Le carnet de voyage à Saint-Malo d’Aleks Kinsky & d'Alice Instream, deux vagabondes parisiennes amatrices de photographies et de belles histoires.
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J1
soirée

Vous avez vos passeports ?

Dans le train qui nous conduit au cœur de la cité Corsaire, la question fuse aussitôt que nous avons avoué à nos compagnons de voyage que nous habitons Paris.

Il faut dire que nous sommes tombées sur deux bretons qui font la navette toutes les semaines pour travailler sur la capitale et que l’idée de recroiser des parisiens stressés pendant leur week-end ne les enchante guère. Heureusement, leur bonhomie naturelle reprend vite le dessus et ils ne se font guère prier pour nous conseiller leurs bonnes adresses du coin. Sur un bout de papier, nous voilà désormais en possession d’une merveilleuse carte au trésor, mélange de souvenirs des premiers concerts d’Etienne Daho dans les murs et de tuyaux du moment.

De quoi agrémenter notre séjour à Saint Malo, même si nous n’y restons que deux jours et avons déjà un rendez-vous à ne pas manquer ; l’une des photos d’Aleks a en effet été sélectionnée dans le cadre d’un concours organisé par la ville et le Grand Aquarium. Elle sera exposée durant la semaine “Vues sur mer” qui débute ce samedi à la Grande Passerelle, l’impressionnant vaisseau de culture eco-responsable inauguré il n’y a pas deux ans.

Face à la gare, impossible de ne pas remarquer son imposante silhouette. Et malgré l’heure tardive de notre arrivée, on y distingue encore du mouvement ; un apéro de start-upper s’y tient ce dernier vendredi de septembre. Nous sommes bien tentées d’aller à la rencontre de ces talents de la french tech bretonne mais pour l’heure il s’agit plutôt de rejoindre notre hôtel face à la grande plage du Sillon et de ne surtout pas passer à côté de notre premier coucher de soleil malouin !

Depuis la plage du Sillon, vue sur les remparts qui ceinturent la ville depuis le XII ème siècle.
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J2

Le soleil frappe fort ce matin en résistance au début de l’automne, et la marée encore basse nous décide à commencer la journée par une longue balade le long de la plage, sous les hautes lumières.

Elle nous conduit face au Fort National, construit par Vauban en 1689 et dont on peut aujourd’hui faire la visite guidée. 

Nous continuons notre promenade sous les remparts ponctuée d’un peu d’escalade et nous voilà peu après face au Grand Bé, l’îlot choisi comme tombeau par Chateaubriand pour y retrouver le bruit de ses premiers sommeils, éternellement tourné vers le large et la tempête.

La chaussée qui nous amène sur l’île est déjà bien entourée par la mer mais nous décidons malgré tout de prendre quelques courts instants pour explorer le Grand Bé et rendre hommage au père du romantisme français.

Le Grand Bé vu depuis la plage de l’Eventail - Une chaussée cimentée surélevée a remplacé la passerelle en b...

Quel dommage que le sonneur des Bés ne soit pas de service ce matin pour nous avertir de la remontée des eaux ! Prises dans notre contemplation, nous retraversons le passage in extremis et remercions le soleil de nous permettre de sécher nos jeans trempés sur les rochers; il s’en est fallu de peu pour que nous fassions partie des dizaines de promeneurs inconscients, secourus chaque année par les marins pompiers pour avoir négligé la vitesse de la marée et la puissance du courant.

Pour nous remettre de nos émotions nous décidons de rentrer dans les murs par la porte au nom inspiré de Bon Secours, et continuons de lézarder sur la terrasse de la charmante auberge des Chiens du Guet où nous déjeunons très bien sur le pouce.

Des kayakistes de mer défilent devant nous pour rejoindre le club nautique en contrebas et nous donnent bien envie de tenter la balade au coucher de soleil, avec dégustation de produits locaux. Nous gardons l’idée dans un coin de tête et grimpons sur les remparts pour continuer notre exploration de la cité Corsaire.

Vue sur les ilots du Grand et du Petit Bé depuis les remparts

Construits dès le XII siècles et remplacés aux trois quart par l’architecte de Vauban au XVII ème, épargnés par les bombardements de la seconde guerre, ils nous permettent de prendre une belle hauteur sur les choses. Nous y croisons les mémoires des explorateurs Jacques Cartier, découvreur du Canada, ainsi que celles de l’insaisissable Robert Surcouf, le corsaire et armateur légendaire qui fit frémir les anglais pendant les guerres qui suivirent la Révolution.

Nous redescendons d’ailleurs des remparts au niveau de la Demeure d’Asfeld, construite au début du XVIIIème par un illustre prédécesseur de Surcouf, François-Auguste Magon de la Lande, l’un des plus puissants armateurs et corsaires sous Louis XIV. Classé monument historique, l’hôtel particulier est désormais destiné à recevoir le public le temps d’un évènement ou d’une visite guidée.

Nous n’avons malheureusement plus guère le temps de nous prélasser dans le faste des années corsaires ; nous nous apercevons que nos rêveries romantiques nous ont encore fait prendre du retard et qu’il nous reste moins d’une heure pour rejoindre la Grande Passerelle !

Nous filons à vive allure à travers les étals de la grande braderie Saint-Michel qui occupe chaque année le dernier week-end de septembre et arrivons juste pour profiter de l’exposition de photographies. Aleks y retrouve parmi d’autres visions inspirées de la vie animale au rythme des marées, le fameux héron qu’elle avait capturé cet été dans les sables de Dinard.

Les envies de photos reprennent de plus belles lorsque nous cheminons de retour vers l’hôtel pour nous reposer quelques instants et redécouvrons la plage à marée basse toujours baignée de lumière.

Vue sur la chaussée du Sillon - Les brises lames évitent à la ville de trop subir les attaques des vagues lors des grandes marées.

Le soleil disparaît doucement et nous ne faisons pas les vaillantes après cette journée passée à arpenter le glorieux passé de la ville.

Un dîner rapide dans l’une des brasseries du Sillon et nous voilà dans les murs pour un dernier verre, perchées sur les balançoires du comptoir de la Java, le célèbre “café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port” vivement conseillée par nos amis malouins.

Et l'on comprend pourquoi ! Tombé dans les mains d’un génial brocanteur, collectionneur de poupées au sens de l’humour tranché, le plus vieux bistrot de la ville est une attraction aussi folle qu’elle invite à ne pas se prendre trop au sérieux.

Nous profitons du cadre hystérique pour goûter à l’Eddu, un whisky distillé près de Quimper et regagnons Morphée ravie de cette journée.

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J3

Le vrai luxe, c’est de prendre le temps. Alors aujourd’hui, pas question de courir. Il s’agit de profiter au maximum des embruns avant de quitter la cité corsaire en fin d’après-midi.

Un peu de shopping dans les murs pour chiner quelques décorations marines et nous revoilà rapidement sur notre belle plage du Sillon.

Cette fois-ci nous nous mettons en direction du Grand Hôtel des Thermes, l’établissement bel-époque qui accueille les amateurs de bains de mer depuis la fin du XIXème siècle.

Sur le chemin, nous croisons des amateurs de longe-côte, nouvelle discipline de randonnée aquatique venue du Nord de la France qu...

Et ils ne sont pas les seuls à profiter de la plage ce dimanche presque estival ; les transats sont de sortie sur le sable et se partagent l’espace avec les cerf-volants et autres ballons de volley. Toutes les générations sont rassemblées sur la plage du Sillon pour profiter chacune à leur manière de l’été indien.

Un plus loin, des planches à voiles et des kite-surf se disputent le grand Eole qui souffle énergiquement sur les flots.

Dommage que nous n’ayons pas pris nos maillots ! Qu’à cela ne tienne, nous nous satisferons d’observer les acteurs nautiques dans le calme et le luxe du Grand Hôtel.

Avec trois restaurants et un bar, les Thermes Marins autorisent en effet à figer le temps en bord de mer pour un café en terrasse ou un repas gastronomique.

C’est l’option que nous choisissons pour ce dimanche un peu spécial, car après l’heure de gloire d’Aleks Kinsky la veille, c’est au tour d’Alice Instream d’être mise à l’honneur à l’occasion de sa journée d’anniversaire.

Il ne nous faut pas plus grand prétexte pour pénétrer à l’intérieur de l’hôtel 5 étoiles et nous attabler au restaurant du Cap Horn pour un déjeuner voluptueux.

L’après-midi est déjà bien avancé lorsque nous sortons enfin de table. Dehors, les amateurs de sports nautiques commencent à ranger leur matériel. Il est aussi temps pour nous de rentrer à Paris.

Nous assistons au ballet entre ciel et mer d'un jeune prodige du Kite Surf avant de nous remettre en route pour la capitale. 

De notre merveilleuse carte au trésor malouin, il nous reste encore de nombreuses choses à découvrir. Peut-être même, avec un peu plus de temps lors de notre prochaine visite, pourrons-nous nous aventurer jusqu’à l’île de Jersey, en prenant le ferry depuis le port de Saint-Malo.

Une chose est sûre, la cité corsaire nous réserve encore bien des surprises...

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La sélection testée et approuvée par Aleks Kinky & Alice Instream

Hébergement :

Hotel Mercure Front de Mer : Une position idéale sur la Chaussée du Sillon, face à la plage, à une dizaine de minutes des remparts. A partir de 75 euros / nuit.

Restauration :

Casa Nostra  : 56 Chaussée du Sillon, à deux pas de l’hôtel, cuisine italienne authentique, très bons vins. Compter une petite trentaine d’euros.

Les Chiens du Guet :4, Place du Guet, à l’entrée des remparts au bord de la plage de Bon Secours. Terrasse et personnel très agréable. Cuisine simple et abordable. Compter une vingtaine d’euros.

Le Cap Horn  :100 bd Hébert, face à la mer, restaurant gastronomique avec chef de cuisine et chef pâtissier. Parfait pour passer un moment hors du temps. Menus à partir de 38 euros.

Musées :

Fort National : Visites guidées de 35 minutes. Accessible lorsque le drapeau français est hissé. 5 euros par personne.

Grand Aquarium de Saint-Malo : Avenue du Général Patton. 8 salles thématisées des mers froides aux mers chaudes dont un bassin à 360° et un simulateur de descente dans les abysses. Nombreuses animations.

Demeure de Corsaires : hôtel particulier du 18°siècle classé, accessible pour une visite commentée de plus d’une heure vous fera remonter le temps à l’heure des corsaires. 5,5 euros par personne.

Boutiques :

Gauthier Marines : Très belle boutique de décorations marines sur 3 niveaux au cœur des murs. 2 rue Porcon de la barbinais.

Pour retrouver plus d’informations : consultez www.saint-malo-tourisme.com, le site de l’office de tourisme de Saint-Malo

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