L'ecolodge dans laquelle j'ai résidé . Enfin j'y suis ! L'amazonie, c'est une des choses que j'attendais le plus en Amérique du Sud. Ca fait 2 semaines que je ne pense plus qu'à ça et à me poser des centaines de questions. Est-ce que je vais voir tel ou tel animal, est-ce que je vais supporter les moustiques, est-ce que malgré la saison des pluies je vais avoir du beau temps quand même ? Tout pleins de questions me trottaient en tête, et là, je vais enfin avoir toutes les réponses ! Rolala j'en peux plus !
Arrivée à Lago Agrio à 6h du matin après une mauvaise nuit dans un bus inconfortable. La tête dans le chou, le jeune homme qui s'occupe du transfert est déjà là à nous attendre, et on part au bureau de la compagnie. On règle les papiers d'entrée et on repart en van direction de Cuyabeno, porte d'entrée vers l'Amazonie profonde. On prend une pirogue, et direction l'ecolodge. C'est parti, j'y suis !
L'ecolodge L'arrivée a l'ecolodge se fait vers midi, suivi d'un repas, et on démarre la première sortie dans la jungle vers 14h. Sortie insecte/plantes médecinales. Très clairement, notre guide était peu branché faune, mais très branché palmiers, et peu plantes médecinales. Mouais, c'est intéressant 5 minutes, mais ca devient vite lassant. Rapidement, Nico Theo et moi prenons une trentaine de mètres de retard a chercher des araignées ou autres, et on rattrape le groupe (un peu lent) pour les explications. Bon j'avoue que je suis un peu timoré quand à cette première excursion, de base je suis quand même la pour voir des grosses bestioles auxquelles on assimile l'amazonie, mais cette sortie fait aussi parti du programme, pas de soucis, meme si le guide aurait pu faire un mini effort et nous trouver quelques insectes, araignées et scolopandres, qu'on aura du trouver nous même, et que le reste du groupe n'aura pas vu.
Retour a la lodge, je vais me poser dans un hamac lire un peu. Là, un gars qui semble du coin arrive et la discution se lance naturellement. Le courant passe bien, on rigole, puis il me demande depuis combien de temps je suis la et ce que j'ai fait aujourd'hui. Je lui explique alors que c'est mon premier jour, que j'ai fait une sortie, mais que je suis bien déçu par le guide, et que j'espère ne plus l'avoir. A ce moment, il se met a rire, me dit que c'est vrai, c'est pas le plus fun de tous, et que si je suis le français avec les deux suisses, ce sera lui mon guide pour les jours d'après, et que si on est pas trop peureux, il peut nous emmener à l'aventure que nous trois, sans le reste du groupe. Javier, je t'aimais déjà bien avant que tu me dises que tu sois mon futur guide, mais la tu marques des points ! A ce moment, je m'empresse de rejoindre les copains afin de leur annoncer la bonne nouvelle !
Le soir, le temps va vers la pluie. Normalement on a une sortie reptiles/amphibiens de nuit avec le guide de l'apres-midi. Pendant le repas, Javier reviens me voir, il me dit que s'il pleut un peu, il dira a Hugo (le guide que j'avais eu l'après-midi) d'annuler la sortie, et que ce sera lui qui nous la fera un autre jour, afin d'aller a la rencontre de tarentules et mygales. Pitié, faites qu'il pleuve ! Génial, pendant le repas, quelques gouttes tombent (sacré euphémisme) et du coup, sortie annulée. Genial, on va pouvoir se reposer un peu, le depart du lendemain étant fixé a 8h, et puis, bien content de ne pas repartir avec Hugo.
Pour en revenir a Hugo, je ne pense pas que ce soit un mauvais guide, au contraire. C'est juste que pour trois jeunes un peu tête brûlée et a la recherche de sensations, c'est peu être pas le plus adapté. Par contre pour un public plus calme et/ou âgé, là, il doit être au top.
Le lendemain, réveil a 6h30 pour se préparer et petit déjeuner. Le réveil n'est pas difficile, tellement l'excitation est présente. Au programme, 200 km aller-retour sur la rivière, et visite d'une tribue amazonienne.
Calvitie au vent, c'est parti pour une journée de bateau ! Tout le trajet aller est rempli de surprises. Le temps n'est pas merveilleux, on se prend quelques averses (mais quoi de plus normal, la saison des pluies en Amazonie, faut pas s'attendre a un ciel dégagé, soyons honnêtes). Mais on a tout de même la chance de croiser de nombreuses tribues de singes (bebe leche, capucins, squirrel monkeys, flying monkeys), des oiseaux préhistoriques, un paresseux, deux caïmans et des dauphins roses (pas de photos désolé c'est plus que compliqué de les avoir autrement qu'en vidéo). Trop trop bien !
On aura aussi vu une forêt d'arbres immergés, comme sur la photo 3, sublime. Arrivés au village après une pause déjeuner sur la pirogue. Au programme, confection de pain de manioc ( qui seront au final une sorte de crêpe, ou tortillas pour les burritos) et présentation du lieu. Ici il y a 8 familles qui vivent d'environ 4 personnes. Et puisque c'est notre jour de chance, ils ont pêché deux Arapaimas (poisson d'eau douce le plus grand d'Amérique du Sud, dépassant les 250 kg et atteignant parfois des poids records de 400 kgs) le jour d'avant, alors c'est la fête et il faut partager avec les villages voisins et les visiteurs. Du coup, on a eu le droit a notre part d'arapaima cuit dans une feuille de palme. Et ils ont pas fait semblant, on devait avoir au moins 2 a 3 kgs pour 5 personnes.. Miam.
On rape le manioc, puis on l'essore, le tamise, le cuit et galette et.. C'est prêt !Preparation de l'arapaima dans une feuille de palme, qu'on dégustera en "burrito" dans notre pain de manioc Puis retour a l'ecolodge. On a pris du retard a cause de l'arapaima, du coup la fin du voyage retour se fait de nuit. Le navigageur va a fond sans lumière. Ils sont un peu foufous mais je leur fait confiance, a contrario du couple de français sexagenaire qui ne font que se plaindre de leur "irresponsabilité et folie". A la fin, on y voit vraiment plus rien, alors l'un des guides se place a l'avant pour essayer de distinguer les virages, puis ce dernier finira par prendre une lampe torche, afin de signaliser les virages dangereux et éteindra la lampe dans toutes les lignes droites et en plein milieu des virages, parce que bon, son copain aura compris que ca tourne ! (j'ai trouvé ca excellent, mais le reste de la pirogue était beaucoup moins serein. Va peut être falloir que je travaille sur ma notion du danger, ou les autres doivent apprendre a se détendre, je sais pas trop encore 😅)
Retour a la lodge pour le repas du soir. On retrouve aussi Javier (le guide super cool) qui me dit que ce soir, on va aller voir des caimans en canoë. WOOOOW trop cool ! Excitation maximale. On fini le repas, on prend les frontales, et zou, c'est parti !
Quelle sensation incroyable, pagayer de nuit, sur une pirogue minuscule, au milieu de tous les prédateurs d'Amazonie à la seule lumière de la frontale, c'est inexplicable. On se sent comme des aventuriers, des vrais !
Et puis d'un coup, au loin peut etre 100 ou 200 metres, un point rouge apparait dans l'eau. C'est l'oeil d'un caïman qui se reflète avec la frontale. C'est incroyable, comme ce reflet est puissant et semble gros. Pour donner une idée de la luminescence, on pourrait la comparer a la lumiere d'un laser rouge sur un mur, et je pense ne pas etre loin de la vérité. On s'approche, il ne bouge pas, on de vient vraiment près, et, quand tu sommes a un bon mètre de lui, il s'enfonce dans l'eau, et nous ne le reverrons plus. Nous continuerons comme ca pendant plus d'une heure, et en debusquerons quatre autres. Quelle formidable expérience !
En rentrant, je discute un peu avec Javier. Dans ma check-list il me manque l'anaconda et la tarentule ou mygale. Je lui fait comprendre que c'est quand même assez important pour moi d'arriver a tout voir (caprice d'enfant, je le reconnai). Il sourit et me dit (en espagnol) : " ok, je ne peux rien te promettre, mais on change le programme de demain pour que vous puissiez voir ça. Demain on part tous les 4, et on va essayer. Par contre pour les araignées, ce sera de nuit, tu as peurs des araignées ? (je hoche les épaules, je suis pas fan mais on peut pas dire sue ca me fasse extrêmement peur). Okey, si je réussis, tu devras mettre la tarentule sur ton visage, deal ?" "Deal." On se sert la main, et on part domir, demain, ca va etre une journée terriblement géniale ! Hâte d'aller dire ca aux copains !
Le lendemain matin, on se réveille a nouveau assez tot. Petit dej, et on reprend une pirogue. On part a la traque de l'anaconda ! A nouveau, ce sera tout a coup de pagaie, ca fait marcher les bras a contre-courant, l'anaconda, ca se mérite ! Les heures passent, on ne trouve rien. Sur la route on croise quelques fruit de cacao pour se faire plaisir aux papilles ( je crois que c'est un de mes fruits préférés ! Sorte de litchi mais en deux fois meilleur. Excellent.)
Il y a beaucoup de sorte de cacao, ces deux en sont, mais j'ai une grande préférence pour celui de droite. On continue de pagayer, mais l'heure avance. On a rien vu et on doit faire demi tour.. J'ai pas envie de perdre espoir, mais la fatigue et la déception engendrent une vraie tristesse. Javier nous dit que quand on le cherche, on le trouve pas, on en trouve toujours comme ca, inopinément. On reste quand même très attentif sur le retour. On est avec le courant, c'est plus simple de se concentrer sans avoir à forcer comme un forcené. Mais l'endroit le plus propice étant dépassé, on perd vraiment espoir. On se met a discuter de tout et de rien, prettant de moins en moins attention. ( pour notre défense, ca devait faire au moins 5 heures que l'on était très concentré sur les berges, au bout d'un moment ca devient compliqué de rester a fond.). Et puis boum ! Javier nous dit "tous en arrière!!!" ( t'es serieux Jav', y a un max de courant la). "Anaconda !" ( bon là d'accord, je veux bien me saigner les bras)
Et la on force, on force, c'est dur ! Mais on arrive a se caler sur la berge. On est a un mètre de ce géant. Il est calé sur la berge, nous regarde, mais reste calme. C'est parfait. On est vraiment proche, on peut l'admirer. Mais ce moment ne durera pas longtemps, Javier et moi tenions le bateau par l'avant grace à des racines ( a 25 cm max de la queue du serpent) contre le courant, mais, a bout de forces, on lâche et le bateau se fait emporter avec nous dessus. Tant pis, même si ca n'a duré que deux minutes, ce fut un moment génial. Adrénaline, joie, fatigue, tout était réunis pour avoir un moment lourd en sensations.
Il est quand même fort Jav', fallait le voir celui ci depuis le milieu de la rivière. C'est avec grand bonheur que l'on rentre a la lodge pour manger, ainsi que pour une petite sieste bien méritée. La fin d'apres-midi venue, et la nuit bien présente, il est temps de partir de nuit dans la jungle. Ambiance particulière, voire mysthique et assez inquiétante aussi. A chaque craquement de branche, on se retourne et notre coeur accélère. Les grenouilles sont éveillées, les araignées de sortie. On croise de nombreuses Araignées-Scorpion (vous savez, celle qu'utilise Maugrey folle-oeil dans Harry Potter, eh bien ca existe vraiment, et c'est bien plus grand que ma main !). Puis quelques papillons aussi. Et puis... deux mygales aussi... Là, un énorme sourire se dessine sur son visage. Imaginez sa satisfaction. Premièrement, il a réussi a nous montrer tous les animaux qu'on lui avait demandé donc professionnellement, le mec est fort. Ensuite, il va pouvoir poser un mygale sur le visage de son nouveau pote gringo ( Javier c'était le poto !) qui est habitué a des araignées de 2 cm de diamètres. Il me regarde, rigole, et me dit "Alex, on a fait un deal", et rigole.( A ce moment, je me suis dit un truc du genre :"Javier, quand je disais que j'avais pas peur, je pensais pas a un truc comme ca, ton truc la ca peux tuer un boeuf, voire un t-rex tellement elle est enorme et ses crocs démesurés, et puis elle est vraiment poilue pour le coup, t'es sur qu'elle est pas dangereuse ? deconne pas s'il te plaît, je suis plus si chaud que ca...) Hop il attrape cette mygale énorme et se la pose sur le bras, en direction de son coude. Il me fait signe de poser mon visage collé a son coude, pour qu'elle monte directement sur ma tête (t'es sérieux ??). Il me dit " reste calme, sinon elle va te mordre". Merci de me rassurer. J'inspire un bon coup avant qu'elle monte, fais le vide dans ma tête, et elle grimpe. Sensation très étrange, ses petites pattes ont des espèces de griffes au bout, ca fait bizarre. Je sens une patte se poser sur ma paupière, huuuuh pas mes yeux, mords pas s'il te plaît ! Et puis elle redescend, tranquillement. Javier la taquine un peu pour qu'elle remonte, elle refait un tour et redescend. Pfiou, ca y est, elle est sur ma chemise, je suis sauvé. Javier peut la récupérer. Ca a du durer a peine une minute, peut être un peu plus, mais pour moi, c'était une éternité, mais je suis content, j'ai gardé mon calme et ai même apprécié l'expérience. Une fin de sejour en beauté !
Bien velue ! Le lendemain, c'est tranquille, on part a midi. On fait les sacs, on a le temps de pêcher le piranha depuis le ponton, on dit au revoir a tous les guides qui étaient géniaux, au revoir a l'Amazonie, mais aussi a l'Equateur, parce que maintenant, c'est direction la Colombie !
Au revoir l'équateur, merci pour tout.