagée en salle de réception. Demain il y a un repas de mariage...
Vie quotidienne :
Ode aux bancs publics
Je trouve de moins en moins de bancs publics pour faire ma pause. Le vrai banc public, avec un arbre pour l'ombre. Un banc pour les rencontres, casser la croûte, faire la sieste ou juste s'assoir.
Pas ce mobilier urbain, avec séparateur, ayant parfois une forme ondulée, en pierre, tout raide, si inconfortable qu'on n'y reste pas et sans ombre possible.
Aujourd'hui, j'ai été gâtée pour me reposer de mes 35 km...