La mer de nuages est dense. La carlingue de fer et d'acier amorce sa descente. Une voie marmonne en polonais. La traduction en anglais semble signifier turbulence, laisser ses affaires,marquages au sol, masque. L'oiseau de fer passe par des trous d'air soulevant le cœur comme dans les manèges à sensation. Ses ailes paraissent s'agiter. Une femme prie à une rangée de moi. Nous sommes secoués. Certains rient, assez forts. Avec les enfants nous sommes entre inquiétude et sensation. Nous nous regardons avec quelques secondes d'incredulité aux moments des plus fortes secousses. Nous survolons des paysages boisés. Des montagnes et des vallées encaissées.
Les trains d'atterrissage se préparent à toucher le sol, certains s'accrochent aux accoudoirs. Et c'est tout en douceur après tant d'agitation, que l'avion atterrit. Une vague d'applaudissements (et de soulagement) retentit dans l'habitacle.
Derniers à sortir de l'avion, derniers à passer le contrôle douanier, derniers à sortir de la zone d'arrivée, derniers à passer les portes coulissantes de passage dans le hall de l'aéroport. Dernière à attendre. Ma Cléo.
Incroyable surprise. Nous avions convenue de nous retrouver en fin de journée. J'étais dans ma tête à chercher comment nous allions nous acquitter des formalités administratives. Et elle est là. Du bonheur.
13h Nous parcourons l'aéroport de long en large, d'étage en étage pour nous restaurer. Les indication de cafétéria nous mène à un étage vide et en travaux, à rencontrer une policière qui ne comprend pas notre demande d'enregistrement sur le territoire. En effet, nous avons lu sur le site de l'ambassade l'obligation de se déclarer dans les 48h dans un poste de police ou à l'aéroport. Nous suivons l'agent qui nous amène à un jeune homme parlant anglais et qui ne sait pas nous renseigner non plus. Cléo en traductrice. Nous optons pour laisser tomber cette démarche. Déjeuner. A l'autre bout de l'aéroport dans un portakabin, un panneau "Restauran". Nous entrons dans le préfabriqué. Il n'y a 2 hommes avec un plateau repas, l'odeur m'accable. Nous ressortons. Nous ne trouvons que deux boîtes de springles pour déjeuner dans une boutique de l'aéroport. J'avais du fromage de brebis dont Cléo se régale. Le paiement en carte bleue n'étant pas le plus répandu, retirer des liquidités est nécessaire. Une taxe de 10€ avec la banque Aza.
14h l'avion en provenance de Vienne atterrit. 15h Raphaël nous rejoint et nous allons louer notre voiture pour la semaine chez Avis.
Nous quittons l'aéroport pour nous rendre chez Emir qui nous loge dans la vieille ville. Nous traversons Sarajevo, Cléo en co-pilote.
Architecture destructurée, grande batisse, mall, ligne de tram, édifices religieux, canal. Des wagons datant d'un autre temps. Certaines portent ne ferment pas. Ils sont colorés, taggés, parcourent la ville d'un bout à l'autre. Défilement urbain en fond de montagnes boisées.
L'avenue principale en grand axe de circulation laisse place à des rues dans lesquelles nous nous engageons suivant le gps ayant notre point d'arrivée :
Evlije Čelebije, Sarajevo, Federacija Bosne i Hercegovine 71000, Bosnie-Herzégovine
La rue devient ruelle...et en 1 minute nous ne pouvons plus poursuivre notre itinéraire. La ruelle est trop étroite et une voiture gène le passage. Autre voie d'accès indiqué par ma femme d'Emir qui est remonté jusque nous. Nous sommes à destination avec place à cheval sur le trottoir. J'avais validé ce possible car il n'est pas possible de se garer dans ce quartier de la ville. Toutefois Raphaël semble un peu inquiet à la fois de l'étroitesse de la ruelle et de s'être garé comme demandé sur une place handicapée.
La femme d'Emir nous accueille dans ce duplex bien agencé. Des tapis qui me rappellent ceux de notre appartement normand. L'endroit est spacieux.
16h Après un affalage en règle dans le canapé du salon (la fatigue de se lever à 4h16 se fait sentir). Notre énergie rechargée en niveau 1, nous suivons Cléo guide de la ville. Besoin d'acheter les victuailles du matin. Arrêt au premier petit commerce pour faire un plein du matin. Un aller-retour au logement avec une différence notoire en sortant : la pluie s'est mise à tomber ruisselant dans les ruelles surplombant le cœur de la ville.
Les premiers pas dans la capitale, nos regards se posant sur les façades, les ruelles, les éclairages. Notre guide nous balade dans le quartier turc, bifurque pour rejoindre le quartier des bars où elle a son repère le celtique bar. Tout lieu est ici fumeur. Ce bar fenêtres ouvertes sur l'extérieur, spacieux nous permet d'être plus à l'aise dans cet environnement de fumée.
17h Dégustation de bière de Sarajevo.
18h30 Nous allons retrouver Clara, l'amie de Cléo dans le restaurant Kolo Bara non loin du bar, dans la même rue. Il pleut toujours. Nous longeons la rue animée d'un panneau publicitaire digne de Tokyo ou Times Square. Nous croisons le tram. Nous dépassons la flamme éternelle allumée, commémoration pour les victimes de la seconde guerre mondiale. Nous marchons vite. Tout défile. Le visage enfoui dans nos capuches, nous ne sommes pas surpris du nombre de vendeurs de parapluies.
19h00 restaurant du samedi soir Kolo Bara.
Saraci 52, Sarajevo
Raphaël demande l'espace non-fumeur. Plat bosnien avec riz, légumes grillés, et...frites pour les garçons qui ne n'aventurent pas leur palais de saveurs inconnues. Je rafole des pains frits.
21h00 Les filles ressortent prendre un pot. Nous, nous tombons de sommeil et aspirons à trouver un lit. Petite balade digestive pour rentrer au gîte. Le quartier de la vieille ville illuminée, la place aux pigeons, la mosquée Gazi Husrev-bey. Ce quartier me fascine. La co-existence des édifices religieux : églises catholiques, églises orthodoxes, les mosquées et les synagogues. Alors que les cloches résonnent, se murmure l'appel à la prière par un musulman. Il se vit au cœur de la ville une confluence de l'orient et de l'occident.
Et de cette richesse, dans le même temps, je suis maintenant témoin des stigmates du siège de Sarajevo de 1992 à 1996, du bombardement, des impacts dans les murs des bâtiments, des maisons.