Via Francigena : Wasquehal - Lausanne

Après être partie de Wasquehal jusque Saint Jacques de Compostelle l'an dernier, je reprends mon sac à dos pour aller de Wasquehal à Lausanne, sur la Via Francigena, à pied évidemment !
Du 4 août au 10 septembre 2019
38 jours

J'aime bien l'idée de partir de la maison en laissant les clés...

Je vais ralentir le pas, prendre plaisir à marcher, provoquer la rencontre, cultiver ma curiosité, continuer à m'émerveiller de ce qui m'entoure, mettre ma pensée en branle et rêver.

Le prétexte pour se mettre en route est d'aller voir Augustin à Lausanne puis de rejoindre le Puy en Velay.

Je prendrai donc des chemins noirs, la voie Francigena et la voie Gebennensis.

Départ le 2 août !

Je pars avec un nouveau compagnon de route...plus léger.

Je vais aussi essayer d'alléger le contenu !

Comme l'an dernier, j'emporte ma tente et un peu de matériel de camping.

Les nouveauté pour cette année : une petite robe et une cape de pluie orange !



Contenu de mon sac à dos

Depuis plusieurs jours, je suis gênée par une rhinopharyngite. Je m'oblige à différer le départ !

Pas encore sur le chemin et déjà accepter que tout ne se déroule pas comme prévu...

Et me voilà en route...


Château de Flers - Lac des Espagnols- Lac du Héron

Bernard m'accompagne jusqu'au lac du Héron.


Puis je rejoins la voie verte qui suit la Marque jusqu'à Sainghin. Le chemin est ombragé, ce qui est bien agréable par cette chaleur. Il me fait oublier la proximité de la Métropole.Enfin, pas tout à fait...


A l'occasion de Lille 3000, le chemin est ponctué d’œuvres. La valise fait résonance avec mon sac à dos ...


Pour finir, je fais un petit détour par Bouvines. Je prends le temps de visiter l'église et ses vitraux retraçant la bataille du même nom.


Cette église a été construite fin XIXème afin d'avoir un sanctuaire pour un mémorial national, la bataille ayant renforcée l'unité nationale.

Vie quotidienne:

Et dire que je suis à un quart d'heure en voiture de la maison. J'ai bien ralenti le rythme !

21,7 km pour cette mise en jambe.

Installée hier dans un camping coincé entre la ligne TGV, l'axe de décollage de Lesquin, l'autoroute et une bande de gamins en joie, le calme de ce soir est bienvenu. En plus, j'ai un super emplacement avec l'eau courante.

Mais reprenons le fil. Pour rejoindre Genech, puis Orchies, j'ai utilisé la méthode Tesson, c'est à dire prendre les chemins noirs.


Ah, ça a l'air si facile sur la carte, ces lignes noires... Le chemin que j'ai tenté de prendre pour rejoindre Genech se terminait dans un champ, alors "faites demi-tour".


Puis j'ai traversé des champs de carottes, céleris, betteraves rouges, ...


Le Pévèle est plein de corps de fermes plus ou moins bien retapés.


Je ravitaille à Genech, me rassure en demandant au primeur si le chemin que je pense prendre est OK.


Je traverse donc le bois de Genech, puis à travers champs, pour rejoindre Orchies à midi. Curieux, peu de chants d'oiseaux et agaçant, le bruit de fond de l'autoroute.


A Orchies, pause dans un estaminet. Que ceux qui craignent pour mon régime alimentaire se rassurent, en plus il y a de quoi en chemin et pour le goûter une demi baguette avec du chocolat, arrosé de Saint-Yorre.


Orchies, pays de la chicorée 

A la sortie d'Orchies, je rattrape la voie verte qui file jusque Marchiennes. Mais avant, l'enfer du Nord...


L'Abbaye et l'Hôtel e ville de Marchiennes 

J'arrive à Marchiennes en passant sous le porche de l'ancienne Abbaye puis franchit le porche de l'hôtel de Ville. Il y a dû avoir de la concurrence !


A la supérette, un monsieur entame la conversation à propos de mon périple. Son frère habite Wasquehal...


Vie quotidienne : prendre sa douche

Dans certains campings, même 3 étoiles, il faut un jeton pour prendre sa douche. Dans la salle, 10 douches toutes inoccupées. Pourquoi ai-je choisi celle qui fuit ? Parce que pour le savoir, il faut mettre le jeton ! Pourquoi la douche dure- t- elle si longtemps alors qu'on est en pénurie d'eau ? Parce qu'avec un jeton, c'est open ! Alors j'en profite pour commencer ma lessive car bien souvent à la laverie, l'eau est froide ! Zut, plus d'eau pour rincer ma chaussette !


Journée dense, comme à chaque fois.

Malgré les chemins noirs, 29,4 km au lieu des 23,8 km prévus. Dommage que ces chemins disparaissent...

Voilà une étape comme je les aime !

En retraversant Marchiennes pour rejoindre la Scarpe, je passe devant l'église Sainte Rictrude qui affiche sur son fronton la devise de la France !

Quelle curieuse ville quand même ! Et en plus, ce serait la dernière à avoir brûlé des sorcières !

Je retrouve la Scarpe. Quel calme !

Juste le bruit de mes pas. Le bord du chemin est couvert de fleurs médicinales *.

Marcher le long du canal est propice à l'introduction, voire à la méditation.

Dans mon élan, je rate l'endroit où je devais bifurquer. Quand je m'en rends compte, je suis au pont de Vred.

Le canal de la Scarpe - en haut du terril

Inconscient, je ne voulais pas grimper " tout in haut de ch'terril" !

Ensuite je redescends sur Pecquencourt et traverse les cités minières. Elles sont toutes réhabilitées. Je rattrape le GR 121 qui bifurque et s'arrête. Grandes herbes, orties.

Deux options : sortir le pantalon du sac ou "faites demi-tour".

Je ne ferai pas Indiana Jones. Je rejoins la route qui est parallèle. Il n'y a pas de hasard...une supérette pour ravitailler ! Ça tombe bien, il ne me restait pas grand chose.

Après la pause, je rattrape le GR et passe la ligne de chemin de fer.... tentée de faire ce qu'un gosse rêverait de faire ... puis le chemin me conduit jusqu'à Lewarde.

Je rejoins ensuite Erchin où je rencontre Geneviève qui nettoie l'église en prévision du 15 août. Je prends le temps de la rencontre. Ce village est plein de petites chapelles.

Des lignes, des lignes, des lignes...

Je gravis le Mont d'Erchin et traverse la campagne jusqu'à Bugnicourt. Je n'ai pas trouvé la rue du chat qui tète...

J'hésite à camper là et finis par me trainer jusqu'à Aubigny.

Plantes Médicinales *

La mauve - la reine des prés - la bardane - la chicorée sauvage - le sureau noir - le cynorrhodon (ou gratte-cul)




Vie quotidienne :

Hier jeton, aujourd'hui carte. J'ai le temps qui s'affiche...10 mn ! En 15 ans de randonnée en utilisant des campings, c'est la première fois que je ne trouve pas de point d'eau. Et c'est parce qu'il n'y en a pas ! Mais je vais boire quoi ? Pas de bungalow, pas d'eau froide ! Enfin, si. Au vidoir des campings cars... Heureusement, je croise Dominique qui me donnera une bouteille d'eau et un Perrier pour le repas. " On est là pour s'entraider ".


31 km pour aujourd'hui...

Je quitte mon pseudo bivouac de bonne heure, traverse le pont qui enjambe la Sensée et rejoins le chemin de halage.

Pour ne pas faire comme hier, j'ai pris soin de repérer sur la carte l'endroit où je dois bifurquer : un petit pont sur la droite et la présence d'une vierge.


En quittant Fressain, je retrouve mes chemins noirs, toujours pavés !


Je croise un champ de salades feuilles de chêne cultivées en pleine terre. Les ouvriers s'affairent, le semi remorque attend la récolte. Le lin sèche...

J'arrive sur Blécourt. Je passe devant un superbe corps de ferme puis rattrape un nouveau chemin. Des lièvres cavalent dans les champs déchaumés.

Enfin, je rejoins la route pour arriver sur Cambrai.

Installée pour midi, où je veux car le gérant n'est pas là, pique nique et sieste.

Efficaces les chemins noirs aujourd'hui. A peine 16 km...

La sieste est courte, mon voisin s'ennuie et zappe sur toutes les chaînes... Du coup, je suis au courant des infos. Pour ce qui est dit...

Un petit tour dans Cambrai que je fuis tant c'est bruyant... La fête foraine est installée sur la place et ses alentours et curieusement, il y a plein de touristes.



Je décide de faire le tour des églises.

L'église Saint Géry
La chapelle des Jésuites
La cathédrale et son icône Notre Dame de Grâce


Surprenante ville ! Cambrai a un riche patrimoine. Elle a rayonnée jusqu'à Anvers et a longtemps été une ville frontière. Louis XIV la rattache au royaume. J'arrête là, il faudra que je revienne !


Vie quotidienne :

Quand on fait une petite étape, on est tenté par la découverte des alentours.

Visiter Cambrai , c'est 5 km de plus au compteur...

Une petite pluie s'invite au lever...Ah! Remballer quand il pleut, toute une stratégie. Heureusement, les sanitaires sont à côté.


Je retraverse le canal de Saint Quentin et prends des petites rues pour rejoindre la cathédrale. Je découvre encore de belles façades.



Je passe devant la Porte de Paris en suivant les coquilles. Le chemin est balisé jusqu'à Saint Quentin par l'association locale. La sortie de Cambrai se fait facilement et ensuite je longe la route sur la piste cyclable.

C'est monotone. L'air est lourd. J'entends un avion et lève les yeux. Et alors là, quel spectacle ! Je vais le suivre jusqu'à la bifurcation prévue, c'est à dire pendant plus de 2 km. L'avion fait des loopings, monte à la verticale, redescend en piqué, puis remonte. Soudain, il coupe son moteur et plane ! C'est impressionnant ! Ce spectacle dure un bon moment. Ce serait bientôt aussi beau qu'un vautour planant dans les courants ascendants. Je m'arrête près d'arbustes pour continuer à regarder. C'est chouette, un spectacle rien que pour moi. L'avion finit par se poser. J'applaudis la dextérité du pilote. En reprenant mon sac, je découvre que les arbustes sont des pruniers : je me régale.



Pendant la première guerre, le village s'est trouvé pris dans la ligne Hindenburg, réalisée en 1917. Elle allait des Flandres aux Ardennes sur 10 à 15 km en profondeur. Ces fortifications étaient les plus importantes d'Europe. Il reste des blockhaus dans les près mais je ne les ai pas vus.


Je rejoins le canal de Saint Quentin.


Le soleil finit par se montrer. Je descends vers Crèvecoeur sur Escaut. Je décide de m'arrêter à l'église afin de déballer la tente et la faire sécher. Peut être que le sac sera moins lourd...

Je le longe jusqu'à Les Rues des Vignes, prends le pont, puis traverse l'Escaut et remonte sur les hauteurs. Dire que ce ruisseau a servi de frontière pendant des siècles ! En route, une échauguette du XII ème siècle. Elle faisait partie du mur d'enceinte de l'Abbaye de Vaucelles. J'y arrive et espère faire ma pause de midi.


Au moment de franchir la porte, une dame m'annonce que cela ferme à midi. Pas de sieste sous l'immense hêtre. Dommage. Heureusement, j'avais eu l'occasion de la visiter en mars lors de l'AG de l'association Compostelle Nord. Ce fût l'une des plus importantes abbayes de l'ordre de Citeaux : deux cloîtres et une église de plus de 140 m de long ainsi une salle de capitulaire la plus vaste d'Europe..


Je rattrape alors le canal de Saint Quentin où je croiserai quelques pêcheurs. La pêche n'a pas l'air bonne. Je vais passer plusieurs écluses et ferai une pause au frais sous un arbre.


J'arrive à Honnecourt vers 14 heures.


Un tournoi de boules est organisé pour les anciens de la maison de retraite. Je discute avec l'un d'eux. Il m'annonce qu'il pleut demain matin. J'attends 16h pour aller à la boulangerie - épicerie. Il y a bientôt plus de bouteilles de vin que de conserves ! Finalement, je repars avec l'un des derniers sandwichs.

Vie quotidienne :

Refuser avec malice l'invitation à dîner d'un "vieux beau" !


22 km ce jour, ce qui était prévu.

Nuit calme, quelles gouttes, le vent dans les peupliers et le cri de la chouette. Ah, que j'aime ça !

Les cloches sonnent dès 6 heures et deux fois au cas où l'on n'a pas bien entendu ! Pas de rosée, tente sèche !

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

Départ très matinal donc. Je suis à l'ouverture de la boulangerie et déjeune en route. J'aime partir comme cela, j'ai le sentiment que le monde m'appartient et que tout est possible !



En quittant Honnecourt, je passe devant une grotte mariale. Je traverse Ossu et rejoins Vendhuile. Je ne risque pas de me perdre, je suis un fléchage comme en Espagne !


Vendhuile : dire que jusqu'aux années 50, il passait là près de 31000 bateaux par an ! Il existait même un dispensaire tenu par des religieuses. Ces bateaux attendaient là leur passage dans le tunnel. Je prends un chemin qui surplombe le canal. De nombreux lièvres détalent à mon passage puis je descends pour voir le tunnel.

Il s'agit du souterrain de Riqueval. Je me suis toujours demandée quand on passe sur l'autoroute à quoi cela pouvait ressembler. Il y a un chemin dessus, près de 6 km en ligne droite. Ça ne me dit pas trop...

Je poursuis vers Le Catelet. Le ciel est menaçant.

Il commence à pleuvoir. Je rentre "chez Daniel" pour un café. La rencontre est sympa. Je passe un bon moment. Un ouvrier entre pour prendre une bière. Daniel lui raconte ce que je fais. Ils sont drôles ces deux hommes !

Il pleut moins. Je prépare quand même la cape de pluie sur le sac à dos. Daniel m'offre un pain au chocolat et me dit de faire attention à moi.


Je traverse Gouy et rattrape un chemin qui va m'emmener à la source de l'Escaut. Le chemin longe le mur d'un ancien monastère.


Soudain je glisse, perds l'équilibre entraînée par le poids de mon sac. Je m'étale de tout mon long dans le sentier ! J'ai du mal à me remettre d'aplomb. Le genou est douloureux et saigne. Je vais laver la plaie à la source. Puis prends des granules d'arnica.

Ce ruisseau va devenir un fleuve de 355 km et va se jeter dans la mer du Nord aux Pays Bas. Je poursuis mon chemin, m'aperçois un peu tard que quelque chose cloche. J'ai dû rater le chemin à la bifurcation. J'arrive donc à Bellicourt sous la pluie.

Je m'abrite sous les marronniers de la place de l'église et attends 20 bonnes minutes que cela se calme. Je mange de la baguette et du chocolat et étudie comment rattraper le coup.

A la sortie du village, je croise un fabricant de nacelle de montgolfière. Puis je rejoins le musée du Touage. C'est la sortie du tunnel de Riqueval. Il y a un ancien toueur, un bateau à treuil, d'où le nom de Touage de Riqueval. C'est grâce à Napoléon que ce canal fut percé.


La suite se passe sur des petites routes tranquilles.


Enfin, la basilique de Saint Quentin !

La dernière ligne droite consiste à rejoindre les éoliennes que j'aperçois au loin.


Ça va me paraître long d'autant qu'il se remet à pleuvoir dru et qu'il n'y a pas moyen de s'abriter.


Je ne regrette pas ma nouvelle cape de pluie, même si je ressemble à Casimir !

L'arrivée à Saint Quentin sera comme bien des fois longue, bruyante, à travers sa zone commerciale.

A l'Office de tourisme, j'obtiens une chambre d'hôtel à prix pèlerin.

Hier sous tente, aujourd'hui à l'hôtel, les jours se suivent et ne se ressemblent pas !


Vie quotidienne :

Il faut bien fêter cette étape de 35 km.

C'est la première bière depuis mon départ !

La nuit à l'hôtel a été de même qualité que celles passées sous la tente ...

J'ai un rendez vous à 10h. Alors avant, et en me ménageant vue l'étape d'hier, je pars, matinale, faire un mini circuit autour des façades Arts Déco. Le genou est un peu raide mais ça va. Tout compte fait, j'ai eu de la chance hier vu la météo annoncée. Il est vrai que Corinne prie Sainte Claire. De plus en chemin, le deuxième jour, j'ai trouvé une patte de lapin et avant hier un trèfle à quatre feuilles !!

J'entre à la Basilique. Je suis surprise par ses dimensions. De l'extérieur je ne la trouve pas jolie. C'est calme, il n'y a personne. Je ressens une grande paix.

Vitrail Arts Déco pour la chapelle de Sainte Thérèse

Je découvre le labyrinthe, comme celui de Chartres mais là, il n'y a pas de chaises dessus, on peut en profiter... Ce labyrinthe mesure 260 m (distance qu'a parcouru le Christ en portant sa croix) et permettait de faire un pèlerinage sans partir. La Basilique de Saint Quentin a servi de modèle pour Notre Dame et la cathédrale de Chartres.


Je pars ensuite découvrir les façades de quelques maisons de style Art Déco. Saint Quentin ayant été détruite à plus de 80 % lors de la première guerre mondiale, la reconstruction de la ville a bénéficié de la période Art Déco.

Puis je récupère mon sac à dos à l'hôtel et descends la rue d'Isle qui mène à la gare pour mon rendez-vous. En effet, hier en arrivant, je me suis inscrite à la visite guidée du buffet Arts Déco de la gare. Nous serons une dizaine accompagnée par une guide passionnée et passionnante. Elle fait d'ailleurs durer le suspense en nous emmenant d'abord dans la gare. C'est le même architecte qui a réalisé cette gare et celle de Lens. Puis nous nous dirigeons vers le Buffet.




Et là, c'est magnifique !


Le hall d'entrée avec son mur de verre, l'escalier avec sa rampe de fer forgé garnie de laiton qui conduisait à une trentaine de chambres, les murs couverts de petits grès cérame, la salle couverte de mosaïques, même le sol avec des carreaux a un effet de fleurs !



Pour rejoindre le quai, les passagers passaient par une porte tambour. Une déserte se trouve de chaque côté de la pièce surmontée d'un grand miroir. Le buffet en lui même est sur le côté, surmonté d'une horloge.



En écrivant cette page de carnet et en cherchant les photos, je m'aperçois que je n'ai pas le buffet en entier... Juste le bas et derrière avec ces rangements. C'est ballot, il faudra venir voir !

Je suis ravie d'avoir pris un peu de temps pour découvrir la ville où je suis née. Il faudra là aussi que je revienne car en entendant les membres du groupe discuter avec la guide, la ville possède un riche patrimoine.



Je me remets en route, passe près du pont avec les deux phases eux aussi Arts Déco. Je me trouve entre le canal à droite et la Somme à gauche. J'aperçois une dernière fois la Basilique et en la voyant, je comprends ce qui ne va pas. Elle n'a pas de tours comme en ont les autres cathédrales !


Je poursuis ma route jusqu'à Seraucourt. Il y a un fort vent de face. J'ai l'impression de ne pas avancer. Le niveau d'eau me paraît être bas, ce que me confirme un pêcheur. On voit les algues. Je m'allonge sur un banc mais le vent gâche la sieste.

En rejoignant la route, j'ai rattrapé la Via Francigena. Même le camping est équipé ! Je vais faire la connaissance d'une hollandaise qui descend à Santiago à vélo. Elle me sort de ma sieste pour me demander quel vin je préfère, rouge ou blanc ? Nous partons à l'épicerie ensemble. Et nous voilà à 5 heures de l'après midi autour d'un verre de vin ! Nous conversons en anglais. Belle rencontre ! Beau partage ! Nous n'échangerons nos prénoms que le lendemain, au moment du départ...


Vie quotidienne :

Aire pèlerins trop éventée..

Mais pèlerin tu es, pèlerin tu restes. Pas moyen d'avoir un endroit à l'abri derrière une haie.

15,5 km pour aujourd'hui.

Le vent s'est calmé. Le camping met à disposition une cuisine, pas besoin de sortir le réchaud. Les douches sont même équipée d'un sèche-cheveux !

Belle nuit calme, étoilée, chant du grillon et cri de la chouette.

Je salue la Hollandaise. Vraiment, on n'a pas besoin de connaître le nom et la profession de l'autre pour vivre un moment authentique. Je traverse le village et me retrouve sur un chemin pavé. Le chemin se sépare, d'un côté la direction de Compostelle, de l'autre la Francigena.



Je rejoins le village de Clastres. Il y a plein de voitures autour de l'église. C'est vrai, c'est dimanche, la messe sans doute.


Je contourne l'église et tombe sur une braderie ! Un des vendeurs m'interpelle. "Vous allez à Compostelle ?" Nous entamons la conversation. Lui aimerait y aller mais a peur de la difficulté que cela représente. Il me demande si je suis croyante. Nous voilà en train de débattre religion, foi, spiritualité au beau milieu d'une braderie !


Je me remets finalement en route.


Je passe devant un pré où accourent des génisses.


Le temps est maussade. Au détour du chemin, je croise un groupe de marcheurs. L'éclaireur s'arrête et attend que je sois à son niveau. De nouveau, on me demande si je vais à Compostelle ! Et de nouveau la conversation s'anime avec le reste du groupe. C'est vraiment sympa. L'un des marcheurs a participé au balisage.


Puis j'arrive à Jussy où je retrouve mon canal !

Le chemin de halage va s'avérer très peu entretenu ...orties, ronces, arbustes. Je vois bien qu'il y a quand même quelques personnes qui sont passées. J'arrive au pont de chemin de fer et le chemin est tout propre et tondu ! Un cycliste arrive vers moi et descend de vélo. Il est surpris que j'aie pris ce chemin, me dit que ce n'est pas sérieux, toute seule, et d'abord vous allez où ? Et voilà un nouvel échange et le type est épaté, surpris et me quitte en le demandant s'il peut me serrer la main : "Respect, faut du courage !" Quelle matinée !


Je pause pour manger avant Tergnier. J'aperçois à travers les arbres les rails de la gare de triage.

Le chemin se poursuit normalement en longeant le canal jusqu'à La Fère.


J'ai eu ma dose de canal. En regardant la carte, je vois que les rues de Farniers ont une forme particulière. Je bifurque donc. Je passe devant la place du marché, puis une église de style Art Déco.


Et je me retrouve Place Carnegie.


Il y a là tout un ensemble d'édifices Arts Déco. La ville ayant été détruite à plus de 95%, à sa reconstruction, le maire de l'époque a choisi de rassembler sur une place radio- concentrique tous les bâtiments communaux. Les travaux ont été financés par la Dotation Carnegie.


Je poursuis le boulevard jusqu'à la rue du chemin de fer où se trouvent les restes d'une cité où étaient logés les cheminots. Je croise ensuite une drôle de gargote.

En longeant ce boulevard, plusieurs cités, tristes, peu entretenues. Je pense que j'ai bien fait de passer par là car si j'avais poursuivi le canal, je serai arrivée au point Y, c'est à dire la rencontre du canal de la Sambre à l'Oise avec le canal de Saint Quentin, et j'aurais longé des industries. Je traverse le canal de la Sambre à l'Oise et arrive à La Fère, plus guillerette comme ville.


L'accueil au camping est très sympa, et en plus les pèlerins ne paient pas ! Grosse sieste en me laissant bercer par la conversation de mes voisins irlandais.



Vie quotidienne :

Quand la fatigue est là, que le sac est vide et que c'est dimanche, eh bien c'est pizzeria !


Et je rajoute 26 km au compteur ...

En allant chercher la pizza hier soir, j'arrive sur une place avec une statue monumentale.

Il s'agit de l'artilleur du pont de l'Alma !

Et les magnifiques bâtiments appartiennent à la Marine, le 41 ème régiment d'artillerie de Marine.

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La nuit a été enfin réparatrice !

Je retraverse cette place puis passe le pont au dessus de l'Oise.

L'étape prévue aujourd'hui passe par des coteaux boisés et mesure 35 km.

Je n'ai pas trop envie de traverser des bois et surtout de refaire une grosse étape. En consultant la carte, je trouve des chemins noirs et le moyen de rattraper éventuellement un train.

Je rejoins Danizy. Je rencontre une dame à qui je demande si les chemins que je souhaite prendre sont praticables. Elle confirme mais me prévient de ne pas entrer dans le bois car il appartient aux militaires, me dit au revoir et de faire attention à moi.

Les chemins noirs sont efficaces. Il fait très beau, voire chaud. Je traverse Rogécourt, petit village resté dans son jus. Puis arrive à Versigny.

Je vais traverser une zone de nature protégée en sous bois. Je rattrape un autre chemin, puis la route qui mène à la gare de Crépy. La gare est fermée, comme dans la plupart des petites villes. Il reste un abri et il faut avoir internet dans sa poche pour connaître les horaires. Le mien arrive dans 20 minutes, chance ! J'en profite pour déjeuner. Il me faut 10 minutes et je suis à Laon !


En sortant de la gare, la cathédrale surplombe la ville. Je passe devant le funiculaire. Il ne fonctionne plus. Il faut donc grimper à pied les escaliers. Il commence à pleuvoir. Heureusement que je suis entraînée à monter les escaliers de la station de métro de Wasquehal !


Et quand j'arrive en haut, ce n'est pas fini... Je passe près de la station du funiculaire et continue à grimper. Je suis attirée par une décoration en hauteur, puis des parapluies sont suspendus et j'arrive devant la cathédrale. Je laisse mon sac à dos à l'Office de tourisme.

Je pénètre dans la cathédrale. Il y a du chant grégorien. J'ai les poils qui se dressent. C'est magnifique !



Puis je pars découvrir la ville. Je croise un pèlerin qui est parti de Wissant. Nous partagerons plus tard une bière. Il râle car il trouve que c'est difficile de se loger et veut marcher à moindre coût !

Les deux accueils pèlerins étant en vacances, je trouve un logement par le biais d'internet, tout près de la cathédrale et avec une drôle de vue ! Heureusement que je n'ai pas campé, les orages se sont succédé !



Vie quotidienne :

Je prends quelquefois des libertés avec le tracé du chemin.

J'ai quand même fait 18 km ce matin et le train a couvert les 15 autres. Cela m'a permis de visiter cette " montagne couronnée" que l'on aperçoit au loin depuis l'autoroute.

Dilemme en préparant l'étape hier soir... Deux grosses étapes à plus de 30km chacune et l'hôtel au milieu fermé jusqu'au 31 août et pas d'autres possibilités de couchage ni de réel ravitaillement. Bivouac ? Demander chez l'habitant ?

Alors j'ai repris mon autre moyen de transport favori, le train. Départ 8h26 gare de Laon et je descends à Courcy à une douzaine de km de Reims.

En sortant de la gare, je suis sur le chemin de Compostelle qui vient de Rocroi.

Et je retrouve un canal, cette fois-ci, de l'Aisne à la Marne.

Je vais le suivre jusqu'à Reims. Je ne sais si c'est la fatigue, mais ça me paraît long, alors j'appelle Mélitine et on papote.

J'arrive sur une voie verte. Je croise des cyclistes, des joggeurs, des marcheurs avec des bâtons. L'un d'eux m'arrête et m'interroge. "Alors, Compostelle ?" Et nous voilà partis à discuter, puis chacun poursuit sa route. J'ai rattrapé la Via Francigena.


Un joggeur me surprend en arrivant derrière moi. Il me demande lui aussi quel chemin je fais puis il décide de m'inviter à manger. Et nous voilà partis chez lui ! Je rencontre ses deux enfants, sa femme est au travail. Échanges autour de lasagnes aux légumes faites maison. Nous parlons voyages, randonnées, de matériel, de chemins de Compostelle dont sa fille a fait un petit bout.

Il est 14 heures quand je quitte Fabrice, Théo et Juliette.

Je rattrape un grand boulevard et entre dans le centre ville.


Malgré les destructions dues aux guerres, Reims est une belle ville.

Ça y est, voilà la cathédrale. Il y a une permanence pour les pèlerins. L'accueil est extra ! J'achète le guide de la Francigena qui vient de sortir. J'ai un endroit pour dormir ce soir, le CIS, centre international de séjour.


Puis je visite la cathédrale. Il y a du monde. J'ai un peu de mal. Je suis encore dans celle de Laon qui m'a vraiment impressionnée.


Elle est beaucoup moins lumineuse que celle de Laon. Elle a été très fortement endommagée au cours de la première guerre mondiale. Tous les vitraux ont été soufflés lors de bombardements en 1917.


Les vitraux sont donc tous contemporains. Certains refaits suivant l'iconographie de l'époque. Et j'ai découvert que les vitraux de la chapelle axiale sont de Marc Chagall : l'arbre de Jessé, le sacrifice d'Issac et le baptême de Clovis.


Et puis disséminées dans la cathédrale, les œuvres de Claude Klimza, sculpteur roubaisien que je connais bien.




cathédrale de Reims - cathédrale de Laon

Je sors sur le parvis, vais chercher un plan à l'Office de Tourisme et je pars m'installer. La cathédrale de Reims est plus travaillée, avec beaucoup de statues. Celle de Laon a encore la simplicité du roman.

En contournant la cathédrale, je tombe sur la bibliothèque Arts Déco financée elle aussi par Carnegie. Elle est fermée pour travaux, dommage.

Vie quotidienne :

A chaque jour suffit son étape !

L'air de rien, j'ai fait 21,4 km aujourd'hui.

Une bonne nuit dans cette auberge de jeunesse qui me rappelle celles où j'avais dormi à Berlin et Dresde.

Je traine un peu. Ici, les tramways sont roses, comme les biscuits. Puis je rejoins la basilique Saint Rémi que je n'avais pas visitée hier en suivant le balisage de la Francigena. J'y suis vers 8h45.

Il n'y a personne. Je suis tranquille pour en faire le tour. Elle a des allures byzantines. Il y a une grande couronne avec 96 bougies suspendue au milieu.

Je la trouve plus belle que la cathédrale. Puis, au moment de partir, je rencontre Alain, le sacristain. Il me demande si je désire un tampon sur la credential, puis si je veux voir le tombeau de Saint Rémi. Il m'emmène vers le tombeau dont j'avais déjà fait le tour. Il sort une grande clé et ouvre la châsse et la sort de son réceptacle. Je suis une privilégiée ! S'en suit une quantité d'informations sur Saint Rémi, sa vie, les manifestations qui ont lieu chaque année début octobre, dont l'embrasement de la couronne.

Alain m'entraîne à la sacristie pour le tampon, me remet une médaille de Saint Rémi ainsi qu'une carte postale.

Me voilà sous une belle protection !

Je sors de la basilique et suis prise dans un flot de touristes polonais !

Je rejoins le canal que je vais suivre pendant une dizaine de km.

Plusieurs personnes que je croise m'encouragent, échangent quelques mots avec moi. Les gens ont l'air sensibilisé au fait qu'à Reims passent des chemins.

Soudain, l'écran de mon téléphone devient noir. Je ne vois plus rien ! J'ai dû appuyer sur une touche qu'il ne fallait pas... Je demande à un joggeur que j'avais croisé plutôt s'il peut m'aider. Comme on est en plein soleil, on ne voit rien. Il faudra trouver de l'ombre pour régler le problème. Il espère seulement que ce n'est pas l'écran qui lâche ...

Je vais donc prendre des photos avec un écran noir, drôle d'exercice !! On verra bien ce que cela donnera !

L'eau du canal a vraiment une couleur bizarre. Je vois quand même des petits poissons à la surface.


Je m'arrête au port de Sillery pour déjeuner. Puis, je traverse le village, passe au dessus de l'autoroute et de la voie TGV.


Je vais traverser la Montagne de Reims. Me voilà parmi les vignes. Ça sent fort le sulfate de cuivre. Ce n'est pas très bio tout ça ! Je croise de grands crus.

Il commence à faire vraiment chaud et je continue à grimper le coteau. J'arrive sur un bois. De la fraîcheur et de l'ombre ! Je sors le téléphone et essaie de voir. C'est la luminosité qui était au minimum !!! J'ai vraiment l'air bête...

Je descends sur Verzenay. Il y a pleins de maisons de Champagne. Sur la place un pressoir, puis le phare de Verzenay, attrape touriste je pense.


Ensuite, entre bois et vignes, j'atteins le village de Verzy. Dans le bois de Verzy, on trouve des faux, hêtres pas plus haut que 3 à 4 mètres dont le branchage tortueux forme comme un parasol. C'est typique de la Montagne de Reims.

Après 2 heures de marche, j'arrive à Trépail où je suis accueillie par mon hôte.

Vie quotidienne :

Ah ce téléphone qui a envahi nos vies ! J'ai ruminé un moment en me demandant ce que j'allais faire si vraiment il me lâchait...

29,3 km pour aujourd'hui.

Hier soir, reçue chez Viviane, propriétaire récoltant. J'ai appris plein de choses sur la vigne. J'ai eu droit à une potée de légumes avec une tomate farcie. Puis au festival celtique de Lorient, Viviane le regarde tous les ans.

J'ai dormi d'une traite, à peine ai-je entendu le coq !

Au petit déjeuner, nous discutons trajet. Viviane m'affirme qu'il est possible d'être à Châlons ce soir. Je pensais m'arrêter à Condé sur Marne, mais je n'ai pas de couchage.

En quittant Trépail, je m'aperçois qu'il y a 25 producteurs de Champagne.


J'arrive à Ambonnay. Là aussi, il y a de nombreuses maisons de Champagne.


Je prends un chemin qui suit la départementale. En moins de 2 heures, je suis à Condé sur Marne. Et je rejoins le canal.




Et là, ça va être long, vraiment long.


Pas de cycliste, pas d'oiseaux, personne. Juste un bateau de plaisance et un aviron.

Je vais alors faire comme les enfants : compter les ponts que je dois franchir, reconnaître les différentes essences d'arbres que je croise. Quelle diversité ! Saule blanc, robinier, frêne, hêtre, acacia, aubépine, noisetier, noyer, sureau, charme, sorbier, peuplier...



J'ai envie d'écouter une cantate de Bach. Je n'ai pas mes écouteurs, je les ai oubliés. Je mets alors à chanter du Brel en essayant de retrouver les paroles... Je teste la vidéo avec mon téléphone et filme de l'action, c'est à dire mes pieds !



Je passe sous une haie de platanes majestueux. Ils étaient plantés pour faire de l'ombre mais aussi parce que leurs racines se rejoignent et consolident les berges.


L'eau a toujours cette couleur curieuse. Je rattrape à l'écluse le bateau qui m'a dépassée.



Puis de nouveau, c'est long...


Le ciel s'obscurcit... Je trouve abri sous un magnifique tilleul. Et après, enfin, il ne reste plus que 5 km ! Le chemin se transforme en piste cyclable. Je commence à croiser un peu de monde. Il y a même un héron et des cygnes. J'arrive enfin à Châlons.


Je rejoins la cathédrale pour la credential. J'entre. Il y a une conférence sur les dalles funéraires. Je fais le tour de l'église et m'aperçois qu'il s'agit de la cathédrale Saint Étienne.



Je ressors et me dirige vers le centre piéton. La ville est déserte. Je sais que c'est le 15 août, mais quand même..

J'arrive à la cathédrale Sainte Catherine et là aussi personne et pas d'accueil pèlerins. Je fais rapidement le tour de l'édifice. Je suis fatiguée.


Je me mets en quête d'un magasin pour ravitailler. Je vais aller au camping. Ça fait 2 km supplémentaires. En sortant du Monoprix, il commence à pleuvoir dru. Je m'abrite sous le store d'un café. Un type me dit que si je fais Saint Jacques , je dois être sous la pluie... S'en suit une rencontre avec une sacrée équipée. Ces hommes qui voudraient passer pour des durs ont un sacré cœur tendre ! Je me fais offrir une bière. L'un d'eux m'aurait bien amené au camping mais vu le nombre de bières... Les 2 km seront durs, surtout avec une bière sur un estomac vide ! Je m'installe, il est plus de 18h. J'espère que le linge va sécher.






Vie quotidienne :

Camping 4 ****, douche froide, eau chaude pour la lessive. Me suis-je bien lavée au bon endroit ??


31,2 km...ceci explique cela.

Marcher, c'est aussi savoir s'arrêter. Pour admirer le paysage, visiter, rencontrer. Mais aussi se reposer.

J'ai retiré de l'an dernier un certain nombre d'enseignements, dont celui de prendre du repos. La journée s'annonce belle, j'ai hésité ce matin à me remettre en route mais un bouton de fièvre apparu cette nuit me rappelle au repos. Je vais donc en profiter pour faire quelques courses comme du gaz, de nouvelles tongs, passer à la pharmacie, faire la grande lessive, lire, faire la sieste et préparer la suite du chemin.


Quelques gouttes en fin de nuit qui m'oblige à être créative...

Puis je retrouve mon canal après avoir longé la route jusqu'à Sarry.


Le chemin quitte le canal et s'en va à travers champs. Puis je longe la Marne. En fait, on pense que c'est plus vert chez le voisin... entre les longueurs de chemin à travers les champs ou longer le canal...

Je choisis de longer le canal ! Bon choix, je suis à l'abri des gouttes et du vent. Je grignote des mûres.

J'arrive à Pogny, puis le chemin repart dans les champs et longe la Marne.


Le vent monte, j'hésitais jusqu'ici à mettre ma cape mais là ça commence à mouiller.


Je passe sur le pont et arrive déjà à la Chaussée sur Marne. Il n'est pas 13 h. Je n'ai pas mangé. Les conditions météo n'ont pas favorisé les pauses. J'ai quasiment marcher d'une traite.


La personne qui doit m'accueillir n'est pas là et il pleut à verse. Je m'installe sous le Barnum et prévient de mon arrivée. Je casse la croûte en attendant Je suis reçue dans une chèvrerie. Je vais dormir dans le grenier, dans la paille, au dessus des chèvres !

Un grand repas tartine frites et fromage de chèvre est prévu ce soir. Alors j'aide aux préparatifs. Je ne resterai pas, je suis crevée.


Je monte alors m'installer pour la nuit.

Vie quotidienne :

Quand on bivouaque, on fait l'impasse sur le confort : la douche, la lessive, recharger son téléphone, avoir du réseau...


22 km aujourd'hui .

Quelle bonne nuit !

J'ai dormi d'une traite, n'ai pas entendu la fête et la pluie qui paraît-il est tombée jusque passé minuit. Les chèvres sont encore couchées quand je descends mon échelle de meunier. Je réveille les chevreaux.


Comme personne n'habite à la chèvrerie, je me mets en route et passe à la boulangerie prendre un petit pain de viande pour ce midi. Le chemin part dans les champs, longe un bois.


Je passe près d'un vieux moulin et son lavoir. La rivière s'appelle le Fion.

La nature a l'air d'avoir apprécié toute cette pluie. Ça sent l'humus, la menthe, la paille, la luzerne. Le temps se maintient mais il y a beaucoup de vent.


J'arrive à Saint Amand sur Fion.

Il y a de nombreuses maisons à colombages.

Et une superbe église romane. Je vais prendre le temps de la visiter.

Je traque les sculptures des chapiteaux. J'aime toujours autant la créativité des sculpteurs.


Cette église date du XII ème et XIII ème siècle. Elle a un porche avec des colonnades qui n'est pas sans rappeler les cloîtres. Il est 9h50, la messe est à 10h30 et déjà du monde arrive. Ça discute, j'ai l'impression que les gens viennent de bonne heure pour se rencontrer. Une vieille dame s'arrête à ma hauteur et nous entamons la conversation. Elle me souhaite bonne messe. Je pars remplir ma gourde à la fontaine et reprends le chemin.

En arrivant en haut de la colline, le chemin est barré. Il y a un bal trap. Je vais voir pour demander si je peux passer. Les hommes sont déjà à la bière...ils vont arrêter de tirer pendant 5 minutes le temps que je descende le chemin ! Je croise mon premier champ de tournesol. Ils ont l'air puni.





Le chemin traverse les champs aux cultures peu connues : chanvre et soja.


De nouveau sur les hauteurs, le ciel devient menaçant. Le chemin part sur la droite pour aller à un point de vue. L'averse éclate avec rafales de vent, je prends tout droit et descends à Vitry en Perthois Au village, je m'achète un dessert et trouve un endroit pour manger. Il y a de nouveau des vignes.



Le temps se remet, le chemin passe dans les bois, et après avoir traversé la grand route, je retrouve mon canal !


C'est drôle, la Marne passe en dessous et le chemin, étroit, m'emmène jusqu'à Vitry le François. En route, un peu de lecture et une première église à pan de bois. Le camping s'avère fermé ! Il me faut chercher un hôtel dans une ville où il n'y a rien un dimanche WE de 15 août. Les gais lurons de Châlons m'avaient prévenue !


La Collégiale - la façade du Couvent des Minimes. La porte du Pont

Me voilà donc arrivée dans la ville de François Ier. Il a construit cette ville suite à la bataille qui a détruit la ville de Vitry en Perthois. On a même utilisé les pierres des maisons et obligés les gens à venir habiter la nouvelle ville. Elle a quasiment été détruite pendant la deuxième guerre mondiale. Les rues sont à angle droit, de nombreuses boutiques cherchent preneurs, il y a une plage devant la collégiale Notre-Dame.



Vie quotidienne :

Cela fait 15 jours que je marche et j'ai le sentiment comme à chaque fois que cela fait des semaines...


25 km pour aujourd'hui.

En rendant ma clé, je croise une pèlerine qui a aussi dormi à l'hôtel. Dommage que nous ne nous soyons pas rencontrées hier soir. Elle va prendre son petit déjeuner et moi je pars.


Je ravitaille, traverse la Marne et me dirige vers Blacy par un chemin très confortable.


Je passe devant l'église et poursuit vers Glannes.


Je vais voir l'église. Sur le fronton, il y a une belle sculpture de Saint Martin. Puis je rejoins le village de Courdemanges. En route, je me fais attaquer par un grand chien ! Il tourne autour de moi, aboie, grogne. J'essaie de rester de marbre et de passer sans le regarder.


En arrivant au village, devant l'église, je rencontre 3 dames. L'une d'entre elles me demande si je parle français. Je répons positivement et voilà que je discute avec Madame le Maire. La conversation est passionnante, sur mon voyage, sur la vie locale, sur l'histoire locale et l'église. Elle me parle de ce qui s'est passé du 6 au 11 septembre 1914 au Mont Moret et du centenaire où a été inauguré un monument du souvenir.


En partant, je croise la pèlerine de ce matin. Elle aussi s'est faite attaquée par le chien. Elle a utilisé ses bâtons de marche pour se défendre !


Au Mont Moret 



Je poursuis mon chemin à travers les champs. Après les vignes, ce sont d'immenses champs de blé et de tournesols. Puis, je redescends vers Blaise en coupant par la route car j'aperçois un tracteur qui arrose son champ de produits pas très bio. Puis je suis au frais en traversant une peupleraie. Je me pause plus d'une heure, me régale d'un sandwich crudités saumon et de Reine Claude. Puis je fais la sieste. Je n'arrive pas à dormir, alors je prête attention aux sons que j'entends : tourterelle, grillon, le vent dans les branches, les chevaux à côté, la scie circulaire ... qui gâche tout. Je prends alors le temps d'un ou deux coups de fils.



Je me remets en route, traverse Neuville sur Arzillières et arrive au village qui a le nom le plus long de France.

A la sortie de Saint Rémi, un panneau indique 14 km pour Outines. J'ai un coup, tant que cela ? Il me semblait qu'il n'y en avait qu'une dizaine !


Bon, en route ! Le chemin est comme depuis ce matin, large, facile. J'avance et vite. Je m'amuse avec les tournesols, chante à tue tête, aperçois des étangs. Je suis bien, vraiment.


Puis je longe des bois. Un peu de fraîcheur car je vais être à court d'eau !



Je longe un immense champ de soja, avant de récupérer un chemin plus chaotique, plein de traces d'animaux. Il faut faire attention aux ornières faites par les tracteurs !


En descendant sur La Pierre, là où je vais dormir, je trouve un autre porte bonheur !!! Comme la patte de lapin je le laisse sur le chemin. J'arrive à mon lieu de couchage, à 3 km d'Outines. La propriétaire me récupère en voiture et me dépose devant mon gîte. En discutant avec elle, elle m'annonce que je suis à 4 km aller retour du lac de Der. Alors je pose mon sac à dos. En route, je mange des mûres. J'arrive au bord d'un étang puis après un passage dans un bois je débouche sur le lac.




Ce lac est un lac - réservoir artificiel créé afin de réguler les eaux de la Marne et d'éviter l'inondation de Paris. Trois villages ont été engloutis. C'est bizarre de se dire que des gens ont dû quitter leurs maisons et leurs terres et qu'aujourd'hui on vient pour voir les oiseaux migrateurs.



Je rentre à mon hébergement insolite. Me voilà gitane pour un soir !

Vie quotidienne :

Ces chemins larges et confortables m'ont fait cavaler. La machine est bien huilée, le corps a accepté le poids supplémentaire, pas de douleurs, pas d'ampoules...

32 km plus les 5 pour le lac de Der.

J'ai passé la soirée sur la terrasse de la roulotte.

Ce matin, livraison d'un copieux petit-déjeuner.

Puis je descends vers Outines. Je n'ai pas fait 300m que je suis couverte de poussière ! C'est l'ensilage du maïs et il y a un ballet de tracteurs sur le chemin !


Aujourd'hui, je vais traverser plusieurs villages possédant une église à pan de bois. Ces églises datent en général du XVI ème siècle et sont construites sur le style de la halle. Elles sont en bois car il y avait peu de pierres de construction.

La première que je visite est celle d'Outines.



La plupart des maisons qui entourent l'église sont aussi à pan de bois. Puis je me dirige vers Bailly le Franc. Je surprends un renard qui file dans le maïs.



A Bailly, l'église à pan de bois a une toiture particulière. Elle mélange plusieurs matériaux : le châtaignier pour le pignon, la tuile romaine pour le porche, la tuile plate pour la nef et l'ardoise sur le clocher.


Je continue vers Lentilles en traversant champs, bois, chemins et ensilage de maïs...


L'église de Lentilles a une statue de Saint Jacques, les fenêtres circulaires avec des vitraux du XVI ème siècle et un plafond en bois à motif de losanges. C'est beau !


Je fais un détour par Villeret mais l'église est fermée. Je peux voir l'intérieur à travers une grille. Des contreforts ont été rajoutés. Ça donne une drôle d'allure à l'édifice. La rue est envahie par les hirondelles ! Je n'en avais jamais vu autant !


Je finis par prendre de la hauteur. Je chemin est un peu raide et il commence à faire chaud. Je domine toute la région. Les chemins sont très longs, pas d'ombre et presque plus d'eau !

Je finis par descendre vers Rosnay l'Hôpital. Mes hôtes habitent derrière l'église. Très bel accueil, j'ai un petit logement pour moi toute seule, la piscine si je le désire. Blandine ramasse des légumes pour le repas et Jean Claude me propose une visite de l'église.



Nous commençons par la crypte. Elle est superbe et en très bon état. Je traque les facéties des sculpteurs.


Le comté de Rosnay était très riche. L'église est imposante mais n'a pas été finie, faute de financement. Il n'y a pas de voûte mais un plafond. Les vitraux ont été démontés pendant la guerre et donc conservés. Ils datent du XVI ème siècle.


Les sculpteurs s'en sont donnés à cœur joie !


A l'extérieur, un narthex à pan de bois et une façade plus récente.

La soirée sera agréable, en famille. Nous parlerons de chemin, évidemment, mais aussi agriculture car Jean Claude a repris une ferme et Blandine est professeur au lycée agricole de Troyes.



Vie quotidienne :

Je ne sais pas si c'est à cause d'avoir passé la journée à visiter des églises, mais cela m'a emmenée dans des réflexions sur la marche.

Pourquoi je marche ? Répondre honnêtement à la question n'est pas facile.

Je marche pour marcher. Nous sommes faits pour marcher et non être assis à longueur de journée devant des écrans. J'ai le sentiment d'une machine bien huilée alors quel plaisir, même pour de très longues étapes ! Je marche pour être dans la nature. Nous en faisons partie. Et qu'est ce qu'elle est belle ! On se rend compte de la diversité, c'est une vraie richesse.Je marche pour la rencontre. Les autres vivent autrement, pensent différemment, on s'enrichit dans l'échange.


Je marche car c'est plus qu'un luxe aujourd'hui où tout va si vite ! C'en serait presque subversif, non ?


Et j'ai marché pendant 30km.

En prenant un copieux petit-déjeuner, nous discutons itinéraire. Blandine me conseille d'éviter Précy Saint Martin qui n'a pas d’intérêt. L'étape se trouve raccourci de 14 km...

Après avoir laissé un message sur leur livre d'or, je me mets en route en utilisant les chemins agricoles et chemins noirs pour rejoindre Brienne le Château.

Je rejoins le chemin à Saint Léger sous Brienne. A travers bois et en passant devant un petit arboretum, j'arrive au château où je ne suis pas sûre que je puisse entrer mais le portail était ouvert...


J'arrive dans Brienne et passe visiter l'église Saint Pierre Saint Paul avec ses vitraux en grisaille. Superbe !



Brienne est la ville de Napoléon. Il a été élève à l'école militaire. Il reviendra à Brienne en partant pour l'Italie et en 1814, il perdra la bataille et ce sera l'exil.



Je quitte Brienne par un chemin éducatif, le chemin du Berger. Au loin, j'aperçois le lac d'Amance, le plus petit des trois lacs de la forêt d'Orient.


J'entre dans Dienville en passant le pont. L'église est ouverte. Trésors et statuaires sont en vitrine. Une particularité, une verrière sur la Genèse. Et la porte du nord avec sa tête de mort...


Je vais dormir au Colombier. Je serai réveillée par les cloches !


Un couple de Rennes vient s'installer à côté de moi. Il s'avère qu'il est aussi adepte des chemins de Compostelle ! Belle rencontre. Nous passons un bon moment ensemble.



Vie quotidienne :

Se pose la question de renvoyer la tente ...ça va devenir compliqué de caler les étapes avec les campings jusqu'à Besançon.

34 km moins 14, soit 20km pour aujourd'hui.

Le clocher aurait dû m'alerter...il n'y a pas eu que l'angélus ! La cloche a sonné toutes les heures de la nuit. C'est seulement utile pour un insomniaque qui n'aurait pas de lumière !


Bref, drôle de nuit. Du coup, je reste dans mon duvet pour apprécier cet angélus.

9 degrés au réveil ! Partie à 8h car la journée est prévue chaude.

En m'installant hier, le gérant du camping m'a indiquée un autre chemin pour rejoindre Dolencourt. Décidément, les gens ne veulent pas que nous fassions des km inutiles !!! Suivre le chemin jusqu'à Unienville, puis prendre la départementale. Eh bien c'était un bon plan : pas de voiture et de l'ombre. En attendant, je quitte Dienville qui a l'air sympa. Je prends de quoi à la boulangerie et rejoins le chemin. Je traverse l'Aube.





Puis je prends cette fameuse départementale, passe un bled qui me fait chanter Téléphone ! Un chevreuil traverse la route.


Je longe le canal d'amenée. Il y a une énorme écluse.

Je suis tranquille, puis bifurque et rattrape le chemin. J'arrive en haut du coteau et découvre des vignes et une grande roue ! C'est Nigloland, le troisième parc d'attraction de France paraît il ! Exceptionnellement, je m'enduis de crème solaire.


Je descends à Dolencourt, me mets à l'ombre et contacte les gîtes pour les prochaines étapes. Après une heure de marche, je m'installe pour déjeuner à l'ombre d'un grand frêne et fais sécher ma tente. Ce soir, je suis à l'hôtel. Les grillons stridulent comme jamais !


Une fois en haut du coteau, la vue est superbe. La descente sera longue. Tous les coteaux en face sont couverts de vignes. L' Aube est une grande productrice de Champagne.


J'arrive à Bar sur Aube. Je croise une dame qui repeint ses volets. Elle me propose de l'eau et des biscuits ! J'accepte cette pause forcée de bonne grâce car je ne me suis pas arrêtée depuis le déjeuner.


Bar sur Aube, pays de Bachelard, petite ville restée dans son jus, vieilles maisons, petites ruelles, belle église.

Vie quotidienne :

Accepter les gestes de gentillesse que les anonymes me donnent tout le long du chemin, même si je n'en ai pas besoin et donner de mon temps pour la rencontre... Donner et recevoir.


30 km pour aujourd'hui.

Ah la belle étape !!!

Toute en opposition : chaleur et fraîcheur, forêts et vignes, culture et enfermement, chemins moelleux et pierriers, joie et peur, grimpettes et belles descentes !


Je quitte Bar sur Aube de très bonne heure, ne trouve qu'une boucherie ouverte, me fais héler par un couple : "Vous faites la Francigena ! Ça se voit !" Et c'est parti pour la rencontre. Quand il apprend que je suis de Lille, le couple m'annonce qu'il va visiter Saint Quentin, Arras et la Côte d' Opale. Me voilà en train de donner les bons plans !


Je quitte ces gens bien sympathiques en traversant la ville.


Je rattrape le chemin vers le lieu dit Sainte Germaine. Commence alors l'ascension d'un chemin escarpé. Je suis déjà en sueur et il ne fait pas 11 degrés ! J'arrive auprès d'un corps de ferme en rénovation, il y a une table d'orientation et un point de vue magnifique. Il y a même un endroit dégagé pour se lancer en parapente.


Je me dirige vers Baroville à travers les bois. Je suis au frais. Le sentier est moelleux sous les pieds. Les écureuils s'échappent, j'observe une sittelle torche-pot. Quelle agilité ! Puis la descente se fait à travers les vignes, ça chauffe au soleil et c'est caillouteux.


Sommière des moines

Baroville possède de nombreuses maisons de Champagne, dont certaines primées lors des concours agricoles. Je traverse le village et regrimpe le coteau à travers les vignes avant de rentrer dans la forêt. Je vais suivre la sommière des moines pendant 5 km et me retrouverai à Clairvaux. Clairvaux, l'Abbaye, Saint Bernard ! Je longe un mur interminable. Mais où est l'Abbaye ?






Et là, je comprends. Clairvaux, la prison. Je n'avais jamais fait l'association ! Je rentre dans la cour. Sur le bâtiment d'accueil, un panneau indique que la visite guidée est commencée. Dommage ! La guide m'aperçoit et me dit que sa collègue arrive. J'ai attendu à l'ombre un bon quart d'heure, personne.


Alors me voilà attablée au bar à boire un coca. Quand je suis entrée, les hommes au zinc, personnel pénitentiaire, m'ont regardée avec des yeux ronds ! Je remplis de nouveau ma poche à eau et pars.




Avant d'attaquer le long cheminement qui m'attend dans les bois, je m'installe pour déjeuner près d'une petite rivière et mange mon traditionnel feuilleté à la viande !


Et je retrouve la forêt...avec des grands chemins et des plus escarpés. A force d'entendre les gens me demander si je n'ai pas peur toute seule, je me fais une frayeur en entendant un animal déguerpir derrière un taillis !

Je découvre même que je suis sur un chemin emprunté par Jeanne d'Arc !


J'amorce ma descente vers Cirfontaines en Azois. Le chemin devient un vrai pierrier. Je trouve un banc à l'ombre d'un platane pour faire une pause. Je me déchausse. Le cantonnier passe en tracteur et me fait signe. Une camionnette s'arrête et klaxonne : le boucher. Je vais le voir. Il passe 1 fois par semaine. Autre réalité...



Afin de ne pas dépasser les 40 km, je prends la route pour rejoindre Aizenville, puis Orges. Je ferai une dernière halte sur un banc au pied d'un calvaire, au frais sous la brise. Je taillerai bavette avec une vieille dame en demandant la route puis arriverai au Moulin de la Fleuristerie où m'attend une belle surprise.



Fabrication des pistils

Ce moulin est un lieu du patrimoine vivant. En effet sont fabriqués ici pistils, pétales de fleurs et feuilles artificiels à destination de la Haute Couture. C'est le dernier endroit en France. Les machines datant du XIX ème siècle sont toujours actionnées par la roue à aubes. Annette me fait une démonstration puis me fait visiter l'atelier. Je suis ensuite accueillie dans sa maison.

La soirée sera très agréable : repas partagé avec son mari puis visite de la halle aménagée en salle de réception. Demain il y a un repas de mariage...



Vie quotidienne :

Ode aux bancs publics

Je trouve de moins en moins de bancs publics pour faire ma pause. Le vrai banc public, avec un arbre pour l'ombre. Un banc pour les rencontres, casser la croûte, faire la sieste ou juste s'assoir.

Pas ce mobilier urbain, avec séparateur, ayant parfois une forme ondulée, en pierre, tout raide, si inconfortable qu'on n'y reste pas et sans ombre possible.

Aujourd'hui, j'ai été gâtée pour me reposer de mes 35 km...

Je quitte un peu tard le Moulin. L'accueil a vraiment été extra.

Je grimpe le coteau, trouve une treille sauvage, goûte le raisin et voit surgir des fourrés un sanglier, puis un deuxième suivi d'un troisième ! Ils traversent le champ à toute vitesse !

Une partie de la journée sera gâchée par un bruit de fond, l'autoroute A 5 est tout près. Je passe d'ailleurs dessous avant d'arriver à Châteauvillain. Belle bourgade, qui a un très riche passé. Je ravitaille, fais un rapide tour et pars à travers champs rejoindre la forêt domaniale. Heureusement que je me suis réconciliée avec elle, car j'en ai déjà traversé et ce n'est pas fini ! Je la trouve moins agréable qu'hier, mais peut être suis-je moins en jambes, en tout cas je suis au frais.


Je m'installe sous un immense hêtre pour déjeuner. La forêt souffre aussi de la sécheresse. Les feuilles des arbres s'enroulent, roussissent pour certains. Je dois rattraper une route forestière. Les petits chemins sont pleins de grandes herbes. J'espère que je ne vais pas ramener de tiques.

Cette route forestière va tout droit pendant au moins 4 km. Je suis surprise par une forte odeur, ce n'est pas du bouc, pas du cheval. J'ai compris ce que c'était quand je vois débouler devant moi un gros sanglier !

Plus loin , ce sera une laie et 4 marcassins. Et enfin, encore 5 sangliers traverseront le chemin ! Je comprends pourquoi depuis hier les champs en bordure de forêt sont protégés par une clôture électrique.



Je retrouve la chaleur de la route et arrive à Richemont. Le village a l'air désert. Je vais ravitailler en eau au cimetière, me mets au frais sous un arbre puis choisis de suivre la route pour finir l'étape. Je gagne 2 km à ne pas repasser par la forêt. J'arrive à Mormant. Il y a une ancienne abbaye.



Située sur l'ancienne voie romaine de Langres à Reims, cette abbaye fondée en 1120 avait pour vocation d'être une maison hospitalière. Quand on voit ce qu'il en reste, cela a dû être un haut lieu.

Je suis logée dans un gîte d'étapes. Il y aura deux chasseurs ce soir, j'aurai de la conversation !


Vie quotidienne :

Je m'étire, je vais m'étirer, je dois m'étirer, il faut que je m'étire, j'ai oublié de m'étirer. Et quand je m'étire, je pense au boulot... M'étirer m'a permis de faire 28 km aujourd'hui.

Il aura été dit que je traverserai le plateau de Langres sous un soleil de plomb et pendant la journée la plus chaude de la semaine.

J'ai bien dormi, même trop dormi. J'ai dû mal à émerger. J'ai pris soin avec Annick qui m' héberge de regarder l'itinéraire. Elle me confie les relations un peu tendues entre la fédération de la Voie Francigena et la fédération Française de Randonnée. Les marcheurs ou les pèlerins, là aussi il y a débat, se plaignent des circonvolutions du GR 145.

Donc, avec Annick, on coupe et je passerai sur d'anciennes voies romaines .Je vais traverser le bois de Mormant et rejoindre Marac.


J’arrive au bois et franchis la clôture électrique, rencontre deux chasseurs en train de nettoyer le sentier. L'un d'eux me regarde étonné, n'en revient pas, et " vous n'avez pas peur, en plus il faut se coltiner le sac ... " On discute chasse, nature, protection de la faune. Puis à la sortie du bois à la maison forestière, je retrouve les deux chasseurs du gîte en train de faire le grand ménage ! En bruit de fond, comme hier, l'autoroute...

En une heure de marche, j'arrive à Marac. Beau petit village avec un patrimoine bien conservé : vieilles maisons, puits rond, pigeonnier du XII ème siècle, lavoir, vieux pont. Puis je rattrape la voie Francigena à Beauchemin après être passée sur l'autoroute. Il y a du monde sur le chemin du retour !


Je choisis d'aller directement à Saint Ciergues. Le village surplombe le réservoir de la Mouche. L'église est ouverte, je vais visiter puis je reprends de l'eau au cimetière.


Par une sente tortueuse, je descends jusqu'au barrage, le traverse et m'installe au bord de l'eau pour manger. Les abords sont tondus et de nombreuses familles sont là pour pique niquer et se baigner.


Un chemin ombragé suit le lac, c'est agréable avant la montée du coteau et la traversée du plateau en plein soleil. Heureusement, j'aurai avec moi sauterelles, criquets et autres grillons comme compagnie. Ça saute et ça vole tout le long du chemin !


Puis de nouveau, de l'ombre, un petit chemin qui descend jusqu'à Brevoines où je découvre une superbe petite église. Une équipe de bénévoles travaille à sa restauration depuis des dizaines d'années.


Ça y est, j'aperçois Langres. Il va falloir continuer à grimper ! L'arrivée se fera par un petit sentier, j'y trouverai mon goûter, traverserai un petit passage rempli de guêpes pour aboutir aux pieds des remparts.


Je campe pour la dernière fois. Je mets la tente à la Poste demain. Je suis installée au pied d'une grande tour. Ce soir, cadeau : coucher de soleil sur la campagne du haut des remparts.


Vie quotidienne :

Depuis hier, j'ai croisé de nombreuses croix, parfois en plein bois...

27 km, le goudron ne fond pas encore sous les semelles !

Repos forcé car la Poste n'ouvre qu'à 13h30.

Je pars découvrir Langres à la fraîche. Belles façades Renaissance, petites ruelles, remparts...et Diderot !

Je ravitaille, mange au camping, démonte la tente sous un soleil de plomb et pars pour la Poste.

Comme l'an dernier, j'ai un pincement au cœur à renvoyer ma tente, j'ai l'impression de perdre ma liberté. J'arrive à la Poste, j'explique ce que je veux, les employées sont super sympas, m'offrent un café, des caramels maison, on discute... Je n'ai jamais vu cela !


Puis je me dirige vers le presbytère qui fait Accueil Pèlerin. Dans la cours, il y a un pèlerin, Giovanni. Une dame nous installe et nous faisons connaissance. À 16h, nous allons faire tamponner la credential et il y a Christine, une franco britannique. Nous sommes tous les trois heureux de nous retrouver. Chacun est le premier pèlerin de l'autre !


Je propose à Christine de monter en haut des tours de la Cathédrale. Nous voilà parties faire les touristes. Nous montons les 227 marches. La vue est superbe.


Nous faisons un tour dans la Cathédrale...

Puis, nous irons faire les courses pour un repas commun. Au menu, melon, omelette aux champignons, salade, fromage de Langres, vin rouge, yaourt.

Nous échangeons nos plans d’accueil. Giovanni va jusqu'à Rome, Christine à Canterbury. 3 générations autour de la table : 33, 51 et 77 ans !

Vie quotidienne :

Une vraie pause, de belles rencontres, une ville riche d'un passé fastueux, le soleil, un bon repas.... la vie est belle !

Nous nous sommes retrouvés à la boulangerie sur la place Diderot pour prendre le petit déjeuner ensemble. Puis les adieux et chacun part de son côté, Christine pour Orges et Giovanni va visiter Langres.

Je descends vers la porte Henri IV, aperçois la retenue d'eau de Lecey que je vais longer. Je retrouve le canal de la Marne ! J'arrive au pied de la retenue d'eau. Je vais longer le lac par sa gauche.



Je traverse Langres Plage, c'est désert. Je suis matinale, il n'est pas 8h30 ! Le chemin devient un petit sentier ombragé qui s'écarte plus ou moins du lac.


J'aperçois Langres au loin. Je mettrai 2 heures pour arriver à Lecey. Entre temps, j'aurai retrouvé mes sittelles torche-pot qui toquent sur les arbres et surpris une biche au détour du chemin. Je regardais le bas côté et en relevant la tête, je l'aperçois. Elle me regarde, hausse son cou, nous nous observons. Puis elle détale.


Je vais ensuite couper par Chateney Vaudin, traverser une nationale et la ligne de partage des eaux. Puis j'amorce une longue descente de plus d'1 km vers Culmont. Le paysage change. De nouveau des bois et des champs de maïs, puis des pâturages où l'herbe est grillée. J'entends et voient des rapaces qui planent.


Je m'installe pour déjeuner devant l'école maternelle, à l'ombre de marronniers, pour un repas un peu frugal mais il fait déjà très chaud et je n'ai pas très faim. Je suis à 2km de l'arrivée.

L'arrivée sur Chalindrey me paraît longue. Les maisons ne sont pas terribles, pavillons de divers styles suivant les époques. C'est sûr que cela n'a rien à voir avec hier ! Je croise un pèlerin écossais qui cherche un café d'ouvert.

Je suis accueillie par Bruno. Il est 14 h. Il se propose de laver mon linge et j'ai une cuisine à disposition pour ce soir. Je lui demande où je peux ravitailler. Il me répond, hilare, que je suis passée devant ! En effet, j'avais hésité et m'était dit qu'en centre ville, je trouverais bien un commerce. Toujours écouter son intuition... Ça va me coûte 1,6 km en plus.


Vie quotidienne :

L'arrivée sur Langres il y a deux jours s'est faite sous une forte chaleur. J'ai eu beau faire sécher les chaussettes pendant les pauses et même en changer, j'ai eu mes premières cloques !

Elles ne m'ont pas empêchée de faire 24,6 km !

Après la sieste, j'ai trouvé Bruno attablé. Il travaille de nuit. Ma lessive est sèche et repassée. Je suis confuse :" Mais il ne faut pas !" Nous faisons plus ample connaissance et Bruno propose de me déposer au supermarché en partant travailler.

J'ai la maison pour moi. La nuit sera excellente. Au petit déjeuner, nous poursuivons la conversation d'hier et parlons itinéraire. Bruno, ayant écumé tous les sentiers en VTT, me propose de rejoindre Notre Dame des Bois par la forêt et de redescendre sur Violet.

Puis je me mets en toute. "Attention à vous ! " me dit-il en me faisant deux grosses bises sur les joues.

De la Francigena, cette étape n'en n'aura que la fin. Chemins blancs, chemins noirs et petites routes vont d'alterner pour arriver à Leffond.

Je sors de Chalindrey, bourgade où il n'y a plus grand chose, même le dépôt SNCF est en voie de fermeture...

Un chemin m'amène sur la route de la forêt. Ça sent l'automne.


J'arrive à Notre Dame des Bois. Je pensais trouver une toute petite chapelle...Je prends en face le chemin de croix qui m'amène sur une route.


Sur la carte, je remarque un chemin qui m'évite de monter au village. Je le prends et rencontre un monsieur qui cueille des mûres. Je me renseigne sur le chemin et nous discutons recettes de tarte aux mûres. J'aime beaucoup le paysage que je suis en train de traverser. Je le trouve apaisant.


J'arrive à Rivières le Bois après avoir grimper une belle côte. Le village est désert... Que s'est-il passé ce 10 juin 1488 ?*


Je poursuis par une petite route pour arriver à Grandchamps où je ferai une halte de plus d'une heure au bord d'un étang. J'ai l'impression de me trainer, il fait chaud, j'ai déjà fait 16km... Le village est sympa.


Toujours par la route, je passe Maätz puis Coublanc. Je traverse le village qui a de beaux restes puis reprends la Francigena en plein soleil. Il fait très chaud. Ça sent la luzerne...


J'arrive à Leffond. L'accueil est ouvert, tout est prêt, le frigo rempli. Bernard passera tamponner la credential et récupérer le règlement en fin d'après midi, après l'enterrement qui a réuni le village.

Vie quotidienne :

On marche pour avancer, c'est sûr. Les rencontres font aussi avancer, à pas de géant des fois, avec les bons plans des raccourcis, mais aussi par les quelques mots échangés ou les conversations plus longues. Certaines fois, ça fait mouche. Et l'on repart l’œil humide... avec un seul mot en tête : gratitude.

25 km à rajouter au compteur !

*Après quelques recherches, date à laquelle la ville de Mojácar en Espagne devint catholique. Curieux d'avoir une telle rue dans un village de Haute-Marne !

La cloche a sonné toutes les heures de la nuit et une clochette style carillon de chez nous tous les quarts, le frigo a remplacé un hypothétique compagnon de route ronfleur !

Je suis partie alors que l'angélus sonnait.

L'étape prévue est très longue, je vais gratter des km en prenant la route pour Champlitte.



En quittant Leffond, les hirondelles me font une haie d'honneur, je prends leurs cris pour des encouragements !

J'entends la rivière qui suit la route.


J'arrive à Champlitte par les pelouses sèches. Ces pelouses abritent une faune et une flore spécifiques : près de 220 espèces végétales, 65 espèces d'oiseaux, une centaine d'espèces de papillons,et côté flore toute une série d'orchidées. Des moutons entretiennent cette pelouse.


Je passe à l'Office de tourisme où j'apprends que Champlitte se veut être la ville référente pour la Via Francigena. On me met un beau tampon sur la credential, on me donne un plan pour quitter la ville en découvrant le patrimoine. Je découvre que l'on fait du vin et cultive la truffe.



Je continue toujours par la route vers Margilley, puis Framont dont j'aperçois le clocher de l'église. C'est le clocher traditionnel francomtois en tuiles vernissées. Le village comme beaucoup déjà traversés compte énormément de maisons fermées. Je rattrape la Francigena au lieu dit le Crochot et déjeune à l'ombre sur la margelle du pont.


En repartant sur le chemin, je vois passer dans l'herbe un serpent. J'ai le poil qui se hérisse ! J'ai failli marcher dessus. Au loin, Montot.

Le chemin s'en va ensuite tout droit pendant 3, 4 km. Le cerveau est en mode pause, les jambes fonctionnent toutes seules. La chaleur, la fatigue, peu de pause et plus d'eau.... le cimetière, excentré, n'avait pas de robinet. Je passe au large de Dampierre sur le Salon. J'avais envie de voir la mairie - lavoir mais je ne m'arrête pas. Le paysage s'est soudain aplati. Il y a de belles prairies en fleurs.

J'arrive à Autet. Je trouve un banc à l'ombre et pause une demie heure. Il doit rester 5km...


En haut de la côte, l'église, son cimetière et un robinet, je bois et fais le plein. Il était temps ! Je rentre dans l'église. Dans le fond de l'église, un panneau en bois avec les textes en latin sur les réparations des blasphèmes et de la profanation des dimanches de la confrérie réparatrice des blasphèmes...


Je traverse la grande route et rejoins un chemin qui ira en rétrécissant, passe sous un pont appelé sur la carte le pont du diable et arrive sur les bords de la Saône. Il me reste 2km.


Je passe près du tunnel de Savoyeux. Je croise un couple de pèlerins italiens qui cherche un endroit pour du camping sauvage. Le chemin continue au dessus du tunnel. Je bifurque au milieu vers Savoyeux où m'attend Monique, une collègue, avec une tarte aux myrtilles et du kéfir bien frais !

Vie quotidienne :

Se pauser et regarder en arrière, un exercice que je pratique souvent pour la photo. Le paysage ne rend pas pareil, on se rend compte de la distance parcourue. Regarder en arrière, c'est s'apercevoir que je suis partie depuis 24 jours, que j'ai fait 704 km, soit une moyenne de 29,33 km par jour.


34 km aujourd'hui .

Une belle étape où j'ai fait des sauts de puce de village en village.

La nuit a été réparatrice. Je pars un peu tard mais Monique est bavarde !

Nous échangeons sur nos expériences communes et Monique me parle de prévention en milieu rural et du suivi des personnes du 3 ème âge. Nous avons aussi revu l'étape. Pas de Francigena mais une suite de petites routes tranquilles.


Je prends la route, passe sur la Saône et me dirige vers Mercey sur Saône. La proposition de Monique est intéressante : découvrir les fontaines lavoirs, les clochers en tuiles vernissées et des retables d'églises si elles sont ouvertes. Je vais successivement traverser Motey sur Saône, Sainte Reine, Igny, Angiray, Citey, Vellefrey et Bucey lés Gy. Je raccourcis par la même occasion l'étape d'une bonne douzaine de km.



Le premier lavoir est celui de Mercey.


Puis je longe la Saône jusqu'à Motey...


Traverse la forêt pour déboucher à Sainte Reine.


Ici, le lavoir est détourné en bassin à poissons !!



La boîte aux lettres confortablement installée...un paon ne veut pas faire la roue... Je vais longer des km de champs de maïs. Une brise bienfaisante rafraîchit et fait bruisser le maïs. Je pense être en pleine nature et en fait j'ai un oléoduc sous les pieds !


J'arrive à Igny. La fontaine lavoir est splendide.



L'église possède un magnifique retable. Je n'en verrai pas les détails car une porte grillagée interdit l'accès de l'église.


J'arrive ensuite à Angiray. A l'entrée du village se trouve un chêne magnifique. S'il fait aussi froid qu'il fait chaud, on comprend les énormes réserves de bois ! Le lavoir a aussi des poissons.


Je continue vers Citey où j'aperçois ce qu'on appelle ici les maisons vigneronnes. Elles sont immenses.

Puis j'arrive à Vellefrey.


Enfin, me voilà à Bucey lés Gy qui possède aussi une mairie lavoir. On comptait paraît il à la fin du XIX ème siècle près de 1850 fontaines et lavoirs en Haute-Saône.


Je trouve la clé du gîte dans une boîte, les consignes sur la table. Maryse passe tamponner ma credential et récupérer le règlement. Je prends le temps de la rencontre. J'avais choisi ce gîte pèlerins en me disant que j'aurais peut être un peu de compagnie...et bien non. Seule en tête à tête avec moi même !

Vie quotidienne :

Pas de réseau, et c'est comme ça pour tout le village. Je découvre ce que c'est que d'être en zone blanche... Pas de nouvelles, pas de coups de fils, pas de recherche internet pour l'étape de demain, pas de carnet de voyage, pas de connexion avec le bracelet, juste que j'ai fait 24,5 km aujourd'hui. Et c'est bien ainsi.


L'église est sur les hauteurs, je tente ?

Couchée de bonne heure, grosse nuit, départ à la fraîche...

J'ai cherché à modifier l'étape car il y a beaucoup de forêts mais en passant par la route il y a trop de dénivelés. Je poursuis le chemin des écoliers : les chenapans, ils ont effacé la plaque de rue ! L'école est de taille ! Bucey est vraiment un village typique franc-comtois. Les maisons vigneronnes sont légions, avec grange, écurie, habitation, cellier tout cela sous le même toit.



Je grimpe la route Folle, domine le village et récupère du réseau.


J'arrive au niveau des vignes. Comme sur Champlitte, les vignes ont été décimées à la fin du XIX ème siècle. Je passe près des pelouses sèches et entre dans la forêt. Tout compte fait, vue la chaleur qu'il va encore faire aujourd'hui, c'est bien d'être au frais dans les bois. De plus, j'ai grimpé le coteau alors le chemin va être tranquille.



J'aperçois des champignons. Je n'en avais pas encore vu. Il faut dire qu'il fait très sec, le sol est craquelé. En redescendant sur Montboillon, je croise des cueilleurs de champignons. Ils cherchent du cèpe, me disent qu'il y a eu une levée car il a un peu plu mais qu'il y a au moins 8 jours de retard à cause de la chaleur. J'ai mis 2h30 pour faire les 12 km.



Montboillon a aussi sa fontaine lavoir et son clocher à tuiles vernissées.


Lavoir d'Etuz - Mairie lavoir de Cussey

Je continue vers Etuz puis Cusset sur Ognon par la départementale. Il y a longtemps que je n'avais pas vu autant de voitures, ça pue ! Il fait vraiment très chaud, je ruisselle. A Cussey, juste une boulangerie-épicerie. Je ne prendrai que le dessert.


Vivement la forêt, que je rejoins rapidement.


Ce champignon rose est un Anthurus d'Archer

Les mycologues de ce matin avaient raison, le chemin est parsemé de champignons. Je trouve même des bizarreries...

Le chemin aboutit près de la voie TGV.


Ici, la gare se trouve au bord de la forêt. J'arrive juste à temps, il me reste 6 minutes pour prendre le TER pour Besançon Viotte ! 10 minutes de train contre 10km, c'est bien ! Je n'aurai pas la banlieue de Besançon à traverser en plein cagnard !


Je quitte la gare et descends vers le centre ville, passe le Doubs et me rends à l'Office de tourisme.

Vie quotidienne :

C'est la braderie à Lille, et bien ici aussi...

23,7 km aujourd'hui.

Ça devient une habitude...

J'ai tellement pris d'avance sur ce que j'avais établi que je prends un repos forcé et Bernard avance la date de son départ...

L'air s'est bien rafraîchi, c'est le premier dimanche du mois, les musées sont gratuits.

Je déambule dans les rues jusqu'au musée des Beaux-Arts.


Le pont Battant - L'église Sainte Madeleine - la Synagogue - le musée des Beaux-Arts

Le musée a été entièrement refait. L'intérieur est vraiment original. Tout s'articule autour d'un colimaçon. Se trouvent mélangé le bâtiment classique et une structure en béton brut, tout comme les œuvres, tableaux, sculptutes et collection d'archéologie.

C'est surprenant, mais très réussi je trouve.

Quelques tableaux de Courbet, évidemment...

Saint Joseph charpentier, De La Tour.

Je poursuis dans Besançon, déjeune et me rend à la gare pour accueillir Bernard. Le train a du retard, plus d'une heure à attendre... Une jeune fille aux longs cheveux blonds s'est mise au piano et joue pendant près d'une demi heure des morceaux de musique répétitive. Ah écouter de la musique, ça me manquait ! Comment peut on vivre sans écouter de la musique ? J'applaudis .

Puis elle cède sa place. Je me suis mise à écrire mon carnet. J'entends Chopin, je relève la tête et voit un monsieur à cheveux blancs. Autre génération, autre style.

Puis j'aperçois Augustin qui entre dans le hall !!! Je m'en serais douté !

Quelle joie ! Nous retrouvons peu après Bernard.

Nous voilà partis déambuler dans les rues pour rejoindre la Citadelle. Nous passons devant le Palais Granvelle qui est le musée du Temps.

Nous arrivons devant la maison natale de Victor Hugo, puis sous la porte noire, érigée vers 175 après Jésus-Christ en l'honneur de Marc Aurèle. Cet arc est richement sculpté.

Je souhaite voir l'horloge astronomique. Cette horloge est composée d'un mécanisme de plus de 30 000 pièces cachées dans un meuble de style Napoléon III. Elle possède 57cadrans et donne l'heure évidemment, mais aussi la position de la lune, du soleil, des planètes, la date des marées... Nous ne serons pas à l'heure pour la voir !

Nous faisons un tour dans la cathédrale Saint Jean qui rassemble différentes époques, du XII ème au XIX ème siècle.

Puis nous finissons par atteindre la Citadelle, un des chefs d'œuvre de Vauban. Les remparts épousent le relief et s'étendent sur 12 hectares.

Nous redescendons vers la promenade Granvelle. En route,...

Des stands sont installés sur la promenade. Il y a plein de spécialités gastronomiques. Ça a lieu tous les ans. Nous nous installons pour boire une bière, un groupe joue du jazz, des couples dansent. Belle ambiance. Nous finirons avec une morbiflette.

Vie quotidienne :

Juste savourer les bons moments que la vie nous offre, l'inattendu qui donne tant de joie.

Balade dans Besançon qui met 12,5km au compteur.

En sortant de l'hôtel, nous croisons des enfants partant à l'école, puis des lycéens. Nous rejoignons le Doubs pour sortir de Besançon. On se rend vraiment compte des remparts épousant le relief.

Le chemin suit le Doubs. Nous prenons la direction de la chapelle des Buis.

Commence alors une lente ascension. Un premier palier nous met au pied des remparts et on domine Besançon.

Après un dernier escalier, la dernière côte avant la chapelle se fera sur la route en suivant un chemin de croix. Une halte sur un banc dominant d'encore plus haut la vallée est la bienvenue ! Je suis en nage, essoufflée. C'est la première vraie grimpette depuis que je suis partie. Nous sommes de plein pied dans le Jura.

Puis nous coupons une circonvolution du chemin en rattrapant un petit chemin qu'il nous faut prendre au milieu d'un échangeur... À travers champs et bois, nous arrivons à Saône où nous ravitaillons en prévision de ce soir et demain matin. On entend la cloche, c'est celle des vaches qui donnent le lait pour le comté. Il y a des colchiques sur le bord du chemin. La rentrée, les hirondelles sur les fils, les colchiques, tout fait penser à l'automne...


Nous traversons Mamirolle. Deux dames très sympathiques qui nettoient l'église nous racontent un peu l'histoire du village. Une des deux frémit quand elle apprend que je suis partie seule.

Le chemin continue de grimper. On observe des rapaces. Nous atteignons l'altitude de 640 m. Puis nous découvrons un point de vue et faisons la connaissance d'un monsieur qui nous apprend la présence de chamois !

En descendant sur Foucherans, nous verrons effectivement un chamois à travers les arbres. Il paraît qu'il y en a une quinzaine. Nous passons devant la fontaine lavoir tout juste restaurée et arrivons au gîte.

Vie quotidienne :

Les chamois avec les vaches dans les prés. On est loin de l'image d'Épinal du chamois sur son rocher enneigé....

Réchauffement climatique ?


29 km pour aujourd'hui.

Nous avons été accueillis dans une maison de 1640 qui fait gîte musée rural.

Beaucoup de rosée au matin sur les chaussures oubliées dehors...

Nous prenons la route et en observant les vaches allant au pré, nous loupons le chemin.

Alors chemin noir dans une immense pâture pour rattraper le bois, quelques clôtures à passer, puis l'ancienne voie de chemin de fer qui nous emmène à Ornans.

C'est confortable, ça descend doucement. Le paysage a complètement changé. On surplombe une vallée encaissée. C'est rocheux, boisé. Nous traversons un tunnel de 180 m. A notre passage, la lumière s'allume ! En fait, à la sortie, je découvre un panneau photovoltaïque prévu pour l'éclairage. Puis nous passerons sur quelques ouvrages d'art.


L'arrivée à Ornans se fait par la zone commerciale et industrielle...

Puis nous entrons dans cette cité de caractère traversée par la Loue.

Ornans est aussi la ville natale du peintre Gustave Courbet.

Nous poursuivons le chemin qui va suivre la Loue jusqu'à sa source.

Nous passerons Montgesoy, Vuillafans. A Lods, la Loue a plein de cascades artificielles. C'était pour alimenter les scieries et l'usine de clous. Sur le coteau au soleil, il y a des vignes.

Vuillafans
Lods

Bernard est resté discuter avec un pêcheur. J'avance, passe le pont et commence à grimper pour rejoindre l'église. Bernard a vite fait de me rejoindre. Le chemin continue à grimper, on domine bientôt le village. Ce n'est pas fini ! Ça continue ! Une mante religieuse m'arrête en pleine montée, belle aubaine. Je retrouve Bernard assis sur un banc en train d'admirer le paysage.


Avant d'arriver à Mouthier Haute Pierre, une vue d'ensemble du haut d'un promontoire ...

Mouthier était réputé pour ses cerisiers à kirsch. Les coteaux sont couverts de vergers. Cela doit être beau au printemps, tous ces cerisiers en fleurs !

Vie quotidienne :

Retrouver mon rythme de marche, sinon je vais être fatiguée...


28,4 km aujourd'hui

Pour une fois, pas de côte au démarrage mais une belle descente pour rejoindre la Loue.

Puis le sentier rejoint la centrale hydroélectrique et part dans les bois.

Nous allons suivre la Loue jusqu'à sa source, soit deux heures de marche sur un sentier très escarpé, surplombant la rivière. Je me laisse convaincre de progresser avec des bâtons de marche.


Le bruit de la rivière est assourdissant. Le soleil ne parvient pas jusqu'au fond de la vallée. Il fait frais, même avec l'effort de la marche, j'ai du mal à me réchauffer. La nature est grandiose.

Le soleil commence à apparaître. Nous décidons de faire une pause sur un promontoire au soleil, histoire de se réchauffer. Cet endroit va devenir pour quelques minutes l'annexe de mon bureau... Quelle vue !

Toutes ces tonalités de vert...des arbres, de la végétation à l'eau.

Puis nous arrivons au saut de la Loue, cascade superbe, fracassante, bruyante !

Le chemin est fort escarpé, les bâtons m'aident beaucoup. Bernard crapahute tranquillement.

Nous arrivons au barrage, retrouvons la route et croisons des touristes.

Puis la source, une autre origine du monde*.

Après une pause café, nous reprenons la route pour rejoindre une forêt de sapins. Le paysage change radicalement. Dans la forêt, on aperçoit une énorme fourmilière.

Puis le chemin va redescendre vers des prairies qui me font penser à un gigantesque terrain de golf. Ici, la prairie est bichonnée pour avoir du lait de qualité pour le comté.

Nous apercevons Pontarlier au loin. Puis nous descendons sur Vuillecin et prenons la grand route.

Ah, après toute une journée dans une nature grandiose sans avoir traversé de village et se retrouver le long d'une route pleine de poids lourds...

L'entrée de Pontarlier se fera comme d'habitude par la zone commerciale.

Nous logerons à l'auberge de jeunesse.

Vie quotidienne :

Ravitailler dans une grande ville... Le choix sur les rayonnages, un nombre de marques à donner le tournis et ne plus savoir quoi prendre. Trop d'abondance.

Quand je pense que je n'ai que 2 T.Shirt dans mon sac...


24 km aujourd'hui.

* L'origine du monde est un tableau de Courbet.

Quel changement de temps !

La sortie de Pontarlier est du même acabit que l'entrée, si ce n'est que l'on suit le Doubs et la route de l'absinthe.

La petite pluie fine oblige à mettre la cape de pluie.

On se retrouve vite en forêt.

Le chemin ne fait que grimper, on est dans le nuage...

La pluie s'arrête, le chemin devient escarpé et étroit. Bernard qui est devant moi me fait signe. Je ne comprends pas, puis je le vois : un chamois !

Nous arrivons au point culminant devant le fort Malher du Larmont.

En le contournant, je découvre le château de Joux.

J'enlève la cape de pluie, mets ma veste. Il fait froid, un petit vent mordant s'est levé. Il ne fait pas plus de 10 degrés. Je finirai par mettre mon bonnet.

Nous descendons sur la Cluse et Mijoux.

Distillerie d'absinthe

Nous remontons de l'autre côté en prenant un chemin très étroit bordé d'orties ! Ça pique les mollets ! Puis les bas côtes deviennent plus sympathiques ! Le son des cloches accompagne la montée, le chemin arrive dans un hameau et termine dans une prairie.

Au carrefour, voyant le chemin barré à droite et devant, je prends à gauche. A mi- montée, j'ai un doute. Il me semblait avoir vu sur la carte que le chemin allait tout droit... Je me géolocalise et fais demi tour jusqu'au carrefour. Effectivement, sur la carte le chemin va tout droit et ce n'est pas un GR, d'où mon erreur. Je retrouverai Bernard qui m'attend !


Après le casse-croûte pris sur place, nous descendons sur Les Fourgs. Le fronton de la mairie indique 13 degrés ! 35 degrés dimanche dernier, 24 degrés hier, où comment passer de l'été à l'automne en une nuit ! La chute est brutale !


A la sortie du village, nous prenons une route tranquille pour aller jusqu'à Les Hôpitaux - Vieux...

Un dernier chemin, en surplomb, pour arriver à Les Hôpitaux-Neufs.

Vie quotidienne :

Les jours ont tellement raccourci qu'on se fait surprendre !

Être obligée de mettre le réveil ...


23,5 km aujourd'hui.

Superbe accueil de Xavier dans son chalet construit de ses mains.

La conversation se poursuit au petit déjeuner et nous quittons le village vers 9h. Il fait 9 degrés ! Bonnet et veste de rigueur. Au moins, j'aurai utilisé tout ce que j'ai emporté.

Nous rejoignons Jougne, joli petit village, descendons vers la chapelle romane Saint Maurice. Au loin, la Suisse...

La chapelle est d'une rare simplicité et son sol est recouvert de dalles funéraires.

La route des Échampés se termine en chemin et c'est la frontière !


Côté français
Côté suisse

Et moi, un pied dans chaque pays !


C'est drôle la Suisse... Passé la frontière, l'humour suisse, les vaches qui dorment, les prises électriques, les œufs blancs, les haricots verts....

Il existe énormément de chemins et ceux ci sont bien indiqués. Pour rejoindre Orbe, nous allons suivre le sentier des gorges de l'Orbe.

Un peu perdu car pas de carte détaillée, nous retrouvons le chemin après avoir descendu un sentier qui nous emmène dans le fond des gorges. Heureusement que j'ai mon GBS (Grand Bernard de Secours),sinon je pense que cela aurait été difficile. Bernard est capable de se situer n'importe où !

Le chemin remonte et nous surplombons la rivière. Les gorges sont profondes, le sentier agréable et facile.

Après une pause au village des Clés, nous poursuivons jusqu'à Orbe. Le temps se maintient.

Nous croiserons des grottes, longerons des conduites forcées pour les centrales hydroélectriques, passerons sur des pelouses sèches avec un changement radical de végétation.

Puis vous arrivons à Orbe. C'est une petite ville de 6000 habitants. Elle est réputée pour son vin et ses mosaïques romaines.

Nous sommes accueillis à la cure.

Vie quotidienne :

Quelle preuve de lâcher prise m'a montré Xavier hier.

Il accueille chez lui des inconnus, prête sa cuisine, partage sa table tout en continuant la conversation avec son fils et leur laisse la maison en leur disant " Faites comme chez vous " car il part en réunion !

Je ne sais pas si j'en serais capable...


23,6 km aujourd'hui

Bel accueil à la paroisse catholique de Orbe. Deux lits d'appoint ont été installés dans une salle, cuisine et douche à disposition.

Le père Jean Luc nous a fait un bref historique de la Réforme.

Le temps est plus clément et je pars donc sans veste ni bonnet.

Nous devons reprendre le chemin par lequel nous sommes arrivés.

En Suisse aussi, la Francigena (chemin 70) a ses circonvolutions ! Celle d'aujourd'hui vaut la peine.


Nous voilà rapidement dans le bois. Tout est balisé pour le semi marathon de Orbe qui a lieu demain. Ça va être physique !

Nous atteignons le haut du coteau avec les vignes, puis le village de Bretonnières. Nous partons vers Romainmôtier. Sur les hauteurs, j'aperçois le lac de Neuchâtel.


A travers bois de nouveau, on descend dans le vallon du Nozon où se trouve niché Romainmôtier. Superbe église abbatiale romane ainsi que le village qui est typique.

Le monastère de Romainmôtier a été bâti sur le modèle de Cluny. Les deux abbatiales seront très liées jusqu'en 1536, date de la Réforme en pays de Vaud. Aujourd'hui, c'est un lieu œucumenique.

Sièges des stalles

En sortant de l'église, j'entends une chorale au rez-de-chaussée d'un bâtiment qui chante à capella. C'est sublime !

Puis nous remontons le vallon vers La Sallaz. On va traverser toute une zone de nature protégée, des prairies sèches et les Buis de Ferreyres. Malheureusement, ces buis sont ravagés par la pyrale. En milieu naturel, il est difficile de traiter.

En aboutissant sur la prairie, on traverse un nuage de pyrales. Ensuite, belle forêt de hêtres avec ce que les Suisses appellent un refuge : on peut faire du feu, pique niquer.

La nature a décidé de mettre de la couleur. Tout est violet sur les bas côtes...

Arrivée à La Sallaz, puis on grimpe pour Dizy. Je pensais que la frontière franchie on ne ferait que descendre sur Lausanne...

Nous devions faire halte à Dizy, mais le gîte est complet alors nous continuons vers Cossonay. Je me traine et termine l'étape fatiguée. Je n'ai qu'une envie, me doucher et me lover sous la couette en plumes de l'hôtel !

Vie quotidienne :

Au cours de cette étape, j'ai croisé plusieurs fois des libres services de fruits et de légumes. On achète et on paie. Il n'y a personne. C'est basé sur la confiance.

Je pense qu'en France, on aurait piqué la caisse, les fruits et le frigo !!!

J'aime la Suisse pour cela. La contre partie...

26,4 km aujourd'hui.

Bonne nuit réparatrice !

Vu qu'il s'agit de faire une courte étape aujourd'hui, grasse matinée.

Après un copieux petit-déjeuner, nous prenons un chemin qui descend et suit le funiculaire de Cossonay. Je n'ai pas pensé à faire un tour dans la ville. Nous voyons se croiser les funiculaires, puis Bernard me fait signe qu'il a vu quelque chose. C'est un lynx ! Vraiment, quelle chance !


Puis nous suivrons la Venoge jusqu'à Vufflens-la-ville.


En haut du village, les vignes sont couvertes de filets.

Nous arrivons à Mex. En grimpant sur le coteau, on a vue sur le lac Léman.


Puis à travers champs, nous arrivons chez Augustin pour mettre les pieds sous la table !


Vie quotidienne :

A tenir ce carnet de voyage au quotidien, j'en oublie presque de lire. J'avais téléchargé 5 livres, j'ai du mal à terminer le deuxième...

10,4 km aujourd'hui, la plus petite étape !

Dernière étape : rejoindre le lac Léman et Lausanne.

De chez Augustin, on peut voir le lac, le Jura et quand c'est dégagé, le Mont Blanc. Ce matin, on le voit.


Nous descendons au village de Villars. Sur les coteaux, on trouve des vignes et des vergers.

En prenant les chemins pédestres et agricoles, nous rejoignons Bussigny. Beaucoup de petits immeubles sont en construction.

Après avoir pris le souterrain de la gare, le sentier va suivre jusqu'au lac la Venoge, rivière que l'on avait déjà suivi hier.

En bruit de fond, la route. Le chemin se rapproche de la route, nous fait passer sous des ponts.

Puis il finit par s'écarter de la route, le bruit des voitures s'assourdit et on peut profiter de ce chemin en sous bois jusqu'au lac.


Vue sur la France

Nous longerons le lac jusqu'à Ouchy. Entre temps, Augustin nous rejoint avec le pique nique d'un traiteur italien, délicieux.

La vue sur le lac est superbe. Le dégradé de bleu gris est très beau. Tout est calme. L'eau est transparente et on voit plein de petits poissons.

Nous passons ensuite à Saint Sulpice et nous avons vue sur Lausanne.


Nous mettrons une heure et demie pour arriver au port d'Ouchy

En chemin...


A Ouchy, nous prenons le métro pour visiter la Cathédrale. Lausanne n'est pas au bord du lac et ça grimpe !

Encore une volée d'escaliers et voilà la Cathédrale.

Le porche des Apôtres
La Rose médiévale : 105 médaillons

Du parvis de la Cathédrale, on domine Lausanne.

Pour rentrer, le métro nous dépose à la gare où nous prendrons le train puis un bus pour Villars. La voix qui indique les stations est la même que celle des bus de Transpole !!!


Vie quotidienne :

Depuis plusieurs jours, je tergiverse. Je continue sur la Francigena et vais jusqu'au col du grand Saint Bernard où il neige, je rejoins Genève et descends sur le Puy en Velay comme prévu initialement ou bien je m'arrête là ?


Eh bien, je vais m'arrêter là.

J'ai parcouru quelques 915 km, traversé et découvert des régions que je ne connaissais pas, fait de belles rencontres, décrassé mon corps, aéré mon esprit, pris le soleil et très peu la pluie, profité de la nature avec un grand N sans attraper une tique.

Chaque jour, je sais où je vais mais je ne sais pas de quoi sera fait l'étape. L'inattendu me procure une joie inestimable.

J'ai engrangé pour les mois à venir ces petites et ces grandes joies du chemin.

De ce fait, tout est joie !

Et j'ai le luxe de pouvoir recommencer.




22,5 km aujourd'hui.

Toujours curieuse cette transition entre la marche au long cours et le retour à la maison, cette soudaine immobilité.

J'en profite pour envoyer des messages aux personnes rencontrées en chemin.

Je fais l'état des lieux du sac à dos. Je n'ai pas utilisé ma "ration de survie" et il me reste un peu de ce sublime thé Sencha Fukuyu qui aurait mérité une délicate porcelaine et non ma gamelle en alu ! Tout le reste a servi, surtout la petite robe de 100 g le soir.

Les chaussures de trail ont bien résisté. Je reprendrai les mêmes.


J'ai passé l'après-midi dans un transat au soleil à lire, à regarder le paysage, à penser à ce que j'ai envie de faire.


Merci à tous pour votre soutien, vos messages, vos appels.

Voyager à pied est un retour à l'essentiel.

Je vous souhaite de pouvoir vivre une expérience comme celle-ci.


Prenez soin de vous !


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Je suis rentrée il y a 3 jours. Le quotidien ne m'a pas encore trop rattrapé.

Je me suis octroyée un repos réparateur.

Une longue marche en appelle une autre. La prochaine sera comme les précédentes, riche d'expériences et de rencontres qui apportent la joie.