Le Liban, c'est aussi le pays des cèdres. Ces arbres majestueux règnent dans les hauteurs et les chaînes montagneuses du Liban comme celle du Chouf, au sud de Beyrouth.
En quittant mon hôtel ce vendredi matin, je me suis dit que quelque chose était différent. Moins de voiture, moins de taxi. J'ai eu quelques difficultés à trouver un taxi pour m'emmener à la gare routière. Sur place, moins de bus. Je trouve un bus portant la pancarte "Chouf". Ca doit être le bon, je monte. Je demande s'il dessert les villes de Beiteddine et Deir el Qamar. On me répond qu'aucun bus n'y va mais qu'il me déposera pas loin, j'aurai juste à marcher un peu. Banco, faisons comme ça. A côté de moi, un jeune soldat entame une discussion : d'où je viens, où je vais, est-ce que j'aime le Liban... Après 30 minutes de bus, je descends à une intersection en direction du palais de Beiteddine. Une véritable merveille.
Beiteddine, rien que le nom est joli et symbolique : "maison de la religion". Perdu dans les collines, ce palais est absoluement somptueux. Ses salles sont colorées et minutieusement travaillées. On reconnait une élégance toute orientale dans la décoration et le travail de la pierre. Même après avoir fini ma visite, je l'ai recommencée tellement j'ai aimé cet endroit.
J'ai ensuite repris le chemin inverse, remonter à pied jusqu'à l'intersection pour trouver un bus et visiter la forêt de cèdres de Barouk. Un jeune homme s'arrête le long de la route et me propose de m'emmener à l'intersection : "vu la chaleur, ça te fera faire moins d'effort". Pendant les trois-quatre minutes de trajet, j'en profite pour lui demander s'il sait comment aller aux cèdres : "reste sur le côté de la route, un bus va passer et t'emmèneras à Barouk mais il va falloir être patient, on est vendredi saint et peu de gens travaillent". La voilà donc l'explication. Presque pas de bus, presque pas de taxi, presque pas de voiture. Le vendredi avant Pâques est un jour de vacances au Liban. Les Libanais, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, sont très pratiquants.
J'attends, j'attends, toujours rien. Je décide de marcher un peu, on verra bien. Quelques instants plus tard, une voiture s'arrête. Un monsieur me demande où je vais et se propose de me déposer dans le village (petite ville) le plus proche pour que je puisse y trouver un taxi pour m'emmener aux cèdres. Là bas, un jeune homme travaillant dans une épicerie appelle un taxi et m'invite à attendre. Avec le sourire qui plus est. Qu'ils sont sympas ces Libanais !
Le taxi arrive, un vieillard jovial et souriant qui arrive tout juste à passer son ventre sous le volant ! Il m'emmène voir les cèdres, enfin. On monte, on grimpe, on prend de la hauteur. Malheureusement, la vue est un peu bouchée du fait de résidus dans l'air. Les bords d'une tempête de sable en Syrie apparemment. On me dit que ça va durer toute la journée. Tant pis, les paysages sont beaux quand même. On arrive à la réserve de cèdres. C'est pas très grand mais je vois au moins mes premiers cèdres 100% libanais.
Bon, j'ai eu vite fait le tour. Je profite du taxi pour m'emmener à Deir El Qamar (le Monastère de la Lune en arabe) une autre ville/village ( à seulement quelques kilomètres de là) présentée comme "la ville des émirs". On reprend la route. Le chauffeur ne parle que quelques mots d'anglais, c'est pas très pratique. Il faut donc que je puise dans mes souvenirs de cours d'arabe pour établir un semblant de conversation. Dans la plupart des cas, soit je lui parle et il ne me comprend pas, soit il me parle et c'est moi qui suis largué, alors quand on arrive à se comprendre, imaginez notre joie.
Le taxi me laisse là, sur la place principale (qui, en fait, est l'endroit où tout se concentre, Deir El Qamar est tout petit en fait). Il me dit de prendre un taxi pour Kfar Him, la prochaine ville, après ma visite, et que là je trouverai le bus pour Beyrouth ! Je sens que ça va pas être de la tarte mais bon, je suis conciliant.
Du coup, je prends mon temps (et des coups de soleil car accessoirement j'ai oublié ma casquette et mes lunettes de soleil, et la crème solaire tant qu'à faire, sinon c'est pas drôle). Après une bonne heure de promenade, je me poste sur le bord de la route et j'attends. Là encore, j'attends qu'un taxi veuille bien passer. Je suis même tenté de lever les yeux au ciel et de faire un coucou au Monsieur là-haut histoire qu'il ne m'oublie pas... Il ne m'a pas vu.
Sans rentrer dans les détails, j'ai dû marcher 30 minutes pour me diriger vers cette fameuse ville de Kfar Him, un type m'a pris en stop et m'a déposé à une station service, au milieu de la ville, là où est censé s'arrêter le bus, j'ai tapé la discute avec un couple qui attendait le bus et, enfin, après 20 minutes d'attente perplexe, le fameux bus est arrivé !
J'ai vraiment apprécié cette journée. Ca m'a permis de voir un autre aspect du Liban, un aspect plus rural disons. J'avais visité Beyrouth, Tripoli et Saïda et pu ainsi voir la vie urbaine libanaise mais là, c'est le côté plus calme, plus isolé et plus rural. D'autant que, au fil de la route, le paysage est vraiment superbe et donne une idée de la géographie du pays, pris entre plateaux, vallées et montagnes.