Un bus s’éloigne de la place alors que mon chauffeur s’y engage. Évidemment, c’était celui que je devais prendre… Un jeune chinois arrive, fixe les bus garés et vient aussi s’assoir sur le vieux banc usé. Il a la panoplie du parfait touriste pour aller dans la jungle : un pantalon épais avec de grandes chaussettes par-dessus, un gilet sans manche avec une multitude de poches, un large chapeau en toile où sont repliés des filets antimoustiques et bien sûr un lourd appareil photo en bandoulière. Mon accoutrement est à l’opposé. Je suis en short, vans, t-shirt et casquette. Mon petit appareil photo rentre dans ma poche en la déformant. Au moins, lui, il ne devrait pas se faire dévorer par les insectes avides de sang frais !
Finalement, on opte pour un Grab pour rejoindre le village où il faut s’acquitter des droits d’entrée et organiser le transfert jusqu’au parc. On s’arrange de nouveau pour partager les frais à l’aller car je passe la nuit là-bas. Rester dormir dans le parc est une option intéressante car les nasiques sont plus facilement visibles à l’aube ou au coucher du soleil, sans parler des sorties de nuit dans la jungle, animées par les rangers. Un homme sur un ponton en bois nous fait signe de le suivre. Des panneaux jaunes attirent le regard grâce à la silhouette écailleuse apposée dessus. La gueule grande ouverte du crocodile dessiné sur ce bout de métal ne laisse aucun doute : il va falloir surveiller la surface de l’eau. Ce ne sont pas n’importe lesquels mais des crocodiles marins, les plus gros reptiles du monde qui ne craignent pas franchement les humains.
Deux bancs en bois fixés en travers servent de sièges et une bâche attachée sur des mâts en bois nous protège des éléments. On suit pendant les méandres de la rivière. Les pontons reliés aux habitations se succèdent avant de s’espacer pour finalement ne laisser place qu’à une végétation luxuriante. De l’autre côté de l’embouchure, un imposant relief a du mal à s’extraire des nuages. Bien à l’abri du vent et des vagues, on entame maintenant la traversée jusqu’à la plage du parc. La coque se soulève et retombe violemment lorsqu’elle rencontre les vagues de plus en plus hautes et nombreuses. Pourtant, pas question pour l’homme qui tient la barre de ralentir et il nous dit de nous accrocher alors que l’on approche d’une zone plus agitée.
On longe la côte sauvage faite de falaises et végétation pendant une vingtaine de minutes jusqu’à avoir en vue une immense plage. Le moteur ralentit et le pilote nous fait signe de sauter pour rejoindre le sable. L’eau est vraiment chaude et ça doit être un régal de se détendre dedans après une après-midi de marche dans cet enfer vert. Le panneau planté à la sortie de la plage rappelle immédiatement pourquoi les seules personnes dans l’eau marchent pour en sortir rapidement : « Attention aux crocodiles ». La marée étant basse, il faut traverser la plage sur 200 mètres avant d’apercevoir le sentier menant au quartier général des rangers. Je m’enregistre et je ne pourrais récupérer les clés que dans deux heures. Plan à la main, l’homme en uniforme face à moi me donne les informations sur les sentiers que je peux suivre dans l’après-midi.
Il fait chaud, extrêmement chaud même et les ventilateurs tournent sans s’arrêter. Les hamacs à l’extérieur sont tous occupés à l’exception des deux en plein soleil. Je m’engage sur un des chemins à l’est du parc. Actuellement, seulement trois sont ouverts au public pour des raisons de préservation. Une passerelle faite de planches de bois s’enfonce dans la forêt. Il n’y a personne dans cette partie de la jungle et seuls les bruits s’élevant de la végétation se font entendre. Lorsque la passerelle disparaît, je m’engage sur un sentier boueux, glissant et qui s’élève jusqu’à arriver à une barrière défoncée qui bloque le passage. Je n’ai pas encore croisé une seule bestiole et pourtant je marche au ralenti en scrutant le moindre mouvement dans les arbres ou les branches au bord du chemin. Il y a dans ce parc quatre espèces que je veux vraiment voir. Un peu comme pour les safaris africains et leurs Big 5, disons que le Bako a son Big 4.
J’aperçois une toile d’araignée s’agiter entre deux frêles fougères. Sa propriétaire est posée en plein milieu et fait des aller-retours entre les extrémités pour tisser et consolider les segments fragilisés de son œuvre. Face ventrale vers moi, son abdomen est brun et teinté de plusieurs points blancs alors que ses longues pattes noires et jaunes s’étirent pour se fixer à la toile. Je regarde le reste de la toile pour savoir si le mâle est aussi présent. Dans cette espèce, où le dimorphisme sexuel est très important, la femelle peut mesurer jusqu’à 20 cm alors que le mâle ne dépassera pas les 2 cm. Un guide s’approche avec son groupe et commencent les explications dont il me fait profiter. Cette araignée est capable de tisser des toiles de plusieurs mètres et, après quelques recherches, j’apprends aussi que la soie est si résistante qu’elle peut être comparée à du kevlar. D’ailleurs, il y a plusieurs cas connus où ces araignées dévorent de petites chauves-souris retrouvées prisonnières de ces filaments gluants.
Je traverse le village en slalomant entre les bungalows parfois luxueux qui s’étalent le long du chemin pavé. Il faut quand même rester attentif et regarder la cime des arbres pour être sûr qu’un singe ne s’y cache pas. Rapidement, le chemin s’enfonce dans la jungle et les racines entremêlées remplacent les planches de bois. La boue rend les montées glissantes. Je ne croise personne pendant cette marche qui m’amène jusqu’à une petite plage lovée dans une crique. En chemin, et comme sur le premier sentier, je marche encore au pas en regardant bien la végétation pour détecter le moindre mouvement ou la moindre forme qui sort du lot. La raison de cet excès de lenteur ? Détecter la présence d’un membre du Big 4 à savoir Trimeresurus borneensis, le crotale des bambous. Verte, cette vipère se confond parfaitement avec son environnement et demande de la patience et de la chance pour être aperçue. Pour l’instant, pas la moindre écaille à se mettre sous la rétine !
J’entre sur la plage en regardant bien qu’un gros reptile friand de chair fraîche ne lézarde pas à proximité. Je n’y crois pas trop mais les nombreux avertissements des rangers à l’entrée m’ont mis le doute. Au milieu de la plage, un énorme bloc jaune est échoué à la merci du vent et de l’eau si bien qu’au fur et à mesure des années, il se voit amputer de nombreuses couches.
Comme la boucle pour revenir au camp suit un sentier fermé, je repasse par les mêmes endroits, toujours en portant une attention particulière à la végétation qui m’entoure. Un coup de tonnerre retentit alors qu’un macaque, visiblement surpris par ma silhouette, détale rapidement en poussant des cris aigus. Le tonnerre s’intensifie et un bruit de fond semble se rapprocher. En moins d’un battement de cils, une pluie chaude et violente s’abat sur la jungle. Les joies du climat équatorial ! Les chemins se transforment rapidement en flaques de boue. J’ai le choix entre essayer de m’abriter comme je peux ou alors avancer jusqu’aux abris construits dans la mangrove. Un mur d’eau s’abat sur moi à l’instant où je sors de la forêt. Finalement, comme souvent sous ces latitudes, en une demi-heure l’orage passe et le soleil refait son apparition.
Pour l’instant, et après trois heures dans le parc, le bilan des rencontres animalières est assez maigre. Alors que le parc se vide de ses derniers visiteurs, je reprends la direction du sentier qui longe la plage pour que la chance me sourit enfin. Il y a du mouvement dans les arbres et un groupe de singes fait son apparition avant de descendre au sol et d’occuper le milieu du chemin. Ce ne sont pas des nasiques mais des semnopithèques à coiffe facilement reconnaissables à leur crête au sommet du crâne et à la moustache grise occupant la lèvre supérieure. Chez ce primate, la queue est deux fois plus grande que le corps. L’une des femelles du groupe enlace et maintien son petit de couleur orange qui détonne énormément en comparaison des poils grisâtres et argentés de sa mère.
Pas facile de s’approcher car, même s’ils sont habitués aux humains, chaque pas en leur direction provoque un repli défensif de plusieurs mètres. Un guide tout juste arrivé me demande ce que j’ai vu jusqu’à maintenant avant de me donner des conseils pour apercevoir les nasiques en cette fin d’après-midi. Sans rien demander et en ne faisant aucune proposition pour que je l’engage, il dessine quelques croix sur mon plan pour m’indiquer les zones intéressantes. Un autre guide arrive alors accompagné par un couple de photographes français à la retraite. L‘objectif fixé à son appareil fait 50 cm et je suis ridicule en comparaison quand je sors mon compact avec son zoom révolutionnaire…
Après quelques minutes, il me tend une carte où est inscrit le lien permettant de voir l’ensemble de ses photos animalières, certaines étant même publiées dans de célèbres magazines. Il dévisse son objectif, ouvre son sac et en sort un autre. Maintenant, ça ne rigole plus du tout. Par comparaison, c’est l’Empire State Building des objectifs. Il est si grand qu’il doit dépasser les cinquante centimètres. En le fixant, je ne peux m’empêcher de lui poser les questions qui me viennent à l’esprit. Alors que j’ai à peine prononcé deux mots, voulant savoir le poids et le prix de l’objet, il me coupe pour me sortir : « Non vous ne voulez pas savoir. C’est cher, très cher même, au point que ça va vous faire du mal de savoir son prix ». Ok super ! C’est vrai que tes photos sont splendides mais tu prends quand même un air hautain mon p’tit bonhomme non ? Finalement, je ne connaitrai ni le prix, ni le poids ni rien du tout car j’ai vite tracé ma route avec mon appareil, certes petit, mais rempli d’humilité. En faisant un tour sur internet, c’est quoi ce délire de malade ? 23 000 balles ? Tu m’étonnes que je ne voulusse pas savoir !
L’orage qui refait son apparition est suffisant pour réduire la chance de voir les nasiques. Pourtant, sur le chemin du retour, le sommet des arbres bouge et les branches au-dessus du sentier s’agitent avec fracas. J’aperçois une longue queue grise et une couleur rousse passer à toute allure. Ils sont là ! Les trois nasiques se déplacent vite et disparaissent rapidement au-dessus de la mangrove, là où aucun sentier ne s’engage. J’oscille entre la joie d’en avoir enfin trouvés mais aussi la déception de la durée éclair de cette observation.
Pour manger au milieu de la jungle, il n’y a qu’une cafétéria mais j’ai raté l’heure. Tous les bacs sont vides... J’achète quelques paquets de gâteaux avant de regagner ma chambre. Les groupes électrogènes tournent eux aussi à fond mais s’arrêtent brutalement à plusieurs reprises. Sans ventilateur, la chaleur redouble d’intensité et me tire du sommeil. A l’aube des bruits répétés sous ma fenêtre me réveillent. Je me lève tant bien que mal mais je ne vois à travers la vitre que des branches s’agiter. Rapidement dehors pour m’en approcher, l’animal a maintenant disparu. Alors qu’il fait encore sombre, je profite d’être réveillé pour faire le même tour qu’hier. La jungle s’éveille et les bruits redoublent d’intensité. Mais rien n’est visible alors que les rayons percent à travers l’épaisse couche nuageuse qui planent dans le ciel. Assis sur une pierre, j’attends l’heure d’ouverture de la cafétéria. Un groupe de sangliers à barbe sort de la forêt et me contourne sans prêter attention au plot rigide et immobile que je suis devenu.
De l’orange et du bleu ciel se déplacent sur le sable en attirant mon attention. Une dizaine de crabes se déplacent latéralement dans la mangrove asséchée. Les crabes violonistes mâles sont facilement reconnaissables grâce à leur pince disproportionnée tandis que l’autre se retrouve atrophiée. C’est une arme utile pour gagner les faveurs des femelles lors des périodes d’accouplement. Plus loin sur les rochers émergés, des dizaines de périophtalmes se font malmener à chaque vague. Ce sont des poissons atypiques avec des yeux très mobiles montés au sommet du crâne pouvant tourner à 360°. Se déplaçant souvent en rampant et parfois en sautant, ils peuvent rester accrochés grâce aux nageoires pectorales formant des ventouses. La particularité de ce poisson c’est qu’il peut évoluer à l’air libre grâce à trois mécanismes lui permettant de respirer. Comme tous les poissons, ils possèdent des branchies mais il peut aussi absorber du dioxygène et rejeter le CO2 par la peau, les molécules passant facilement à travers l’épiderme. Hors de l’eau, il utilise des petites cavités situées à proximité des branchies dans lesquelles l’eau reste emprisonnée permettant alors au dioxygène dissous de rejoindre les branchies.
Le capitaine d’hier vient me chercher sur la plage à 13h30 et chaque minute qui passe me rapproche du départ. Le stress de ne pas voir les nasiques devient de plus en plus présent. Sur le chemin longeant la mangrove, un bruit de branche qui craque se fait entendre. En me décalant du sentier boueux, j’en aperçois alors un à quelques mètres de hauteur. C’est une femelle et son appendice nasal, faisant sa renommée, n’est pas très développé. Elle se balade de branche en branche à la recherche des meilleures feuilles qu’elle s’empresse d’arracher à l’aide de ses bras surdimensionnés se terminant par de longues phalanges. Les groupes étant souvent composés d’un harem, il y a des chances pour qu’un mâle ne soit pas loin.
Trente mètres plus loin, au détour d’un virage, une silhouette descend et se pose sur une branche à découvert. Le mâle se tient à ma hauteur à quelques mètres seulement et me fixe de ses yeux marron ressemblant de façon déroutante à une pupille humaine. Son nez est gigantesque et tombe bien au-delà de son menton lui donnant un visage inesthétique au possible. La queue fait la même taille que l’individu. Avec 1m60 de la queue à la tête, le nasique est un singe imposant. Totalement seul, je reste de longues minutes à le scruter en faisant attention à ne pas faire de gestes brusques pouvant provoquer sa fuite. Il se tourne à de nombreuses reprises vers moi et ne semble absolument pas dérangé par ma présence. Son ventre bedonnant et bien rond sur lequel ses mains se reposent parfois lui donne une allure encore plus potache. Difficile de ne pas être amusé devant une telle morphologie, comme si par miracle de la génétique, Cyrano de Bergerac avait enfanté avec Homer Simpson.
Comment cette espèce à l’apparence aussi pataude a-t-elle pu survivre en passant entre les mailles ô combien sinueuse de l’évolution pour finalement conquérir l’ensemble de Bornéo ? Et pourtant, elle cache bien son jeu. Dès qu’il s’agit de se déplacer, sur terre comme dans les arbres, cette démarche supposément ridicule laisse place à une agilité insoupçonnée et pleine de grâce. Les nasiques peuvent sauter à plus d’une dizaine de mètres de hauteur d’arbre en arbre. La taille de son appendice nasal étant corrélée à une autre partie anatomique fait que plus le nez est long et pend, plus les testicules sont développés. Pour défendre son harem, le mâle grogne, montre les dents mais agite aussi son pénis en érection. Totalement paradoxal, c’est un animal atypique aussi fascinant qu’enivrant à observer mais impossible de retenir un sourire.
Sur le chemin du camp, des groupes de touristes nouvellement débarqués regardent vers la cime des arbres. Une dizaine de nasiques sont suivis à la trace par les bipèdes au visage enduit d’une épaisse couche de crème solaire protectrice. Suivant toujours les sentiers en m’enfonçant un peu dans la végétation, le crotale des bambous reste introuvable. Finalement, il ne me manquera que cette vipère mais j’ai pu voir bien plus d’espèces que ce que j’espérais.
La capitaine arrive puis me dépose sur l’embarcadère désert de la veille. Plus compliqué pour rentrer, il faut attendre un bus aux horaires fluctuants. Des Espagnols embarquent dans un taxi clandestin et me proposent de partager les frais. Me voilà de retour dans ma chambre surchauffée où la bataille pour éliminer moustiques et grosses blattes reprend de plus belle. Pour mon dernier jour à Kuching avant mon départ, j’avais envie de faire une rando jusqu’au sommet du Santubong, une montagne qui domine la région en offrant des vues sur l’embouchure du Sarawak qui serpente à ses pieds. Il y a 800 mètres de dénivelé à travers la végétation épaisse qui recouvre ses flancs. Vu comment j’ai souffert de la température et surtout de l’humidité dans le parc sans beaucoup de dénivelé, j’hésite à me lancer dans le projet. En plus, la météo annoncée ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme. L’alternative ? Une grasse matinée et une visite de la réserve de Semenggoh pour voir les orang-outans à l’intérieur du parc. Contrairement à Bukit Lawang sur Sumatra, ils ne se nourrissent pas toujours seuls et deux fois par jour, les gardiens déposent des fruits sur des plateformes non loin de lieux d'observation.
Une longue file s’étire devant les deux guichets proposant deux formules : une entrée normale mais aussi une entrée « premium » dans laquelle le transport jusqu’aux plateformes en voiturette est compris. Sans surprise, l’immense majorité opte pour cette dernière alors qu'il n’y a qu’un kilomètre jusqu’aux lieux d’observation. En optant pour la marche, je risque d’arriver alors que de nombreuses personnes seront déjà présentes et la tranquillité de l’endroit évaporée. Comme j’ai déjà eu la chance de voir les orang-outans l’année dernière, je n’ai pas vraiment d’attentes et je souris même au gardien lorsqu’il me précise que « ce n’est pas sûr qu’ils se montrent ».
Je rattrape un couple et deux autres personnes. Nous ne sommes que cinq à avoir opté pour la dépense de calories, dont le doyen des visiteurs. Le moins que l’on puisse dire c’est que le papy ne rigole pas et balance ses bras pour tenir le rythme soutenu qu’il s’impose. Les murs recouverts de végétation sont par endroit envahis par des plantes carnivores arrondies. Un cri retentit dans les arbres. C’est peut-être un calao et pour essayer de l’apercevoir, je reste immobile à scruter les cimes. Le couple s’est arrêté et espère aussi que l’auteur se montre. C’est une silhouette poilue descendant d’un arbre qui brise le silence. Les branches se mettent à bouger alors que le primate orangé descend en suivant le tronc.
Ses poils tombant vers le bas s’assombrissent sur le torse. C’est une femelle car elle ne possède pas de bourrelet sur le visage. Juste derrière, une deuxième femelle arrive accompagnée par un jeune. L’orange qui teinte son pelage est bien plus clair que celui des adultes et les poils ébouriffés au sommet de sa tête lui donne une allure de punk. Les trois singes nous scrutent en nous dévisageant des pieds à la tête en restant à une distance raisonnable des bipèdes imberbes que nous sommes. Ironie de la situation, les voiturettes passent à notre niveau sans s’arrêter alors que les passagers hurlent pour descendre. Les chauffeurs se foutent des cris et vont décharger les passagers à quelques centaines de mètres de là. À chaque passage, on se regarde tous les trois et, sans prononcer un mot, on arbore un sourire dénué de compassion.
Un soigneur au volant d’une jeep transporte des régimes de bananes. Les orang-outangs ne se font pas prier pour les attraper en vol. La mère se saisit des fruits et les passe un par un à son petit en gardant toujours un œil attentif sur nous. Personne ne bouge et l’on reste de l’autre côté de la chaussée, se décalant seulement de quelques pas afin de s’offrir un meilleur angle de vue. La femelle solitaire a un visage fermé et moins avenant que la mère qui semble détendue.
Un soigneur au volant d’une jeep transporte des régimes de bananes. Les orang-outangs ne se font pas prier pour les attraper en vol. La mère se saisit des fruits et les passe un par un à son petit en gardant toujours un œil attentif sur nous. Personne ne bouge et l’on reste de l’autre côté de la chaussée, se décalant seulement de quelques pas afin de s’offrir un meilleur angle de vue. La femelle solitaire a un visage fermé et moins avenant que la mère qui semble détendue.
Les voiturettes s’arrêtent maintenant à notre hauteur pour décharger les passagers. Sans regarder autour, certains se mettent en plein milieu de la route, bouchant la circulation, font du bruit et s’approchent bien trop près malgré les réprimandes des rangers. Bref, ils sont relous ! Je mesure la chance que j’ai eue de les voir avant que quelques clowns ne transforment l’endroit en cirque même si les rangers haussent le ton pour les remettre à leur place.