Boucle de 2 semaines en fin d'hiver austral pour découvrir les plaines, les lacs et les sommets de la région la plus au sud du monde. Paysages magiques et rafales de vent glaciales seront au programme
Septembre 2017
17 jours
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Après une semaine sur l’île de Pâques au milieu des gigantesques Moaï, le périple prend une toute autre direction. Il est temps de m'envoler pour le "Grand Sud". La Patagonie est la région habitée la plus australe de la planète à cheval sur l'Argentine et le Chili, les deux pays étant d'ailleurs délimités naturellement par la Cordillère des Andes. Cependant les frontières ne sont toujours pas définitivement établies entre les deux pays. On trouve plusieurs types de paysages : montagnes, glaciers, volcans, archipels, pampas, forêts etc... Huit régions administratives la composent : 3 au Chili et 5 en Argentine.

Après un long vol au dessus du Pacifique, j’arrive dans la soirée à Santiago. Le décollage pour Punta Arenas, la plus grande ville et porte d'entrée aérienne de la Patagonie, est prévu à 5h du matin. Inutile d’aller en ville pour y passer une partie de la nuit, je cherche dans l’aéroport un coin tranquille et douillet pour m’envoler au pays des songes. J’ai le choix cornélien entre tâter le sol froid et dur de la salle d ’embarquement ou bien de me contorsionner entre les accoudoirs des bancs fixés devant les portes. J’opte pour la seconde option et me réveille juste avant l’ouverture de l’embarquement, endolori par l’horrible position dans laquelle j’ai passé les dernières heures.

Il faut environ 3 heures de vol pour rejoindre Punta Arenas. Malgré la pénombre, j'arrive à voir les sommets enneigés des Andes bien éclairés par les lueurs de la pleine lune. J ’ai l’impression que les ailes de l’avion les frôlent tant ils paraissent proches. Malgré ce qu’il avait été annoncé, l’atterrissage est bien calme, l'avion n'étant pratiquement pas secoué par les bourrasques. La première chose que je dois faire est de trouver un moyen de rejoindre Puerto Natales, à 250 kilomètres au nord. De là bas, je pourrais trouver un autre bus et me rendre à El Calafate en Argentine. Ayant loupé son passage à quelques minutes près, j’attends une heure dans le froid devant le terminal, l ’arrivée du suivant. Le tarif est correct pour cette région où la vie est plutôt chère. En route, les premiers paysages immensément vides apparaissent accompagnés de quelques sommets andins.

En me renseignant sur Internet, j’ai lu qu’il y avait un départ pour El Calafate à 13h. Il est 12h50 lorsque j’arrive dans le terminal et je me précipite au guichet de la petite gare routière pour acheter un billet. Au passage, dans la précipitation, j ’oublie complétement de récupérer mon sac qui gît au sol au milieu de plusieurs autres. Parfois Internet se trompe… Il n'y a qu'un départ tous les deux jours à 7h30 du matin. Le site de la compagnie n'ayant pas été mis à jour, je n'ai consulté que les horaires de l'été dernier. C'est vrai que c'est très compliqué de mettre à jour un site web avec deux destinations …

Je me retrouve dans une ville où je n'avais pas prévu de rester avant plusieurs jours et je me lance à la recherche d'une auberge pour passer la nuit. C'est à ce moment précis que je vois mon sac par terre au milieu des autres bus qui chargent ou déchargent les passagers. Rien ne manque cependant à l'appel et c'est avec mon billet en poche pour le lendemain matin que je sors de la gare en direction du centre ville.

J’entre dans plusieurs établissements mais soit ils sont complets ou bien trop chers pour mon petit budget qui s’amenuise jour après jour. Je finis par arriver devant une maison où la propriétaire des lieux me fait comprendre que c'est en réalité une auberge et me propose la nuit pour l’équivalent de 10 €. Je suis bien placé, pas très loin du bord du fjord et du centre ville. Je vais dans un premier temps me renseigner pour savoir si des excursions sur le fjord sont possibles mais vu qu'il est déjà tard et que le temps ne le permet pas, la seule disponible est annulée. Il fait froid, de violentes bourrasques s’engouffrent dans les rues et le ressenti est aux alentours de 0 °C. En même temps, c’est le prix à payer quand on vient en Patagonie alors que l ’hiver austral n’est même pas encore terminé. Je fais un rapide tour de cette ville pittoresque et très colorée mais avec peu de monde dans les rues. Quelques bateaux et ferrys filent sur les eaux sombres du fjord alors que petit à petit les reliefs arrivent à s’échapper de leur manteau nuageux.

Le lendemain, après une nuit venteuse qui a fait trembler toutes les fenêtres de la maison, je monte dans le bus aux premières lueurs du jour. Nous ne sommes qu'une dizaine. C’est une bonne nouvelle pour deux raisons : il est possible de s ’étendre de tout son long sur les banquettes mais surtout, le passage à la frontière ne devrait pas prendre trop de temps. En sortant de la ville, on passe devant une statue d ’un Mylodon, un paresseux géant qui peuplait la région avant de disparaître il y a 10 000 ans. On longe ensuite le bord du fjord et les sommets enneigés jusqu'à arriver à une route barrée.

Quelques minutes plus tard, la frontière est derrière nous et le bus se lance sur des pistes en terre où la vitesse ne peut dépasser les 70km/h. Il faut plus de 5 heures pour faire les 270 km séparant les deux villes… C'est avec mes écouteurs vissés sur les oreilles que je m'occupe en passant le temps à regarder par la fenêtre les troupeaux sauvages de guanacos présents le long de la route. Certains ayant eu moins de chance, leurs cadavres restent accrochés au barbelés bordant la piste, faisant ainsi le bonheur des nombreux charognards.

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J'arrive à El Calafate vers 13h avec une journée de retard donc. Ayant un vol le lendemain matin pour Ushuaïa, je n'ai que l'après-midi pour trouver un moyen de me rendre à l'une des attractions les plus célèbres de la Patagonie et même de l'Argentine : le glacier Perito Moreno. Je vais directement au guichet de la gare routière pour me renseigner sur les transports pour y accéder. Le glacier est à 80 km à l'ouest de la ville et il faut une heure de bus pour s'y rendre. C'est bien simple, en haute saison, il y a des départs le matin, l'après-midi et le soir alors qu'en basse saison les gares routières n'ont plus d'activités passé midi. Et comme il est 13h…

Plus vraiment le choix, il faut que je loue une voiture pour l'après -midi. Aucune des trois premières agences de location n'a de voiture disponible. Je tente ma chance dans une dernière. Il y a bien une voiture disponible mais je dois la ramener le soir même à 19h. J'accepte mais le loueur me signale que comme c'est une voiture de luxe, je dois payer la location pour 24h, soit environ 140 €. J’essaye de marchander mais la seule réponse que j'obtiens est d'être inviter à sortir et bien fermer la porte derrière moi. Je suis dépité et décide d'aller à ma chambre, peut-être que mon hôte pourra me proposer une solution à laquelle je n'ai pas pensé.

J'avais initialement réservé deux nuits dans un gîte. En arrivant le patron me dit que comme je ne m'étais pas présenté la nuit dernière et que je l'avais prévenu, il a annulé la réservation et ne me compte que cette nuit. J'en profite pour lui demander s'il ne connaît pas une solution pour aller jusqu'au glacier. Il m'indique une petite cabane en bois qui fait office de station de taxi. J'y vais rapidement et me met d'accord avec l'unique chauffeur présent pour qu'il m'emmène le reste de l'après midi pour la modique somme de 40 €. Ouf ça y est, après avoir douté fortement, je vais enfin voir le monstre glacé !

Avant d'arriver à l'entrée del Parque Nacional de Los Glaciares, il faut longer pendant de longs kilomètres le Lago Argentino. C'est le plus grand lac de la région et c'est d'ailleurs dans une de ses branches que se déverse le glacier. Sur la route nous croisons très peu de voitures. Il faut dire que la densité de population dans le coin flirte avec celle de la Mongolie. Pendant le trajet, j'en profite pour faire plus ample connaissance avec mon chauffeur. Ce dernier vient d'une province désertique du nord de l'Argentine et est venu là pour profiter du calme et du cadre qu'offre la région. Il est officiellement retraité mais me confie que rester seul chez lui avec sa femme, qui est apparemment toujours sur son dos, l'insupporte alors il trouve un exutoire dans la conduite.

On arrive à l'entrée du parc où plusieurs tarifs sont proposés. Pour les locaux seul le prix du véhicule est compté mais ils peuvent aller autant de fois qu'ils le souhaitent dans le parc car l'entrée leur est offerte. Pour le touriste non argentin, il faudra débourser environ 20 € pour pouvoir continuer. Business is business ! Le long de la route des miradors sont installés. C'est justement à partir de l'un d'eux que j'aperçois le glacier pour la première fois. Même loin, il impressionne par sa taille. Je suis apparemment chanceux. Selon le chauffeur, des journées avec un ciel bleu parfait à cette période de l'année, se comptent sur les doigts d'une main.

Après une dizaine de kilomètres, nous arrivons sur un parking quasiment désert. Bonne nouvelle donc, le site ne sera pas surchargé de touristes. Moins bonne nouvelle pour moi, le seul restaurant/snack sur le parking n'est pas ouvert pour la même raison et je meurs de faim. J’ai l’estomac désespérément vide depuis mon départ matinal. Avant d’ouvrir la portière, le chauffeur me dit de surtout prendre mon temps et d'en profiter sans me soucier de lui. Que Dieu bénisse sa femme visiblement pénible !

Depuis les hauteurs, j’aperçois tout un réseau de passerelles partant des deux côtés pour longer le glacier. Ce dernier apparaît par intermittence entre les arbres. Il n ’y a pas moins de cinq parcours proposés. Je me trouve encore assez loin mais je peux constater la hauteur démesurée du front glaciaire. Ce n'est pas évident à remarquer sur les photos car il est difficile d’appréhender l’échelle et la taille réelle de cet amas de glace. Pour une fois, j'avoue être très content qu'il y ait des personnes sur l'une d'elles pour que l'on puisse vraiment se rendre compte de sa hauteur.

Ce glacier, comme 47 autres, est alimenté par le champ de glace du Sud de la Patagonie. Après celle de l'Antarctique et du Groenland, c’est la 3ème calotte glacière au monde avec une superficie de près de 17 000 km². Le Perito Moreno fait quant à lui "seulement" 250 km² pour une longueur de 30 km. C'est l'un des rares glaciers au monde à ne pas être en recul. Il avance même rapidement, gagnant parfois jusqu'à deux mètres par jour. Lorsque le front arrive au niveau de la rive, il va former un barrage naturel entre le Lago Argentino et l'un de ses bras, entraînant ainsi une augmentation du niveau de l'eau d'environ 30 mètres. L'eau va alors entailler le glacier pour se frayer un passage en créant une arche. À force, elle va finir par se rompre en même temps que le front du glacier et s ’effondrer avec fracas dans l’eau glacée. C'est un phénomène cyclique et la dernière fois qu'il s'est produit c'était en 2016. Il y a encore de la marge avant que le phénomène ne se reproduise à nouveau.

Le front du glacier fait approximativement 5 000 mètres de longueur, sa hauteur maximale est de 160 mètres dont 74 mètres émergés, le reste se trouvant sous l ’eau. Cependant à certains endroits plus en amont, son épaisseur peut atteindre les 700m. Régulièrement, j'entends des craquements suivi d ’un bruit sourd. Il s'agit en réalité du vêlage du glacier. De gros blocs de glace tombent dans le lac pour former des icebergs. Il est possible d'effectuer une croisière pour s’approcher au plus près du front mais également de faire une randonnée avec des guides sur le glacier avec des crampons. En Septembre, ni l'un ni l'autre n'était proposé alors pas de regrets. Ceci dit, cela m' importe peu vu que même assis devant, je reste subjugué par les différentes teintes de bleu. Pas seulement celles de la glace mais aussi celles du ciel et de l'eau. C'est aussi ça la Patagonie : se faire une déchirure de la rétine à cause de paysages féeriques comme celui-là. On est plusieurs sur les passerelles mais personne ne parle, bien trop occupés à regarder le glacier pour le graver dans nos mémoires tout en attendant qu'un bloc de glace se détache et atterrisse dans l'eau avec fracas.

Je finis mon tour sur les passerelles et voit quelques icebergs flottant à la surface de l ’eau sur le chemin du retour. Ces icebergs peuvent se retrouver dans la totalité du lac à des dizaines de kilomètres de leur lieu d'origine. Il est temps de rentrer. Après avoir passé plus de deux heures à contempler de la glace, je ne me suis même pas rendu compte du temps passé ici, et malgré toutes les galères pour y parvenir ainsi que la température proche des 0°C, je ne regrette en rien toutes ces conditions pour pouvoir admirer ce lieu unique. Toutes les bonnes choses ont une fin et je rentre me poser dans ma chambre pour attaquer la prochaine étape du voyage : la mythique ville d'Ushuaïa.

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Ici l'atterrissage est mouvementé, t'es à 900 km de l'Antarctique et à 13 000 km de la France, il fait froid, il vente énormément, on ne fabrique pas de savon et surtout on n’aime pas les anglais. Bref, bienvenue à Ushuaïa. C'est un peu cliché de le dire comme ça mais c'est quand même assez proche de la vérité.

Mon vol matinal depuis El Calafate, décolle certainement de l'un des plus petits aéroports que j ’ai foulé. Pour rallier Ushuaïa par les airs, le voyage dure une bonne heure et demie mais est une excellente alternative au bus. J'aurais pu voyager par la route mais les bus mettent pratiquement vingt heures avec un double passage de frontière avec le Chili et la traversée en "ferry" du détroit de Magellan. Le choix a été facile vu ma folle envie de ne pas perdre une journée entière.

La piste étant parallèle à la rive du Lago Argentino, la vue pendant le décollage est tout simplement splendide, notamment lorsque l'on survole le Rio Santa Cruz avec ses méandres bleu turquoise. Ce fut d'ailleurs un des plus beaux vols au niveau des paysage que j'ai pu faire jusqu'à présent. L'arrivée sur Ushuaïa est aussi majestueuse qu'impressionnante. On survole les montagnes enneigées jusqu'à arriver au -dessus du canal de Beagle. Quand l’avion amorce la descente, il est violemment secoué et tangue dangereusement. En regardant par le hublot, j'aperçois l'aéroport juste en face de moi. Etant donné que nous allons dans le sens opposé, il va falloir faire un 180°. À basse altitude au -dessus du relief et de l'eau, ça risque d’être assez impressionnant avec en bonus les turbulences. Je n'ai jamais vraiment eu peur en avion mais je dois avouer que cet atterrissage a quand même été légèrement stressant, sentiment partagé par la majorité des passagers vu le silence de cathédrale à l’intérieur de la cabine. Je suppose que les plus craintifs ont planté leurs doigts dans les accoudoirs ou, pire, les ongles dans le bras de leurs voisins. L’avion rebondi plusieurs fois sur la piste et s’immobilise sous les applaudissements des passagers. Je débarque alors dans la ville du bout du monde, terme que je vais lire un très grand nombre de fois…

La vue depuis l'aéroport est saisissante. La ville est littéralement construite à flanc des Andes Fuégiennes. Elle sont plutôt étirées mais pas très larges car leurs pentes plongent directement dans les eaux du canal de Beagle. Ushuaïa ne compte que 60 000 habitants, mais c'est la ville la plus importante de la province. Je prends un taxi pour me rendre directement à mon logement, une chambre dans une maisonnette sur les hauteurs de la ville avec en prime une vue sur les montagnes et le canal. Le cadre est idyllique mais ici les nuages et le vent sont omniprésents, entraînant une instabilité climatique. Il n'est donc pas rare qu'en un quart d'heure la météo change du tout au tout.

Je me dirige directement vers l'office du tourisme pour avoir des renseignements sur les différentes activités à faire au départ de la ville. C'est aussi ici que l'on peut faire tamponner son passeport gratuitement. La première après -midi sera consacrée à la découverte de la ville même, le lendemain ce sera une croisière sur le canal et le dernier jour sera l'occasion d'aller explorer en randonnant le Parc national de la Terre de Feu.

En se baladant, la première chose qui saute aux yeux est l'épisode très douloureux pour les argentins de la perte des Malouines. Les Malouines c'est un bout de caillou peuplé de 3000 habitants situé au large des côtes argentines dans l'Atlantique Sud. L'Argentique, contestant la souveraineté britannique sur les îles, lança ses troupes en 1982 dans le but de les conquérir. S'en suivit une guerre d'environ deux mois qui se solda par la victoire britannique. Depuis des revendications ou des slogans anti -anglais ont fait leur apparition sur le territoire argentin et même sur certains billets de banque.

Ushuaïa n'est pas une belle ville. C'est juste un carrefour touristique important notamment pour les départs des croisières vers l'Antarctique ou pour les gens qui veulent faire un tour dans la ville la plus australe de la planète. C'est également un port important ce qui ne l'a rend pas, d'un point de vue esthétique ou architecturale, vraiment agréable. Néanmoins, elle reste assez atypique et en marchant dans le centre, la modernité et les bâtiments plus anciens s'accordent plutôt bien. Le véritable point fort de la ville c'est la promenade le long du port et du canal, là où le cadre environnant prend le dessus sur la ville. Je me dois de relativiser parce que sur les trois jours, je n'ai pas vraiment réussi à profiter réellement de cette promenade, à cause du vent qui compliquait un peu les déplacements à pied. Dans le port se trouve l'épave du St Christopher qui a notamment appartenu à l'US Navy puis à la Royal Navy avant d'être cédé à un promoteur argentin. Lors d'une opération de remorquage, il s'échoua et plutôt que d'essayer de le sortir de ce mauvais pas, il fut décidé de l'abandonner. Maintenant c'est une attraction touristique pour les curieux. C'est également le long du port que se situe le célèbre panneau indiquant que l'on se trouve au bout du monde.

Malgré tout, si l'occasion se présente, il ne faut pas hésiter à y aller mais surtout pas au détriment d'autres destinations dans son voyage. Malgré ce que j'ai pu dire, je n'ai pourtant pas vraiment de regrets à m'être aventurer jusqu'ici notamment à cause de l'atmosphère qui s'en dégage - j'arbore d’ailleurs toujours fièrement mon t-shirt Hard Rock Café acheté ici - mais après coup je pense qu'être resté trois jours, et de ce fait, de ne pas avoir eu le temps d'aller à El Chaltén et randonner autour du Fitz Roy à la place, a été une bien belle erreur.

Le côté "je prends le touriste pour un pigeon" m'a aussi beaucoup refroidi mais bon, l'économie de la région repose là-dessus. Il est donc difficile d'en vouloir aux gens qui essayent de te vendre "la croisière du bout du monde", "la bière du bout du monde", "l'hôtel du bout du monde", "l'araignée de mer du bout du monde" etc. Je trouve que c'est déjà super lourd à lire alors imaginez entendre ça continuellement …

Une des activités incontournables est la navigation sur le canal de Beagle. Découvert en 1830 par les Britanniques à bord du navire HMS Beagle, il relie le Pacifique à l ’Atlantique et se situe à 150 km au nord du Cap Horn. Sa rive nord est argentine, tandis que la sud est chilienne. C'est d'ailleurs durant une de ces expéditions à bord de ce bateau que le jeune Charles Darwin fera ses preuves en tant que naturaliste.

Je me rends au port de plaisance afin de réserver une croisière pour la demi-journée. Il n’y a que l'embarras du choix puisqu’environ une dizaine de petits cabanons vendent des excursions aux touristes. Après en avoir comparé trois, je me rends compte que celles proposées pour la demi-journée sont à peu près semblables. Selon le vendeur c'est mon jour de chance et comme j'ai une bonne tête (sûrement de pigeon ou plus vraisemblablement de vainqueur car bien malade à cause des températures et du vent omniprésent) il me fait 10 % de réduction si je réserve une excursion pour aujourd'hui. J'ai le choix entre un départ à 12h ou un autre à 13h30. Le ciel n'étant pas très dégagé j'opte pour la seconde en espérant que sur le chemin du retour je puisse profiter du coucher de soleil sur les montagnes vu que la nuit tombe vers 17h.

13h30. J'embarque alors que le vent souffle fort. Il fait super froid sur le pont. L ’après-midi promet d’être mouvementé ! Même amarré, le bateau tangue à chaque bourrasque. Évidemment il n'y a plus de places à l'intérieur, je m'installe donc sur le pont supérieur à l'arrière du bateau, en essayant de me mettre un peu à l'abri des rafales.

On fait dans un premier temps une petite boucle dans le port de plaisance qui offre des points de vue sur la ville et les montagnes. La première partie est donc dédiée à voir Ushuaïa depuis le milieu du port, position idéale pour faire quelques photos souvenirs, d'autant plus que les nuages sont un peu moins présents. Oui mais voilà, un groupe de japonais a embarqué et mitraille dans tous les sens et sans interruption. On passe de quelques photos en guise de souvenirs à plusieurs centaines…

On arrive après quelques minutes de navigation à la Isla de los Lobos, île servant de refuge pour toute une colonie de lions de mer. Apparemment c'est l'heure de la sieste et ils sont majoritairement recroquevillés les uns contre les autres pour se tenir chaud. La chose la plus surprenante est le bruit qu'ils font. C’est un véritable concert à base de bruits rauques couvrant même le bruit des moteurs.

Après cette petite pause mélodieuse, le bateau se dirige vers le Phare des Eclaireurs. Ce phare est considéré comme le phare du bout du monde (et oui encore) mais c'est faux. Il existe plus au sud et surtout à l'Est de la Terre de Feu un phare habité surnommé, à juste titre cette fois, "le phare du bout du monde". En approchant, le bateau ralentit et se met à l'arrêt, se laissant secouer par la houle. C'est cette dernière qui est responsable de l'annulation de la fin du trajet car jugée "trop dangereuse" pour s ’aventurer en haute mer. Le phare n'est pas vraiment impressionnant mais il représente apparemment l'un des incontournables.

Je suis toujours sur le pont supérieur et je commence à avoir vraiment froid, mais toujours pas de place à l'intérieur. Je relativise car ma nouvelle voisine a l'air totalement frigorifiée. Visiblement, être en t-shirt ne protège pas super bien du vent… Bon je suis quand même mauvaise langue car elle arborait une gigantesque chapka ! Ouf, la pneumonie la guette mais le principal c'est que ses oreilles ne seront pas sujettes aux gelures ! La dernière heure de navigation avant de rentrer au port se fait avec le soleil se couchant derrière les sommets. Il fait de plus en plus froid et maintenant que les rayons du soleil ont disparu, rester sur le pont est vraiment difficile à supporter.

Le lendemain matin, je prends un bus pour aller dans le parc national de la Terre de Feu situé à 10 kilomètres de la ville. Vers le port, sont stationnés sur un terrain vague plusieurs minibus. Je suis le seul à bord et le trajet dure une vingtaine de minutes. Le plus gros de l'hiver étant passé, la route est défoncée et parfois recouverte de boue à cause des importantes averses qui balayent régulièrement la région. On s'arrête seulement pour payer l'entrée du parc et déclarer ma nationalité. Le chauffeur me dépose à une intersection et me dit qu'il sera de retour dans 5h, mais que le point de rendez -vous est l’hôtel que nous avons dépassé. Il me fournit également un plan avec les chemins de rando. Malheureusement, les balades phares des Cerro Guanaco et Condor sont fermées.

Pour commencer je pars dans un sous-bois en direction de la Laguna Negra. Dans le parc, il est interdit de s'écarter des sentiers pour la préservation de la flore autochtone. Il commence à neiger puis à pleuvoir, si bien que j’entrevois déjà la bonne vieille journée galère à l’horizon… J'arrive au lac et l'eau est vraiment très sombre et contraste avec les sommets enneigés en arrière-plan. Cette couleur qui a donné le nom au lac est due aux nombreuses tourbières que l'on trouve dans les environs. Demi -tour car il est seulement possible d'atteindre un promontoire autour de ce lac. Je me dirige vers le mirador de la Baie de Lapataia, qui offre le point de vue le plus célèbre du parc. Pour ça il faut que je suive un chemin boueux emprunté par les voitures avant d'atteindre le sentier. La boue l'ayant rendu très glissant, je marche comme si j'étais sur un lac gelé.

Me voilà surplombant la fameuse baie. Le nom de la baie vient de l'amérindien et signifie "la baie du bon bois". Dommage que le ciel ne soit pas plus dégagé. C’est ici qu’arrive et se termine la Ruta 3, la route la plus au sud de l'Argentine, mais surtout la fin de la Transaméricaine. Cette route permet de relier cet endroit avec le nord de l'Alaska, en ne s'arrêtant qu'à un seul moment lorsqu'il faut franchir la jungle du Darién au Panama.

Je descends ensuite vers la plage bordant la baie et continue sur un chemin permettant d'aller tout au fond de celle-ci. Il faut compter environ 5 kilomètres pour l'aller-retour. Cette partie est très variée car on traverse tour à tour une forêt australe, puis des prairies pour enfin se retrouver sur une plage de galets. Je suis totalement seul. J'ai pris un sentier peu balisé et plutôt laissé à l'état sauvage. Tout au long du sentier on peut apercevoir des mouettes de Magellan souvent par couple, le mâle étant blanc alors que la femelle à un plumage qui tend vers le marron. Lorsque j'ai traversé le sous -bois, il m'a semblé apercevoir un renard de Magellan mais le temps d'essayer de m'en approcher, la bestiole avait pris la fuite.

Arrivé à la limite du sentier, je me pose quelques minutes sur la plage et en profite enfin pour me m'asseoir au bord de l'eau. J’aperçois derrière moi un tas de déchets… C'est quand même fou que même au milieu de nulle part, on en trouve. Je n ’en ai pas vu ailleurs dans le parc, alors peut-être qu’ils ont été rejetés par l'océan ? Je rebrousse chemin et remarque qu'il manque parfois quelques arbres ici et là. Cette impression s'intensifie jusqu'à arriver au début d'un sentier appelé Castorera.

Le castor n'est pas un animal qui se trouvait à l'état sauvage dans la région. En 1946, 25 couples ont été introduit afin de "produire" de la fourrure. Mais ces derniers se sont retrouvés sans prédateurs naturels et dans des conditions de développement idéales pour la prolifération de l'espèce, si bien qu'ils ont fini par coloniser tous les écosystèmes de la région faisant des ravages et réduisant certaines zones en cimetière d'arbres. C'est d'ailleurs ce type de paysage que l'on aperçoit depuis le sentier. Il y a des dizaines de troncs d'arbres morts et au milieu se trouvent les barrages et les tanières des responsables. Je suis resté quelques minutes silencieux afin d'espérer en voir un sortir mais rien. Ceci dit, une famille arrivant avec ses enfants courants partout n'a sans doute pas vraiment aidé ! L'heure tourne et je suis encore à une heure et demie de marche pour revenir au point de rendez-vous du bus.

Sur le chemin, toujours aussi boueux, je passe à proximité de la Laguna Verde, qui tient elle aussi son nom de la couleur de l'eau. Comme le vent s'est calmé, la réflexion sur l'eau des alentours est quasi parfaite. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'avec le retour du soleil, il commence à faire chaud, mais je pense que les trois personnes en train de se baigner plus bas ne sont pas de mon avis. Je m'installe en terrasse et profite une dernière fois des paysages sauvages du parc. J'ai connu pire comme vue pour récupérer d'un effort. Les petites montagnes au fond avec au premier plan les eaux du Rio Lapataia sont les bienvenues après une quinzaine de kilomètres de marche. Cependant à part la petite montée pour aller à un mirador, je n'ai rencontré aucune difficulté aujourd'hui si ce n'est de rester debout dans les descentes remplies de boue. Le bus arrive, nous ramasse pour nous redéposer dans le centre -ville. Ce qui devait finir par arriver arriva, et on finit embourbé sur un bas -côté après avoir croisé un autre bus. Le chauffeur tape au maximum dans le moteur du vieux minibus, qui se met à fumer, pour s'arracher et rejoindre la "route". S'en est donc terminé de la Terre de Feu car mon vol retour pour El Calafate est programmé le lendemain midi.

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Décollage vers midi par un temps clair. Je sais qu'en arrivant à destination je ne pourrai pas rejoindre Puerto Natales comme je l'avais initialement prévu. En sortant de l'aéroport, je prends un taxi pour le terminal et le chauffeur d'à peine 19 ans me raconte qu'il vient du nord et qu'il est venu ici parce qu'il n'y avait pas de travail à Rosario. Le billet de bus en poche, je décide de retourner dans le même hôtel qu'il y a quelques jours. C'est en marchant dans cette direction que j'aperçois une empreinte de dinosaure sur le trottoir indiquant qu'un musée d'Interprétation Historique se trouve dans le coin, juste derrière l'hôtel en fait ! Il y a des squelettes de dinosaures présentés donc je n'hésite pas longtemps et j'y vais.

Il faut savoir que l'Argentine, et plus spécifiquement la Patagonie, est un des hauts lieux pour la mise à jour des squelettes d'animaux préhistoriques. C'est d'ailleurs ici qu'a été découvert l'Argentinosaurus, le plus grand dinosaure découvert à ce jour. Le musée est composé de trois pièces : la principale avec quatre squelettes de dinosaures tous retrouvés en Argentine, une deuxième avec des squelettes de mammifères géants et une dernière avec une exposition sur les peuples qui vivaient dans la région autrefois. Voilà, les squelettes que l'on peut retrouver dans ce modeste musée :

• Carnotaurus, rendu célèbre par le film Disney "Dinosaure", était un dinosaure carnivore et qui doit son nom de "taureau carnivore" aux deux excroissances osseuses sur le dessus de son crâne dont on ignore encore la réelle utilité car peu de crânes ont été découverts. Il mesurait 7 mètres de long pour un poids estimé à environ une tonne.

• Austroraptor appartenait à la famille du Velociraptor à la différence près qu'il mesure presque 6 mètres de long pour un poids de 400 kg. Ces mesures en font l'un des plus grands appartenant à cette famille. Ce qui fait qu'il est remarquable d'avoir les restes devant les yeux, c'est que seulement deux squelettes très fragmentaires de ce dinosaure ont été retrouvés.

• Herrerasaurus, nommé d'après celui qui l'a découvert, était un petit dinosaure carnivore long d'environ 2,5 mètres. Vivant il y a 230 millions d'années, il fait partie des plus anciens dinosaures découverts et présente des caractères propres aux dinosaures mais également des caractères se retrouvant chez des reptiles non dinosauriens, faisant de lui un potentiel "chaînon manquant".

• Talenkauen, signifiant "petit crâne", était un petit dinosaure herbivore appartenant à la famille de l'Iguanodon. Il présente la particularité d'avoir des plaques osseuses qui entourent sa cage thoracique et qui auraient probablement servi à une meilleure expiration et inspiration. Les restes de ce dinosaure furent découverts à seulement une quarantaine kilomètres au nord d'El Calafate.

En sortant du musée il me faut environ 15 minutes pour arriver sur le bord du lac. J'ai deux options pour finir la journée, marcher le long du rivage ou rentrer dans un petit parc protégé où il est possible d'apercevoir plusieurs espèces d'oiseaux. Je vois que l'entrée est payante et je n'ai plus de Pesos mais seulement des dollars. Je le signale à l'entrée et il me dit qu'ils prennent aussi les dollars, à condition que les billets soient neufs, ce qui n'est pas mon cas. J'abandonne l'idée d'aller dans la lagune. Contre toute attente, l'homme à l'entrée me dit que ce n'est pas grave et me donne tout sourire un dépliant dans la langue de Cervantes en m'ouvrant le portique donnant sur le sentier. Là aussi, il est strictement interdit d'en sortir pour préserver un maximum les écosystèmes.

Dans cette réserve il y a seulement quelques marres entrecoupées d'herbes hautes avec en toile de fond la ville étendue d'El Calafate d'un côté et le lac de l'autre. Il y a également un spot où, bien caché, il est possible d'observer les flamants roses en train de se nourrir. Je rencontre aussi ici un groupe de huit jeunes tous habitant le coin et qui m'invitent le soir à les rejoindre pour aller boire un verre dans un des bars du centre. J'apprends que certains d'entre eux vivent toujours ici et exercent en tant que guides alors que les autres finissent leurs études notamment à Buenos Aires et ne sont ici que pour les vacances. C'est sur cette dernière soirée que mon séjour en Argentine se termine et je rejoins dès le lendemain le Chili voisin pour la dernière semaine de mon séjour sud-américain.

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Sur la route pour retourner au Chili il faut, pour franchir la frontière, passer ses bagages au scanner car les autorités chiliennes vérifient que l'on ne transporte pas de fruits ou de produits frais. Il est 13h lorsque l'on arrive à Puerto Natales. Je file directement poser mes affaires à l'hôtel un peu excentré du centre -ville et pars à la recherche d'un restaurant parce qu'une semaine de pâtes ou de repas mangés sur le pouce ça use… Le gérant de l'hôtel me conseille un restaurant local mais clairement j'ai juste envie d'une bonne grosse pizza pour récupérer des différents trajets en avion et surtout en bus.

J'avais déjà eu l’occasion de faire un tour dans la ville le jour de mon arrivée mais je ne m'étais concentré seulement sur le quartier de l'hôtel et le bord du fjord Ultima Esperanza. Je peux toujours aller me renseigner pour faire une excursion en bateau sur le fjord et voir des glaciers, mais après avoir naviguer sur le canal Beagle et surtout avoir vu le Perito Moreno, je ne pense pas que la journée va vraiment m’émerveiller. J’opte plutôt pour le Parc National Torres del Paine voisin, qui est apparemment l'un des plus beaux d'Amérique du Sud. Je dois récupérer la voiture en début de soirée pour une durée de trois jours. Je profite donc des quelques heures me restant pour faire un nouveau tour dans la ville.

Puerto Natales est une toute petite ville de la province de Magallanes puisqu'elle ne compte que 15 000 habitants vivant de l'élevage et du tourisme. C'est surtout une base et un lieu de passage pour découvrir le parc national. Je retourne sur les rives du fjord et marche jusqu'au bord de la jetée. Des bateaux de toutes tailles sont au mouillage dans la baie, et une fois n'est pas coutume le vent s'est soudainement et violemment levé. Néanmoins le temps est "dégagé" selon un homme qui promène son chien et il faut en profiter. Ses paroles ne me rassurent pas puisque j'ai prévu deux jours de randonnée à Torres del Paine et si le temps est couvert, l'expérience risque de pas être terrible car toute la beauté des paysages résulte d'une parfaire visibilité.

En marchant dans les rues menant au centre, je remarque que les maisons sont plus colorées les unes que les autres, et ça me rappelle un peu les villages de pêcheurs de Scandinavie ou du Groenland. Ici, tout est bon pour construire sa maison. Il n ’est pas rare de voir des tôles peintes servant d'abris voire de toits. Pour certaines maisons, des morceaux entiers de bateaux font office de murs ou de garages. D ’autres, ne sont pas droites, tout comme leurs fenêtres. Tout ce chaos architectural donne un côté intriguant à la ville et chaque rue offre son lot d'originalité.

Je continue ma marche dans le centre-ville pour finalement arriver de l'autre côté de la jetée, et en bord de "mer" puisque des plages sont présentes tout le long. Alors quand je dis "plage", je ne sous-entends pas sable blanc, mais un endroit où il est possible d'aller directement dans l'eau sans escalader des rochers. Au loin, j'aperçois de nombreux points noirs à la surface de l'eau. Intrigué, je m'avance jusqu'à m'apercevoir qu'il s'agit en fait de cygnes à cou noir, une espèce vivant seulement dans cette partie de l'Amérique du Sud. Ils sont nombreux à attendre, ballottés par les vagues. Je tourne les talons direction l'agence de location parce que de gros nuages arrivent. Le vent redouble d'intensité et je n'ai pas spécialement envie de retraverser toute la ville sous la pluie.

La voiture bien en main, une première pour moi vu qu'elle est automatique, je roule en direction de l'hôtel. Je passe devant le nom de la ville qui fait office de bienvenue, un gros "Puerto Natales" surmonté de la statue de Mylodon déjà aperçue il y a quelques jours. Non loin de là, il y a une sculpture qui représente les cinq doigts d'une main émergeant du sol et qui fait face aux eaux du fjord. La journée ne fut pas la plus chargée mais il faut avouer que ça fait du bien de pouvoir prendre le temps de se poser et juste récupérer. Malgré tout, la nuit sera courte car le vent est devenu extrêmement violent dans la soirée et ma fenêtre claquera toutes les 3 secondes…

Le lendemain matin, je prévois de me réveiller assez tôt pour profiter de la journée et sillonner le parc Torres del Paine en voiture en m'arrêtant aux différents points d ’intérêt. Au moment où je regarde par la fenêtre je comprends que ça ne sera pas la journée idéale car la visibilité n'est pas bonne du tout et il pleut énormément. J'ai même du mal à voir le bout de la ville, pourtant pas très étendue. Je décide donc de me recoucher pour une petite heure en espérant que les choses se calment. A mon réveil il ne pleut plus mais on ne voit toujours pas grand-chose. Je descends pour parler au gérant et savoir s'il connaît la météo au parc et, coup de bol, il appelle un ami qui est garde là -bas. Ce dernier lui dit que pour l'instant ce n'est pas dégagé. Je prends mon mal en patience mais à midi je dois libérer la chambre d'hôtel. Entre temps je me renseigne sur les choses à faire par ce temps dans les alentours : une randonnée au sommet d'une petite montagne pour admirer un panorama sur le fjord ou la visite d'une grotte où l'on a retrouvé les restes du fameux Mylodon. A cause des conditions climatiques j'opte évidemment pour la seconde option et me voici parti à 20 kilomètres pour trouver l'entrée de la grotte.

La formation de la grotte débuta il y a 18 000 ans. A cette époque, l'entrée de la grotte était en contact avec un glacier qui commença à éroder la colline. Puis lorsque la glace fondit, l'action du vent et des vagues accéléra l'érosion et creusa une profonde cavité dans la colline. Il y a 13 000 ans, le niveau de l'eau baissa et la cavité fut en contact avec l'extérieur et donc avec la faune de l'époque. Lorsque les premiers habitants arrivèrent dans la région ils côtoyèrent les animaux constituant la mégafaune, à savoir le fameux Mylodon, Macrauchenia (un mélange entre un chameau et un rhinocéros) ou le Smilodon.

Même si la cavité est impressionnante, la grotte est composée d'une seule salle. Ce qui la rend célèbre c'est la découverte d'ossements d'animaux préhistoriques. Les ossements en question sont d'ailleurs visibles dans une petite salle près de l'endroit où l'on prend les billets. Je profite pour demander encore une fois s'ils ont des informations sur la météo dans le parc. Nouveau coup de chance, eux aussi connaissent quelqu’un qui travaille là-bas ! En fait c'est simple, apparemment ici tout le monde a un pote qui est garde dans un parc. Toujours est-il que le Mr Météo lui dit qu'il est toujours difficile de distinguer quelque chose. Tant pis, je décide quand même d'y faire un tour, de toute façon je n'ai pas grand-chose à perdre.

En repartant, je passe devant l'aéroport de Puerto Natales. Par aéroport, j'entends plutôt un hangar servant de terminal et une tour de contrôle haute comme une maison à deux étages. La taille des aéroports patagons m'amuse de plus en plus. Ils ont un charme fou je trouve ! Au bout de la piste atterrissage, derrière cet épais brouillard, il y a à droite comme à gauche des montagnes. Mieux vaut donc ne pas se louper lors du décollage ! Cependant cet aéroport est essentiellement utilisé par des compagnies charters et des tour-opérateurs pendant la saison estivale pour déposer les touristes au plus près du Parc.

Au bout de 30 kilomètres j'arrive au village de Cerro Castillo, où je vais passer la nuit dans une estancia. Avant je continue sur 50 kilomètres pour arriver aux abords du parc. Je passe devant la Laguna Amarga, dernière étendue d'eau avant l'entrée officielle. La visibilité est complètement réduite à néant. En temps normal, en arrière-plan du lac apparaissent les trois dolomites, l'emblème du parc. Or ici il n'y a que du brouillard et la pluie fait à son tour son apparition. Je conduis quand même jusqu'à l'entrée pour acheter mon ticket d'entrée pour ne pas perdre de temps le lendemain étant donné que j'ai prévu de faire la longue et célèbre randonnée jusqu'à la base des tours. Je rebrousse chemin, me frayant un passage entre les troupeaux de guanacos et arrive à Cerro Castillo juste avant la tombée de la nuit. Ce petit village de 500 habitants est la seule commune, avec Puerto Natales, de la province d'Ultima Esperanza. La commune de Cerro Castillo fait donc office de chef-lieu de la sous province de Torres del Paine. Avec une superficie de 6 500 km², la densité de population est de 0,028 hab/km², autrement dit c'est un désert.

Le peu d'hôtel dans les environs, souvent assez luxueux, sont surbookés pendant l'été. J'ai d'ailleurs réservé une nuit pour 100 € dans l'un d'entre eux et cela constituera la seule grosse dépense pour le logement de mon voyage. Je suis le seul client de l'estancia mais je voulais être relativement proche pour pouvoir débuter la randonnée le plus tôt possible sans avoir à trop conduire le matin. Les patrons m'annoncent que la météo sera très difficile le lendemain et me déconseillent d'entreprendre l'ascension jusqu'aux tours. Je suis dépité mais les deux principales attractions qui m'ont poussé à venir jusqu'à l'autre bout du monde sont le Perito Moreno et cette fameuse randonnée. C'est décidé, il peut venter, pleuvoir ou neiger je ferai cette randonnée. Et de la neige, je ne le savais pas, mais j'allais en manger en grande quantité !

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Durant 4 mois en 2013, le site VirtualTourist proposait un sondage permettant d'élire la 8ème merveille du monde parmi 330 lieux sélectionnés. L'heureuse élue est chilienne et je m’apprête à faire sa connaissance!

Réveil à 6h30. Mon premier réflexe est de regarder par la fenêtre et surprise… j'aperçois les étoiles. Le ciel est donc dégagé. C'est avec beaucoup d'espoir et de baume au cœur que je me prépare et m'habille chaudement pour lutter contre le froid annoncé. Départ à 7h30 en pleine nuit et la route est toujours aussi défoncée par endroit. Je mets environ une heure à atteindre l'entrée du parc. Pendant le trajet, le jour se lève et le soleil fait enfin son apparition et embrase le ciel. Tout de suite les montagnes et plaines de Patagonie retrouvent leur splendeur.

Je repasse devant la Laguna Amarga et contrairement à hier, j'arrive à distinguer les tours au loin malgré la présence de quelques nuages. Il ne faut pas crier victoire trop vite car ici le ciel peut se couvrir en moins d'une demi-heure. Comme le dit le dicton, il est possible de connaître les quatre saisons en une seule journée. J'arrive à l'entrée et me présente aux gardes pour qu'ils me valident le ticket et me passe les consignes de sécurité. C'est à ce moment que j'apprends que l’ascension va être plus compliquée car il a neigé toute la nuit en haut et plus de 30 centimètres de neige recouvrent les sentiers. Tant qu'il ne neige pas pendant la journée, ça me va car les rafales glaciales me refroidissent déjà même à travers mon équipement de montagne pas super bien adapté.

J'arrive au parking de l'hôtel "Las Torres" point de départ de la randonnée. Le ciel s'est encore dégagé et maintenant le soleil éclaire directement les tours de granite. Mais de l'autre côté de gros nuages s'avancent vers le massif. Sachant qu'il faut environ quatre heures pour atteindre le lac où se situe le mirador, il ne faut pas que je traîne. Sauf qu’à peine les 300 premiers mètres parcourus, des flocons se mettent déjà à tomber…

La randonnée n'est en principe pas considérée comme difficile mais elle est longue, environ 9h selon les guides, et certains passages sont bien raides. Le départ se fait à 125 mètres d'altitude pour arriver à une altitude maximale de 886 mètres. Un dénivelé de 760mètres sur 9.5 kilomètres ce qui n'est pas excessif, voire même plutôt tranquille. Sauf que le profil est tout autre et que deux passages vont concentrer l'essentiel du dénivelé, le début de la randonnée et surtout l’impitoyable dernier kilomètre qui va permettre de gagner plus de 300 mètres et atteindre le lac. Ma blessure en redescendant du Rucu Pinchincha en Equateur il y a quatre semaines étant toujours présente, je croise les doigts en serrant les dents pour que ça tienne.

La mise en route est difficile et les 3 premiers kilomètres pour atteindre le haut de la côte ne se font pas à un rythme soutenu. Peu importe, il est encore tôt et j'essaye de profiter des paysages environnants malgré les nuages. Il faut suivre le sentier qui se transforme à certains moments en ruisseau. La neige redouble d'intensité mais se calme lorsque j'atteins le haut de la butte. Je rattrape un groupe avec un guide et des porteurs qui ont l'air de bien galérer. Le guide me donne des conseils utiles pour la dernière partie de l’ascension en me disant de ne jamais m'écarter des bâtons orange sous peine de glisser sur des rochers cachés par la neige.

S'ensuit une partie légèrement vallonnée qui longe un ravin où coule en contrebas une petite rivière. Lorsque je regarde au loin je m'aperçois que plus le chemin s'enfonce entre les montagnes plus il semble se rapprocher de la neige, mais pour l'instant tout semble dégagé et j'avance pour atteindre le premier point de repère de la randonnée qu'est le Refuge Chilien.

Arrivé au refuge, après avoir marché sur un vieux pont en bois rempli de verglas, je croise un couple d'Autrichiens qui se repose. Je leur demande s'ils veulent faire la suite de la montée avec moi mais comme ils viennent d'arriver, ils préfèrent rester encore quelques minutes ici pour récupérer et retrouver leur souffle. Rapidement après le refuge, il faut traverser à pied une rivière. Je cherche un endroit peu profond et m'engage quand une personne me fait comprendre que le sentier ne continue pas de l'autre côté. J'ai donc les pieds trempés et frigorifiés pour rien… Après quelques minutes j'arrive à l'orée d'une forêt. À partir de maintenant la neige ne me quittera plus. Je rattrape deux Américains et un Brésilien et me lie d'amitié avec eux parce que vu ce qui s'annonce, marcher à plusieurs sera bien plus motivant et agréable que de le faire en solo. Sauf que les Américains s'arrêtent et je me retrouve seul avec le Brésilien.

Jefferson vient de Florianopolis, une ville importante au Brésil et comme il va changer de travail dans quelques semaines, il a décidé de faire le tour de l'Argentine, du Chili et de l'Uruguay en voiture. Il s'arrête régulièrement pour sortir son portable et se filmer devant les différents paysages pour alimenter sa page Facebook. Peu à peu, la forêt devient moins dense et l'on arrive au campement Torres. Ce campement marque le début de la montée finale. En regardant au-dessus, je vois que des nuages englobent le sommet mais ce n'est plus le moment de faire demi-tour. On pourra toujours attendre que ça se dégage une fois en haut. La première partie de cette montée n'est pas très difficile, on distingue encore le sentier, mais rapidement la tâche se complique.

Sur les photos nos traces de pas sont visibles, mais lorsque l'on se retrouve seulement face à une étendue de neige et des bâtons orange plantés loin les uns des autres, on marche à l'aveugle. La seule chose que l'on voit depuis maintenant quelques temps sont les traces de pas d'un renard qui vont en direction du sommet. Il n'est pas rare de glisser sur les rochers, mais la neige amortit les chutes. Evidemment, on se trompe de chemin et on fait demi-tour plusieurs fois. On se relaye également pour ouvrir la route parce que marcher avec de la neige jusqu'au genou nous bouffe toute l’énergie restante. On approche enfin du sommet et le ciel bleu apparaît tout comme les tours qui se dressent massivement à la verticale. Elles sont encore légèrement prisonnières des nuages mais on les distingue dans leur globalité. L'unique fenêtre de visibilité de cet après-midi.

Ça y est je suis en haut et le spectacle est à la hauteur de l'effort enduré depuis ce matin. Bien sûr j'avais déjà vu des photos de l'endroit, mais être là en face, c'est juste incroyable. La lumière associée à la neige rend le lieu magique. Il m'est impossible de décrire la sensation de sérénité qui se dégage de l'endroit et que je ressens à ce moment précis. Il n'y a que le vent qui soulève la neige lors des fortes rafales qui arrivent à troubler cette sensation… et Jefferson. Il profite d'être en haut pour ressortir son portable et faire une nouvelle vidéo où il remercie tout le monde y compris le Seigneur et moi-même. Vu que j'ai passé 70% de temps à ouvrir la voie, j'aurais préféré passer avant Dieu mais bon c'est quand même compliqué de rivaliser avec ce gars-là ! C'est à ce moment que le groupe avec le guide arrive suivi par le couple d'Autrichiens.

C'est également à ce moment-là qu'une agréable surprise se produit : un renard de Magellan pointe le bout de son museau et fait un photobomb sur la photo où je pose. Loin d'être effrayé par nos présences, il s'installe sur un rocher et prend à son tour la pose, plutôt majestueusement. Rapidement, il devient la star de la journée, reléguant le lac et les tours au second plan. Il doit avoir faim parce qu'il ne détourne pas les yeux de notre nourriture mais garde quand même une petite distance de sécurité. Finalement, quelqu'un a une idée de génie et… lui balance un bout de sandwich qu'il s'empresse d'avaler avant de nous offrir son plus beau bâillement ! J'en profite pour essayer de m'avancer un peu plus sur le côté du lac mais le guide me le déconseille car il y a de gros rochers invisibles et une chute peut s'avérer douloureuse surtout avec la descente qui s'annonce.

Le vent souffle de plus en plus fort et avec la neige qui s ’infiltre partout dans les habits, il devient de plus en plus inconfortable de rester là-haut. C'est donc après une quarantaine de minutes dans ce froid intense et piquant que l'on se décide avec Jefferson et les Autrichiens d'entamer la descente. C'était d'autant plus le moment de partir car les nuages reviennent et recommencent à masquer les tours. Elles n’apparaîtront d'ailleurs plus de la journée, ce qui sera surement un crève-coeur pour les nombreuses personnes que nous avons croisées lors de notre retour. Ce dernier permet de (re)voir certains paysages qui étaient cachés le matin même.

La randonnée se termine après 19 kilomètres de marche et une descente interminable. Il est 17h et on a une heure et demie d'avance sur le temps indiqué. C'est le moment de nous séparer, les Autrichiens vont camper, Jefferson veut dormir dans sa voiture et prendre la route d'El Calafate dès le lendemain matin. Quant à moi je retourne à Puerto Natales rendre la voiture, acheter un billet de bus pour Punta Arenas et trouver une chambre d'hôtel pour récupérer de cette journée.

Le Parc Torres del Paine est également connu pour abriter une faune qu'il est facile d'apercevoir. Au cours de la journée j'ai vu des condors, difficile à prendre en photo mais également une moufette de Patagonie. Cette dernière n'était pas difficile à photographier mais je n'avais pas trop envie de tenter de m'en approcher. Va savoir pourquoi...

Le guanaco est l'animal que l'on rencontre le plus facilement dans le parc. Ce cousin du lama ressemble énormément à la vigogne, que j'ai pu voir en Équateur, mais en plus robuste. Il est élevé pour sa viande et sa fourrure mais évidemment ceux à l'intérieur du parc sont sauvages. Pour finir, j'ai également croiser la route des nandous qui se déplaçaient en groupe. C'est le plus gros oiseau de continent américain et il fut découvert par Charles Darwin en personne lors de son tour du monde. Il n'a pas été facile de les photographier car ils sont très peureux et rien que le bruit de la voiture provoquait leur fuite. Il y a également des pumas dans le parc mais je n'ai malheureusement pas pu en voir.

Il est temps de penser au retour en France, mais avant j'ai encore du temps pour profiter d'une journée pour découvrir Punta Arenas qui est la grosse ville du sud de la Patagonie et d'une escale à Santiago avant mon départ. Au final, cette journée bien qu'épuisante fut la meilleure de mon séjour. Dès que je parle ou je pense à ces 15 jours, c'est l'image du lac avec las Torres derrière qui me vient instantanément à l'esprit… même s'il fallait être plutôt idiot pour s'y élancer en fin d'hiver austral et sans trop d'équipement. La neige, qui pouvait être problématique au début, a au final sublimé cette randonnée et donc les souvenirs que j'en ai. Une autre image qui résume bien cette partie du monde, c'est cette grande ligne droite déserte qui ne semble jamais finir.

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Et c'est reparti pour un petit tour de trois heures en bus pour rallier Punta Arenas, la plus grande ville du sud de la Patagonie avec ses 130 000 habitants. C'est également la ville la plus cosmopolite de la région car les habitants sont majoritairement des descendants de colons européens mais la moitié d'entre eux ont des origines croates. Située au bord du détroit de Magellan, elle était avant l'ouverture du canal de Panama, le principal port où transitaient les navires pour passer d'un océan à un autre. Je vais à l'office de tourisme pour savoir ce qu'il est jouable de faire ici en une journée. On me conseille d'aller au musée Nao Victoria qui expose des répliques de navires, avant d'aller au Cerro de la Cruz pour avoir un panorama complet sur la ville et le détroit avant de finir par aller jeter un œil dans le cimetière.

Le musée est à l'autre bout de la ville et l'idée de voir des répliques de bateaux ne m'enchantant pas plus que ça, j'opte donc pour le Cerro de la Cruz. Il faut dix minutes de marche depuis le centre pour y accéder. Comme sa petite sœur Puerto Natales, la ville est très colorée et aucune maison ne semble s'accorder au niveau des couleurs avec ses voisines. Depuis le sommet de la petite colline, je m'aperçois que la ville est vraiment vaste et plutôt organisée contrairement aux autres que j'ai visitées qui avaient un côté chaotique plus visible. Le lendemain de mon départ pour la France, c'est la fête nationale chilienne et les derniers préparatifs vont bon train ce qui amène de l'animation sur la place principale avec une scène partiellement montée et une sono diffusant de la musique électro.

En redescendant vers le détroit, je passe devant la statue de Bernardo O'Higgins, personnage important dans l'histoire du Chili. Fils d'un soldat irlandais au service de la couronne d'Espagne et d'une Chilienne, il fut l'une des figures militaires fondamentales de l'indépendance, premier chef d'État et l'un des pères fondateurs du Chili indépendant.

En continuant de déambuler au hasard dans les rues, je tombe souvent sur des fresques. Ici il n'est pas vraiment question de graffiti mais plutôt de portrait de la vie quotidienne d'autrefois. La plupart d'entre eux ont un rapport avec la pêche ou avec l'océan, que ce soit pour représenter un bateau échoué, un quai ou même deux personnes en train de nettoyer une carcasse de baleines sur une plage dans un petit village du littoral. Majoritairement, ces œuvres se trouvent sur des bâtiments abandonnés le long de la grande avenue longeant le détroit.

En traversant l'avenue j'arrive sur une sorte d'esplanade avec la Costanera del Estrecho, sculpture en plein nettoyage d'un navire entouré de sirènes. Le long de cette promenade, il doit être possible en été de louer des vélos pour se déplacer et en profiter. Mais avec le vent qu'il y a aujourd’hui, même si les bourrasques commencent à être presque une habitude jour après jour, je ne pense pas que cela soit une excellente idée en cette saison et les portes des loueurs restent donc closes. Ville moderne oblige, plusieurs luxueux hôtels ont élu résidence près du détroit et du casino.

Je me dirige maintenant vers le cimetière recommandé vivement par l'office du tourisme. Étant donné le passé européen de la ville, le cimetière n'est pas très différent de ceux que l'on peut trouver chez nous, bien que certains monuments sortent du lot. Parmi eux, on peut noter une imposante stèle rendant hommage à la marine nationale ou une chapelle orthodoxe rendant hommage aux membres d'Europe de l'Est et de Russie mais surtout le monument dédié aux victimes de la dictature.

Punta Arenas propose plusieurs possibilités d'excursions dans les alentours, mais je n'ai pu les réaliser par manque de temps ou d’intérêt. Il est possible d'aller sur la Isla Magdalena pour voir une immense colonie de manchots, mais ce parc n’ouvre qu'un peu plus tard dans la saison. Il est aussi possible de prendre un bateau pour observer des baleines ou de se rendre à 90 kilomètres à la frontière avec l'Argentine dans le Parc National Pali Aike dont les paysages et formations géologiques d'origine volcanique font sa renommée.

Avant de regagner mon hôtel, je m'arrête dans un restaurant "local" pour me réchauffer. On me propose à ce moment-là de goûter le guanaco. J'hésite un peu, mais le serveur me dit que c'est véritablement délicieux. Évidemment le gars est là pour vendre ses plats et il ne va pas se risquer à me dire que c'est affreux au niveau du palais. Néanmoins j'accepte ! Après le renne en Finlande, l'élan et l'ours en Estonie c'est parti pour le gibier local. Plutôt bizarre toutes ces expériences culinaires carnivores pour un type comme moi ayant presque une aversion pour la viande. J'ai le choix entre deux plats : un burger de guanaco badigeonné d'une sauce à l'avocat ou alors sous forme d'escalope. Bizarrement, j'opte pour la seconde et pour faire passer le temps je commande une bière locale "Austral". Rien d'exceptionnel mais il en existe toute une gamme alors peut être que certaines valent davantage le coup. Le plat arrive et j'en recommande une deuxième, cette fois ci une "Hernando de Magallanes" vraiment pas terrible. Bon la bière ne semble pas être une spécialité très réussie alors j'espère qu'au moins la nourriture le sera. Clairement ça a le goût de veau voire de bœuf si bien que si on ne m'avait pas dit ce que c'était, je n'aurais rien remarqué. J'aurai dû prendre le burger !