Carnet de voyage

Oùkonva 2 - Arménie - Sri Lanka

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Suivez Eloa & Alexis, de l'Arménie au Sri Lanka !
Juillet 2024
22 jours
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Publié le 14 juillet 2024

Ça y est, c'est l'heure de repartir !

Nous nous dirigeons vers l'Arménie avec Eloa pour une petite semaine avant de mettre le cap sur le Sri Lanka pour y rejoindre sa famille.

Départ nocturne de Lyon Saint-Exupéry grâce à nos hôtes Varaxois, chez qui nous avons été bien choyés.

Dans la file de l'embarquement, je dois dire qu'on détonne. Pourtant, beaucoup parlent français entre eux, mais il est évident que les touristes sont largement minoritaires en rapport avec les Arméniens qui reviennent au pays pour les vacances. Pas étonnant, on compte une diaspora nombreuse de plus de 750 000 habitants dans l'hexagone.

Lever de soleil depuis Lyon jusque dans les airs

Le vol se passe très bien, on atterrit à quelques kilomètres de la capitale avant de récupérer la voiture. Pas de pneu crevé comme à Lanzarote, par contre, après les premiers mètres au volant, pas de direction assistée ! Cette bonne Renault Logan des années 2000 fait très bien l'affaire, mais ça va faire les bras.

Le(s) bolide(s)

On se dirige vers la capitale, avec l'objectif de visiter un peu la ville avant de s'en écarter immédiatement.

La conduite est quelque peu sportive, et surtout, il y a des trous partout ! Enfin des trous, c'est plutôt des semis abymes qu'ils ont parfois tentés de réduire en y mettant quelques pierres.

On atteint Yerevan sans encombre, et l'on se gare à deux pas du Vernissage Market, un bazar artisanal exposant les œuvres des Arméniens à la façon d'un marché aux puces géant.

Vernissage Market

Tantôt des tapisseries, tantôt des couteaux, et surtout, pléthore de jeux d'échecs en bois. Les locaux sont effectivement très friands de la discipline, ils en ont même fait une matière scolaire. C'est dire.

Jeu d'échecs arménien

Il faut souligner que l'air est chaud mais sec, ce qui rend la marche agréable.

Après avoir quitté le marché, nous nous dirigeons vers le Cafesjian Center of the Arts, dont les jardins et statues sont célèbres localement.

Sur le chemin, l'architecture est épurée et moderne sur la rue principale, mais dès que l'on s'en écarte, on tombe sur des immeubles sortis tout droit de l'URSS des années 50.

Deux salles, deux ambiances

Nous traversons le square Aznavour, on ne dira jamais assez que l'artiste Franco-Arménien a largement contribué au développement de la culture tricolore au sein du Petit Caucase.

Une fois arrivés, nous prenons quelques photos mais la visite du musée d'art ne nous tente pas.

Cafesjian Center of the Arts

Une glace est la bienvenue sous les 34°C et la chaleur réfléchissante du béton. La fatigue commence à se faire sentir, alors nous rebroussons chemin avant de prendre la direction de Garni où se trouve notre chambre d'hôtes.

Garni se situe à 1400 mètres d'altitude, et la route nous laisse entrevoir le relief montagneux dont le pays est largement composé. Les Arméniens n'hésitent pas, sur la route, à s'arrêter en plein milieu pour faire une course. Les gens doublent en klaxonnant pour se signaler. La voie se transforme rapidement en un joyeux chaos où le zigzag entre les trous rend la chose... pittoresque, ce qui ne manque pas de faire rire Eloa. L'Arménie est sans doute un solide entraînement avant la conduite au Sri Lanka !

En quittant Yerevan

Arrivés sans encombre au gîte (NorDar de son nom), le lieu nous apparaît immédiatement comme reposant. La vue est imprenable sur les montagnes et la piscine à débordement rend l'ensemble somptueux.

Pas mal, n'est-ce pas ? C'est Arménien

Le check-in est tout en détente, le propriétaire nous accueille en nous montrant notre chambre avant que ne suive un dialogue lunaire : on lui demande jusqu'à quand peut-on petit déjeuner ou dîner, ce à quoi il nous répond qu'il s'en fiche, on vient quand on veut.

Pour l'accès à la piscine : ''24h/24, faites ce qu'il vous plaît !". Instructions reçues.

On prend donc un temps à la piscine avant d'aller dîner. Évidemment, les prix sont 4 fois inférieurs à la France, mais surtout, les quantités sont astronomiques. Le repas est gargantuesque. On goûte en entrée des fromages locaux, qui sont extrêmement salés, puis les plats à base de Lavash (comprenez un pain pita à la façon du coin) et de viande de bœuf et d'agneau.

Gogsha & Hats

Les quelques locaux nous regardent, sans doute intrigués par le challenge que représentent ces plats pour nous. Je le prends personnellement, et me force à tout engloutir en dépit des signaux de détresse que m'envoie mon estomac. C'est délicieux, mais c'est beaucoup trop.

Eloa termine un tiers de son assiette : nous embarquons le reste, cela nous fera un repas pour deux demain. Nous essayons de les remercier en Arménien (Chenorhagaloutioun), mais la prononciation n'est pas au rendez-vous. On peut aussi dire ''Mersi'', qu'ils se sont appropriés grâce à Aznavour. Merci Charles !

On regagne notre chambre sous les coups de 22 heures, le sommeil nous appelle vivement et nous y répondons sans tarder.

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Aujourd'hui fut une journée disons... Épicurienne !

Après un réveil vers 10h (12 heures de sommeil, des pandas on vous dit !), nous prenons place face aux montagnes de la veille où nous attendent déjà assiettes et couverts. Karan, notre hôte, vient aussitôt nous demander si nous préférons thé ou café avant que ne soient amenée une cohorte de plats : œufs brouillés, croissants, cookies aux amandes, saucisses, pain, fromage, yaourt, gâteau au sucre... C'est sans fin !

"Petit" Déjeuner

Mais c'est délicieux, et c'est repus que nous gagnons les abords de la piscine pour un peu de lecture pour Eloa et un peu d'écriture pour moi.

Après 13 heures, des amis de Karan nous invitent à la terasse déguster des spécialités au barbecue : de la viande grillée attend, accompagnée de légumes sur lesquels est disposée de la moelle.

Un peu comme chez des grands-parents un peu trop bienveillants, difficile de dire non. Nous faisons la connaissance d'Emily, une Arménienne parlant un français presque parfait. On en apprend sur elle, et inversement. Grâce à elle, nous pouvons communiquer avec leurs amis. Ils nous invitent à trinquer avec eux, ce que nous faisons évidemment.

Ce que nous ne savons pas, c'est qu'ici, on trinque au shot de vodka maison, et si l'on entend par shot un verre d'une petite gorgée, on se trompe.

Et voilà qu'on boit à l'amitié Franco-Arménienne, puis à l'amour, puis à nos parents respectifs, puis... Eloa dit stop au troisième verre, et je continue jusqu'au cinquième. ''Salud'', qu'ils disent, à chaque verre. Le liquide transparent brûlant la gorge et l'œsophage commence à faire effet. On n'est clairement pas habitué alors que ça n'a l'air que d'un verre d'eau pour les locaux.



Salud!!

Karan nous invite à nous resservir et nous n'en pouvons déjà plus. Emily traduit : ''il faut manger, c'est juste le début''. Ah !

Vladimir, ami de Karan, nous invite à table où du mouton rôti arrive, des légumes, et encore plus de vodka... Eloa nous défend : ''Nous sommes un peu sportifs, on ne mange pas trop'', et Karan de répondre : ''Mais notre but à nous c'est de vous rendre gros !''.

Ça ne m'est que très rarement arrivé, il est 15 heures et je suis complètement saoul. Eloa est bien joyeuse aussi. Avec Joe Dassin ou Aznavour en fond, le tableau doit bien rendre.

C'est festin !


La tête dans les nuages, Vladimir nous propose un saut dans la piscine, ce qui n'est pas de refus, avant que ne s'improvise une petite partie de Water Volley.

Happiness' always easy with ethanol

La suite est relativement floue, avec Emily qui s'installe au piano pour nous jouer des musiques de film, une de ses amies qui vient en apprendre un peu plus sur nous...


Emily in Garni

On regagne notre chambre pour se reposer un peu tranquillement (on entend, sans manger).

Malheureusement, on se réveille un peu tard pour aller visiter le monastère de Geghard, alors on se rabat sur les gorges de Garni et son temple, à quelques minutes d'ici.

Les gorges abritent la Symphonie des Pierres, un édifice naturel représentant des colonnes de basaltes carrées, pentagonales ou hexagonales. Les colonnes, parfois hautes de 50 mètres, sculptent la montagne. La nature recèle bien des splendeurs, c'est d'une beauté hypnotisante.

Symphony of Stones

Nous enchaînons avec le temple de Garni, le seul vestige de l'ère préchretienne puisque le bâtiment religieux est issu de la culture hellénistique.

Le temple est démoli au 17è lors d'un tremblement de terre, découvert en 1945 puis reconstruit avec les pierres d'origine dans les années 70, à la façon d'un puzzle grandeur nature. C'est le moment pour sortir le drone pour y faire quelques plans. À peine démarré, les hélices bourdonnantes attirent l'œil ; je n'aime pas déranger les gens avec le bruit parasite d'un moustique géant. Alors, avec un peu d'altitude, on n'entend plus rien et on se contente d'admirer ce que la caméra nous envoie.

Garni Temple

Avec le soleil couchant qui vient lécher le temple avant qu'il ne soit illuminé, le spectacle est magnifique.

Il est l'heure de rentrer car les routes ne sont pas éclairées la nuit. Il n'est pas question de se prendre un chien errant ou une voiture arrêtée !

Inutile de préciser que nous ne dînerons pas ce soir, on est plein pour les jours à venir. On se pose juste proche de la piscine où le ruissellement de l'eau vient accompagner notre soirée. Nos hôtes nous invitent à regarder la finale de l'Euro de foot mais le traquenard est aussi bien caché qu'un éléphant derrière un platane. Nous déclinons poliment.

En face, une croix chrétienne de plusieurs mètres de haut surplombe la région, illuminée. Elle annonce un peu la journée de demain, puisque l'on quittera Garni pour une plongée dans la culture chrétienne du pays avec le monument de Khor Virap.


Good night !
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Publié le 15 juillet 2024

Après un réveil sur les coups de 9 heures et un petit déjeuner du même acabit qu'hier, nous disons au revoir à Karan. Aujourd'hui, nous mettons les voiles en direction du monastère de Khor Virap.

Il s'agit d'un lieu chargé d'histoire. Comme point de départ, il faut savoir que l'Arménie est le tout premier pays à adopter le christianisme. Suite à cette conversion, c'est tout un tas de monastères qui vont fleurir dans tout le pays.


La croix apostolique

Khor Virap est le premier lieu saint de la nation ; construit au VIIè siècle, il est fortifié et juxtapose le mont Ararat. La montagne, composée d'un massif à deux cimes, porterait selon la Bible les vestiges de l'arche de Noé.

Bien que faisant partie du roman national arménien, le volcan culminant à 5137 mètres de haut est sous drapeau turc.

Vous comprendrez le puissant pèlerinage que représente donc Khor Virap, avec en fond, un mausolée unique d'un million et demi de morts Arméniens.

Khor Virap et le mont Ararat (au fond, dans les nuages)

La visite du bâtiment principal, relativement exigu, n'est pas spécialement impressionnante. C'est le décor en lui-même, planté là, surgissant au détour d'un virage, qui est saisissant.

Khor Virap 2

Nous regagnons la voiture pour débuter le trajet vers Jermuk, une ville historiquement balnéaire réputée pour ses sources chaudes.

Malheureusement, je suis bien nauséeux depuis ce matin et cela ne semble pas passer. Comme nous ne disposons que d'un seul permis local à mon nom, je suis contraint de garder le volant et c'en est bien pénible.

Je passe en mode ''économie d'énergie'', je limite mes gestes, je ne parle plus... Pas facile pour Eloa de voyager avec moi : l'Alexis est un être avec une âme d'apprenti aventurier avec le corps d'un ours en peluche.

Les trois petites heures qui nous séparent de notre destination passent finalement relativement vite : la route est agréable et le paysage magnifique.

Sur les routes d'Arménie

Au bord du bitume, de nombreux marchands de fruits sont présents : ils vendent surtout des gros abricots tachetés, une spécialité locale succulente.

Avant d'atteindre notre destination, nous passons proche de collines dont la terre ocre ne peut que nous rappeler le Colorado provençal, ou le Colorado tout court, d'ailleurs.

Un détail intéressant : nous pouvons remarquer un sacré nombre de cigognes, et leurs nids juchés sur le sommet des quelques lampadaires.

Was Esch ? Y'a des cigognes autre part qu'en Alsace en été ?

Nous arrivons à Jermuk, situé à 13 petits kilomètres de la frontière avec l'Azerbaïdjan. Cela a son importance : le conflit entre les deux nations datant de fin 2022 a vu la ville être lourdement bombardée pendant 24 heures.

Aujourd'hui, nous n'observons aucune trace de cette période. Seule conséquence, la ville autrefois très fréquentée est aujourd'hui encore en attente du regain touristique. C'est tout à notre avantage : nous dormirons ce soir dans un hôtel grand luxe !

Le bâtiment, tout neuf, est désert ou presque. Il y a sans doute plus de personnel que de touristes.

Sous les coups de 16 heures, on se retrouve à avoir une faim de loup et dégustons dans le restaurant huppé de l'établissement de bonnes pâtes pour redonner confiance à mon estomac.

Enfin un hôtel digne de ce nom...

Ensuite, nous découvrons avec grand bonheur une piscine et un immense jacuzzi dans lesquels on se retrouve, un peu seuls au monde.

Le moment est privilégié, après tout, les vacances sont aussi faites pour se reposer.

Là on est bieng !

Deux trois bonnes heures plus tard, nous retournons manger un bout avant de se balader un peu, l'air est rafraîchissant. Sur la balade, nous nous sentons encore une fois un peu perdus dans une station balnéaire où tout est neuf mais où le public n'est pas, ou n'est plus.

Des guirlandes, une route pavée, des étals vides, de la musique, des fontaines... Tout y est.

Équivalent de la côte d'azur pendant le covid

On rentre, apaisés, il faut reconnaître que le côté luxueux permet un repos accéléré. C'est depuis un lit au confort rarement atteint que je vous écris ces quelques lignes avant d'éteindre l'écran et de vous dire à demain !

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Publié le 16 juillet 2024

Aujourd'hui, réveil cotonneux dans le lit qui semble nous retenir, mais nous prenons la direction du restaurant pour le petit déjeuner.

Malheureusement, malgré le standing de l'hôtel, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent quand on est de petits européens habitués au sucre ! Même les jus de fruits sont particuliers : jus de nerprun, jus de cornouiller... Donnez-moi du jus d'orange, je ne suis pas à Poudlard !

De toute façon, je ne me sens toujours pas très bien alors ce n'est pas bien grave.

Je fais quelques prises de la ville en extérieur, en espérant que l'air frais fera passer la nausée et les bourdonnement dans mes oreilles.

Jermuk

Nous faisons un tour au ''Medical Center'' de l'hôtel pour avoir un avis mais nous ne tombons que sur une médecin douteuse qui ne veut que me refourguer des ''massages médicaux'' au spa.

Nous sommes pris d'un dilemme : soit on fait le pari que mon état ne va pas empirer et l'on s'aventure au sud du pays, plus rural, soit on reste aux alentours de Jermuk pour aujourd'hui.

En plus, la dame de la réception nous fait un nouveau prix avantageux pour une nuit supplémentaire...

Mais non ! Contre toute attente, nous packons nos affaires avant de prendre la route vers Goris et le monastère de Tatev.

Avant cela, nous faisons halte au bord de Jermuk pour une petite balade qui nous fait découvrir la somptueuse cascade de la ville.

La cascade aux cheveux d'ange de Jermuk

Nous avons deux bonnes heures qui se transforment vite en trois : le paysage magnifique nous oblige à nous arrêter quelques fois. Il y a un petit air de Suisse dans ces paysages vallonnés...

Les collines se confondent les unes avec les autres tandis que des lacs apparaissent. De belles couleurs des champs se succèdent, du vert, du jaune, et même du violet, avec en fond, les montagnes azéris.

Le chemin fait partie du voyage

Au sommet d'un col, nous nous arrêtons pour acheter à un marchand un kilo d'abricots pour 20 centimes. Ils sont délicieux, et je vais de mieux en mieux.

Il ne reste plus qu'une vingtaine de kilomètres, mais en quittant la route principale, nous nous rendons vite compte de l'état des ''routes'' annexes. Elles relèvent plus du sentier de cailloux, sur lequel nous apercevons d'ailleurs un camion déversant des tonnes de caillasses au sol. Cela rend le chemin à la fois praticable et difficile.

Des cailloux, des cailloux et encore des cailloux

Bien que nous soyons véhiculés, nous choisissons d'arriver au monastère de Tatev par le téléphérique qui part d'Halidzor ; "Wings of Tatev". Le tramway volant, long de 6 kilomètres, transporte vingtaine de personnes par vingtaine de personnes.

Enfin, personnes... Je dois dire touristes ! Car là, on y est, on les voit, on les entend, les touristes bien bruyants, ce sont les premiers Français que l'on croise du voyage...

Arrivés au monastère, perché à plus de 1500 mètres d'altitude, la vue est à couper le souffle.

Juché sur un promontoire rocheux donnant sur le canyon de Vorotan, il est certain que les moines locaux devaient y trouver une bonne forme de paix.

Monastère de Tatev - le drone c'est magique

Le bâtiment, construit au Xè siècle, a abrité une université réputée sur le territoire au XIVè. Jamais complètement détruit ni inhabité, le monument est en travaux continus de restauration depuis 30 ans.

Sur l'ensemble du site, des khatchkars (des croix apostoliques taillées à même la pierre), sont visibles.

Khatchkars et crypte illuminée

Nous quittons le monastère par le téléphérique, avant de rejoindre la voiture.

Il faut préciser que l'Arménie met partout à disposition des fontaines à eau. Reliées aux très nombreuses sources du pays, l'eau est potable qu'importe l'endroit.

L'eau c'est la vie pour Eloa !

Nous gagnons la route avant de nous arrêter vers 18h dans une auberge du nom de ''Old Haldizor''. Les propriétaires ne baragouinent pas un mot d'anglais, mais les cabanes dont ils disposent dans les bois ont l'air sympathiques.

Nous prenons place et cela change du tout au tout avec notre précédent logement !

Mais bon, c'est authentique, c'est pratique, et le cadre est joli.

Old Halidzor

Nous devons juste faire abstraction des araignées qui ont élu domicile sous notre lit et de celles au-dessus de la ''douche''.

Après avoir pris possession des lieux, nous allons diner dans un restaurant à quelques minutes d'ici. Au moment d'entrer, petit moment de solitude : peu de locaux parlent anglais, aussi nous demandons en articulant bien s'il est possible de manger ici maintenant. Ce à quoi le serveur nous répond, dans un anglais parfait, ''Bien sûr, je veux dire c'est un restaurant, à quoi vous vous attendez ?" !

L'endroit est très original, avec une salle toute de pierres dans lequel on mange une brochette de bœuf et du poulet cuits au feu de bois. Il ne fait pas bon d'être végétarien en Arménie !

Tavern Hnadzn

C'est dans l'ensemble très bon sauf le verre de yaourt dilué dans l'eau, on n'a pas compris.

Ils servent aussi une boisson qu'ils appellent ''compote'', qui s'apparente plus à un sirop de fruits, dense et très sucré.

Sous les coups de 20 heures, nous rentrons dans notre cabane et je termine par une petite exploration des environs au drone. À quelques centaines de mètres, perdu au bout de la montagne, se tient un observatoire de la région.

Halidzor - Marz Goris

Ce sont sur ces images, ainsi que sur celles de notre campement montagneux, que je vous dis à demain !

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Lever difficile vers 9h30 puisque des chiens ont aboyé sans cesse depuis le lever du soleil, ce qui a réveillé Eloa, ce qui m'a réveillé.

Nous prenons place à côté de la cabane pour un petit déjeuner typique à base de yaourt, de lavash à la confiture de figues et de fromage trop salé. Il faut prendre des forces, puisque nous avons de la route ! Environ 4 heures nous séparent du lac Sevan, que nous avons décidé de rejoindre.

Quand nous préparons nos affaires, la dame qui gère le logement vient courir après Eloa qui se dirige vers la voiture. Elle pensait que nous allions partir sans payer, alors que j'attendais devant la ''réception''. On a un peu de mal avec les gens ici, ça contraste beaucoup avec Karan et ses amis. Même si l'on ne parle pas une langue commune, un sourire, un signe de main, ça fait la différence. Tant pis !

Nous faisons un petit arrêt au Devil's Bridge, un pont naturel reliant deux montagnes et où est situé non loin un hermitage datant du VIè siècle.

Nous décidons d'emprunter des petits chemins à pied pour le rejoindre, mais un torrent d'eau se déverse sur une partie du sentier, rendant sa traversée difficile.

Ah oui, là, on ne passera pas !

Cela est suffisant pour que l'on y aille en drone !

On tombe sans mal depuis les airs sur les ruines bien conservées de l'Hermitage de Tatev. Il paraît qu'il est relié par un tunnel au monastère du même nom, que l'on a visité hier. Situé 600 mètres plus haut, cela nous paraît incroyable.

Hermitage de Tatev

Après ce petit arrêt, nous prenons donc la route vers Sevan. Au bout d'une demi-heure, nous prenons en stop deux Iraniens, Vahid & Ali, qui ont traversé à pied la frontière il y a 5 jours. Depuis, ils ont visité le sud et projettent de rejoindre Yerevan.

Ils nous demandent rapidement si nous sommes croyants, ce à quoi nous répondons par la négative. Ils nous disent également qu'ils sont ''libres'', ce qui nous fait beaucoup rire.

Nous faisons deux petites heures de trajet ensemble durant lesquelles ils nous racontent un peu l'Iran, partagent quelques fruits secs et des dattes de chez eux. Ils sont hyper amicaux et ça fait du bien. Vahid est un vendeur de fraises, ce qui n'est pas commun. Ali est Barman, et il nous décrit qu'il est un peu fasciné par les alcools. Tu m'étonnes, vu la ''république'' en place. Au moment de les déposer, ils nous prennent dans leur bras et on échange nos contacts. L'Iran, ça sonne bien. Peut-être un jour.

Vahid & Ali traveling with us

Encore une fois, les paysages qui s'offrent à nous sont magnifiques de diversité. Nous serpentons à travers une forêt bien verte, avant de nous aventurer en haut d'un col où d'immenses champs s'étendent à perte de vue.

On the road again

Là, au milieu de nul part, la petite ville de Shatin se dresse. La vie ici, à 2000 mètres d'altitude et à plus de 70 kilomètres d'une grande ville, doit forcément être un peu hors du temps. J'aimerai y faire un arrêt mais ce dernier nous presse : nous ne connaissons pas bien la route et il nous faut arriver avant la tombée de la nuit.

Shatin

Le reste de l'itinéraire se passe sans accroc, même si c'est un peu long. Notre Logan se fait souvent doubler par des grosses voitures allemandes, puis nous doublons à notre tour de vieilles Lada.


On met tout sur une Lada ! Un pneu, une valise, des moutons...

On se retrouve souvent à 3 voitures sur une route simple, il faut juste oublier qu'en France ce genre de conduite est prohibée et ça devient naturel, finalement.

Alors que l'on descend de la montagne, on aperçoit le lac Sevan au loin. La vaste étendue bleue se rapproche à mesure que les kilomètres défilent. Nous longeons la côte ; on dirait presque la mer si nous ne savions pas que c'était un lac. Long de 75 kms, nous n'en distinguons le bout que sur les côtés.

En bordure de route se dresse le vieux monastère de Hayravank. Le calcaire qui s'est accumulé sur ses murs, rougit par le temps, rend un splendide contraste avec le lac.

J'arrive jamais à me décider sur le choix des photos...

En revenant du monastère, je me rends compte que le tapis de sol du siège passager ressemble à une salle du trésor où le dragon Eloa veille sur ses bouteilles d'eau et ses biscuits.


Smaug et son trésor

Nous faisons halte une heure avant le coucher du soleil à l'hôtel Tsovatsar qui nous fait de l'œil, en bord de lac. Il s'agissait du seul endroit qui semblait pas si mal selon les commentaires de précédents voyageurs. Malheureusement, l'addition est salée car la nuit est plus chère que dans le 5* de Jermuk et nous devons rester au minimum deux nuits...

Bon, soit. On se dit qu'on profitera de la journée de demain pour randonner proche du lac et se reposer sur le sympathique extérieur que l'hôtel propose...

Tsovatsar Hôtel

On va donc manger notre seum à Sevan, avec du riz et un peu de viande. L'endroit, le Bohem Tea House, porte bien son nom. Tout fait penser à la vie de bohème, tant la décoration que la musique où des adolescents apprennent à jouer du piano et de la guitare juste à côté de nous.

Bohem Tea House

C'est plutôt bon, Eloa termine par un dessert et moi deux, curiosité culinaire oblige... C'est raté car c'est très sec pour les deux pâtisseries locales, à base d'amandes et de chocolat.

En sortant du restaurant, nous faisons un petit tour dans Sevan et on constate que bon nombre d'immeubles semblent être invivables. Il doit y faire extrêmement froid en hiver (jusqu'à -15°C en normales de saison), et bien chaud en été...

Là encore, la vie nous rappelle que nous sommes des privilégiés.


Life in Sevan

Cela ne m'empêchera tout de même pas de me plaindre en rentrant à l'hôtel, puisque nous découvrons la chambre, grande mais très austère, avec un canapé et fauteuils sortis directement d'un film russe des années 70.

Je ne mentionne pas la fenêtre qui laisse passer du vent hurlant et la salle de bain qui sent les égouts.

Au moment de se mettre sous la couette, je constate que le lit fait 1 mètre 80, ce qui prive mes panards du réconfort du matelas mais surtout qui met dans un contact si agréable mes chevilles avec le cadre en bois.


как ужасно

Et juste avant de finir ce récit, c'est grâce à la technologie d'isolation ''toulemondedanslamêmepièce'' que je peux fermer les yeux avec le merveilleux bruit de non pas un, mais de deux bébés qui pleurent.

Je repense à Jermuk avec nostalgie, et c'est fortement accroché à ce doux souvenir que je me souhaite de m'endormir, et de vous souhaiter la bonne nuit !

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Publié le 18 juillet 2024

On a paradoxalement bien dormi dans le lit que je méprisais la veille, et nous nous levons pour aller prendre un petit déjeuner face au lac.

En vérité, il rend mieux en photo qu'en vrai : c'est comme la veille, très salé des saucisses jusqu'aux oeufs et l'on ne mange finalement que des tartines de lavash à la figue.


Petit déjeuner arménien

L'orage de la veille a considérablement réduit la température, cela ne nous empêche pas de nous reposer en bord de piscine. L'heure de la lecture en compagnie des vagues est venue !

C'est aussi le moment d'essayer d'apprendre un peu d'Arménien car on ne comprend rien du tout à leur écriture. J'ai encore quelques notions de cyrillique mais l'alphabet arménien ne partage aucune lettre et chaque prononciation est encore plus farfelue les unes que les autres.


L'alphabet arménien

Nous profitons aussi qu'il n'y ait personne pour qu'Eloa s'entraîne au pilotage du drone. Voici quelques clichés résultant de l'entraînement, de l'hôtel et des environs, pas mal non ?

Sevan Lake

L'extérieur du logement, très soigné, se prête également bien à des petites photos. Il faut bien en profiter puisque nous sommes seuls !

Tsovatsar

En début d'après-midi, nous partons en balade vers le monastère de Sevanavank, situé sur une presqu'île du lac.

L'édifice datant du Xè siècle, aujourd'hui massivement visité par les touristes, est également le lieu de culte régulier des habitants de Sevan. D'ailleurs, un mariage s'y tient alors même que nous entrons au sein de la bâtisse. Étrange moment que celui où les mariés sortent en même temps qu'une femme en robe léopard chevauche un canidé, tout en tenant un drapeau arménien pour son compte Instagram.

Monastère de Sevanavank

Au pied du monastère, et comme c'est le cas très souvent au bord des routes, des marchands d'épis de maïs vendent leur féculent (merci Justine !) pour trois fois rien. Nous prenons donc l'en-cas avec plaisir avant de reprendre la route.


Nous nous dirigeons vers le nord du lac, sans espérer d'en faire le tour mais juste à la recherche de beaux paysages. Nous ne trouvons pas le soleil mais un nombre incalculable de bâtiments abandonnés en bord de lac : locaux militaires de l'époque soviétique, baraquements, hôtels jamais terminés... Ce sont à la fois des bâtisses aux allures de maison hantée puis des complexes entiers qui sont à l'abandon. Les carreaux brisés, l'intérieur qui tombe en loque... Nul doute que les passionnés d'Urbex pourraient s'en donner à cœur joie en Arménie.

De nombreux bâtiments, laissés à Gaïa

Après une grosse demi-heure de route, nous rebroussons chemin car un peu de pluie commence à tomber et les paysages se répètent. En conduisant, il faut aussi être bien vigilant car au détour d'un virage, on risque souvent de tomber nez-à-nez avec une vache, un cheval ou un chien errant, qui ont des comportements à peu près aussi aléatoires que les conducteurs locaux.

En rentrant sur Tsovatsar, nous prenons l'adresse d'un restaurant avoisinant en bord de lac.

En début de soirée, nous allons donc tester ce dernier où nous sommes les seuls clients. C'est original, nous sommes servis dans des petites bulles de verre et de paille à deux pas des vagues, les pieds dans le sable.

Un chouette début de soirée

On mange d'ailleurs du poisson cuit entier au grill, on n'a enlevé ni la tête ni la queue, ni les écailles ! Tout se mange tel quel et c'est un régal. La kompot à la grenade se siffle aussi sans problème. On souligne que la serveuse était enfin cool avec nous même si elle ne parlait pas un mot d'anglais ; elle nous a livré un joli jeu de mimes pour nous décrire le repas.


Dinner with a view

Nous rentrons repus de cette petite journée et nous la concluons par un Sea, Salt & Paper suivi d'un épisode de Black Mirror avant de rejoindre les bras de Morphée.

C'est avec beaucoup de regrets que nous reprendrons demain la route nous ramenant vers Yerevan, car nous avions encore tant à découvrir : la petite Suisse de Dilijan, les villages troglodytes de Khndzoresk (consonne, consonne, consonne)...

Tant pis ! Plutôt que de nous aventurer au nord du pays ou vers le Haut-Karabakh dont les terres semblaient magnifiques, nous avons préféré limiter les kilomètres.

Mais ce n'est pas encore fini, et je suis certain que l'ultime journée de demain nous garde encore de belles surprises arméniennes.

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Dernier réveil à Sevan suivi d'un petit déjeuner toujours aussi fameux : nous ne mangeons presque rien car on sature de la confiture de figues.

Avant de revenir à Yerevan (ou Erevan, on ne sait plus), nous nous dirigeons vers Dilijan, à une heure de route d'ici, qu'il faudra refaire en sens inverse ensuite. Au volant, nous franchissons un tunnel austère très peu éclairé de plusieurs kilomètres. Arrivé à son terme, c'est comme l'arrivée dans le Nord Pas de Calais dans le film bienvenue chez les Ch'tis : une brume de pluie s'étend et l'on se demande si la visite en vaut bien la peine.

Là où l'on se gare, en plein centre-ville, le trottoir s'effondre dans l'eau. Au-dessus, une petite maison tient vaillamment le coup, supportée par des renforts métalliques.

Les routes sont en bon état sinon, faut juste pas trop s'approcher des bords

Au final, nous tombons sur une jolie petite ville embrumée mais agréable, avec des rues pavées et des petits chalets en bois. Il n'en fallait pas moins pour que la localité gagne le surnom de petite Suisse d'Arménie.

Dilijan

Nous prenons un goûter de midi qui nous est maintenant traditionnel, sur la terrasse d'un café donnant directement sur le lac.

Aucun des deux monastères avoisinant ne nous donnent envie de les visiter, alors nous mettons le cap vers Yerevan. Sur la route, nous croisons énormément de radars qu'ils appellent ''speed camera''. Cela ne manque pas de nous faire stresser lorsqu'une voiture nous double et que le flash s'allume. On espère que ce sera bien pour elle !

Les horreurs arméniennes

Nous atterrissons dans le petit Andor Hôtel, cosy comme il faut, central comme on veut, et à une demi-heure de l'aéroport. On se pose un petit peu avant de ressortir vers le ''Parc des amoureux'' qui juxtapose notre logement.

Parc des amoureux - Erevan

Là, nous réservons pour la soirée une petite folie : un repas au restaurant Tavrn Yerevan Riverside, une institution de la capitale. Il est question d'un repas ''étoilé'', que l'on déguste en même temps qu'un spectacle. À voir !

Attention, il faut s'habiller. Sauf qu'en voyage, on n'a rien prévu de chic ! J'ai l'impression de revivre la préparation pour le Desk du Marina Sands Bay à Singapour. Je dégaine donc mon plus beau t-shirt, et en avant Guingamp.

Sur la route, le soleil nous offre un typhon de lumière sur la capitale. Quelle étrange vue que celle où les immeubles font face aux villas avec piscine, séparés par un gouffre de terre.

Erevan depuis le ciel

Arrivés à la 'Tavrn', nous figurons bien sur la liste de la dame qui nous accueille. On nous fait signe de suivre un serveur qui nous installe à côté d'un meuble en bois qui nous gâche un peu la vue du spectacle à venir. Eloa négocie un peu mais c'est toujours pas top. Tant pis.

Tavrn Yerevan Riverside

Autour de nous, les gens sont effectivement en tenue de soirée. Les messieurs en chemises, les dames en robes longues. Il y a même une dame qui donne sans doute une deuxième jeunesse à sa robe de mariée.

On commande nos plats et un concert assourdissant débute sur la scène. Ça chante en Arménien, ça joue de la batterie, du saxophone et de la guitare. Je suis bien content qu'Eloa amène toujours des bouchons de cire avec elle. On ne s'entend plus, mais on mange bien ! C'est une autre forme de concentration sur l'un de nos sens...

Les gens vont danser sur la piste entre l'entrée et le plat, ça donne un petit côté sympa à la soirée. On ne comprend rien à ce qu'elle chante mais c'est entraînant.

Petit show musical

On mange du veau pour moi et du porc pour Eloa, dans une sauce délicieuse avec des pommes de terre rôties. La viande est fondante, c'est un régal.

On constate que même avec un restaurant de ce standing, les gens jettent énormément. C'est quelque chose qu'on avait remarqué dans les hôtels mais au restaurant un peu gastro, ça nous choque.

On commande un petit dessert : un ''Gata'', qui se targue dans le menu d'avoir un record au Guinness Book. C'est une sorte de Strudel à la frangipane et s'il doit avoir un record, c'est au nombre de calories par gramme.

Le gata en question

Puis, le concert cesse et c'est un spectacle Son & Lumières qui débute. Il conte l'histoire d'Ara le Magnifique, le premier roi d'Arménie.

C'est un peu kitsch mais dans l'ensemble super sympa. Un antagoniste tout de noir vêtu et ignifugé fait une entrée on ne peut plus badass, agitant une double masse qui prend feu immédiatement. Grandiose !

Ara the Handsome show

Nous payons (environ 46 euros pour un excellent repas et un spectacle, c'est très raisonnable) puis partons vers le square de la République. L'endroit, situé en plein cœur de Yerevan, regorge d'animation le soir : fontaines qui s'animent avec la musique, bâtiments illuminés, jongleurs et musiciens de rues...

Il fait bon de déambuler : il fait 24 degrés avec un petit vent, c'est idéal.

La foule s'amasse devant le palais gouvernemental, magnifique bâtisse où le drapeau arménien flotte fièrement. Du haut de son million d'habitants, la cité est bel est bien vivante la nuit. Les rues sont propres, les parcs bien entretenus, et selon Numbeo (base de données indépendante), Erevan fait partie des 20 villes les plus sûres du monde.

Erevan by night

Avant de regagner l'hôtel, nous profitons de faire une petite lessive qui s'éternise avec le séchage. Il est déjà minuit et Eloa utilise ce temps pour s'étirer. De mon côté, j'essaie tant bien que mal de capter le réseau pour regarder l'avant-dernier match de préparation des Bleus au basket, en vain.

Quelle souplesse

Nous rentrons sans plus tarder à l'hôtel pour y passer une courte nuit : nous devons être à 10 heures à l'aéroport, le vol pour Colombo nous attend.

À demain !

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Publié le 20 juillet 2024

Difficile d'ouvrir les yeux après les petites heures de sommeil qui nous amènent à préparer nos affaires pour l'avion.

On se meut non sans peine à la table du jardin de l'hôtel, où nous attend un petit déjeuner que l'on espère un peu plus européanisé. Que nenni ! On ne voulait plus de confiture de figues, et bien, il n'y en a pas ! Uniquement une soupe à la tomate et à l'oeuf, accompagné de fromage et de jambon séché. Euk euk euk pour nos petits palais déboussolés le matin.

À 9h, comme ça sans prévenir

Qu'importe, il faut se donner des forces puisque nous avons un périple aérien à accomplir !

Première étape : se rendre à l'aéroport, check.

Deuxième étape, rendre la voiture, check. Et, c'est le scam ! Évidemment, nous avons filmé les moindres recoins des égratignures que la voiture avait. De l'intérieur des pneus jusqu'au essuis glaces, en passant par le dessous du pare-choc, c'est ceinture et bretelles pour ne pas se faire accuser à tort.

Mais, nous avons oublié l'intérieur du coffre, proche de la roue de secours, où se situaient 4 petits outils en cas de crevaison.

Ce qui ''manque''

Là, on nous indique qu'un de ces outils est manquant. Le modèle d'à côté de nous, l'a bien. C'est bien préparé, c'est rodé, les papiers de l'amende ne demandent plus qu'à être imprimés. Il est impossible que nous l'ayons perdu, nous n'avons pas eu de crevaison...

Le surplus demandé, d'environ 10 euros, n'est pas exorbitant et l'on se dit que c'est justement une somme pour laquelle les gens ne sont pas prêts à se défendre.

D'autant plus que nous sommes pressés par le temps avec la sécurité à passer.

J'ai presque envie de demander, après le paiement, au gars de l'accueil, s'il peut m'avouer que c'est une supercherie. Eloa fulmine, je la comprends. Mais on ne peut pas lutter.

L'embarquement pour Dubaï, notre escale, s'effectue sans encombre. Nous prenons place pour les trois heures de vol qui nous séparent du Las Vegas oriental.

Leaving Yerevan

J'en profite pour dévorer Le règne des Affranchis, le bouquin de Claude Onesta. Véritable monument du handball français, c'est aussi une référence de management dans le haut niveau. Même s'il n'y a pas de méthode Onesta, c'est un ensemble fort didactique et somme toute une lecture agréable. Eloa, de son côté, a déjà fini le dernier Musso et entame Veiller sur Elle, de Jean-Baptiste Andrea. Pour les connaisseurs, elle me dit que ça lui rappelle Le nom du Vent sans l'univers fantasy.

C'est la tradition !

Premier pied sur le territoire Emirati, et un voile de chaleur, dense et immédiat, enveloppe mes vêtements jusqu'à les coller chaudement contre ma peau.

C'est tout l'inverse dès le portique de l'aéroport franchi, avec la climatisation qui s'essouffle bruyamment. Dehors, les travailleurs sur la piste en pâtissent sérieusement. Ils ont des cagoules de fortune, des vêtements lourds... Un gros respect à ces personnes, des aiguilleurs jusqu'aux balanceurs (les personnes qui s'occupent des bagages, on entend).

La chaleur et le sable de Dubai

Nous avons 4 heures à tuer avant de reprendre l'avion, confinés dans l'espace destiné aux transferts aériens. Je pensais que nous pourrions accéder aux commerces de l'aéroport, mais non.

Je suis ébahi par le nombre d'ethnies qui travaillent de concert dans l'aéroport. Je n'ai jamais vu un brassage culturel tel qu'ici. Pour le contrôle des passeports, c'est un Emirati, puis pour nous guider, un asiatique. C'est un punjabi qui nous aide au Subway avant que notre stewart soit le plus aryen qu'il soit. Ça donne de bonnes vibes à mon âme d'idéaliste.

J'en profite pour regarder le match de basket d'hier, de commander une e-sim pour le Sri Lanka et de faire une demande de permis de drone sur l'île.

Je rêve, j'ai le sentiment que le pays doit à peine connaître l'engin qu'ils déploient un nombre considérable de règles à son encontre. En plus, je dois faire la liste de tous les lieux où je souhaite voler, renseigner le modèle, le numéro de série, même le nombre de Mégapixels de la caméra...

En voilà des bizarreries, et pourquoi pas la couleur des hélices, tant qu'on y est.

Je n'ai pas le temps de finaliser la demande que nous devons prendre la navette vers notre avion. Évidemment, inutile de dire qu'on remarque vite que nous sommes des touristes et qu'il n'y a nul besoin de s'adresser à nous en singhalais.

In the sky again

On zieute la température qui nous attend à Negombo, notre premier lieu de résidence. 30°C, ça nous semble correct, mais c'est sans relever les 80% d'humidité... Pour comparer, à Yerevan, il faisait 58% d'humidité ce matin, et il pleuvait.

Il faudra s'habituer.


Il reste 4 heures et demi de rêveries au-dessus des nuages avant d'atteindre notre destination. Si je dis rêveries, c'est que je préfère échapper à la réalité de notre situation : j'ai du mal à me faire à l'idée que je ne suis pas en contrôle, inconfortablement installé dans mon siège de Fly Dubai. Ma carcasse suspendue à des kilomètres du sol, supporté par une coquille métallique.

Pourtant, nous sommes plusieurs fois ramenés au réel avec quelques joyeuses turbulences. Je vois les ailes battre nerveusement et je prie irrationellement pour ne pas qu'elles se décrochent.

Le train. C'est bien le train. C'est sur la terre, ça file droit...

It is going dark here

Il ne reste plus qu'une heure de vol et l'on se demande si notre gars va bien nous amener la voiture de loc' à l'atterrissage. Si la ''compagnie'' demande elle-même d'envoyer un rappel la veille au missioné en question... Au moins, elle ne nous extorquera pas pour un outil de démontage de pneu au retour.

Sur la descente, le pilote prend la parole pour nous annoncer qu'on va y aller ''slow slow'' parce que la météo est mauvaise. Roulement des yeux, grande inspiration, ça va aller.

Dans le même temps, un stewart asperge le plafond d'une sorte de déodorant qu'on soupçonne d'être un désinfectant en spray. Il ne m'en faut pas moins pour imaginer que le gars est en train de bénir l'avion pour qu'il atterrisse en un seul morceau.

Et la bénédiction a fonctionné puisque vous lisez ces mots.

On récupère nos bagages, le passage à la douane est hyper rapide, un tampon et c'est tout bon. On récupère un peu de cash, des bouteilles d'eau, et on sort de l'aéroport. C'est bon, on est rodé !

On récupère la voiture, un vrai véhicule de Playmobil. Et puis c'est parti pour le bizutage ! 20 minutes de conduite, de nuit, en sortie d'aéroport, en conduisant à gauche !

Le BOLIDE 2.0

Cela se passe sans accroc mais on reste super prudent.

On arrive à la Villa Domminiku, une guest House de Negombo, où Dulshan, son propriétaire, nous accueille comme jamais personne ne nous a accueilli. Serviette gelée au citron pour se rafraîchir, jus de fruit maison (sans eau !!!), introduction de la villa, le tout à 3h du matin. Il insiste pour porter nos sacs, il nous fait un peu d'humour... Ça change de l'Arménie !

Villa Domminiku - Negombo

La chambre est parfaite, tout ce qu'on a besoin pour récupérer de la journée de transit.

Cette étape marque la fin de notre voyage en Arménie, et le début de celui du Sri-Lanka. Dans son esprit très rationnel que j'adore, Eloa me demande de donner une note, dans son ensemble, à l'Arménie. Non Eloa. On note déjà entre nous les films, les restaurants, les hôtels, mais on ne note pas les pays.

À demain pour les premiers jours au Sri-Lanka !

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Publié le 21 juillet 2024

Les premières notes du téléphone sonnent, Eloa se réveille. Cela fait 5 petites heures que nous avons fermé les yeux et il faut déjà les rouvrir. La raison : nous ne voulons pas manquer le premier petit déjeuner Sri Lankais prévu par Dulshan !

Pâteux, nous descendons les marches de sa somptueuse villa et prenons place dans la cuisine. Sa femme et lui nous accueillent à nouveau, ils ont préparé un tas de choses : des petits pancakes à la noix de coco et au miel, un gâteau aux graines, un yaourt maison, un smoothie au corossolier (vous avez bien lu, 13 points au scrabble)... Nous ne manquons de rien.

Premier petit déj'

C'est même trop, d'ailleurs. Une petite galette au riz se rapproche énormément du lembas du Seigneur des Anneaux : c'est léger, ça se conserve, et une bouchée suffit à remplacer un repas.

On est complètement chamboulé par cet accueil chaleureux qui se démarque de la froideur des Arméniens.

Après le petit déjeuner, nous prenons un temps pour rassembler nos affaires : il est déjà l'heure de partir, il n'y a pas grand-chose d'autre que Dulshan et sa villa à voir à Negombo.

Villa Domminiku

Nous prenons la route pour Galle, une ville anciennement colonisée par les Néerlandais, puis par les Britanniques. Les petites routes sont praticables, même si l'ensemble de mes réflexes sont mobilisés pour éviter les tuks-tuks, les mobylettes, les chiens errants, les gens errants... On roule à gauche et c'est un pli à prendre. Je le prends d'ailleurs assez vite et j'en suis plutôt fier.

On s'arrête pour faire le plein et l'on découvre que le réservoir de notre bolide au format cube n'a que 30 litres de contenance. Mince, on va devoir recharger souvent.

On rejoint l'autoroute, qui est géniale pour rejoindre notre destination en un peu plus de deux heures. Sur cette dernière, il y a des péages. Et sur les péages, il y a des policiers ! Et ni une ni deux, monsieur dame par ici s'il-vous-plaît.

Normal, avec nos belles têtes de touristes au volant -ce qui n'est pas chose commune ici- on se fait voir de loin. Papiers du véhicule, permis de conduire local, un sourire crispé et Alles in Ordnung : on repart. Ouf. De toute façon, on est protégé par Vishnu qui trône sur le tableau de bord.

On a connu pire comme route !

On fait un arrêt à Hikkaduwa, autrefois réputé pour ses pêcheurs traditionnels sur pilotis, remplacés dorénavant par de bons chalutiers en bonne et due forme.

La plage est cependant magnifique, l'eau de l'océan indien chaude à souhait.

Hikkaduwa

On repart, puis l'on voit une autre voiture qui s'avance vers nous, et si ça continue on va faire un front contre front... On dévie et... Ah oui ! On roule à gauche ! Oups ! My bad... Il n'y avait pas de quoi être fier plus tôt. D'autant plus que des policiers ont tout vu.

Rebelote, par ici monsieur dame, papiers, permis... On leur explique que c'est notre premier jour de conduite et qu'on va s'y faire. Sourire compréhensif, vous pouvez y aller. Sympa.


Nous mettons le cap définitif sur Galle, où l'on aperçoit déjà de loin l'influence coloniale.

Premièrement, la ville abrite un fort composé de plusieurs bastions posés sur la mer, ainsi qu'un mur d'enceinte bien épais, d'origine néerlandaise. Dutch Qualitat.

Mais surtout, surtout, il y a d'immenses terrains de... Cricket. Tout le monde y joue, et l'on assiste nous-mêmes à une petite partie d'entraînement en extérieur par des locaux.

Petite partie de Cricket

Nous posons nos bagages au Brixia Cafe, dont la tranquillité et la proximité avec le centre-ville nous ont convaincu.

Ensuite, nous partons en direction de la vieille ville coloniale de Galle, à l'intérieur du fort.

Là, des centaines d'étudiants déboulent : ils ont fini les cours : étrange car nous sommes dimanche. Des dizaines de bus les attendent pour les ramener chez eux.

Dans la rue, on se rend immédiatement compte qu'on a bel et bien changé de pays. Ça grouille, c'est dense, c'est chaud, c'est rempli de senteurs parfumées au détour des étals. On progresse difficilement, sous un soleil de plomb.

Welcome to Galle

Le pays aux 22 millions d'habitants sait montrer qu'il y en a dans chaque ruelle.

On se fait d'ailleurs accoster par un gars qui nous explique qu'il s'est fait sauver en 2004 par un Français, cicatrice à l'appui, lors du tsunami qui a fait plus de 10 000 morts dans la seule ville de Galle. Il est reconnaissant et fait quelques mètres avec nous en expliquant ce qu'il faut absolument voir dans la ville. Voyant que le courant passe bien, il enchaîne par nous demander un service, il ne veut pas d'argent, juste un truc à manger parce qu'il n'a rien. Okay, pourquoi pas. Il nous entraîne dans un supermarché, attrape la première boîte de céréales venue et nous emmène à la caisse. 3000 roupies (presque dix euros). Eloa s'impose : on veut bien aider mais là c'est abusé pour un paquet. Soit il prend un truc raisonnable, soit on s'en va. Il obtempère et repart avec une boîte à deux euros. Heureusement qu'elle est là.

On s'est sûrement fait scam, mais bon, je me dis que dans tous les cas, elle finira bien dans les mains d'un pauvre gosse, cette boîte de céréales.


J'ai à nouveau fusionné avec mon t-shirt

On rentre dans le fort de Galle et débutons la ballade sur les remparts. La chaleur n'est plus si dérangeante car le vent amené par la marée nous réconforte. De beaux canons lustrés sont mis en scène devant les créneaux, et prennent place à côté des bunkers de munitions.

Conséquence heureuse de la colonisation, tout le monde parle anglais et tous les écriteaux le sont encore également.

Des étudiants nous stoppent : ils veulent échanger quelques mots en langue de Shakespeare. C'est beau de voir que les professeurs leur disent que c'est important, qu'il faut pratiquer, et qu'ils le font. On se prête à l'exercice, on prend une photo, puis l'on poursuit.

Au loin, les bateaux de marchandises affluent alors que le soleil décline. Les cerfs-volants s'agitent dans l'azur à mesure que les bourrasques abondent.

Dutch Fort of Galle

À l'intérieur du fort, on voit clairement que les bâtiments ne sont pas d'origine asiatiques. On croirait à un bout d'Europe à l'emporte-pièce, un peu comme à Malacca en Malaisie.

Commençant tous deux à se sentir un peu faible, on se pose sur les remparts pour assister aux dernières lueurs du soleil. Le spectacle, accompagné des vagues en fond visuel et sonore, est saisissant d'harmonie.

Sunset in Sri Lanka

Il est 19 heures, et il fait à la fois nuit et faim. Nous débarquons au Bungalow, dans le fort de Galle, extrêmement réputé pour sa cuisine locale et son charmant cadre. Sur la devanture, il est marqué : "Le Bungalow sert de l'excellente nourriture à n'importe quelle heure''.

Et ils n'ont pas menti. Le jus de mangue d'Eloa annonce la couleur et les plats (filet de thon pour moi et riz au curry de légumes pour Eloa) sont tout bonnement à tomber par terre. C'est le meilleur repas du séjour.

Bungalow - Galle

Il est l'heure de rentrer : nous avons marché presque une dizaine de kilomètres et la fatigue accumulée commence à se faire pesante.

Encore une fois, avec nos belles têtes de blancs, on se fait proposer souvenirs et services de taxi. C'est arrivé au moins 100 fois dans la journée, au bas mot.

À peine franchi le pas de la porte que je respire à nouveau : je bénis la climatisation et son invention miraculeuse. On est tous les deux poisseux comme des porcinets, alors à la douche, et au lit !

À demain
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Publié le 23 juillet 2024

Deuxième jour dans la "perle de l'Inde" et premier jour avec la famille V !

En effet, nous devons rejoindre Thalpe Beach, au nord de Galle, pour y retrouver les V qui viennent de Colombo.

Nous prenons donc un petit déjeuner sucré avec une gaufre, des fruits, du pain de mie... Puis faisons quelques emplettes avec de l'eau et les gâteaux de l'urgence avant de mettre le cap vers Thalpe.

De biens beaux et bons mêts

La plage, connue pour ses piscines naturelles, est un petit coin de paradis. Les vagues qui s'y jettent sont retenues par une première partie de rivage rocheux où des trous ont été creusés naturellement (ou non). Ces trous, véritables petites piscines de mer, sont hyper agréables.

On y retrouve bien entendu la famille V et l'on se jette à la mer pendant deux bonnes heures. Les nuages fendent le soleil et la température devient juste idéale.

Nous débusquons une cavité plus profonde que les autres, juste au niveau de l'arête rocheuse ; avant que les grosses vagues ne se fracassent, donc.

Le but est de s'immerger intégralement, sous peine d'être balancé par-dessus l'arête si la vague est trop forte. La sensation de sentir le vacarme tumultueux de la masse d'eau qui se décharge au-dessus de soi est atypique.

Thalpe Beach (et sa météo changeante)

Alors que l'on s'amuse bien, au loin, un gris sombre se masse. Quelques minutes plus tard, à l'aide du vent qui pousse vers nous ce paysage menaçant, une pluie tropicale s'abat. Ça dure une petite demi-heure, mais c'est suffisant pour transformer le parking où l'on se trouve en pataugeoire.

Comme souvent, les jeux d'eau donnent faim et nous ne faisons pas exception à la règle ! Nous rejoignons un petit boui-boui proche de la plage où l'on nous retire soigneusement la carte destinée aux locaux pour celle destinée aux touristes. En ayant commandé du riz au curry comme hier, mais en précisant ''pas trop épicé'', on se retrouve avec juste du riz... Sans curry du tout. On nous apporte juste un peu de lentilles assaisonnées, de succulentes courgettes et des graines pour donner un peu de saveur à notre base blanche.

Ça remplit bien, et au moins on est sûr de ne pas tomber malade !

On part de là, toujours avec la direction au sud. On y fait un arrêt au bord de plage, où se trouvent des pêcheurs sur pilotis. Ces derniers nous livrent une version honnête de leur pratique dorénavant disparue. Moyennant quelques sous, ils nous prêtent même des cannes pour qu'on prenne leur place, à jouer à chat perché avec l'océan. Eloa pêche un crabe, ce qui nous prouve que ce n'est pas du chiqué !

On prend quelques photos, le cadre est magnifique. Je sors le drone, très rapidement, parce que la demande de permis n'est toujours pas acceptée et que l'on risque l'expulsion du pays en survolant sans autorisation...

Pêcheurs sur pilotis

Nous reprenons la route et l'on fait un dernier arrêt à Coconut Tree Hill, une petite colline de bord de mer où comme son nom l'indique, siègent de fiers cocotiers.

L'endroit est très photogénique et se fait évidemment une belle réputation touristique, dont il ne souffre finalement pas tant que ça.

Coconut Tree Hill

C'est le dernier arrêt avant la destination du jour, Tangalle. Sur le trajet, on comprend comme en Indonésie que le bus est prioritaire. Ce n'est sûrement pas écrit sur le code de la route, mais à la manière d'un ring de boxe où deux catégories diamétralement opposées s'affronteraient, il fait comprendre à ses opposants qu'il ne perdra pas en cas de duel.

Alors, dès que le soleil se range, on se fait dix fois plus prudent en prêtant l'oreille ; il a pour habitude de rester la main sur le klaxon pour annoncer son arrivée.

Sympathiques lumières d'un début de soirée

L'arrivée à destination se fait finalement sans encombre. L'endroit abrite des plages paradisiaques que l'on ne distingue pas encore la grâce : le soleil s'est couché peu après 18 heures. L'obscurité a gagné du terrain, pour n'y laisser que nos phares qui nous éblouissent mutuellement dans la nuit. On verra mieux demain ce qu'il nous attend !

On pose nos affaires dans l'Ibisbird Beach Bungalow, un hôtel situé on ne peut plus près de l'eau. Ça a l'air magique, avec le bruit des vagues que l'on entend infiniment en fond.

On choisit d'aller manger à deux pas d'ici, dans un restaurant de bord de mer, où l'on y déguste des calamars et poke bowls exquis ainsi qu'un divin tataki de thon au soja. La musique est chill et accompagne joyeusement la mélodie maritime, la bande de six gars qui tiennent l'endroit est sympathique... Un bon moment, quoi.

Kokomas restaurant

On rentre se reposer, l'occasion pour moi de rattraper le match France-Australie de la veille. Mince, encore perdu. Le premier regard dans le miroir en rentrant révèle que même si le soleil n'a pas eu la part belle aujourd'hui, il a quand même laissé des traces.

On programme le réveil de demain un peu plus tôt : il s'agira dans les prochains jours d'adopter un autre rythme pour profiter au maximum de la lueur du soleil.

À demain !

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Ouille, le lever est difficile à 8 heures pétantes, car la famille V a rendez-vous au parc naturel de Yala vers midi, et l'on veut partager un petit déjeuner tous ensemble.

Et ça vaut le coup ! Parce que l'endroit que l'on rejoint à 5 minutes de marche sur la plage nous réserve un très bon premier repas de la journée. Combo classique café-tartines-fruits, mais les pancakes à la banane font toute la différence.

Plages de Tangalle

Le drapeau du Sri Lanka flotte au-dessus de notre tête : le vert et l'orange symbolise les ethnies et religions minoritaires à Ceylan (ancien nom du Sri Lanka), tandis que le lion en jaune représente le bouddhisme et la puissance d'anciens rois Sri Lankais. Il est original et je le trouve particulièrement beau.

Ceylan Flag

De retour du repas, on se prépare à partir au parc d'Udawalawe. C'est un peu moins loin que Yala et c'est très connu pour ses éléphants solitaires que l'on peut approcher.

J'adore les éléphants. Ces créatures uniques, qui se transmettent des souvenirs de génération en génération sont dans leur environnement naturel au Sri Lanka.

Arrivés au parc d'Udawalawe, il s'ensuit une phase naturelle de négoce pour obtenir le safari au meilleur prix. À midi, nous sommes tout seul à vouloir rentrer dans le parc. Il convient donc de payer un peu plus cher, puisque nous aurons une jeep et un conducteur pour tous les deux. Eloa est bien plus dure en affaires que moi, et heureusement. Il faut compter en tout 130 euros pour l'entrée du parc, la jeep, et le conducteur pendant 3 heures.

Notre carrosse privé

Alors que l'on s'apprête à franchir les portes du parc, un ''volontaire'' du parc, qui travaille comme guide et spécialiste de protection des animaux, nous propose sa venue. Contre explications et expertise des lieux, il demande juste une petite donation si l'on est content, à la fin. On accepte et son expertise nous apportera énormément.

C'est parti pour le tout premier safari de ma vie et la jeep en elle-même est une sacrée attraction. Il n'y a pas d'autre attache que nos bras qui nous maintiennent fermement aux rambardes, alors que le véhicule brinquebale sur la piste. Nous sommes seuls et c'est un petit bonheur, je m'attendais à ce que l'on prenne le départ avec d'autres jeeps.

Nous ne tardons pas à voir un bel aigle qui attend patiemment de chasser son déjeuner depuis une branche.

Vous le voyez ?

Puis, au détour de la forêt, une belle étendue d'eau se profile à l'horizon. Des formes noires, mouvantes, apparaissent au loin. Les éléphants !

Ils ne sont pas en tribus, mais l'on distingue clairement la forme de quatre pachydermes qui s'abreuvent et se rafraîchissent dans le lac d'Udawalawe. Leur trompe, qui pèse jusqu'à 100 kilos, pompe une dizaine de litres qu'elle envoie ensuite vers l'estomac à travers la bouche. Fun fact, n'ayant pas un système digestif très performant, l'éléphant pourra se resservir dans son estomac avec sa trompe pour s'envoyer de l'eau sur lui-même pour se rafraîchir plus tard.


Les éléphants !

Avec une paire de jumelles, on les voit mieux, avant de se rapprocher d'un spécimen jusqu'à arriver à 5 petits mètres. Il est en recherche de ses 180 kilos de nourriture quotidienne... Il amasse donc une petite boule d'herbe qu'il roule soigneusement avec sa trompe et ses pieds, tout en envoyant la poussière de ce qu'il amasse sur son dos. Cette dernière contribuera à former une pâte de terre le protégeant du soleil. Quand la boule est suffisamment grosse, c'est direction la bouche, avec un air naturellement jovial. C'est quelque chose, de voir un si gros animal si proche, en liberté.

Babar

On poursuit et nous apercevons quelque chose de bien rare : des braconniers ! Avec leurs grosses machettes, ils pensaient être tranquilles entre midi et deux, et ils fuient dans les broussailles à notre venue. Immédiatement, le guide et le conducteur préviennent qu'il y a des braconniers dans la réserve.

Le guide nous explique qu'ils chassent pour les cornes de buffles et les oreilles d'éléphants... D'ailleurs, les éléphants d'Asie opèrent une mutation génétique : la plupart d'entre eux n'ont plus de défenses car ils ont trop été chassés pour leur ivoire.

Après cet épisode un peu troublant, nous reprenons en observant tout un tas de petits animaux : des singes, des paons (il y en a des milliers ici), des caméléons... Il y en a en veux-tu en voilà. Au rayon des oiseaux, nous sommes également servis. Pas question ici de les appeler comme en Europe : un Guêpier d'Orient se transforme ici un ''Green Bee Eater''. Ça mange des abeilles et c'est vert ; c'est clair.

Green Bee Eater - Monkey - Peacock

Au sol, un crâne de buffle est laissé là. On ne touche à rien, c'est la nature qui est dans ses droits. On les voit d'ailleurs, les buffles d'eau, qui se distinguent des buffles de terre par leur imposantes cornes et évidemment, par leur lieu de prédilection.

Ils sont chassés ici par les quelques léopards du site et surtout, par les crocodiles. On ne tarde pas à les apercevoir, ces animaux de sang froid, laissant apparaître uniquement leurs écailles supérieures. De loin, on croirait d'ailleurs à une planche de bois qui flotte, avant qu'il ne nage à grande vitesse.

À gauche, les restes du buffle, à droite le buffle et les yeux du crocodile qui le jauge

Nous faisons la rencontre de mangoustes. Attention, rien à voir avec le crustacé orange qui se nomme langouste ! On parle de croisés entre un furet et une loutre, qui régulent beaucoup la population des serpents de l'île. Cobras, vipères... On recense ici plus d'une centaine d'espèces de ces horribles créatures.

Mangouste !

Alors que nous repartons vers le point de départ, nous apercevons un éléphant peu farouche qui s'approche curieusement de la jeep. Il est là, à quelques centimètres, et c'est un moment privilégié auquel on assiste, entre quatre yeux, avec l'un des plus gros mammifères terrestres. C'est un mâle : après dix ans d'existence, il prend ses marques à l'écart et s'isole. Un peu plus loin, une femelle et son petit traversent la route pour aller s'abreuver. Ils sont difficiles à capturer ensemble ; le jeune éléphant marche en harmonie avec sa mère, caché et à l'ombre.

BabarS

Nous revenons du parc avec de superbes souvenirs dans la tête : on en a pris plein les mirettes. La flore non plus n'est pas en reste, avec de gigantesques arbres sortis tout droit d'Avatar.

L'arbre de vie

C'est l'heure d'aller poser nos affaires et nous avons choisi le Mango Tree House à un petit quart d'heure du parc, une petite guest-house où l'on est à nouveau bien accueilli. C'est frappant la gentillesse que tout le monde nous porte spontanément. Les gens dans la rue nous font des petits signes de mains auquel on répond. C'est d'une légèreté revigorante.

Et qui dit pays d'Asie du sud, dit... massage traditionnel ! Un petit institut de massage est à 5 minutes, alors Eloa s'empresse d'aller tester la pratique ayurvédique à l'huile de coco.

Elle en ressort complètement apaisée alors que j'ai préféré rester en retrait : la dame a sans doute une cuisse dans chaque doigt à force d'appuyer avec vigueur.


Mango Tree House & massage time

Au retour du massage, on passe à table car notre hôte a dressé le couvert pour nous. Tout est fait ici avec une sorte de pain de riz dans lequel on dispose des légumes, du riz et du curry avant de manger le tout comme un tacos. Le breadfruit, sorte de patate douce locale qu'ils font revenir dans du lait de coco, est délicieux.

Le Mango curry, spécialité d'ici, semble par son nom tout doux et sucré. C'est tout l'inverse : une bouchée suffit à nous transformer en dragon sous les rires du cuisinier. On chope tout ce qu'on peut, du riz, de l'eau, du coca, pour apaiser le volcan que notre bouche est devenue. Enfin, une glace au yaourt toppé avec du miel conclut la soirée repas avec brio.

On a oublié de dire ''no spicy''...

Nous poursuivons par une petite douche en extérieur avec de l'eau (froide) qui coule directement depuis une pierre rectangulaire. C'est à la fois original et esthétique.

Direction le dodo, nous prenons demain la route de la montagne, vers Ella !

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Publié le 24 juillet 2024

Les notes de musique sonnent et le panda Eloa se réveille : elle a super bien dormi. C'est mon cas aussi.

On prend un petit déjeuner typiquement Sri Lankais préparé par notre souriant Tahir. Malheureusement, ce n'est pas vraiment à notre goût : les sortes de crêpes à la coco sont salées et les galettes de riz-coco que l'on a appelé l'autre jour Lembas sont immangeables. Il nous amène une soupe au curry de poulet mais à 9h30, c'est trop dur.

Ça a l'air sec hein ? Ça l'est

Heureusement qu'il y a quelques morceaux d'ananas et de papaye qui sont, comme Eloa les appelle, de ''vrais'' fruits.

On prend la route, direction Ella. Sur le chemin, on s'est abstenu de mettre France Gall mais je ne garantis pas la suite. Sur le bitume qui défile, on zigzague de façon plus en plus naturelle entre les véhicules et les animaux errants. Sur le côté, un éléphant vient sortir du parc pour saluer notre départ de la réserve d'Udawalawe.

Au revoir Babar !

Je sens que je suis devenu un plutôt bon pilote du bolide car Eloa prend désormais la liseuse pendant que je suis sur les petites routes. Ou alors, c'est parce qu'elle préfère ne pas voir ce qu'il se passe... La conduite chaotique des pays d'Asie du sud sont probablement dues à l'hétérogénéité de vitesse des différents véhicules. Inexhaustivement, du plus au moins rapide : bus, camions, voitures, motos et scooters, tracteurs, charrettes à bœuf puis papy à vélo portant du bois, les courses et de l'eau. En revanche, l'état de la route est correct, bien meilleur qu'en Arménie.

L'enfer c'est les autres

On attend la famille V dans la ville d'Ella car la chambre d'hôtes est inatteignable en voiture. On commande un take-away de riz au curry de légumes et de poulet avant de prendre la route en tuk-tuk vers Little Adams Peak. Ce petit point de vue, surplombant les montagnes avoisinantes d'Ella, doit son nom à sa ressemblance avec Adams Peak, un haut lieu de pèlerinage bouddhiste. Après avoir englouti notre très bon repas sur les premiers mètres, il faut gravir les 313 marches qui nous séparent du sommet pour profiter de la belle vue sur les montagnes. À son départ, une belle bâtisse de bois, avec une piscine et un DJ, rend fière allure dans un décor idyllique.


Start : Little Adams Peak

Arrivés au bout des marches, on distingue une suite du parcours. Le J indique : ''il y a deux types de personnes, ceux qui continuent, et ceux qui s'arrêtent''... Ni une ni deux, la joyeuse troupe s'en va vers la suite qui s'annonce raide. La première descente est abrupte et la remontée sur le second sommet l'est tout autant.

Et dire qu'il faudra faire le chemin inverse...

Arrivés en fin de parcours, on profite de l'ombre de deux arbustes isolés : nous avons beau nous trouver en altitude, on sent qu'on se retrouve également en tête-à-tête avec le soleil. Sans connaître le programme de la journée, j'ai enfilé ce matin un t-shirt en coton. Noir de surcroît. Erreur de débutant.

Cela ne nous empêche pas de savourer le paysage à 360° qui s'étend sous nos yeux, même si une légère brume masque le fond de la vallée.

Sommet de Little Adams Peak - Ella

Je ressens que partager des moments de petite randonnée comme celui-ci est complètement différent si l'on est en groupe ou si l'on est en duo avec Eloa. Évidemment, avec l'autre zouave, on se connait par cœur, alors on passe plus de temps à apprécier notre environnement.

Quand on est à plusieurs, on est entre le fait de passer du temps de qualité avec l'une ou l'autre personne, puis apprécier l'endroit.

Je ne suis pas sûr qu'il y ait une meilleure option qu'une autre, en tout cas, les deux sont plaisantes. Je suis content qu'on alterne, en tout cas.

On poursuit nos aventures à pied pour 3 d'entre nous, alors que les 4 autres font le trajet à moto. Une vingtaine de minutes de marche nous séparent du Nine Arches Bridge, un pont bien connu que le train bleu emblématique du pays vient traverser.

La marche prend de suite des allures d'aventures en Amazonie puisque Maps nous fait passer par un chemin peut-être emprunté pour la dernière fois en 1983. Au plus on avance, et au plus le sentier devient restreint. Jusqu'à devoir se baisser considérablement en tapant des pieds pour faire fuir les serpents.

C'est l'aventure !

Au bout d'un petit quart d'heure, on rejoint à nouveau la civilisation et le pont. Érigé en 1919 sous les Britanniques, il est un exemple typique des quelques apports des européens à la modernisation de l'île.

Les couleurs sont très jolies mais nous sommes à contre-jour. Il faut traverser et longer le rail pour prendre une jolie photo. Au loin, le train hurlant annonce sa venue. Pile à l'heure.

Il donne bien envie de le prendre, ce train. Paraît-il qu'il passe en plein dans les plantations de thé.

Nine Arches Bridge

À nouveau, nous prenons un tuk-tuk pour rejoindre notre hébergement : la phase de négoce est un peu comme un appel d'offre, dix véhicules stationnent là et chacun aimerait décrocher le contrat.

Alors que l'on nous propose des sommes de l'ordre de 10 euros, on fait mine de partir : un conducteur nous court littéralement après pour nous proposer moitié moins. Marché conclu.

Tuk-tuk sir ?

L'atmosphère est complètement différente ici, à Ella, que dans les précédentes villes. C'est hyper touristique, beaucoup de restaurants se sont européanisés et je ne regrette pas que notre logement soit retranché dans les montagnes. Au niveau température aussi, il fait toujours humide, mais c'est plus frais. Le soir, il fait pour la première fois du voyage relativement bon.

Petite pause douche et étirements proposés par Eloa, avant de rejoindre la salle à manger en extérieur.

Étirements dans le Waterfall View Homestay

On nous sert des mets simples de riz frit à l'œuf, poulet et curry de pomme de terre, mais c'est excellent. C'est cependant une fois de plus un peu trop, et nous sommes contraints de renvoyer une portion quasi entière. En espérant qu'elle ne soit pas gâchée.


Du riz. Du riz du riz du riz du riz

Nous prenons place proche de nos chambres pour des petites parties de Six qui Prend, accompagnés par un jeune labrador qui navigue joyeusement entre nos jambes.

Il faut savoir que le J a un petit passif avec les canidés, qu'il n'apprécie guère plus que pour garder les troupeaux.

Il nous rejoint, et demande quelle est la nature de la flaque qui se tient devant sa chambre et sur laquelle il vient de marcher. On regarde : pas de fuite d'eau, pas de pluie localisée, c'est bien le chiot qui a fait ses besoins devant la porte dans lequel son pied se trouve encore.

Le J, horrifié, et le chiot qui vient danser devant lui provoquent l'hilarité générale.


On conclut la partie après ce fou rire avant de rejoindre nos lits. Ces derniers regorgent d'oreillers : je prends donc soin d'en donner un maximum à Eloa qui passe son temps à me les voler ''inconsciemment''.

Pillow queen

On programme le réveil aux aurores, pour aller emprunter le train bleu depuis Ella... À demain !

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Publié le 26 juillet 2024

Réveil 5h30 ce matin ! On a vu le train partir en traversant le joli pont en pierre : ça nous a donné envie de le prendre.

Une petite douche plus tard (où des grenouilles se tiennent en reines, ça fait bizarre mais elles ne dérangent pas !), nous sortons de l'hôtel : il fait encore très sombre, le soleil se lève vers 6 heures.

Nous voici en route en longeant les rails pour trouver la gare et emprunter le train qui va à Nanu Oya : il est réputé pour son trajet somptueux.

Cela ne m'était jamais arrivé de faire un trajet juste pour le plaisir de la balade, mais il y a une première à tout. Le train en lui-même, tout de bleu et de rouge, est déjà très chouette.

Blue train

Nous avons des places en seconde classe, ce qui nous permet d'avoir un siège mais aussi d'ouvrir les portes du wagon qui donnent sur l'extérieur.

C'est donc séance photo ! Des paysages, de nous... On immortalise de tous les côtés ce trajet de train qui nous fait passer dans les montagnes qui relient Ella à Kandy. Des plantations de thé jusqu'aux forêts tropicales, tout y est.

Ella to Nanu Oya

Un petit stop sur la voie à cause d'un troupeau de buffles plus tard, nous arrivons à Nanu Oya, situé dans les montagnes à une centaine de kilomètres de notre départ. Nous empruntons un petit minibus jusqu'à Nuwara Eliya, une bourgade qui garde en son sein de belles architectures britanniques. On y prend un petit déjeuner à notre convenance : muffins, jus de mangue et pâtisseries au chocolat.

On prend ensuite un bus pour une bouchée de pain : nous allons faire 3 heures de route directement jusqu'à Ella pour un euro chacun.

Ça fait bizarre de rentrer dans ce qui me traumatise en tant que conducteur de voiture. À l'intérieur, l'avant est stylisé comme le souhaite le conducteur, c'est kitch et authentique à la fois.

Le BUUUUUS

Il y a des places privilégiées réservées au clergé, et Eloa, la famille V et moi-même prenons place sur des sièges sans ceinture. Nous chavirons de gauche à droite en fonction des virages.

À côté de nous, les locaux remplissent le bus à ras-bord. L'un d'entre eux me regarde et sourit, mais sa bouche entière est comme baignée dans du sang. Il chique du Paan, un tabac local rouge qui dégage un colorant rouge intense. Eloa ne déroge pas à la règle et s'endort, malgré la vitesse et les odeurs de pneus brûlés.

En toutes circonstances...

On arrive dans le centre d'Ella, où la route nous a redonné faim. Alors nous nous armons en conséquence avec de petites bananes bien sucrées, car nous avons prévu de faire l'ascension d'Ella's Rock dans l'après-midi. Cette dernière dure 4 bonnes heures aller-retour.

La première partie consiste à trouver le chemin ! Il n'est pas rare que des locaux indiquent un mauvais tracé pour réclamer de l'argent ensuite et vous remettre sur le bon. Nous n'allons pas vraiment déroger à la règle et ça contraste beaucoup avec la gentillesse et la générosité de nos hôtes actuels, ou des Sri Lankais en général.

S'il y a des chèvres c'est qu'il y a de la vie

La seconde partie de la randonnée : ça grimpe, ça grimpe fort dans la montagne, mais il fait bon à l'abri du soleil et un vent agréable nous aide. Décidément, le climat d'Ella est beaucoup plus proche de celui que l'on connaît par chez nous. Sur le chemin, on a un petit jeu : on remet à l'autre un totem (une petite boîte de Tic-Tac) à chaque fois qu'il/elle répond à une question qui débute par son prénom. Pour éviter de se faire remettre le totem, il faut répondre par ''plaît-il''. Le but du jeu étant de ne pas avoir le totem à 19h00, sous peine de gage.

Petite pause

La troisième et dernière partie consiste à rejoindre les points de vue. Ceux-ci sont atteignables uniquement après avoir payé une petite somme au garde qui ne va pas vouloir nous donner des tickets. Le J insiste : s'il ne donne pas de ticket, c'est qu'il va tout garder pour lui sans rendre de compte. Il obtiendra gain de cause. Le but de l'éco-tourisme, c'est de favoriser l'environnement, pas un gars corrompu !

Maintenant que nous sommes arrivés, il ne reste qu'à profiter de la vue. C'est à couper le souffle. On distingue en face Little Adam's Peak où nous nous trouvions hier. Sous nos yeux, toute la vallée d'Ella se distingue. Une petite brume enveloppe l'horizon, comme si elle nous appelait à venir la dissiper avec les mains.

Ella's Rock

Nous redescendons évidemment bien plus vite que nous sommes montés et regagnons le Homestay sans encombre. En plus des grenouilles, des petits geckos se sont introduits dans la chambre. Ce sont des lézards innofensifs qui nous aident bien : ils nous débarrassent des moustiques !

J'en profite pour faire un petit tour en drone autour de notre logement, histoire de profiter de la petite cascade et de son emplacement à l'écart.

Le cadre du logement, on est bieeeeeng

Nous allons enfin terminer la journée par un dîner : des nouilles et du riz comme la veille. On y mange super bien et Danu est au top. Souriant, aux petits soins, il n'arrête pas de demander si l'on veut plus d'un plat ou de l'autre.

Dans leur culture, finir un plat veut dire qu'il n'y en a pas assez. Ça ne matche pas forcément avec la nôtre où quand on finit, c'est que c'était bon !

Les mangues sont un petit délice de dessert et nous gagnons aussitôt notre chambre. La journée fut éreintante mais surtout : on remet ça demain avec un réveil à 3h40 du matin pour aller se faire un petit lever de soleil... On a hâte !

Sunset on Ella
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Si la veille, le réveil piquait déjà, ce n'était rien à côté de celui-ci. 3h45, c'est l'heure des braves ! J'enfile rapidement mes affaires, avant que l'on rejoigne un tuk-tuk spécialement affrété pour l'occasion. Eloa, de son côté, ira avec son frère à moto, ce qui lui offre une précieuse demi-heure de sommeil supplémentaire.

Deux porc-épics fuient, apeurés devant le tricycle à moteur.

C'est flou ; je ne voulais pas le rater !

La route doit durer une heure et demie avant de nous mener au Lipton's Seat, le siège de feu Sir Thomas Lipton. Vous voyez le Lipton Iced Tea ? L'héritage du bonhomme est gigantesque, et il commence au Sri Lanka, à travers son empire de thé. Arrivé en colonie du Commonwealth au début du XXè siècle, il essaya d'abord d'y faire pousser du café, sans succès. Par dépit, c'est donc du thé qui sera implanté ici, et qui épouse le paysage d'aujourd'hui à perte de vue.

Dans le tuk-tuk qui nous fait goûter le confort de ses non-amortisseurs, nous cheminons, seuls, vers le point de vue.

Nous arrivons juste avant que le soleil n'envoie ses premiers rayons. Sous nos yeux, c'est un infini de plantations de thé qui s'étend et prend des couleurs à mesure que l'astre solaire se lève. Le spectacle est grandiose.

Ça vaut bien quelques heures de sommeil

Nous marchons un peu sur le bitume qui slalome entre les plantes en appréciant l'atmosphère qui se dégage, puis nous reprenons le tuk-tuk en chemin inverse.


Tea eveywhere

Fiona et Lalou reprennent leur nuit alors que le petit véhicule accuse sérieusement le coup. Notre conducteur est, quant à lui, imperturbable.

Tuk-tuk

Il fait un arrêt devant une école. Ici, les écoles sont séparées filles/garçons et les uniformes sont de rigueur. Dans la cour, tous les bavardages cessent quand les enfants remarquent que nos trois têtes curieuses les observent.


Sri-Lanka School

De retour chez Danu, un petit déjeuner complet nous attend, avec des yaourts, des toasts, des fruits et surtout, des sortes de crêpes trouées de coco dans lequel on fait cuire un œuf au plat. Le tout est parsemé d'herbes, c'est délicieux.

Après avoir englouti ces comestibles en guise de carburant, nous quittons Ella en voiture pour Kandy. Le trajet s'annonce complexe !

Oui

Enfin, nous essayons de quitter Ella car un vieux bougre nous en empêche en se tenant devant la voiture, stationnée depuis deux jours sur un parking. Il ne fait que répéter : ''big problem for you now, your car here for long, you take taxi now I call police". On avait vérifié : il n'y a aucun panneau d'interdiction et les mêmes voitures sont stationnées à côté de nous. Le J arrive à la rescousse et dit au gars ''un problème ? Y'a pas de problème''. Il se pousse et nous partons. Il y a une petite aura indéniable du chef de famille.


Nous faisons un arrêt à la fabrique de thé d'Halpewatte.

Là, nous rejoignons une visite en cours et découvrons les machines qui servent à la confection du thé. Tamisage, séchage, on découvre quels sont les secrets de fabrication des thés vert, blanc et surtout noir. Il n'y a que des femmes qui sont opératrices ici. Cela doit être très physique par moment : il fait plus de 45°C dans certains ateliers.

L'or noir, ici, ce n'est pas le pétrole, mais ce sont bien ces précieux plants de Camellia Sinensis.

Halpewatte Tea Factory

4 heures nous séparent de notre point de chute : Eloa en profite pour roupiller un peu alors que nous quittons la montagne d'Ella.

Nous traversons le Victoria's Sanctuary, qui abrite des milliers de singes. Sur la route, on manque de justesse d'en écraser alors qu'ils ricanent sur le côté, imprudents.

La réserve naturelle est marquée par un gigantesque barrage qui arrête le lac et fournit plus de 60% d'électricité à la région.

Lac Victoria

L'arrivée à Kandy est chaotique. La ville est un joyeux bordel de circulation, à cause de ses 130 000 habitants.

La grande ville ne ressemble pas du tout à nos architectures européennes : elle s'est faite dans la jungle, et vu de dessus, ça se voit.

Notre hébergement est situé sur les hauteurs de la ville, et le balcon donne une vue splendide. Le SkyDeck Kandy porte bien son nom !

SkyDeck Kandy

J'en profite pour faire quelques plans de la ville en mode incognito. Nous n'avons pas prévu de visite pour le moment, la ville est le centre religieux du pays et nous testerons sa renommée demain.

Kandy city

Pour l'anniversaire de la maman d'Eloa, nous réservons un dîner au Theva Cuisine, un restaurant semi-gastronomique excentré de la ville. Cela leur fera du bien puisqu'ils ont eu un problème avec leur voiture, qu'ils ont dû amener au garage, ainsi que les petits soucis de moto.

Le repas propose de la cuisine de partout, c'est plutôt bon et le cadre est chouette. Les prix sont raisonnables, jusqu'à ce que l'on découvre que les taxes ne sont pas incluses. +30% sur l'addition, et bim !

On a tout de même passé un excellent moment, surtout quand Tristan a honoré son gage lié à notre jeu de la veille. Une très belle partition de ténor au milieu du restaurant en l'honneur de Mu'.

Theva Cuisine

Nous rentrons de nuit vers 22 heures, mais les locaux étant branchés sur un rythme 6h-20h, il n'y a que les chiens errants qui nous tiennent compagnie.

Nous avons fait une belle journée de 20 heures de suite, les yeux s'en ferment tous seuls. On se dit à demain !

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C'est marrant, c'est mon réveil habituel du travail qui nous fait ouvrir les yeux ce matin à 8h30, mais le cadre est bien différent. Premier et dernier réveil à Kandy City pour une visite de la capitale religieuse du Sri Lanka avant de mettre le cap plus au nord.

Après un très bon petit déjeuner mais pas assez copieux (c'est bien la première fois), nous prenons la voiture vers l'enfer de la circulation des Kandians.

Il y a pire comme vue de douche !

Mais ici, qu'importe, tout clignote orange et démerdez-vous. Résultat : les bus et les camions s'imposent alors que les deux/trois roues circulent comme ils le souhaitent. Les rétros ne servent pas : je sais qu'il y a un véhicule à 10 cm à gauche et un à ma droite en permanence. Notre Kube à quatre roues a bien du mal à avancer.

L'enfer de Kandy

Au moins, nous n'aurons pas eu d'accident et arrivons enfin à nous garer proche du temple de la Dent.

Nous rejoignons l'édifice, qui a été érigé ici par les rois de Kandy en 1595. Initialement, c'était pour protéger la relique du Bouddha qui leur a été confiée par les Indiens. Ensuite, ladite relique, une dent du Bouddha, a vite été revendiquée par les rois locaux, ce qui leur garantissaient un accès au trône.

C'est donc naturel que le temple ressemble autant à un bâtiment religieux que militaire : de nombreux assaillants ont essayé de détruire la dent et les pouvoirs vaniteux qui lui étaient associés.

Temple de la Dent

Seule Eloa rentrera dans le temple-même : l'entrée est assez onéreuse et j'ai oublié de me cacher les genoux ce matin. J'avais omis que les divinités pacifiques avaient un faible pour les articulations rotuliennes.

Je l'attends dans un parc avoisinant, et j'observe des cortèges religieux qui se succèdent, les hommes, les femmes et les enfants tous vêtus de blanc. Les moines, eux, portent la kesa, en orange traditionnel.

Ils apportent tous des offrandes de fleurs : c'est une croyance dérivée de l'hindouisme. En effet, dans les autres pays bouddhistes, il n'est pas question d'offrandes de fleurs : c'est uniquement du fait de la culture cinghalaise importée d'Inde.

Le Bouddha

Après cette visite qui aura duré une bonne heure dans Kandy, nous partons fissa fissa car la ville ne nous inspire vraiment pas. Juste le temps de recharger en eau est en essence avant de déguerpir. Nous mettons le cap vers Polonnâruvâ, un site archéologique au centre nord de l'île. À nouveau, 3 bonnes heures de voiture, à slalomer sur les petites routes entre tuk-tuk, scooters et camions. Et pour les férus d'adrénaline, croyez-moi : on prend de bons shots quand lorsque sur sa propre voie, on regarde débouler à pleine vitesse un bus rouge hurlant. J'avoue que ça fait un peu peur au début, puis l'on s'y fait, on freine, on se range au maximum, puis l'on retient sa respiration quand il passe.

Enfin, certains sont stressés plus que d'autres

Avant d'arriver, on a repéré un restaurant : Jaga Food, qui ferme à 16h30. On met les gaz pour y arriver juste à 16h20. Le gérant nous accueille avec un grand sourire, et nous installe en nous invitant à prendre une assiette. Ici, c'est un buffet à volonté où plus de 30 marmites en terre cuite attendent d'être découvertes pour être goûtées. L'homme qui tient le restaurant est un local qui nous présente un à un les mets disponibles.

On mange seul dans ce restaurant, avec pour seule compagnie les magnifiques sourires de la cuisinière, du gérant et de la serveuse qui nous regardent manger. Habituellement, ça m'aurait gêné, mais on sent une telle bienveillance. C'est ex-ce-llent. Tout est divinement bon, même si c'est un peu froid puisque seules de petites bougies réchauffent en permanence les marmites.

Tout est fait maison, et plus de 80% des plats sont issus du jardin. C'est à volonté et croyez -moi qu'on lui fait honneur.

Avant de partir, le gérant insiste pour nous offrir des bananes pour la route. On paie : environ 15 euros pour tous les deux, c'est fou. En arrondit évidemment fort fort pour faire un prix qui nous semble juste et la serveuse nous donne aussi des bouteilles d'eau gelée qui nous font un grand plaisir.

Meilleur restaurant du voyage

Nous arrivons au siège archéologique de Polonnâruvâ. Malheureusement, il est 17 heures et le site ferme ses portes.

Le rendez-vous est donc pris pour demain.

En attendant, nous allons rejoindre notre point de chute, que l'on découvre joyeusement dans un cadre magnifique. Il y a une piscine et le jardin est aux petits soins. L'intérieur du logement est couvert d'écritures au feutre de précédents visiteurs. Ça donne un style chaleureux.

Tishan Hotel

Le logement juxtapose les rizières, et l'on distingue de jolies couleurs. Ce n'est rien à côté du paysage qui se dresse lorsque l'on prend un peu de hauteur. Je crois n'avoir pas eu de meilleurs plans au drone depuis que j'ai découvert l'outil.

C'est vert sans être l'Irlande

On flâne un peu au bord et dans la piscine, qui est à température idéale. Je rattrape mon retard sur le carnet de voyage et l'on s'apprête à suivre le match d'ouverture aux JO des bleus de basket masculin. La wifi est capricieuse, alors je fulmine devant la bouillie saccadée de pixels. Au moins, on gagne.

Sur cette bonne chose, on se couche : demain, il faudra se réveiller de bonne heure pour aller visiter les ruines de l'ancien royaume Sri-Lankais !

Le processus d'écriture
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Ce matin, après un petit déjeuner complet (le premier en mode buffet, comme chez nous), on fait un tout petit trajet vers le site de Polonnâruvâ.

Cette ville, fondée par les colons Indiens, fut la première de l'île à adopter le bouddhisme.

Avant de pénétrer dans l'enceinte fermée des ruines de l'ancienne ville, il faut s'affranchir des 60$ d'entrée, auxquels on ajoute quelques roupies pour embaucher un guide. En effet, le site étant majoritairement composé de bâtiments détruits, on aurait eu du mal à interpréter ce qu'il s'y cachait auparavant.

Facile l'alphabet, non ?

La visite commence par un musée où les reconstitutions du palais royal et des temples sont proposées sous forme de maquettes. Des instruments militaires, médicinaux, de travail du sol sont aussi présentés, usés par la rouille et le temps. C'est un musée classique, en soi.

Le palais royal Avant-Après

On débute la tour en extérieur par un petit trajet en voiture vers le lac de la ville, qui servait de réservoir d'eau à la cité. De nombreux macaques sont présents et les guides n'hésitent pas à les faire fuir en leur envoyant des pierres. Les malins sont toujours à l'affût et n'hésitent pas à venir chaparder de la nourriture, même dans les sacs.

Avec sa vieille tête du démon là

S'ensuit la visite du palais royal, dont il ne reste plus grand-chose. On découvre juste encore les bains, réalisés en granit. La plupart du palais était en brique et en bois, ce qui explique qu'il n'a pas survécu aux invasions successives du XIIIè siècle puis à l'abandon de la ville du fait de ces attaques répétées.

Les restes du palais royal

Après plusieurs centaines d'années où la nature reprit ses droits sur la ville, les Britanniques découvrirent les ruines avant d'entreprendre d'importants travaux de réhabilitation.

Nous approchons également d'anciennes ruines de temples bouddhistes qui juxtaposent des temples hindouistes. En effet, les Indiens étaient pratiquants initialement hindouistes. Les deux religions sont voisines, unies par certaines croyances, comme les notions de karma et de réincarnation.

Notre guide, bouddhiste convaincu, prêche largement la philosophie du Buddha. Il nous décrit que pour lui, tout n'est que son et vibration. Selon lui, on décide que quelque chose existe parce qu'on lui attribue un nom, et si l'on prend suffisamment de recul, on saura que c'est une illusion.

Il nous indique aussi le chemin pour devenir Buddha : la première qualité que l'on doit avoir pour devenir apprenti moine est l'esprit critique.

Au sein du temple, il ne reste pas grand-chose. Les anciennes statues de Buddha ont toutes été détruites : il se raconte que ceux qui les construisaient y logeaient des pierres précieuses. Les Britanniques en sont, selon notre narrateur, les principaux responsables.

Ruines des temples

Nous visitons une immense Stuppa : ces bâtiments n'ont été construits que dans le but de protéger les reliques du Buddha ou des moines qui avaient atteint le même statut que lui. Il s'agit d'une sorte d'immense forme de bol plein en terre cuite retourné, surmonté d'un pic pointé vers le ciel. Pas d'entrée, pas de sortie.

Stuppa (ou Dagoba)

Le parcours se poursuit par des statues du Buddha sculptées à même le granit. Il y a quelque chose d'apaisant dans ces personnages immuables qui sont là depuis mille ans. C'est un contraste particulier entre les dires de notre guide sur le monde qui n'est qu'une illusion et ces statues qui sont pour le moins très concrètes.

Les imposantes statues millénaires

Une dernière stuppa blanche plus tard, nous sortons du parc. On avait un peu envie de filer un billet de 20 roupies au guide en lui disant que c'était une illusion et que c'était un billet de 1000, mais je crois que le raisonnement touche à ses limites.

Goodbye Polonnâruvâ

Nous faisons un tour par Jaga Food, là où l'on a mangé la veille et dont on ne revantera pas les mérites. Certains plats ont été renouvelés et on trouve ça encore plus incroyable.

Une cuisinière de Jaga Food

On se dirige vers Sigiriya, à une heure d'ici, pour y rejoindre les V. On s'apprête à gravir le Pidurangala Rock, qui nous coûtera juste 3 euros par personne et nous offrira une magnifique vue sur le Rocher du Lion de Sigiriya. L'ascension de ce dernier coûte sinon 30$ par personne, ce que nous trouvons un peu cher pour un joli point de vue.

Dans la montée, les singes nous regardent avec gourmandise et viennent même chiper la bouteille d'eau de Lalou. On fait un stock de pierres pour être prêt en cas de besoin.

Une nouvelle statue gravée dans la montagne, les singes ne sont pas loin

Arrivés au sommet, le vent souffle très fort mais la vue est magnifique. À 360°, on voit la forêt et la proéminence rocheuse qui se dresse là, comme posée par une instance divine. On prend quelques photos puis on prend le chemin inverse. La petite randonnée est sportive et c'en est plaisant.


Lion's Rock depuis Pirudangala Rock

On rejoint un autre point de vue ''secret'' que l'on a repéré en amont. On s'y dirige grâce aux coordonnées GPS laissés là par un précédent baroudeur. Le point de vue est sans égal, et seuls les nuages viennent nous gâcher le spectacle d'un coucher de soleil qui aurait pu être mémorable.

Hier, j'avais écrit que les plans en drone étaient mes meilleurs depuis que j'utilise l'outil, je remets aujourd'hui cela en question ! Il faut dire que Sigiriya, à travers son rocher du Lion, sait se mettre en valeur.

Il y a des cailloux plus beaux que d'autres

En fin de journée, on pose bagage dans un Homestay proche du rocher. On rejoint ensuite un restaurant à quelques mètres du logement mais l'auberge nous indique que le service sera long. Effectivement, on attendra presque deux heures pour être servis : heureusement que le J nous sort une démonstration au tarot pour faire passer le temps.

Fatigués, on trace directement au lit depuis cette soirée jeux + repas. Demain, on a prévu de visiter le parc Minneriya, réputé pour ces tribus d'éléphants et le large regroupement qu'ils mettent en œuvre chaque jour. On a hâte !

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Après un petit déjeuner fort goûtu à base de crêpes à la banane et de fruits, nous patientons que notre guide du jour vienne nous chercher pour prendre la route du parc Minneriya.

La réserve naturelle est connue pour abriter de nombreuses espèces différentes : des crocodiles, des pythons, des chacals (des chacaux ?)... Mais surtout, l'animal phare du site, c'est l'éléphant ! À nouveau, pour notre plus grand plaisir, nous retournons sur les terres de Dumbo. Plus de 500 individus peuplent le parc et dès notre entrée en matière, quelques-uns de ces animaux aux grandes oreilles nous font l'honneur de leur présence pacifique.

Ils sont beaux non ? ©Mu'

Là, le safari va durer un peu plus de 4 heures : nous avons donc le temps de les voir évoluer tranquillement. D'autant plus que nous sommes presque seuls dans le parc, on a les pachydermes rien que pour nous.

On s'approche d'un autre troupeau : là, dans les jupes de sa maman, un éléphanteau de 3 mois se cache. Il est minuscule à côté des autres qui se regroupent autour de lui alors que la jeep approche. Tout maladroit sur ses pattes, il suit l'ombre de sa mère avant de s'asseoir, puis de repartir, un peu ailleurs.

L'éléphanteau au milieu de ses congénères ©Mu'

Avec son appareil photo de professionnelle, Mu' s'en donne à cœur joie. Il y aura du tri à faire !

Une autre jeep déboule en face de nous et perturbe le troupeau qui fuit dans la forêt à l'unisson. À nouveau, la majorité des éléphants forment un bouclier de chair autour du petiot : il faut dire que ce n'est que tout jeune que le mammifère est en danger. Plus tard, il n'aura plus aucun prédateur ici (à part l'homme).

La forêt, luxuriante par endroits, forme des bosquets de bambou alors que certains arbres poussent en symbiose, l'un enroulant l'autre dans sa longueur.

Les bosquets de bambou

Sur le chemin du retour, nous croisons un dernier attroupement d'éléphants où un mâle tourne autour de l'ensemble. Son sexe dégoulinant d'urine est chargée en phéromones : il est en rut. Pas très glamour, le pachyderme. De ce fait, il est relativement dangereux de l'approcher et de le déranger. Il nous le fait bien comprendre d'ailleurs, en s'approchant de nous et en levant la trompe de manière menaçante en direction des voitures.

Ouste !

Le mâle est bien plus grand et imposant que les femelles. On prend nos distances avant de regagner l'entrée du parc. Juste avant de franchir les portes, un écureuil géant de Ceylan nous fait le plaisir de sa venue.

Il est beau, il est gros ! ©Mu'

Un peu déçu de ne pas avoir aperçu d'ours Lippu (ou ours Paresseux en anglais) comme Baloo du livre de la jungle, ou encore d'attaque de crocodile sur un buffle égaré. On laissera cela aux reportages du National Geographic.

Ce n'est pas faute d'avoir cherché !

Il est plus de 17 heures et l'on meurt de faim. On s'arrête un petit quart d'heure plus loin du parc pour éviter tous les pièges à touristes et l'on fait un repas qui combine midi + soir.

Le cadre est super sympa, avec la plaine de la réserve qui s'étend vers le lac. Un éléphant solitaire nous fera même une petite visite de loin, au milieu d'un troupeau de vaches.

Déjeuner - Dîner

Eloa & Moi mettons le cap au coucher du soleil vers Pasikuda alors que les V iront à Polonnâruvâ que l'on vient de visiter. Deux heures de route nous attendent, de nuit.

C'est donc l'heure d'affronter le boss final de la conduite au Sri Lanka. Il faut savoir qu'une fois la nuit tombée, il ne faut pas compter sur l'éclairage public puisqu'il est inexistant. Toute l'aide qu'on aura, c'est la faible lumière de certains stands de fruits qui sont sur le bord de l'asphalte.

Les locaux conduisent quasiment tous en feu de route et tant pis pour le gars d'en face. À grands moyens d'appels de phare, on arrive à faire basculer la moitié en feu de croisement.


Que Vishnu nous protège

Si je pensais que certains conduiraient de façon plus prudente, où que les vélos, tracteurs et autres semi-remorques se feraient plus rares, que nenni ! Nos dépassements sont plutôt maîtrisés, ce sont les dépassements des autres véhicules qui nous crispent le plus.

En journée, c'est déjà électrisant de faire face aux bus de la mort, mais dans la nuit, avec leurs doubles feux de route en marche qui se retrouvent tout droit, c'est quelque chose.

Eloa n'est pas rassurée non plus, cramponnée au siège passager et m'annonçant les piétons et autres animaux errants qui n'ont pas de lumière et qu'elle voit au dernier moment. Tout ceci au rythme de la BO du Dernier Samouraï, ce qui nous aide à en faire un chouette souvenir.

Nous arrivons non sans mal à notre point de chute de Pasikuda, à quelques kilomètres de la mer. Alors que nous n'avons envie que d'une bonne douche, un énorme scarabée-cafard d'une dizaine de centimètres se dresse au-dessus du pommeau.

La taille du truc, il aurait eu sa place au parc Minneriya

Même les locaux que l'on a appelés pour l'occasion flippent en le voyant ! On réussit à le foutre dehors puis on projette de boire un petit thé bien mérité, avant de rejoindre les bras de Morphée. Demain, on espère qu'on retrouvera au lever du soleil une jolie plage paradisiaque !

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Publié le 1er août 2024

C'est une jolie habitation que nous découvrons ce matin et dans laquelle nous avons dormi ! On ne l'avait pas bien observée hier dans l'obscurité, mais c'est bien sympathique au réveil. Petit déjeuner usuel (trio gagnant omelette tartines thé) puis l'on prend la direction de la plage de Pasikuda.

Pasikuda Nature

C'est une plage de sable blanc, comme on en avait pas vu depuis le début du voyage.

On s'y sent bien seul et ce n'est pas désagréable, juste accompagné de quelques pêcheurs et de chiens errants.

Pasikuda Beach

On s'abrite à l'ombre d'un cocotier puis Eloa sort la liseuse. J'ai un peu de mal à rester en place alors je me mets à explorer les environs. Là, une noix de coco gît au sol, sans doute morte depuis quelques jours. Je m'en sers pour la lancer sur les cocotiers et faire tomber des cocos mûres ! Après quelques essais, une noix tombe au sol. Il faut maintenant l'ouvrir.

Pour cela : il faut laisser tomber une grosse pierre plusieurs fois sur le dessus pour fragiliser les fibres. Une fois la coque fissurée, le fruit s'épluche comme un épis de maïs. Il reste la noix à briser ! Avec un caillou pointu, en tapant plusieurs fois dessus, c'est sans problème.

''Homme capable''

Avec Eloa, on est impressionné par la quantité de jus que la noix contient. Il y en a assez pour deux verres entiers. C'est un régal, et la chair l'est tout autant. C'est une certaine satisfaction que de se dire que sur une île déserte, tout ne serait pas perdu.

Après ces petites péripéties, on choisit un petit restaurant à côté, évidemment spécialisé en fruits de mer. Le service est, comme souvent ici, extrêmement long. On se demande s'ils sont partis pêcher les gambas et le thon que l'on vient de commander.

Après deux heures d'attente, on obtient nos mets et c'est bien bon, même si le décorticage des fruits de mer n'est pas fructueux. Le patron, voyant que l'on n'est pas vraiment satisfait de la quarantaine de grammes obtenue, nous ramène le double. Cool.

Jumbo Prawns - j'ai tout de suite su que c'était la bonne quand elle a proposé de décortiquer mes fruits de mer

On fait ensuite la route jusqu'à Trincomalee, où sont les plages du nord-est les plus réputées de l'île. On y a prévu d'y retrouver les V mais malheureusement, un tuk-tuk leur est rentré dedans et ils doivent attendre de pouvoir faire un constat. Le gars du tricycle sommaire a en plus voulu se barrer, donc l'ambiance doit être au beau fixe.

De notre côté, la route se passe bien, on croise juste un nombre incalculable de vaches sur la route, qui s'en fichent complètement des automobilistes. On alterne entre piste et route, ce qui met tout de même les pneus (et la patience d'Eloa) à rude épreuve.

Et on n'oublie pas la ceinture de sécurité

Nous entrons ici en terre Tamoul, la seconde ethnie la plus présente au Sri Lanka. Les deux ethnies, avec les Cinghalais, se sont battues entre 1983 et 2009 pour un total de 100 000 morts. La raison de cela est que chacun s'entre-accuse d'avoir été envahi par l'autre et clame avoir été présent en premier sur l'île. Ajoutez-y une touche de différence religieuse (les tamouls étant majoritairement hindous, musulmans et chrétiens), un zeste de convictions politiques différentes et beaucoup de ségrégation sociale, puis l'on obtient ce qu'il faut pour la guerre civile. Encore aujourd'hui, des barrages de l'armée sont présents au nord tous les 20 kms, et même s'ils n'empêchent pas la population de circuler, c'en est pas moins intimidant.

On profite du retard imprévu des V pour faire un peu de linge, puis de rejoindre Nilaveli, une bourgade avoisinante de Trincomalee, où se trouve notre Homestay. On voit immédiatement qu'on se trouve en terre Tamoule : les vêtements sont différents, les lieux de culte aussi.

Après l'arrivée des V (l'arrivey lol) on se rend dans un petit boui-boui à quelques mètres de là où le bonhomme nous fait des jus de fruits... salés ! On pense que c'est une erreur ou une blague, mais après vérification... C'est bien intentionnel. Une cuillère à soupe de sel dans un verre, c'est parfaitement imbuvable. Heureusement, la personne est hyper bienveillante et refait aussitôt les jus que l'on a rejetés plus tôt, sans sel cette fois.

C'est aussi l'occasion pour moi de dire que les Sri Lankais dodelinent de la tête, de gauche à droite, très souvent. C'est un peu perturbant mais c'est pour dire qu'ils acquiescent ou qu'ils sont attentifs. Ça me rappelle les figurines qu'on avait avec mon frère, qui ne cessaient de dodeliner dès qu'on les touchaient...

Le boui-boui du coin

Une petite journée que celle d'aujourd'hui, mais nous compenserons demain par une journée de randonnée sous-marine proche de Trincomalee !

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Ce matin, petit déjeuner par notre hôte du moment et ce n'est pas la joie qui le caractérise. Il nous a donné rendez-vous à 8h30 la veille et arrivée l'heure : il renvoie Eloa dans la chambre en lui demandant sèchement de respecter le petit déjeuner des autres. En effet, il n'y a qu'une table et elle est prise ! Bizarre l'ambiance.

Une petite demi-heure plus tard, nous prenons place et le bougre nous sert un des pires petits déjeuners du Sri Lanka : du thé servi dans un seau en plastique et des tranches de pain de mie avec lesquelles on peut s'étouffer. Heureusement qu'il y avait quelques fruits. On devait en plus prendre des forces car nous partons tous les 7 pour l'île aux pigeons, pour y faire du snorkeling (en français : palmes-masque-tuba !). Le J est allé négocier tôt ce matin pour le bateau, le matériel et le gars qui doit nous y amener.

En avant !

On nous y conduit donc par la mer, bien calme ici, puis on nous dépose sur le bout de terre de 100 mètres de large par 200 mètres de long. D'abord, il faut s'éloigner un peu des touristes, parce que sur la plage principale, c'en est rempli ! Une petite marche plus tard, on tombe sur un petit coin de sable tranquille avec les deux côtés de l'île accessibles à la nage. Ni une, ni deux, on pose nos affaires avant de se jeter à l'eau.

En mode Robinson Crusoé

L'exploration révèle tout d'abord des coraux magnifiques qui peuplent les fonds marins. Les poissons qui y vivent sont colorés, des barracudas, des poissons-ange... On en prend plein les yeux quand le masque ne s'emplit pas trop vite de buée ! Le mien fuit un peu, alors je dois m'arrêter régulièrement. On tombe rapidement sur une grande tortue en train de faire un festin sur une méduse bleue, arrachant bout par bout dans son adorable petite trogne. On reste une bonne dizaine de minutes à plonger avec la tortue et à remonter à la surface avec elle.

Un petit coin de paradis

Sur le retour, nous tombons sur un requin à pointe noire qui passe très proche. Le mammifère lagunaire, inoffensif pour l'homme, n'en demeure pas moins impressionnant. Quel pied ! D'une taille approchant les deux mètres, il fuse entre les coraux, chasse les grands poissons et les céphalopodes.

Hello

De retour sur la plage, les alizés sont agréables car le soleil brille au zénith. Je sens déjà ma peau de roux qui commence à griller comme un des ces poissons qu'on aurait mis au barbecue.

Les V retourneront plus tard à l'eau et auront de la chance : ils croiseront 4 requins qui se tiennent très près. Je les survole avec le drone et l'eau claire me donne la chance de les voir en transparence.


Les 4 rois de la lagune

On passe le reste du temps à faire des jeux sur la plage avant de rejoindre le bateau du retour, où nos 5 minutes de retard exaspèrent le jeune conducteur. Il a passé sa journée à faire des allers-retours entre l'île et le Sri Lanka et est résolu à vouloir terminer sa journée rapidement.

En revenant au Homestay, nous avons tous bien pris des couleurs mais Fiona et moi, en tant que bons roux, avons hérité des plus belles taches. En particulier sur le dos et l'arrière des jambes, sûrement récoltés pendant que l'on était à l'eau. C'est la première fois qu'Eloa aisse ''infuser'' de la biafine sur mon dos !

L'écrevisse en chef

On a tous les 7 bien faim en dépit des quelques bananes et des gâteaux que l'on a achetés sur le trajet. On prend donc la route d'Uppuveli, une petite ville à quelques kilomètres, pour rejoindre un restaurant côtier. Sur les devantures, les restaurants affichent dans la glace les prises du jour : homards, crabes, thons...

La pêche n'a pas été bonne

On tombe sur le Be Cool, dont les cuisiniers et les serveurs sont aussi cools que dans le titre ! En mode pas trop vite le matin et doucement l'après-midi, on entend. Deux bonnes heures après notre arrivée, on reçoit nos plats qui sont aussi bons qu'ils ont été désirés.

Heureusement que l'on a les JUS. Ici, beaucoup de restaurants ont aussi un ''juice bar'' avec de nombreux fruits locaux en réserve. Les délices liquides sont uniquement constitués de fruits et de glace pilée, on mixe le tout : c'est prêt. Ça va beaucoup nous manquer en France. Pas que l'on ne puisse pas faire ça nous-mêmes, mais les fruits ne sont pas vraiment identiques.

Choisir c'est renoncer

On rentre en fin de soirée après une petite conduite de nuit. Ça nous fait toujours autant marrer comment en passant des feux de croisière aux feux de route, la vie apparaît. Des gens qui marchent, des vaches, des vélos... On aurait du mal à imaginer les Gilets Jaunes ici, puisqu'il n'y en a pas.

À demain !

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Un dernier lever aux aurores, avant de prendre la direction de la plage. En guise de réveil : Eloa me gratifie d'un cri à faire ressusciter un macchabé lorsqu'un cafard sort de l'évier alors qu'elle se brossait les dents. Une dernière joyeuseté pour ce logement qui ne nous aura pas vraiment marqué en bien !

Pour le lever du soleil, nous avons rendez-vous avec deux marins qui nous emmènent au large voir... Les dauphins !

La vue sur l'océan indien bien calme, pendant que le ciel s'emplit de couleurs, est digne d'une carte postale.

Sunrise on Nilaveli Beach

Nous sommes répartis en deux bateaux pour les alléger et garder du jus s'il y en a besoin.

En début de trajet, Tristan fait connaissance avec notre capitaine du jour : il s'agit d'un pêcheur qui a été recruté pour l'occasion par l'opérateur sur la plage. Originaire du coin, il a grandi aux côtés de l'océan et est un habitué de l'exercice de la conduite vers les dauphins. En regardant son téléphone digne des premières années des portables, je me dis qu'il doit vivre une vie paisible, bien différente de l'agitation des nôtres.

Après 45 minutes à pleine vitesse, nous observons au même moment avec Eloa un aileron qui dépasse de l'eau. Un saut plus tard, c'est confirmé, quelques dauphins nagent à l'écart des endroits réputés et notre guide n'y avait pas prêté attention. On s'y arrête quelques minutes pour évoluer à leurs côtés. Ce sont des dauphins à long bec, qui mesurent entre 140 et 200 centimètres.

Dolphins !

Le pilote remet le cap vers le nord, où il connaît un endroit où il devrait y avoir plus de dauphins. Après une dizaine de minutes sans en voir, Eloa commence à s'impatienter : pourquoi ne pas être restés avec les précédentes créatures marines ?

Au final, avec ses yeux habitués, notre capitaine nous trouve une vingtaine de dauphins, nageant tous à l'unisson, à quelques dizaines de mètres. Nous les rejoignons ; le spectacle est magnifique. Ici, les cétacés se regroupent par petits groupes mais la population locale au nord de l'île est estimée à plusieurs milliers d'individus.

Voir des dauphins d'aussi près est une chance que l'on est pas prêt d'oublier !

Une bande de Flipper

Pour qu'on les observe, il faut qu'ils respirent en surface quelques fois avant de replonger. Parfois, ils nous font même l'honneur d'une cabriole en l'air qui n'est pas vaine : c'est pour avoir plus d'air ou pour se donner plus de vitesse. On aurait bien nagé avec eux, mais c'est interdit.

On fait le chemin de retour d'une traite, passant à côté d'une station offshore de gaz. Le Sri Lanka ne commence que vraiment maintenant sa croissance sur ce terrain, parfois grâce à des fonds chinois. Le soleil commence déjà, dès 8 heures, à se faire pesant. Mes rougeurs de la veille, encore à vif, n'apprécient pas vraiment sa compagnie. Heureusement, le vent marin permet de faire passer cela assez correctement.

Ceylan Sea

De retour sur terre après ce moment un peu hors du temps, nous regagnons le Homestay. Encore une fois, je ne peux m'empêcher de penser que nous sommes incroyablement chanceux de pouvoir réaliser ce genre d'expérience. C'était la première fois que je voyais des dauphins dans leur habitat naturel. Je trouve qu'il y a une certaine importance de continuer à vivre des premières fois marquantes. Sans forcément dans une volonté de cocher une case, juste de se dire que l'on avance dans une direction. Passons.

Une dernière pour la route : ils nous suivent !

On poursuit notre journée débutée tôt par une après-midi à la plage de Nilaveli, où des vagues de deux mètres viennent s'abattre. C'est atelier bodysurf (à ne pas confondre avec bodyboard) avec la famille V et c'en est fort amusant. Je me mets aussi en quête de coco et tombe d'abord sur un jaquier peu mûr. Les cocotiers font ici plus de 15 mètres de haut, et il me faudra au moins 50 lancers dont une dizaine réussis avec une pierre pour réussir à en faire tomber une. Plus loin, j'en ramasse au sol une deuxième, en la secouant, il y a toujours du jus dedans.

Je les ouvre comme avant-hier et cela nous fait un petit encas d'après-midi.

Après ces petites activités, il nous faut déjà mettre les voiles avec Eloa pour nous rapprocher de l'aéroport. Sinon, nous devrions faire 6 heures de route demain matin. Sans façon.

Les au-revoir sont évidemment difficiles : en plus de quitter les V, cela signifie également que la fin des vacances est proche.

En formation V groupé (on dirait presque que le logement est bien ici)

Nous reprenons donc la route en direction de Dambulla, et la première heure sonne un peu comme des flash-back de notre voyage. On passe à côté de Polonnâruvâ, de Sigiriya... On s'arrête prendre un jus de mangue pour se donner le courage de continuer.

Alors que l'on croise un panneau pour le moins hors du commun des Français, je dis à Eloa que j'aimerais bien qu'un éléphant sorte du parc pour venir nous dire au-revoir.

Déjà le trajet du retour

Aussi tôt dit, aussitôt fait ! Quelques minutes plus tard, un pachyderme ralentit la circulation et ne semble pas décidé à partir de la route. Ce que c'est imposant quand on n'est pas dans une jeep, perché à deux mètres au-dessus du sol !

Le pachyderme en question

On reprend un peu avant de se faire arrêter par des policiers pour la dernière fois du voyage, probablement. Ils nous tendent un papier sur lequel on doit payer quelques milliers de roupies (quelque euros) pour avoir ''désobéi aux règles de la route''. Il nous suffira de dire que l'on est français et qu'on ne comprend pas cette amende pour qu'ils nous laissent partir en dodelinant de la tête.

On s'arrête ensuite dans un petit restaurant en bord de route, où nous sommes accueillis comme prince & princesse par un père et ses deux fils. Pour 5 euros chacun, on se fait un excellent dernier rice & curry. Le propriétaire insiste pour que l'on prenne une photo, ce que l'on fait aussi. Ici, cela leur permet de faire de la publicité sur internet et de montrer que des touristes s'arrêtent chez eux, donc que c'est safe.

Danushi Restaurant

L'expérience aurait pu être parfaite jusqu'au bout, jusqu'à ce que le père veuille que l'on goûte la sauce spicy, ce que je fais du bout d'une fourchette. Il n'en fallait pas moins pour que je voie les 3 dieux hindous danser la lambada devant mes yeux.

Nous arrivons à la Villa Margosa, où nous avons pris en dernière minute une chambre. L'hôte, un local qui a bossé 25 ans comme guide, nous accueille comme le séjour a débuté ; avec un vrai sentiment de bienveillance. Nous profiterons de son domaine demain matin : il est l'heure d'organiser nos sacs pour aller dormir tranquille !

C'est la dernière demain...

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C'est l'ultime réveil sur l'île de Ceylan ! Le petit déjeuner est parfait, avec une omelette Sri Lankaise relevée comme il faut, de bons fruits du jardin et des tartines. Seul le jus d'ananas est gâché par ce maudit ajout de sel. Mais quelle idée saugrenue.

Les vrais fruits 2

Eloa visite le jardin et les manguiers où les fruits sont enveloppés dans des sacs même lors de leur croissance : c'est pour les protéger des insectes. On trempe les pieds dans la piscine avant de dire au-revoir au dernier logement du Sri Lanka.

Last Homestay

Les sacs sont mis dans la voiture, il reste deux heures de route avant de rejoindre l'aéroport. Eloa bataille sur son siège passager pour obtenir de l'agence de location de voiture qu'elle soit à l'heure pour rendre le véhicule. On leur a dit 14 heures et la veille ils nous ont répondu qu'ils seront là même une heure avant. Aujourd'hui, ils nous disent qu'ils ne sont pas sûrs d'être arrivés pour 15 heures... C'est une facette qui ne nous manquera pas.

En revanche, on tire un premier bilan du séjour. Ce qu'on a pris dans les yeux ! Des montagnes aux forêts luxuriantes d'Ella, de ses plantations de thé aux rouleaux de l'océan à Galle, en passant par les rizières et le rocher de Sigiriya jusqu'aux plages paradisiaques d'Uppuveli... Le pays est une carte postale ambulante. Plus que ça, nous avons vu un véritable zoo à ciel ouvert, sur terre comme sur et dans la mer. Enfin, le séjour aura été l'occasion de voyager au sens large, c'est-à-dire en découvrant des personnes, une culture et des religions. Le faire avec les V n'a fait que rajouter une couche de bonheur sur un souvenir déjà impérissable.

Nous arrivons à l'aéroport et la dame de l'agence déboule une dizaine de minutes après. Aucun accroc sur le contrat, on récupère notre caution en centaines de milliers de roupies. On pense à l'échanger avec des touristes, mais sans succès, avant de se rediriger vers un convertisseur qui nous facturera 1% de la somme.

Passés les portiques de sécurité, une librairie bouddhiste invite à laisser un livre pour en récupérer gratuitement un autre. ''Food for the Mind'', j'aime bien l'idée.

Buddhist Cultural Center

Nous obtenons bien notre vol vers Bombay, qui est la première escale de nos 21 heures de trajet aérien. L'avion de moyenne taille, un Airbus A320, est à moitié vide. Le décollage se déroule comme prévu, mais à l'atterrissage, les conditions climatiques nous font tourner en rond au-dessus des nuages pendant une heure. On commence à se demander si l'on va atterrir à un moment en regardant le soleil se coucher au loin sur un horizon de coton. Enfin, sous les turbulences et la pluie indienne, nous touchons le sol du pays "Sous le continent". De toute façon, rien ne pouvait nous arriver ; nous avions un émissaire du Buddha avec nous.

Sunset above Mumbai

On attend 5 heures à l'aéroport de Mumbai (Bombay) pour choper un direct vers Paris CDG, la seconde étape du trajet. Eloa en profite pour faire une séance d'étirements dans l'aéroport. On voyage avec Air France, et ça se voit dès l'entrée en matière. Ça fait quelque chose d'entendre un salut bien français. On entre dans le géant triple 7 de Boeing, qui fait bien belle figure, avec ses 555 places, et qui rend plus du triple à l'A320 dans lequel on se trouvait. C'est un véritable bâtiment aérien.

2nd Round

On commence à sérieusement accuser le coup, alors cette fois pas de photo où Eloa dort et moi non ; on sombre tous les deux inconfortablement dans nos sièges. Même avec un sweat, je suis bien content qu'Air France mette à disposition de petites couvertures.

Le réveil se fait sur une panoplie de couleurs que l'on distingue seulement : assis au milieu de l'avion, nous n'avons pas le plaisir d'assister au lever de soleil en premier plan.

Toutes les couleurs du spectre

Au moment de toucher le sol français, on partage le même constat : c'est passé trop vite. Lorsque l'on part en vacances et que l'on se pose dans un hôtel, au bout d'environ 15 jours, on se dit que c'était bien, reposant, et qu'on peut reprendre le train de la vie courante. L'avantage de voyager comme on le fait est aussi son inconvénient : à force de bouger tout le temps, on n'en a jamais assez. Pas au point de tout troquer pour une paire de sarouels et une caravane, mais suffisamment pour atterrir sur le pays avec émotion.

Un dernier petit vol dans un Embraer 170 avec ses 76 places qui semble être un petit oiseau à côté du Boeing emprunté plus tôt. Le vol également nous paraît bien rapide en rapport avec le précédent. À peine montés que le pilote annonce notre descente.

''Bienvenue à Clermont-Ferrand'', avec le Puy-de-Dôme en fond, on avait deviné.

Salut mon grand

Et quelques minutes plus tard, nous sommes back home ! Tout va bien, juste quelques plantes n'ont pas très bien vécu notre absence. Il faut dorénavant avoir le courage de reprendre le quotidien : tondre la pelouse, ranger la maison... Voilà des activités bien moins excitantes que d'aller voir des dauphins ou de nager avec des requins.

Tu penses qu'avec un coup d'eau, ça passe ?

Qu'importe, si l'on souffre un peu de la reprise, c'est parce que les trois dernières semaines étaient incroyables. On cherchait le dépaysement, on l'a eu. Et grâce à une joyeuse erreur (on devait partir à Oman plutôt qu'en Arménie), nous avons la chance de repartir début novembre sur les terres de la Perle d'Arabie.

Un grand merci de nous avoir suivi, on a pas encore été partout, mais c'est sur notre liste !