Second baptême du feu
Lever 6h ce matin pour un départ à 7h vers San Sebastián ! Nuit troublée par mon voisin de dortoir dont la sympathie égale le volume sonore nocturne.
Dès 5 minutes de marche à la sortie d'Irun, j'en ai pris plein la vue. Un paysage verdoyant, entre mer et montagne...
Mes jambes aussi ont apprécié le voyage. Je m'attendais à commencer par une étape de 26 km, longue, mais pas aussi corsée.
Un peu plus d'une heure après mon départ et déjà une montée ardue, je croise un basque qui me demande quel itinéraire je vais prendre : la mer ou la piste. Par réflexe, je réponds la mer, mais en réalité il m'apprend qu'il y a deux itinéraires pour cette étape.
500m plus loin j'arrive au croisement en question. Tout droit, la route (le chemin plus plat), à droite, un espèce de "chemin" qui consiste en fait à escalader le flanc d'une montagne, qui ressemble à un mur, avec seulement quelques racines et pierres pour poser les pieds. Ils préviennent sur le panneau qu'il vaut mieux être chevronné mais que la vue sur la mer est magnifique et puis, c'est la voie officielle.
Alpiniste chevronnée ? J'ai bien mérité mon chamois en carton
Forte de ma connaissance du documentaire que j'ai regardé sur arte en 2013 sur l'alpinisme, je me lance. Au bout de 3 minutes, solidement accrochée à un arbre et regardant derrière moi, je finis par me demander si c'est bien raisonnable. Je suis de toute façon perchée trop haut et la descente m'effraie plus que la montée, je poursuis mon ascension !
Plus tard, en consultant mon guide / appli (j'utilise Buen Camino) j'apprends que j'ai effectivement grimpé 300m d'altitude en une demie heure, l'image du mur est donc à peine exagérée. Le guide déconseille cette voie, réservée aux pèlerins "alpinistes" chevronnés. Pour l'avoir fait, je proteste fermement, à condition d'avoir la condition physique et un penchant pour le risque ça reste faisable et cela vaut l'effort.
Arrivée en haut de la crête, les vues panoramiques sur Irun, l'océan, la vallée, depuis les différentes "tours" en pierre, sont juste incroyables.
Mes photos ne rendent pas suffisamment honneur à la réalité, c'était magique et j'étais fin heureuse, perchée sur ma montagne. Après LA montagne il y en a eu une autre, une autre montée, une autre descente, une autre... Ce fut long ! Et intense. Peu de répit sur cette étape. J'ai redécouvert plein de muscles de mes cuisses et de mes fesses ainsi que l'utilité de mes genoux, particulièrement en descente.
Le chemin passait aussi par de grandes pâtures où je marchais au milieu des vaches et chevaux, avant de se poursuivre en forêt (cette fois une longue descente vers Pasaia).
23 km plus tard, vers midi, j'arrive enfin à Pasaïa où je m'arrête pour manger et reposer mes pieds... Il me reste encore 4 km pour arriver à San Sebastián. Je prends un petit bateau pour rejoindre l'autre rive et poursuis ma route... Jusqu'à la mer.
Je tenais à arriver dès aujourd'hui à San Sebastián pour pouvoir enfin me baigner dans cet océan que j'observais de loin jusqu'ici. La baignade fut salutaire pour mon corps, les vertus régénératrices d'un bain de mer (dans l'eau un peu fraîche) sont vraiment idéales après une telle journée.
Cette voie très difficile m'a fait le même effet que Roncevaux (cf. "itinéraires"). Je me dis que si j'ai pu dès le premier jour venir à bout de ces montagnes sans plus de bobo qu'une petite ampoule au pied, j'irai loin !
Une super journée en résumé, j'ai rencontré au petit déj et sur la route des pèlerins vraiment chouettes (beaucoup de français, un catalan, pas mal d'espagnols) dont beaucoup démarraient aussi d'Irun, c'était encourageant.
Avec 27 km de montagne dans les pattes et des boules quies en poche, rien ne saura troubler mon sommeil. Ultreïa !
Vu à San Sebastián #CiudadLibre