À propos

Baroudeurs sur les mers, depuis plusieurs années, nous avons posé nos sacs de marins à terre et commençons de nouvelles aventures en camping- car. A bientôt sur les routes !

SOLEILS D'HIVER ...SAISON 3

Nous repartons, en camping-car avec "LEON le VOYAGEUR" pour une nouvelle saison d'hiver au soleil de l'Espagne et du Portugal. "On voyage pour changer, non de lieu mais d'idées"..
Du 17 décembre 2021 au 6 mars 2022
80 jours
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Dimanche 23 janvier 2022

coucou nous revoila les baroudeurs en CC mais toujours sur un port ! 

Nous nous somme quittés, dernier article de ce blog, session 1, le 26 février 2020 ! Deux ans se sont écoulés une éternité. Mais que s’est-il passé, alors que nous avions rendez-vous en décembre 2020 pour notre deuxième année de voyage avec notre « Pilote 740G » en location chez SLC ?

Dès notre retour, début mars 2020 une « pandémie» nous tombe dessus et oblige la plupart des pays du monde à se « confiner » terme barbare qui signifie : « être forcé de rester dans un espace limité » synonyme d’enfermement ! Il nous est interdit de sortir de chez soi, si ce n’est pour des raisons « essentielles » entre autre … se nourrir. Cela faisait bien longtemps qu’une telle mesure ne s’était appliquée à nous, pauvres humains !

Au début, la plupart d’entre nous, surtout ceux qui ont de l’espace, ont trouvé cela « amusant », plus ou moins. Plus besoin d’aller au bureau, on télé-travaille, nouveau terme à la mode. On redécouvre les joies du bricolage, du jardinage, on a du temps pour s’occuper de soi et des autres. Mais là où cela commence à se gâter… c’est que les mois passant nous vivons toujours plus ou moins, sous des contraintes qui commencent à exaspérer tout le monde. Impossible de circuler, de voyager à l'étranger avec le risque de se trouver "confiner" hors de chez soi !

Nous sommes en janvier 2022 et si l’étau se desserre, nous n’avons pas encore la totale liberté de nos mouvements ! Le monde est parti à la dérive avec les médias qui nous inondent d’informations et les réseaux sociaux qui relaient … rien ne sera plus comme avant le COVID 19 !

Mais cette pandémie nous aura permis de connaitre un mot, très en vogue actuellement, dans les médias qui commencent à battre leur coulpe, eux qui nous abreuvent depuis deux ans d’informations, que nous désignerons sous le terme « d’ultracrépidarianisme , (stupéfiant ce terme !)

Traduction : « l’ultracrépidarianisme "c’est un comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétences crédibles ou démontrées »

Ce terme caractérise la dérive de l’information, sur le Covid 19, où l’on entend dire tout et son contraire par des « experts » qui passent leur temps sur les plateaux de TV, ce qui ajoute de la confusion, de l’incertitude et génère un risque élevé de dérives que nous appellerons « fake news » !

Nous sommes tous des « ultracrépidariens depuis deux ans » !

Malgré notre grand âge, nous avons survécu, au virus, et sommes à nouveau prêts à sillonner les routes de l’Europe du sud, à bord de notre nouveau camping car : LEON LE VOYAGEUR !

Une citation que j’aime beaucoup : « on ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va ». Elle caractérise également la période dans laquelle nous nous trouvons. Donc pas de programme bien défini, seulement l’envie de partir, de découvrir de nouveaux ou d’anciens lieux, de faire des connaissances au gré des « miles » de Léon. Ceux qui nous aiment (Yannick, Jean-Claude, Gilles, Viviane et les autres) pourront nous rejoindre pour partager ce qui est notre signature éternelle et boisson favorite : le RHUM !

Faisons connaissance avec LEON. Après avoir arpenté, non pas les ports, mais les salons de vente de camping-car, nous tombons sur celui qui va devenir notre nouvelle « roulotte » et que nous baptiserons LEON LE VOYAGEUR. Un modèle d’occasion de la marque française LE VOYAGEUR, le 6.8 LF Un intégral de 6m85, sans lit permanent, mais avec un grand salon de presque 6 mètres incluant une cuisine à l’américaine, un cabinet de toilette et un lit pavillon électrique, plus toutes les options nécessaires pour vivre comme à la maison.

le Captain Marcus et son nouveau jouet  

Nous en prenons possession fin novembre 2021 et Marcus (Mc Gyver) va donner toute sa mesure pour l’aménager selon nos besoins, et charger les 500 kg de matériel nécessaire pour les deux à trois mois à venir. Nous prenons la route fin décembre pour passer les fêtes en famille et ensuite direction le soleil, la chaleur, la mer et le ciel bleu.

la Familia ! 
 notre nouveau home 

Après avoir retrouvé, pour quelques jours, notre aire favorite de PALAVAS LES FLOTS nous sommes sur l’aire de St Cyprien, sur le port, en attente du permis de conduire PL de Marcus, pour prendre la direction de Barcelone. A bientôt sur les routes de l’Espagne !

Vous aviez aimé mes petites devinettes ... en voici la toute première ! : Quel est le comble pour une porte ?

réponse au prochain article. Hasta luego !

PS: comme d'habitude ... n'hésitez pas à commenter les articles, j'adore vous lire !

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Mercredi 26 janvier 2022

Froid, froid ! Il fait très froid ce matin. Température négative au lever du jour, mais le ciel bleu est là et le soleil va rapidement réchauffer l’atmosphère. Nous nous préparons pour un départ en début d’après-midi si le pli de DHL (permis PL de Marcus, que nous attendons depuis 2 mois) arrive à temps pour quitter l’aire de St Cyprien .

Il faut faire les pleins d’eau, les vidanges de toutes sortes (vous comprenez...) le calage de tout ce qui peut valser à l’intérieur, bref la check-list de départ ! Je ne vous parle pas de l’avitaillement qui chez nous est toujours au top ... on ne sait jamais et si on se trouvait bloqués, entre la France et l’Espagne !

le mont Canigou - Pyrénées françaises  

13h le pli est là, (merci Olivier) on peut décoller ! Direction l’Espagne. Plus précisément Cabrera de Mar, station balnéaire à 30 km au nord-est de Barcelone, une aire de CC « Area camper Barcelona Beach » où nous pourrons laisser LEON en toute tranquillité pour visiter Barcelone durant les 3 jours prévus.

Les 180 km sont avalés en trois heures et quelques minutes ! Nous occupons l’emplacement 16 à coté d’un gros, très gros CC qui n’a pas du bouger depuis des mois, vu son état ! On s’installe : branchements divers, calage en tout genre, apéro de bienvenue en Espagne et préparation du programme de visite de Barcelone pour demain.

Jeudi 27 janvier 2022

7h du mat ! Tout le monde dort encore mais notre Capitaine aime prendre son temps pour se préparer.

8h30, direction la gare et le métro qui va nous conduire à Barcelone. 40 minutes de trajet, avec pour paysage les plages de sable et la Méditerranée aussi plate qu’un lac. On se sent vraiment en vacances. Comme d’habitude, j’observe … c’est-à-dire que je regarde à droite, à gauche ce qui m’entoure et le constat est toujours le même : sur les douze personnes autour de nous, 7 sont sur leur téléphone portable à pianoter. Addiction à internet, la drogue du siècle !

Quelques mots avant de commencer le récit de cette première journée à Barcelone..En référence à ce terme que certains d’entre vous ont adoré « ultracrépidianarisme » :

Je tiens à signaler que je ne suis pas « un expert »… ni en histoire ni en architecture, mais je me suis longuement documentée par diverses sources sur le sujet traité ici et j’en ai fait une synthèse. Toutefois, afin que vous ne me traitiez pas de « ultracrépidarien » je vous invite à vérifier, par vos propres sources, mes informations !

BARCELONE : 1.605 000 habitants (environ) capitale économique et politique de la Catalogne, est l’une des villes les plus attrayantes et les plus cosmopolites de l’Espagne. Elle mêle tradition et modernité, art et histoire, culture et vie.

Le quartier gothique est le cœur de la ville de Barcelone. Du 13ème au 15ème siècle de nombreux édifices furent construits tant religieux que civils : la cathédrale Sainte Eulalie, le palais Reial Major, le Call (quartier juif), le temple d’Auguste, la casa de la ciutat (mairie), basilique Santa Maria del mar... et bien d’autres, marquent la partie tradition.

C’est au 19ème siècle et début du 20ème qu’un grand projet de développement de la ville se met en place, sous l’appellation Eixample (Extension, agrandissement). Il constitue les quartiers où se sont développés les constructions de bâtiments, de style Art Nouveau, Moderniste, baroque, sous l’égide de grands architectes tels que Puig ICadafalch, Domenech I Montaner et celui qui a laissé son nom à la postérité : Antonio Gaudi

 rue typique du quartier Gothique et la succursale espagnole de mes ancêtres ! 

De quoi ce nouvel Art architectural, « moderniste et baroque » est-il constitué ?

C’est un courant essentiellement décoratif, même s’il possède des solutions architecturales originales. Ses principales caractéristiques sont l’inspiration de la nature, et une utilisation abondante d’éléments naturels (végétaux, animaux), des formes arrondies, la stylisation des motifs, l’utilisation d’éléments fantastiques et exotiques.

Les bâtiments les plus connus sont l’œuvre de GAUDI : la propriété Güell, la casa Vicens, la casa Calvet, la casa Batllo, La Pedrera (casa Mila) et d’autres.

Mais son chef d’œuvre le plus fantastique reste la Basilique SAGRADA FAMILIA, complètement baroque (exagération du mouvement, surcharge de la décoration, exubérance des formes, des contrastes..)

10h30 – LA SAGRADA FAMILIA

la Sagrada Familia  

Stupéfiant, irréel, nous avons en face de nous un bâtiment hors du temps, atypique ! Château, Basilique, temple expiatoire. L’œuvre est tellement fantasmagorique que l’on ne sait pas si on aime ou déteste, mais Faisons connaissance avec la Sagrada Familia.

1881 - Achat de terrains, par l’association des Dévots de st Joseph, en plein centre de la ville de Barcelone à égale distance de la mer et des montagnes. L’objectif est de construire un temple expiatoire, pour justifier sa place au ciel, et uniquement financé par l’aumône.

1882 - Premiers travaux, un an plus tard démission de l’architecte au profit de Antonio GAUDI. En 1884 Gaudi est officiellement architecte de la Sagrada Familia. La sainte famille c’est Jésus, Marie, Joseph. Les trois façades représentent trois étapes de la vie de Jésus, La Nativité, la Passion, et la Gloire. La croisée renvoie à la Jérusalem Céleste, symbolisant la paix. La longueur est de 120 m et la largeur de 45. La superficie totale est de 4500 m2. Il y consacrera 40 ans de sa vie jusqu’à sa mort (1852-1926).

GAUDI est un homme profondément religieux, et son objectif est de raconter la bible à travers ce monument gigantesque. Il se consacrera, devant l’immensité de la tâche, au nouveau testament, principalement aux évangiles (les apôtres), relatant la vie de Jésus de sa naissance à sa mort. Son projet était fabuleux, 18 tours, dont 12 représentaient les apôtres, chacune mesurant environ 100 m de haut, celle de Jésus au centre la plus haute 170 m, puis 4 pour les évangélistes, et 1 pour Marie.

Gaudi voulait que ce temple résume l’ensemble de ses recherches et de ses découvertes issues de sa longue observation de la nature, les éléments géométriques, les animaux, et les plantes prédominent dans toutes ses constructions, chacun avec son symbolisme propre. Gaudi a compris très tôt, que toutes les choses de la nature avaient une relation entre elles et que rien ne correspond à un élément isolé.

137 ans plus tard La Sagrada Familia n’est toujours pas terminée, mais l’œuvre de Gaudi se poursuit toujours, d’après les plans reconstitués grâce à ses maquettes. 25 millions d’euros par an sont nécessaires pour la construction, uniquement financé par les dons, et la billetterie des visites. Les dernières prévisions donnent la fin des travaux en 2030.

Si l’extérieur est de style Art Nouveau, baroque. L’intérieur par contre est très moderne, dépouillé, Les colonnes intérieures, comme les tours extérieures, ont diverses symboliques également dédiées aux apôtres, aux diocèses, et aux cinq continents. Gaudi a également conçu les luminaires, le mobilier et les objets liturgiques, (armoires de sacristie, bancs des officiants…)

 le dôme  de la Sagrada Familia et celui de la Cathédrale de Palma de Majorque par Gaudi 

Il faut presque une journée de visite, de réflexion, pour s’imprégner d’une telle œuvre et comprendre le cheminement intérieur de son créateur. La passion en est le moteur. L’imagination et l’amour du travail de chaque composante permet sa réalisation. En conclusion je dirai que j’ai adoré la SAGRADA FAMILIA !

les colonnes qui préfigurent des arbres, les palmiers emblèmes de Barcelone  

Vendredi 28 janvier 2022

13 km et plus de 15 000 pas usent son homme ! Nous décidons de nous reposer aujourd’hui et de réfléchir à ce que nous allons visiter samedi, dernier jour prévu à Barcelone. Notre tête est toujours imprégnée par l’œuvre de Gaudi, et nous décidons de poursuivre la visite de ses casas :

Casa Vicens 1883 – 1888 – Casa Batllo 1904 - Casa Mila (La Pedrera) 1906 et le Parc Güell.

Samedi 29 janvier 2022

9h30 nous sommes de retour sur la place de la Catalunya pour prendre un taxi, direction le parc Güell sur la Muntanya Pelata.

En 1900 l’industriel Eusebi Güell commande à Gaudi la création d’une ville-jardin de 60 maisons, malheureusement trois seulement furent réalisée, le projet fut interrompu par la guerre et non repris après la mort de Eusébi Güell. Là encore l’imagination de Gaudi pu s’exprimer dans toute sa fantaisie créatrice.

la maison du gardien - toute la créativité de Gaudi dans cette toiture  
détails du long banc qui ceinture la place suspendue et le dragon.. caméléon
création du logo Güell ! et l'escalier qui mène à la terrasse suspendue  

Casa Vicens : œuvre bâtie d’après la commande d’un marchand d’Azuleros. Il faut noter que Gaudi prend un soin particulier à traiter les toits de ses maisons, en en faisant un décor onirique plein de formes, précurseur des toits terrasses modernes où on vient se reposer.

détails de la casa Vicens, le fumoir,  le toit terrasse et façade principale 

Casa Mila (la Pedrera) : 1906 Premier immeuble moderne de 6 étages, véritable sculpture architecturale, aux volumes ondulants,e qui évoque des vagues de pierres dotées de balustres en fer forgé suggérant des algues ou l’écume des vagues.

l'immeuble casa Mila et détail des balcons en fer forgé  

Casa Batllo : 1904 Rénovation d’un bâtiment existant, création d’un étage et d’un grenier en changeant radicalement son apparence extérieure et intérieure. Gaudi imprima sur la base existante un revêtement de pierres et de céramiques et de verre, qui fait de la façade de la casa Battlo la plus grande attraction de tout le Passeig de Gracia !

La casa Batllo et le Park Güell sont considérés comme les premières œuvres où l’architecte se débarrasse des influences des styles historiques : gothique, mudéjar, baroque et crée son propre style basé sur l’observation des formes de la nature.

magnifiques ces balcons en forme de masque de carnaval  

La journée se termine par une promenade sur la Rambla, l’artère vitale de Barcelone où se retrouve les barcelonais pour déambuler. Pour nous ce sera 15 km de plus au compteur !

Heureusement que nous avons fait à 14h30 une pause tapas ! (on s’est mis à l’heure espagnole pour le déjeuner).

Demain Dimanche départ pour Valence, juste une halte pour rejoindre l’Andalousie.

Je termine avec la réponse à la devinette qui n’a pas semblé vous enthousiasmer !

Quel est le comble pour une porte : réponse : sortir de ses gonds ! (mignon.. non ?)

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Avant de poursuivre notre périple et le récit de nos « petites aventures » je tenais à vous remercier pour vos commentaires suite à mes posts. Si vous aimez me lire, il en est de même pour moi et cela me réchauffe le cœur de savoir que vous attendez mes prochains délires !

Je commencerai ce nouvel article par une citation de Roland Dorgelès :

« Le voyage ce n’est pas arriver, c’est partir. C’est l’imprévu de la prochaine escale, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est demain, éternellement demain ».

Dimanche 30 janvier 2022

Nous quittons Cabrera de Mar (banlieue de Barcelone) de bonne heure, car nous avons 385 km à faire pour Valence qui sera une étape sur notre parcours vers le Portugal. Très agréable ville que nous avons déjà visitée en février 2020. (Voir notre précédent périple) Par contre, nous retournerons au marché de Valence que nous adorons, un petit approvisionnement en légumes et épices pour la Paëlla n’est pas de refus, vue la qualité des produits !

Bref, nous sommes prêts vers 8h30, moteur en marche, tous les capots fermés, les soutes et tiroirs bloqués, waze activé, allons-y !

Soudain un grand bruit de tôle brisée, ou tout comme, et nous voila sur le dos d’âne en équilibre, la prise de l’attelage du porte-vélos arrachée. Fort ennuyeux car tous les feux nécessaires à la conduite sont relayés par l’attelage !

 Mac Gyver en action 

Garons-nous ! Il faudra presque 1h30 à Marcus pour détordre, redresser, rebrancher tous les câbles ! P… comme dirait Stéphanie, la journée commence mal. Les aléas de la route !

Heureusement, il fait beau et chaud, et le reste du parcours sera sans incident majeur.

Arrivée vers 17h. Nous optons pour le même camping « Valencia camper park ». On a déjà nos habitudes de vieux routards en CC. Il faut aussi noter que nous aimons la sécurité des parcs payants et le confort des sanitaires, électricité etc. 17 euros pour 24 heures, est-ce excessif ? Le pilote de Léon est fatigué, ce sera « dodo » de bonne heure.

Lundi 31 janvier 2022

Un vent violent a soufflé toute la nuit, et perché dans notre lit pavillon à 1m50 du sol, nous sommes secoués comme lorsque nous avons fait la traversée de l’atlantique avec notre bateau ! (j’exagère à peine !)

10h nous sommes sur le quai du métro, direction Valence.

Toujours magnifique ce Mercado qui est l’un des plus grands marchés couverts d’Europe avec ses 8000 m2. Edifié dans les années 1900, c’est une structure de colonnes et de charpentes métalliques, dans l’esprit des pavillons Baltard de Paris. Une merveille ! Organisé par thème de produits (fruits et légumes, poissons, viandes, etc.) j’ai envie de tout acheter, comme d’habitude !

Combien d'œufs pour une omelette ? 

Je me contenterai de quelques légumes, un peu de charcuterie locale, du bon très bon riz pour la paëlla, des épices, des empanadas (pâtés espagnols) l’équivalents de nos canapés salés, des barquettes de tapas (salades de fruits de mer, sardines fumées, olives..) sans oublier que Marcus a repéré un comptoir, pas du tout espagnol, plutôt arabo-espagnol qui vend des gâteaux. Il ne peut résister au sucre !

 Vous avez faim ?

NB : certains d’entre vous, peuvent se demander pourquoi nous sommes obsédés par les marchés ! À vrai dire, pour nous, ils représentent la « société » au sens large du pays que nous visitons, ils sont le reflet de la culture, de la vie. C’est pourquoi, je prépare un article sur les différents marchés que nous avons visités lors de nos périples (en bateau, et maintenant avec Léon). Qu’on se le dise, un de ces quatre vous aurez de belles photos à commenter et de beaux produits à dévorer des yeux.

Quelques tapas peut-être, ou une bonne cote de bœuf qui mature depuis plusieurs mois  !

Nous voila bien chargé pour retourner au camping préparer un déjeuner typique de tapas à l’heure espagnole, c’est-à-dire 15h ! (on s’y fait vite)

Allez ! Il faut mettre à jour le blog sur Barcelone, préparer la ratatouille de légumes, les artichauts en barigoule… et faire les pleins et les vides pour demain, car comme tout bon programme, il est sujet à variation. Nous décidons de sauter l’étape de Murcie et de filer sur Grenade, une nouvelle étape de 500 km, avant de prendre la direction de Ronda, le plus grand des villages blancs (pueblo blanco). Bonne nuit, demain est un autre mois.

Mardi 1er février 2022

Bon anniversaire Mimi !

Cela fait déjà 1 mois et demi que nous sommes en vadrouille et Léon affiche 3000 km au compteur. Nous sommes à peu prés à mi-parcours…aïe le budget gas-oil, car il a soif ce petit Léon ! Heureusement, le litre de carburant espagnol est à 1,40 € et les autoroutes sont gratuites, mais comment fait-on en France ?

Ne gâchons pas ce début février. Direction Grenade après avoir trouvé du GPL pour notre bouteille-réservoir à tout faire : cuisine, chauffage, eau chaude.

500 km pour notre Léon et son pilote est une grande étape, nous roulons entre 90 et 95 km heure, nous sommes un PL, donc limité. Il nous faudra 7 h avec les différents arrêts pour atteindre le camping « Reina Isabel » après avoir admiré la Sierra Nevada et ses cimes enneigées en arrivant sur Grenade. Une douche bien chaude, avec toute la place nécessaire pour se savonner, cela se mérite non ?

la sierra Nevada enneigée  

Mercredi 2 février 2022

10 h, normal on a oublié de se réveiller ! Nous avons 180 km pour rejoindre Ronda, perdue dans la montagne, au nord de Malaga. Erigée sur un plateau rocheux la ville domine la gorge du Tajo.

Le parcours depuis Grenade est magnifique. Nous traversons des montagnes et des vallons entièrement couverts d’oliviers. Ce sont des hectares et des hectares de champs d’oliviers (je n’exagère pas) cela représente 2 500 000 ha d’oliviers, (source Ministère de l’Agriculture Espagnol) stupéfiant ! L’Espagne est devenu le premier producteur mondial d’huile d’olive, cela représente plus 1 000 000 de tonnes d’huile produites chaque année (et selon les années). Elle est essentiellement exportée dans le monde entier. S’il existe toujours quelques petits producteurs locaux, ce sont, aujourd’hui, de véritables entreprises de production qui se sont mis en place. Système d’arrosage, renouvellement des arbres qui produisent peu, nouvelles variétés plus productives, avec des goûts différents, récoltes plus précoces, les moulins sont de véritables usines. De grandes plantations détenues par un petit nombre d’individus, ou de grosses sociétés.

désolée pour la qualité de l'image mais Léon était au galop ! 

Quelques informations sur l’Olivier, je ne peux résister, c’est le prénom de mon fils !

Le plus vieil olivier a 2000 ans il se trouve à Roquebrune Cap Martin dans le 06. Un olivier centenaire peut valoir entre 700 et 1000€.

Un arbre produit en moyenne de 15 à 50 kg d’olives. Il faut entre 5 et 7 kg d’olives pour faire 1 litre d’huile. Chaque arbre permet d’obtenir de 3 à 10 l d’huile d’olive, selon les variétés. S’il n’est pas taillé, l’olivier ne fructifie qu’une année sur deux.

Dans les cultures intensives et c’est le cas aujourd’hui il y a entre 300 et 400 arbres à l’hectare. Mais la quantité d’huile produite est limitée par le développement des cimes de ses voisins. Le sujet, pour une provinciale comme moi, est tellement passionnant qu’il faudrait y consacrer un article de plusieurs pages. Mais là n’est pas le propos !

13 h ; nous sommes installés, mais pas tout seul, sur une aire en centre ville. Nous allons partir à la pêche aux informations pour vous faire découvrir demain, RONDA, el pueblo blanco !

A bientôt et bonne lecture.

PS : non Gérard je ne connais pas la devinette du petit déjeuner. Tu peux la donner dans un prochain commentaire.

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Jeudi 3 février 2022

La répartition des tâches de l’équipage (2 personnes) de Léon est claire. Le Captain s’occupe principalement de la bonne marche du « bâtiment », fonctionnement, bricolage, entretien, conduite. Le Bosco (maitre de l’équipage, et plus particulièrement appelé le Patron) décide de la route, des investissements, de la tambouille, de la rédaction du journal de bord et prend les décisions finales lorsqu’il y a litige entre les parties !

Jeudi à 7 h l’équipage est debout, et à 10 h nous « embouquons » l’avenue de Malaga, artère principale de la nouvelle ville de Ronda qui va nous conduire à la CIUDAD, la ville historique de Ronda, « el pueblo blanco ».

avenue de Malaga  

RONDA LA BLANCHE – 35 000 habitants, Province de Malaga à environ 60 km au nord de la ville éponyme. Ronda fait partie des plus beaux « pueblos blancos ». Mais pourquoi ce terme « blanco ». Il y a une signification historique qui a évolué dans le temps. Initialement, les maisons étaient blanchies à la chaux, pour combattre les épidémies. La chaux ayant des propriétés antiseptiques et antibactériennes, on recouvrait les murs de chaux afin de préserver la santé des habitants et d’éloigner les virus. Aujourd’hui le véritable attrait, de blanchir les murs à la chaux, est touristique !

Erigée sur un plateau rocheux, à 800 m d’altitude, la ville est coupée en deux par le rio Guadalevin qui coule à travers une gorge profonde, El Tajo, longue de 500 m et profonde de 170m. La ville moderne au nord et la « Ciudad » que l’on rejoint au sud en empruntant le Puente Nuevo (le pont neuf) construit sous Philippe V (1751-1793).

 à droite vue d'ensemble, la ville nouvelle et la Ciudad, à gauche la Ciudad

Elle témoigne dans sa partie ancienne, la Ciudad, d’un patrimoine architectural où se mêlent les influences, Grecques, Carthaginoises, Romaines et Arabes. La Ciudad, au vu de sa configuration, est une forteresse naturelle, de 500 m de long sur 200 mètres de large, environ.

Par sa situation géographique à proximité du détroit de Gibraltar, la ville de Rand-Onda a été sous influence arabe de 713 jusqu’à sa reconquête, par les chrétiens, au 15ème siècle. C’est en 1485 qu’Isabelle 1er de Castille et Ferdinand II d’Aragon reprennent la ville aux arabes. Les conséquences, comme d’habitude, furent désastreuses pour l’économie de la ville : l’intolérance religieuse s’installe. Les juifs et les musulmans doivent quitter la ville et la région. Ce n’est qu’au 18ème siècle que de nouveaux quartiers furent construits, hors la Ciudad : le pont neuf et les arènes, emblèmes de la ville, datent de cette époque.

11h – L’avenue de Malaga et la carrera Espinel qui la prolonge sont l’artère principale et commerçante de Ronda. Beaucoup de magasins dans la rue piétonne avec des panonceaux «Ronda rebajas » (soldes) mais peu de personnes dans les boutiques. Celles-ci ouvrent de 10h à 14h et ensuite de 17h à 20h30.

Cette rue centrale débouche sur la plaza de toros et son arène qui est le plus ancien centre de tauromachie d’Andalousie. C’est ici qu’est née la corrida moderne, grâce au matador Francisco Romero. Les arènes, édifiées en 1784, sont restées telles qu’elles étaient, à l’exception des gradins qui ont été reconstruits en dur en 1962. Elles forment un cercle parfait de 66 m de diamètre, avec une superbe loge royale et 5000 places pour les peones..! Un très beau musée taurin complète la visite.

 la plaza de toros et le belvédère qui domine le Tajo

Nous poursuivons vers la Ciudad en empruntant le belvédère qui surplombe El Tajo. Magnifique point de vue sur la vallée et sur les premières maisons blanches de la Ciudad.

 la vallée et les maisons bla,nches de la Ciudad 

Puente Nuevo – C’est le monument le plus représentatif de la ville. En 1735 sous Philippe V le pont est construit en huit mois, avec un grand arc de 35 m de diamètre, mais six ans plus tard celui-ci s’effondre faisant plusieurs dizaines de morts. Les travaux reprirent pour durer 42 ans, et se terminer en 1793. Il est toujours debout à ce jour !

le pont neuf  

Nous sommes maintenant dans la Ciudad,

impressionnant ! 

La maison du Roi Maure : située au bord de la falaise et construite au 14ème , remaniée au 18ème, puis laissée à l’abandon, pour être à nouveau rénovée au 20ème siècle par la Duchesse de Parcent qui la cède à la ville en 1920. Elle se compose de 3 parties : une « mine d’eau » de la période musulmane, qui permettait d’obtenir de l’eau à partir du Guadalevin, une maison néo-mudéjarde et un jardin conçu par l’architecte français Claude Forestier. Aujourd’hui la maison est gravement endommagée, aussi bien extérieurement qu’intérieurement. La mine, ce qu’il en reste, et les jardins, peuvent être visités.

 Tout est ouvert au vent -grosses dégradations 

Sainte Marie de l’Incarnation : Elle fut la mosquée principale du vendredi, à partir du 9ème siècle jusqu’à la reconquête de la ville en 1485, date à laquelle elle devint le siège de la Cathédrale par le roi Ferdinand le Catholique. Ne subsiste de l’époque arabe que la tour mudéjar, devenue aujourd’hui un clocher, et les vestiges de l’arc du Mirhab. Elle est située sur la partie la plus haute de la ville à l’emplacement d’un ancien autel romain. Quel gâchis, chaque conquête fait table rase de ce que son prédécesseur a construit !

l'ancienne mosquée  

La mairie : un très beau bâtiment, fait face à l’ancienne mosquée. Il fut construit autour de 1734.

la mairie  

Palais de Mondragon : Aujourd’hui musée municipal, connu comme le palais du marquis de Villasierra, est un bâtiment Renaissance-Mudéjar. De la demeure musulmane du 14ème siècle ne demeure qu’une partie des jardins et l’entrée qui donne sur le corridor qui l’unissait à l’ancienne casbah.

palais Mondragon  
 Palais Mondragon - la partie musulmane 

14h : il est temps, après nos 9 km, de se restaurer … Retour vers la ville nouvelle et c’est sur la place del Socorro, face à son église, que nous dégusterons nos tapas préférées, et une excellente sangria !

16h – Retour sur Léon, dans une ville morte. Toutes les boutiques sont fermées !

Demain nous quittons Ronda, direction Jérez de la Frontera, une centaine de kilomètres, pour redescendre dans la plaine et se rapprocher de Cadix.

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Vendredi 4 février 2022

Le ciel est gris. Il est temps de partir, de redescendre de la montagne et de s’avancer vers l’océan qui nous manque. Nous ferons une halte à Jérez de la Frontera que nous avions laissé de coté en 2020 (déjà.. 2 ans ?)

Direction « la Morada Del Sur » une aire privée dont les commentaires sur Park4night sont élogieux. Commentaires essentiellement allemand, hollandais, ceci explique cela : Bof !

Il s’agit d’une aire de gardiennage pour CC et caravanes, sur béton. Emplacement pour lequel on ne peut pas sortir sa table, ses chaises et déplier son auvent ! Un peu déçus, pour 15 euros il ne faut pas demander le Georges V ! Mais il est vrai que les « gardiens » sont sympathiques, accueillants, et le bus pour le centre à portée : « on n’a qu’à traverser la rue » (phrase célèbre aujourd’hui). Bon, le bosco décide … on reste. On s’installe, déjeuner à l’heure espagnole et planification du programme pour demain.

Samedi 5 février 2022

Jérez de la Frontera, aussi appelée Xérès – 213 000 habitants fait partie de la Province de Cadix. Elle est située dans la plaine de l’estuaire du Guadalquivir, à 12 km de l’océan Atlantique et à 85 km du détroit de Gibraltar.

C’est une ville célèbre pour : la culture de la vigne et ses vins blancs, l’élevage et le dressage de ses chevaux Andalous, le chant et la danse Flamenco.

fenêtres typiquement andalouses  

Exceptionnellement, (juste quelques photos) pas de récits sur les monuments historiques … cathédrales, basiliques, mosquées, musées, etcetera, qui sont le reflet du passé. Mais plutôt ce qui est vivant, créatif, moderne et sensoriel et qui représente « l’âme de Jérez » : Le cheval et « l’Ecole Royale Andalouse d’art Equestre ». Les musées et « Bodégas » (caves) du Vin de Jérez. Le Flamenco, qui est un genre musical et une danse créés par le peuple andalou, issu du folklore populaire. Retrouver ces articles dans les étapes 6 et 7 à venir.

9 heures : nous sommes devant l’arrêt du bus 16 qui nous amène dans le centre historique de Jérez, direction office du tourisme pour un plan de la ville et quelques explications. Beau centre, on sent ici l’opulence de ceux qui travaillent la terre non pas pour ramasser des carottes, mais pour remplir les bouteilles de l’or jaune de Jérez !

On commence par l’Alcazar, ensemble monumental du 12ème au 18ème siècle, construit par les Almohades. Voir le plan de la ville incluant le bâtiment, et remarquez le quartier juif excentré.

Plan de la ville de Jerez au 12ème siècle, entourée de ses remparts, l'alcazar est à gauche et le quartier juif en blanc  
la cour intérieure de l'Alcazar et le système ingénieux pour remonter l'eau pour les bains arabes  

On enchaine sur la dernière des grandes Cathédrales andalouses, de style baroque et néo classique du fait de sa construction tardive. Les travaux commencent en 1722 et durèrent plus de 130 ans en raisons du manque d'argent.

Lourd, très lourd, opulence et manque d'humilité ! 

Le « mercado » nous a beaucoup intéressés ! Coloré, vivant, odorant. Nous nous sommes extasiés devant les bancs de poissons, crevettes, poulpes, les fruits et légumes ! Tout pour faire le plat traditionnel espagnol … une PAELLA ! à suivre… Tout cela nous a mis en appétit et nous cherchons EL PASAJE, une bodega typique avec spectacle flamenco. Aïe, mauvaise pioche, nous reculons devant la petitesse de la bodega déjà bondée et le risque d’enlever nos masques !

C’est en plein air, avec un beau soleil sur la place Del Arenal que nous déjeunerons de tapas de Jérez, arrosées d’un blanc local.

derrière la statue c'est nous attablés  
les marchés de Provence.. d'Espagne des fruits des salades ..!  
les belles crevettes pour la Paella ! 

NB : Savez-vous d’où vient le mot Tapas, ces excellentes « petites bouchées » que nous aimons grignoter ? De l’espagnol « tapa » qui signifie « couvercle ». Le mot proviendrait de la coutume de recouvrir son verre de vin d’une tranche de jambon ou de fromage pour le protéger des insectes et de la poussière (déjà ivrogne... il est plus intéressant de protéger son vin que son jambon !)

La deuxième version : il était courant, dans les auberges, de présenter ce que l’on allait manger sous forme de petites louches garnies et disposées dans le couvercle du plat. Cela permettait à ceux qui ne savaient pas lire de comprendre de quoi il s’agissait ! Stupéfiant comment l’être humain peut se faire comprendre quand il s’agit de manger ! Quelle version préférez-vous ? De toute évidence les tapas sont intimement liées à la dégustation du vin.

15 h – Trop tard ! Tout est maintenant fermé et il nous est impossible d’aller visiter le musée du vin. Réouverture 18 h. Nous avons déjà fait plus de 8km sous le soleil et décidons de rejoindre Léon. Nous avons besoin de reposer nos pieds pour que notre tête fonctionne et trouve une solution ! Demain est un autre jour.

n'oubliez pas .. vos commentaires sont les bienvenues. Demain promis vous gouterez à ma paëlla et à la sangria de Léon !

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Dimanche 6 février 2022

7h30 : grasse matinée ! Petit déjeuner propice à la réflexion et aux décisions collégiales de temps en temps. De toute évidence en Espagne on ne fait rien le dimanche qui est le jour du seigneur. Tout est fermé et la plupart des espagnols vont à la campagne ou à la mer.

Première décision, j’en ai trop envie… je vais faire une paëlla aux fruits de mer, et Marcus une sangria à sa façon pour déjeuner ! La recette de « la sangria Léon » est en fin d’article.

Quelques photos des ingrédients nécessaires à minima pour la paëlla. Paëlla pour 4 personnes bien servies. Le riz et les épices achetés à Valence ont bien été utilisés.

 ingrédients à minima  pour la paëlla aux fruits de mer (la meilleure pour moi) 
Prête à être dégustée pour 6 personnes ! 
La goinfrade de Marcus ... et ce qui reste pour demain ! 

Deuxième décision, nous irons à bicyclette, et oui … à 18h à la Bodéga Altanza, musée du vin. Rendez-vous est pris par téléphone et Sylvia qui va nous accueillir parle français.17h30 – Nous enfourchons nos bicyclettes direction le musée du vin. Sylvia nous attend pour la visite. Nous commençons par déguster deux vins de sa cave (il faut d’abord se rafraichir, après cette longue balade) collection Roberto AMILLO. Ensuite, voici la synthèse de ce qu’elle nous a expliqué et avons compris :

La Bodega les vins de la collection Amarillo  
 Sylvia et les futs qui vont servir à alimenter les autres futs - le musée 
Les principales couleurs  

Les vins de JEREZ (ou XERES)

Également nommés « Sherry » par les anglais (qui ne font décidemment pas les choses comme tout le monde…ce terme venant du mot arabe « sherish »)

Et oui ! Il n’est vraiment pas facile, à Jérez, de sortir indemne de toutes les occasions de déguster les fameux vins de la région. Les bodegas (caves) fleurissent à tous les coins de rues, sans parler des bars à vins innombrables qui nous tendent les bras (et les flacons).

Un peu d’histoire :

Ce vignoble, situé à l’extrême sud-ouest de l’Espagne et limité à l’est par Jérez de la Frontera et à l’ouest par l’Atlantique, produisait déjà des vins bien avant notre ère. Les romains les adoraient et plus tard, Christophe Colomb ou Magellan en emportaient en voyage de pleines barriques (avant que cela ne soit complété par…du Rhum, bien entendu). Shakespeare lui-même en buvait dès que possible ; quant au Dr Fleming, en plus de la pénicilline, il estimait que le Jérez était un excellent remède à nombre de maux (la fermentation sous levure n’y était pas étrangère).

Le terroir, les cépages

Sur ces terres très calcaires, aptes à conserver l’humidité, dans une région naturellement chaude et sèche, le cépage principal est le « Palomino » (environ 90% de la production). Pour le reste, il s’agit du « Pedro Ximénez », cépage importé par un viticulteur allemand, dont le nom c’est espagnolisé !

La vinification

Elle est très particulière, basée sur la formation de levures à l’intérieur des barriques de 600 litres empilées les unes sur les autres. La méthode de « criaderas y solera » consiste (grosso modo !) à transvaser les vins les plus jeunes vers les fûts les plus anciens, de haut en bas. Le processus dure plusieurs années et les maîtres de chaix expriment tout leur savoir-faire dans la conduite de ces vieillissements.

Si vous voulez en savoir plus sur la fabrication des vins de Jérez, nous vous conseillons de suivre les cours d’une bonne académie du vin pendant une dizaine d’années !

Les différents types de vins (qui sont tous blancs ou ambrés)

Les variétés ci-dessous vont du plus léger et sec au plus doux :

Manzanilla : sec, de la région de Sanlucar.

Fino : un pur Palomino, sec, titrant environ 15°.

Amontillado : vin ambré, sec et charpenté.

Palo Cortado : plus coloré, des arômes de citron et d’orange.

Oloroso : couleur plus soutenue, arômes complexes, titre 18°.

Puis les vins plus doux (à TRES doux) :

Cream : plus ou moins ambré et doux.

Moscatel (muscat) : Foncé et très doux.

Pedro Ximénez : Très foncé ; un flacon de sucre ! Très alcoolisé. Il est tellement typé qu’il est tout aussi souvent utilisé dans des cocktails que bu naturellement.

Notre conclusion: Les vins de Jérez sont à déguster absolument ! Ils sont très particuliers : vous les adorerez ou les détesterez. A tout le moins, vous en aurez une ou deux bonnes bouteilles à la maison pour relever certains plats ou boissons, ou pour accompagner des mets savoureux.

A la vôtre !

La visite devait durée 45 mn et à 19h15 nous étions toujours en discussion ! La nuit commençait à tomber il nous fallait absolument l’interrompre et partir au plus vite. Car rentrer de nuit à bicyclette sans lumière (à réparer) commençait à nous inquiéter. Ce fut une course épique à fond la caisse, pour retrouver Léon !

NB : Conducteurs et infrastructures urbaines en Espagne

Nous avons observé, en particulier dans les plus grandes villes espagnoles, combien les installations étaient empreintes de modernité en même temps qu’elles côtoyaient le plus riche patrimoine ancien, souvent d’origine chrétienne ou arabo-musulmane. Ce qui nous a le plus marqué ces jours-ci (où nous avons sillonné la ville de Jérez de la Frontera à bicyclette), c’est l’attention permanente que portent aux cyclistes les conducteurs espagnols. La ville est faite (hormis le quartier historique) de larges avenues, claires et ombragées à la fois, toutes équipées de magnifiques pistes cyclables.

Bien entendu, ces pistes traversent en permanence les routes. Et bien, pas une fois, je crois, un automobiliste ne nous a refusé le passage. Au contraire, ils (les automobilistes) anticipent largement, s’arrêtent, nous laissent la priorité absolue, ce qui nous a donné un immense sentiment de sécurité. Vive la conduite espagnole, calme, sereine (mais oui), prudente. A méditer. A reproduire chez nous !



 Nos verres sont un peu petits mais l'avantage nous en avons bu beaucoup plus ! 

Recette (pour 2 personnes) de « la Sangria de Léon » pour ceux qui veulent la goûter :

500 ml d’un mélange de vin blanc et de vin rouge de Touraine (notre réserve dans Léon)100 ml de vin de xéres variété oloroso 18°

100 ml de vin de noix (maison)

60 gr de sucre blanc

Rajouter des tranches d’orange, de citron vert (pour rappeler les Antilles). Compléter la bouteille à 1 litre avec l’un ou l’autre des ingrédients ci-dessus. Mettre au frais, et servir avec glaçons.

Nous attendons vos commentaires pour ceux qui auront essayé de faire la Sangria de Léon ! Merci à ceux qui commentent régulièrement mes articles, mais que font les 30 autres abonnés ? !

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Lundi 7 février 2022

Je dédie la partie « Ecole Royale Andalouse d’Art Equestre » à deux de nos amis « fondus » de chevaux : Nelly et Stéphane (avec ses chevaux Frisons) ! J’espère qu’ils apprécieront cette partie …

9h30 – Nous enfourchons à nouveau nos « montures », direction « l’Ecole Royale Andalouse d’Art Equestre » (haute école de dressage).

Magnifico ! Dans un parc grandiose, en plein cœur de la ville, se trouve un ensemble d’installations (70 000 m2) dont un château, dessiné par Garnier, des écuries où sont logés près de 120 chevaux, un immense manège couvert, des bâtiments annexes nécessaires au travail des chevaux, à leur soin, ou à la conservation du matériel (musées). Le tout formant l’Ecole Royale Andalouse d’Art Equestre.

Le palais et le plan du domaine - en haut à droite et à gauche le palais et les écuries en bas les bâtiments annexes 

Quelques mots sur le cheval Andalou :

De toute beauté !  

L’Espagne, avec le cheval Andalou ou cheval ibérique de pure race (PRE), est une terre de tradition équestre où la prestance et la finesse sont les maitres mots. Le cheval Andalou réputé pour son panache naturel a longtemps été employé tant pour la guerre que pour la haute école. Les grands maitres de l’équitation classique le considèrent comme le meilleur cheval pour le travail du manège. C’est un cheval fier et énergique mais qui sait se montrer docile. Les PRE sont généralement dotés d’une robe grise, mais le bai, le noir, l’alezan sont acceptés. Le cheval Andalou est bon en dressage, mais il excelle aussi dans le domaine du spectacle équestre. On le retrouve dans les spectacles du cirque Gruss, dans ceux de Bartabas, (A voir absolument, c’est magique !).

le cheval et son cavalier  

Un concours de PRE (Pure Race Espagnole) est organisé chaque année à Beaucaire c’est le plus grand rassemblement de chevaux ibériques de France. Que ceux qui sont intéressés se le disent !

fière allure, et la douche après l'effort ! 

La sélection, sur des critères bien précis, des chevaux pour l’Ecole Royale est rigoureuse. Ils sont choisis à l’âge de 3 ans, par une commission des meilleurs cavaliers et vétérinaires. Une fois le « débourrage » commencé, le cheval est mis à l’épreuve durant 6 mois, afin de savoir s’il sera conservé ou retourné à son éleveur. Une fois sélectionné, il passera sa vie à l’école Royale, dans les différentes disciplines auxquelles il sera affecté.

Il faut environ 4 ans de dressage avant qu’un cheval « mâle » ne soit présenté au public. Les juments ne sont bonnes qu’à la reproduction ! Le meilleur de sa forme et de son expérience se situe vers l’âge de 17 ans (environ) pour terminer ensuite sa retraite, vers 23 ans, dans un EPHAD, au « Pré », avec tout le confort et les soins dignes de ses bons résultats !

les écuries et le manège loge royale  

Un cavalier et un cheval, accompagnés d’un coach, sont indissociables pendant un an. Chaque cheval travaille plusieurs heures par jour, avec son cavalier. Au bout d’un an, le cheval change de cavalier. D’ailleurs, à l’Ecole Royale, on ne parle pas « d’un cavalier et de son cheval », mais « d’un cheval et de son cavalier », la primauté allant à l’animal.

le manège et le travail continu du cheval et de son cavalier  

L’Ecole Andalouse d’art équestre, nait en 1973 sous l’égide de Don Alvaro Domecq Roméro, suite à sa nomination au trophée « caballo de oro » à Jerez de la Frontera. C’est le trophée équestre le plus prestigieux d’Espagne, attribué en l’honneur du cheval. L’école devient « Royale » en 1987, sur décision du roi Juan Carlos.

L’objectif de l’Ecole est de transmettre l’Art Equestre ; de promouvoir celui-ci par la création d’une école prodiguant une formation aux métiers du cheval, (cavalier, cocher, palefrenier, bourrelier, vétérinaire...) ; de susciter la promotion et la protection de l’élevage équin et des activités en dérivant, tels que les spectacles de chevaux et d’attelage.

L’école propose des cours, des stages de formation et de perfectionnement dans les différentes disciplines du métier du cheval. Son spectacle, « Comment dansent les chevaux Andalous », est produit dans le manège de l’école ainsi qu’à travers le monde. Les écuyers sont en costume andalou du 18ème siècle.

photo d'une photo pour montrer la beauté des attelages  

Son musée de l’attelage et du costume andalou d’écuyer, dans les anciennes caves Sandeman, est à voir absolument.

L’Ecole compte parmi ses écuyers des athlètes de haut niveau, comme Rafael Soto, médaillé d’argent en dressage aux jeux olympique de 2004, avec le cheval INVASOR.

Il existe 4 écoles d’Art Equestre en Europe et peut-être dans le monde, (personne n’a pu nous le confirmer ou infirmer).

les 4 Ecoles Européennes  

Le Cadre noir de Saumur, est de tradition militaire et utilise surtout des chevaux de selle française. Ses écuyers sont enseignants et pratiquent la compétition.

L’Ecole de Vienne dite « espagnole » à cause de l’origine de ses chevaux, au début de sa création en (1572). La plus vénérable et sans doute la plus spectaculaire quand elle se produit dans son manège d’architecture baroque à Vienne.

Les Ecole de Jerez et de Lisbonne (1973 et 1979) sont plus jeunes. Jerez a une fraîcheur revigorante par la vivacité de ses compositions musicales. L’Ecole de Lisbonne est située au Palais de Queluz, proche de Sintra. Elle est plus proche du rythme alangui du fado. Vienne, Jerez et Lisbonne sont des écoles civiles. Elles ont chacune une cavalerie homogène, une seule race de chevaux emblématiques de leur pays. Chevaux de pure race espagnole pour Jerez. Lusitaniens pour Lisbonne. Lipizzans blancs pour Vienne. Ces trois races partagent les mêmes ancêtres ibériques qui ont produit des chevaux plein de feu, mais très soumis, bâtis pour la guerre et la tauromachie, la parade et le dressage académique.

Les quatre écoles se retrouvent sur un point essentiel : elles se réclament d’une équitation où le cheval, sublimé plus que contraint par l’homme, semble se mouvoir de lui-même dans la beauté de ses mouvements naturels.

Ce fut un grand moment d’émotion de côtoyer de près tous ces animaux nobles, intelligents sensibles, tout en puissance et en grâce. C’est pour ces caractéristiques qu’ils ont accompagné l’Etre Humain tout au long de l’histoire.

le langage corporel décrit ses émotions  de gauche à droite - détente - frayeur - plaisir - souffrance - curiosité - agressivité 

A ce titre, voici quelques phrases célèbres ou pas sur cet animal prestigieux.

« Aucune heure de la vie n’est gaspillée lorsqu’elle est passée en selle » W.Chrurchill «

De mon cheval j’ai appris que la force complète la noblesse et la loyauté » G.Oliverio

« La terre ne serait rien sans sable, l’homme ne serait rien sans le cheval » Anonyme

« Monter à cheval c’est emprunter la liberté » « Un cheval prête à l’être humain les ailes qui lui manquent » P. Brown


Rappel de ce que nous avions écrit en 2020 sur le flamenco, après notre soirée à Grenade !

« Le flamenco n’est formalisé qu’au 18ème siècle à Triana, quartier gitan de Séville. Ses origines sont variées, incertaines et controversées. Il est constitué d’éléments techniques incontournables : « le Canté », qui est la base ; les « Palmas », claquement des mains qui accompagnent le danseur ; le « Zapateado », sorte de claquettes. Vient ensuite le « Floreos », travail des mains et des doigts et la « Guitarra », qui accompagne chants et danses. Mais ce qui fait l’âme du flamenco c’est le « Duende » c'est-à-dire le charme, le charisme, qui s’expriment dans la musique le chant et la danse et qui transporte acteurs et spectateurs. Depuis 2010 le flamenco est inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité. »

Aujourd’hui pour ce qui est de l’enseignement, des écoles prestigieuses, telles que Jérez, Seville et Grenade, donnent à cette musique une place très importante, en rappelant ses origines et sa mémoire à travers ce qui a fait la terre d’Andalousie : la musulmane, savante et raffinée ; la juive, pathétique et tendre ; la gitane, rythmique et populaire. Ce qui devrait nous inciter à mieux vivre ensemble.

La génération héritière de la révolution espagnole de 1936 crée le « flamenco nuevo » initié par Paco de Lucia, le meilleur guitariste de flamenco du moment, malheureusement décédé en 2014, en mélangeant le flamenco traditionnel à des courants musicaux plus récents, tels que la rumba, la pop, le rock ou le jazz.

Mardi 8 février 2022

10 h - Nous quittons Jerez de la Frontera, direction Puerto de Santa Maria, pointe nord de la baie de Cadix. Sur les conseils d’un camping cariste, nous nous dirigeons vers le camping Las Dunas, en bordure de mer, mais à ½ heure de la gare maritime qui va nous permettre de rejoindre Cadix tout en laissant Léon en complète sécurité. Camping usine, cher, 28€ la nuit. Enormément d’étrangers de l’Europe du nord qui viennent passer l’hiver au soleil.

A demain pour la Belle de Cadix !

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Mercredi 9 février 2022

CADIX : 120 000 habitants. Nichée sur l’ile de … Léon ! (décidément le nom de notre cher compagnon est célèbre) Elle s’inscrit au cœur d’un littoral de lagunes, de plages et de marais salants.

Si la mer définit l’activité de la baie, grand port naturel, ce sont les vents dominants qui lui donnent son caractère. Ceux de l’Ouest portent les brises humides de l’Atlantique alors que ceux du levant qui arrivent d’Afrique sont secs et chauds. Mais les uns et les autres se neutralisent et permettent de jouir toute l’année d’un climat très doux.

Quelques mots d’histoire sur Cadix :

Sa position enviable, entre l’Europe et l’Afrique, entre l’Atlantique et la Méditerranée, a toujours constitué un atout dans l’histoire de cette terre. La ville de Cadix (Gadir, « forteresse ») fondée par les Phéniciens en 1100 av J.C, devint comptoir carthaginois, puis passa aux mains des romains, des wisigoths, ensuite des arabes et pour terminer, (on l’espère) aux mains des chrétiens. Trois fois millénaire, il est impossible de visiter in situ les vestiges de son passé. Car chaque fois, cernée par la mer et limitée par son cadre géographique étroit, elle s’est développée et reconstruite sur elle-même.

plan de Cadix (désolée pour la qualité de l'image)  

Au moyen âge, elle n’est qu’un modeste port de pêche. En 1262 Cadix est conquise par Alphonse X le sage. Celui-ci comprend l’importance de l’emplacement de la ville pour ses futures croisades vers l’Afrique du Nord. Commence alors de grands travaux pour fortifier la ville. Du 12ème au 14ème siècle, l’expansion de la ville et de la région, s’accentue au fur et à mesure que les terres sont reprises aux Arabes.

Après la découverte de l’Amérique, par C. Colomb en 1492, les navires espagnols éliront Cadix comme port d’attache et la ville devint l’une des plus riches de la région. L’activité commerciale est intense, les marchands arrivent de partout et s’installent pour commercer avec les Amériques. La ville compte au 17ème et 18ème siècle une importante colonie française. Toutefois, Cadix fut la cible de continuelles attaques anglaises au 16ème siècle, qui détruisirent la ville. Elle est reconstruite avec de nouvelles fortifications selon des plans de Vauban et son essor atteint son apogée au 18ème .

Mais le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 détruisit une grosse partie de la ville ainsi que les aménagements portuaires, de ce fait, l’économie maritime se trouve gravement affectée et les échanges commerciaux avec les Amériques passeront dorénavant par les ports français, anglais ou hollandais. C’est le début du déclin accentué au 19ème après la perte des dernières colonies espagnoles.

Cadix pour nous, « capitaine et bosco » en tant que marins est d’une grande importance car on ne saurait visiter Cadix sans penser à la bataille de Trafalgar (1805) qui vit la défaite de la marine de Napoléon face aux marins anglais de l’Amiral Nelson. Nous avons, en vain, cherché dans plusieurs librairies de Cadix des traces de cette bataille les espagnols étant à cette époque les alliés de Napoléon. Rien de rien … mais « l’Amiral Marcus de Léon » nous prépare une synthèse de cette bataille mémorable ! A suivre… voir l’article 9.

10 h - mercredi 9 février : nous quittons notre camping de Las Dunas et nous nous avançons vers le terminal portuaire pour traverser la baie qui va nous conduire à Cadix, la vieille ville. La ville de Cadix se divise en deux grandes zones, très différentes. La zone intérieure constituée de la vieille ville que les habitants appellent Cadix et la zone extérieure dite Puerta Tierra, créée sur des terrains gagnés sur la mer tout au long de l’isthme qui relie la péninsule à la terre ferme. C’est là que se trouvent la ville moderne et les plages.

 la marina et la plage en face du camping las Dunas 

30 minutes de traversée, avec un petit clapot mais un vent d’ouest significatif nous rappellent les bons moments en mer sur notre Lady A !

Un petit tour à l’OT pour un plan et nous voila partis pour nos 11 km à travers la cité !

Nous débouchons sur la place San juan de Dios, (j’ai déjà évoqué ce saint et surtout la basilique érigée en son nom, lors de notre séjour à Grenade en 2020), où se trouve l’Hôtel de ville. Cette place s’est construite au 16ème siècle sur des terrains pris sur la mer. Ouverte sur le port c’est ici que se trouvait la porte principale par laquelle passaient toutes les marchandises provenant d’outre mer. Très belle architecture de l’Hôtel de ville. L’église et l’hôpital de San Juan de Dios sont adossés à l’hôtel de ville.

place de la mairie  

Nous continuons en direction de la Plaza Fray Félix où se trouve la vieille cathédrale construite en 1262 par Alphonse X, sur l’ancienne mosquée. La Plaza Fray Félix et ses vieux bâtiments rappellent la grandeur passée de Cadix.

La construction de la nouvelle cathédrale en 1722 répondait au désir de créer « la cathédrale des Amériques » selon le modèle de la cathédrale de Grenade. Une cathédrale tellement grande que l’on pourrait la voir de très loin. Une fois de plus la démesure de l’Eglise … Mais le nerf de la démesure étant toujours l’argent, même au 18ème, faute de piastres sa monumentalité fut très réduite, bien qu’à mon goût ce soit déjà trop grand ! (pas de visite intérieure nous avons déjà donné !). Il faut noter que la cathédrale est construite dos à l’océan. Il y a 12 églises dans la vieille ville en plus de la cathédrale, nous passons notre chemin !

la nouvelle cathédrale  

Au sortir de la place de la cathédrale et en allant vers l’ouest nous sommes au cœur de la vieille cité et des petites rues typiques d’une époque. Ces ruelles concentrent l’activité commerciale et publique de la ville, aujourd’hui.

les petites ruelles de la vieille ville 

La plaza de las Flores, est minuscule mais les échoppes des marchands de fleurs sont colorées. Le mercado central est attrayant et c’est toujours un plaisir pour les yeux.

La Plaza de san Antonio, construite durant la seconde moitié du 17ème joue le rôle de grande place. Tout autour, la bourgeoisie commerçante y fit construire de très belles maisons.

de belles façades  
pas chères les langoustes mais à droite késaquo ? suggestif ... non ? 

Une des spécificités de Cadix est la construction de ces fameuses maisons de commerçants. Elles s’organisent autour d’une cour. Le rez-de-chaussée et l’entresol accueillent le magasin et les bureaux, alors que l’appartement de la famille et les chambres de services occupent les étages supérieurs. La façade principale est généralement baroque décorée avec profusion. C’est le manque de terrain qui impliquera d’importante modification au 18ème sur ce premier modèle de maison. Le néo-classique se superpose au baroque et la plupart des maisons-palais deviennent plurifamiliales.

structure d'une maison typique de Cadix  

Une autre caractéristique de l’architecture gaditane : les tours miradors depuis lesquelles les commerçants voyaient arriver leurs bateaux, portant les richesses d’Amérique. Elles apparurent au 17ème mais connurent leur splendeur au 18ème. Il en existe de 4 sortes : celles de guérite, celles de fauteuil, celles mêlant les deux précédentes et celles de terrasse. La tour mirador est un symbole de prestige pour le commerçant. Il y en eut tellement que la Mairie dut en limiter la construction. Actuellement on en dénombre encore 135 disséminées dans la ville.

La plus célèbre est la tour TAVIRA. La plus haute de la ville avec ses 45 mètres. Elle devint en 1778 la tour de vigie officielle du port de Cadix. Elle fait partie des tours terrasses, desquelles on peut s’offrir un panorama grandiose sur la ville, car le manque de terrain en fait un nouvel espace vital, agréable en hiver et en été pour les brises marines. On retrouve ce type de maisons avec terrasses dans les pays du Maghreb.

vues sur la ville depuis la terrasse de la Tour Tavira 

Dans cette tour est installée depuis 1994 une « chambre noire » qui permet, à partir d’un principe optique constitué d’un miroir et de deux lentilles, de projeter les scènes de l’extérieur, en temps réel, sur un écran blanc concave et horizontal, dans une pièce totalement obscure. Impressionnant ! Aujourd’hui c’est « big brother » qui nous surveille au lieu de guetter les bateaux rentrant dans le port ! Aïe, l’atteinte aux libertés, chères à certains !

magnifiques vues  
j'adore ces terrasses avec une vue pareille ! 

15 h – Nous retournons vers le Mercado central où nous avons repéré quelques petits restaurants avec tapas. Il est bon de s’asseoir, au soleil et de déguster un vin blanc de jerez avec des tortillanas ! Nous sommes en face du mur qui entoure le Mercado et de nombreuses fresques attirent notre regard. Sur l’une d’elles nous apercevons Napoléon ; Marcus s’approche et revient hilare en disant « elle est dans la boite, tu vas te marrer » ! Attendons un peu avant de vous la montrer ! Voir l’article 9 sur la bataille de Trafalgar.

le mur de fresques du Mercado - la bonne photo est dans l'article n° 9 - Marcus se marre !  mais oui ..

16h30 – Nous nous dirigeons lentement vers le port en vue de reprendre notre bateau. Une halte pour un dernier verre et nous disons Adios Cadix la Belle !

Demain départ pour le Portugal et Tavira notre prochaine halte, à 300 km de Cadix.

9


CADIX, TRAFALGAR, NELSON ET LES AUTRES…

Mercredi 9 février 2022

En arrivant à Cadix, nous pensions, enfin, pouvoir compléter de façon plus pertinente et exhaustive, nos connaissances de ce qui, pour nous, reste « la bataille navale française » à l’ancienne, la plus remarquable pour un marin : La bataille de Trafalgar, unissant la France et l’Espagne contre le Royaume uni, en un seul mot contre les anglais.

Et bien, croyez-le ou non, après avoir écumé quelques-unes des meilleures librairies de Cadix, il nous est impossible de trouver une documentation circonstanciée sur cette bataille navale. Il faut croire qu’elle n’est pas aussi importante pour le quidam espagnol qu’elle ne l’est pour nous ! C’est donc forts de nos nombreuses notes, déjà présentes dans nos tablettes, et d’une recherche approfondie sur internet, merci Wikipedia, que nous avons réussi à retracer les points marquants de cet évènement, depuis son origine jusqu’à sa conclusion, qui hélas, ne fut pas à notre avantage...Mais n’anticipons pas, ce n’est pas l’heure !

Rappel du contexte

Cette bataille fait partie des « guerres Napoléoniennes » consécutives à la révolution française de 1789 et qui occupèrent tout le premier empire, de 1803 à 1815.

belle baie avec ses bateaux revenant des Amériques ou armada franco-espagnole ?  

Napoléon rêve de dominer l’Europe, pour sa propre gloire, mais aussi pour le développement de la France et la diffusion des principes révolutionnaires, dans une Europe qui est monarchique. Après de multiples « escarmouches » (euphémisme), la France est toujours en guerre avec les Anglais, nos ennemis permanents. Mais il faut bien de temps en temps souffler un peu et en 1802, la France et le Royaume Uni signent le traité d’Amiens.

Qui dit traité (on connait cela depuis fort longtemps) dit « conditions » avantageuses ou pas pour les uns et les autres… (Vous me suivez.. ?) Or, dans ce traité, les « conditions économiques » ne sont pas à l’avantage (pour une fois) des anglais (comme toujours jamais satisfaits). Napoléon soutient une économie protectionniste, en bloquant les débouchés industriels des anglais et en empêchant les importations de produits agricoles nécessaires au Royaume Uni. De plus, Napoléon profite de la paix pour développer la conquête de nouveaux marchés au détriment des anglais. Il va sans dire que toutes les capitales européennes sont « exaspérées » et le mot est faible par la politique expansionniste de la France, en pleine paix.

Et vous, qu’auriez-vous fait ? un Brexit ou la guerre ?

Et bien, messieurs les anglais vont tirer les premiers… En mai 1803, le gouvernement britannique fait saisir tous les navires français et hollandais à sa portée et confisque 200 millions de marchandises. En réponse, la France fait arrêter tous les britanniques sur son territoire et en Italie (et oui, Napoléon l’avait annexée durant la paix).

Le 23 mai 1803 le Royaume Uni déclare la guerre à la France. Aie... on est reparti pour la bataille. Notons, et c’est important que depuis 1795, environ, l’Espagne est allié à la France contre les Anglais.

(On avance… encore un peu de patience, on arrive à 1805 !)

Napoléon caresse depuis longtemps le projet d’envahir l’Angleterre, afin de se débarrasser définitivement de cet encombrant ennemi, si proche de nous.

Pour cela, il a besoin de maîtriser les mers et en particulier la Manche que doit traverser « sa grande armée ». Il faut donc éloigner la flotte britannique. Napoléon va élaborer une manœuvre pour attirer hors des eaux britanniques la flotte de Nelson. S’en suit un large ballet, entre la Manche, l’Atlantique, la Caraïbe et la Méditerranée, des escadres françaises, espagnoles et anglaises, les unes essayant de tromper les autres et ces autres de surprendre les premières. Bon, on vous la fait courte, sinon on en a pour plusieurs jours à vous détailler les différentes stratégies des uns et des autres.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’en face de l’Amiral Nelson, (je suis obligée de le reconnaitre c’est un sacré marin anglais), on a un Amiral français, Villeneuve, qui n’est pas à la hauteur, pour y faire face.

Les préparatifs

En juillet 1805, Villeneuve se réfugie dans la baie de Cadix avec ses navires et ceux espagnols. Aussitôt, Nelson et ses différents amiraux, avec leurs 33 vaisseaux vont faire le blocus du port et des 40 navires de Villeneuve et de Gravina, l’espagnol.

40 navires cela signifie 26 000 marins ! Qui vont de juillet à octobre se déverser dans la ville de Cadix, faire la tournée des bodegas et des « burdels » et surtout se démotiver pour aller au combat. (Je n’ai pas réussi à trouver le nombre de naissance après leur départ en octobre.. mais il est à parier qu’une bonne partie des Gaditans est d’origine française !)

Napoléon presse l’amiral Villeneuve d’aller affronter Nelson, (on a ici deux versions, est-ce Napoléon qui ordonne à Villeneuve de sortir de Cadix ou celui-ci sachant qu’il allait être démis de ses fonctions qui tente le tout pour le tout ?).

Branle-bas de combat ! On peut, dès lors, imaginer les « boscos » des différents navires faisant le tour des bars et autres lieux de débauche afin de rappeler à bord officiers et équipages et les dessaouler avant d’appareiller !

Oh Pu… ! Bonne mère s’écrièrent nombre d’entre eux ! Mais le 20 octobre 1805, l’escadre franco-espagnole, met le cap vers Gibraltar.

Il faut savoir que Villeneuve et ses officiers avaient anticipé, sur le papier, la manœuvre de Nelson consistant à venir au contact, non pas selon une ligne parallèle à la ligne française, ainsi que le voulaient les pratiques de l’époque, mais perpendiculairement à celle-ci en deux colonnes afin de frapper au centre, avec force, pour couper la flotte franco-espagnole en deux. (Le fameux « Coup de Trafalgar », signifiant dans le langage populaire « un évènement inattendu », lequel, pour l’heure, était parfaitement attendu).

Les clés de la bataille, comme si vous y étiez !

Le 21 octobre, tôt dans la matinée, les bateaux anglais (33 navires et 18 500 hommes) sont au contact de la flotte franco-espagnole qui se trouve au large du Cap Trafalgar (sud-est de Cadix).

Le navire amiral « Victory » de Nelson (déjà arrogant, ces anglais, dans le nom de leur bateau) « engage » (veut dire rentrer dedans) le bateau amiral « Bucentaure » de l’Amiral Villeneuve. Il passe sous sa poupe (l’arrière) et tire à bout portant une bordée de 50 coups de canon (rien que ça). Le « Bucentaure », ravagé en quelques minutes seulement, est en détresse. Les anglais ont utilisé leurs terribles "caronades » (canons courts de gros calibre).

Le « Redoutable » du Capitaine de Vaisseau Lucas, « engage » à son tour le Victory et prend le dessus au cours d’un combat où les mousquets (ancêtres de la kalachnikov) crachent leurs balles. En 15 minutes seulement, le Victory est battu et l’Amiral Nelson très grièvement blessé (par le fusillier français Robert Guillemard, lequel va être abattu un peu plus tard par l’enseigne - anglaise - John Pollard).

Malheureusement, le Capitaine Lucas ne parvient pas à passer à l’abordage en raison des conditions de mer (la houle) ; son équipage est anéanti par la terrible mitraille du HMS (His Majesty ship) « Téméraire » (on se demande pourquoi un navire anglais s’appelle le téméraire) arrivé en renfort.

Cette « courte » séquence (moins de deux heures) constitue le tournant décisif de la bataille, car pendant ce temps, les bateaux anglais disposant d’une meilleure tactique ont pris le dessus et neutralisé de nombreux navires français et espagnols.

Nelson est touché à 13h15 ; il meurt à 16h30, après que le Bucentaure, navire amiral franco-espagnol ait « amené ses couleurs » (ça serait plus simple de dire qu’on s’est rendu, non ?) A 17h30, la victoire anglaise est totale.

la fameuse fresque avec Napoléon abasourdi par sa défaite !  
traduction : " Bâtards qu'on ne me parle plus de Cadix !"

Les regrets toujours trop tard :

L’armada franco-espagnole disposait d’atouts pour remporter cette bataille :

-supériorité en nombre des navires et des canons, 40 navires et 26 000 hommes, -anticipation de la manœuvre de Nelson, -meilleure position dans le vent (au travers alors que Nelson arrivait vent arrière par brise faible).

Mais, et oui il y a toujours un Mais… De meilleurs officiers et Amiraux, des équipages mieux entrainés, plus motivés, et peut-être à jeun et les terribles caronades, ont fait la différence.

Les franco-espagnols perdent 23 navires ; 4.400 marins sont tués et 2.500 blessés ; s’y ajoutent 7.000 prisonniers. Les anglais ont 450 tués, dont Nelson. Aucun navire anglais n’est perdu.

Trafalgar est une grosse défaite navale, dont nous ne nous remettrons jamais : « L’Amiral Marcus de Léon » et son bosco préféré. Mais si les anglais ont gagné la bataille, ils ont aussi perdu un marin de renom l’Amiral Nelson. Je considère donc, moi le bosco, que c’est match nul !

Napoléon n’a pas réussi à envahir le Royaume Uni et l’Angleterre a gagné la maîtrise des mers pour cent ans et ils pensent que ça continue !

La polémique

Nous ne pouvons terminer ce récit de la bataille de Trafalgar sans évoquer la polémique qui perdure depuis l’époque : le corps de Nelson a-t-il été ramené en Angleterre dans un baril de Brandy ou dans un baril de Rhum ?

Sans ambages, nous affirmons qu’il s’agissait de…RHUM, car celui-ci étant servi quotidiennement à l’équipage, il était disponible en plus grande quantité que le Brandy, réservé aux officiers et difficile à approvisionner en ces temps troublés. La petite histoire rappelle que la garde d’honneur disposée autour de la barrique, n’a pas hésité à se servir le rhum contenant…Nelson, cela donnant l’expression bien connue des marins : « se taper le sang de l’amiral » (ou le « sang de Nelson » : « Nelson’s blood tot »). Le 31 juillet 1970, la tradition du « Tot » de rhum dans la marine anglaise a pris fin.

Ici se termine notre visite à Cadix. Nous espérons avoir contribué à votre meilleure connaissance d’une bataille entre Français et Anglais qui perdure depuis 200 ans, mais sous d’autres formes et toujours avec la même ardeur : qui va gagner ?

Hasta Luego, good bye et à bientôt sur les routes du Portugal !

PS : Merci encore à tous ceux qui lisent et commentent ce blog, c'est un grand plaisir de lire vos commentaires très expressifs !



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Jeudi 10 février 2020

Nous sommes épuisés par cette bataille mémorable que nous avons perdue, sauf à admettre que ce fut « une partie nulle ». Comme dit Nelly, nous sentons encore l’odeur acre de la poudre des mousquets et il nous faut quitter ces lieux au plus tôt pour retrouver notre sérénité de voyageurs au long cours !

Petit encart : Bien que certains prétendent que le récit de la Bataille a été écrit par « l’Amiral Marcus de Léon », je m’insurge contre cette assertion, car si celui-ci « participa » au combat, le bosco, en qualité d’observateur, nota bien sur sa tablette toutes les phases importantes et décisives. Sa narration très particulière des événements, en raison de sa personnalité, ne peut-être mise en doute (qu’on se le dise…) !

8 h – Ce matin, l’équipage est prêt pour lever l’ancre du « Bucentaure Léon » et quitter El Puerto de Santa Maria, par la voie la plus rapide : l’autovia E1, qui va nous mener à l’entrée du Portugal, par Huelva.

Il nous faudra, toutes voiles dehors, par un fort vent arrière d’Est, environ 5 heures et quelques minutes pour jeter l’ancre à Tavira, province de l’Algarve, l’une des cinq régions du Portugal !

Nous connaissons cette aire de CC à Tavira, car nous l’avions déjà utilisée en 2020, lors de notre première « campagne » portugaise avec nos acolytes de l’époque : CC1 (Viviane et Gilles), CC2 (Yannick et Jean-Claude) et CC3 (nous autres : Amiral Marcus, sans Léon, et le Bosco) !

Notoriété oblige, l’aire est complète et nous allons devoir attendre « en rade » 24 heures afin qu’un quidam libère une place à quai et nous permette de rentrer dans l’enceinte du port. Nous aurons la place 9, comme en 2020 ; Estupendo non ? Passage par les remplissages et vidanges de toutes sortes, on est paré pour quelques jours. Rien à dire sur Tavira, se reporter sur les articles de 2020.

Vendredi 11 février 2022

8 h du mat : Impossible de bouger, une douleur lancinante au niveau de la hanche m’interdit toute position debout en appui sur ma jambe droite, et cela est pire lorsque je reste assise et me relève… Sont-ce les 55 kilomètres effectués depuis quelques jours ? Décision est prise, on sort les vélos et on se repose entre deux coups de pédales. J’ai de toute façon une tonne de documents à lire et à synthétiser, pour donner un peu d’intérêt à ce récit !

Origine du nom Portugal : le nom vient de « Portus Cale » (nom romain) quelquefois écrit Portucale devient Portugale entre le 7ème et 8ème siècle, puis est utilisé au 9ème pour désigner toute la région comprise entre les fleuves Douro et Minho. Ce dernier est la frontière entre le Portugal et la Galice, située en Espagne. Une autre hypothèse dit que le Portugal viendrait d’un mot arabe « Bortoqal » qui signifie Orange.

Première ébauche de la création du Portugal en 1157 

Un peu d’histoire – géographie :

Le Portugal est comparé au Finistère de l’Europe. Pays le plus à l’Ouest du continent Européen. Le Portugal représente un étroit rectangle de 560 km de long sur 110 à 220 km de large. Ses frontières n’ont pas variées depuis la fin du 13ème siècle. Sa population est d’environ 10 millions d’habitants.

A la fois océanique et méditerranéen (bien que ne s’ouvrant pas sur cette mer), ce petit pays tout en longueur varie les paysages, les cultures et le climat. Acculé à l’océan par l’Espagne, seule nation avec laquelle il partage une frontière terrestre, le territoire est coupé en deux par une ligne de latitude qui s’appelle le Tage, qui part de la frontière espagnole jusqu’à son estuaire à Lisbonne. Le fleuve, long de 230 km, est une ligne de partage naturelle qui marque le pays d’un point de vue géographie, culturel et mode de vie. Il y a un Nord et un Sud Portugais ayant le Tage pour frontière.

Cinq régions constituent le Portugal. En partant du nord en allant vers le sud.

Porto et le Nord – Les Beiras – Lisbonne et le Centre – l’Alentejo – l’Algarve.

Chaque région a ses caractéristiques propres, tant géographiques, que climatiques, mais également les modes de vie, l’artisanat, l’architecture, les recettes de cuisine, les fêtes et traditions sont différentes. Mais dans tout le pays, on retrouve les deux éléments qui ont marqué le Portugal tout au long de son histoire :

-La piété fervente qui a été un moteur pour la reconquête du territoire lors des différentes invasions. -La passion du large qui a permis à ce petit pays de découvrir le monde grâce à ses navigateurs.

Deux mots sur l’Algarve :

 Belle plage mais bétonnage du littoral 

Elle est la continuité de sa voisine espagnole, l’Andalousie. C’est la région la plus visitée du Portugal. Cet ancien royaume maure tourné vers la mer semble avoir été conçu pour les vacances. Sur le littoral, les stations balnéaires bâties de façon un peu désordonnées, attirent les foules l’été pour la qualité de leurs plages et la couleur de leurs eaux. Malgré tout, on trouve un arrière pays plus typique et préservé, avec ses champs de figuiers, d’amandiers et d’olivier. On voit peu de bâtiments anciens et prestigieux en raison du tremblement de terre de 1755. On va en Algarve pour le soleil, la chaleur et la diversité des paysages marins.

Samedi 12 – Dimanche 13 février 2022

R.A.S – Tout baigne, on se repose, lit, discute avec les voisins. 120 CC cela fait du monde pour dire bonjour, bonsoir, ça va, d’où venez-vous, où allez-vous et caetera ! Petit apéro avec Françoise et Bernard (qui a dépanné la TV). On papote, on se fait des confidences… rien de sérieux, pas de conversations sur la politique, les élections, le discours raté de Valérie, les réseaux sociaux, les revendications des uns et des autres, la religion, pas la sienne mais celle des autres… ! Reste les discussions sur les enfants. La belle vie de retraité en fait.

Bon c’est fatiguant la vie sociale et les bonnes manières et on pense déjà à reprendre la route vers l’ouest. Mais on ne peut pas rater la fête la plus importante de l’année… celle des amoureux dont nous faisons partie l’Amiral et le Bosco ! Rendez-vous demain pour la SAINT VALENTIN.

Lundi 14 février 2022

 A votre santé les Amoureux !

Depuis le 14 février 1986… c’est une fête que mon amiral ne saurait manquer. Ce jour là, lors d’une séance de « brainstorming » (nous étions encore en activité professionnelle..) il a rencontré une petite rouquine dont il s’est dit… elle ferait un excellent Bosco ! Cela dure depuis 36 ans dont 31 années de fiançailles… Les marins de la vieille école, avec leur sextant, sont longs à tracer la route !

Aujourd’hui ce sera : risotto aux morilles, sauce lait de coco, pour le coté Antilles, arrosé d’un crémant alsacien au planteur ! Exotique tout cela..Non ? (Merci Thierry et Isa pour les morilles, il nous en reste encore 700 gr)

 Risotto et à nouveau à la vôtre ! 

Mardi 15 février au Dimanche 20 février 2022

Nous quittons sans regret Tavira et continuons notre navigation vers l’ouest. Nous visons un « petit village » : Armaçao de Pera entre Albufeira et Portimao. Sur une recommandation d’un camping-cariste, nous jetons le « grappin » sur l’aire tenue par Elodie et Romy. Deux françaises, la quarantaine, qui ont décidé, maris, enfants et parents, de s’exiler au Portugal.

Que dire : sur quelques hectares de garrigue, légèrement en pente une bonne cinquantaine de « Léon » se dorent la carrosserie face à la mer. Très bonne ambiance, beaucoup de français et les hôtesses vous accueillent dans un esprit convivial et familial. Les commentaires sur Park4night sont très élogieux en raison de l’implication des 2 dirigeantes. Les séjours de chaque CC sont longs. Le prix, 9 euros/jour tout compris, à moins de 2 km de la plage et du centre est exceptionnel, de même que l’ambiance et les activités qu’elles proposent. Nous assistons un après-midi, à 15h30 sous un grand soleil, à une dégustation de vins locaux, et à un « concert » de chansons « paillardes » ! Par des camping-caristes qui semblent être des habitués. Tout cela rapproche évidemment et crée une dynamique !

original, une autocariste allemande en vacances  

Nous faisons connaissance, rapidement, de deux autres CC le Voyageur, Médéric et Muriel qui n’habitent pas très loin de chez nous, en Touraine et Maurice et Régine, des Nîmois. On ne pouvait pas rater quelques apéros traditionnels.

Public attentif ... Muriel et Méderic et dans le fond Régine et son chapeau  
chansons paillardes entre Sylvie et son binôme  

Pour revenir au « petit village de pécheurs » d’Armaçao de Pera, cela fait longtemps qu’il n’est plus petit et ressemble plutôt à ces bourgades touristiques défigurées par le tourisme de masse. Nous restons malgré tout, car je dois « soigner » mon inflammation de la hanche si je veux continuer sur ce qui nous semble plus intéressant : la région de Porto.

 ex village devenu ville de Armaçao de Pera 

Il reste trois semaines de « navigation » et nous commençons demain, notre remontée vers le nord. Nous allons explorer la région de Porto et ses vins. Région qui est le cœur de la fondation du Portugal.

Nous quitterons Armaçao de Pera, direction Fatima, aujourd’hui connue dans le monde entier pour être un des hauts lieux du culte marial. C’est à Fatima que s’incarne le mieux la ferveur religieuse du peuple portugais.

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Dimanche 20 février 2022

Il fait un temps magnifique, chaud, soleil et ciel bleu. C’est notre dernier jour en Algarve et à Armaçao. Nous décidons de nous offrir tous les six, un repas dominical sur le front de mer. Ce sera « Cataplana » (l’un des plats de poissons du Portugal) pour tout le monde, arrosée d’une sangria. Un très bon souvenir à rajouter à la liste des belles rencontres. Merci à vous quatre : Muriel et Médéric, Régine et Maurice pour ce beau dimanche. A bientôt peut-être sur les routes !

Un dimanche au soleil avec des copains !  

Lundi 21 février 2020

8h30 – Nous sommes prêts et quittons le site encore endormi. Direction le nord, pour 350 kilomètres et halte à Fatima, haut lieu de la ferveur religieuse du peuple Portugais.

Nous arrivons en début d’après-midi sur l’un des immenses parkings qui entourent le site du sanctuaire. Très peu de monde, en cette saison, ce n’est pas l’époque des pèlerinages nous avons donc le choix des places. Bel emplacement mais sans services. Nous pouvons tenir 2 à 3 jours, sans électricité, ni eau. Les cuves et les batteries étant chargées à bloc. Après déjeuner nous décidons de visiter ce qui fait l’attrait touristique du lieu, les basiliques consacrées à la vierge Marie et les apparitions de celle-ci à trois jeunes bergers en 1917.

FATIMA origine du nom et apparitions

La ville de Fatima : c’est un prénom arabe donné à la ville à l’époque où le Portugal était musulman. Aux environs de 711 sous Gharb al Andalus.

Il y a une centaine d’année, c’était une petite localité du centre du Portugal à environs 100 km au nord de Lisbonne et 200 km au sud de Porto. Mais de 1916 à 1917, trois jeunes bergers de 7 à 10 ans, Lucia dos Santos et ses deux cousins Francisco et Jacinta Marto, affirment qu’un ange les visite régulièrement lorsqu’ils gardent leurs moutons. Ces visites persistent jusqu’au 13 mai 1917 lorsqu’ils affirment être témoin de l’apparition de celle qui se présentera sous le nom de Notre Dame du Rosaire. Ce rituel va se répéter plusieurs fois le treizième jour de chaque mois. Malgré les brimades dont ils sont l’objet, personne ne les croyant, ils persistent dans leurs dires, faisant même actes de pénitences, « pour ramener la paix dans le monde » conformément aux instructions de la vierge Marie. La rumeur commence à se répandre dans tout le pays et les gens commencent à affluer à Fatima, provoquant l’ire des autorités qui emprisonnent les enfants durant quelques jours.

13 octobre 1917 – Le Miracle du soleil

le sanctuaire de notre dame de Fatima  
le sanctuaire et l'intérieur ainsi que la chapelle de l'apparition  

Une foule, estimée par certains à plus de 70 000 personnes, se presse autour des trois bergers. Quelques mois auparavant, Lucia dos Santos, avait demandé à la Dame Blanche de faire un miracle afin de prouver ses dires et ceux de ses cousins. La Dame avait acquiescé et donné la date du 13 octobre. Ce jour là il pleut beaucoup et à l’heure dite, le soleil sort brusquement des nuages, change de couleur, se met à tournoyer, semble se détacher du ciel et plonger vers la terre menaçant de s’y écraser. La foule est pétrifiée d’effroi (qui ne le serait pas..) puis tout redevient normal !

 la basilique de la sainte trinité 40 000 m2 - 9000 places construite de 2004 à 2007 

Le lendemain les journaux s’emparent de l’affaire… (déjà Médiapart) crient au miracle ou à l’arnaque… mais que s’est-il passé ? Si le miracle du soleil n’a jamais été reconnu par l’église, il suscite toujours l’interrogation des scientifiques. Tous sont d’accord : il ne s’agit pas d’une éclipse solaire, ou d’un phénomène astronomique, mais plus surement d’une anomalie météorologique ou d’un effet d’optique… mais force est de constater que 100 ans plus tard, il est toujours difficile d’y voir clair ! Il est grand le mystère de la foi…

 le cœur construit pour le centenaire des apparitions en 2017 

Que dire également sur les « trois secrets » de Fatima : Peut-on, d’ailleurs parler de secrets, de vision, de prophéties ?

Indépendamment des apparitions aux enfants, la Dame Blanche (la Vierge Marie) aurait laissé un « message » sous forme de « 3 secrets » considérés comme prophétiques par l’église catholique et dont la traduction en « clair » peut s’interpréter de différentes façon. « Ce message » était détenu par Lucia do Santos, seule rescapée des trois cousins, les deux autres ayant succombé à la grippe espagnole en 1919. Lucia do Santos, prit le voile et vécut depuis 1948 recluse au carmel de Coimbra. Elle est morte en 2005. Voici l’une des interprétations :

-le premier se réfère à une vision de « l’enfer » et dénonce l’athéisme et les persécutions perpétrées par les communistes contre l’église. -le deuxième évoque une guerre encore pire que celle actuelle (nous sommes en 1917) et annonce donc la deuxième guerre mondiale. -le troisième, longtemps gardé secret, se présente comme une vision évoquant la souffrance d’un évêque vêtu de blanc. Il n’a été révélé qu’en 2000 mais Jean-Paul II s’y est reconnu, faisant allusion à l’attentat dont il a été victime le 13 mai 1981 (à noter la similitude des dates…)

L’interprétation de Benoit XVI est tout autre (si déjà entre papes, ils ne se mettent pas d’accord…) Pour lui la Vierge aurait annoncé le calvaire d’une église secoué par les scandales de la pédophilie.

Les deux premiers secrets ont été révélés par le pape Pie XII en 1942. Le troisième en 2000.

Pour l’agnostique que je suis, tout cela (les apparitions, les secrets) me laisse dubitative.

Mais pour les croyants catholiques, il n’en est pas de même. C’est avec une grande ferveur que des milliers de pèlerins venus de toute l’Europe et même du monde affluent vers le sanctuaire qui a été consacré à Marie. Nombreux sont ceux qui font le chemin à pied, et qui parcourent les derniers centaines de mètres à genoux (voir la photo prise hier) lors des fêtes du mois de mai et plus particulièrement lors du 13 mai, date de la première apparition.

cette femme a fait plus de 100 m à genoux soutenue par son conjoint. Dur dur, il faut avoir la foi  

18 h – après cet intermède religieux, nous regagnons notre cher Léon et nous nous préparons à passer une nuit paisible, mais pas dans le calme absolu… la cloche de la basilique sonne tous les quart d’heure, les demi-heure, et toute les heures. Les 12 coups de minuit résonnent encore dans ma tête !

Bonne nuit et à demain pour Pesos de Ragua, la vallée du Douro.

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Mardi 22 février 2022

Les 7 coups des cloches de la Basilique nous réveillent. Souvenirs, souvenirs des réveils de mon enfance chez mes grands-parents ! Debout les braves, nous reprenons la route.

Léon est prêt à avaler les 240 km qui nous séparent de Peso da Régua, province du Douro, où notre captain a rendez-vous avec les vins de Porto, un autre de ses « breuvages » préférés, après le rhum. Il faut ajouter que cette année, notre voyage n’est pas uniquement culturel mais gastronomique !

Nous entamons les hauts plateaux du centre du Portugal, la serra da Estrela. Nous franchissons, plutôt Léon... peine un peu à trainer sa cargaison pour passer les cols à 900 mètres d’altitude, mais heureusement sans neige à cette époque. Nous laissons de coté Coimbra que nous avions visité lors de notre précédent voyage et continuons notre route vers le nord. Tout au long de notre route, plus particulièrement dans les vallées du coté de Viseu, nous trouvons de magnifiques forêts de mimosas, que nous comparons à notre forêt célèbre du Tanneron au dessus de Mandelieu. Mais ce ne sont pas des forêts cultivées.

les terrasses de vignes et le douro au fond de la vallée  

14h – Peso da Régua est située au fond de la vallée, en bordure du Douro, ce fleuve qui est à Porto ce que le Tage est à Lisbonne. Nous sommes sur le haut plateau et nous apercevons au fond de la cuvette la ville de Régua (18 000 habitants). Nous devons donc descendre les différents lacets. Tous les versants de la colline, sont couverts de vignes en terrasses. De petits murets de pierres sèches soutiennent les plantations. Il est impossible d’utiliser des engins pour travailler la terre et la vigne, tout est fait manuellement. Dommage que nous ne soyons pas à l’époque des vendanges pour les couleurs que cela doit générer !

Nous garons Léon sur une aire municipale en bordure du Douro et à 10 mn à pied du centre ville. Nous sommes les seuls français parmi des hollandais, suédois et portugais. C’est l’aire la moins chère de notre périple, 3 euros jour, tous services inclus !

Léon est le deuxième CC avec vue sur le Douro et le pont qui enjambe le Douro  

Pourquoi ce choix de Peso da Régua, petite ville paumée au fond d’une vallée, à 100 km à l’est de Porto ? Et bien, parce que c’est ici, autour de Régua, basse vallée du Douro, que sont produits les vins de Porto sur une soixantaine de kilomètres. Régua était également à une époque lointaine, début du 19ème siècle, le lieu où les raisins étaient acheminés vers Vila Nova de Gaïa (rive gauche du Douro) en face de Porto, dans de grands futs, sur des bateaux plats, les « rabelos ». Aujourd’hui les « rabelos » ne servent plus qu’à promener les touristes, l’acheminement se fait par train. Modernité, modernité !

les quintas et leurs vignes  

Mercredi 23 février 2022

Nous décidons de visiter le musée des Vins du Douro à Régua. Installé dans un ancien chai, c’est un musée moderne et interactif qui présente les différents vins de la vallée du Douro, la culture de la vigne, la restructuration du paysage par l’homme, la tradition des vendages, le transport du vin sur les « rabelos » à la force des bras, les outils utilisés (très rudimentaires). Nous avons beaucoup apprécié la salle des aromes qui permet d’éduquer son « nez » afin de mieux apprécier la complexité des différents vins.

une Rabelos, barque avec ses futs qui descendaient le Douro et le mur des vins de la vallée 

14 h - Retour vers Léon, car j’ai un déjeuner à préparer… une cataplana, l’un des plats phares du Portugal, sans offenser les portugais, je dirais la paëlla portugaise, avec certaines variantes ! « Succulent ! » a dit le Captain, déchu de son titre d’Amiral, après la défaite de Trafalgar.

 le mur des aromes du vin 

Jeudi 24 février 2022

Une pensée ce matin, en nous levant, pour l’Ukraine, envahie par la Russie.

Nous décidons d’aller faire un tour à Porto !

9 h 15 - Nous sommes sur le quai de la gare de Régua, direction Porto, environ 2 heures de trajet le long du Douro. Belle balade à travers les petits villages qui bordent le fleuve. Nous verrons, malheureusement, de belles demeures à l’abandon et quasiment en ruines. Le déclin des petits exploitants aux profits des grands groupes qui aujourd’hui sont les maîtres des vins du Douro.

 le hall de la gare de Sao Bento 

Porto, la gare de Sao Bento, une merveille d’architecture avec ses fresques en azulejos. Nous n’avons pas l’intention de visiter mais plutôt de prendre « la température » de la ville, de nous imprégner de ce qui fait sa beauté et sa richesse. Il fait un temps superbe, soleil, chaleur et ciel bleu. Tout est réuni pour que nous passions une journée agréable. Nous nous concentrons sur la vieille ville qui est le cœur historique de Porto. Nous descendons la rue de Florès, vers les quais du Douro. La ville entière chante, à tous les coins de rue il y a des musiciens, fado et rythmes brésiliens se succèdent.

les quais Ribeira  et le pont Louis 1er 

Nous déjeunons sur une petite terrasse à quelques pas du Douro. Nous commandons une plancha de charcuterie et fromages portugais, ainsi que des légumes grillées, tout cela arrosé d’un vin blanc du Douro. Un trio de musiciens nous enchante avec ses airs brésiliens, ma fourchette se plante dans le plat pour me servir quelques tranches de cet excellent jambon … je sursaute tout à coup … un énorme goéland fond sur ma fourchette et agrippe dans ses serres et bec mon jambon ! Un grand éclat de rire retentit sur la terrasse et je suis obligée de saluer l’exploit de cet audacieux palmipède qui apprécie lui aussi la nourriture portugaise !

Nous regagnons Léon, enchantés de notre visite et demain nous reprendrons la route, direction PORTO.

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Vendredi 25 février 2022

C’est parti ! Nous allons retrouver nos barriques de vin sur les quais de Vila nova de Gaïa avant qu’elles n’embarquent pour une quelconque destination mondiale !

vieilles photos d'un chais au 19ème siècle  

Mais il nous faut sortir de notre « cuvette » et faire grimper Léon sur une route sinueuse et très étroite pour atteindre l’autoroute qui nous mènera à Vila nova de Gaïa où nous avons trouvé un « camping-car park » face à l’océan, à quelques minutes en bus du centre de Porto.

14 h – Léon est garé sur son emplacement, et nous décidons de prendre le bus 15 qui nous amène à l’entrée du pont « Dom Luis » (surnommé le pont Eiffel) pour prendre le téléphérique (et oui..) qui va nous descendre sur la rive gauche du Douro où se trouve tous les grands chais qui réceptionnaient, jadis, les futs de vin en provenance de Peso de Regua.

Le pont Eiffel vue rive droite et rive gauche  

Bem vindo ao Porto !

Porto deuxième ville du Portugal (216 000 habitants, et 1.8 million avec l’agglomération) c’est d’abord l’histoire d’un fleuve que les Romains appelaient « le fleuve d’or » et de Portus (Porto) et Cale (Vila Nova de Gaïa) qu’ils fondèrent de part et d’autre de ses rives. Au moyen âge, Porto se développe, mais c’est au 18ème que le négoce du vin devint plus que rentable et permit l’agrandissement de la ville. Le 20ème siècle permit sa modernisation, puis Porto se figea dans la dictature de Salazar. La révolution des Œillets du 25 avril 1974 lui permit de retrouver sa liberté et son entrée dans l’Union Européenne en janvier 1986 accéléra son développement.

Juste une précision, il parait que ce sont les français qui sauvent les ventes de Porto depuis la pandémie de covid ! La France avec 40 millions d’euros (et oui, on aime boire en France) est redevenu le premier marché et récupère la place de leader qu’elle a occupée durant plusieurs années jusqu’en 2017 et notamment grâce à la marque Porto Cruz, propriété du groupe français La Martiniquaise (quelle horreur … sacrilège envers le rhum !)

je sais où retrouver Captain Marcus si je le perds  

Nous sommes sur la plateforme du téléphérique. Notre Captain avec une légère appréhension, à cause du vertige, (C’est incompréhensible, lui qui peut monter en haut d’un mat à plus de 20 m de haut, dans une mer houleuse...) s’agrippe à son bosco en faisant une petite prière à Neptune pour que la descente se passe bien ! Voila, nous sommes sain et sauf sur « le Cais da Gaïa » (rive gauche du Douro) où se trouvent les principales sociétés de vente de vin de Porto avec un grande capacité de stockage en fûts, à l’opposé de la commercialisation qui se fait ou se faisait sur la rive droite, coté ville de Porto.

Aujourd’hui, le plus gros stockage de vin se fait hors du site pour différentes raisons, et ne reste que la partie touristique, visite de ce que fut le site autrefois (les chais, les fûts) dégustation et vente de bouteilles aux particuliers. Les bâtiments ainsi libérés ont été transformés (par un Anglais, schoking…) pour donner vie à une incroyable concentration de musées, de bars, de restaurants, de salles d’exposition interactives et d’une école du vin sous l’appellation World Of Wine (WOW) dédié non seulement au vin mais aussi à la destination Portugal.

vue depuis la cabine du téléphérique  

Nous déambulons sur les quais à la recherche de la perle rare … nous optons pour la boutique du groupe Sogevinus qui détient plusieurs marques prestigieuses dont le « Kopke » un excellent porto d’après notre Captain. Aie, ma carte … il va sans dire, bancaire ! Mais voila, on ne peut négliger une bouteille de la « colheita » 1976 avec 40 ans en fût de son précieux breuvage ! Nous goutons l’année 1978 : un régal de finesse et de complexité avec des aromes de noix, de miel … l’équivalent d’un JM (pour les connaisseurs) chez les rhums !

quel millésime préfères-tu mon cher fils !  

Nous reprenons notre cabine pour nous retrouver dans les jardins Do Morro, avec une vue dominante, soleil couchant, sur le Douro et les quais rive droite. Bus pour rentrer et halte sur la plage, en face de notre aire, pour déguster…un Porto, of course !

Quelle vue ! à gauche les jardins du Maure 

Samedi 26 et Dimanche 27 février 2022

Nos deux derniers jours au Portugal… Nous décidons de nous concentrer sur la vieille ville le cœur historique de Porto. Bus, métro pour traverser le Dom Luis, et nous voila revenu à la station de Sao Bento, construite sur les ruines d’un couvent, par un des élèves de Victor Laloux, architecte de l’ex-gare d’Orsay. Elle est couverte de 20.000 azulejos, qui mettent en valeur les moments clefs de l’histoire du Portugal.

En face de la station, nous grimpons la colline qui nous conduit à la SE. Ne pas dire Cathédrale SE cela serait un pléonasme affreux ! En effet, SE est une expression latine qui signifie « siège épiscopal ».

Contemporaine des Cathédrales de Lisbonne et de Coimbra, elle a des allures de forteresse, en raison de sa construction du 12ème siècle. Elle domine la ville pour être vue de partout. Nous ne pourrons pas visiter l’intérieur, en raison de la messe dominicale. C’est sur le parvis de la cathédrale qu’au moyen âge était érigé le pilori. En 1940 l’esplanade fut réaménagée avec la construction d’un « pelourinho » en souvenir du poteau d’exécution.

la SE à droite un aperçu du Pelourinho  

Nous enchainons sur l’avenue Dos Aliados, (les champs Elysées de Porto) toute proportion gardée ! Malheureusement l’avenue est en grand travaux et cela gâche un peu notre visite. Sur la Place de la liberté, trône la statue du roi Pedro IV sur son cheval tenant la constitution dans sa main droite. A l’extrémité, l’Hôtel de ville. De belles façades d’immeubles témoignent de l’essor de la ville à la fin du 19ème siècle.

A gauche la Mairie et à droite la Tour Clerigos  

Nous n’avons pas pu voir The House of Filigree, musée consacré à l’histoire et à la technique du filigrane et bien d'autres monuments (à voir l’année prochaine !)

Il faut entrer dans la "Livraria Lello" pour que toute la magie du lieu opère. Entre autre l’escalier à double volée, les rails au sol qui permettaient d’acheminer les livres jusqu’aux rayons, les vitraux et le travail du plâtre imitant le bois. On pensait jusqu’en 2020 que la librairie avait inspiré J.K Rowling pour son livre « Harry Potter à l’école des sorciers ». Ce fait fut démenti par l’écrivaine. La librairie a été classée troisième des plus belles librairies du monde. Si une visite vous intéresse, penser à réserver vos billets à l’avance, entrée payante et pratiquement 2 h de queue !

la file d'attente pour la librairie Lello et sa façade  

Visite extérieure de la Torre dos Clérigos. Tour la plus haute de Porto avec ses 76 mètres. Effet saisissant car elle construite sur une butte qui s’appelait autrefois « la colline des pendus » ! Nous renonçons à monter les 250 marches, en colimaçon, pour accéder au sommet du clocher.

l'escalier de la librairie et vue depuis le premier étage  

14h30 - Nous commençons à sentir la fatigue… et notre estomac gargouille…Une dernière halte devant le Palacio da Bolsa, face au Mercado Ferreira Borges transformé en lieu d’exposition et restaurant.

 le mercato 

Le palais de la bourse est désormais la chambre de commerce et de l’industrie du Portugal. L’intérieur est magnifique surtout l’escalier monumental à deux volées, les pièces de l’ancien tribunal de commerce, le salon arabe inspiré de l’Alhambra de Grenade.

 palais de la bourse 

Nous optons pour un restaurant en bordure du quai, sous le soleil, ciel bleu, et chaleur ce que nous sommes venus chercher au Portugal. Ce sera poulpe pour moi et morue pour Captain Marcus, arrosé bien sûr, d’un vin du Douro !

Quai Ribeira  

Dernier moyen de transport pour regagner le dernier étage du pont Dom Luis, le funiculaire ! Ne manque que l’hélicoptère, et nous aurons pris tous les moyens de transport de la ville : le bus, le métro, le train, le bateau, le téléphérique, le funiculaire, est-ce que j’en oublie ? Le taxi peut-être !

Pour terminer notre visite à Porto voici :

Un Bref coup de projecteur sur les vins de Porto

Le vin de Porto, plus simplement dénommé « Porto », est produit dans la région du haut Douro, entre 100 et 150 kilomètres à l’est de la ville de Porto.

Il faut noter qu’il s’agit d’un vin « muté », c'est-à-dire recevant un apport significatif d’alcool. En effet, après la vendange et la presse, la fermentation des moûts est interrompue par un ajout de 30% d’alcool de raisin titrant autour de 75°. Cette opération (le mutage) a deux effets principaux :

Premièrement, conserver au breuvage une haute teneur en sucre, celui-ci ne se transformant plus en alcool ;

Deuxièmement, augmenter le degré du vin en alcool. Les Portos titrent en moyenne 20° (soit 20% d’alcool pur).

(Passons sous silence le fait que « l’inventeur du Porto actuel » soit…un anglais !)

Au final, le Porto est un vin doux, charpenté, riche en arômes, dont les diverses variétés s’accordent avec toutes les étapes d’un parcours gastronomique.

Les principaux types de Portos

Le Ruby est un vin plutôt jeune, à la couleur moins marquée que les suivants.

Le Tawny est un savant assemblage de vins pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies. L’âge indiqué sur les bouteilles est en général la moyenne d’âge des différents vins utilisés. Le Tawny est un Porto complexe, très riche d’arômes et de saveurs. Un Tawny de 20 ans par exemple, sera d’un prix abordable et procurera un intense plaisir lors de sa dégustation.

Le Vintage est la « Rolls » des Portos. Il s’agit d’une année exceptionnelle (tels nos grands crus de vins), un vin en principe non assemblé. Un Vintage (toujours millésimé) vieillit 2 ans en barrique avant la mise en bouteille. Il y poursuivra alors son vieillissement et son épanouissement. Après plusieurs années (10, 20 ans ou plus), la bouteille sera ouverte et devra alors être bue « dans la journée », ce vin ne supportant pas l’oxydation qui surviendra immanquablement.

Avec ses 60 millions de litres produits chaque année, le Vin de Porto n’a pas fini de nous enchanter, même si la France n’est pas le plus gros consommateur mondial. Il va falloir que ça change ! Il paraît que ça vient.

Après lecture de ce court mémo sur les Portos, il faut oublier la bouteille de base et se tourner vers un porto millésimé ou un vieux tawny, de 20 ans d’âge par exemple. Mais, bien sûr … rien ne vaudra un bon RHUM de Martinique !

Lundi 28 février 2022 au jeudi 3 mars

Le moteur de Léon chauffe et s’impatiente de reprendre la route, pour faire les 1250 km qui séparent Porto de la France via l’Espagne. A bientôt, rendez-vous en Vendée !

14

Dimanche 13 mars 2022

Une semaine exactement que nous avons regagné notre base … la Touraine. Il pleut, le ciel est gris et la température autour de 11° ! Pas exactement ce que nous avons vécu pendant presque trois mois.

La remontée de Porto vers la Vendée s’est faite en trois étapes : d’abord l’Espagne avec un arrêt dans un village perdu, près de la grande ville de Léon ! (on ne pouvait pas faire moins). Puis un arrêt à Espelette, en pays basque, pour renouveler les stocks de piment, dont j’use abondamment dans ma cuisine. Enfin le bassin d’Arcachon près du lac de Biscarrosse, magnifique site, enfin la Vendée, chez des amis de 60 ans de Marc.

ILS : Jean-Claude, Bernard et Marc se sont connus au Lycée, en région parisienne, en 1962 lorsque Marc est rentré d’Algérie avec ses parents. A l’encontre de beaucoup d’autres « pieds noirs » il a été très bien accueilli, aussi bien par ces nouveaux copains que par leurs familles. Cette amitié dure depuis six décennies malgré les séparations consécutives aux changements familiaux (mariages, enfants, divorces, remariages), boulot et changement de régions. Il est question d’organiser une grande fête pour cet anniversaire. Qui s’en charge ? À suivre…

Les 3 mousquetaires et leurs boscos dans Léon ! 

ELLES : Nous les femmes Thérèse, Claude et Annette, les pièces rapportées (comme ils disent), nous essayons de maintenir le lien et de nous retrouver plusieurs fois par an, chez les uns ou les autres. En raison de la pandémie nous ne nous étions pas vues depuis avril 2021.

Nous sommes contents de nous revoir tous, autour d’une table avec de bons coups à boire, et de présenter LEON, le nouveau membre de la famille !

Pourquoi appelle t’on les rapatriés d’Algérie les « pieds noirs » ?

Les « pieds noirs » sont les descendants de tous les Européens, majoritairement français, qui a partir de 1830 se sont installés en Algérie pour en faire une colonie de peuplement.

Par contre, l’origine de l’expression fait l’objet de plusieurs hypothèses : Je ne vous livrerai ici que celle la plus généralement admise et dont Marc s’est fait le porte voix :

« Les premiers Européens arrivés en nombre au début de la colonisation étaient des militaires portant des chaussures de marche noires » simple non ?

Epilogue de ces 80 jours et 6718 kilomètres ! (17 décembre 2021 – 6 mars 2022)

Les étapes qui nous ont le plus marqués :

-BARCELONE (of course) l’œuvre de Gaudi, la Sagrada Familia, et son génie baroque

Sagrada Familia une merveille de baroque !  

-RONDA pour son emplacement atypique et son histoire

Ronda le village blanc et ses falaises  

-JEREZ DE LA FRONTERA, sa ville moderne, son Ecole Royale d’Art Equestre

Dommage pour la tête du cavalier ... mais le cheval est splendide ! 

-CADIX sa tour Tavira et son histoire avec la bataille de Trafalgar

Cadix vue depuis le sommet de la tour Tavira  

-FATIMA pour cette photo

 Qui en est capable ? 

-PORTO pour son ambiance, sa musique son atmosphère

Porto le Douro et les barques à vin devenues les barques à touristes ! 

En conclusion : Nous avons fait le plein de soleil, de chaleur, notre objectif de départ. Léon a été un compagnon fiable et confortable malgré quelques petits ennuis.

La tenue de ce carnet de voyage est toujours un plaisir pour moi et le partager avec la famille, les amis est source d’inspiration. Son édition sur papier nous permettra de raviver, lorsque nous serons vraiment, vraiment… très vieux, les bons souvenirs ! Rien ne vaut un texte associé à des photos.

Avant de conclure, un grand MERCI à ceux qui nous ont suivis, tout au long de ce périple de 80 jours. Lus et commentés, pour certains, les différents articles et pour ceux qui n’ont pas osé le faire, merci aussi !

Une dernière citation :

«Le vrai domicile de l’homme n’est pas une maison, mais la route. La vie elle-même est un voyage à faire à pied » et je rajouterai à faire aussi, avec Léon notre camping-car !

A bientôt …peut-être, sur les routes de la Baie de Somme !

Les baroudeurs vous saluent et à la vôtre !