Une fois notre petit arrêt wombat terminé, nous reprenons la route. Notre prochaine étape est le Lake Saint Clair, qui est en fait situé à la partie sud du parc national de Cradle Mountain. C'est à 5 jours de marche en passant tout droit. Sinon il faut le contourner par l'est ou l'ouest.
On choisit l'ouest, et on emprunte une route vraiment splendide, qui traverse des paysages magnifiques, invitant à la randonnée et au camping. Les très belles montagnes et les lacs d'altitude ne s'arrêtent pas au parc de Cradle Mountain mais s'étendent bien plus loin en réalité.
On prend ensuite la décision pas très heureuse de faire un crochet par Strahan, petit village côtier décrit comme un des plus beaux du monde (bon par un journaliste américain, on aurait dû se méfier)... La déception est de taille. Ça n'est pas désagréable, mais il n'y a absolument aucun charme dans ce village. Quelques jolies maisons ( mais plutôt moins qu'ailleurs), pas de vue, pas de commerces,... Bref on ne comprend pas très bien l'engouement pour l'endroit.
On profite quand même de ce détour pour une rapide marche jusqu'à une petite cascade, à travers une jolie forêt, puis un crochet pour aller voir la mer.
L'eau de la rivière est rouge en raison, paraît-il, des "buttongrass", ces buissons qui occupent beaucoup des clairières et plaines ici, et qui colorent les cours d'eau.
La côte est charmante mais les courants (et la température glaciale de l'eau) empêchent toute baignade.
Une fois Strahan visité (même la balançoire du playground était moche !), nous nous hâtons de reprendre la route.
On arrive en début d'après-midi à Queenstown, qui nous emballera nettement plus. C'est une petite ville minière ( mines de cuivres encore en activité, quoi qu'en perte de vitesse), et qui est en train de se tourner vers le tourisme, avec plein de petites initiatives sympas comme un cinéma d'art et d'essai ou un chemin de fer à vapeur remis en activité. Et puis le cadre est ... magique!
Vraiment un gros coup de cœur pour nous !
Nous retrouvons des paysages absolument magnifiques, la ville est entourée de montagnes, une ambiance bon enfant règne dans le petit centre ville et des randonnées et points de vue sont accessibles rapidement.
Nous profitons également de l'après midi pour marcher jusqu'à une.... cascade. Mais la balade est assez différente puisqu'elle chemine le long de la montagne sur une passerelle en bois.
Bref, Queenstown nous a beaucoup plu, l'endroit regorge de petites randonnées et n'est pas situé bien loin du lake Saint Clair qui constitue notre prochaine étape. C'est avec regret que nous quittons cette ville dans laquelle nous nous sentons très bien.. Sur le chemin nous profitons encore un peu des paysages en s'arrêtant pour une petite balade dans la forêt aboutissant à un point de vue a 360 degrés sur la région.
Et nous arrivons enfin au lake Saint Clair. Il s'agit donc de l'extrémité sud du parc national de Cradle Mountain. L'endroit est bien plus petit que Cradle Mountain, mais offre aussi moins de possibilités de randonnées.
Nous commençons par une courte marche afin d'explorer la zone avant de trouver un camping.
Le parc offre majoritairement des randonnées assez longues, et il est un peu tard pour s'y engager aujourd'hui. Nous décidons donc de dormir dans le camping du parc national et de préparer la randonnée de demain.
Profitant de la grande proximité du camping avec le lac, une fois Alix couchée, Eléonore bouquine et Maxime se lance dans une escapade autour du lac afin de repérer quelques animaux.
Après un dodo bien mérité, nous voilà partis pour une randonnée un peu plus longue dans le parc. Nous nous dirigeons vers le lac "shadow".
Encore une petite déception... La randonnée n'est pas moche en soi mais avec les paysages traversés en voiture les jours précédents, nous restons un peu sur notre faim. La forêt est banale et le paysage un peu fermé. En fait nous sommes vraiment en bord de chaîne, et les montagnes alentour ne s'atteignent qu'en 5 ou 6 h de marche, franchement pas le programme du jour.
Nous décidons donc de quitter ce parc naturel afin de passer au suivant : Mount Field NP.
Cela fait pas mal de nuits qu'on dort en free camp ou en camping sans électricité, nous décidons donc de louer une petite maison pour ce soir, histoire de dormir au chaud et de recharger les batteries. Sur la route, on fait découvrir à Alix le concept de ferme à framboises ! Elle adore.
Le Mt Field est encore un parc national assez sauvage, offrant des randonnées dans des paysages alpins et même des possibilités de skier en hiver. Ça grimpe pas mal et les chemins de randonnées vont de la simple balade à de vrais trails de plusieurs jours. Nous profitons d'une journée assez ensoleillée pour faire une balade en bas de la montagne et une en haut après une piste de 30 minutes assez étroite.
Et on commence la session photo par des cascades bien entendu. La Russel Fall est la plus connue du coin.
Malgré le monde sur le chemin, on se sent vraiment en pleine nature.
La suite est passionnante. Au fur et à mesure que l'on grimpe dans la forêt, la végétation change, et les fougères et myrtle font petit à petit place à des eucalyptus géants ! Vieux de centaines d'années, ils sont aujourd'hui encore quelques uns à tenir debout et à surplomber les autres arbres qui apparaissent ridicules à côté.
Ce type d'eucalyptus est le plus grand arbre à fleurs du monde (alors que les séquoia sont des conifères). Il faut savoir que les Australiens adorent les choses "huges" et ne sont donc pas contents DU TOUT que leurs champions se fassent damner le pion par les cousins ricains. Certains australiens prétendent même que si on leur laissent quelques siècles supplémentaires, leurs eucalyptus dépasseront les séquoias... Mais ils sont aussi un peu mauvais joueurs :P
Encore des explications sur les incendies et leur participation à l'écosystème lors de cette balade. Il existe des incendies plus ou moins dévastateurs, et les incendies "légers" sont très importants dans les forêts d'eucalyptus.
C'est vrai qu'ici c'est saisissant : il y a eu 2 incendies importants, l'un en 1916 et le second en 1976. Et effectivement, on différencie clairement 3 générations d'arbres : les vénérables, qui ont connu Abel Tasman, les intermédiaires de l'entre 2 feux, et les tous jeunots qui atteignent à peine les 10 cm de diamètre.
Certains sont déracinés et servent aux autres plantes
Alix mesurant un tronc à l'aide de ses petits pas
Une fois revenus à la voiture, nous mangeons et prenons donc la piste nous conduisant vers les sommets du parc naturel. Au fur et à mesure de l'ascension, la végétation change encore, s'éclaircit. Les arbres sont plus petits, il y a des plaines, des pierriers...
Au sommet, le lake Dobson dont nous entreprenons de faire le tour. Et malgré la courte durée de la randonnée, elle vaut largement le détour. La flore y est très différente de part l'altitude, c'est calme, paisible et plein d'espace.
La météo est par contre très instable ici puisque nous aurons droit à deux averses en moins d'une heure.
L'endroit nous séduit beaucoup, et on réfléchit à rester plus longtemps ici, mais les prévisions météo sont un peu catastrophiques pour demain, et randonner en montagne sous la pluie ne nous dit trop rien.
On redescend donc et après mûre réflexion, on fait l'impasse sur le dernier parc national du sud de l'île que nous avions prévu de visiter (Hartz NP, pour les même raisons de pluie et d'altitude) et modifions notre programme pour filer vers l'est de la Tasmanie.
C'est avec un gros pincement de cœur que l'on dit au revoir aux très beaux parcs naturels, montagnes et forêts du nord et de l'ouest tasman.
Explorer cette zone de la Tasmanie nous aura quand même pris près de deux semaines et nous avons quand même l'impression d'être allés bien trop vite ! Cette île est vraiment un paradis pour les randonneurs.