Jeudi 13 février 2020
Et bien nous y sommes, à Grenade. Plus exactement dans le quartier de la Zubia, en périphérie de la ville, sur le grand parking cité par « park4nights ». Jour de petit marché et nous sommes les seuls avec notre gros « camion ».
14h – Marc part en exploration … recherche du bus qui nous conduira en ville demain. Une excursion en ville pour trouver l’office du tourisme et de la documentation en français (difficile...) enfin tout ce qui faut à des « baroudeurs » pour optimiser leur séjour ! Quant à moi, je termine le blog sur Cordoue.
Un petit mot sur ce blog : j’aime écrire... Raconter des histoires, faire des recherches sur les sujets qui m’intéressent et les faire partager à ma famille, mes amis. Cela à débuté en 2010 et jusqu’en 2015 ; lorsque nous avons décidé de partir naviguer plusieurs mois par an aux Antilles. Pour ceux que cela intéresse et qui ne nous ont pas suivis durant cette période le blog est toujours visible : www.levoyagedeladya.canalblog.com
Bref, je n’avais pas intégré qu’écrire tout en naviguant était facile, car bien souvent les navigations durent des journées. Mais qu’en CC, la partie « navigation » n’offre pas les mêmes possibilités et de plus nous « crapahutons » énormément (moyenne 8/9 km jour), donc il reste peu de temps pour rédiger. J’aime aussi conséquence « éducative », faire les choses le mieux possible, et cela prend du temps.
Je vais donc consacrer mon dimanche à mon ordinateur, mes livres et guides sur l’ Al-andalous et Grenade !
Vendredi 14 février 2020 (bonne St Valentin pour les amoureux)
GRENADE : 250 000 habitants
Considérée comme l’une des plus belles villes d’Espagne et certainement de l’Andalousie. Grenade est blottie au pied des montagnes de la Sierra Nevada, baignée par les eaux du Darro et du Genil. En toile de fond les cimes enneigées de la Sierra Nevada. La ville est considérée comme la dernière capitale arabe de l’Al-Andalus (1492, Grenade se rend aux troupes de Ferdinand II d’Aragon).
Comme la plupart des villes d’Andalousie, elle conserve les vestiges du passage des Carthaginois, des romains, des wisigoths, puis, au 8ème siècle, les arabes prirent possession de la ville.
Celui qui prononce le nom de Grenade pense aussitôt à l’ALHAMBRA (Al-hamrà) qui signifie LA ROUGE. D’aucuns parleront du « château rouge » d’autres diront la « colline rouge » puisque l’ensemble des « bâtiments » principaux, au nombre de 4 qui constituent l’Alhambra, sont édifiés sur le sommet (750 m) de la colline de la Sabika, constituée par les dépôts ferrugineux des terres en provenance de la Sierra Nevada, qui lui donnent cette couleur ocre.
L’ensemble ressemble à un navire (on savait qu’on était en harmonie) dont la proue représentée par l’Alcazaba (l’un des 4 bâtiments) pointe vers la ville. Sa longueur dépasse les 700 mètres et sa largeur maximale 200 mètres, ce qui donne une superficie d’environ 13 hectares, inscrite dans un périmètre de muraille de plus de deux kilomètres renforcées par près de trente tours dont certaines sont en ruine aujourd’hui. Il faut donc considérer l’Alhambra comme une ville, une citadelle fortifiée pour protéger la ville basse.
L’Alhambra est un « ensemble architectonique » qui malgré sa vétusté se caractérise par une grande modernité en raison de sa conception et de sa construction. C’est le Corbusier qui allait trouver dans ce « monument » la concrétisation de sa définition de l’architecture moderne : « la combinaison intelligente, correcte et magnifique de volumes unis sous la lumière ». Théorie de sa « Cité Moderne » (1922) : Intégrer le jardin et le paysage aux intérieurs.
L’Alcazaba :
Le point de départ de l’Alhambra (13ème siècle) est l’Alcazaba (forteresse) qui existait déjà au 9ème siècle et qui surgit dans l’Histoire au moment des guerres civiles du 9ème siècle et des luttes contre les envahisseurs Almoravides et Almohades. Elle est constituée de tours qui permettaient de défendre la ville.
Les Palais Nasrides :
C’est à partir de cette vieille forteresse que, de 1237 à 1492, les princes Nasrides qui se succédèrent, commencèrent à construire de petits palais : Los Palacios Nazaries (Mexuar – Comares – Leones), des résidences, des bains et des mosquées, des écoles etc. Jusqu’à créer une véritable ville princière capable d’abriter une population aristocratique qui ne cessait de croître. Fonctionnalité, originalité, raffinement, définissent la conception et la construction de ces palais qui serviront d’exemple pour la construction de palais en Inde. Par exemple le Taj Mahal, trois siècles plus tard.
L’association de l’eau, présente partout, la disposition des pièces, des fenêtres et les courants d’air, permettaient d’avoir des pièces toujours fraiches en été. Ce sont les premiers inventeurs de « l’air climatisé » ! Il existait déjà deux sorties « eau chaude et eau froide » pour les bains. Les chaudières existaient aussi et quant aux « toilettes » nous n’avons rien inventé de plus, si ce n’est « le trône » sur lequel on s’assoit (nostalgie de royauté...) alors que la meilleure position pour déféquer est de le supprimer…le « trône » !
Le generalife : vient de 2 mots arabes djennat (jardin, potager, paradis) et al-arif (architecte constructeur) Ce qui signifierait « le jardin de l’Architecte » mais certains lui donne les sens de « Potager principal » (c’est le terme que je préfère !)
Conçu au 14ème siècle comme la résidence d’été des derniers souverains nasrides. Il était indépendant de l’Alhambra et s’étendait beaucoup plus loin que les limites actuelles. C’est un palais aux dimensions modestes et à l’architecture plus simple. Ce sont les jardins en terrasses, les bassins d’eau, les plantes et les arbres qui en font l’originalité. De grands espaces étaient consacrés à la culture de légumes et, entre autre, celle de l’artichaut.
Le Palais de Charles Quint
De style renaissance, le palais construit au 15ème siècle a fait polémique lors de sa construction car il détonait avec le reste de l’Alhambra. L’idée, controversée, était d’effacer le passé musulman. Il semble cependant que l’intention politique de la monarchie espagnole était de renforcer par de grandes constructions royales, son rôle de proéminence. Il ne s’agissait pas de détruire l’ancien mais de venir s’ajouter aux splendeurs passées. Sans le palais, l’Alhambra n’aurait pas été intégrée au patrimoine des Palais Royaux d’Espagne.
L’architecte Pédro Machuca est chargé de la conception et des travaux. Le choix du plan est très singulier, une cour circulaire de 42 m inscrite dans un carré, avec deux étages, se caractérise par une totale sobriété et dénuement. Les travaux commencés rapidement ne purent être achevés fautes de financement.
Après Charles Quint jusqu’à l’occupation Napoléonienne s’en suit une longue période d’abandon de l’Alhambra. Ce n’est qu’au 19ème siècle que débute une période de restauration, plus ou moins respectueuse de ce que fut la grandeur de l’Alhambra entre le 8ème et le 16ème siècle.
En 1984 l’Alhambra et le Generalife sont déclarés Patrimoine mondial de l’UNESCO. Huit heures de visite, 11.4 km et 15.500 pas, pour admirer la merveille parmi les merveilles : L’ALHAMBRA LA ROUGE !
Il est 18h – Nous décidons de rejoindre le camping La Reina Isabel qui se trouve à 200 m de notre stationnement. Nous aurons enfin de l’électricité, de vrais douches, et plus de tranquillité pour laisser notre CC. Pas gratuit, mais nous sommes en hiver et les prix sont plus doux… Encore une fois, bondé, rempli de nationalités nordiques qui viennent passer l’hiver au soleil. Des français également, des habitués du lieu et de l’Espagne.
Samedi 15 février 2020
9h – Nous sommes rentrés hier soir plus que fatigués. Comme dit mon cher fils : « vous êtes en vacances, et ce n’est pas un marathon ! ». Nous décidons de faire un petit break ce matin et de nous reposer tranquillement en écrivant ! D’autant que ce soir, nous n’allons pas nous coucher très tôt : c’est soirée Flamenco.
Justement, Marc nous a préparé un historique sur le flamenco ! Dont voici le texte :
« Le flamenco n’est formalisé qu’au 18ème siècle à Triana, quartier gitan de Séville. Ses origines sont variées, incertaines et controversées, mais le flamenco affirme aujourd’hui ses sources, les cultures : musulmanes, savantes et raffinées ; juives, pathétiques et tendres ; gitane-andalouse-chrétienne, rythmiques et populaires. Le flamenco renferme ainsi les trois mémoires de l’Andalousie.
Il est constitué d’éléments techniques incontournables : « le Canté », qui est la base ; les « Palmas », claquement des mains qui accompagnent le danseur ; le « Zapateado », sorte de claquettes. Vient ensuite le « Floreos », travail des mains et des doigts et la « Guitarra », qui accompagne chants et danses. Mais ce qui fait l’âme du flamenco c’est le « Duende » c'est-à-dire le charme, le charisme, qui s’expriment dans la musique le chant et la danse et qui transporte acteurs et spectateurs.
Depuis 2010 le flamenco est inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité. »
13 h – Le bus 177 nous amène dans le centre. Visite de la Cathédrale de l’Incarnation mise en œuvre par Charles Quint et Isabelle la Catholique sur l’emplacement de l’ancienne mosquée.
Les premières pierres furent posées en 1523 mais l’édifice ne vit le jour qu’en 1704. La façade, d’inspiration renaissance, est impressionnante par la minutie de ses ornements. Elle est due à l’architecte Diego de Siloe. Malheureusement enclavée de nos jours entre des bâtiments qui ne permettent pas d’en apprécier la beauté et la grandeur.
L’intérieur est blanc et or et cela lui donne une grande sobriété et met en valeur ses colonnes qui, réunies par groupe de quatre sont rehaussées de piédestaux qui augmentent la hauteur de l’édifice et lui donnent son aspect de temple Renaissance de style romain. Le chœur en forme de rotonde est richement décoré. La voute mesure 46 mètres de hauteur.
Plus petite, moins richement décorée, que la cathédrale de Séville, la perspective ouverte sur le maître autel lui donne cependant une impression de grandeur et de simplicité et dégage une émotion plus intense. Ce sera ma « préférence à moi » !
16h – Nous prenons le bus 31 qui longe le Darro, direction le quartier de l’Albaicin qui tire son nom de l’arabe al-ba’isin (les misérables). Le quartier se dresse face à l’Alhambra à la même hauteur, offrant une vue splendide sur les palais nasrides. Il fut le refuge des morisques (musulmans convertis) après la reconquête chrétienne.
Après leur expulsion en 1568, les lieux furent investis par de riches seigneurs chrétiens qui bâtirent, dans cet enchevêtrement de ruelles pavées et pentues de belles demeures (carmen) englobant les jardins laissés par les exclus. Bombardé durant la guerre civile et longtemps laissé à l’abandon ce quartier aux allures de « pueblo blanco » fait l’objet aujourd’hui de belles rénovations. Nous atteignons le mirador de San Nicolas, et sa place d’où la vue sur l’Alhambra est superbe. Une foule colorée a pris possession de la place : marchands de souvenirs (bijoux, cuir...), groupes de gitans qui dansent le flamenco et jouent de la guitare. Ambiance colorée et festive sous le grand soleil, le ciel bleu, et la chaleur de Grenade ! Nous redescendons à pied (plus facile pour le cœur mais pas pour les genoux) en admirant de plus près cet enchevêtrement de ruelles, carmens et placettes qui font le cœur de l’Albaicin.
20h – Soirée diner-spectacle flamenco au Solea (nom d’une danse), établissement installé dans les arènes de Grenade. Un groupe de gitans composé de 4 danseurs, 2 chanteurs et un guitariste vont animer durant une heure la soirée. Belle soirée, mais… il faut voir ce type de groupe dont on sent la cohésion familiale, culturelle et artiste dans un autre contexte qu’une salle et scène de quelques mètres carrés. L’émotion en serait plus intense !
Notre guide nous emmène pour une dernière visite sur les hauteurs de la ville (Ermita San Miguel alto) afin d’admirer de nuit et illuminés, l’Alhambra et la ville de Grenade. MAGNIFICO !
Dimanche 16 février 2020
Jour de repos. Petite promenade dans le centre de La Zubia pour conserver la forme et le rythme ! Deux possibilités s’offrent à nous. Rester 1 à 2 jours de plus car nous n’avons pas tout vu et loin s’en faut. Entre autre, la chapelle des Rois (Capilla Real), le palais Madraza, la basilique San Juan de Dios, La maison de Frédérico Garcia Lorca, le quartier du Sacromonte, le monastère de San Jeronimo, le Monastère de la Cartuja, etc.
Vous aurez la réponse à cette importante question dans le prochain article ! Rendez-vous à GUADIX, la ville troglodyte à l'histoire millénaire !