Le Sulawesi est un archipel indonésien assez éloigné de Java. Il faut commencer l'aventure par deux jours d'avion sur diverses compagnies au confort et à la sécurité très variés pour arriver à Manado...
A peine avons nous posé le pied à l'aéroport que nous nous rendons dans un fast-food à la rencontre de jeunes du coin. Nous leur expliquons que nous cherchons un volcan en éruption dans le secteur en ce moment, si possible le plus en colère, celui où l'on peut voir rouge ! Ni une ni deux, les voilà qui contactent pour nous le centre de vulcanologie du secteur. Quelques minutes plus tard, nous ouvrons la carte et les voyons tracer une croix au milieu de l'océan au nord de l'île sur laquelle nous venons d’atterrir. Un caillou perdu à quatre heures de bateau. Nous remercions pour l'aide apportée et nous voilà partis pour le port.
Une fois au port, il faut attendre un peu pour embarquer dans le seul bateau qui part chaque jour sur l'île de Siau. L'attente est longue, nous sommes épuisés et devons malgré tout faire le show. Il est rare de voir des personnes à la peau si claire dans les environs semble t-il. Les gens viennent nous saluer, certains jeunes enfants se mettent à pleurer car c'est la première fois qu'ils voient des être si pâles, des femmes enceintes viennent me toucher le nez, cela pour souhaiter que leur enfant ait un nez pointu et devienne donc riche puisque c'est bien connu, les gens riches sont ceux qui ont le nez pointu...
Puis on commence à charger les poules, les sacs de riz, les fruits, les motos dans le bateau qui s'avèrera plutôt confortable. Je réalise que les personnes autour de moi vivent à plus de vingt-quatre heures de trajet de la capitale de leur pays et qu'une fois sur l'île, l'hôpital le plus proche sera sans doute celui de Singapour. J'ai une impression de bout du monde. Sans doute la première que j'ai jamais ressenti malgré mes quelques périples antérieurs.
Nous débarquons quatre heures plus tard sur l'île de Siau. Apparemment, il nous faut contacter un certain Dominique, le seul de l'île avec qui nous n'aurons pas trop de mal pour dialoguer. En effet, nous avons passé le début du séjour à dessiner des choses diverses et variées sur un petit carnet ; c'est avec le mime, un des moyens de communication les plus efficaces ...
Une fois Dominique trouvé, nos plans pour les prochains jours prennent un peu forme. Nous avons même une chambre ou dormir ... chez l'habitant, une vieille dame bien sympathique mais peu causante. J'ai lu à quelques part, que l'anthropophagie n'avait réellement cessé dans cette région peuplée par les bugis que dans les années 1970 ! Cette vieille dame aurait donc peut être encore un peu chair humaine coincée entre les dents ?!
Après deux jours de transport, nous ne dormirons encore pas cette nuit ... non pas que j'ai peur d'être mangée par la grand mère durant mon sommeil, mais parce que l'occasion de voir le tarsier se présente et qu'il est difficile de refuser !
Après deux heures de marche dans la jungle, nous voilà face à face avec ce petit animal nocturne :
De retour à notre chambre, il est trois heures du matin, je m'endors sans lutter, grand-mère cannibale ou pas ...
Le lendemain, après un petit déjeuner indonésien fait de riz et de fruits rigolos, les choses sérieuses commencent. Nous étudions nos possibilités d’ascension du Karengateng. Il est du genre explosif et on ne sait pas encore très bien de quel côté les scories peuvent retomber ... Décision est prise de se rendre le soir au centre d'observation basé sur le flan du volcan et de voir avec les scientifiques sur place pour la suite.
Nous passons une nouvelle nuit blanche, cette fois pour observer cette merveille du bout du monde qu'est le Karengatang en éruption. Nous ne pourrons malheureusement pas beaucoup nous éloigner du centre d'observation, le volcan passe la nuit à projeter des blocs de pierres en tous sens, cependant la coulée de lave est contenue sur un seul flanc du volcan ... on se dit que çà pourrait se jouer de jour en ayant une pleine visibilité sur les projections ...
A part çà, sachez que les vulcanologues indonésiens aiment beaucoup le Toblerone et les Mentos et que mes stocks de survie y sont passés en une seule soirée ... Du coup, les trois prochaines semaines ce sera riz, oeufs, fruits et puis riz, oeufs, fruits ...