Carnet de voyage

Oùkonva - Malaisie/Singapour/Indonésie

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Suivez Eloa & Alexis, en voyage en mode sacs à dos à travers la Malaisie, Singapour et l'Indonésie !
Du 18 juin au 9 juillet 2023
22 jours
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Publié le 20 juin 2023

Bon, c'est oùkonva ?


C'est comme ça que l'idée de partir en Malaisie, à Singapour puis en Indonésie a vu le jour. Nous n'étions pas parti à l'étranger depuis 2 ans, alors nous avions envie de faire quelque chose de différent.


Bien chargés de deux sacs à dos chacun (sac à ventre + sac à dos, d'ailleurs), nous voilà envolés depuis Lyon pour Istanbul, puis d'Istanbul jusque Kuala Lumpur, pour 14 heures de vol au total avec Turkish Airlines.


Les vols se passent parfaitement, on se fait même un pote malaisien dans l'avion : il nous explique un peu l'histoire de la Malaisie, en insistant sur la corruption et le racisme présents dans le pays. Il nous peint le tableau : les Malais, majoritaires, exercent une pression sur les ethnies chinoises et indiennes qui cohabitent avec eux. Ils seraient plus taxés, auraient plus de difficultés à s'insérer professionnellement... Sa gentillesse contraste avec le tableau gris foncé de la Malaisie qu'il propose. Il prend partie : il est lui-même d'origine chinoise. Mais selon lui, tout va aller pour le mieux- rien de surprenant ; le premier ministre récemment élu est allié au régime Chinois.


Témoin de sa gentillesse : il propose de nous héberger chez lui à Penang. Nous n'avons prévu de passer que 5 jours en Malaisie avant de rejoindre Singapour, le timing risque d'être tendu. Nous promettons d'y réfléchir.


Grâce à lui, nous apprenons qu'il existe une sorte d'Uber (même interface, services...) local : Grab ! C'est peu coûteux et c'est pratique, alors on décide de l'écouter et de prendre notre premier Grab depuis l'aéroport jusqu'à notre point de chute situé au centre de la capitale.

Le trajet dure une bonne heure, nous coûte une dizaine d'euros et nous a permis de voir l'enfer du trafic automobile dans le centre-ville. La seule règle (officieuse) est la suivante : les scooters sont prioritaires. Ils dépassent à gauche, à droite, ne respectent pas les passages piétons... Normal !

Au moins, nous avons évité les taxis qui, comme partout, sont souvent la source de problèmes en tout genre.


Arrivés à l'hôtel, on dépose les sacs, on prend une bonne douche puis l'on décide d'aller marcher dans la ville pour s'imprégner de l'atmosphère locale. En parlant de s'imprégner, il faut dire que nos vêtements le sont rapidement. Il fait 33°C - ressentis 40°C - avec 80% d'humidité ! À presque 20h et sans soleil, c'est l'enfer sur Terre. Eloa, qui est déjà venue, me dit que je vais m'habituer : j'ai bon espoir mais je ne suis pas patient, marcher en devant s'essuyer le visage toutes les minutes est insupportable.


On s'arrête vers Jalan Alor, une rue réputée pour ses divers stands de street-food, où l'on déguste des spécialités à la vapeur, des fruits frais et une sorte de crêpe locale.


Jalan alor

Un détour vers la tour de télévision où nous pensions pouvoir prendre un ascenseur pour surplomber la ville mais c'est une zone privée et l'on ne peut y accéder.

On s'étonne de ne voir qu'une écrasante majorité d'hommes dehors en soirée. Je sens que je suis dévisagé à cause de ma couleur de peau (ou de ma coiffure) mais pour Eloa, c'est pire. Je comprends assez vite que voyager librement, quand on est une femme, n'est pas vraiment acquis ici.

Avec la fatigue, je suis moins vigilant aux irrégularités des trottoirs, et je ne manque pas de me faire une petite entorse à la cheville... À peine arrivé, ça commence bien ! Avec la douleur et la chaleur éreintante, nous rejoignons en tramway l'hôtel pour une première nuit à l'autre bout du monde.

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Publié le 20 juin 2023

Quelle nuit de pur jet-lag. Pourtant, je n'ai presque pas dormi dans l'avion et Eloa à peine, mais nous voilà tantôt réveillés, tantôt avec cet horrible sentiment que d'être épuisés sans arriver à dormir.

Le réveil sonne, un petit déjeuner englouti à l'hôtel puis nous partons vers les Batu Caves, des grottes naturelles qui ont été aménagées en temples hindouistes dans le XXè siècle.

Avant de partir, nous avons découvert l'existence des e-sims, ce qui nous permet d'avoir des données mobiles locales. Nous savons que même si nous aimons les défis, la vie peut être assez vite remplie de challenges sans internet.

Le grab qui nous y amène dure une vingtaine de minutes, mais la climatisation est telle que le changement de température en sortant de la voiture est encore plus étouffant.

À côté de la grotte trône une statue gigantesque d'une divinité hindouiste, on apprend qu'elle a en réalité été construite en 2006 ; son faux côté historique donne un air commercial au temple que je n'apprécie pas trop, mais c'est tout de même impressionnant.


Batu Caves

Ça regorge de touristes mais c'est vivable. Ce qui l'est moins, c'est toujours la chaleur en sachant qu'il faut gravir les 272 marches récemment colorées (en l'honneur des LGBT, évidemment) pour accéder au temple principal.

Avant de commencer notre ascension, je remarque qu'on interpelle les femmes qui sont habillées en short ou en jupe. Elles doivent s'enrouler dans un long vêtement épais pour couvrir leurs jambes. Je suis en short, je crains de ne subir le même sort mais j'ai eu la chance d'avoir un pénis, ce qui m'en dispense. Eloa avait tout prévu en mettant un pantalon.

C'est un véritable gang de singes qui nous observe monter les marches, à l'affût de la moindre nourritures. Ils ont l'air bien sympa, mais les locaux demandent de s'en méfier.

Je ne manque pas de d'éclater de rire quand une fois arrivés en haut des marches, on demande toujours aux femmes de bien se couvrir les jambes alors qu'un homme en slip préside le culte. Quelle ironie.


Un représentant du gang des macaques

Le gang des macaques n'est pas le seul à sévir : il y a aussi le gang des voleurs. Plus traditionnel, je dois avouer que leur technique utilisant la religion pour aboutir à leur fin est efficace : ils demandent aux touristes d'enlever leurs chaussures avant de pénétrer dans le temple, puis, une fois enlevées et les propriétaires bien loin dans le sanctuaire, un homme -de foi, bien entendu- vient récupérer les chaussures puis les refourguer au boui-boui du coin.


Comment m'en être aperçu ? Nous allions nous-mêmes nous faire avoir puis j'ai décidé de laisser Eloa prendre de l'avance pour jeter un oeil sur nos chaussures. Après quelques minutes, notre joyeux luron faisait son apparition, intéressé par nos paires à la virgule bien connue.


Il a fait mine de me dire qu'il cherchait les siennes (avec 3 autres paires déjà dans les mains, il veut peut-être être sûr de ne pas en oublier)... puis repart très vite dans son repaire.


La visite dure deux heures puis nous nous dirigeons en Grab vers le KLCP : le Kuala Lumpur Central Park. Une petite balade dans le plus grand parc de Kuala Lumpur qui fut fort agréable : l'air y est un peu plus frais, il y a de jolies cascades et surtout : il n'y a personne ! C'est vide et on trouve ça fou. On croise une faune sympa : un bébé varan, des paons bleus... et une flore dense et harmonieuse.

KLCP

On mange vers 15h dans un petit truc de rue un peu de riz et de la soupe, puis on passe dans un centre commercial sur les conseils de notre ami Malaisien rencontré la veille. Selon lui, on vient à KL pour 3 raisons : Business, Shopping, Food.


Nous sommes ébahis devant la hauteur des bâtiments. Ici, on a décidé de ne pas construire en long, mais en hauteur. L'université, à côté d'un centre commercial, fait 52 étages. Médecine, droit, écoles d'ingénieurs, tout y est.

Le centre commercial fait lui-même une bonne dizaine d'étages de haut, mais deux choses frappe : les immenses espaces vides en son sein, et les étendues désertes de rayons, avec des staffs hagards sur leur téléphone. Et ce, en pleine fin d'après-midi de semaine.


C'est vide ! Pourquoi ?!

Et on peut pourtant voir d'autres centres commerciaux en construction... On se dit qu'ils feraient mieux de rénover les existants, passoires énergétiques climatisées à 18°C qui feraient attraper une angine en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.


Le soir, nous partons vers un restaurant en terrasse d'un 25è étage avant de se faire surprendre une fois arrivés par un orage et des pluies diluviennes. La terrasse offre une belle vue sur les tours du coin (en particulier Petronas, on y viendra plus tard) et la ville, et le repas est excellent. On y mange pour environ 12 euros, ce qui est aberrant si l'on transfère cela à notre pays où manger en terrasse avec vue la tour Eiffel doit être hors de prix.

Vue depuis la terrasse

On marche une petite demi-heure en serpentant dans les ruelles de la ville avant de tomber sur les tours jumelles les plus hautes du monde. C'est vrai qu'elles sont imposantes et très bien éclairées : elles servent de phare dans la nuit aux habitants de la capitale.

On ne peut pas les gravir en ascenseur, il aurait fallu réserver plusieurs jours à l'avance... Il ne nous reste plus qu'à rentrer se reposer : demain, nous partons en bus pour Malacca (Melaka). La province a beau être touristique, on nous a déconseillé le bateau, les pirates sévissent sur le détroit et la police est corrompue à leur égard. Je vous laisse sur une photo des tours dans la nuit, et à demain !

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Publié le 21 juin 2023

Aujourd'hui, réveil en douceur : les derniers restes du jetlag se font sentir.

En levant les rideaux, on peut voir que la ville de KL est bien emmitouflée dans son manteau de chaleur (et de pollution).

KL depuis l'hôtel, la pollution nous empêche d'y voir bien loin

Le petit déjeuner à base de Kaya (de la crème de lait de coco au sucre) est englouti en quelques minutes, puis nous prenons un grab en direction d'une des gares routières de la ville.

Le trajet n'est pas très agréable : je n'ai pas respecté la règle de ne pas boire de l'eau locale (le jus de goyave, coupé à l'eau, donnait trop envie) et mon ventre a décidé que c'en était déjà trop.

J'ai des haut-le-coeur en observant les ''Medikal Klinik" dans les rues un peu sales, où la pancarte tient entre un magasin de souvenirs et un vendeur de légumes : surtout, ne pas tomber malade !!

Depuis la gare routière, nous prenons un bus vers Malacca. Les sièges sont hyper confortables et les deux heures d'autoroute se passent sans accroche. Le coût est dérisoire comparé à la France : 13 Ringgits par personne, soit un peu plus de 5€ au total.


En route direction Malacca !

Nous rejoignons l'hôtel Rosa pour y poser nos affaires, puis nous ressortons pour visiter les alentours.

Malacca est une ville au passé colonial chargé, passée des Portugais aux Néerlandais avant d'être vendue aux Britanniques. La ville a également été japonaise pendant la deuxième guerre mondiale. L'architecture porte donc encore des vestiges européens jusqu'en son centre historique : le Red Square (précédemment Dutch Square, d'ailleurs).

La raison de cet engouement colonial est le noeud commercial que la ville abrite. Traversée par la Malacca River qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres derrière elle, le repère fluvial florissant a donné naissance à une sorte de cousine vénitienne. Le street art coloré le long du fleuve est vraiment remarquable et se reflète dans l'eau.


Red Square puis un pont au-delà de la Malacca River

On découvre aussi la diversité culturelle de Malacca. Notre hôtel étant situé dans Chinatown, nous sommes assez proches des temples chinois qui sont richement décorés. À pied, nous avons l'impression qu'aucun étranger ne s'aventure en dehors des grandes zones d'affluence. Peut-être que tout le monde se déplace en Grab !


Cheng Hoon Teng Temple

Nous allons voir le détroit de Malacca où les locaux pêchent et où les cargos passent au loin. Nous en profitons pour nous reposer nos jambes sur une pierre plate : cela fait deux jours que l'on égrène les kilomètres dans une chaleur étouffante. J'ai d'ailleurs accepté le fait que mon t-shirt fusionne avec mon corps au bout de 5 minutes à l'air libre.

Nous faisons un premier constat un peu triste : le rivage est pollué par d'innombrables bouteilles en plastique, cartons... Eloa, très sensible à cette cause, s'agite : ''En même temps, l'écologie c'est pas leur priorité ici...''.


Rivage du détroit de Malacca

Le soleil nous jette ses derniers reflets rosés avant de nous quitter, et nous rentrons à pied en empruntant un itinéraire Maps par défaut, qui nous fait passer dans des quartiers défavorisés de la ville. Les toits en tôle, les vitres cassées et les façades délabrées me rappellent un peu que nous sommes nés dans une vie en ''easy mode''. Ça secoue un peu.

Streets of Malacca

À demain !

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Le réveil sonne : Eloa n'a pas passé une bonne nuit. Dans notre chambre d'hôtel pourtant bien confortable, la climatisation doit tourner sans arrêt car l'air de la pièce devient lourd en quelques minutes. Le vrombissement continu et l'air frais expulsé arrivant directement sur le lit est un peu gênant pour dormir.

C'est donc après ce réveil compliqué que nous prenons la route vers le centre de Malacca pour y déjeuner. Eloa prend une sorte de croque-monsieur où l'oeuf est à l'intérieur, et moi un Nasi Lemak, du riz au lait de coco avec des oeufs (jusque là tout va bien), saupoudré de cacahuètes et d'anchois séchés (la catastrophe). Le tri des anchois effectué, ce fut délicieux et nous avons terminé par des desserts au chocolat.

Nous appelons ensuite un Grab hyper sympathique qui nous dépose à quelques kilomètres de là, devant la Masjid Selat Melaka (Mosquée du Détroit de Malacca).

Elle a été construite en 2006 et possède une architecture particulière, à la fois sur la terre et sur l'eau grâce à d'imposants pilotis.

Nous l'avions déjà repérée la veille mais je n'étais pas habillé pour la visiter : bras et jambes doivent être couverts.

Eloa porte en plus un foulard pour cacher ses cheveux, mais une fois devant l'entrée, le garde nous refoule en indiquant que ce dernier n'est pas assez opaque.

Eloa reste donc - contrariée - à l'extérieur de la mosquée tandis que je rentre juste jeter un coup d'oeil : l'espace majoritaire est dédié aux pratiquants. Si l'extérieur de la Mosquée est magnifique, l'intérieur reste sobre avec une immense salle de prière en moquette bleue. Quelques fidèles s'affairent : la voix du muezzin les appelle depuis le haut du minaret.


Masjid Selat Melaka

Après la visite, nous partons direction de Klebang Beach, une plage située sur une presqu'île non loin de Malacca. Le Grab qui nous y emmène nous gratifie de merveilleux rots bruyants. On se renseigne : ce n'est pas mal vu ici. Se moucher en public, et encore moins à table, n'est par contre pas admis.

Arrivés à la plage, nous découvrons qu'il est interdit de se baigner par un arrêté local. Dommage. Nous faisons de plus face à un immense bâtiment en construction, qui deviendra plus tard un hôtel en bord de mer. Nous venions juste d'en dépasser plusieurs qui sont laissés à l'abandon depuis l'épidémie de Covid, selon notre chauffeur.

Avec les bruits de chantier et le parfum salé de la mer, nous nous écartons assez rapidement.


Face à la mer / face au chantier

Nous en profitons pour goûter un milkshake au Durian, un fruit local à l'odeur insoutenable (des panneaux dans les transports en commun l'interdisent !). Le mélange du lait frais et du fruit filandreux n'est pas top, mais ça change.

Nous décidons de contourner les tours en construction pour aller au bout de la plage ; sur internet, des gens parlent de superbes dunes de sable blanc.

Avant de continuer, il faut savoir qu'Eloa et moi avons un désaccord permanent sur la quantité d'eau à emmener avant de partir. Je suis toujours d'avis que le surplus d'eau pèse lourd, quand Eloa pense que la notion de surplus n'existe pas car ''on ne sait jamais''. Nos deux caractères étant ce qu'ils sont, je me bats pour ne prendre qu'une petite bouteille et Eloa, quatre grandes.

Revenons à nos moutons. La randonnée jusqu'aux dunes est censée durer 25 minutes à l'aller, et la même chose au retour. Nous nous trompons une fois de chemin, qui nous amène vers une zone militaire où nous sommes cordialement invités à faire demi-tour. Nous revenons sur nos pas avant de bifurquer sous un soleil de plomb sur des chemins tantôt de brousse, tantôt de sable.

Nous ne croisons pas un seul touriste, ni local. Seuls les croassements de quelques corbeaux et les bruits de nos pas sont là pour nous accompagner pendant de longues minutes, puis pendant une heure. La chaleur est dense et nous apercevons parfois une ou deux dunes de sable, mais rien qui ne s'apparente aux photos du net. J'improvise un turban avec une serviette et Eloa se sert du foulard pour se protéger du soleil.

Apprentis bédouins

Nous arrivons finalement au bout de la péninsule sans avoir vu l'ombre de plusieurs dunes accolées... C'est un échec. Obstinés, nous décidons de prendre un petit chemin alternatif qui longe la côte. Au bout d'une dizaine de minutes, nous trouvons un petit coin de paradis au bord de l'eau, mais toujours aucun signe des dunes. Là, un hamac déchiré, à l'abandon, siège toujours entre deux arbres.

Un petit coin de paradis

Limités par nos ressources en eau (que nous descendons à une vitesse folle !), j'insiste pour emprunter un dernier chemin qui semble mener à des dunes.

Au bout de quelques pas, je lève la tête et aperçois à environ vingt mètres de nous un grand chien brun, qui nous fixe d'un air interrogateur. Nous tournons immédiatement les talons, direction le chemin principal. En me retournant, je vois le chien immobile nous regarder faire demi-tour. Nous apprenons par la suite que de nombreux chiens errants sont présents dans les alentours de Malacca.

Le chemin du retour s'achève enfin : nous n'avons plus d'eau. Il est temps d'appeler un Grab qui nous dépose dans un restaurant réputé pour leur cuisine locale.

Le menu est composé de riz au jasmin, d'aubergines épicées, de poulet et de crevettes à l'ananas. Tout est cuisiné dans le lait de coco, forcément. Le dessert est de la crème de coco mélangée à de la glace pilée et à du caramel sur un lit de haricots rouges (!). C'est excellent.


Menu Malais - dessert Nyonya Cendol

Nous terminons la journée par une volonté d'Eloa : le massage ! Des dizaines de centres de sont ouverts jusque minuit dans la ville. Malacca vit la nuit !

Eloa m'a convaincu de laisser quelqu'un manipuler ma peau pendant 60 minutes (soit la durée minimum!). Par contre, hors de question de faire de la réflexologie plantaire comme Eloa, la simple idée que quelqu'un torture mes petons pendant une heure d'affilée m'est impensable.

Nous sommes séparés dans deux étages différents, chacun sa masseuse. La jeune femme prénommée Aisa, 1 mètre cinquante, m'indique de me déshabiller entièrement, de poser une serviette sur mon derrière et de m'allonger. Je ne vous cache pas mon malaise.

Finalement, le massage se passe très bien et je me demande comment une femme aussi petite peut appuyer aussi fort. À certains moments, j'ai l'impression de me faire marcher dessus par un éléphant.

Elle me parle aussi beaucoup : elle me partage son quotidien où elle travaille 14 heures par jour, ses envies de partir de Malacca pour aller travailler à Singapour, où elle gagnerait 5 fois son salaire actuel. Elle hallucine quand je lui dis qu'on a 24 ans. Pour elle, c'est bien trop jeune pour voyager ; sa propre maman lui a confisqué sa mobylette à 22 ans car elle allait trop souvent dans la capitale voir des amis.

Elle me parle de la retraite : si tu travailles au gouvernement, tu as une retraite à 55 ans. Quand tu es salarié privé, tu arrêtes de travailler quand tu estimes pouvoir vivre jusqu'à la fin, l'état n'aide pas.

Le massage se termine et je rejoins Eloa : la réflexologie lui a fait un grand bien. Coût de l'opération : environ 12 euros par personne.

Nous rejoignons l'hôtel et son toit où nous observons les lumières de la ville avant d'aller nous coucher. Je m'empresse de finir : il ne me reste déjà plus que 5 heures de sommeil. En effet, le réveil est prévu très tôt ; demain, nous allons rejoindre Singapour.


Malacca - night time
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La nuit a été courte et c'est dans un état semi-comateux que je me réveille difficilement. Eloa est déjà levée et range ses affaires, s'assure que l'on n'oublie rien dans un recoin de la chambre. Nous prenons un petit déjeuner chronométré au rez-de-chaussée de l'hôtel : c'est un repas assez cher car les malaisiens ont l'habitude de manger beaucoup de viande (poulet coco et curry, boeuf...) au petit déjeuner, et c'est servi ici à volonté.

Quelques minutes plus tard, nous voilà déjà partis en Grab vers la gare routière. Le timing est serré : nous arrivons à 8:25 et le bus part à 8:30, à peine le temps de prendre les billets que... Il n'y a déjà plus de billets disponibles sur l'automate. *Mince*

Le prochain bus est 1h30 plus tard, alors nous prenons notre mal en patience et les billets à contrecoeur.

On attend dans un hall semblable à un aéroport, la climatisation et la propreté en moins, pendant qu'une dame HURLE dans un haut-parleur les prochains départs tantôt en malais, tantôt dans ce qui semble être de l'anglais.

J'en profite pour ausculter mon pied : la nuit dernière, je suis allé visiter la salle de sport de l'hôtel avant de dormir et j'ai voulu faire du vélo elliptique le plus vite possible. Quelle idée fantastique et productive (d'autant plus pieds nus s'il-vous-plaît) ! Loi de Murphy oblige, j'ai perdu le contrôle et mon pied gauche s'est pris dans le mécanisme du pédalier, écrasant à plusieurs reprises mes orteils contre le plastique. C'est donc en boitant que je déambule ce matin, deux orteils laissant apparaître des traces violacées. J'espère que ce n'est pas cassé.

Le bus arrive sans retard et nous partons pour 4 heures de trajet vers Singapour. Nous en profitons pour rattraper un peu de sommeil dans nos sièges, confortablement installés.


Sleepy time

Nous arrivons à la frontière : autant pour la Malaisie, rentrer et sortir a été l'affaire de quelques minutes. Mais la douane singapourienne, ça ne rigole pas. Tout est gardé en mémoire : empreintes digitales, vidéos de face et de profil, date d'entrée et de sortie, motif de visite... le passage de la frontière aura pris une bonne heure. Les autorités sont surtout en quête de drogue : Singapour fait la chasse aux addictions et entend bien se faire respecter. En effet, sa simple possession est passible de la peine de mort. Au-delà d'un certain grammage, elle doit même être appliquée dans un ''délai raisonnable''. Depuis mars 2022, la cité-état a déjà pendu 12 personnes, dont des étrangers. Ça fait un peu froid dans le dos.

L'arrivée à Singapour se termine en Grab jusqu'à l'hôtel, mais c'est la dernière fois que nous utilisons l'application : les prix y sont multipliés par 6. Nous découvrons notre chambre : elle fait environ 6 mètres carrés, de quoi poser un lit, un toilette et une douche. Et pourtant, le tarif est lui-aussi 2 fois supérieur à la Malaisie.

Nous quittons donc immédiatement l'hôtel pour prendre contact avec l'atmosphère de la ville : il fait toujours chaud, mais surtout il y a tellement de personnes dans la rue ! Rien à voir avec Malacca ou KL où il pouvait nous arriver en pleine avenue de nous sentir seuls au monde. Nous croisons aussi beaucoup plus de touristes européens.

Nous nous arrêtons dans un café boire un thé glacé au litchi et déguster un sandwich : cela fait 9 heures que l'on n'a rien mangé.

Gnom gnom gnom

La ville nous fait un drôle d'effet, d'un côté, un centre commercial moderne et de l'autre, un temple traditionnel chinois. On retrouve aussi un peu plus le mode de vie à l'occidentale avec des personnes qui sortent en chemises de grands buildings, malette à la main et téléphone à l'oreille.

Nous sommes impressionnés par la propreté des rues et des transports en commun : ça sent le produit d'entretien jusque dans le fond de la bouche de métro. Le trafic automobile est super fluide sur l'ensemble de la ville et une majorité d'habitants se déplace à vélo.

Pour que l'ordre se fasse, l'état applique de lourdes sanctions : jeter quelque chose hors d'une poubelle, cracher par terre, ou encore mâcher un chewing-gum sont tous passibles de 1000$ d'amende. Dans le même rayon, il y a la même amende si tu traverses en dehors d'un passage piéton ou plus insolite, si tu ne tires pas la chasse d'eau.

Le centre commercial, face au temple historique

Nous nous dirigeons vers un grand bâtiment qui juxtapose la cour suprême dans le but d'y grimper au dernier étage et prendre des photos de la ville. Une fois arrivés, nous tombons nez à nez avec une drôle d'exposition de personnages tout droits sortis d'un cauchemar et de cours de pole-dance retransmis dans une vieille télé d'origine.

En ressortant de cet étrange bâtiment, je croise un bateau-canard qui roule avec à son bord, une dizaine de touristes. Je me dis que la chaleur commence à avoir des effets indésirables sur ma santé.


What the fuck Singapor

Nous tentons notre chance via un autre bâtiment, mais en grimpant les étages, nous finissons sur les hauteurs d'un stade où des gardes nationaux sont en pleine répétition pour le National Day Parade. Nous avons comme l'impression de ne rien avoir à faire ici, entre les chants patriotiques des enfants du pays et les cris d'un soldat placé au milieu de l'arène. Ça nous rappelle juste que Singapour est une démocratie autoritaire, ou une dictature bienveillante, cela dépend comment on se place.

Where did we land again

Au moment où le soleil vient rencontrer non pas l'horizon mais les hauts buildings qui viennent le cacher, nous atteignons la baie de Singapour. C'est depuis ce point de vue que nous apprécions les premiers éclairages de la ville et du prestigieux hôtel Marina Bay Sands, où l'on dirait qu'un bateau est venu se poser sur trois hautes tours.

N'y allons pas par quatre chemins, nous en prenons plein les yeux. Nous nous arrêtons un moment pour admirer les reflets qui s'agrandissent dans l'eau au fil du temps qui passe.


Marina Bay Sands et les buildings qui lui font face

Nous poursuivons notre chemin en direction des Gardens by the Bay. Nous en avions beaucoup entendu parler et j'en attendais personnellement peut-être un peu trop. Toutefois, il est vrai que le sentiment que donnent ces grands ''supertree'' est un peu féerique et nous ferait croire à l'existence de Pandora sur Terre. Nous assistons au spectacle tout en sons & lumière ; Eloa n'en perd pas une miette.



Gardens by the Bay

À 21 heures passées, nous nous dirigeons vers Satay Street, soit littéralement la rue des brochettes. Elle porte bien son nom : en soirée, elle se transforme en food-court avec de nombreux stands très prisés. Nous y faisons un arrêt et attendons plus d'une heure pour être servis. Mais l'attente vaut le coup, en quelques minutes, nous dévorons les délicieuses brochettes de poulet, de crevette et de boeuf.

Avec le réveil de bonne heure, nous rentrons nous coucher en repassant devant Marina Bay, et c'est sur cette dernière photo que je vous souhaite une bonne nuit car demain nous attend une nouvelle journée bien chargée : Singapour n'attend que d'être davantage visitée !

Marina Bay - Night time
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Ce matin, réveil en douceur par la lumière du jour, les petites fenêtres au-dessus du lit étant dépourvues de volets.

Nous sortons de l'hôtel et après quelques mètres, nous tombons sur une animation de ''dragon dance'' en plein Chinatown. Un homme s'affaire sur un gros tambour pendant que trois autres le suivent avec des cymbales. Le tout est extrêmement bruyant, ce n'est pas très harmonieux mais la danse est fascinante.

Dragon dance in Chinatown

Nous trouvons difficilement un endroit où manger un petit déjeuner car toutes les tables sont occupées ; Chinatown est un quartier très branché.

Après avoir dégusté un excellent brunch salé/sucré (petit message aux détracteurs du genre, vous n'avez aucun goût !), nous marchons une vingtaine de minutes pour aller louer des vélos. Objectif : traverser Singapour pour rejoindre Southern Ridges, un chemin qui relie plusieurs parcs entre eux et qui propose plusieurs points de vue sur la ville. Les vélos que l'on obtient n'ont que 3 vitesses et ce n'est pas donné, mais bon, on fera avec.

Le trajet que Maps nous conseille dure une vingtaine de minutes pour rejoindre le début du chemin. Ce temps est largement sous-estimé car il ne prend pas en compte les temps d'arrêt au niveau des passages piétons des grandes routes, ce qui est extrêmement fréquent ici.

Au bout de trois quarts d'heure et après une ultime montée abrupte, nous arrivons au début du chemin. Habituellement, après un effort, lorsque nous faisons du vélo en France, la température corporelle revient petit à petit à la normale. Ici, l'air est à la même température que celle de notre corps après l'effort. Pour couronner le tout, il n'y a pas un seul souffle de vent pour nous soulager.

Eloa s'exclame : "je crois que je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie". Je n'ai pas non plus souvenir d'aussi désagréable sensation de chaleur. Nous continuons à pied dans l'espoir que cela soit moins difficile.

Rando à vélo : le départ est facile, l'arrivée moins

Le chemin est très sympa, nous sommes à une vingtaine de mètres du sol sur une plateforme grillagée, ce qui nous place au même niveau que le sommet des arbres. La végétation luxuriante est dans son état le plus naturel, et nous avons en fond tous les bruits des oiseaux de cette jungle.

Au bout d'un petit kilomètre, nous sommes arrêtés pas un panneau : la voie est en travaux. Nous faisons donc demi-tour et reprenons les vélos vers un point de vue atteignable par la route.


Southern Ridges

C'est donc reparti pour une galère à pédaler le long de la route jusqu'à ce que l'on aperçoive notre objectif : Henderson Waves. Il s'agit d'un pont piétonnier de presque 300 mètres de long suspendu à 36 mètres au dessus du sol. Pour y accéder, nous devons laisser les vélos et gravir une cinquantaine de marches. Une fois en haut, nous apprécions la beauté du pont et la jolie vue qu'il offre sur Singapour mais nous sommes exténués par la chaleur et nous n'avons plus d'eau.

Pour remplir nos bouteilles, il faut que l'on pousse le trajet à pied d'un petit quart d'heure vers le Mont Faber, où des restaurants sont établis. Et qui dit Mont, dit évidemment montée... Mon visage ne quitte plus la même couleur que mon t-shirt : rouge écarlate.

Devant le complexe touristique, un garde nous aperçoit et nous conseille -sûrement au vu de notre état- de prendre l'ascenseur. Ouf ! La climatisation est plus que bienvenue et nous pouvons aller remplir nos gourdes vides. Depuis le haut de la station, nous pouvons voir les immeubles de la cité-état qui s'étendent à perte de vue.

Henderson Waves puis la vue depuis Mont Faber

Nous regagnons nos vélos puis nous revenons dans la ville, le trajet descendant est bien plus aisé. Nous passons même par Clarke Quay, un endroit historique regorgeant de commerces, cafés et clubs au bord de l'eau.

Nous rentrons ensuite à l'hôtel car nous avons prévu (d'essayer) de grimper au sommet de l'hôtel de luxe Marina Bay Sands et son "Skybar" Cé La Vie. Son dress code est strict ; tenue chic exigée pour avoir une chance de monter à bord. Problème : je n'ai pas d'habits chics et Eloa non plus - nous partons en voyage, que diable. J'enfile donc mon meilleur t-shirt en espérant que cela fasse l'affaire tandis qu'Eloa met des habits amples de couleur vive : c'est la mode !

Nous ambitionnons aussi d'assister à un spectacle de sons et lumières à base de jets d'eau, mais de nouvelles répétitions de la fête nationale couplée à une manifestation LGBT+ nous empêche de franchir certaines rues, et donc d'y arriver à temps.

Tant pis, ce ne sera que Marina Bay Sands ce soir.

Pour accéder à l'ascenseur, il faut d'abord passer par les réceptionnistes du Skybar pour obtenir le précieux sésame d'entrée. Mais avant cela, il faut les trouver ! Et ce n'est pas chose aisée, nous nous perdons dans le dédale des accès par les "Shops" avant de monter plusieurs étages à pied, de les descendre, de les remonter et de les redescendre. Au bout d'une heure de marche, déjà transpirants (on repassera pour le chic), nous trouvons enfin lesdites réceptionnistes.

Après avoir vendu un rein, nous avons accès à l'ascenseur qui nous permet de monter au 57ème et dernier étage de l'hôtel.

Aucun regret, une fois arrivés, la vue est splendide. On nous installe à une table réservée à d'autres gens en nous indiquant que s'ils arrivent, nous serions invités à nous retirer. Aucun problème : nous sentons bien que nous ne faisons pas partie du même monde que les personnes présentes ici.

Après quelques minutes à apprécier le point de vue qui s'offre à nous, un feu d'artifice éclate. Et oui, c'est la répétition générale de la fête nationale, alors on fait tout jusqu'au bout !

On s'installe devant, et on en prend plein les yeux.

Singapour depuis Marina Bay Sands et sa gargantuesque piscine à débordement

Après une heure au sommet, il est temps de redescendre sur terre.

Une fois n'est pas coutume, nous nous reperdons dans le labyrinthe du très guindé centre commercial où tout est pensé pour nous garder à l'intérieur. Sur les coups de 22 heures, nous sortons avec un takeaway d'un restaurant de riz et nouilles avant de se poser sur les quais de Marina Bay pour y manger. Nous profitons de nos derniers instants face aux reflets dans l'eau de tous ces buildings colorés que nous ne reverrons peut-être plus. Nous rentrons ensuite à l'hôtel pour y passer une courte nuit : tôt le matin, nous prendrons l'avion pour Yogyakarta, en plein coeur de l'île de Java.

Vous reprendrez bien des nouilles ?
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Publié le 25 juin 2023

Aujourd'hui était sans doute la pire journée et j'espère qu'elle sera la seule du genre ! Nous nous sommes levés après quelques heures de sommeil, direction l'aéroport de Singapour. Fiévreux et nauséeux, ce fut une épreuve que de se mouvoir et de prendre l'avion vers Yogyakarta. Alors que les derniers jours, j'avais mal au ventre par intermittence (normal, je suis un touriste et qui plus est, un touriste fragile), il faut se rendre à l'évidence : je suis cette fois malade pour de bon.

Nous voyageons avec la compagnie Batik Air, encore sur liste noire jusque 2016. Pourtant, le vol se passe très bien et nous arrivons sans encombre en Indonésie.

En descendant de l'avion, nous pouvons voir des signes à suivre en cas d'alerte au tsunami, c'est dépaysant. En effet, les séismes sont fréquents dans la région, le dernier ayant touché l'île en mars dernier. Le plus ravageur, datant de 2006, avait fait plus de 5000 morts et 37000 blessés dans la seule ville de Yogyakarta.

Courir vite si grosse vague

Avant de quitter l'aéroport, nous retirons un peu d'argent, l'équivalent d'environ 60 euros pour payer le Grab vers l'hôtel et les achats des premiers jours. Nous voilà millionnaires ! La roupie indonésienne est une monnaie très faible : de gros billets s'entassent dans notre petit porte-monnaie.

Le trajet en Grab vers l'hôtel, situé en plein coeur de la ville, dure environ 1h30.

Je comprends beaucoup mieux le terme ''erratique'' utilisé par le gouvernement français pour qualifier la manière de conduire locale. Notre voiture slalome entre les scooters, dépasse les camions en passant sur l'autre voie, et se rabat juste avant qu'une voiture nous arrive de front. Il semble aussi que l'usage du klaxon soit davantage une manière de se signaler plutôt que d'indiquer un danger imminent. Pas de doute, nous avons bien quitté la très organisée Singapour.

Une fois arrivés, je m'effondre sur le lit, grelottant de fièvre. En fermant les yeux, j'imagine me téléporter en France pour guérir rapidement... Une sieste de deux heures nous permet de récupérer un peu et la température a diminué. Ouf.

En ouvrant les yeux vers 17h30, on découvre avec stupeur que le soleil est déjà couché. On se décide tout de même à aller se balader dans la ville : nous devons acheter des bouteilles d'eau et laver notre linge.

On retrouve en longeant les routes les trottoirs accidentés que l'on pouvait voir en Malaisie, et parfois les déchets empilés à même le sol. La plupart des habitations sont relativement austères, et leur entassement explique le nombre important de victimes que causent les séismes.

Marcher dans la rue est parfois difficile. On voit aussi la domination des scooters !

Quelques personnes à scooters et dans les étals nous sourient spontanément en nous voyant, ou hochent la tête en signe de salutations que nous leur rendons. On doit détonner avec nos deux belles têtes bien blanches.

On fait laver notre linge dans un lavomatique tenu par deux gentilles dames.Comme l'écrasante majorité des locaux, elles ne parlent pas un seul mot d'anglais et l'on se comprend à travers nos écrans de Google Trad'.

Elles nous disent de revenir 1h plus tard, ce qui nous laisse un temps que l'on utilise pour manger un repas à base de riz dans un petit restaurant du coin. On en profite pour goûter le soda local, le Saparella. C'est une boisson pétillante au goût sucré d'anis et de menthe, dont on prend une gorgée chacun, pas plus. Ce n'est pas très bon, et ça suffit les aventures gustatives pour le moment !


Du riz. Du riz du riz du riz

Nous revenons chercher notre linge puis nous rentrons à l'hôtel. Sur le chemin, nous achetons une mangue que le vendeur nous cède avec un large sourire. La raison : il vient de nous faire un ''tourist price''. Eloa rouspète : par principe, elle n'aime pas que l'on se fasse arnaquer.

Avant de nous coucher, nous plions le linge et découvrons que la plupart des vêtements a considérablement rétréci... Décidément, ce n'est pas notre journée ! Après les toutes les péripéties d'aujourd'hui, on éclate de rire on essayant nos nouvelles tailles ''ajustées''.

Il est temps de passer une vraie bonne nuit de sommeil ; nous avons prévu demain de visiter deux temples à l'écart de la ville, puis de prendre un train de nuit vers les volcans de Java. Il faut se reposer, car nous abandonnons le confort des hôtels pour les jours à venir !

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Publié le 26 juin 2023

La nuit fut réparatrice : la fièvre a disparu et le mal de ventre n'est plus qu'un mauvais souvenir.

Nous prenons un grab vers un café pour y manger un petit déjeuner à l'occidentale : café et croissants sont au menu. Nous sommes les seuls dans le café. On en profite pour demander à la gérante si elle connait des personnes qui peuvent nous emmener directement sur le temple de Borobudur, situé à une heure et demi d'ici. Elle nous répond par la négative.

On ne prend pas de risque ce matin !

On cherche à éviter de payer plein pot avec l'application Grab qui est bien utile pour les petits trajets, mais devient vite plus coûteuse pour les trajets hors de la ville. On aurait aussi bien voulu louer des scooters mais les merveilleuses institutions de notre pays n'ont pas réussi à nous délivrer notre permis international (seulement 6 mois pour le faire, on les comprend).

On réitère notre demande dans une petite supérette du coin. Le gars passe quelques coups de fil puis fini par nous dire qu'il va nous réserver un Grab. Il nous montre le prix, c'est significativement moins cher car c'est un local qui réserve, alors on accepte.

Le chauffeur ne parle pas très bien anglais, comme tout le monde ici, mais cherche à savoir s'il ne peut pas combiner plusieurs trajets avec nous. On lui indique qu'on veut aller après le temple de Borobudur à celui de Prambanan, et enfin retourner à l'hôtel. S'ensuit une phase de négociation en baragouinant des chiffres en mode loto. On finit par conclure, le chauffeur est content, et nous aussi.

Borobudur est un temple bouddhiste élevé dans les années 800. Il a ensuite été abandonné aux alentours du XIIè siècle avant d'être redécouvert enseveli au XIXè par les britanniques. Entièrement restauré, il est aujourd'hui un haut-lieu de pèlerinage pour les adeptes du Buddha.

Son entrée est plutôt chère : le gouvernement fixe un prix à 25$ pour les étrangers, et presque 10 fois moins pour les Indonésiens.

Après quelques pas derrière les guichets, on découvre l'édifice. Je suis impressionné par l'immensité du temple millénaire. Eloa l'est moins : elle est déjà venue il y a 10 ans. Elle est rapidement déçue : depuis 2020, l'accès au sommet du temple, où sont disposées les célèbres formes de cloches, est fermé. On fait assez vite le tour, puis on se balade sur les jolis jardins avoisinants.

Boroburur, très décevant

De nombreuses personnes nous demandent des photos avec elles : on a vraiment l'impression d'être des extraterrestres. Tout un groupe de jeunes accourt en demandant une photo, ce qu'on accepte puis je leur retourne la demande, ce qui les étonne davantage !

En revenant vers notre chauffeur, on se fait accoster de tous les côtés pour acheter chapeaux, bouteilles d'eau et souvenirs du temple. Je craque pour une sculpture en pierre d'une version miniature des cloches que l'on n'a pas pu voir. Comme vous vous en doutez, on me propose un prix avant de me la céder pour 4 fois moins.

100000 roupies, il m'a pris pour un lapin de 3 semaines ou quoi ?

Nous repartons pour 2 heures de route vers le temple de Prambanan, où nous longeons commerces et plantations sur une chaussée accidentée. Pour réguler les intersections, des hommes en fluo (cepeks) munis d'un drapeau et d'un sifflet font la circulation. Ils sont payés par les automobilistes qui, pour les remercier d'une priorité obtenue ou de leur intervention pour une manoeuvre, les gratifient d'un petit billet dans la main en ouvrant la fenêtre. Il s'agit d'un petit boulot historique sur l'île, en plus de vendre de la nourriture dans les warungs, des petites cuisines mobiles. Depuis 2016, le chômage suit une dynamique positive, en particulier grâce à la popularisation des apps de service à la personne comme Grab.

Cette fois, nous sommes tous les deux très impressionnés par le temple de Prambanan. Si nous n'en avions qu'un seul à conseiller, c'est sans aucun doute celui-ci. Il s'agit d'un temple hindouiste bâti en 856, avant d'être abandonné un siècle plus tard, probablement en raison d'une violente éruption du volcan Merapi. Dans le XVIè siècle, un séisme détruisit les derniers restes du temple, et il aura fallu attendre 50 années de restauration pour le voir dans son état actuel depuis 1953.

Comme nous pouvons l'approcher, il nous est plus imposant et la luminosité du coucher du soleil nous permet de prendre de jolies photos.

D'autres petits temples juxtaposent l'immense complexe religieux, dans lesquels ils nous est permis de grimper ou de passer à l'intérieur. Les sculptures sont réalisées directement dans les blocs de pierre que le temps est venu éroder.

Certaines pierres sont laissées de côté, partiellement complétées, à la manière d'un puzzle dont on ne sait plus où se trouvent les dernières pièces.

Prambanan - Amazing (n'hésitez pas à cliquer sur les photos pour les voir en gros)

Notre grab nous ramène à l'hôtel et nous en profitons pour faire un plouf dans la piscine en terrasse. L'eau est froide mais ça fait du bien.

Une demi-heure plus tard, nous sortons pour aller manger. Je ne m'en suis pas vraiment rendu compte, mais nous n'avons pas mangé de la journée et le ventre d'Eloa crie famine.

On s'arrête dans un restaurant de rue dont le couple de cuisiniers a l'air sympathique, et dont le riz coloré qu'ils font cuire donne envie.

Ils nous tendent un menu artisanal où évidemment, rien n'est en anglais. Un garçon sort de nulle part pour venir nous aider en traduisant et en spécifiant lors de notre commande ''no spicy'' ! On s'installe à même le sol et l'on déguste quelques minutes plus tard le riz au poulet pour moi et le riz au foie de veau, crevettes et soja pour Eloa. C'est le meilleur repas que j'ai mangé jusqu'à maintenant. En plus, notre messi s'installe avec nous pour faire connaissance. Il discute dans un anglais fluide, il a appris en étant né à Bornéo. Ça reste du small-talk, évidemment, mais il est vraiment chaleureux.

On prend une photo, et nos cuisiniers du soir en demandent une aussi : ils étaient déjà très surpris qu'on vienne, encore plus quand on s'est mis par terre alors que le cuistot nous tendait des chaises de fortune, alors il veut en garder un souvenir. On en gardera nous aussi avec plaisir.


We made friends !

Il est l'heure de rentrer et de préparer nos affaires ; nous devons partir pour la gare où un train de nuit nous attend. C'est depuis ce dernier que je finis ces lignes : 7 heures de train sont au programme pour atteindre Malang avant de rejoindre Wonokitri au pied des volcans de Java. À partir d'aujourd'hui, les journées sont en mode freestyle, plus d'hôtel de prévu, plus de trajet ficelé : on sait à peu près ce qu'on veut faire et le temps qu'on veut y passer, mais on se laissera porter par le courant.

Train de nuit, sans couchette, mais avec les &€+#! lumières allumées !!!
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Publié le 26 juin 2023

Minuit, une heure, deux heures, trois heures, quatre heures, puis cinq heures maintenant. Le bruit monotone des rails défilants sous notre wagon, rythmé par le klaxon incessant de la locomotive devrait sans doute pouvoir me bercer.

Quel choix que de prendre un train de nuit où la lumière reste continuellement allumée. J'ai abandonné l'idée de pouvoir dormir la troisième fois où mon tibia rencontrait le siège de devant. Depuis, j'oscille entre la fatigue et la nausée, à remettre continuellement la couverture du train sur Eloa, qui a l'air de dormir à peu près convenablement.

J'ai regardé deux films en l'espace de deux heures. Comme faussement persuadé que si j'appuyais sur avance rapide, le trajet se terminerait également plus vite. Le résultat, c'est que je n'ai pas compris grand-chose aux deux films, que je connais la fin et qu'il me reste encore deux heures à tirer.


5h15 : la climatisation a cessé de fonctionné et en quelques minutes, l'air est devenu étrangement à la fois lourd et froid.

5h21 : je pensais m'être endormi pendant une heure et ça ne fait que trois minutes. J'ai eu le temps de cauchemarder qu'on se faisait voler les sacs et que j'avais oublié de remettre du solvant sur une machine de laboratoire avant de partir en vacances.

5h28 : je commence à émettre une théorie sur le sommeil : je pense que c'est une drogue et que sans lui, nous devenons fous.

5h40 : les premiers rayons du soleil viennent caresser la vitre du train. Je crois que ce trajet vient de décider pour moi que je serai un animal nocturne pour les deux prochains jours.

5h45 : la climatisation remarche par intermittence. Elle décide de s'arrêter lorsque mon voisin de gauche vide sa bonbonne de déodorant sur lui en guise de douche.

5h46 : j'ai dû me reprendre à plusieurs reprises pour écrire le mot déodorant, tapant successivement dodorant puis dédodorant. Je crois que mon corps veut me faire passer un message.

(...)

6h55 : nous sommes arrivés en gare de Malang. Ma nuit fut aussi blanche que la lumière et les murs du train. J'ai toujours pensé que le trajet fait partie du voyage, et à ce titre, je voulais partager ces quelques divagations avec vous.

Il nous faut récupérer les sacs puis rejoindre Dedy, l'habitant du village Wonokitri chez qui nous devons loger. J'espère que le lit sera confortable (ou du moins, qu'il ne fera pas le bruit d'un wagon sur des rails, qu'il ne klaxonnera pas et qu'il ne s'aspergera pas de déodorant).

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Publié le 28 juin 2023

Prendre ce train de nuit était sans doute la pire idée que j'ai eu de toute ma vie.

Je pensais que nous allions avoir un autre rythme : l'ascension du mont Bromo exigeait que l'on soit debout de 2 à 6 heures du matin, et que nous serions donc pour deux jours des petits hiboux vivant le nuit.

Plus jamais

L'arrivée à Malang se fait sous la pluie, et nous ne savons pas si nous pouvons rejoindre notre hôte Dedy de si bonne heure. Nous gagnons donc un Starbucks où nous prenons des cafés aussi hors de prix qu'en France, ce qui nous permet aussi d'émerger. On commande un Grab pour aller jusqu'à Wonokitri, situé à 40 kilomètres d'ici, au pied du mont Bromo. Le Damri (minibus commun) était aussi une option mais il est déjà plein. Plusieurs grabs nous refusent, ce qui ne nous est jamais arrivé, bizarre. On finit par être accepté et l'on part pour a priori 1h30 de route après que Dedy nous ait confirmé que nous pouvions venir tôt.

Je commence à sentir au bout de quelques minutes mes yeux lourds, mais je n'arrive pas pour autant à m'endormir. S'ensuit d'interminables moments dans ce Grab derrière des bus, camions transportant vaches et autres animaux en tout genre, que nous ne pouvons pas dépasser. Rejoindre Wonokitri fait un peu penser aux routes d'Ardèche, mais en plus long, plus serré, moins fluide. Le chauffeur se perd à plusieurs reprises, s'agace, demande son chemin.

Un camion qui fait demi tour sur une route qui fait sa longueur

Pendant ce temps, je suis pris de bourdonnements derrière la tête et les oreilles, en même temps que de violentes nausées. Je m'évanouis une première fois. Eloa me rassure : il ne reste que 30 minutes de route selon Maps. Ces dernières minutes prendront le triple.

Je n'ai jamais vécu pareil calvaire : entre un état somnolent et l'évanouissement, les sueurs froides... Je dois prendre chaque inspiration et chaque expiration ''manuellement'', sinon je suis en apnée.

Pendant ces instants où j'entendais de manière lointaine Eloa me secouer et le chauffeur s'agacer, j'ai pensé revenir en France dans une caisse en bois. Passons.

Je ne sais plus comment nous sommes arrivés mais nous le sommes bien, le chauffeur pousse des soupirs de soulagement et demande de manière insistante des ''tips''. Nous le payons et il repart, non sans râler. C'est le moment choisi par Dedy pour ne plus nous répondre sur Whatsapp pendant de longues minutes. Un homme possédant des cageots de nouilles sèches et deux dents nous approche. On lui demande : ''Are you Dedy ?'', il répond : ''Yes''. Ça y est, nous sommes sauvés, on va avoir un lit et dormir.

Arrivée chez Dedy : Jazzi Homestay

Mais non, raté, ce n'est qu'un marchand du village qui essaie en langage des signes de nous vendre des nouilles. Finalement, une femme arrive ; c'est la conjointe de Dedy. Elle nous montre notre chambre : c'est un endroit sombre avec un lit et en guise de couette un sac de couchage ouvert en deux. Une salle d'eau complète les lieux : avec une douche sans vitre (ce qui permet de faire profiter aux toilettes d'un peu d'eau en même temps) et un robinet de lavabo qui fuit. Eloa se met d'accord avec la femme de Dedy pour la Jeep qui nous emmènera tôt demain au départ du sentier pour Bromo, pendant que je tremblote sur le lit.

J'essaie de dormir pour récupérer, mais c'est impossible : il y a des trous dans les murs qui nous font sentir comme si nous étions dehors (voitures, motos, discussions des gens), et surtout, il y a le MUEZZIN qui HURLE toutes les heures ! On a pris des enregistrements audios, c'est invivable. Je n'y comprends rien, c'est pas censé être 5 fois par jour la prière ?

Pour couronner le tout, on est complètement déshydraté : qu'importe la quantité d'eau minérale qu'on ingurgite, elle ressort 5 minutes après plus bas et notre gorge est toujours aussi sèche. La dame est tout de même très gentille : elle voit que je suis au bout de ma vie et nous apporte du gâteau, des bananes, des nouilles (sûrement du gars de toute à l'heure) et de l'eau.

Calvaire chez Dedy

Vers 14h, on demande à notre hôte si un médecin n'est pas accessible. Évidemment, les plus proches sont sur Malang, d'où l'on vient.

Les heures passent, à 16h, je n'arrive toujours pas à dormir, je dois me forcer pour avaler quelque chose et se mouvoir est un effort qui me vaut des frissons insupportables de la tête aux pieds. Eloa est anxieuse et désemparée.

Vers 19h, on prend donc la décision que je n'arriverai pas à assumer la randonnée vers Bromo. On charge Dedy de trouver un chauffeur pour la nuit, et rejoindre Banyuwangi, une ville moyenne proche de Bali située à 8h de route. On ne veut pas retourner sur Malang, les médecins y sont rares et l'hôpital est déconseillé. Banyuwangi, porte d'entrée de Bali, notre prochaine étape, nous paraît mieux. On pourra aussi mieux s'y reposer sur place, car ici, ni Eloa, ni moi, ne réussissons à fermer l'oeil. Même avec des bouchons, ce satané muezzin insiste.

Nous sommes très déçus de ne pas faire Bromo et d'être venu ici pour rien, mais il en va de la suite des vacances.

Dedy nous informe qu'à minuit, un homme nommé Rian nous prendra à bord vers la petite ville côtière. Malgré mon état, j'angoisse : un habitant (que l'on n'a même pas rencontré) nous trouve un bougre qui va faire l'équivalent de Monaco-Bordeaux pour environ 80 euros, tout en sachant que l'on est fatigué et déshydraté. J'y vois l'occasion rêvée pour des gens du coin de détrousser deux touristes faiblards, mais bon, on n'a pas le choix.

Minuit, minuit 15, minuit 30... Pas de Rian. Dans le rez de chaussée de la maison où l'on attend : un homme arrive en rigolant. Je lui demande : ''Are you Rian ? Are you the driver ?" Il répond : "Yes". Mais il est pieds nus. J'ai l'impression qu'ici, n'importe quelle question se répond par Yes. La femme de Dedy vient le chercher, cela doit être son père.

Rian finit par arriver une heure en retard et en sortant de la voiture, mes soupçons s'évanouissent : il doit avoir 18 ans et mesure 1 mètre 65.

La voiture est en plus hyper confortable, notre désormais ex-hôte nous fournit plaids et coussins pour le trajet. On s'assure que la voiture suit bien un itinéraire cohérent vers notre destination, puis l'on tombe chacun de sommeil dans la voiture.


En route vers Banyuwangi

Alors qu'il roulait très prudemment quand nous étions éveillés, notre chauffeur fonce maintenant avec assurance sur les petites routes et dépasse par la gauche puis par la droite les voitures, motos et tuc-tucs que l'on croise. Il n'y a pas de limitations de vitesse, alors il fait au plus efficace. De nombreuses fois, on dépasse puis c'est la loi du plus lourd pour savoir quel véhicule arrivant de front freine ou se rabat.

Après une pause, le jour commence à se lever. C'est la fin du cauchemar, j'espère.

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Le trajet s'effectue sans encombre (avec quelques frayeurs mais quand on ferme les yeux on voit pas) et les 8h de route se passent finalement assez rapidement, la voiture passe le panneau de Banyuwangi peu avant 9h. Je n'ai mangé que quelques nouilles et des morceaux de banane depuis 24h, mais je n'arrive pas pour autant à me forcer à avaler quelque chose de plus.

On arrive dans un hôtel réservé en catastrophe la veille chez Dedy, qui veut d'abord nous refuser car nous arrivons trop tôt et qu'il n'y a aucune chambre, puis nous faire payer une taxe car finalement c'est bon mais c'est pas gratuit, puis finalement seulement la moitié...

La dame de l'accueil indique à Eloa qui fait tout le ''talking'' : ''je vois l'état de votre compagnon là, mais il n'y a pas de docteur disponible ce matin''. Eloa lui indique que si c'est cet après-midi, ce n'est pas grave. Elle lui répond que vu ma tête, il serait préférable que ça soit le matin. Petits rires. Elle nous rappelle que si besoin, on peut aller à l'hôpital qui est à 5 minutes de l'hôtel. Allez, un peu de repos et ça ira sans doute.

Eloa insiste pour que je mange du riz, ce que je fais non sans mal, nauséeux. Boire de l'eau et de l'eau sucrée/salée n'aide pas plus, ma bouche est en permanence sèche. Eloa est en galère aussi, ceci dit.

Le trajet de la veille a beau s'être bien passé, je n'ai que très peu dormi dans la voiture et ça commence à s'accumuler sévère.

On rentre dans la chambre se coucher, mais la climatisation fonctionne bruyamment et la lumière du jour rentre par des fenêtres sans rideaux. Cerise sur le gâteau, aujourd'hui, c'est l'Aïd al Adha, tous les muezzins de la ville se rassemblent donc pour chanter, et ce sans aucune pause. C'est évidemment retransmis dans tous les hauts parleurs.

Ajoutez le bruit de la climatisation et ''Allahu Akbar" sans interruption, laissez mijoter

Trois heures passent, et je me sens encore de moins en moins bien. Ni Eloa ni moi n'arrivons a trouver le repos. Fuck, c'est ça les vacances ?

Alors que les bourdonnements dans les oreilles reviennent, je demande à Eloa d'appeler un Grab qui nous emmène à l'hôpital de la ville. Là-bas, une médecin me met sous perf' avec du sucre puis une solution de sels, et des médicaments pour mon ventre et la nausée. Une fois réhydraté, les médicaments commencent à faire effet.

Au bout de deux heures, ou plutôt au bout de deux jours d'enfer, j'ai retrouvé des couleurs.

Alexis soigné ✅

En sortant de l'hôpital, je suis presque euphorique en retrouvant ce sentiment incroyable qu'est la faim. Eloa m'emmène manger dans un restaurant qui fait de la ''Western food'', on stoppe les folies culinaires et on se rabat sur de bonnes vieilles pâtes à l'ancienne.

Alexis nourri ✅

En dessert, nous prenons des smoothies de fruits frais tellement bons que nous en prenons deux autres à manger plus tard.

Ça y est, c'est la fin du cauchemar. Eloa me retrouve : quand je suis malade, elle dit que je suis ''absent''.

Nous rentrons à l'hôtel que nous avions quitté plus tôt et on s'installe lire à côté d'une piscine sympa. J'en profite même pour tremper jusqu'au bas du dos : ça y est, je ressens de nouveau du plaisir à être ici. Quelques heures plus tôt, je n'aurai jamais cru penser ça mais je rêvais d'être dans notre salon de Clermont-Ferrand.

Quelque part, peut-être qu'avoir été dans une telle difficulté nous permettra d'apprécier encore plus le reste du voyage ?

Alex'is happy ✅

Après deux bonnes heures où j'ai pu écrire l'étape d'hier, nous prenons une pizza que l'on se partage. Il faudra absolument que l'on se recale sur des horaires de repas et de sommeil dans les jours à venir.

On se renseigne auprès des réceptionnistes pour organiser un trajet vers le Mont Ijen que nous gravirons demain. Le trajet commun part à 2h du matin pour assister au lever du soleil, mais ce serait prendre trop de risques trop tôt. Nous prendrons donc le départ à 7h30 avec une voiture en direction du volcan, situé à 1h30 d'ici (et cette fois, je me suis assuré que c'est vraiment 1h30 !). Allez, une bonne nuit réparatrice, et on reprend demain !

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Publié le 29 juin 2023

Le levé est matinal mais nous avons tous les deux bien dormi. Je remercie Eloa d'avoir pensé à emmener des bouchons d'oreille car toute la nuit, les muezzins ont donné de la voix.

On se prépare puis l'on se dirige vers la voiture qui nous emmène au pied du Kawa Ijen (ou Mont Idjen en français). Il s'agit d'un volcan explosif encore en activité perché à 2400 mètres d'altitude. C'est aussi la plus grande mine de soufre au monde : chaque jour, des centaines de mineurs extirpent le soufre cristallisé depuis le bas du cratère du volcan avant de faire le chemin inverse, avec des charges entre 60 et 80 kilos sur le dos. C'est un travail réputé extrêmement pénible : les montées sont raides et les vapeurs, en plus d'être désagréables, sont évidemment toxiques.

Nous aurions pu réaliser la randonnée de nuit pour apercevoir les flammes bleues issues de la combustion du soufre dans l'air à haute température, mais le sommeil nous manquait de trop.

Nous voilà donc partis depuis Banyuwangi vers Ijen, et qu'est-ce que ça grimpe ! La voiture donne tout ce qu'elle a, et les nombreux nids de poule (ou d'autruche, vu la taille) ne l'aident pas. Le chauffeur nous laisse au village de Bondowoso où il nous reste une grosse heure de marche pour arriver au sommet du cratère. Il fait relativement frais mais l'ascension est abrupte alors on se réchauffe vite. On croise bon nombre de touristes qui sont eux sur la descente ; ils sont partis très tôt et ont assisté au lever du soleil. Certains jeunes touristes se font monter ou descendre par un ou deux locaux en étant allongés sur des pousse-pousse, et je ne peux m'empêcher de les juger négativement... Mais bon, c'est certainement l'offre qui a créé la demande. La marche a un dénivelé conséquent mais la route est large et ne présente aucune difficulté technique.


Montée au soleil et dans la brume

Arrivés en haut du cratère, on peut apercevoir le lac à la couleur turquoise entre les épaisses vapeurs émanant de ce dernier. C'est le plus grand lac acide du monde avec un pH à 0.2, dû à la quantité d'acide sulfurique et chlorhydrique qu'il contient. Sa couleur particulière est dûe aux cyanobactéries à pH faible, et pas aux acides en eux-mêmes comme vous pourrez le lire sur 99% des sites internet, qui sont eux parfaitement incolores. Même si le lac donne envie de s'y baigner et a une agréable température de 40°C, on risquerait d'y laisser notre peau (littéralement).

Sommet du cratère : si ça pète courir vite

On poursuit la randonnée en décidant de prendre un peu plus de hauteur, mais nous devons vite mettre les masques à gaz : l'air est nauséabond avec le parfum d'oeuf pourri, mais aussi irritant pour la gorge, caractéristique du gaz H2S. Le tableau est digne de la lune : c'est désertique, poussiéreux, même la nature n'a pas daigné s'implanter ici. Seuls les humains sont d'ailleurs assez fous pour s'aventurer au bas de cet enfer inhospitalier.

Arrivé à un point de vue, seul au monde, on essaye de distinguer le lac mais les fumées sont trop épaisses. Cependant , après quelques minutes de patience, le vent change de direction et nous laisse observer un magnifique cratère contenant un bleu étincelant. On distingue un peu la vallée de Banyuwangi qui se dessine au loin.

Kawa Ijen

À peine le temps de prendre quelques photos que les fumées ont repris le dessus. On rentre donc vers le point d'arrivée de la balade, en se remémorant la vue que l'on vient d'observer, pour s'en faire une belle image mentale. Avec Eloa, on s'est inventé un petit rituel ; quand on voit quelque chose de très beau, on en prend conscience puis on se dit ''print'' avant de fermer fort les yeux. C'est un peu notre manière de se dire d'imprimer la situation, pour la revivre plus tard.

J'en profite pour faire le parallèle avec les photos : il est évidemment important d'en prendre pour faciliter les souvenirs et le partage de notre expérience. Mais j'ai aussi l'impression que je laisse le soin à un objet de se souvenir à ma place d'instants privilégiés, et d'une certaine manière, de s'assurer de pouvoir les oublier car ils sont bien quelque part. C'est un peu philosophique et paradoxal, mais je n'ai parfois pas pris de photo pour être certain que ces moments resteront bien gravés dans ma tête.

Une nouvelle fois sur le chemin du retour, le lac nous fait l'honneur d'une deuxième éclaircie, encore moins longue que la première.

Nous apercevons le passage qui mène au bord du lac mais nous n'irons pas : l'odeur y est vraiment insoutenable et l'intérêt ne réside majoritairement que pour observer les flammes bleues de plus près.

Au moment de reprendre le chemin dans le sens inverse, on s'étonne : nous n'avons croisé aucun porteur de soufre. Pourtant, nous en avions beaucoup entendu parlé et Eloa en avait vu il y a dix ans. Des paniers typiques remplis du minerai jaune sont disposés à l'attention des touristes pour se rendre compte du poids du fardeau, mais aucun porteur n'est en activité. Bizarre.

Where mineurs

On reprend donc notre aventure en direction de la voiture, en descendant la route en petites foulées. En l'espace d'une vingtaine de minutes, nous sommes de retour. On galère un peu à trouver notre chauffeur qui a changé de place de parking. Juste le temps qu'il faut pour que l'on stresse un peu en se disant qu'il est parti avec l'ensemble de nos affaires.

En tout, la randonnée nous aura pris 2 grosses heures, et 3 heures de transport aller-retour.

Ça s'est dégagé - c'est somptueux

Le chauffeur nous dépose au port, et nous prenons un ferry (après s'être fait arnaqués par la dame qui vend les tickets au black) qui nous achemine vers Bali. Autour de nous, c'est rempli de touristes. Des russes, des anglais, des français, pas de doute, on va bien sur l'île la plus touristique de ces dernières années.

Les premiers pas annoncent la couleur : l'eau est translucide, les policiers à la frontière souriants.

10 kilomètres de mer séparent Java et Bali

On déchantera quelques minutes plus tard : l'ensemble des touristes rejoignent des chauffeurs affrétés par leur hôtel tandis que l'on se retrouve bien seul sur le pont. Un homme vient nous proposer ses services, mais c'est de l'arnaque. Il nous tend une carte que l'on prend tout de même. Nous sommes encore loin de notre logement situé à Pulukan, entre le port de Gilimanuk et la station balnéaire de Denpasar.

On fait alors une petite marche pour découvrir les environs et trouver un chauffeur, puis nous atterrissons dans un warung où l'on déguste du riz au poulet et aux oeufs. Le gérant se met à table et discute avec nous.

On apprend que le volcan Ijen est depuis quelques temps soumis à des restrictions : il n'est ouvert que de 4h du matin jusque midi, et l'exploitation du soufre en bas du cratère est interdite. La raison : l'activité sismique est suivie de très près par le gouvernement, et elle se fait de plus en plus forte depuis décembre. Des micros-séismes trouvent leur coeur sous le volcan, et le risque d'éruption y est grandissant. Sur une échelle de dangerosité de 4, 4 étant l'éruption active, Ijen se situe à 3 depuis 6 mois. Et bien, personne ne nous avait dit ça avant !

C'est un secret de polichinelle pour les Indonésiens, car il s'agit d'une source énorme de revenus avec le tourisme. C'est aussi pour cela qu'il se fait de plus en plus de proposer des services de pousse-pousse aux touristes, à défaut de porter du soufre, on porte des fainéants. Ça sent meilleur et c'est plus lucratif.

On en apprend des choses autour d'un Nasi Goreng

Nous remercions nos restaurateurs puis l'on essaie de trouver une alternative pour nous emmener : Grab n'est pas actif sur l'île.

On s'arrête à une gare routière où des bus et des minibus sont installés, un rabatteur nous y emmène avec lui. Sauf qu'aucun conducteur ne veut s'arrêter à Pulukan, tout le monde va à Denpasar. Notre ami restaurateur nous avait dit de prendre le bus, moyennant un prix largement raisonnable, et il s'arrêtera sans problème. Le souci, c'est qu'on ne nous laisse pas rentrer dans le bus, probablement réservé aux Balinais. On se résigne donc à appeler le gars qui a voulu nous arnaquer toute à l'heure, faire baisser son prix de presque moitié, puis prendre une voiture remplie de moustiques et moucherons pour une heure de route.

Ça commence à être un peu fatiguant de devoir souvent négocier, mais bon, restons positifs ; nous sommes sur une île paradisiaque !

Et en arrivant à l'hôtel, on découvre qu'il l'est tout autant. Comme nous sommes arrivés 1 jour plus tôt que prévu à Bali, j'ai réservé un ''bon plan de dernière minute'' dans un hôtel 5 étoiles au bord de la mer. Ce n'est que pour une nuit, mais que ça fait du bien ! La chambre de chez Dedy n'est plus qu'un mauvais souvenir.

Very far from Dedy

On se débarrasse de nos affaires puis l'on rejoint la plage : l'eau est à une température idéale et le coucher du soleil nous envoie ses salutations. J'ai l'impression d'être sur Instagram, mais en vrai.

On mange ensuite au restaurant affilié à l'hôtel face à la mer : des légumes et du riz avec la même sauce à la cacahuète qu'il y avait à Singapour pour les Satays, mais avec de l'oeuf en plus. Cela suffit à en faire un ''plat typique'' indonésien. Le tout en sirotant de l'eau de coco directement depuis la noix, n'est-ce pas fabuleux ?

On se pose ensuite en bord de mer pour qu'Eloa attrape un livre et bouquine, tandis je finis ces quelques lignes avant d'aller dormir, à rêver enfin après avoir cauchemardé autant.


S
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Publié le 30 juin 2023

Petite journée aujourd'hui : nous nous levons à 10h après avoir dormi presque 12 heures d'affilée ! Il faut aller profiter du petit-déjeuner, que nous prenons face à la mer et juste à côté de la piscine. Quelques fruits et deux pancakes plus tard, nous devons déjà déjà partir : l'hôtel de luxe, c'était qu'une seule nuit !


Print !

Un chauffeur nous amène à Medewi Beach, attenant à Pulukan, un village situé à quelques petits kilomètres d'ici.

Notre logement sur la plage n'est pas encore prêt, alors on nous fait patienter dans un café : le Rasta. Il tient son nom de son propriétaire, qui se fait appeler par ce nom et arbore fièrement aujourd'hui un t-shirt Bob Marley. Nous avons déjà faim et nous commandons pour patienter un met local : le Nasi Campur, qui est un plat à base de volaille épicée, légumes, oeufs et arachides.

Il ne faut pas être pressé chez le Rasta ! Nos voisins de table commandent une noix de coco, et nous le voyons partir puis revenir quelques minutes avec une noix à la main.

S'il est donc allé trouver nos poulets, cela explique pourquoi il a mis plus d'une heure à nous amener quelque chose !

Nous découvrons en dessert les balinese cookies, une sorte de beignets tout chauds à la noix de coco ! C'est notre meilleure découverte sucrée depuis le début du voyage.

Yummy

On rejoint ensuite Kadek, notre hôte pour les prochains jours. Il a construit de ses mains une cabane en bord de mer sur un terrain qui juxtapose sa maison. C'est un peu l'histoire du cordonnier mal chaussé : sa maison faite de béton et de tôle taguée n'inspire rien, alors que notre cabane est un véritable havre de sérénité. À l'étage, un lit et une énorme fenêtre ronde donne sur un filet en terrasse, à quelques mètres de la mer. Derrière, une petite salle de bain fonctionnelle placée avec une délicate ouverture pour apprécier le coucher du soleil sur la plage lorsqu'on prend une douche.

Notre toit pour les jours à venir

On remercie Airbnb de proposer ce genre d'endroit, on ne regrette pas du tout notre choix alors que nous n'étions pas sereins, c'est tout neuf et donc pas grand monde n'y avait mis les pieds quand nous avions réservé !

En après-midi, on se pose sur le filet en écoutant les vagues s'écraser infiniment sur le sable, et en regardant les pêcheurs qui s'affairent. Ils préparent leurs filets, disposent des affaires dans les petits bateaux échoués ; au petit matin, ils partiront. Je m'enquiers auprès de Kadek si je peux les accompagner un matin, il me promet de se renseigner.


Home with a view

La tombée de la nuit intervient peu après 17 heures et nous sommes à nouveau affamés ! D'autres le sont d'ailleurs et trouvent un repas succulent sur nous : je parle bien évidemment des moustiques ! Dès le soleil couché, le festin commence et en quelques minutes, une plaque entières de piqûres apparaît sur une jambe.

C'est donc l'île des Dieux mais cette engeance a tout de même décidé de venir nous pomper jusqu'ici !

On en rentre donc se mettre à l'abri et se faire livrer dans notre nid douillet des plats similaires à ce que l'on a pu manger ces derniers jours, à base de riz et de curry-coco.

C'est simplement en lisant et en caressant les chats de Kadek que s'achève cette journée pauvre en péripéties mais riche en repos ! C'est un peu le programme de ces prochains jours, même si nous allons tout de même rester actifs.

On éteint la lumière avec le vent de la mer qui passe les murs en bambou et vient chatouiller nos pieds, et le bruit de l'eau qui danse et se brise sur le rivage.


Bon endroit, bon moment

(En vérité, il y aussi le muezzin qui, juste avant de fermer les yeux, nous rappelle qu'il est toujours là)

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Publié le 1er juillet 2023

Le réveil se fait vers 9h, difficilement : j'ai eu le sommeil léger à cause du bruit de la mer agitée, du vent et surtout des deux chats de Kadek qui se sont livrés une guerre digne de nos émeutes actuelles en France.

Il pleut à verse et le souffle frais secoue les cocotiers à en faire tomber ses fruits. Devant notre cocon, de nombreux surfeurs se donnent à cœur joie entre l'eau salée et les gouttes de pluie. Ils ont bien raison : malgré le mauvais temps, il fait une température idéale de 28 degrés et l'eau est à peu près à la même température. Kadek nous amène un petit déjeuner : des roulés à la banane et au chocolat, et d'autres aux amandes et coco. Ces spécialités sont tout simplement succulentes. Des morceaux de fruits et un café plus tard, nous attendons notre professeur de surf, qui se fait désirer. Ici, c'est une constante d'arriver en retard !


Good morning !

On en profite pour peaufiner notre théorie en regardant conseils et tutos.

À 11h40 (pour un rendez-vous à 11h) le prof' arrive en nous disant que finalement, il ne peut pas. Les vagues sont trop hautes et le courant trop violent pour des débutants. Il nous dit qu'il reviendra demain à 8h. Bon.

On décide donc d'aller explorer les environs à pied. Ce n'est pas une réussite : nous devons longer une route passante pour rallier le centre-ville et quelques camions nous klaxonnent pour nous effrayer. Les chauffeurs s'éloignent en riant. Connards.

D'autres en moto nous saluent de la main ou disent ''Hello'' en passant à notre hauteur. Encore une fois, on nous reconnaît de loin. On croise une bande de gamins qui joue dans la rue. À notre approche, ils nous regardent avec de gros yeux puis tendent leurs mains devant nous en criant ''Give money ! Give money !". Ça résume plutôt bien le rapport qu'ont leurs parents avec les touristes.

Finalement, un homme à scooter s'arrête et nous prend à son bord pour finir le voyage vers le centre. Il ne parle pas un mot d'anglais et s'exprime en riant. On monte à 3 sur son cheval à moteur qui s'éloigne en toussotant.

Il fait la gueule là mais promis il était drôle !

Nous faisons quelques courses et retirons un peu d'argent pour finir le voyage. Le centre du village est sans intérêt, rempli de commerces qui vendent les mêmes paquets de chips, bouteilles d'eau et sacs plastiques que nous retrouverons plus tard dans la mer.

Pour rentrer, nous faisons du stop. Une dame nous prend en scooter mais ne veut pas nous prendre à 2 de suite, c'est trop dangereux. Elle fait donc un aller retour avec Eloa, puis avec moi. Elle refuse la petite compensation qu'on lui tend et nous remercie même pour la rencontre, sympa.

Sur le chemin de terre menant à notre plage, on croise un balinais qui tient une échoppe de surf, j'essaie de négocier pour louer une planche de bodyboard, qui me rappelle les vacances avec mes parents dans l'ouest de la France.

Nos emplettes finalisées, on rejoint notre abri avant de se mettre en tenue de bain : si déjà on doit être mouillé, autant l'être complètement !

On passe plusieurs heures dans l'eau à attraper à tour de rôle les vagues qui se font de plus en plus grandes et qui nous ramènent incessamment vers le rivage. Revenir vers le spot où les grosses vagues commencent à déferler est épuisant, d'autant plus que le courant nous déporte vers un endroit désagréable, rempli de cailloux.

Une énorme vague engloutit les lunettes de piscine d'Eloa, qui protégeaient ses lentilles de contact. Cela sonne la fin du bodyboard.

Avec la pluie battante, je n'ai pas de photo, mais nous recommencerons demain !

Nous rentrons et n'avons qu'une envie, la douche à l'eau douce ! Je rigole pendant qu'Eloa sort la multitude de produits, crème machin, conditionner... Mon savon 5 en 1 (pour les cheveux, le corps, la figure, les tapis et la vaisselle) fait parfaitement le job.

On se pose ensuite sur notre filet avant de profiter du coucher de soleil - je rigole, nous ne l'aurons pas aperçu aujourd'hui.

Rainy days

Alors que l'horizon s'obscurcit, notre hôte nous prépare un barbecue de la pêche du jour. Le repas est délicieux et nous en gardons une partie pour le lendemain.

À nos pieds, les chats de Kadek attendent impatiemment leur part. Nous leur donnons les carcasses de poissons qu'ils rongent avec appétit.

Fresh fish, tout le monde se régale !

On commande en plus des balinese cookies auprès du Rasta qui fait le trajet sous le déluge. En grignotant nos fri(t)andises à la coco, on s'installe devant la série du Witcher qui vient de sortir, avant de vous écrire ces quelques petites lignes et de s'endormir comme nous avons apprécié la journée : paisiblement.

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Publié le 2 juillet 2023

Le réveil est très matinal, et pour cause, notre instructeur de surf arrive bien avant 8h, comme convenu la veille. Décidément, les horaires fonctionnent à l'à peu près ici. Il est difficile de sortir du lit car nous dormons seulement en surface : il y a toujours du bruit et de la lumière. C'est le prix à payer pour être au bord de la mer ! Le petit déjeuner avalé (nous avons repris la même chose qu'hier, on change pas une équipe qui gagne - ou plutôt qui ne nous rend pas malade), on se met en maillot de bain avant de sortir. Il fait gris, mais il fait bon.


Wake up !

Hairul, notre prof', nous tend à chacun un t-shirt de bain à enfiler ; il nous évitera de nous irriter la peau du torse et du ventre en contact avec la planche.

Nous avons également chacun une planche que l'on porte jusqu'au bord de mer. Ce sont de grosses planches avec en leur bord une couche de mousse : c'est large, stable, et si on la met dans la figure de quelqu'un, ça ne risque pas de trop l'amocher.

Avant de rentrer dans l'eau, Hairul nous propose une rapide initiation de comment se mettre debout après avoir pris une vague. Les explications se font dans un anglais approximatif mais ça a le mérite d'aller à l'essentiel ! C'est une première pour moi et une seconde pour Eloa, c'est déjà le moment de mettre les planches à l'eau !

On s'attendait à surfer d'abord sur des vagues écrasées, à se mettre debout progressivement sur la planche dans l'eau... Mais non ! Hairul nous guide à grand coup de nage crawlée à plusieurs dizaines de mètres du rivage, là où les grandes vagues commencent à se former.

Il nous montre comment se mettre allongé par rapport à la planche, et à l'approche d'une vague, nous demande de nager le plus vite possible, puis au sommet de celle-ci, de se lever.

Dès sa première tentative, Eloa réussit à se lever et à parcourir une grande distance, restant debout sur la planche pendant une vingtaine de secondes.

L'instructeur me fait signe d'approcher, c'est mon tour.

Il faut savoir que de tous les sports, ce sont ceux d'équilibre qui me réussissent le moins. Il suffit de mettre un pied dans un parc d'accrobranche avec moi pour être certain de se taper une bonne barre.

Pendant que la vague arrive, Hairul me crie "Paddle Alex, paddle !" pour me dire de prendre de la vitesse, ce qui deviendra son motto pour le reste de la journée avec nous.

La vague est là, j'attends son signal ''Up'' pour me mettre debout... qui ne vient pas. Je surfe donc sur le ventre la vague, ce qui n'est pas désagréable.

Ce qui l'est, par contre, c'est de revenir au point de départ en défiant chaque nouvelle vague, en se mettant en position d'otarie au moment où elles vous percutent.

Eloa se débrouille sur chaque vague de très bonne manière, et se fait féliciter par les locaux.

Pour ma deuxième vague, j'attends le signal qui cette fois arrive, puis je tiens environ 3 secondes avant de m'éclater misérablement dans l'eau. Il faut vous imaginer un panda unijambiste sur un surf, avec la même représentation de ses membres dans l'espace que celle d'un enfant qui apprend à marcher.

Si rigoler fait vivre plus longtemps, l'instructeur me doit quelques années.

Cependant, au bout d'une grosse heure, je parviens enfin à rester debout autant qu'Eloa. À la fin de notre session, c'est désormais moi qui décide de tomber pour éviter de s'échouer sur la plage, et pas la planche qui décide à ma place.

Je n'ai pas de photo de nous car nous étions dans l'eau, donc je vous mets quelqu'un d'autre et dites-vous que c'est moi (si, si)

Nous sommes tous les deux plutôt fiers de notre session de surf. L'instructeur ne nous a pas tant instruit, mais il nous a à chaque fois aidé au lancement, ce qui est sûrement à notre niveau la partie la plus difficile. Nous avons essayé de lui demander des choses plus techniques, mais il nous a répondu que cela ne s'expliquait pas trop, ça se ''sent''. J'essaierai donc cette pédagogie au basket.

Nous rentrons nous débarbouiller de tout le sable noir séché sur la peau, puis nous mangeons les restes des poissons d'hier soir.

On se livre ensuite à des activités un peu plus contemplatives telles que la lecture et la sieste : le surf, ça fatigue !

Je décide ensuite de retourner dans l'eau mettre à profit le bodyboard loué hier. La pluie me tient à nouveau compagnie.

Alerte à Medewi

En rentrant, je découvre devant notre porte un chien errant. Il est de moyenne taille et a le regard triste, peureux. Il a décidé de son propre chef que l'on allait l'adopter, car il nous suit partout.

Il a sans doute des puces, il essaie de se frotter aux trottoirs pour se soulager, nous sommes donc moins à l'aise de sa compagnie. On a déjà eu assez d'ennuis !


Ça y est, on a un chien maintenant !

Nous partons avec notre nouvel ami en milieu d'après midi pour nous faire masser. Décidément, c'est la belle vie !

Enfin, en apparence. Jusqu'à ce qu'un rouleau compresseur balinais d'un mètre quatre vingt pour sans doute autant de large ne me malaxe les épaules comme si elle voulait les fusionner avec ma nuque.

Eloa a l'air d'apprécier, de son côté. La jeune femme qui s'occupe d'elle a beau être plus svelte, elle a l'air d'appuyer avec force. On nous avait prévenu que le massage balinais était très lent, et surtout très en profondeur, on ne nous avait pas menti !

Eloa poursuit avec une séance de Yoga avec sa masseuse qui est aussi prof', pendant que je mets au point le trajet pour notre excursion de demain.

Insérer une musique avec flûte de Pan

Car oui, demain, nous avons décidé de redevenir un peu actifs et de louer un scooter pour la journée. Rizière, chutes d'eau et points de vue sont au programme. Mais ça, ce n'est que demain. D'abord, il faut rentrer et le déluge nous laisse entendre que si nous voulons rentrer à pied, ce sera au prix d'une douche. Kadek, notre hôte, nous propose de nous ramener en scooter.

À trois sur la route glissante, c'est un peu dangereux mais c'est marrant !

Les belles têtes d'idiots

Sous la pluie continue, on se résigne à rester à l'abri et à commander à manger ici. On déguste des satays, moins bons qu'à Singapour, et un nasi goreng moins bon que dans Java, mais c'est sûrement parce que le cadre n'est pas incroyable. Donnez-nous un coucher de soleil sur la mer et ça devient le meilleur repas du monde !

On espère que demain, la météo sera meilleure, c'est censé être là saison sèche, après tout.


Fin de journée sur Medewi Beach...

On regarde donc un deuxième épisode du Witcher avant de dormir, puis l'on s'endort en riant quand l'on repense à l'instructeur s'égosillant " Paddle Alex, paddle !".

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On se réveille tôt pour un lundi qui me fait déjà penser au lundi suivant, synonyme de reprise du travail. Ne pas y penser, chut, interdit !

Cloudy morning

Vers 7h30, nous prenons un petit déjeuner servi par Kadek, du même acabit que les derniers jours, mais toujours aussi excellent. Il nous donne aussi les clés d'un scooter de 50 cm³ en bon état apparent. Il a un rétro fendu et l'indicateur de vitesse ne fonctionne pas, mais quel intérêt ? De toute façon, il n'y a pas de limite ici.

Nous avons prévu de visiter les quelques endroits d'intérêt proposés par Kadek. En plus, le temps s'y prête, ça y est, le soleil est avec nous !

Je ne suis pas serein : Kadek nous a dit de faire attention, le deux-roues n'est pas assuré. La prise en main du véhicule n'est pas aisée : la dernière fois que j'ai ''conduit'' un scooter, je devais avoir 14 ans et c'était un ami qui me prêtait le sien sur le parking du collège.

Me voilà donc sur les routes d'Indonésie, Eloa accrochée à moi. Le réservoir d'essence affiche une bonne moitiée, largement de quoi tenir la journée selon notre hôte.


Let's go !

Nous montons à un premier site d'intérêt à l'aide des coordonnées GPS, et nous nous arrêtons au bord de la route, intrigués par une bruyante cérémonie locale. Des locaux en robe longue pianotent sur un xylophone harmonieux pendant que d'autres secouent de grosses cloches qui elles, le sont moins.


Cérémonie de mariage hindoue

En finissant la route, nous découvrons que c'est un site de spa, certainement proposé par Kadek pour faire profiter ses amis. Mince, il est 9h du mat' et ça ne nous intéresse pas. On monte à un deuxième point, et c'est le cas de le dire, parce que ça grimpe ! Le moteur vrombit furieusement pendant que l'on gravit les cotes, zigzagant entre les nids de poule.

En garant le scooter sur le bas-coté feuillu, je me laisse surprendre par un trou et tombe, presque à l'arrêt. Le scooter couché, je galère à le relever mais deux locaux viennent de suite nous aider.

Ils sont assez intimidants : ils sont costauds, ne parlent pas anglais et surtout, un des gars a un fusil d'assaut en bandoulière. Ils nous font comprendre qu'ils vont chercher quelqu'un pour ''réparer la moto''. Alors qu'elle n'a rien du tout ! On refuse poliment puis l'on s'écarte d'eux au plus vite.

Quelques marches en bois nous séparent d'un point de vue donnant sur la jungle. Une fois en haut, c'est vraiment somptueux. Au loin, la mer s'étend à perte de vue. L'occasion de prendre quelques photos, avant de reprendre la route.

Green Cliff

Sauf que... l'indicateur d'essence signale qu'il est presque à sec ! On ouvre le réservoir, et l'on constate difficilement le niveau d'essence. Cependant, il semble tout de même rester bien plus qu'un fond ! Cela ne nous rassure pas, d'autant plus que nous croisons des policiers.

Et oui, ne le dites à personne, mais nous n'avons pas de permis international. Cela peut nous causer des ennuis si l'on se fait contrôler, ce qui est très fréquent avec les touristes. Nombreux sont les témoignages d'étrangers qui se font inventer des délits par des autorités peu vertueuses.

L'un dans l'autre, nous décidons qu'après 2 heures de scooter, nous allons rentrer profiter du beau temps en se baladant sur la plage.

Le chemin du retour est le théâtre de beaux paysages, entre rizières, couleurs vives et aussi, (surtout) énormément de chiens errants.

Driving back

Après avoir rendu les clés à Kadek, nous mangeons dans un Warung au bord de la plage. Les plats y sont goutûs, dans le même style de ceux des derniers jours. Riz, poulet, oeuf, et l'on fait varier les sauces. En dessert, de délicieux pancakes à la banane nous rappellent nos brunchs ''comme à la maison'', en Auvergne.


On poursuit notre balade sur la côte, en nous arrêtant sur une plage de sable noir. Le soleil commence à nous brûler, alors on trouve un maigre coin d'ombre où s'installer avant d'aller se rafraîchir. L'eau, remuante de sable, est à une température idéale, et nous sommes seulement accompagnés des araignées de mer et de quelques poissons.

C'est un moment un peu hors du temps que cette baignade, à jouer avec les vagues. Eloa alterne avec de la lecture, tandis que je m'amuse à perfectionner mon ''handstand''.

It's a peaceful life

Nous sommes rappelés à la réalité par le soleil qui fait rougir notre peau. Il faut rentrer, car en dépit de la crème, nous allons virer écrevisse.


Après une bonne douche qui nous débarrasse du sable, nous rejoignons un étal de massage balinais qui a réussi à nous alpaguer avec un tarif attrayant.

C'est le retour du rouleur compresseur de Medewi, qui cette fois, se donne à coeur joie sur mon dos avec la pointe de son coude passant entre chaque vertèbre. Elle insiste jusqu'à ce que tout craque avant de se mettre littéralement sur moi ; hugnnnf ! Je n'arrive presque pas à respirer. J'ai l'impression d'être sur un ring de catch où mon adversaire attend que je tape trois fois du plat de la main pour me rendre.

Je me demande si cette délicatesse est réservée aux hommes : la dame qui masse Eloa a l'air de tout bien faire en douceur. Eloa est d'ailleurs dans un autre monde que le mien, entre la masseuse et les moustiques.

Zzzzzzz

Au loin, le soleil couchant nous fait part de magnifiques couleurs rouges et violettes qui se reflètent dans la mer.

On choisit de manger au bord de celle-ci, dans le même warung que ce midi avec des nouilles aux légumes et du soja fermenté (tempeh). On rigole en voyant la cuistot sortir de sa cuisine pour lancer des pierres à un chien errant qui vient sans doute de commettre un larcin. C'est le même que celui qui nous a suivi durant longtemps !

On rentre enfin sous la pluie qui est revenue une fois le soleil parti. On se couche éreinté, demain, c'est l'heure de partir pour Ubud, la capitale culturelle de l'île.

Ça rend mieux en vrai !
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Ce matin, dernier levé devant la plage avant notre départ pour Ubud. Nous avons bien dormi, bien habitués au réveil intermédiaire du muezzin vers 5 heures du matin. L'inconvénient d'aujourd'hui, ce sont les coups de soleil qui mêlés aux piqûres de moustiques sont bien désagréables.

Une fois les ultimes pancakes dévorés, on prépare nos affaires avant de rejoindre notre chauffeur. Le temps de route prévu est selon lui d'environ 2 heures 30, et une fois n'est pas coutume, nous en mettrons presque le double.

La route à Bali est identique que dans Java, c'est bouché, étroit, et dangereux. La notion de distance de sécurité n'existe pas entre les véhicules (pas sûr que la notion seule de sécurité existe, ceci dit, vu que la ceinture incommode le confort de notre conducteur).

Cependant, nous arrivons à nous immerger dans la culture du pays en voyageant de cette manière. Au gré des ralentissements, nous pouvons observer les paysans s'activer dans les rizières, les warungs ambulants proposer des plats à même le sol...


Driving in Bali

Lorsque nous sommes à l'arrêt, des colporteurs de feu rouge viennent nous proposer nourriture et fleurs sacrées, que nous refusons poliment. Un clown passe même pour divertir petits et grands enfants, mais je trouve qu'il fait un peu peur.

Aled

Cela nous permet aussi d'observer les dizaines et les dizaines de cerfs volants qui s'agitent dans le ciel de Bali. C'est une véritable institution ici, tant pour célébrer la naissance des enfants, pour chasser les mauvais esprits ou encore pour célébrer Rare Angon, manifestation du dieu Shiva. Ça ne rend rien en photo, mais il y en a partout !

Lorsque la circulation se désemboue, il est curieux de voir que la cause est souvent une intersection très empruntée, où la voie où le plus de camions passent est celle qui devient prioritaire. Comme quoi, un bon vieux feu rouge de chez nous, ou un rond-point, ça a du bon.

Avant d'arriver, nous passons à côté de gigantesques rizières proche d'Ubud, où nous croisons beaucoup plus de touristes que d'Indonésiens. On distingue même une longue file d'attente pour accéder à un spot photo de balançoire, typique du coin. On réalise la chance que l'on a eu jusqu'ici, d'esquiver les foules.

Nous arrivons au bout de 4 heures et demi de route à notre logement : le Sacred Valley d'Ubud, situé à une vingtaine de kilomètres de la ville, en plein coeur de la forêt.

Les photos ne nous avaient pas mis de poudre aux yeux : on découvre dans le hall une merveilleuse piscine à débordement qui donne directement sur une jungle luxuriante, d'où sortent cris d'oiseaux et bruits de grillons.


Sacred Valley Ubud

Notre chambre est en elle-même magnifique, on va pouvoir se reposer ici avant de rentrer en France. Les trois personnes qui s'occupent à plein temps des 6 chambres de l'hôtel sont aux petits soins, nous sommes de vrais princes.

Are we princess and prince ?

Nous avons rendez-vous à 17h avec Édouard, un ami d'Eloa qui passe 6 semaines en Indonésie. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut croiser un ami d'enfance à 16 000 kilomètres de chez soi ! En l'attendant, on profite de la piscine et de son eau très fraîche, d'autant plus qu'ici, en plein dans les bois, la température a considérablement diminué. Finies, les étouffantes chaleurs de Malaisie !

Petit bout de paradis, non ?

Édouard arrive, c'est l'occasion pour nous de partager nos expériences respectives sur Java et Bali. Il nous fait part de ses activités et bons plans sur Ubud, dont nous prenons bonne note pour les prochains jours. C'est aussi pour nous le moment de renouer un contact agréable avec un compatriote.

Pendant que l'on discute, Jody, un des employés de l'établissement, s'affaire depuis plus de 3 heures pour dresser une table romantique à côté de la piscine. Du dessin au sol, à la pose de vraies fleurs, tout en passant par le montage des guirlandes, le couple qui va manger ici s'apprête à vivre un vrai dîner romantique ! C'est un peu kitsch mais attendrissant, on s'attend presque à applaudir pour une demande en mariage.

On a presque hésité à vous faire croire que c'était pour nous !

On passe un excellent dîner, le Nasi (riz) et Mie (nouilles) Goreng sont excellents avec de succulentes sauces sucrées.

La nuit tombée, on remercie Édouard d'être venu nous rendre visite et l'on rejoint nous aussi notre chambre pour se reposer. Les prochains jours, nous tâcherons de profiter au maximum pour rentrer en France avec le maximum de souvenirs, et le minimum de regrets.


Good night !

P.S : il n'y a - enfin - plus de muezzin ici, ouf !

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Publié le 6 juillet 2023

Malgré l'hôtel a priori on ne peut plus confortable, les murs sont en papier et l'on entend tout ce qu'il se passe à l'extérieur. Nature oblige, nous sommes à côté d'immenses forêts de bambous qui sont exploitées à la machette. Les nombreux coups de couteau font le même bruit qu'une de ces frites colorées qu'on claquerait dans une piscine.

Le petit déjeuner servi à l'hôtel est logiquement hors de prix : perdus dans la jungle, aucun restaurant n'est à proximité. C'est plus joli que bon, mais ça a le mérite de nous faire un solide repas pour la journée.

Mais c'est bien joli tout de même !

Et quelle journée ! Aujourd'hui, nous re-louons un scooter pour vaquer librement autour d'Ubud. On verra où le vent nous portera. Déjà, le scooter est bien plus maniable et puissant que le précédent. Je me surprends même à zigzaguer entre les voitures, ça y est, la conduite est plus assurée !

C'est marrant en vrai le scoot !

On a repéré une activité de rafting dans la rivière Ayung, la plus grande de Bali, longue de 70 kilomètres. C'est pas trop cher, et ça nous permettra d'observer la flore et les cascades depuis en-bas.

Après nous être équipés d'un casque et d'un gilet de sauvetage, on part en voiture jusqu'à une sorte de ferme où nous attendent des centaines de marches descendantes. Au bout d'un petit quart d'heure de marche, nous rejoignons le lit agité de la rivière. Nous allons faire notre expérience avec un guide local et un sympathique couple d'Australiens.

Rafting Time !

Notre guide nous motive à grand coups de ''Ooh, Ahh, Ouhh'' pour que l'on rame de concert. À l'approche des rapides, on lève les pagaies et on s'accroche aux cordages du bateau gonflable. Nous ne sommes pas tout seuls, d'autres bateaux de différentes entreprises de rafting nous accompagnent et l'on s'éclabousse entre nous. Le guide a bien raison : ''no wet, no funny" !

On s'arrête sous une cascade haute d'une trentaine de mètres où l'on prend une photo. Sous cette dernière, c'est un ''free massage" ! La puissance du jet est impressionnante.

On dirait pas mais on prend déjà cher !

Sur un kilomètre de la rivière, des paysans ont creusé la pierre pour y dessiner les divinités hindouistes et les représentations de la vie quotidienne. La précision de sculptures parfois centenaires est folle.

Pas très représentatif de la beauté des sculptures mais eau oblige, je n'ai rien d'autre !

À mi-chemin, on s'arrête pour une pause où l'on se voit proposer gâteaux apéros et Bintang, la bière locale. Il s'agit de la boisson alcoolisée la plus consommée en Indonésie, vestige de la colonisation néerlandaise !

C'est fou le business qu'est fait tout du long de l'expérience : des rabatteurs aux marchands de victuailles, en passant par les photographes perchés dans les arbres... Rien n'a été oublié !

On poursuit notre descente de la rivière en passant sous des ponts abandonnés et des dizaines de lianes tombantes qui ont été coupées pour faciliter notre passage. La nature a colonisé tout ce qu'elle a pu. Le guide fait claquer sa pagaie sur l'eau, soi-disant pour assommer un crocodile. S'ils ne sont pas du tout présents dans l'île, c'est par contre le cas de nombreux serpents dont le guide nous demande de nous méfier lors de nos marches.

On finit complètement trempé, mais ce fut une super activité ! Pour rendre leur offre plus attractive, l'entreprise propose à la fin des 2 heures un buffet à volonté de riz, poulet et tempeh au curry. Ça a beau être fait en grande quantité, c'est très bon et l'on mange en plus à côté de paysans travaillant dans les rizières.

Alexis photography ©

On reprend notre scooter, direction les hauteurs d'Ubud pour essayer d'y trouver les balançoires de Bali, quelque chose que l'on croyait typique mais en vérité très récent. On croise une maison floquée d'affiches ''Bali Swings'', mince, tout est payant. Nous qui pensions trouver des balançoires en libre-service en guise de récompense en haut d'une rizière, c'est bien naïf. Et puis c'est très onéreux, l'affaire (70 euros, et uniquement Eloa a le droit d'aller sur les balançoires !).

On s'en va alors, déçu, avant de remettre les pieds dans un autre endroit ''My Balinese Swing'' avec moins de publicité, immensément grand et où nous nous retrouvons seuls. Après une petite négociation, on se retrouve à payer une vingtaine d'euros pour tous les deux, mais en plus, ils louent une robe de princesse à Eloa pour prendre des photos toujours plus clichées. Quitte à faire les touristes, autant le faire jusqu'au bout. Après tout, ce n'est probablement qu'une fois dans notre vie !

Une fois la robe enfilée pour Eloa, tirée à 4 épingles (au sens propre comme au figuré) on se dirige vers les différentes balançoires. Là, nous sommes suivis par un ''assistant photo'' et un pousseur qui nous harnache avant de lancer la chaise volante. Le gars qui prend les photos est un vrai professionnel, il nous guide sur les postures et surtout, il nous détend ! Parce qu'on est de loin d'être des habitués du shooting...

On doit avoir 100 photos et certaines bien clichées qu'on se gardera bien de montrer !

Somme toute, c'est une excellente surprise, en plus d'avoir de jolies photos bien stéréotypées comme il faut, on a beaucoup rigolé. De surcroît, s'envoler à plusieurs mètres au dessus des rizières donne droit à un petit shot d'adrénaline.

Enfourchant à nouveau notre cheval à moteur, nous prenons la direction du centre-ville d'Ubud et de son marché. L'occasion pour Eloa de s'offrir un nouveau sac à dos : la fermeture éclair du sien a lâché entre deux trajets. J'essaye aussi de trouver une petite sculpture de Ganesh, la divinité hindoue à tête d'éléphant, largement vénérée ici. Eloa aura réussi ses emplettes mais pas moi, peu inspiré par les statuettes qui ont été grossièrement taillées. Marchant dans les rues éclairées par les étals, nous découvrons aussi la spécialité d'Ubud, les sculptures sur bois.

On vous laisse trouver l'erreur dans les sculptures en bois...

Nous rejoignons ensuite le palais d'Ubud où se tient tous les soirs un spectacle de danses traditionnelles balinaises, appelées Legong & Barong. Après une demi-heure d'attente en compagnie de touristes du monde entier (mais on entend que les Français...), le spectacle débute. C'est une véritable bouillie musicale de cloches et de xylophones, au rythme d'un petit tambour. On voit débarquer dans la cacophonie auditive des dames vêtues de magnifiques costumes qui dansent de manière hachée en faisant des gestes de mains et des doigts.

Legong & Barong

Au bout d'un quart d'heure, nous sommes un peu incrédules : une feuille distribuée a beau nous expliquer l'histoire, nous n'avons manifestement pas les outils artistiques pour comprendre. Une demi-heure plus tard, c'est un croisement entre un cheval et un bison dansé par deux personnes sous un costume à froufrous qui fait son apparition, en claquant d'un bec de bois. S'ensuit des singes, deux guerriers aux sourcils protubérants puis un défilé de ces mêmes dames aux mouvements saccadés. Au bout de l'heure de spectacle, on se dit que ceux qui ont chorégraphié ça ont peut-être un peu trop forcé sur la Bintang.

C'est folklorique !

Vers 21 heures, on trouve un petit restaurant proche du palais où manger rapidement une salade et un Nasi Goreng avant de rentrer. Il nous reste encore trois quarts d'heure de scooter pour rentrer, de nuit cette fois. On frôle l'accident lors d'un refus de priorité d'un habitant à moto (la priorité existe-t-elle bien pour autant ?) puis l'on se faufile hors d'Ubud et ses embouteillages nocturnes. Nous devons faire vite : le téléphone d'Eloa qui nous sert de GPS n'a bientôt plus de batterie. Pour couronner le tout, il commence d'abord à pleuvoir un peu, puis de plus en plus fort. L'eau fouette le casque et lacère les yeux, il devient compliqué de les maintenir ouverts. Heureusement, la pluie a le bienfait de faire rester à l'abri les centaines de chiens errants, qui habituellement choisissent les pires timings pour traverser la route. Nous arrivons bel et bien à destination, aussi trempés qu'après le rafting mais cette fois-ci avec nos vêtements sur nous. Mais après tout, si l'on reprend l'adage de notre guide pendant l'activité : ''no wet, no funny'' !

Faster Alex, faster !

Sur les coups de 23 heures, on se couche en programmant le réveil pour... Bientôt. En effet, l'écran affiche qu'il ne nous reste plus que trois petites heures de sommeil car nous avons décidé de nous lever en pleine nuit afin de gravir le volcan Batur et d'arriver pour le lever du soleil.

19

Le réveil à 1 heure 45 du matin est, comme on peut s'y attendre, difficile. Je suis en train de me lever à l'heure où d'habitude je me couche, quelle horreur.

Nous avions eu la judicieuse idée de prendre à emporter un Nasi Goreng (du riz aux oeufs, poulet et soja, pour ceux qui ont oublié) depuis Ubud, ce qui nous permet d'avoir quelque chose dans le ventre avant de partir. Nous devons attendre notre voiture à 2h du matin devant l'hôtel. Au dehors, c'est bien calme, on entend le sifflement du vent dans les feuilles et... Un chien qui se met à nous aboyer dessus.

Il n'arrête pas et réveille celui qui est sans doute son propriétaire, qui vient à notre rencontre. Il s'agit de Leon, le gérant de l'hôtel. En pyjama, il s'enquiert de savoir qui nous sommes avant de comprendre que nous attendons une navette. Il décide de rester avec nous, et nous parlons pendant 45 minutes de Bali... Il nous explique que l'île est en perpétuelle évolution. Elle s'adapte au tourisme grandissant chaque année, développant toujours plus d'activités pour ses visiteurs. Ici, à l'inverse de Java qui possède des mines, de l'agriculture, tout est pensé pour le tourisme. Cela créé des problèmes à bien des égards, comme au niveau de la loi, car des accidents ont eu lieu sur des activités qui n'étaient pas réglementées (car nouvelles). Comme bien souvent, les incidents ont fait jurisprudence - comme par exemple, un accident mortel sur les balançoires que l'on avait fait la veille !

Heureusement que Leon est venu discuter, sans lui, le temps d'attente aurait été bien long. Encore une fois, notre chauffeur honore le délai à la balinaise.


En route !

Nous montons dans un van partagé avec un couple de Belges. Au bout d'un petit quart d'heure de route, nous faisons un arrêt dans un campement proche du mont Batur. L'étape consiste à boire un café et manger une crêpe, mais surtout payer notre voyage et le droit d'entrée sur le mont Batur. Nous sommes séparés de nos nouveaux amis belges : évidemment, ils ne veulent pas que l'on communique combien chacun a payé. Après avoir réglé notre dette, nous remontons à bord du van qui compte maintenant en plus un couple d'Allemands.

Nous mettons pied à terre au niveau de la base du mont Batur, dont le sommet culmine à 1717 mètres. Nous avons 800 mètres de dénivelé à gravir en une randonnée d'environ 3 kilomètres. Ça va grimper, donc.

En sortant de la voiture, on rencontre notre guide, Budi, qui va mener notre petit groupe d'européens de l'ouest en haut du volcan. Il est environ 4h10, le but est d'arriver avant 6h du matin, heure a laquelle le soleil se lève.

Sur le papier, rien d'insurmontable, 2 petites heures pour faire 3 kilomètres, aussi pentus soient-ils, cela me semble largement à notre portée. Et pourtant... Dès la sortie du parking, nous prenons conscience de l'ampleur du succès de cette ascension. Des hordes de touristes, lampe frontale attachée, marchent d'un pas décidé vers le sentier.

Nous sommes touristes et nous sommes légions

Dès les premières difficultés de la montée, au bout de dix minutes de marche, les embouteillages se font déjà sentir. Le chemin est étroit, glissant, et ne laisse pas la place au dépassement. Nous faisons un pas après l'autre, mètre après mètre selon l'avancement de notre voisin de devant.

Au loin, on distingue toute une procession de lampes torches dans la nuit, laissant deviner ce qu'il reste encore à gravir. Le nombre de personnes voulant monter un volcan en tongs ou en Crocs est bien trop important.

Notre guide nous fait prendre un raccourci plus pentu pour gagner du temps, mais là encore, nous sommes limités par l'avancement d'autres groupes.

Le fond de l'air est frais, et malgré le rythme de marche lent, on devient vite trempé avec l'humidité. Ce n'est définitivement pas agréable de progresser si lentement car le chemin pentu oblige à prendre des appuis instables sur lesquels nous devons tenir en équilibre, le temps qu'enfin, ça avance.

Au bout d'une heure et quart, une hutte nous propose Bintangs et gâteaux. Je l'ai pris pour l'arrivée, mais la piste suit son cours. Nous avons perdus en route une Allemande ; il faut tout de même une condition physique correcte pour monter. Le guide est resté avec elle, mais impossible de se tromper de chemin, il suffit de suivre les lampes torches. On se suit religieusement à la manière de chenilles processionnaires.

Le dernier quart d'heure s'effectue dans le brouillard complet, avant de discerner dans la nuit les premiers reflets du soleil qui commencent à envoyer des couleurs.

Vite, il faut atteindre le sommet. Les gens se perdent à regarder la nuit qui commence à laisser sa place, alors qu'il faut avancer, nous ne sommes plus très loin ! Je plaide coupable de leur avoir envoyé dans les yeux quelques reflets de lampe torche pour les remobiliser.

Sur les coups de 5h50, nous sommes enfin au sommet. On se pose avec le couple de Belges sur un petit monticule de terre, et on apprécie le spectacle.


C'était très beau, je dois avouer

À l'horizon, le soleil se lève sur une mer de nuages. Avant de distinguer le premier croissant, ce sont les lumières bleues d'abord foncées, puis claires, qui font leur apparition. L'orange arrive plus tard, suivi du rouge. La mer se dissipe, laissant apparaître les loupiotes des villages que l'on domine. Le mont Agung, haut de 3000 mètres, nous surplombe de face.

C'est l'heure de prendre des photos, évidemment.

Print !

C'est aussi l'heure de mettre un pull, parce que les premiers tissus sont trempés et il fait bien froid là-haut. Je regrette peut-être un peu le short.

À côté de nous, un Espagnol a amené une guitare et joue une mélodie sympathique. D'autres étrangers l'accompagnent en chantant.

L'ambiance est chaleureuse, nous sommes certainement tous heureux de s'être levés pour la toile de maître qui se dessine devant nous.

Pour ma part, je n'arrive pas à apprécier autant que je l'aimerais le lever du soleil : je suis nauséeux à cause de la fatigue. Eloa a l'air en forme, je suis content de partager le moment avec elle.

Budi nous rejoint avec l'Allemande que nous avions perdu plus tôt, une fois le soleil déjà un peu levé. Il nous apporte ensuite un petit déjeuner bienvenu : un sandwich à la banane et un oeuf dur.

Particularité de cet œuf : il a été cuit à la vapeur du volcan !

Nous marquons une pause dans notre contemplation, en l'espace de quelques secondes, on ne voit plus rien : un épais brouillard est venu obstruer le champ de vision.

L'occasion de discuter avec notre guide : cela fait 1 an qu'il monte puis descend le mont Batur avec des touristes, tous les jours. Il connaît quelques mots de français, appris au gré de ses rencontres.

Le brouillard cesse. Nous pouvons distinguer de l'autre côté de notre point de vue sur le lever du soleil, l'intérieur du cratère sur lequel nous sommes. Encore en activité, d'épaisses fumées sortent de différents points, le rendant difficile à photographier.

Le cratère du mont Batur

On amorce la descente, et c'est le moment pour moi de débrancher mon cerveau et de passer en pilotage automatique. Je me contente de suivre la personne devant moi, et j'essaie d'ignorer mon ventre qui me crie de laisser les choses qu'il contient sortir.

Un instant d'inattention, et CRAC, j'ai laissé ma cheville droite sur un caillou. Pas le temps d'avoir mal : je serre très fort la chaussure, et les dents par la suite. Il reste trente minutes de marche, il va falloir tenir comme cela. Budi propose son aide, mais ça ira. Je boîte mais on rejoint notre chauffeur garé sur le parking. Dans la voiture, je ferme les yeux et c'est ma tête heurtant les parois de la voiture qui me réveille. Au bout de quelques sommeils incessamment interrompus, nous regagnons l'hôtel et notre chambre. Une douche, et nous nous reposons pendant 3 petites heures.

Tous les deux, on tombe de fatigue. C'était une expérience à faire que cette ascension. Si c'était à refaire, je ne le referais pas avec plaisir, mais je la referai quand même. Ça valait le coup.

Dédicace aux potes belges Juliette et Lucien avec qui c'était sympa de monter !

Vers 14 heures, on déguste au restaurant de l'hôtel des ''spaghettis à la sauce tomate et au poulet'', quelque chose d'européen pour être sûr d'avoir le ventre tranquille.

Une erreur que d'avoir commandé ce plat. À la vue et au goût de la sauce orange vif, le cuistot ne sait sans doute pas à quoi ressemble une tomate. Dans l'après-midi, je profite de mon état apathique, comme en lendemain de soirée, pour relater la journée précédente pendant qu'Eloa bouquine au bord de la piscine.

Nous sommes rapidement rattrapés par la pluie qui nous rapatrie de force dans notre chambre.

Tiraillés par la faim quelques heures plus tard, on se revient au restaurant mais cette fois, on mange indonésien ! Des pluies diluviennes accompagnent notre repas. En regagnant notre chambre, nous avons le droit à une douche avant l'heure.

Cette fois, plus d'erreur, en Indonésie on mange indonésien

Un épisode de Witcher, et au lit ! On aura sacrifié la journée d'aujourd'hui pour avoir vécu la nuit dernière. On espère passer une nuit reposante pour demain finir de visiter Ubud. Il faut, car l'heure de rentrer approche et nous ne voulons pas partir avec un sentiment d'inachevé.

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Publié le 8 juillet 2023

Le réveil se fait comme on s'est couché : en entendant les trombes d'eau se déverser sur le toit et la terrasse.

Cette fois, nous avons choisi un restaurant réputé pour ses petits déjeuners dans Ubud, alors nous re-louons le même scooter que deux jours auparavant pour faire le trajet.

On profite d'une éclaircie pour prendre la route, qui n'est malheureusement que de très courte durée. D'abord de fines gouttes, puis de plus en plus grosses s'abattent sur notre casque et nos habits.

On the (wet) road again

Nos K-WAYs n'ont jamais été aussi utiles qu'aujourd'hui. Mais quelques minutes plus tard, des torrents se sont formés sur la route et les voitures n'avancent plus. On zigzague dans les embouteillages, mais pas entre les gouttes de pluie. Une voiture passe et nous éclabousse jusqu'à la taille : nous sommes trempés jusqu'aux sous-vêtements.

En devant poser pied à terre, l'eau qui arrive au niveau de mon tibia ne me laisse plus qu'une grosse éponge en guise de chaussure. Alors qu'il y a deux jours, je prenais enfin bien en main la conduite, aujourd'hui c'est le niveau difficile !

C'est donc cela la saison sèche

C'est l'épreuve du feu (ou de l'eau, lol !) pour notre sac qui prend des litres et des litres sur lui. À l'intérieur, nos passeports, portefeuille, vêtements de rechange... Pendant cinq bonnes minutes, on n'arrive pas à avancer et on décide de se mettre dans un abri relatif. Évidemment, c'est le moment pour que la circulation se débloque à nouveau.

Quelques instants plus tard, on reprend la route puis l'on trouve la raison des bouchons devant nous : avec la force de l'eau, un morceau de route s'est soulevé et les voitures ne peuvent plus passer que par une voie. Sacrée expérience.

Après une grosse heure de route, on arrive à notre destination, le restaurant Soul Bites au sud d'Ubud. On se demande s'ils vont bien nous accepter ; chacun de nos pas laisse une trace d'eau et l'on peut essorer nos vêtements. Heureusement, nous n'avons pas fait le trajet pour rien. Ils veulent bien de nous à condition qu'on laisse nos vêtements les plus trempés dehors. L'occasion pour nous de sécher un peu en dégustant un bon brunch entre les mets européens et les fruits locaux.


Yum !

On laisse notre scooter ici et l'on va se balader un peu dans la ville. L'occasion d'acheter deux-trois cadeaux et souvenirs de l'île. Après chaque vente, le marchand prend les billets et s'empresse de les frotter à tous ses bibelots, comme pour leur souhaiter qu'ils lui fassent fortune.

La ville regorge de petits édifices religieux où les locaux déposent des fleurs de frangipanier, de la nourriture, et même des cigarettes en guise d'offrande au dieu Shiva.

Une des offrandes (prise lors du rafting, mais elles sont partout !)

Ensuite, on se dirige vers l'un des plus gros temples de la ville, derrière son marché d'art, le Pura Taman Kemuda Saraswati, un temple de l'eau hindou. Quel meilleur jour que de visiter le temple de l'eau aujourd'hui !

Son accès intérieur n'est pas autorisé : on reste donc devant le temps de prendre quelques photos.

Pura Taman Kemuda Saraswati

Deux heures et demi plus tard, on se rend compte que notre repas ne nous a pas vraiment repus. Direction un warung caché derrière des boutiques nommé In Da Garden, une vraie pépite qui nous fera un plat complet fort goûtu accompagné de Dadar Gulung, ces crêpes vertes à la noix de coco et au sucre de palme que l'on avait découvertes chez Kadek, sur Medewi Beach.

Entre-temps, nous avons appris que sa couleur vient d'une plante, la Pandanus, qui est incorporée lors de la préparation de la pâte.

Still hungry !

On décide d'en prendre à emporter pour le petit déjeuner de demain.

Cette fois vraiment repus, nous décidons de reprendre le scooter vers la forêt des singes d'Ubud, où vivent de très nombreux macaques en liberté. Il n'est d'ailleurs pas rare dans la ville de croiser des panneaux indiquant de faire attention aux familles de primates traversant la route. Nous avions noté le magasin devant lequel on s'est garé, mais une fois arrivé, aucune trace du véhicule. Mince ! On patrouille dans la rue au cas où il aurait été bougé de place, mais aucune trace de celui-ci. En plus, on n'arrête pas de le confondre car des Hondas Scoopy comme le nôtre, il y en a partout. On regarde un panneau, il y a une interdiction de stationner plus d'un quart d'heure et ça fait déjà plusieurs heures qu'on l'a laissé en place... On s'active un peu plus et au final, on le retrouve quelques centaines de mètres plus loin, devant le bon magasin nommé de manière identique à celui devant lequel on se tenait ! De belles sueurs froides, on s'imaginait déjà avec la fourrière indonésienne, à récupérer un scooter qui n'est même pas le nôtre...

Direction la forêt des singes qui a finalement déjà fermé. À peine le temps de rentrer sur le parking que nous apercevons quelques macaques, c'est une façon de boucler la boucle après en avoir vu des dizaines en arrivant de France, à Kuala Lumpur. La nuit commençant à tomber et la pluie à s'intensifier de nouveau, on décide de prendre le chemin du retour.

C'est reparti !

On s'arrête dans un Indomarket (épiceries locales qu'on trouve tous les kilomètres) avec pour but d'acheter de quoi faire un petit déjeuner mais même là, le cashier nous fait un tourist price qu'il refuse de baisser. Tant pis, on rentre donc bredouille, sous le déluge. On cale un arrêt aux rizières devant nôtre hôtel, qu'on avait prévu de visiter mais qu'on ne fera finalement pas à cause du temps. Elles sont tout de même bien photogéniques, même sous la pluie.

Wet print

C'est déjà l'heure de packer nos affaires, et d'essayer de faire sécher celles d'aujourd'hui. Avant de se coucher, on déguste un burger commandé dans la chambre, écoutant la pluie depuis la terrasse. Décidément, on ne sait pas trop si on aura eu une faim de loup aujourd'hui, ou si les portions sont à chaque fois un peu faibles. Après un ultime épisode du Witcher, on se couche pour une dernière nuit à Bali, demain, c'est déjà l'heure de rentrer.

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Publié le 9 juillet 2023

J'ouvre les yeux vers 8 heures, avant que le réveille ne sonne, c'est sans doute la dernière fois que cela arrive avant la reprise... Je me tourne à ma droite, Eloa est déjà levée, à profiter de la forêt depuis la terrasse. Elle est réveillée depuis deux heures, alors toutes ses affaires sont déjà prêtes. Presque tous les Dadar Gulung emportés hier y sont passés, d'ailleurs.

Dernière vue sur la jungle

On rejoint le restaurant pour y prendre un dernier petit déjeuner de fruits, de bacon et d'oeufs avec la jolie vue sur la terrasse. La pluie s'est enfin estompée, dommage, nous partons.

Dernier petit déjeuner et puis s'en va

Nous mettons les voiles à 10 heures du matin, avec un chauffeur réservé via l'hôtel. C'est relativement cher, mais encore une fois, on n'a pas le choix. On met les pieds dans une van entièrement recouvert de fourrure et de cuir rouge, qui aurait plus eu vocation à finir dans un bordel que dans une voiture.

Eurk

Avec un avion prévu pour 17 heures, nous avons prévu large, mais notre expérience de la circulation locale nous commande. Et nous avons bien fait, pour un trajet annoncé en 90 minutes, nous en avons encore une fois mis le double... Il faut dire que dès qu'il s'agit de ne pas payer un péage, les chauffeurs sont volontaires pour prendre les chemins de traverse. Au vu du prix de l'essence ici (60 centimes le litre), on peut les comprendre. On cale un arrêt dans un magasin où l'on coule du verre sur du bois, ce qui lui donne une forme unique parfaitement adapté à son réceptacle. Cela nous fera un souvenir.

Dernières emplettes

Arrivés à l'aéroport, on a déjà faim : un burger plus tard, on s'enregistre et on dépose nos gros sacs. Le trajet que l'on s'apprête à faire relie Denpasar à Bangkok, puis Istanbul, et enfin Lyon. Le premier vol s'effectue avec Thaï Airlines, tandis que les deux derniers, comme à l'aller, avec Turkish. Surprenant : on s'attendait à devoir récupérer nos bagages lors du changement de compagnie, mais on nous apprend qu'ils iront à Lyon directement en suivant nos avions.

À partir de maintenant, nous sommes partis pour environ 30 heures de transit. Ça va être long. On s'arme de patience en téléchargeant films et séries, et Eloa garde la liseuse.


Allez, on prie très fort pour que les bagages arrivent bien à Lyon !

Le premier vol de quatre heures s'effectue sans trop d'encombres, c'est l'occasion pour moi de regarder le premier film du voyage : La chute du faucon noir, un film de guerre sur l'intervention américaine en Somalie. Chaque passage où un hélicoptère se fait descendre est accompagné de grosses turbulences dans l'avion, ce qui ne me rassure pas vraiment. Il faut dire que je ne suis pas spécialement à l'aise dans les airs, je me sens mieux une fois que mes pieds touchent de la terre bien ferme. Et pas le plancher d'un coucou vacillant dès qu'il croise un nuage.

Une fois arrivés à Bangkok, nous découvrons un aéroport gigantesque, très bien organisé. Alors que nous ne rentrons même pas dans le pays, la sécurité est exigeante : c'est la première fois que je dois enlever chaussures et chaussettes pour passer un portique de sécurité.

Eloa est prise d'une envie de glace et moi, de poulet frit. Deux salles, deux ambiances. On arrive à trouver ce qui nous fait plaisir avant d'embarquer dans le prochain avion qui va survoler l'équivalent de 8000 kilomètres en 10 heures. Deuxième film de la soirée : The Impossible, qui relate l'histoire vraie d'une famille d'occidentaux en vacances en Thaïlande lorsqu'un violent tsunami frappe le pays. Comme nous décollons de Bangkok et qu'on vient de passer plusieurs semaines en Asie du sud-est, les images résonnent particulièrement bien. Excellent film, en définitive.

Mais il reste encore 8 heures pour arriver à Istanbul, alors c'est l'heure d'un somme.

Quel enfer que de dormir assis... J'ai l'impression que cela fait déjà six heures que j'essaie de m'endormir, alors qu'en ouvrant les yeux, seulement une seule s'est écoulée... Ça va être long. À côté de moi, Eloa se tortille aussi pour essayer de trouver une position confortable.

On ne change pas une équipe qui gagne !

Au bout du compte, j'aurai réussi à dormir quatre heures.

L'aéroport d'Istanbul est également colossal, et à 4 heures du matin - heure locale - il ressemble à un boulevard agité d'une grande cité moderne. Les immenses panneaux publicitaires ''DUTY FREE'' ornent les murs, et je craque non pas pour la dernière montre HUBLOT, mais pour de la poudre de thé turque à la pomme. Si déjà nous faisons escale, autant en profiter.

Le plus dur, c'est de réembarquer pour un autre avion, cette fois-ci à destination de Lyon. Allez, ce sont les trois dernières heures...

En transit

Je regarde un ultime film : Argo, qui parle de l'exfiltration de 6 américains depuis l'Iran, dans un contexte de crise. Alors que Ben Affleck y joue son meilleur rôle, Eloa termine sa nuit sur mon épaule.

Zzz

Alors qu'il reste deux petites heures, j'ai terminé le film et je commence à éplucher tous les petits jeux disponibles sur la tablette tactile. Et bon dieu qu'ils sont stupides. C'est de la contrefaçon de jeux mobiles qui ont fonctionné par le passé : flappy bird, doodle jump, angry birds... mais codés avec les pieds, un soir de pleine lune avec plusieurs verres dans le nez.

En levant le mien, j'aperçois par la fenêtre les Alpes dont les reliefs se dessinent jusqu'au loin.

Ça y est, on survole la France. Et que ça fait du bien, d'atterrir sur le sol français. Je suis presque heureux d'entendre les gens râler. On retrouve bien nos deux sacs qui ont voyagé en soute depuis Denpasar, puis l'on remplit nos gourdes. On se rend un peu compte qu'ici, on a de la chance car l'eau du robinet est potable.

Deux petites heures de voiture pour rentrer jusqu'à Clermont-Ferrand, dont la dernière demi-heure nous a semblé interminable, puis l'on franchit enfin le pas de la porte. Enfin, home sweet home.

Évidemment, c'est aussi l'heure du coup de blues : demain, il faudra réapprendre à se lever pour aller au travail.

En faisant le bilan de notre périple, on en aura vu et vécu, des aventures. Des macaques de Kuala Lumpur aux trombes d'eau d'Ubud, en passant par les temples de Yogyakarta aux ascensions de volcans de Java... Petite pensée à Wonokitri et à la femme de Dedy, au Jazzi Homestay où ce fut l'enfer jusqu'au petit paradis de la plage de Medewi...

Quel étrange sentiment que celui de s'être levé dans un pays, à l'autre bout du monde, et de se coucher chez soi, dans le Puy de Dôme. L'heure n'est pas encore au bilan du voyage, car je me sens bien trop éreinté pour le faire, ce sera pour plus tard.

Un grand merci d'avoir suivi nos péripéties, ça va faire bizarre de ne plus prendre le temps de vous raconter la journée qui vient de s'écouler. Le but était d'abord de garder une trace au jour le jour, de nos sentiments, de nos surprises, de nos déconvenues... et puis de vous faire voyager un peu avec nous, quelque part.

Je finis ces quelques lignes par une jolie phrase d'Eloa qui, pour me réconforter, me dit :

- Il faut bien rentrer, pour repartir !