Mardi 26 septembre 2023
10h – Nous sommes prêts pour les Nuits de Saint-Georges ! Plus précisément, nous visons le camping « Le fil de l’eau », sur le lac de Premeaux-Prissey, à quelques kilomètres de Nuits. Nous nous installons au bord de l’eau, côte à côte, Léon et Léontine. C’est magnifique. Ensuite, chacun vaque à ses occupations ; rendez-vous est pris pour l’apéro et le diner sur Léon.
Après un excellent barbecue, arrosé il va sans dire d’un Bourgogne (je ne me souviens plus s’il était rouge, rosé ou blanc, à trop déguster on perd le fil de la couleur !). Ensuite première initiation à un nouveau jeu de carte pour nos amis, le : POKER HOLD’EM ! Ce soir la « cave » est gratuite, mais demain, il faudra verser 5€ pour la valeur de 2000 jetons.
Quelques mots sur le nom de cette ville au nom si évocateur :
Cette petite ville de Côte d’Or de 5 600 habitants nommée Nuits s’est vue accoler à son nom, en 1892, le terme d’un grand cru qui n’est autre que celui de « Saint- Georges ». L’un des plus anciens crus de Bourgogne depuis l’an 1000. Le village de Nuits-Saint-Georges est né et ses habitants sont appelés les nuitons et nuitonnes.
Toponymie :
Le nom de la localité est attesté sous la forme NUI aux alentours de 1173.
NUI provient de l’ancien français NOE ou NOUE (même racine) issue du latin médiéval NAUDA, lui-même issu d’un mot probablement gaulois de même sens « prairie marécageuse ».
Une autre hypothèse : il pourrait s’agir du mot NOA qui désigne un vallon encaissé dont le fond est un étang… Tout ceci pour dire que les toponymistes ne sont pas d’accord sur les véritables origines du mot NUI qui va se transformer en NUITS (à partir de 1608). Il faut reconnaitre que NUITS est plus évocateur et donne plus de sens à une dégustation à partir de 20h et à ce qui va suivre !
Quant au nom de Saint-Georges, il est directement lié à la production de vin. Au 4ème siècle, Philibert de Mollans aurait rapporté à Nuits les reliques de Georges de Lydda, martyr chrétien persécuté par l'empereur Dioclétien. Un clos de vignes de la paroisse aurait alors pris le nom de Saint-Georges.
Mercredi 27 septembre 2023
8h – Une bonne dizaine de montgolfière a surgi au-dessus de nos têtes, à quelques mètres à peine. Nous pouvons entendre le souffle de leurs bruleurs qui essaient difficilement de faire prendre de la hauteur à ces immenses ballons colorés, c’est magnifique !
10 h - Le programme de la journée est d’enfourcher nos vélos, direction le nord de Nuits, vers Vosne-Romanée et Vougeot, un petit circuit de 30 km avec plats et coteaux à grimper ! Nous traversons les « climats » de vignes de Nuits. Certaines parcelles sont encore en pleine vendages et les pistes cyclables sont encombrées par les machines des viticulteurs. Après avoir laissé de côté Vosne-Romanée, petit bourg sans grand intérêt, nous atteignons Vougeot et son château. Rendez-vous est pris pour la visite guidée de l’après-midi.
Nous nous dirigeons vers « l’Hôtel du clos de la Vouge », au bord du ruisseau éponyme. Bel établissement, avec piscine et superbe terrasse au bord de l’eau, pour un apéro, offert par Bruno, un blanc de Vougeot, excellent ! Cet hôtel n’ayant plus de restaurant, nous « piqueniquons ».
15 h – Nous sommes devant le château de Vougeot pour une visite guidée d’une heure, sans grand intérêt (notre guide n’étant pas à la hauteur d’Annie) d’autant que je m’étais déjà fort documentée. Voici donc un résumé des 900 ans de l’histoire de Vougeot.
Château du Clos de Vougeot, 900 ans d’Histoire :
Jamais en vain, toujours en vin !
C’est, sans conteste, l’un des lieux les plus emblématiques de la Bourgogne viticole. Le Clos Vougeot est à la fois un lieu et un vignoble. On doit sa création, en 1098, aux moines de l’Abbaye de Cîteaux. Les moines qui avaient reçu de nombreuses terres en Côte d’Or vont, dès le début du 12e siècle, planter de la vigne en pinot noir.
Afin de bénéficier d’un lieu pour vinifier leurs raisins, ils édifient, dès 1164, un vaste bâtiment connu sous le nom de cellier de Vougeot. L’édifice, tel qu’on peut encore le voir aujourd’hui a été complété au 16ème siècle, par des logis au style Renaissance (actuel château). Il est depuis de nombreuses années, le siège de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin qui y organisent plusieurs célébrations annuelles.
Tout autour, le vignoble est progressivement structuré. En 1330, il devient un « clos », c’est-à-dire une parcelle ceinte de 3 km de murs. Clément VI, pape d’Avignon était grand amateur de ce vin ; pour lui plaire, les moines subdivisent le clos en trois parties qui donnent la cuvée du pape, la cuvée du roi et la cuvée des moines. C’est le début d’expériences qui vont se développer au fil des siècles, pour aboutir, au moment de la naissance des AOC, à la création des crus et des climats qui font la grande spécificité de la Bourgogne.
Le 13 février 1790, en pleine Révolution française, l’abbaye de Cîteaux et ses annexes, à savoir 13 000 hectares de domaines acquis au cours des siècles (dont le Clos de Vougeot), sont confisquées et déclarées biens nationaux.
Dès 1818, le château et son domaine sont acquis par la famille Ouvrard. D'abord gérés par Gabriel-Julien Ouvrard, célèbre banquier français sous Napoléon, ils sont ensuite administrés par son fils, l'homme politique, Jules Ouvrardjusqu'au décès de ce dernier en 1861.
Son neveu par alliance en devient alors le gestionnaire, mais le domaine est rapidement mis en vente, sans trouver de propriétaire. La crise du phylloxéra impacte le vignoble bourguignon et fait fuir les investisseurs. Si bien que, lorsque les héritiers Ouvrard mettent le Clos en vente en 1887, personne ne se porte acquéreur. Durant cette période, le château n'est pas entretenu et est laissé à l'abandon.
En 1889, le château et les 15 hectares de vignes qui lui sont attenantes sont rachetés par un propriétaire et négociant bourguignon. Léonce Bocquet qui sauve l’édifice de la destruction et le restaure à grand frais. Il sera inhumé dans l’enceinte du château.
En 1920, le château du Clos de Vougeot est acquis par Etienne Camuzet propriétaire viticole à Vosne-Romanée et député. Les 15 hectares de vignes sont vendus à 15 propriétaires-viticulteurs de la région (dont fait partie Étienne Camuzet). N'étant plus en mesure d'entretenir le château, le député le cède le 29 novembre 1944, à la société civile des Amis du Château du Clos de Vougeot, qui accorde aux membres dirigeants de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin (créée en 1934) un bail de 99 ans. Une nouvelle fois très dégradé, la confrérie s'emploie au cours de la deuxième partie du 20ème siècle à le restaurer.
En 1949, le château est officiellement classé Monument historique, et est ouvert toute l'année au public.
Quant à l'ensemble des vignes entourant le château, elles sont aujourd'hui partagées par plus de 80 propriétaires (voir l’article n°4 sur la route des grands crus).
Le 4 juillet 2015, à l'approche d'un joli millésime, la Bourgogne obtient la consécration de ses Climats par l'Unesco. Inscrits au patrimoine mondial, à l'issue d'une bataille âprement menée durant une dizaine d'années, ces Climats ont un siège, le Clos de Vougeot. Le choix du château s'est fait naturellement. Dans l'esprit de tous les Bourguignons, il est au-dessus des institutions, porté par l'esprit chevaleresque des 12 000 membres actifs que la Confrérie a intronisés au fil des ans pour défendre l'image des vins de Bourgogne à l'échelle de la planète.
17h – Nous retournons en centre-ville de Vougeot. Pour visiter la cave d’un propriétaire récoltant, dont les vignes sont en face du château du clos de Vougeot, et dont Marc depuis quelques heures affirme que le nom du propriétaire lui est familier. Il s’agit de la propriété BERTAGNA.
Une rencontre étonnante. !
« Le monde est petit » affirme le proverbe populaire.
Nous avisons une enseigne : « Domaine Bertagna ».
Marc : « Ce nom me rappelle quelqu’un, mais qui ? »
Ne voulant rater aucune occasion de faire une bonne dégustation, nous nous rendons dans le caveau de ce domaine, pour une dégustation de :
-un Vosne-Romanée, premier cru de 2017, « climat les Beaux Monts » (domaine Bertagna)
-un Vougeot, premier cru de 2016, « Clos de la Perrière Monopole » (1) (domaine Bertagna)
Deux bouteilles excellentes que j’achèterai pour le compte de mon fils Olivier ! (La sixième sera un Gevrey-Chambertin de 2019).
(1) Monopole signifie que le propriétaire possède l’intégralité du « climat clos de la Perrière »
Interrogée sur les origines des propriétaires, la préposée nous déclare : « Monsieur Claude BERTAGNA, de retour de Bône en Algérie, en 1962, a fait l’acquisition de 17 hectares de grands crus bourguignon, dont certains « climats » de Vougeot. Auparavant, il était propriétaire de 200 hectares de vignes dans la région de Bône.
Il revient alors à la mémoire de Marc que son propre père Paul, ingénieur agronome et vinificateur (on n’utilisait pas trop « œnologue » en Algérie à l’époque), avait prêté (enfin, pas gratuitement) ses services à Claude Bertagna, à Bône, dans les années 50, pour la vinification de ses vins. Mais rien à voir avec les 17 hectares Bourguignons !
Malheureusement, Claude ayant disparu il y a quelques années, il n’a pas été possible de renouer avec ces souvenirs. Extraordinaire coïncidence, non ?
18h – Nous reprenons nos vélos, les deux bouteilles dans les sacoches et prudemment nous rentrons au camping. Encore une journée extraordinaire et intéressante ! Et une soirée enflammée autour du poker !
Coucher tardif. Il semble que Nelly et Bruno soient très rapidement devenus accro au poker. La chance des débutants !