Carnet de voyage

Découvrir la Bosnie-Herzégovine

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Par Alex
La Bosnie a le potentiel pour devenir une destination touristique européenne de premier plan. Et si on partait découvrir ce pays vraiment surprenant ?
Mai 2016
8 jours
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Coucher de soleil sur Sarajevo

Sarajevo est une des villes qui m'ont conquises. On s'y sent bien, accueilli chaleureusement, et elle est l'opposé de ce qu'on pourrait imaginer. Quand, comme moi, on a grandi pendant le conflit en Bosnie, on a l'image d'une ville ravagée par la guerre, complètement détruite et en ruine, à l'abandon. On imagine des bâtiments en béton construit à la va-vite, dans l'urgence de l'après-guerre. On s'attend à ne trouver d'historique certains impacts de balle et des bâtiments datant de la fin des années 90. Et pourtant, tout cela est faux ! Le vieux centre historique datant de l'époque ottomane puis austro-hongroise a parfaitement été préservé ! Et ça été pour moi un coup de foudre car j'en attendais pas autant...

Je suis arrivé à Sarajevo à la tombée de la nuit. Après une demi-heure d'attente à la douane pour avoir mon visa d'entrée (gratuit pour les passeports européens), je retrouve mon hôte Airbnb au milieu des centaines de personnes venues attendre des proches. La salle d'arrivée étant si petite et la foule si grande, qu'on a l'impression d'être une rock star se frayant un chemin au milieu de la foule 😀

À travers les vitres de la voiture, je vois la ville défiler... mes premières images de Sarajevo. C'est animé, vivant, lumineux et coloré. Je découvre dans la pénombre les formes des bâtiments et je n'ai qu'une hâte, partir mon sac sur le dos à la découverte de la ville.

Les rues de Baščaršija, le vieux centre ottoman de Sarajevo

Le lendemain matin, après une courte nuit, je découvre ce centre historique datant de l'époque ottomane. On y reconnaît l'architecture typique des ottomans, des maisons basses aux murs blancs. Le centre regorge de petites boutiques, de cafés et de restaurants rapidement pris d'assaut par les touristes.

Le centre est vraiment petit, il se limite à quelques rues, très vite on passe de l'influence ottomane à l'influence austro-hongroise. Les bâtiments sont plus hauts, plus classiques. La cohabitation de ce style dans une même rue a donné sa réputation à Sarajevo de ville où l'Est rencontre l'Ouest.

Après avoir déambulé un peu partout et surtout un bon repas, direction la Forteresse Jaune, the place to be pour y trouver le plus beau panorama sur Sarajevo. À vrai dire, c'est encore plus beau en fin d'après-midi quand le soleil se couche.

Un coucher de soleil sur Sarajevo

Pendant toute la durée de mon séjour, j'ai dû y revenir presque tous les soirs. Certes il faut grimper un peu (une dizaine de minutes) mais ça en vaut vraiment la peine.

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Ruelle de Travnik

Sur la route en direction de Jajce, au nord de Sarajevo, nous marquons un arrêt à Travnik une petite ville dominée par sa citadelle. Travnik est connue pour sa mosquée à l'intérieur peint (apparemment interdite de visite aux touristes - on a pas pu y rentrer) et pour sa forteresse. Le centre historique de la ville est tout petit mais agréable pour marcher, il ne s'agit en fait que de quelques ruelles en pente menant à la citadelle.

La visite est rapide, nous reprenons la route à travers une nature verdoyante. La Bosnie est en effet un pays très "nature". Les collines, les forêts et les montagnes s'étendent à perte de vue de part et d'autre de l'autoroute. Nous arrivons enfin à Jajce, elle aussi, dominée par sa citadelle.

Bienvenue à Jajce !

D'un point de vue architectural, j'ai trouvé Jajce beaucoup plus intéressante et attirante que Travnik. Là aussi, la vieille ville est réduite mais il y a une ambiance particulière qui la rend attachante. Là aussi, beaucoup de touristes sont déjà sur place car, outre sa citadelle, Jajce est célèbre pour une chose bien particulière : ses cascades.

Inutile de vous dire que j'ai adoré cette petite ville aux allures de village médiéval perdue au milieu d'une nature verdoyante et généreuse ! À environ une heure de route de Sarajevo, Jajce présente un visage totalement différent de la Bosnie. J'ai aimé l'eau claire et propre des chutes, la végétation et le cadre naturel, la citadelle et sa vue incroyable sur la région et les collines alentours, les petites ruelles du vieux centre et le calme qui se dégageait de la bourgade.

Non loin de là, toujours dans le district de Jajce, nous avons visité des moulins à eau très anciens, typiques de cette région. Ils sont situés au bord d'un lac dans un cadre naturel vraiment grandiose qui m'a totalement conquis. Après la visite, sur le chemin de retour à Jajce, on s'est arrêté dans un petit restaurant au bord de l'eau pour déguster une des spécialités bosniaques : le cevabi (l'équivalent bosniaque du kebab mais avec une cuisson de la viande étouffée sous du pain - à essayer, c'est excellent).

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La Bosnie est le royaume de la nature à l'état pur. Quoi de mieux qu'une petite randonnée pour en profiter et en prendre plein les yeux ?

Aujourd'hui, je me suis lancé dans une randonnée à Bielasnica, le massif montagneux le plus proche de Sarajevo. Au programme, outre de superbes points de vue, nous avons visité le (célèbre) village de Lukomir, un des villages dits "ethno-village" car son architecture ancienne est typique des habitations des paysans de la région. En plus, Lukomir est un des villages les plus isolés d'Europe et un des villages européens à la plus haute altitude.

La randonnée commence à Umoljani, le dernier village connecté à la route et point de départ de la randonnée. J'ai fait appel à une petite agence de voyage local avec guide pour cette journée et suis rejoint par un groupe de quatre jeunes Québécois. Il est fortement déconseillé d'entreprendre une randonnée en Bosnie sans guide : durant la guerre opposant la Bosnie à la Serbie, une quantité phénoménale de mines ont été disséminées, principalement autour de Sarajevo et mais également dans d'autres endroits du pays. Les guides savent quels sont les chemins dangereux et les chemins sans danger.

La randonnée se fait sous un soleil radieux. Par contre ça grimpe. Le guide nous avait prévenu, le plus dur, c'est le début, après ça ira. Bon, maintenant que j'en suis revenu, je peux vous le dire : le plus dur, c'est le début. Cette phrase sonne bien, ça donne de l'espoir. En fait, je pense que, pour le guide, le début c'est les 3 heures de marche jusqu'au village. Ensuite, c'est la fin, les 3 heures de marche retour jusqu'à la voiture. Bref, on en a bavé pendant 3 heures !

Ca grimpe, ça grimpe. Moi qui n'avait pas eu l'occasion de faire de la randonnée depuis plusieurs mois, je l'ai senti passer. Ne parlons pas du petit couple québécois qui faisait peine à voir (Alléluia, je n'étais pas le dernier que tout le monde attendait 😀). Il faut avouer tout de même que la vue était vraiment belle et que ça faisait du bien de se décrasser les poumons ! On a fini par atteindre le village culminant à 1860 mètres !

Bien sûr, le soleil qui nous avait accueilli a totalement disparu en cours de route, laissant place à de vilains nuages et à la pluie à quelques minutes du village. Cela dit, en plein soleil, la randonnée aurait été plus éprouvante... Arrivés à Lukomir, on se dirige au restaurant (le seul en fait) qui est en fait un refuge pour randonneurs et une petite mamie nous prépare des plats typiques avec en plus une infusion maison d'herbes de montagne !

J'ai dit que Umoljano était le dernier village connecté par la route. En fait, Lukomir est bien relié par une route mais celle-ci est fermée environ la moitié de l'année (fin automne - hiver et début printemps) car les chemins sont totalement impraticables avec la neige. Le village est donc vide et abandonné pendant la moitié de l'année.

Le chemin du retour sera plus simple car 1) autre chemin 2) toujours en descente. Bon, vu les torrents de pluie qui tombaient, et vu qu'aucun de nous n'avions de quoi nous protéger de la pluie, le guide a eu la bonne idée de faire des trous (bras et tête) dans des gros sacs poubelle noirs. Oui, vous avez bien lu mais je peux confirmer que ça protège super bien 😀

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Mostar, c'est probablement LA visite à faire en Bosnie. Mostar, c'est la Pétra de Bosnie. Les touristes visitant la Croatie ou le Monténégro viennent en Bosnie une journée pour visiter Mostar et repartent. Alors qu'il y a tant d'autres belles choses à voir dans ce pays 😉

J'avoue, Mostar est la destination qui m'a fait connaître la Bosnie. Je n'avais inclus que Mostar sur ma carte d'endroits à visiter. Voulant vraiment visiter cette ville, je me suis dit que ça serait bête d'aller en Bosnie et de ne pas y voir autre chose. Alors j'ai commencé à creuser le sujet. Je suis d'abord tombé sur Sarajevo (qui a été encore plus convaincante) et d'autres endroits. Je ne regrette pas d'avoir cherché, ce pays est vraiment superbe.

Le pont de pierre de Konjic

Depuis Sarajevo, on a fait un arrêt à Konjic, à mi-chemin. Konjic est célèbre pour son superbe pont en pierre ottoman enjambant la Neretva rivière aux couleurs sublimes et irréelles ! En arrivant là, je me suis dit que cette journée allait vraiment me plaire, en effet ce n'était que le début.

On a ensuite pris la route de Mostar où la foule était déjà bien présente. On se rend compte de l'attraction qu'exerce cette ville avec son majestueux pont. On avait du mal à circuler, notamment sur le pont, tellement il y avait de monde, et encore on était hors saison.

Malgré tout, il est agréable de se promener dans ses petites ruelles pavées, de chiner dans les boutiques et de boire un café ou un thé avec vue sur le pont. Pour profiter pleinement de Mostar, le mieux et de dormir sur place car le matin avant 10h et le soir après 18h une fois les cars de touristes partis, la ville est vidée d'une grande partie de ses visiteurs.

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La nature généreuse de Bosnie-Herzégovine

Après une longue promenade dans une Mostar prise d'assaut par les touristes, la question s'est posée : est-ce qu'on mange ici au milieu de la foule ou on essaie de manger à Blagaj, notre prochaine destination ? Bousculés de part et d'autre par des touristes pressés, nous avons choisi la deuxième option. Direction : Blagaj !

Blagaj

Blagaj est un petit village connu pour son tekke, sorte de maison spirituelle située au bord de l'eau, dans le pur style architectural ottoman. Les lieux sont agréables et pousseraient presque au recueillement.

Après un bon repas face au tekke, nous reprenons la route pour Pocitelj que j'attends depuis le début de cette journée, plus que Mostar !!

Pocitelj, c'est un véritable coup de foudre ! Un vieux village dominé par un vieux château offrant une vue sublime, c'est le point culminant de cette journée ! Je suis tombé amoureux de ces petites ruelles pavées et pentues, du calme qui se dégageait de chaque recoin, de la végétation, des couleurs, des senteurs, de la vue sur la rivière. C'est comme si, à ce moment précis, tout était parfait !

J'aurais pu y rester des heures à arpenter les rues, encore et encore, à reprendre inlassablement les mêmes photos tellement tout est beau ! Si je retourne en Bosnie un jour, c'est une évidence, je retournerai à Pocitelj...

Nous en profitons pour prendre une petite infusion d'herbes aromatiques avec vue sur la vallée et reprenons la route pour visiter, non loin de là, les célèbres chutes de Kravice. La Croatie a Plitvice, la Bosnie a Kravice.

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J'ai découvert la Bosnie un peu par hasard, en cherchant d'autres endroits à visiter autour de Mostar, et je ne m'attendais toujours pas à être autant conquis par ce pays !

Il est possible que ça devienne une grande destination touristique à la mode en Europe d'ici quelques années, il faut donc se dépêcher d'y aller pour profiter de ses trésors cachés avant l'arrivée du tourisme de masse.

J'ai franchement adoré et je ne referais avec plaisir ! Mentions spéciales pour Sarajevo et Pocitelj qui sont de véritables coups de cœur !