Le lendemain matin, après un changement de bus à Villahermosa, j’embarque pour Palenque, très connu pour ses ruines. J ’arrive au milieu de la jungle où la chaleur et l’humidité sont au rendez-vous, mais je ne me rends pas directement aux ruines. Je saute dans le premier collectivo que je croise pour Ocosingo pour qu'il m'emmène à Agua Azul. La route qu’il emprunte est reconnue comme étant l’une des pires de la région car elle serpente sans fin en longeant des canyons. Partout autour, la végétation règne en maître absolu et recouvre chaque parcelle de terrain. Il me laisse à une intersection où des taxis collectifs attendent d’être remplis pour partir. Il se gare sur un terrain vague et je suis les panneaux jusqu’à ce qu’un bruit de chute d’eau me parvienne aux oreilles. C’est mieux de venir quand la surface turbulente de l’eau est baignée par les rayons du soleil. Elle prend alors une couleur turquoise donnant à l’eau un aspect laiteux.
En partant de Palenque, le temps était radieux. Maintenant c’est couvert et les nuages empêchent le soleil de se montrer. Je n’aurai donc pas la chance de voir cette couleur si impressionnante. À la place, l’eau est bien plus foncée mais le cadre reste quand même impressionnant. De nombreuses chutes se succèdent et des zones de baignades sont aménagées. Un chemin longe la rive et offre autant de miradors naturels que le site compte de cascades. Le lieu est très touristique et, même si aujourd’hui ça ne se bouscule pas au portillon, de nombreux restaurants et vendeurs de souvenirs occupent les bords du sentier bétonné. Heureusement, passé les premières cascades et miradors, il est plus facile de trouver un endroit à l’écart des autres pour se baigner et profiter.
Le retour est interminable. Le taxi refuse de partir même si je paye plus. Il faut quarante minutes pour que le chauffeur prenne pitié de moi et décide de me remonter. Là aussi, la longue attente est bizarre. Très peu de véhicules passent en direction de Palenque. Un automobiliste s’arrête et explique que des villageois bloquent la route un peu plus loin, empêchant quiconque de passer. Un jour comme un autre dans le Chiapas. Je tends le pouce à chaque fois qu’une voiture apparaît dans la ligne droite. Un 4x4 s’arrête avec deux hommes à son bord. Le chauffeur, originaire du Guatemala, me raconte comment il s’est repenti de ses actions passées en devenant pasteur et œuvre maintenant pour le bien des autres. Il n'entre pas trop dans les détails mais j'ai l'impression que c'est un ancien membre d'une Mara. L’homme sur le siège passager est son assistant et tous les deux rentrent à Cancún après une mission de plusieurs semaines. Encore un trajet bizarre à parler de religion, un de mes fils rouges durant tout mon voyage.
À partir de maintenant, je vais enchaîner les ruines mayas pour le temps qu’il me reste. Les jours passent et la situation semble de plus en plus tendue dans le monde et en France. Heureusement, face à la menace du coronavirus chinois, la Ministre de la Santé a fait poser des affiches dans les aéroports français invitant les voyageurs à faire attention. Ouf, on est sauvé ! C’est rassurant de savoir que les politiques se préoccupent vraiment de cette potentielle bombe à retardement. Les chiffres ne sont pas top et les rumeurs d’un confinement national sont de plus en plus présentes, tout ça parce que les dirigeants n’ont pas pris au sérieux cette menace inconnue et préoccupante. En tout cas au Mexique, personne ne semble inquiet et la vie suit son cours, même si depuis quelques jours, les cas se multiplient.
De bonne heure, je me rends au coin de la rue où des collectivos partent régulièrement pour les ruines. Dès l’ouverture, il y a déjà du monde et ça me change des sites plus modestes que j’ai visités. Le climat est humide et la végétation est luxuriante. Je me prépare à beaucoup transpirer quand il va falloir monter les nombreux escaliers. À l’entrée, il y a quelques guides officiels et d’autres en freelance. Comme une nuée s’abattant sur une proie, ils viennent tous à ma rencontre. Les prix vont du simple au double. Quitte à visiter des ruines, autant le faire avec un guide pour que j ’en apprenne plus sur cette civilisation, leur quotidien, leurs croyances et leur organisation. Si je le fais ici, je devrais être tranquille pour les sites que je visiterai après.
On passe devant des vendeurs de souvenirs, de fruits et d’anti-moustiques. Un homme me fait un signe de la main avec des « Pssst » insistants. « Est-ce que ça te tente d’essayer les champignons et de t’offrir une visite différente ? ». Juste pour clarifier les choses, les champignons en question ne sont pas nos bons vieux champignons de Paris mais bien hallucinogènes. J’aime bien découvrir et essayer de nouveaux trucs mais si c ’est pour me retrouver en face d’une hallucination de jaguar et fuir en hurlant au milieu des ruines, je préfère passer mon tour. Le guide m’encourage à reconsidérer ma position. Ah oui j’ai pris le type en freelance à seulement 35 € au lieu des 90 € demandés par les autres… Comme on dit, on a les services que l’on paye. Je suis mauvaise langue, car mine de rien, c’est quand même quelqu’un de très calé et une bonne source d’informations. Il m’emmène quand même parfois vers ses potes vendeurs sur le site pour que j ’achète des statuettes ou autres souvenirs.
Certaines ruines sont au cœur de la jungle qui commence à regagner du terrain. Des pierres sont recouvertes de mousse et les arbres envahissent certains bâtiments. J’ai comme un sentiment d’exploration en pénétrant dans ce lieu, en tournant autour des ruines et en m’enfonçant dans la végétation. La visite est sportive et les escaliers ont dû être taillés pour des géants vu qu’ils m’arrivent presque au genou. Avec la chaleur, chaque montée est pénible.
Palenque connut son apogée au VIIème siècle et domina une large partie du monde Maya sous le règne de Pakal, le souverain le plus célèbre de la cité. Elle s ’est développée mais a gardé une taille modeste, bien loin de Chichen Itzá ou Tikal. Les archéologues ont quand même mis au jour près de 1400 bâtiments mais estiment que seul 10% de la ville ont été fouillés.
Le temple des inscriptions sort peu à peu de la brume. C’est sûrement la structure la plus significative des ruines. Lorsque Pakal mourut, ayant pris le pouvoir à l’âge de 12 ans et le laissant 68 ans plus tard, son fils aîné ordonna la construction du Temple où est enterré son père. Une dalle scellée permet d’atteindre le tombeau dans les profondeurs de la pyramide. Selon la légende, l’humidité à l’intérieur serait telle que les murs pleurent l’ancien souverain. Pour éviter sa détérioration, il est impossible de pénétrer à l ’intérieur mais une reconstitution du sarcophage est visible au musée à l ’entrée du site.
On passe ensuite dans le palais, un vaste ensemble de bâtiments où de la peinture est encore visible sur les murs. Des fresques et des sculptures complètent les décorations. Une colline domine le palais avec à son sommet les Temples de la Croix et du Soleil. Un escalier s’enfonce à travers les arbres pour y monter. Bâtis sur des plateformes, ils ont chacun des sculptures et des chambres intérieures expliquant les rituels destinés aux dieux. Juste avant d’emprunter le grand escalier, le guide me laisse tout seul. Il m ’a bien expliqué ce que j’allais voir mais, n’ayant pas la motivation de monter, il m’abandonne en me souhaitant chaleureusement une bonne ascension. D’en haut, la vue sur le palais est superbe et mérite bien les efforts pour monter comme pour redescendre avec ces marches inégales en taille et largeur. Après un passage dans la jungle, où les bâtiments ne sont pas visibles et laissés en l’état pour ne pas bouleverser l’environnement des animaux qui y vivent, je prends la direction de la sortie.
De nouveau dans le centre-ville, je me motive pour aller visiter les ruines de Toniná. Il faut prendre un collectivo jusqu’à Ocosingo, et espérer que les barrages soient levés. Trop d’incertitudes alors je laisse tomber l’idée et m’oriente vers d’autres ruines toutes aussi intéressantes. De nombreuses agences proposent une excursion pour les ruines de Yaxchilan à la frontière du Guatemala. Y aller seul est envisageable mais comme elles ne sont accessibles qu’après une demi-heure de lancha sur le fleuve, j’abandonne l’idée, les tarifs étant bien trop élevés pour une seule personne.
Le soleil n’est pas encore levé lorsque le guide passe me prendre. On s’arrête dans d’autres établissements pour récupérer trois autres couples. L’accès aux ruines est déjà tout un voyage en soi et donne à l’excursion un petit goût d’aventure. Après 3 heures de route, on se gare au bord du fleuve à Frontera Corrozal. Un bac fait la liaison avec la rive opposée. Juste en face, le Guatemala est de nouveau visible. On grimpe dans une lancha pour descendre le Rio Usumacinta, la frontière naturelle entre les deux pays. De chaque côté, la forêt apparaît toujours plus dense et s’éveille aux cris des singes hurleurs nous souhaitant la bienvenue. Affalés sur la berge ou partiellement dans l ’eau, quelques crocodiles se réchauffent au soleil.
Il faut marcher à l’ombre des grands arbres pour qu’un premier temple apparaisse. Seulement des pierres les unes sur les autres et le vert de la jungle autour. Je me sens comme dans les films mettant en scène l’archéologue qui ne se sépare jamais de son fouet. Comme Indiana Jones, je fais attention où je mets les pieds pour ne pas déclencher un mécanisme qui nous mettrait en mauvaise posture. Je sors de mon scénario hollywoodien lorsque je pénètre dans le long couloir plongé dans le noir qui débouche sur une grande clairière. Entre temps, en éclairant le plafond, des dizaines de chauves-souris dorment en attendant la venue de la nuit pour sortir de nouveau. Les principaux édifices sont disséminés aux quatre coins de la Grande Place et, avec des temples, des fresques, des stèles et des voûtes, il y en a pour tous les goûts.
Yaxchilan était un peu la Suisse de l’époque car c’était autant l’allié de Calakmul que de Palenque. Lorsque les deux puissances s’affrontaient, elle ne prenait pas part aux hostilités. Cependant, lorsqu’il fallait déglinguer la cité voisine de Piedras Negras, ils s’allièrent avec Calakmul. En échange ils leur demandèrent de trahir Palenque et les aider à mener une guerre contre eux. Entre temps, Tikal, ennemie de Calakmul mais aussi alliée de Palenque et de Piedras Negras, s’engage à détruire Yaxchilan pour protéger ses alliées. Avec ces nombreuses batailles, les réfugiés furent nombreux et les cités temporairement désertées. Bref, un joyeux chaos !
On arrive au pied de l’escalier partiellement écroulé qui mène à un bâtiment imposant en haut de la colline. L’arbre qui a poussé au milieu de la montée gâche un peu la vue, mais je distingue un quadrillage sur le toit du bâtiment. Avec les rayons du soleil, le quadrillage servait de calendrier pour semer et récolter les cultures. Un homme assis, enfin ce qu’il en reste, est sculpté et domine l’escalier. De nombreux sentiers partent dans la jungle mais faute de temps, il est impossible de les explorer. À l’entrée, on remonte dans cette fragile embarcation pour débarquer quelques kilomètres plus haut.
Après une pause déjeuner, on se dirige vers Bonampak, un petit site par la taille mais immense par son intérêt. De l’autre côté de la clairière, un large escalier, parsemé de quelques temples, portent les stigmates des années d’oubli. En rentrant dans plusieurs temples, je tombe nez à nez avec des peintures miraculeusement conservées sur les murs. Des scènes de guerre, de combat, de rites religieux, de soumission ou d’autosacrifice occupent chaque centimètre du revêtement. Difficile en voyant ça d’imaginer les Mayas comme un peuple pacifique, c’est même tout l’inverse !
Le retour jusqu’à Palenque est long. Toujours moins long que pour les dizaines de personnes que l’on dépasse avec de gros sacs sur les épaules marchant sur le bas-côté. C’est la route que suivent les migrants d’Amérique Centrale espérant atteindre les Etats-Unis. À Palenque, j’hésite à prendre un bus de nuit pour Mérida ou m’arrêter à Campeche et visiter les ruines d’Edzná. Impossible de vérifier en ligne les horaires de départ. Une immense panne de réseau paralyse la région et il n’y a aucun moyen d’avoir du Wifi ou des données. Au terminal, je prends finalement un billet pour Campeche et attends l’heure du départ en m’empiffrant de guacamole sur une terrasse.
Le trajet va être glacial et je serai à Campeche très tôt le lendemain matin. Dans la jungle, je n’ai pas pu donner de nouvelles à mes parents et avec la panne, j’imagine que ça doit être la panique à la Casa. Lorsque le bus sort de la zone impactée, mon portable vibre de longues secondes. J’avais raison ! De nombreux messages et notifications me signalent qu’ils ont essayé de me joindre à plusieurs reprises. Pas facile tous les jours d’être parents. Après les avoir rassurés, emmitouflé dans mon gros pull péruvien, je m’enfonce petit à petit dans les bras de Morphée jusqu’à ce que les lumières s’allument brutalement annonçant l’arrivée à Campeche.
Il est 4h30 du matin et évidemment les collectivos ne partent que dans la matinée. La journée s’annonce très longue. Après un trajet de nuit où dormir n ’a pas été si simple, je vais visiter les ruines, la ville et repartir le soir même pour Mérida. Si la nuit a été compliquée, c’est surtout à cause des topes, ces immenses dos d’ânes si fréquents sur la route qu’ils rallongent drastiquement le temps de trajet. Le chauffeur, ayant tendance à ne pas relâcher l’accélérateur, les soubresauts m’ont souvent réveillé. Je suis épuisé, l’excursion de 12 heures à Yaxchilan la veille n’aidant pas, je pars à la recherche d’un hôtel proche du terminal pour y passer quelques heures. De nuit, avec les mecs un peu louches qui traînent, ce n’est pas une zone agréable à visiter.
Je tente de négocier avec le premier car je ne veux dormir que quelques heures avant de lever le camp. Il refuse catégoriquement. Je n’insiste pas et en repartant, un gars derrière une porte en barreau m’interpelle. Je n’avais pas vu que c’était aussi un hôtel. Il accepte pour 5 € de m’ouvrir si je pars avant 9h. Le lieu est glauque, vraiment très glauque. Les murs sont défoncés, les portes branlantes et j’ai l’impression de marcher dans un bâtiment quasiment désaffecté. Mais qu’est-ce que je fous là moi!? La chambre n’est pas mieux. Un sommier en béton et un matelas. C’est tout. Même un hôtel de passe aurait un plus haut standing. Bon, avec le recul, c’était peut-être quand même bel et bien un hôtel de passe…
Mon réveil sonne et j’émerge pour partir rapidement. Les quelques heures de sommeil m’ont totalement revigoré. Je retourne au terminal pour déposer mon sac dans la petite pièce qui sert de consigne avant de traverser une partie de la ville rejoindre les collectivos. C’est la première fois au Mexique que je suis aussi serré et la nostalgie de certains trajets me revient rapidement en mémoire. On est serré les uns contre les autres et bouger s’avère être une tâche compliquée. Tu mets un chinois qui tousse là-dedans et c’est la panique assurée ! Après vingt minutes de trajet, le collectivo me dépose avec deux autres Français au bout d’une longue ligne droite déserte débouchant sur les ruines.
Edzná est moins connu et on doit être moins de dix sur le site. Les iguanes par contre sont bien plus nombreux et pullulent en se déplaçant dans les buissons faisant craquer les feuilles sur leur passage. Edzná est considérée comme l’une des villes mayas les plus remarquables pour ses avancées technologiques, notamment en ce qui concerne le système de distribution de l’eau. Les canalisations étaient utilisées pour irriguer la cité et les terres toute l’année mais aussi comme moyens de défense lorsqu’elle était assiégée. Si les ruines ne sont pas immenses, elles couvrent quand même 25 km². Seule une petite partie est ouverte au public, mais c’est un endroit plein de charme. Comme pour d’autres ruines, certains bâtiments n’ont pas été complétement nettoyés et la végétation envahit de nouveau les pierres milléniales. En plus de ça, la cité présente des styles architecturaux assez hétérogènes inspirés des anciennes cités du Guatemala et des plus récentes au Yucatán.
Un immense ensemble d’escaliers formant des gradins, appelé Nohochna, a sûrement servi pour accueillir du public lors des évènements ayant eu lieu sur la place principale. En face des gradins, une autre place est entourée par plusieurs bâtiments, notamment des temples. La pyramide principale à cinq étages comprend des niches, chose très rare chez les Mayas, et un temple au sommet. Il est impossible de monter sur la pyramide principale pour ne pas la dégrader mais depuis le haut du Temple de la Lune, la vue est impressionnante. Difficile d’imaginer la construction de cet édifice avec les moyens de l’époque et le casse-tête que ça a dû être. Tout autour, des temples, des bâtiments non rénovés et de nombreuses stèles complètent le site.
Je me balade depuis presque deux heures et la chaleur et le manque d’ombre se font sentir. Il fait 39 °C aujourd’hui et ça devient de plus en plus dur de rester en plein soleil. Le retour à Campeche est rapide et avant de retourner au terminal, je décide de faire un tour dans le centre historique. C’est coloré. Très coloré. Mais il fait encore trop chaud et je n ’ai plus la motivation de continuer à me balader. Tout ce que je veux, c’est trouver un endroit frais et me reposer. Je suis rassuré car pour une fois, je ne suis pas le seul à souffrir, les locaux évitent eux aussi de sortir et longent les murs à l’ombre. Le bus pour Mérida ne part pas tout de suite mais je reste dans le terminal. Je n’ai plus aucune énergie. Avec plus d’une heure de retard, je monte dans le bus.
Le trajet est à l’image du précédent, les topes s’enchaînant avant d’entrer enfin sur une autoroute. À Mérida, la plus grande ville et capitale du Yucatán, je tourne en rond avant de trouver mon bonheur. La chambre n’est pas folle mais comparée à celle de Campeche, c’est un 5 étoiles. C’est vrai aussi que ce n’était pas très dur…
Dès le lendemain, j’enchaîne directement sur les ruines d’Uxmal. J’arrive dans la région Puuc où de nombreuses cités ont vu le jour et se sont développées à la fin de la Période Classique alors que celles du Chiapas et Guatemala déclinaient. Je suis content d’avoir pris une visite guidée à Palenque et une excursion à Yaxchilan. J’ai maintenant les informations nécessaires pour visiter les sites tout seul sans être démuni. Associées aux panneaux explicatifs, les visites sont au final facilement compréhensibles. Dès l’entrée d’Uxmal c’est la claque. La Pyramide du Devin se dresse devant les visiteurs avec ses 40 m de haut, 80 de long et 55 de large. Avec ses dimensions gargantuesques et surtout sa forme arrondie unique dans le monde maya, elle en impose. Cinq structures se superposent et s’encastrent les unes dans les autres pour la former.
Juste derrière, le quadrilatère des nonnes offre des détails que je n ’avais encore jamais vus. Des mosaïques sculptées directement dans les façades et de nombreux masques de dieux décorent les murs. Le lieu est encore calme, peu de visiteurs mais il y a un groupe d’élèves en sortie scolaire. Les guides et profs ont du mal à les canaliser. Ça me fait penser que dans quelques jours, une fois rentré, je vais à mon tour retrouver les cohortes d’ados.
En continuant, j’arrive devant la grande pyramide. Elle paraît moins haute qu’à l’entrée mais elle est construite sur une butte. Pour atteindre le sommet, il faut laisser son vertige de côté au risque de rester bloqué dans la montée. Plusieurs personnes en panique n’arrivent plus à redescendre. Il faut dire que les marches sont très raides, mais ce n’est pas non plus l’Everest. Au sommet, le Temple des Perroquets offre une belle vue sur l’ensemble du site. A part quelques bâtiments, c ’est la jungle à perte de vue. C’est quand même un peu décevant car la végétation est complétement grillée. En saison sèche, la jungle perd de sa superbe et le cadre entourant les ruines n ’est pas aussi beau que j’imaginais.
Au final, je commence à saturer des ruines. J’aimerais en découvrir plein d’autres mais il faut me rendre à l’évidence. Les visites deviennent redondantes et l’émerveillement du début laisse place à une petite indifférence. Même si dans chaque site, certaines structures sont incroyables, je passe de moins en moins de temps à chercher les détails. Une pause s’impose avant de visiter Chichen Itzá, l’une des sept nouvelles merveilles du monde. Je sais pertinemment que le site va être pris d ’assaut par des bus de touristes pour qui ce sera l’unique sortie en dehors des plages de Cancún, mais j ’ai quand même envie de le découvrir de mes propres yeux.