Nous poursuivons notre journée en revenant dans le centre. Il nous prend l'envie d'aller nous promener au palais royal. Il est vrai qu'avec 45°, se promener sur les grandes esplanades du palais royal était notre meilleure idée...
Le palais royal est le seul endroit de Phnom Penh où l'on trouve véritablement des touristes en nombre conséquent. Phnom Penh intéresse encore peu les touristes, sur les 4 millions de touristes annuels que compte le Cambodge (à titre de comparaison, moins que la Géorgie ou le Kazakhstan, et 2 fois moins que la seule Bretagne), plus de 3 millions iront à Angkor, mais souvent au départ d'excursions d'une journée ou deux depuis la Thaïlande ou le Vietnam voisins. Pour les autres, Phnom Penh est souvent la porte d'entrée obligée avec son aéroport, et restent alors une journée ou deux dans la ville que l'on appelait pourtant autrefois la "perle de l'Asie", avant de filer vers les temples d'Angkor, ou les plages de Sihanoukville et Kep.
Par conséquent, le palais royal figure en très bonne place des choses à faire lors d'aussi courts séjours.
Ma dernière visite au palais remonte à novembre 2015. Il faut croire que cela fait une éternité puisque dans cet intervalle de temps, l'inflation du prix du ticket d'entrée y aura été de... 100%! Soit 10$. Nyta verra le prix de son entrée doublée également, passant de 500 à 1000 riels (0.25$ pour les Khmers).
L'ancienne salle du trône vers 1909, le pavillon Napoléon III, offert par l'impératrice Eugénie en 1876Le palais royal est relativement récent. Après que le Cambodge fut devenu un protectorat Français en 1863, la capitale du pays, jusqu'alors située à Oudong (45km au nord) est déplacée à Phnom Penh. Le palais est construit par le protectorat et inauguré en 1870. Certains bâtiments sont même offerts par Napoléon III et l'impératrice Eugénie, construits en France, puis démontés et remontés pierre par pierre dans l'enceinte du palais.
Plutôt que de vous abreuver de chiffres et d'architecture, j'ai plutôt envie de raconter un histoire, celle du Râmâyana
Le Râmâyana est une épopée écrite aux alentours de 300 avant J-C en sanskrit et qui célèbre les aventures de Râma, une des incarnations de Vishnu lors d’un très long poème épique composé de 48000 vers.
Le roi des démons, Râvana, et Vishnu, le préservateur de l’ordre universel, incarné sur terre en Râma, vivaient tous deux sur terre, chacun dans leur royaume. Râma se maria avec Sita, une très belle princesse. Jaloux, Râvâna voulait voler la femme de Râma mais ce dernier avait pris ses précautions et avait protégé sa femme par un cerceau magique, empêchant quiconque de l’enlever. Mais un jour Ravana pénétra dans le royaume de Râma et se transforma en vieillard mendiant. Sita, par charité, voulut aider ce pauvre vieillard en lui donnant quelque chose et au moment où elle lui tendit la main, le vieillard la tira vers lui et réussit à la sortir de son cerceau magique. Râvana emporta dans son royaume la belle Sita. Râmâ, furieux, engagea une guerre contre Râvâna pour récupérer son épouse, et demanda de l’aide à Surgiva, le chef des singes guerriers.
La troupe commandée par Hanuman arriva à Lanka, l’actuelle île de Ceylan, et engagea un terrible combat contre Râvâna. Hanuman remporta la guerre et put ramener Sita à Râmâ. Mais Râmâ avait perdu confiance en sa jeune épouse et pensait qu’elle avait couché avec Râvâna même si elle lui assurait le contraire. Pour en avoir le cœur net, Râmâ lui imposa une épreuve : elle devait traverser le feu. Si elle mourrait, c’est qu’elle l’avait trompé et si elle survivait, c’est qu’elle lui était restée fidèle. Sita, humiliée par cette suspicion, pria le Dieu de la Terre et lui demanda d’être absorbée par la terre lorsqu’elle traverserait le brasier. Le jour de l’épreuve arriva, Sita traversa le feu et son vœu fut exaucé, elle fut absorbée par la terre. A la place du cadavre que Râmâ pensait trouver, il vit une fleur à l’endroit où Sita avait été absorbée, une fleur de lotus. C’est cette légende qui explique en partie l’importance de la fleur de lotus au Cambodge et les pays d'influence hindouiste en général.
Passages du Râmâyana sur les murs du palais
Une journée bien remplie que nous terminons dans un restaurant... français. La Provence, petit resto qui ne paie pas de mine de l'extérieur, avait plusieurs fois attiré ma curiosité puisque situé juste en bas de l'appartement de Nyta. Les commentaires élogieux sur internet auront titillé davantage encore ma curiosité. Et nous n'avons pas été déçu. Accueil de Rodolphe le patron très sympa, les serveuses aux petits soins, qui ont pris le temps de traduire l'intégralité de la carte en khmer en expliquant La subtilité de chaque plat. Mais le meilleur est dans l'assiette. Des classiques, mais avec une touche d'originalité, et surtout bien maîtrisés. La meilleure preuve étant que Nyta a entièrement englouti l'ensemble des plats, ce qui est pourtant loin d'être évident quand il s'agit de cuisine française. 10/10!
Amuses bouches à la provence