Pour nous rendre dans la région du Kivu, située à l'Est du Congo Kinshasa, nous choisissons de passer par le Rwanda pour des raisons de distance et de sécurité. En effet, la RDC était plutôt sûre lorsque nous avons réservé nos billets d'avion mais entre temps, Kabila a posé quelques problèmes au niveau électoral, ce qui a conduit à une instabilité politique notamment dans la région du Kivu. Je schématise très vite. En réalité, la région est secouée par les conflits pour des raisons multiples. On dira qu'une nouvelle goutte d'eau s'est ajoutée à un vase déjà bien plein.
Une fois l'avion posé, nous nous rendons à la gare routière et sautons dans le premier bus public en direction de la frontière entre le Rwanda et la RDC au bord du lac Kivu, au niveau de la ville de Goma. Il est étrange de franchir cette frontière à pied. Je ne peux m'empêcher de penser à ceux, qui moins de vingt cinq ans auparavant se pressaient au niveau de la même barrière pour fuir le génocide.
Le contraste entre Rwanda et RDC est saisissant. Si le Rwanda est un pays tout propret, aux routes goudronnées, la RDC, ou du moins la région du Kivu, n'est que boue et constructions de bric et de broc. Par ailleurs, le Rwanda n'est pas en reste en ce qui concerne la présence militaire forte, un peu partout en ville et sur les routes. Il est par exemple impossible de pénétrer dans un lieu public comme un supermarché sans passer au détecteur de métaux sous la surveillance d'une personne armée. Cependant, la RDC est encore sur un autre registre. Dès le passage de la frontière, nous constatons la présence d'une délégation de l'ONU qui a fort à faire depuis plusieurs décennies. Mais il y a aussi des militaires partout, vraiment partout. Nous passerons sur la tentative des douaniers congolais d'obtenir un pot de vin de notre part ... çà fait partie du folklore ... Le voyage n'a pas encore commencé que l'on a déjà des images plein la tête.
Après l'avion, le bus et les joies du passage de frontière, nous nous lançons enfin à l’assaut de ce somptueux volcan culminant à presque 3500 mètres d'altitude.
Une bonne partie de la nuit est consacrée à la contemplation de cette éraflure laissant apparaître la chaire à vif de notre belle planète. Le plus grand lac de lave au monde. Il n'y a pas de mot pour décrire les sensations vécues là haut. Qu'importe les nuits sans sommeil, la difficulté du voyage, les dangers, la longueur de la marche, seule la sensation d'être exactement là où l'on doit être prévaut.
Il est difficile de décrire ce qu'il se passe dans un lac de lave, mais on peut consacrer des heures à la contemplations. Des éruptions se forment, des bulles explosent, des craquelures apparaissent, des îlots dérivent, s'entrechoquent. Je savais à quoi m'attendre, ayant déjà vu l'Erta Ale, et de plus près qu'ici en plus. Mais, l'émotion est toujours bien présente.