Tous les chemins mènent à... Compostelle ?
Je réalise que nombre de personnes à qui je parle de Compostelle voient le pèlerinage comme un chemin unique, qui conduirait d’un point A à un point B.
Les chemins de Compostelle sont en fait très nombreux en Europe. Ils sont plus ou moins connus, fréquentés, balisés, équipés…
En rouge, le Camino Francès et au dessus, qui longe le littoral nord de l'Espagne : le Camino Del NorteCertains pèlerins marchent vers Compostelle depuis le seuil de leur propre maison !
A quand un départ de la Basilique de Saint-Denis vers Compostelle ?! Ne me tentez-pas...
Lors de mes pérégrinations, j’ai rencontré deux pèlerins qui venaient à pied de Pologne et marchaient depuis déjà plusieurs mois...
L'un avait mon âge et nous avons fait un bout de chemin ensemble, grâce à ma maitrise parfaite du polonais (on parlait anglais). Je n'ai jamais vraiment su ce qu'il cherchait, peut-être que lui non plus et que c'est ce qui le poussait à marcher.
Je me souviens aussi d’un autre homme en particulier, très âgé, qui ressemblait à Jésus. Il aurait pu ressembler à Dalida, Gérard Larcher ou Bilal Hassani mais ce n'est pas le cas. J’étais entrée dans une petite Chapelle en quête d’ombre et de fraîcheur, et je l’ai trouvé seul devant l’autel en train de chanter. Il avait une très belle voix qui résonnait entre les pierres. Nous étions seuls et il ne m'a pas entendue entrer. Je me suis assise dans un coin et suis restée un moment à l’écouter.
Je digresse (Grèce).
Mon baptême du feu
J’ai donc fait mes premières pas sur le « Camino Francés », de Saint-Jean Pied de Port à Burgos puis de Burgos à Astorga, un peu après Léon (500 km). J’ai gardé d’excellents souvenirs de cet itinéraire que je recommande aux « débutants » parce que le chemin est très bien balisé (j’avoue m’être perdue une fois mais j’étais mal réveillée), que les hébergements sont nombreux ainsi que les points de ravitaillements.
Attention toutefois à la saison à laquelle vous partez. Il est possible de partir au mois d’août mais vous devrez commencer à marcher plus tôt le matin (6H/6H30) pour éviter les fortes chaleurs.
Si vous démarrez comme moi à Saint-Jean Pied de Port, je vous conseille de vous préparer un minimum physiquement puisque vous allez commencer par l’étape jusqu’à Roncevaux : 27 km de grimpette PUIS de descente (c’est pire) sur montagne caillouteuse. Quand on est pas prêt et qu’on a pas 19 ans, c’est risquer de se faire mal et de compromettre la suite du périple.
Pour vous donner une idée du dénivelé :
Le premier pic, en partant de la droite, c'est le fameux col de Roncevaux Quand j'ai passé le col de Roncevaux, en plein mois d’août sous un soleil de plomb (35° à l'ombre), plusieurs personnes ont dû être hélitreuillées depuis la montagne (malaise/blessure). C’était finalement pour moi l’étape la plus difficile et peut-être aussi la plus belle. De là à en déduire que je suis maso...
J’en garde une pensée émue. Je me souviens d’avoir été reconnaissante envers mon corps d’avoir tenu et fière que ma tête m’ait portée jusqu'au refuge.
Les lignes droites de l'ennui
Jusqu’à Burgos, j‘ai ensuite alterné plat et dénivelé modéré. Après Burgos, la traversée de la "Meseta", que certains mauvais esprits appellent "Les lignes droites de l'ennui", (bon article au demeurant) était déjà nettement plus "chill" !
Souvenirs de mon second périple, de Burgos à Astorga J'ai pour ma part apprécié le côté désertique, un peu en dehors du monde de la Meseta. J'ai aimé sa solitude. Une immense étendue de champs, sans habitations, sans personne.
Loin des habitudes de recueillement silencieux de certains pèlerins, je prends un intense plaisir à crier et à chanter très fort, et très faux, lorsque je suis seule dans de grands espaces comme celui-ci. C'est libérateur. Tant de jours de l'année à se taire ou à ne pas parler trop fort ou ne pas pouvoir dire ce qu'on voudrait hurler.
On a finalement peu d'occasions d'être vraiment seuls. Il y a toujours des proches, des voisins, des collègues. Je me souviens avec plaisir du goût de cette complète solitude et... liberté.
A l'époque où je traversais la Meseta, les champs étaient remplis de tournesols malicieux qui ont su plusieurs fois redonner de la ferveur à mes rotules surmenées.
Salut, toi ! Et mon prochain départ c'est...
Le Nooooord !Plus d'infos à venir sur mon itinéraire sur le Camino Del Norte !