Cayeux et Mers-les-Bains sont distants de quelques kilomètres. Nous garons Léon dans un camping haut de gamme… avec tous les services adéquats. Le camping Le Rompval (3 étoiles) mais qui en mériterait (5), et pour le prix de 20 euros la nuit.
Nous descendons, à vélo, en ville (3000 habitants à l’année et plus de 10 000 en saisons). Mers est classée « station balnéaire et de tourisme ». Ses atouts : ses belles villas du 19ème siècle, sa falaise et sa plage de galets. Ainsi que son entreprise « Verescence » créée à la fin du 19ème siècle (1896). Leader mondial des flacons de parfums et cosmétiques de luxe, son plus gros site de production est à Mers. Malheureusement, nous ne pourrons pas visiter l’usine et le musée est fermé depuis quelques mois. Quel dommage !
Mais quelle déception concernant les cabines de mer ! Rien à voir avec celles de Cayeux mais par contre les « villas belle époque » sont à voir et nous ferons le circuit en front de mer recommandé par l’OT et qui comporte 30 villas, sur les 600 construites à la « belle époque ».
Un peu d’histoire :
-Comment sont nées les stations balnéaires et comment se sont-elles développées en France à partir du 19èmesiècle ?
-Quelle est l’origine de la formation des galets en Baie de Somme ? (Nous laisserons de côté l’explication concernant les galets de la plage de Nice
Histoire des stations balnéaires en France, 200 ans de bains de mer,
Pendant des siècles, les bords de mer n’étaient fréquentés que par les pêcheurs ou les douaniers. S’y baigner et poser sa serviette sur la plage aurait alors paru une idée bien saugrenue… Lancés au 18ème siècle en Angleterre, les bains de mer sont à l’origine une pratique médicale.
C'est en Grande-Bretagne que naquirent les stations balnéaires. La première d'entre elles serait née en 1730, à Scarborough, dans le Yorkshire, au bord de la mer du Nord.
En Grande-Bretagne, dans le domaine médical, l’eau de mer était équivalente à l’eau thermale en France. La pratique médicale a engendré un urbanisme spécifique car il fallait des promenades pour les « curistes » ; d'où les allées de bord de mer facilement empruntables et des villes nouvelles aux rues quadrillées qui ont succédé aux sentiers tortueux de l'époque, où les villages étaient davantage tournés vers l'intérieur des terres ou uniquement dédiés aux activités de pêche.
Les échanges entre la France et la Grande-Bretagne ont permis au phénomène d'essaimer peu à peu sur nos côtes. Ainsi, dans l'Hexagone, les premiers bains de mer ont eu lieu sur la côte normande, à Dieppe vers 1820, avec la sulfureuse duchesse de Berry, en tête d'affiche. La belle-fille du roi Charles X était quasiment une « influenceuse » pour son époque, si on ose l'anachronisme ! Certaines villes comme Nice, devenue française en 1860, ont aussi été prisées très tôt par les premiers touristes, notamment les Britanniques qui venaient passer l'hiver au soleil, d’où la « promenade des anglais » !
En près de deux siècles, le littoral français a vécu une révolution urbanistique et sociétale avec l’émergence de lieux principalement dédiés aux touristes.
Peu à peu, les bains de mer perdent leur caractère médical et en 1948, l’arrivée du train démocratise encore plus cette pratique et « booste » (anglicisme, autorisé dans la langue française en 2012 !) le développement des stations balnéaires. Les premiers vacanciers sont appelés « baigneurs »
A trois heures de Paris, le petit village de « Mers » devient la station Balnéaire de "Mers-les-bains ". Le front de mer est beau avec ses falaises, ses galets et sa plage de sable découverte à marée basse. Il y a de la place pour construire et l’aristocratie et la bourgeoisie de l’époque bâtissent alors les « premières résidences secondaires » de notre monde moderne ! La thalassothérapie vient de naître. La construction des belles « villas » prend son essor, et on peut encore les admirer aujourd’hui. Un véritable quartier en front de mer est né, dédié à la villégiature et compte pas moins de 600 villas « Belle Époque ».
Elles sont érigées, avec des styles et des influences variés : Anglo-normand, Flamand, Picard, Mauresque, Renaissance, Louis XIII, Napoléon III, années 30…, dans un mélange pourtant harmonieux. De nombreuses décorations sont présentes sous formes de briques ou de carrelages émaillés, de céramiques, de faïences, de mosaïques, de frises. En 1890 Mers-les-Bains possède son casino qui est un indicateur de la renommée de la station.
Les premières villas, face à la mer, démarrent juste au bas de la falaise, sous le village originel. Cette première partie du quartier balnéaire, est surtout composée de maisons bourgeoises assez classiques, avec des garde-corps en ferronnerie assez simples.
Puis, les villas sont dessinées par des architectes en vogue. La fantaisie et la fête s’emparent du décor : balcons, bow-windows et loggias prolifèrent. Toutes plus élégantes, audacieuses, surprenantes et raffinées, les villas permettent ainsi aux propriétaires d’afficher leur niveau social.
Un « Joyau unique de l’architecture »
La plupart des constructions ont été qualifiées de « villa » lors de l’édification du quartier balnéaire, pour les distinguer des autres édifices, tels les hôtels ou les pensions de famille de type maisons de rapport.
Ces « villas » portent généralement un nom en façade, pour les identifier et les distinguer des immeubles. Ce sont souvent des prénoms pour la plupart féminins comme « Hortense », « Jeannot », ou des termes empruntés à la nature, principalement les fleurs, comme « La Violette », ou des éléments liés à la mer, comme « la Sirène» ou encore « L’Etoile de mer » ou plus hétéroclites « Occident, Fantaisie, Espana, le Grand Large »,», voire inspirés par la musique comme par exemple « Rigoletto ».
« Le quartier balnéaire » Mersois (adjectif et nom donné aux habitants de Mers-les-Bains) est aujourd’hui classé « Site Patrimonial Remarquable » et bénéficie à ce titre de moyens de conservation et de restauration. Certaines de ces villas sont habitées à l’année mais d’autres ont gardé leur statut de résidence secondaire, ou sont louées pour les vacances. Elles sont fragiles et l’on peut voir que certaines nécessitent de gros travaux d’entretien pour maintenir ce patrimoine d’une époque bien révolue !
Le 4ème week-end de Juillet, la ville de « Mers-les bains » organise la « fête des baigneurs » pour faire revivre la « Belle époque ». Cette période s’étend de la fin du 19ème siècle à la première guerre mondiale en 1914. Les « Mersois » déambulent dans les rues en costume d’époque, il y a de vieilles voitures, et le vieux train à vapeur permet de transporter les nombreux touristes « en slow vitesse » ! Ce terme de « Belle époque » évoque aujourd’hui encore la nostalgie d’un monde insouciant, gai, ayant foi dans le progrès, avec de nombreuses avancées technologiques, sociales, économiques et politiques en France. Mais cela est bien révolu ... Nous sommes entrés dans une ère où l’insouciance n’est plus de mise. Pourtant, comme le dit Brel dans sa chanson : « gémir n’est pas de mise aux marquises, ni à Mers-les-Bains ! ».
Les falaises et les galets du Tréport, Mers-les-Bains, et Cayeux.
Petit précis de géologie : les divers éléments nécessaires à la synthèse de ce court article nous ont été communiqués par l’Office de Tourisme de Mers-les-Bains.
Ces falaises, atteignant par endroit 100 mètres de hauteur, s’étendent en fait, tout le long de la « Côte d’Albâtre », depuis la baie de Somme, au nord, jusqu’à l’estuaire de la Seine (soit environ 140 kilomètres. La plus célèbre étant la falaise d’Étretat. Cette côte trouve son nom dans la couleur de la mer, au pied de ces falaises, due à la présence des « matériaux » qui s’y déversent.
Selon les géologues qui se sont penchés sur la question, les falaises se sont formées dans la mer, il y a environ…90 millions d’années (les dinosaures étaient toujours là !) et sont principalement constituées de craie et de strates de silex, que l’on peut voir lorsqu’on observe attentivement celles-ci.
« Constitution » de la falaise : attention ! retour à nos cours de chimie, (enfin ceux qui s’en souviennent) !
La craie est une roche contenante presque exclusivement du calcaire ; il s’agit de « carbonate de calcium » (CaCO3) – comme le calcaire qui se dépose dans la bouilloire, à la maison. Le silex est constitué essentiellement de silice, l’un des matériaux les plus courants sur la terre (SiO2).
Pour former ces roches, il faut du calcium et du silicium dans l’eau de mer, ainsi que du carbone et de l’oxygène. Fort opportunément, tous ces éléments arrivaient à la mer grâce à l’action conjuguée du ruissellement des eaux, du vent, de la marée (qui existait déjà), de la lumière et de la chaleur. Et comme à cette époque, le niveau de la mer était 200 mètres plus haut qu’actuellement (sur l’ensemble de la terre ; voir le renvoi (1) en bas de page), les éléments constitutifs de la craie (accrochez-vous : les « coccolithophoridés ») et ceux du silex (les « silicoflagellés »), ont commencé à s’accumuler au fond de la mer et à se tasser. Les 100 mètres de la falaise se sont formés, dans l’eau, en, plus ou moins, 3 millions d’années… à peine.
20 millions d’années plus tard (comme le temps passe vite), le niveau de la mer baisse, (pour de multiples raisons, que nous n’aborderons pas ici) et la falaise apparait, tout tranquillement, comme une sirène sortant de l’eau !
Passons sur les différentes péripéties qui vont suivre et disons simplement qu’il y a 18.000 ans seulement, une fonte massive des glaciers (nous sortons d’une période glaciaire) intervient, qui provoque de vastes mouvements d’eau sur les falaises et le travail de destruction commence : la craie s’érode et fond dans l’eau, les silex, plus durs, tombent, au pied des falaises, commencent à se polir et à voyager le long de la côte, à l’aide des marées, pour former les plages et digues de galets que l’on peut apercevoir en divers endroits de la côte. Citons par exemple les plages de MERS, de CAYEUX et la digue du HOURDEL.
Renvoi (1) : Depuis des centaines de millions d’années, la terre ne cesse de se contracter, de se dilater, de glisser, etc. En parallèle, le climat ne cesse d’évoluer, les périodes chaudes succèdent aux périodes glaciaires, les continents se dessinent, les montagnes apparaissent et la mer monte et descend, vraiment beaucoup. C’est ce qui s’est produit durant la période qui nous occupe, autour de – 70 millions d’années. Et tout ça continue !
Merci pour votre attention si vous êtes arrivés au bout de ce « court article », mais instructif à notre sens, pour comprendre la formation des galets !
Ramassage des galets :
De tout temps, le ramassage des galets sur la côte Atlantique a été une activité importante surtout au 19ème siècle. A partir de 1985 on s’est rendu compte de la valeur naturelle du galet et de la barrière qu’il constitue contre l’érosion et les tempêtes. A partir de cette date le ramassage en a été interdit sauf à Cayeux sur mer.
Sur les digues de Cayeux-sur-Mer, le ramassage à la main des galets constituait à la fin du 19ème siècle l'une des rares activités industrielles de la Baie de Somme. Ils étaient ensuite exportés à travers le monde
Le métier existe encore et deux entreprises de Cayeux continuent à exploiter les silices de mer. L'une d'elles, la société Silmer calcine les galets à 1 600 °C pour les réduire ensuite en poudre blanche, très résistante, utilisés dans les travaux de voirie comme dans la fabrication des pâtes abrasives.
Pour maintenir la résistance des digues, ces entreprises sont tenues de remplacer les galets prélevés par un tonnage équivalent de « pierres » de moindre intérêt économique, provenant de carrières ouvertes dans l'arrière-pays.
Épilogue :
Ici se termine notre périple de 3 semaines en Baie de Somme, qui pour nous est le grand nord ! Et que nous ne connaissions pas. Ce fut une visite touristique et culturelle au cours de laquelle nous avons vu et appris beaucoup de choses. Nous avons essayé de vous en faire profiter à travers notre blog (ceux qui ont bien voulu le lire) et qui sera édité sur papier ! La Picardie est une région qui nous plait, les Picards sont accueillants, serviables et disent ne pas vouloir la quitter, car pour eux elle est la plus belle ! (Pourquoi pas ! Nous disons bien la même chose de chez nous, le sud !) Nous pensons n’avoir pas tout vu, et cela sous un soleil et une chaleur digne du midi ! Que du pur bonheur !
Osons le dire : Nous reviendrons dans le Nord !