Fraîcheur d'Islande

Cyclo-voyage dans l'été islandais...
Du 3 au 27 juillet 2019
25 jours
26
juin

Dans une semaine le départ...

Il est temps de démarrer ce blog...

Difficile de lui trouver un titre avant d'avoir écrit l'histoire : On ne sait pas de quoi sera fait le voyage...et on ne veut surtout pas savoir !

Tout ce qu'on sait pour le moment, c'est :

  • La destination : Islande
  • L'hébergement : Camping
  • Le moyen de déplacement : Vélo
  • La température moyenne : 10°
  • La durée : 3 semaines (c'est court...)

Alors on va rester dans les idées reçues : L'Islande, c'est du feu, de l'eau, de la terre et du vent....

Tiens ? les 4 éléments de la cosmologie Grecque... Aristote, connaissais-tu l'Islande ?

Non ? et bien on va aller voir sur place si tu avais raison. On te tient au courant...

Ah si : On a aussi le billet d'avion. L'Islande est une ile et nous n'avons pas encore suffisamment de temps libre devant nous pour faire la traversée en bateau (encore moins à la nage).

Paris - Keflavik, c'est 2260 km. A 350 grammes de CO2 par kilomètre et par passager, c'est plus de 3 tonnes de CO2... Même en consommant le moins possible sur place, notre bilan carbone sera largement négatif. Va falloir y réfléchir pour les prochains voyages...

Pourquoi l'Islande ?

C'est une destination fantasmée depuis longtemps. Chaque année elle était dans la "short list". A chaque fois de bonnes raisons nous ont conduit à faire d'autres choix, mais cette fois ça y'est. On est prêts. C'est maintenant.

L'envie de nous sentir tout petits face aux éléments ? Un coin de nature encore peu domestiqué ? Une terre jeune, toujours en mouvement ? Un dépaysement total, une autre planète ? ...Oui, bien sûr. Tout ça, on peut le lire dans les livres ou les guides touristiques.

Ouvrir les yeux, les oreilles, les narines, penser, réfléchir, ralentir, faire le vide...

Partir loin, au propre comme au figuré, tout simplement...

Pédaler, manger, dormir...

Fuir ?

Prévoir, c'est se préparer à l'imprévu

Notre guide touristique à nous tient dans cette citation : "Le voyageur voit ce qu'il voit, le touriste voit ce qu'il est venu voir..."

Que va-t-on voir là-bas ? Nous n'en savons presque rien et c'est très bien ainsi.

L'Islande c'est grand et on a 3 semaines. Pas question d'en faire le tour. Donc l'idée générale c'est commencer par suivre la côte sud, en évitant si possible la route circulaire, puis grimper dans les terres (la terre du milieu...hi hi !) et revenir vers Reykjavik (que nous ne prévoyons pas de visiter).

ça devrait faire environ 600-700 km. Peut-être plus, peut-être moins. Tout dépendra de la météo, de l'état des routes, du niveau des passages à gué... On voudrait bien aussi se poser de temps en temps et faire quelques randonnées à pied.

Ce qui est sûr, c'est que les incontournables spots touristiques ne sont pas notre priorité. Si on y passe tant mieux, sinon c'est pas grave. Dans le voyage lent, le parcours compte autant que la destination, sinon plus...

Voyager avant de partir...

Préparer un voyage, c'est déjà voyager.

Tracer des itinéraires sur une carte, les survoler dans Google Earth, rassembler les affaires, penser aux petits détails, hésiter, changer d'avis, étaler tout par terre, organiser le contenu des sacoches, recommencer... que du bonheur !

Tout ça rentre dans 4 sacoches. 

Comme on ne s'attend pas à des routes bien lisses ni à rencontrer des villes tous les 50 km, on a soigné la préparation des vélos un peu plus que d'habitude : pneus neufs pour Béatrice, transmission neuve pour moi, pédales neuves pour tout le monde.

Il faut aussi essayer de limiter le poids et soigner l'étanchéité : choisir des vêtements "multi-usage", empilables, tenant peu de place, tout mettre dans des poches étanches... Et puis de toute façon on emmène toujours trop de choses...

Voilà voilà,

On vous en dira plus tout au long du voyage,.

Restez à l'écoute .

3
juil

Il est 15h. Tout est bouclé, vérifié... les vélos sont dehors, chargés. Ils attendent.

Un petit moment de sieste avant de partir, pour laisser la pression retomber, changer de monde, entrer dans le voyage.

Nous fermons la porte et enfourchons nos montures. Aussitôt nous entrons dans notre bulle, la bulle du voyage lent. Elle était là, à notre porte, elle nous attendait, fidèle...

Nous n'avons fait que quelques mètres, notre maison est toujours là, derrière nous. La rue, les voitures, les piétons, rien n'a changé. Nous sommes encore chez nous et pourtant déjà loin, dans un monde parallèle.

Cette bulle qui nous enveloppe est toute petite. Ele se déplace avec nous, nous accompagne, et nous protège. Dedans : lenteur, pensées vagues, mélancolie parfois... dehors : voitures, gens affairés, ville, vitesse, stress...

"Je n'ai pas le temps" Quelle expression bizarre ! Le temps est la chose la mieux partagée au monde....

Le voyage à vélo nous a appris (réappris ?) à savourer l'instant : dans notre bulle il y a beaucoup de présent et peu d'avenir. La lenteur donne au présent toute sa place. Le futur attend dehors !

Il n'y a rien de plus délicieux que de partir de chez soi à vélo, de se mettre instantanément dans le rythme du voyage. Même l'étape en train jusqu'à Paris et l'avion jusqu'à Keflavik ne réussiront pas à casser l'ambiance.

Il y a, c'est vrai, une petite appréhension : nous allons vers un pays que nous ne connaissons pas, rouler dans des conditions que nous imaginons sans les connaître... Une mini boule au ventre, les jambes en coton, comme le jour de l'oral du bac... et même ça c'est bon. Il faut y aller, il faut voir, il faut vivre cela !

3
juil

Vélo, puis train, puis vélo, puis avion, puis vélo.

D'abord, le petit trajet habituel jusqu'a la gare du Mans. Nous embarquons dans le TGV. La manoeuvre est bien rôdée, ce n'est pas a première fois : je monte les vélos et Béatrice me passe les bagages.

A Paris, nous décidons de rejoindre Orly à vélo. L'application "Géovélo" a calculé un itinéraire adapté : 18 kilomètres de pistes plus ou moins cyclables ou de petites voies résidentielles : Denfert Rochereau, porte d'Italie, Villejuif, Ivry, Thiais, Orly.

Bien sûr, aux abords d'Orly ça se corse un peu. Nous suivons les panneaux, et nous nous retrouvons sur les voies d'accès réservées aux autos. Nos vélos lourds et notre air de débarquer de nulle part nous épargnent sans doute les noms d'oiseaux et les klaxons...

Dans l'aérogare, nous passons en "mode avion" : Pas les téléphones, les vélos.

Il faut regrouper toutes les sacoches dans deux grands sacs à déchets, ficeler le tour et prier pour que ça ne dépasse pas les fatidiques 20 kilos.

Puis on passe aux vélos : retourner les pédales, tourner le guidon, démonter le dérailleur, dégonfler les pneus, aller se laver les mains et se présenter à l'enregistrement.

Les bagagistes nous apprennent qu'il est obligatoire de placer les vélos dans des cartons. Nous protestons (gentiment) : sur le site il est indiqué "carton conseillé". J'argumente : " conseillé, ça veut pas dire obligatoire !C'est d'ailleurs en raison de cette tolérance que nous avons choisi la compagnie Transavia ! "

Le chef appelle son chef, parlemente un moment, puis tout s'arrange : nos vélos sont promptement emballés dans des sacs en plastiques, scotchés avec des étiquettes à bagage, et c'est parti... Nous sommes tombés sur des employés procéduriers, mais compréhensifs et pleins d'humour ("trop tard pour les cartons, on va vous trouver des préservatifs géants").

Il fait nuit, nous décollons. L'avion met le cap au nord. Nous rattrapons le jour. Dessous, une mer de nuages dans la pénombre.

Descente sur Keflavik. Le commandant de bord annonce "10° et un peu de pluie". Effectivement, le plafond est bas et l'avion touche le sol quelques secondes après être sorti des nuages.

Récupération et remontage des vélos. On se fait jeter dehors par la sécurité : "c'est interdit dans l'aérogare. Il y a un endroit pour cela dehors." On n'insiste pas. ici comme ailleurs, la police n'a pas d'humour... et puis, c'est vrai : il y a un petit atelier a quelques pas, avec tout ce qu'il faut.

il est 2 heures du matin (4 h heure française). Nous repartons à vélo direction "Base hotel", où nous terminerons la nuit.

Nuit ? En fait il n'y en a pas vraiment. Disons que la pénombre du soir devient pénombre du matin.

A demain

4
juil

Le "base hotel" est une ancienne base américaine. Les militaires ne font plus recette depuis la fin de la guerre froide, mais les touristes, si...

Le petit déj' est copieux et pas si cher. Il nous tiendra jusqu'au milieu de l'après-midi.

Nous finalisons la répartition dans les sacoches, à l'abri car il pleut. Ah non. Il ne pleut plus. Ah si...

Au programme : filer vers le sud et faire le tour de la presqu'île de Reykjanes.

Aussitôt sortis de la zone résidentielle de l'ancienne base, c'est le désert...

La route 425 est spectaculaire et peu passagère. la péninsule semble n'être qu'un immense champ de lave. Nous sommes juste sur la faille médio-atlantique; il y a d'ailleurs un petit pont qui enjambe "la faille" : le "pont des 2 continents". Petite pause pour les cars de tourisme qui vont à "Blue Lagoon".

Température fraiche et petit vent de face. Nous essuyons quelques grains.

Nous obliquons progressivement vers l'est, ce qui veut dire "vent favorable", et le soleil se montre de plus en plus. Une belle journée, au final...

près du phare de Reykjanes

En montant vers le phare de Reykjanes, des cris d'oiseaux dans mon dos... ce sont des sternes arctiques. Il paraît qu'elles attaquent quand on s'approche trop près de leur nid. Je ne m'attarde pas...

Après le phare, la zone géothermique de Gunnuhver. L'eau bouillante jaillit du sol, des nuages de vapeurs soufrées enveloppent le chemin. Le sol se colore de rouge, de jaune. un ancien pont est entièrement disloqué par les jets d'eau brûlante. La zone a été réaménagée plus en recul, ce qui signifie que la source a gagné en puissance. Elle alimente une centrale géothermique située un peu plus loin.

La croûte terrestre ici doit être bien mince... mieux vaut ne pas trop gratter.

Ce soir nous sommes à Grindavik. Camping "à la Norvégienne", c'est à dire super-confortable, avec cuisine commune équipée. Il paraît que c'est le meilleur d'Islande et qu'il vaut mieux ne pas trop s'y habituer.

Montage de la tente. Les piquets, enfoncés au 3/4, butent sur quelque chose de dur. Je n'insiste pas... j'ai peur de faire surgir un volcan.

Nous discutons avec un guide français établi ici depuis 5 ans. Il nous conseille d'éviter la route circulaire et nous informe sur les pistes praticables à vélo. Je vais changer notre itinéraire...

Le vent qui secoue la tente à l'extérieur agite délicatement l'air à l'intérieur. Douce sensation...

5
juil

Ce matin, il fait 8:45.

Ce n'est pas l'heure : 8°, c'est la température extérieure, et 45 Kmh, c'est la vitesse du vent.

Il est orienté nord-est et nous allons vers l'est. On l'aura de 3/4 face. Malheureusement, nous ne pouvons pas régler les voiles pour en profiter.

En tout cas, ce vent annonce une belle journée ensoleillée.

Nous démarrons par un col, pas très haut mais avec le vent, ça fait quand même de l'effet. Quand on s'arrête, il faut mettre les vélos face au vent si on ne veut pas que tout se renverse. On acquiert de l'expérience...

Il faut réapprendre à ne pas lutter... Rouler tranquille, ne pas forcer, attendre que ça passe.

Le paysage est un désert de lave, coloré de mousses vertes, de fleurs jaunes ou mauves. Pas d'arbres, pas de villages, pas d'habitations, rien. A gauche des falaises de lave, à droite des champs de lave, un peu plus loin la mer, et au milieu la route avec le vent.

Le Grand Dehors...

Les pierres de lave dressées au dessus de la mousse prennent des formes d'animaux. Une grenouille qui me regarde, des oreilles de lapin, un rhinocéros... La pierre est si dure que rien ne semble pouvoir l'éroder. Parfois des croûtes de lave sont fissurées par le milieu et s'écartent, comme un cake trop cuit. Je joue à penser que c'est le magma qui pousse en dessous...

A midi, nous trouvons un petit camping avec une table à l'abri du vent et au soleil. Idéal pour un pique-nique suivi d'une sieste...

La température monte lentement tandis que le vent faiblit et que le ciel se dégage.


La circulation se fait plus intense depuis que nous avons rejoint la F34. C'est vendredi, veille d'un week-end qui s'annonce ensoleillé, et peut-être début des vacances pour les Islandais. On voit beaucoup de caravanes et de remorques pleines de matériaux : ça va bricoler.

la lave cède peu à peu la place à de maigres pâturages. Quelques moutons, quelques fermes éparses. Des chevaux aussi.

Encore 25 km jusqu'au camping de ce soir, à Eyrarbakki, sur la côte sud. C'est un tout petit village au bord de la mer, un village de schtroumpfs, sauf qu'au lieu d'être en champignon les maisons sont en tôle.


Pas de gardien au camping, pas de réception non plus. Quelqu'un passera sans doute demain matin.

Ce soir le ciel est limpide, le soleil chauffe la tente, plus de vent, pas d'internet.

J'écris le dos au soleil...

Bonne nuit.

6
juil

Hier soir à 23h, le gardien du camping est venu secouer la tente pour nous demander de payer... Nous à 23h on dort ! Mais bon, il est vrai que le soleil n'est pas couché, c'est week-end et c'est barbecue un peu partout. On paye et on se rendort...

2500 ISK ça fait 17€. Correct.

Ce matin, debout 6h45. Le soleil brille déjà depuis plusieurs heures. Le vent souffle, la tente est sèche, tout ce qui était dehors est sec aussi.

8h15 tout est plié. Départ.

Nous pédalons à nouveau contre le vent. Ce matin la route 34 est déserte. Nous la quittons bientôt pour la 305, qui remonte le long de la rivière Djorsa (?) et dessert de nombreuses fermes. Parfois, l'asphalte disparait. Nous goûtons à la "tôle ondulée". Il faut rouler au milieu ou sur les bords, mais surtout éviter les traces des voitures.

la campagne est plate, paisible. Au loin le volcan Hekla et les glaciers Eyjafjallajökull et Myrdalsjökull (enfin je crois...)

Peu avant d'arriver à la route 1 (la grande route qui fait le tour de l'ile), arrêt pique-nique à la cascade Urridafoss (foss=cascade). Il parait que c'est la plus puissante d'Islande... Mais je crois bien qu'ici comme ailleurs toutes les cascades ont un "plus quelque chose" (la plus haute, la plus large, etc...). On y a surtout vu quelques pêcheurs et un 4x4 énorme, long comme un bras, genre "Icelandic Aventure". Pourtant la piste ne méritait pas cela...

La circulation sur la route 1 est intense. Le bas-côté n'est guère praticable, et çà roule plutôt vite, et ça fait du bruit. Notre bulle laisse passer le bruit, mais elle en annule les effets. N'empêche : il ne faut pas rester là. Tant pis pour les cascades et autres curiosités touristiques du sud de l'ile, on décide de changer de cap.

pause au carrefour avec la F26

Au bout de 10km nous tournons à gauche et prenons la F26. La F26 est une des 2 routes qui traverse le pays du sud au nord (l'autre est la F35). Pour l'instant c'est une belle route... Plus tard on verra.

En tout cas, changement de décor : nombreuses fermes, pâturages immenses avec quelques moutons et beaucoup de chevaux. La campagne est belle et paisible, avec toujours le volcan Hekla qui forme le fond du décor.

Le premier camping que nous rencontrons (Laugaland) est un camping grand luxe "à la française", c'est à dire avec piscine, jeux, attractions etc... Le rendez-vous familial Islandais. Les tentes et les caravanes sont serrées. Pas un seul petit endroit à l'écart. Tout ce qu'on ne veut pas.

Nous faisons le plein d'eau en prévision d'un éventuel bivouac et nous reprenons la route.

Il n'est pas tard, la route est belle, le soleil nous chauffe le dos et le vent nous pousse : autant pédaler ! Au pire, le soleil se couche vers 23h30. On trouvera bien quelque chose d'ici là.

Au lieu dit "Skaro", surprise : un petit terrain ombragé avec des caravanes toutes neuves, un camping pas du tout indiqué sur la carte ni sur Garmin. Il n'y a personne, çà à l'air un peu en chantier. J'avance à tout hasard. Je frappe à la porte de la maison et demande s'il est possible de poser la tente sur un petit coin d'herbe le temps d'une nuit. A priori oui. Il appelle "la patronne" à propos du prix. Elle nous demande 5800 ISK (40€). Visiblement elle débute dans le métier ! On propose 3000. Re-appel de la patronne : c'est ok. C'est encore cher payé, mais la vue sur le Hekla est imprenable et nous ne serons pas dérangés par les voisins.

Nous déroulons le protocole du soir : montage de la tente, installation des duvets, toilette, lessive, popotte...

Demain, direction Landmannalaugar. Il parait que c'est là que les difficultés commencent.

On verra. Bonne nuit.

7
juil

Nous quittons notre petit camping secret et reprenons la 26. Route plate et droite, soleil déjà haut et vent dans le dos : même conditions qu'hier, nous avalons les kilomètres. Nous sommes dépassés par quelques bus et 4x4 qui se rendent à Landmannalaugar ou qui continuent la 26. On est dimanche, c'est l'heure de pointe.

Nous roulons dans une plaine de lave, entre le Hekla et une butte de lave (le Burfell) sur notre gauche. La lave devait être bien chaude et bien liquide pour former une mer aussi plate. Tout juste quelques vagues, avec des pierres qui dépassent, comme de l'écume.

Nous arrivons au carrefour de la F225, la piste du Landmannalaugar. Fin de la route asphaltée. A partir de ce point, seuls les vrais 4x4 sont autorisés (en théorie...).

Sur la piste, beaucoup de passage de "tôle ondulée" : ce sont ces stries formées par le passage répété des roues. Très inconfortable. On cherche le milieu, là où la boue a durci, ou les bords, mais pas trop car il y a souvent du sable.

Plus de pâturage, plus de chevaux. Le paysage devient lunaire. Seul le ciel bleu nous rappelle qu'on est sur la terre.

Chance pour nous : les bus qui emmènent les randonneurs sont déjà passés. Ils ne reste que quelques 4x4 pour soulever la poussière. Dans l'ensemble ils ralentissent à notre hauteur.

Nous sommes assaillis de petits moucherons, sans doute attirés par la transpiration de nos "ilôts de chaleur" animale. Dans ce désert, des humains qui ne sont pas entre quatre tôles, c'est rare, alors c'est la fête !

La piste s'élève lentement. Le paysage change constamment. Parfois les couleurs reviennent, parfois c'est un chaos de laves recouvertes de mousse, comme de l'écume.

Nous croisons une rivière : passage à gué. Un cycliste Allemand croisé le matin nous a dit qu'il n'y a pas de difficultés particulière, étant donné qu'il n'a pas plu depuis plusieurs jours.

On enlève les chaussures et le collant long, on met les sandales plastiques et c'est parti. L'eau monte jusqu'au genou. les sacoches sont dans l'eau, mais elles sont censées être étanches. On vérifiera ce soir.

A une bifurcation, nous gardons la F225 qui passe par Landmanahellir. C'est un détour mais nous savons qu'il y a un petit camping pour notre étape de ce soir. De plus, on va éviter une bonne partie du trafic 4x4, car c'est bientôt l'heure du retour : les nuages de poussière au loin se multiplient.

Nous entrons dans un vaste cirque, tout plat, entouré de montagnes de lave, parfois encore enneigées. C'est magnifique.

On aperçoit au loin les "huttes" de Landmannahellir. Plus que quelques kilomètres.

Le vent s'est levé, les moucherons nous ont abandonné. Il est 17h30. Une belle soirée qui s'annonce...

Le soleil est toujours là, mais ne parvient plus à réchauffer l'atmosphère. On est à 600 mètres d'altitude, ce qui doit bien faire 2600 chez nous.

Le camping est plutôt un "bivouac amélioré" : pas de douche, pas d'électricité, pas de réseau (évidemment). Juste un WC et un petit lavabo d'eau froide.

On se met sous la tente pour la cuisine (cuire les pâtes, quoi...). On vit sur nos réserves en se rationnant un peu, car ici il n'y a rien et et on ne sait pas ce qu'on trouvera demain.

22h00. L'ombre va bientôt gagner le fond de la vallée. Nous sommes dans nos duvets. Il fait chaud dans la tente, légèrement secouée par le vent qui faiblit.

Que c'est bon...

8
juil

Ce matin le temps a changé. Il fait gris, le vent est à l'est et la température ressentie doit être autour de 5-6°. Choix des vêtements en conséquence : sous-pull technique et veste coupe-vent. Il faut résister à la tentation de tout enfiler, en garder un peu en réserve...

Démarrage... on se met immédiatement dans le rythme, la bulle se referme, on oublie le froid. Nous avançons entre les montagnes qui fement le grand cirque de Landmannahellir.

500 mètres plus loin, un passage à gué nous "cueille à froid". Il n'est pas bien grand mais trop risqué de le passer à vélo, car le fond est sablonneux. Donc, enlever les chaussures, mettre les sandales et trouver le meilleur compromis entre la distance et la profondeur. Penser aussi à la petite serviette pour s'essuyer les pieds et renfiler les chaussettes avant d'avoir les pieds glacés.

Nous voilà maintenant dans un autre cirque immense, fond totalement plat, entouré de montagnes. Nous avançons lentement. Il faut faire attention à ne pas transpirer, pour conserver l'isolation thermique. La piste sablonneuse nous oblige parfois à mettre pied à terre.

Nous atteignons l'autre extrêmité du cirque. Après un autre passage à gué, la piste prend de la hauteur, le poids du vélo et l'état moyen de la piste réduisent notre vitesse au minimum.

Au détour d'un virage, changement de décor. Un autre cirque, mais totalement différent. les montagnes aux alentours se parent de couleurs orangées ou brun sombre, traversées par des coulées de teinte cendre. Notre destination approche.

Nous arrivons à Landmannalaugar. Il est 13 heures.

Landmannalaugar, c'est LE spot de randonnée du sud. Il y a du monde, mais le "bivouac amélioré" est grand. Les installations restent très rudimentaires. Ici on vient pour randonner, pas pour passer ses vacances.

Pour s'installer, il y a le choix entre la partie boueuse et la partie caillouteuse. Nous optons pour les cailloux. Comme il est impossible de planter les piquets, nous calons les ficelles avec de grosses pierres.


Il y a une mini-superette-café qui fait aussi soupe chaude, installée dans 3 anciens school bus américains. On pourra donc se ravitailler correctement avant de repartir.

vers 15h30, nous partons randonner. Ici, on peut randonner à toute heure; On ne risque pas d'être surpris par la nuit, vu qu'il n'y en a pratiquement pas.

Les paysages sont fabuleux... même le temps gris ne parvient pas à éteindre les couleurs (j'en reparlerai demain).

En marchant on n'a pas froid, mais dès le retour à la tente nous grelottons. Nous préférons cependant cuisiner (les pâtes) et manger sous la tente, car le barnum qui sert de salle à manger commune est bondé et bruyant. Nous y allons cependant après dîner pour s'asseoir un peu au chaud et discuter un bon moment avec le jeune couple de cyclistes belgo-suisse rencontré hier à Landmannahellir.

Retour sous la tente, direct dans le duvet, chaleur relative... Bonheur.

Demain, nous restons ici. Pas de vélo, rando au programme.

9
juil

Soufre, vent, couleurs minérales : Ces 4 mots résument notre journée à Landmannalaugar;

Aujourd'hui pas de vélo : randonnée au programme.

Il est 8h. le temps est gris mais plus lumineux qu'hier. Le vent est plus fort aussi. Il a tourné au sud;

Les trekkers (ceux qui font toute la traversée en 5 jours) sont déjà partis; Les 4x4 des tours operators viennent attendre les groupes à la porte des refuges, moteur tournant...

Nous partons vers Brennisteinsalda, une montagne de couleur orange/rouge qui se dresse au dessus d'une énorme coulée de lave. Le sentier traverse un incroyable chaos de blocs d'obsidienne dure et brillante.

Brennisteinsalda

A mi-pente, un ensemble de solfatares. L'air y est chaud et les vapeurs de soufre nous enveloppent, ça sort d'un peu partout... Penser qu'on est en relation directe avec le centre de la terre, imaginer le magma bouillonnant sous la fine croûte durcie..faire attention à ne pas réveiller le volcan juste assoupi dessous...

Nous poursuivons l'ascension jusqu'au sommet, puis redescendons jusqu'au niveau de la mer de cailloux qui forme le fond de la vallée. Nous repartons de l'autre coté, vers "sudurnamur" : une grande crête de rhyolithe (la pierre orangée). Le vent forcit au fur et à mesure que nous gagnons en hauteur. Nous en prenons plein les narines et plein les oreilles. nous mangeons de la poussière et pour une fois ce n'est pas celle des 4x4...

Le soleil qui joue avec les nuages fait danser les couleurs : les rhyolithes qui vont du jaune au rouge, les poussières blanches, grises ou vertes, les torrents soulignés par des parterres de mousse fluorescente, et toujours au fond la lave noire, partiellement recouverte de mousse entre le gris et le kaki.

La vue sur la coulée de lave en contrebas est impressionnante. On voit encore les stries, les ondulations. On imagine le magma en fusion se répandre, bouillonner, onduler, emporter tout sur son passage comme un raz de marée au ralenti...

Retour au camping. Il est 14h30. nous allons prendre le temps de ne rien faire et aussi de réfléchir à la suite du voyage.

La suite ? Pas du tout ce que nous avons prévu. Plus envie de se retrouver dans l'affluence touristique après ces premières journées dans les hautes terres...

On va donc tenter la traversée jusqu'au nord du pays par la F35. Au pire le retour se fera en bus.

Sauf qu'avant on doit quand même repasser par "la civilisation", car nos appareils électroniques n'ont pas vu de prise de courant depuis samedi. On est aussi un peu à sec coté provisions, car pas habitués à se charger pour plusieurs jours. Nous ne sommes que des apprentis aventuriers...

Ce soir au menu : tiens ? des pâtes, oui... mais bolognaises !

10
juil

Cette nuit un couple (probablement russe d'après leur accent) a entrepris de passer la nuit dans leur 4x4, moteur allumé à cause du froid (du c.. si tu supportes pas le froid tu viens pas ici !). A minuit, à bout de patience, j'ai tapé à la fenêtre pour leur dire de stopper le moteur. Je n'ai pas été très poli. J'avoue...

Nous sommes de plus en plus nombreux à essayer de faire des efforts, à réfléchir à nos manières de consommer, à inclure d'autres valeurs que l'argent ou la vitesse dans nos choix, nos raisonnements... Tout ça pour que des décérébrés continuent de faire n'importe quoi sans même voir ou est le problème. Déprimant.

Refermons la parenthèse.

Ce matin il pleut. Il faut s'organiser pour tout plier sans mouiller ce qui doit rester sec.

Il est 9 heures. Nous saluons nos collègues Belgo-Suisses et mettons la machine en route. Tout se cale à sa place, nos protections sont efficaces, la pluie ne nous dérange pas. Le froid non plus. Il ne faut pas trop empiler les couches et prendre le bon rythme pour se réchauffer sans transpirer.

La piste F208, que nous prenons pour quitter Landmannalaugar sans refaire le trajet à l'envers, est plate et pour tout dire assez monotone. Le paysage est gris lunaire, le ciel aussi. Nous n'entendons pas le vent, car il souffle dans notre direction. Pas de moucherons, pas de poussière. La mer de la tranquilité...

Le sol est sablonneux et tout de tôle ondulée. Il faut louvoyer en permanence pour essayer de trouver les passages les moins "vibrants", tout en évitant de s'ensabler. çà demande de la concentration.

Au bout de 30 Km, nous sommes récompensés d'une magnifique descente entre deux lacs de barrage, suivie du retour de l'asphalte. Nous pouvons maintenant profiter du vent arrière et prendre de la vitesse.

Nous sommes de retour sur la route 26, quasi déserte. La route est tracée comme une ligne de TGV, remblayée juste ce qu'il faut pour gommer les micros-reliefs et avaler les faux plats en souplesse. Nous avalons les kilomètres à 25 de moyenne. On n'entend que le bruit feutré des roues sur le sol et le chuintement de la chaîne.

Peu à peu nous retrouvons "de la vie" : d'abord les chevaux et les moutons, puis quelques fermes, et même des arbres, pas bien haut mais des arbres quand même.

La température remonte et le vent se calme au fur et à mesure de la descente.

Nous arrivons tranquilement à Arnes, qui sera notre étape de ce soir. Petit camping rudimentaire et quasi désert, mais il y a ce que nous cherchions : une douche chaude et un abri avec une table. Le luxe.


11
juil

Aujourd'hui petite étape de liaison et parenthèse touristique : Geysir et Gulfoss, deux incontournables d'Islande.

La journée, douce et ensoleillée, nous invite à la flânerie. La route est calme.

A Fludir nous trouvons une supérette comme on les aime, c'est à dire avec un petit salon et une machine à café (souvenir de Norvège...). Nous nous approvisionnons pour 5 jours. C'est le temps que nous avons estimé pour traverser jusqu'au nord par la F35. Il y a en principe des refuges ou des campings tous les 50Km, mais pas de quoi se ravitailler. J'ai aussi refait le "plein d'essence" (1/2 litre) pour notre réchaud.


Geysir, c'est une marmite d'eau bouillante qui toutes les 5 minutes éructe un jet de vapeur qui peut monter à plusieurs dizaines de mètres. Les vapeurs sentent le soufre, mais moins qu'à Landmannalaugar.

De nos jour, c'est le "petit Geysir" qui assure le spectacle. Le grand n'est qu'un trou béant et assèché. On se pencherait bien pour y voir le centre de la terre...

On imagine ces forces immenses juste sous nos pieds, qui bouillonnent, remuent l'écorce terrestre, déplacent des continents. Merci petit Geysir de nous rappeler notre insignifiance. La terre n'est pas un jouet...

Il y a pas mal de monde mais ce n'est pas la foule à laquelle on s'attendait. Etonnament, le parking et l'accès sont gratuits. Seuls les boutiques, hotels et restaurants "font de l'argent" aux alentours.

Nous nous arrêtons à un grand camping presque vide 4 km plus loin. Gulfoss sera pour demain. Il est 15h. Après midi cool...

Dans les prochains jours, nous n'aurons probablement pas de réseau. Donc : bon anniversaire par avance à Tiphaine et Quentin !


12
juil

Ce matin aux toilettes du camping quelqu'un nous interpelle : "Béatrice, c'est toi ?" Ce sont des amis d'amis en vacances dans le coin.

Il a fallu que Marie-Christine, une amie de Béatrice, communique l'adresse du blog à ses propres amis, que ceux-ci soient en Islande en même temps, que nous soyons par hasard au même camping le même jour. Soit la Sarthe est très grande, soit le monde est petit... en tout cas c'est un bel alignement planétaire !

Du coup on a pu "s'ébaubir", parler du temps qui pourrait "s'enbernaudir", que c'aurait été "ballot" de s'être croisé sans se voir. Bref, on a "causé la Sarthe" (clin d'oeil à Emilie L.)

Nous nous quittons. Nous quittons aussi Matthis, un cyclo-voyageur hollandais solitaire, que nous avons rencontré à Landmannalaugar et que nous avons croisé plusieurs fois depuis.

Arrêt à la cascade de Gulfoss. Il est à peine 10 heures. Nous avons la chance de visiter le site avant l'affluence.

C'est grandiose. La roche doit être d'une dureté incroyable, car les arêtes sont à peine entamée par le courant puissant. A certains endroits, le sol tremble. Et plus bas, l'eau s'enfuit en cataractes bouillonnantes dans une faille, sans doute ouverte il y a longtemps par un mouvement du terrain. Ce n'est pas pour rien que cette rivière s'appelle la Hvita (la rivière blanche).

Nous y croisons de nouveau nos "amis d'amis sarthois".

La cafétéria, vide à cette heure matinale nous attire... 2 parts de gâteau au caramel et 2 grands café. 3600 ISK (24€). Pas donné mais jouissif... et puis 30Km de piste nous attendent, alors...

Les premiers cars arrivent... fuyons !

500 mètres après Gulfoss, plus personne. 15 km de route asphaltée quasi déserte, puis la route 35 devient la piste F35. Plus d'asphalte.

Au loin on distingue 2 glaciers : le langjokull à gauche et le hofsjokull un peu plus loin à droite. La piste passera au milieu.

Nous n'en sommes pas là. Pour le moment, nous observons le changement de paysage : les pâturages cèdent la place aux lupins, et les lupins aux graviers er aux grosses pierres ocre. On pourrait se croire sur Mars.

Brusquement, la piste s'élève. Nous gagnons 300 mètres d'altitude en 3 Km. 10% de pente moyenne. Les caloriques gâteaux au caramel ont été bien utilisés.

Dans la montée, je croise un minibus avec une remorque qui descend à grande vitesse. Il est en train de semer des valises à roulettes. Je lui fais signe, il s'arrête 100 mètres plus loin. La remorque est totalement défoncée. Il manque une roue, les valises sont éparpillées sur la piste... Risible...

LOL.

De l'autre coté du col, le paysage change complétement. Au fond, un grand lac aux eaux turquoises, le Hvitarvatn (vatn=lac). A gauche, le glacier est maintenant bien visible. Au loin, des nuages menaçants, des averses...

La piste redescend. Avec la vitesse, la tôle ondulée se fait moins sentir.

Au loin, toujours ces nuages d'averses, la lumière sur le lac et les glaciers... arrêt photo tous les 500 mètres !

Nous arrivons au refuge d'Arbudir, qui sera notre étape de ce soir. C'est vraiment magique de se retrouver dans ce petit endroit chaleureux, au milieu de nulle part. Nous installons la tente puis allons prendre un chocolat chaud. Le gars qui tient le refuge est français. Il habite Reykjavik. Il nous conseille sur la suite de notre trajet.

Il pleut, maintenant. Nous sommes à l'abri... Bonheur.

13
juil

Cette nuit il a pas mal plu. L'occasion de vérifier l'étanchéité de notre toile.

Ce matin, le temps est "gris-pas-beau" (hier, il était "gris-beau").

çà veut dire : pas de vent, pas de pluie, pas de soleil, que du gris. Les sommets sont bouchés, la couverture nuageuse est uniforme, sauf au dessus du glacier où l'on devine une trouée de soleil. Peu-être un micro-climat dû à un air plus sec ?

Le temps "gris-pas-beau", ça veut dire aussi : beau temps pour les moucherons ! Dès le matin, on les entend frapper la tente comme des gouttes de pluie.

Des nuées de ces petites mouches vont nous accompagner toute la journée. Elles affectionnent particulièrement les oreilles, les narines et aiment bien aussi passer derrière les lunettes. On en a mangé et on en a respiré...

Dès qu'on peut accélèrer elles nous abandonnent, dès qu'on ralentit d'autres prennent la relève. Pour s'arrêter, il faut attendre un souffle de vent et se mettre face à lui.

La piste est en assez mauvais état et freine beaucoup notre progression. Il faut sans cesse louvoyer pour trouver le coté le moins défoncé.

Nous rencontrons un cycliste Islandais avec qui nous bavardons. Il compte rejoindre Reykjavik dans la journée. Il lui reste 150Km dont encore 45 de piste...

Nous décidons de monter à Kerlingafjoll, où nous ferons étape ce soir. Kerlingafjoll = "montagne de la femme autoritaire". La montée est rude, irrégulière et la piste encore plus mauvaise que la F35. Mais la femme autoritaire est belle, au loin...

Arrivés au bout de nos peines, nous casse-croûtons et montons la tente.

Le temps se gâte... avantage : plus de mouches ! Mais pour la balade dans Kerlingafjoll on attendra demain.

Ce soir nous dînerons au restaurant du refuge, pour ne pas épuiser nos provisions, car nous allons peut-être faire une ou deux étapes supplémentaires, histoire de faire durer le plaisir.

En attendant, un peu de repos dans la chaleur relative de la cuisine du camping.

Le restaurant du refuge fait un peu "amateur", surtout pour le prix : Une assiette de saumon avec quelques pommes vapeur = 4000 ISK = 28€... ouch ! Mais c'était bon. Et le groupe d'allemands à côté qui ne finit même pas ses assiettes, grrr !

Pour info, une bière ici c'est 1100 ISK, presque 8€. On va s'en passer.

Et pour le dessert ça sera pain et chocolat dans la cuisine du camping.

28€

Ce soir on s'endort bercés par le bruit du torrent juste à côté... encore un petit bonheur.

14
juil

Aujourd'hui nous allons profiter d'un temps "gris-pas-beau" mais pas encore trop humide pour rendre visite à la femme autoritaire...

D'abord, petit déjeuner au refuge. Le genre buffet à volonté qui vous tient jusqu'au milieu de l'après-midi. 2500 ISK (16€) c'est cher mais ça vaut le coup.

Nous laissons la tente et les vélos au refuge et partons à pied. Il faut d'abord grimper sur un plateau caillouteux aux bords arrondis. De place en place, quelques énormes rochers. Comment sont-ils arrivés là ? Il n'y a que la puissance et le temps d'un glacier qui peuvent réussir cela.


Le sentier grimpe de nouveau, contourne une montagne, et derrière... Le grand spectacle !

Les couleurs passent brusquement du gris cendré aux orangés de la rhyolithe, rehaussées de mousses fluorescentes, avec au fond les pentes enneigées de Kerlingafjoll.

L'odeur de soufre et les fumerolles au loin annoncent une zone géothermique d'importance...

Nous marchons littéralement sur une marmite d'eau bouillante. ça fume de partout, avec un bruit de cocotte minute.

Des trous noirs béants et fumants, aux bords calcinés, comme connectés au centre de la terre... A nos pieds des mares d'eau ou de boue en ébullition, on marche d'un pas léger sur le sol chaud, en respirant les vapeurs soufrées.

Nous parcourons le canyon de long en large, arrêt photo tous les 10 mètres...


Retour au refuge, il est 15 heures. Plier la tente, manger un morceau et en route.

Le temps se met résolument à la pluie. Pédaler tranquille, oublier le temps qu'il fait, avancer, profiter quand même du moment.

Notre étape d'aujourd'hui est courte : redescendre la F347, reprendre la F35, 4km plus loin tourner à gauche vers le refuge de Gislakali.

D'après notre carte, ce devait être un simple abri. En fait, c'est un super refuge avec cuisine, douche et tout...Quelle bonne surprise !

3000 ISK/personne pour planter la tente dehors et profiter des commodités. Il n'y a pas à hésiter.

Toujours sous la pluie, nous construisons rapidement notre petit igloo, avant de nous changer et de nous mettre au chaud au refuge.

Un groupe de français arrivé en bus 4x4 est déjà sur place. Nous sommes les "bêtes curieuses"...

Ce soir, c'est purée mousline et tartine de confiture. Nous restons au chaud dans la salle commune. Dehors il pleut toujours. Nous ne sommes pas pressés de rejoindre notre tente humide.

15
juil

Tôt ce matin un petit vent s'est levé. Rester un peu dans le duvet sous la tente un peu secouée... mmhh, le bonheur. Mais il faut se lever.

Le temps est "gris-très-beau", presque "bleu-moche". Cela veut dire que l'atmosphère est lumineuse, que le soleil perce facilement les nuages poussés par le vent, que le glacier au loin est scintillant. Ça veut dire aussi pas trop de moucherons.

Après cette nuit réparatrice, au calme sous la tente tandis que nos affaires sèchaient dans le refuge, le moral est au beau fixe.

Au moment du départ, nous sommes de nouveau l'objet de la curiosité du groupe de français. Tous sont admiratifs.

Certains semblent ne pas comprendre pourquoi on se donne tant de peine alors qu'on peut faire plus de choses plus facilement et plus vite en bus ou en 4x4...

Après un petit raidillon d'1 km pour ressortir du vallon où se trouve le refuge, nous reprenons la F35. Pendant les 15 premiers km, le vent nous pousse. Nous prenons assez de vitesse pour moins sentir la tôle ondulée.

Le kjölur est cette immense étendue désertique sur laquelle nous progressons depuis 3 jours. C'est le lit d'un ancien glacier, parsemé de gros rochers. Quelques moutons y broutent les rares touffes d'herbe qui poussent entre les cailloux. Pas de trace de vie humaine, à part la piste où nous roulons et quelques poteaux indicateurs.

ça se gâte. La piste s'oriente à l'ouest puis au sud-ouest. Fini la rêverie ! Il faut se reconcentrer, éviter les embardées, ne pas s'ensabler en roulant trop au bord, ne pas faire craquer les dérailleurs quand la pente remonte brusquement.


Nous arrivons à Hveravellir. 27km : c'est peu mais ça suffira pour aujourd'hui. Première chose à faire : installer la tente. Nous choisissons un petit coin herbeux près d'une table et d'un ruisseau d'eau tiède.

Hveravellir est une zone géothermique, avec plein de mini-geysers et de glouglou d'eau bouillante. A nouveau nous marchons sur le couvercle d'une monstrueuse marmite, percé de partout. De la vapeur s'échappe avec un bruit de locomotive d'un cône aux couleurs soufrées. Des pontons en bois permettent de s'approcher sans se brûler les pieds, car même sur le chemin ça glougloute ! Au passage, on se prend des bouffées de vapeur humide aux odeurs d'oeuf pourri.

Mais le meilleur, c'est le bain chaud !

Toute cette eau bouillante qui jaillit de partout se retrouve dans une petite piscine naturelle. D'un coté un tuyau amène l'eau bouillante, de l'autre coté un tuyau amène l'eau "froide" (tiède, en fait). Au milieu l'eau doit être à 40°. On rentre du coté "froid" et on règle la température en s'avançant plus ou moins vers le coté chaud. Il y a des pierres pour s'asseoir. On peut y rester des heures...Trop bon ! En sortant j'étais à la limite de tomber dans les pommes. J'ai dû régler un peu trop chaud.

(Merci guidetoiceland.is pour la photo !)

Ce soir nous nous endormons avec une berceuse Islandaise : le bruit du vent qui secoue la tente, le glouglou du torrent tiède qui passe à coté, le bruit continu et imperturbable du solfatare pas très loin...

16
juil

Ce matin c'est la pluie qu'on entend sur la toile de tente... Et pour une fois la météo et le ciel semblent d'accord : Ça va durer toute la journée.

Inutile de tergiverser, on se lève, on range tout, on plie la tente mouillée (de toute façon rien ne séchera aujourd'hui) et on file prendre le petit déjeuner au refuge.

Buffet aussi garni qu'à Kerlingafjoll mais moins cher. On se "gave" littéralement pour pouvoir tenir une bonne partie de la journée. Bon plan, finalement...

Objectif pour aujourd'hui : couvrir au moins la moitié des 120 km qui nous restent pour arriver au nord de l'île.

Veste imperméable, pantalon, bonnet sous le casque et tour de cou pour empêcher l'air de rentrer : on s'enferme littéralement pour créer et entretenir une petite bulle de chaleur relative, et c'est parti...

La piste s'améliore et les reliefs s'estompent. Les kilomètres défilent. Parfois, la piste durcie est tellement lisse qu'on dirait de l'asphalte tout neuf.

Ambiance propice à la réflexion... Que sommes-nous venus chercher ici ?

Sentir notre insignifiance dans cette nature immense ?

Dire notre fierté d'aller par nos propres moyens là où la plupart vont en 4x4 ?

Souffrir un peu pour mériter les cadeaux que la nature nous offre, ne pas se contenter d'ouvrir le porte-monnaie...

Oui. Et aussi réapprendre à se contenter du minimum pour mieux savourer les petits bonheurs que procure le voyage lent...

S'arrêter où on veut, quand on veut, aussi souvent qu'on veut, sentir le vent nous pousser, la chaleur d'un rayon de soleil entre deux nuages...

Et le soir, manger une gamelle de pâtes (pas les mêmes qu'hier !), de la confiture sur du pain, un carré de chocolat avec le café instantané, puis se pelotonner au sec dans un duvet bien chaud, entendre la pluie et le vent sur la tente, se regarder dans les yeux et se sourire avant de s'endormir...

Nous sommes venus chercher ce qui ne s'achète pas...

Nous passons Afangi, un joli petit refuge qui aurait bien fait notre étape de ce soir... si nous étions le soir !

Mais il n'est que 12h30. 37 km au compteur. Il pleut toujours, alors autant avancer. Et de toute façon il n'y a personne. Le prochain camping est à environ 50 Km. Nous allons tâcher d'aller jusque-là.

Au sommet d'une côte un petit parking. Nous nous arrêtons. A coté de nous, un camping-car venu de Suisse. Au bout de quelques instants, l'homme sort avec une thermos et deux gobelets : "est-ce qu'un peu de thé vous ferait plaisir ?"

Et comment ! on ne se fait pas prier. Nous discutons un bon moment avant de reprendre la route, réchauffés au propre comme au figuré.

Nous traversons une importante région de lacs de barrages hydroélectriques. La piste monte et descend constamment en suivant les bords des lacs. Mais dans cette ambiance morne, nous avons l'impression qu'elle monte tout le temps.

Bientôt, le brouillard tombe. On ne voit plus que la piste couleur cendre. Nous avançons "à l'économie", chacun à notre rythme. J'attends Béatrice tous les 10 Km.

Et tout d'un coup, une vraie descente. Nous tombons d'un coup de 200 mètres. La vue se dégage, nous sommes maintenant dans une jolie vallée verdoyante, avec des prairies, des troupeaux de vaches ou de chevaux, des fermes...un soudain retour à "la vie"...

Encore 18 Km et nous arrivons au camping de Hunaver. C'est une ancienne salle de spectacle en pleine campagne, transformée en centre de vacances.

La partie camping est très rudimentaire. En france, ce serait un "camping à la ferme". Nous demandons s'il est possible de prendre une douche. Le propriétaire a visiblement pitié de nous et nous permet d'aller aux douches du centre de vacances, à condition de faire vite, avant que les pensionnaires ne soient de retour...

Il y a une petite cuisine. Nous y passons la soirée, à la chaleur de 2 bougies. Nos vêtements mouillés sont étalés partout.

90 km parcourus. Objectif atteint

Demain, il y aura buffet petit-déjeuner...

17
juil

Le buffet de ce matin est encore plus somptueux que les autres jours. Il y a plusieurs variétés de pain fait maison, les oeufs sont de la ferme... Ce petit camping a bien du charme.

L'étape d'aujourd'hui ne mérite pas un tel festin, mais bon...

Ce matin nous discutons avec un couple de français qui habitent pas très loin de chez nous. La Sarthe est grande... Ils sont voyageurs à vélo aussi (mais pas cette fois). On a donc des tas de choses à se raconter, des expériences à partager.

Le programme d'aujourd'hui, c'est rejoindre Blönduos, terme de notre traversée, puis prendre le bus vers Hvammstangi, afin d'éviter 50km de grande route.

Nous reprenons la piste pour faire les 30 derniers kilomètres, à petite allure car la fatigue d'hier se fait sentir.

La route est calme, la campagne incroyablement verdoyante. L'herbe est quasi fluorescente, saturée de chlorophylle, pour profiter des moindres instants de soleil.


Nous arrivons à Blönduos. On voit la mer : Ça t'est, nous avons traversé le pays !

Il est trop tard pour le bus. Le suivant est à 18h30. Que faire en attendant ? Ben... aller à la piscine, tiens ! Pas le bain chaud des touristes, la vraie piscine des islandais...

Il faut d'abord aller à la supérette trouver un maillot de bain pour Béatrice. La cabine d'essayage n'a pas de rideau... on ne sait pas trop si c'est normal. Dans le doute, pas d'essayage...

La piscine en Islande est un lieu de socialisation. Il y a bien sûr un bassin de natation, mais presque personne n'y va. On vient ici pour patauger dans l'eau chaude, et surtout s'asseoir dans différents petits bassins circulaires où l'eau est encore plus chaude. On s'y installe en famille ou entre amis pour discuter en buvant un café (la thermos est en libre service). A la sortie, on peut se tremper dans un baquet d'eau froide (on n'a pas essayé.)

Mais avant, il faut passer par la douche. Il n'y a pas de cabines pour se déshabiller et il est obligatoire de se doucher entièrement nu. Pas d'exception pour les étrangers. On fait donc comme tout le monde.

On serait bien resté tout l'après-midi, mais il s'agit de ne pas rater le bus. Nous ressortons tout ramollis, cuits "al dente".

Nous appelons la compagnie nationale (straeto) pour savoir s'ils acceptent les vélos. Réponse : faut voir avec le chauffeur... Rassurant !

Le bus arrive. Le chauffeur ne parle pas l'anglais (c'est très rare... on est tombé sur le champion !). Déjà il faut lui expliquer où l'on veut aller (Hvammstangi se prononce approximativement "kkkrrramsanga), lui expliquer qu'on a déjà acheté les billets, puis lui montrer nos vélos. Marcel (on a decidé de l'appeler Marcel) me fait comprendre que je dois me débrouiller tout seul pour les accrocher derrière le bus. On se dépêche, on enfourne les sacoches dans la soute et en route.

Peu après l'arrêt suivant, une voiture nous fait une énorme queue de poisson et force le bus à s'arrêter en pleine voie : Marcel a juste oublié de prendre une passagère. Elle monte dans le bus et même si on ne comprend pas l'islandais, on sent voler les noms d'oiseaux... Le champion, je vous dis !

Le village de Kkkrrrvam-quelque-chose est à 6km de l'arrêt de bus. Nous les parcourons vent de face, en longeant la côte dans un superbe décor de brume de mer et de soleil couchant.

Le camping où nous nous arrêtons est un lieu de vacances pour islandais. Beaucoup de caravanes, beaucoup de familles, beaucoup de bruit... Ce soir boules Quies fortement recommandées.

Ah, j'oubliais : aujourd'hui le temps est passé du "gris-pas-beau" au "bleu-assez-beau" : soleil dominant et vent de mer très frais. Nos affaires sont sèches.

18
juil

Aujourd'hui notre monde parallèle sera fait de vent...

Le gros menhir sur la photo, c'est la péninsule de Vatnsnes. C'est un des "os du poignet" de la grosse main géante qui forme le nord-ouest de l'Islande. Nous voulons en faire le tour.

Le vent, qui jusqu'à maintenant nous poussait gentiment ou bien se faisait discret, n'est plus notre ami : Il vient du nord et c'est une jolie brise. Il va falloir le remonter sur les 40 premiers kilomètres, jusqu'au bout de la péninsule.

Ce cap devient donc un sommet, qu'il nous faut gravir... Avec le vent et le poids des vélos, le "dénivelé ressenti" est celui d'une pente à 8-9° de moyenne.

La piste qui fait le tour étant facile et accessible depuis la route 1, elle est très empruntée par les touristes. Certains vont comme des cinglés, se prenant pour des pilotes de rallye. Il faut faire comme chez nous : rouler pas trop près du bord pour être respectés. Les locaux roulent vite aussi, mais ils ont deux excuses : ils sont chez eux et ils n'ont pas l'habitude de croiser des vélos.

Heureusement, le temps est lumineux ("bleu-presque-beau") et les paysages somptueux. Sur notre droite, de l'autre coté du fjord, des rouleaux de nuages s'accrochent aux montagnes. A notre gauche, tout près de nous, la brume qui menace de dévaler la falaise. un peu partout, des fermes aux couleurs claires, des chevaux en liberté, des moutons, sur la grève au des troupeaux de phoques, Notre monde parallèle offre une vue à 360°, il défile autour de nous à la vitesse que nous permet le vent...

Il est 17h lorsque nous arrivons au bout de la péninsule : nous venons d'atteindre "le sommet". Pour les voitures, c'est un simple virage à gauche. Pour nous c'est une victoire.

Nous allons maintenant pouvoir "dévaler la pente" en vent arrière jusqu'au prochain camping.

Nous y sommes bientôt. Il est parmi les plus sommaires : une pelouse avec une petite guérite pour les toilettes... Mais une vue imprenable sur un soleil qui s'approche très lentement de l'horizon. Plus loin, sur la plage, un troupeau de phoques. Ils se prélassent sans se soucier des quelques visiteurs encore dehors.

les derniers visiteurs s'en vont. Il reste les fadas comme nous qui vont passer la nuit ici...

Le vent ne faiblit pas et il est très frais. Sous la tente, vaguement chauffée par le soleil couchant, il fait presque bon.

19
juil

La météo annonce un vent entre 9 et 13 m/s, soient entre 30 et 45 km/h. Pour Le gardien du camping d'hier soir, c'est un "p'tit vent". Pour nous, cela dépend...

Ce matin nous finissons de dévaler la "pente horizontale" commencée hier. Nous volons au dessus des nids de poule à 35 km/h. Ce matin, Eole est notre ami...

Nous voilà de retour au village d'Hvammstangi. La boucle est bouclée. Arrêt à la supérette pour faire les courses. Nous achetons un paquet de ce qui semble être de la semoule (j'en reparlerai...) et un appétissant gâteau fondant chocolat-caramel-réglisse.

Nous nous installons dans l'entrée pour pique-niquer au chaud. Il y a des tables et des chaises. On retrouve l'ambiance chaleureuse des supérettes norvégiennes. Même le café est gratuit et à volonté. Difficile de ressortir, nous prenons notre temps.

Comme il faut bien s'y résoudre, nous repartons. Encore 6 km de vent arrière et nous revoilà au carrefour de la route 1, à la circulation toujours aussi dense. Chance : le bus passe dans 3 minutes. On va se laisser transporter au chaud jusqu'au fond du fjord suivant. Cette fois, Marcel (tous les chauffeurs de bus s'appellent Marcel...) est un peu plus coopératif.

Nous descendons 28 Km plus loin. Dehors, toujours le vent fort, et maintenant le brouillard qui se précipite en pluie. Température ressentie 3°.

Nous devons maintenant "remonter" l'autre coté du fjord, plein nord, sur environ 9 Km. Eole n'est plus notre ami, mais c'est sans importance. Béatrice se cale dans ma roue. Il faut doser l'effort et surtout ne pas lutter. Il nous faudra 1 heure 1/2 pour parcourir la distance.

A l'embranchement suivant nous bifurquons sur une piste. Le prochain camping est à 40 km et il est 15h30. A ce rythme, est-ce bien raisonnable ?

Progressivement, la piste s'oriente vers l'ouest : nous naviguons maintenant par vent de travers; Pas facile de garder l'équilibre avec la prise au vent des sacoches. Nous louvoyons involontairement sur la largeur de la piste. Heureusement, il y a peu de circulation et, sauf quelques touristes fêlés du bocal, les automobilistes sont plutôt compréhensifs.

La piste s'infléchit encore un peu. Nous sommes maintenant "grand largue". Nous reprenons de la vitesse. De temps en temps, à l'occasion d'une bourrasque un peu plus forte, je sens comme une main qui me pousse dans le dos. Eole ? c'est toi ? Petit bonheur...

Une fois passé le col, la piste enquille une vallée en descente et le vent fait de même. Nous sommes maintenant "vent arrière". Eole est notre ami...

La "descente" dure 25 km... incroyable ! on n'est pourtant monté qu'à 200 mètres... bonheur !

A Budrardalur, notre camping de ce soir, l'ambiance est "été islandais" : peu de touristes... des caravanes serrées les unes contre les autres pour faire barrage au vent, du bruit, des barbecues, des moteurs, des arrivées en pleine nuit... Boules Quies obligatoires !

Tiens, à propos : comment on distingue un touriste d'un vacancier islandais ? Facile : le touriste est en 4x4 ou en camping-car, l'islandais traîne une caravane, souvent pliante, de préférence derrière un gros 4x4.

Ce soir, au dîner : semoule. Ah... non, tiens, c'est pas de la semoule. Google, tu en dis quoi ? Réponse de Google : c'est de la levure. Raté... Ce sera donc une boîte de backed beans et un reste de pâtes... assaisonnés à la levure !

le village de budardalur. Sur la porte de la cabine téléphonique il est écrit : "n'appelez pas. Dites-le avec des fleurs."
20
juil

Dans son célèbre roman, Jules Verne situe l'accès du centre de la terre dans la péninsule de Snaefellsness, précisément dans le cratère du volcan Snaefellsjökull.

On va aller voir cela de plus près.

Nous reprenons la route dans la même grisaille qu'hier, mais très vite les nuages s'espacent et le soleil s'impose. L'ambiance presque estivale et le vent qui nous pousse discrétement incitent à la paresse... Nous tombons les couches de vêtements les unes après les autres, à mesure que la température monte (un bon 13° au meilleur de la journée). On pédale sans grande conviction.

La piste littorale n'est pourtant pas si simple : çà monte et çà descend sans cesse... mais quel paysage ! la vue sur le Hvammsfjördur est magnifique. Ciel clair, mer bleu profond, paturages verts, maisons aux toits bleus ou verts, criques découpées, ilots déserts... Un mélange de golfe du Morbihan et de côte de granit rose... en plus sauvage !

A midi, pique-nique et sieste ensoleillée à l'abri du vent. face à nous, sur l'eau, des cygnes...

L'après-midi est plus laborieuse. Nos jambes se souviennent des efforts d'hier et avant-hier.

La route suit toujours le littoral mais les montées/descentes se font plus raides. Le paysage a changé : les falaises de l'autre coté du fjord s'estompent, et devant nous se dressent des sommets découpés et encore enneigés. Après la Bretagne, les Alpes...

Est-ce déjà le cratère du Snaefellsjökull qui apparaît au loin ? je ne pense pas. Nous sommes encore loin.

Nous arrivons au petit camping que j'avais visé sur le Garmin.

A la question "les Islandais sont-ils sympas ?" Un commencement de réponse. A notre arrivée au camping, une dame vient à ma rencontre : "C'est privé. On a réservé tout le camping. Allez plus loin !" (ah bon. merci de votre accueil !). Voilà voilà. Bien sûr, il ne faut pas généraliser...

On a donc fait 10km de plus pour aller jusqu'à la ville voisine (Stykkisholmur).

A nouveau un camping à l'islandaise : caravanes agglutinées, voitures pêle-mêle, pas d'emplacements délimités, des rallonges électriques partout et ... 2 douches pour au moins 300 caravanes... Les campeurs islandais prennent-ils leur douche à la piscine ?

Maintenant on connait la chanson, alors on s'installe dans un endroit un peu à l'écart, stratégiquement choisi pour que nous n'ayons pas de voisins trop proches : au sommet d'une petite butte, parce que tout autour le terrain est en pente.

Normalement, un campeur choisit toujours un terrain plat. Et ben pas ici : à 23 heures une voiture arrive et se colle à coté de nous. Mieux vaut en rire.

21
juil

Hier soir, nous nous sommes "offerts" un petit resto : belle tranche d'agneau avec frites de patates douces et bière islandaise. Le premier vrai repas depuis Kerlingafjöll. Mmmh...cher mais apprécié !

Ce matin le temps d'hier après-midi est déjà là : Soleil, nuages évanescents, et petit vent. La journée s'annonce magnifique. Seule la fraicheur nous rappelle qu'il n'est que 9 heures.

Nos "voisins" sont partis très tôt, pour prendre le premier ferry qui traverse Breidafjördur. Les "vacanciers" qui sont là pour plusieurs jours dorment encore : Le camping est tranquille !

Petit tour dans la ville avant de reprendre la route : Stikkysholmùr est un petit port bien tranquille...

Le vent est encore censé nous aider aujourd'hui, mais il rebondit entre les montagnes et tourbillonne. Il n'est pas toujours notre allié.

Au début, nous nous échappons de la route 54 (j'en reparlerai) par une petite piste qui dessert quelques fermes. La vue est immense. Devant nous, les montagnes du Snaefellsnes. Au large, à perte de vue le premier "doigt" des fjords de l'ouest, par endroit coiffé de glace. Et un grand rocher plat posé au milieu du breidafjördur : l'île Flatey.

Nous traversons maintenant une coulée de lave, bien reconnaissable à ses chaos de rochers coupants, couverts de mousses vert olive.

Nous voilà de retour sur la route 54, celle qui fait le tour de la péninsule. L'occasion de parler de la circulation en Islande...

Pour résumer, c'est assez désagréable. Ce n'est pas la densité qui pose problème mais le bruit : Le bruit des pneus sur l'asphalte lisse, comme l'arrachage d'un sparadrap, amplifié par la vitesse et la caisse de résonnance de la carosserie. Le 90 km/h n'est guère respecté. Chaque voiture qui passe est une violence sonore...

Heureusement, il y a les paysages... Nous venons de faire une fabuleuse descente, entre de gigantesques tas de graviers : le paysage change du tout au tout. Nous revoici dans les Alpes... au niveau de la mer !

Après un autre petit col, le port de Grundafjordür,. Ce devait être notre étape de ce soir, mais la journée est si belle et les paysages si fabuleux... Il n'est que 14h, nous continuons.

Derrière Grundafjordür, une étrange montagne : Kirkjufell. Vu d'ici, c'est une grosse part de gateau fondant menthe-chocolat. Un peu plus loin, c'est un cône presque parfait. Arrêt photo tous les 100 mètres...

Encore une dernière montée bien raide, et au détour d'un virage : le Snaefellsjökull, le chemin vers le centre de la terre. Le sommet est encore dans les nuages. Il paraît que c'est très rare de le voir totalement dégagé. L'entrée du centre du monde est bien gardée.

Au loin une famille de cygnes

Dans le fond, Olafsvik. Nous nous y arrêtons. Il est 17 heures. Plus de vent. Il fait chaud. Même pas besoin d'enfiler un pull... Bonheur !

Le blogueur
22
juil

A la sortie de la ville, ce matin, une magnifique piste cyclable toute neuve (et pas signalée). Bonne surprise.

Mais quelques kilomètres plus loin elle traverse une zone de nidification de sternes arctiques. Dès que nous approchons, elles attaquent... Elles passent en rase-motte à quelques centimètres de nos têtes, avec un bruit de mitraillette. Je vois leur ombre devant moi. Je n'ose pas regarder, je rentre la tête dans les épaules, je fais le dos rond et je pédale. Il y en a des dizaines, ça dure... L'asphalte tout neuf est déjà couvert de fientes. Impressionnant.

Nous suivons la route 574, qui fait le tour de la péninsule et par conséquent le tour du volcan Snaefellsjökull.

D'une certaine façon, nous lui rendons hommage. Il trône dans le paysage et s'impose à nos regards. Le sommet est parfois dégagé, parfois couronné de nuages. Finalement, je le préfère couronné : ce blanc panache, évocateur, lui va bien...

A ses pieds, des coulées de lave qui finissent dans la mer, en petites falaises déchiquetées. Tout un paysage semi-désertique, vert olive, hérissé de pierres noires aux formes tourmentées. Aucune trace de vie sauf la route et quelques rares moutons.

Et la route... toujours cette circulation diffuse mais constante. Pas d'itinéraires alternatifs. Tant pis. On n'y pense plus et on fait avec.

Nous achevons le contournement. Snaesfellsjökull s'offre une dernière fois à nos yeux : il est maintenant drapé de cendres grises. Ses contours se sont simplifiés, adoucis. Il gardera son secret, et je relirai Jules Verne dès que nous serons rentrés.

Nous filons maintenant vers le sud-est. Curieusement, le vent - léger - devrait nous ralentir et il n'en n'est rien. Aurait-il lui aussi fait le tour du volcan ?

Nous arrivons à Arnarstapi. Le camping est "à l'islandaise", c'est à dire vaste, propre mais sous-équipé : pas de cuisine, une seule douche (et payante en plus...).

Les sternes arctiques crient juste à coté. Tant qu'on reste tranquille pas de problème. Dès qu'on bouge elles attaquent. Des campeurs jouent à les exciter. C'est malin...

Mais la soirée est belle. Repas au soleil (beans au chili pour changer des nouilles), bonheur...

23
juil

8 heures du matin, petit déjeuner en terrasse...

Canicule Islandaise... Il fait 13°. Le soleil brille du matin (4h) au soir (23h30). Dans la journée, à l'abri du vent, le ressenti est plutôt à 20°... Et ça fait 4 jours que ça dure... Qui a dit qu'ici le temps changeait toutes les 5 minutes ?

Pardon à ceux qui vivent la vraie canicule en France en ce moment...

Aujourd'hui étape facile. Nous voulons rejoindre un arrêt de bus pour nous éviter la grande route jusqu'à Borgarnes.

La porte vers le centre de la terre.... En imagination !

Le bus passe à 17h. On a la journée pour faire 60km. La route est plate, la circulation plus tranquille, le vent est favorable, il fait beau. Que demander de plus ?

Pourtant, la météo annonce un rafraichissement et un vent de nord-est qui se renforce. Explication ? Quand le vent frappe d'un coté d'une péninsule, il fait mauvais de ce coté et beau de l'autre. Nous sommes du "beau" coté.

On met "tout à droite" (les cyclistes comprendront...) et on roule tranquille. Pour un peu, on reprendrait des forces en pédalant.

Nous roulons dans une vallée plate dont la moitié aurait disparu : la mer à droite et les falaises volcaniques à gauche. Dans le rétroviseur, le Snaefellsjökull se donne des airs de mont Fuji.

Par endroit, encore des attaques se sternes. Nous n'y faisons plus attention.


Le mont Fuji islandais

Il est 14 heures et il reste 17 km. On s'autorise une longue pause dans une "guest house". Le café est à 500 ISK (3,50€), et on ne peut pas se resservir. A ce prix-là, on s'installe au salon pour la sieste...

Le bus régulier pour Borgarnes est un minibus privé affrété par la compagnie Straeto, avec une remorque pour les bagages. Nous y entassons vélos et sacoches. Marcel est joyeux, sa conduite aussi...

Ce soir camping au bord de la grande route. Pas terrible. Mais bon, c'est juste pour dormir.

Daniel G. c'est pour toi...
24
juil

Tiens bon la barre et tiens bon le vent / Hisse et ho ! / Santiano ! / Dix-huit noeuds, quatre-cents tonneaux / Je suis fier d'y être matelot.

J'ai siffloté çà toute la journée...

Mon navire à moi s'appelle l'Amsterdamer, il jauge 45 kilos, je suis fier d'en être le capitaine ! Il tient bon le vent à condition de tenir fermement le guidon...

Et oui, on avait fini par l'oublier, le vent...

Ce matin, fini la canicule... Le temps est "gris-beau", et surtout un vent de nord-est est annoncé à 11 m/s (40 km/h). Notre direction générale étant sud-est, fini la rigolade...

Plus que 2 jours. Il nous faut planifier le retour à Reykjavik. Sachant que la route directe passe sous la mer, par un tunnel interdit aux vélos, nous avons 2 solutions : rentrer en bus et visiter Reykjavik, ou faire le tour par les montagnes et les fjords. Nous choisissons la deuxième solution.

Suivant les conseils d'un cyclo-voyageur hollandais rencontré à Olafsvik, nous improvisons un itinéraire passant par des routes et des pistes peu fréquentées. C'est exactement ce qu'il nous faut : du vent, des paysages grandioses et arides, comme on les aime et, pour une fois, pratiquement pas de circulation. C'est l'image idéale que nous voudrions garder de l'Islande.

Ombre au tableau : le vent. Il est essentiellement latéral, change de coté au gré des cols que nous franchissons, et des fjords que nous contournons. Il nous déséquilibre, nous jette sur le coté, nous abandonne butalement, parfois nous met une claque dans le dos et l'instant d'après un gifle dans l'oreille...

Par prudence, j'occupe le milieu de la voie pour ne pas risquer d'aller au fossé sur une bourrasque. Il faut "tenir la barre", garder de la vitesse et même faire un peu de rappel pour contrer la gîte... Ambiance marine, je sifflote "tiens bon la barre, etc...".

Pause café dans un charmant "guest house" qui fait aussi camping. Mais il est trop tôt, dommage.

Nous reprenons la route et les bourrasques. Le vent qui dévale la pente sur notre gauche semble accélèrer encore.

Nous arrivons au camping Hjalli. Surprise : il est tout petit, il n'y a presque personne, et il est tout confort. Ce soir j'écris bien au chaud, assis dans un fauteuil cuir, les pieds sur la table.

C'est notre dernière nuit de camping. Belle conclusion !

25
juil

Plus que 50 km avant Reykjavik. Ce matin on lambine un peu dans "notre" petit camping.

Il faut pourtant se décider à partir...

Nos vélos se remettent en route lentement, lentement... J'ai les jambes en coton.

Encore 15 km de petite route quasi-déserte, puis ce sera la route 46 jusqu'à la capitale. Heureusement, en ce début de matinée le flot de circulation est plutôt dans l'autre sens : les touristes partent à l'assaut du "cercle d'or" : Þingvellir / Geysir / Gulfoss.

Après une dernière grande descente, nous entrons dans l'agglomération de Reykjavik. Pourtant, nous ne sommes qu'à mi-distance : Reykjavik est très étendue, c'est un noeud routier et la circulation y est intense.

Après 3 semaines de vie en plein air, on s'attend à un choc.

Heureusement, une piste cyclable (une des seules du pays) démarre à cet endroit. Elle serpente entre les échangeurs, les ronds-points, les zones commerciales, les banlieues résidentielles, en essayant de garder un caractère bucolique, et elle y parvient plutôt bien : Une bonne surprise !

Arrivée à Reykjavik

Nous arrivons à l'hôtel : Moderne, calme, dans un quartier résidentiel, avec notre petite terrasse privative en rez-de-chaussée pour y garer nos vélos. 109 euros, petit déjeuner compris. Cher, mais pas exorbitant. Une bonne surprise aussi...

Le lit est tellement mou... On se demande si on va pas gonfler nos matelas et dormir par terre !

Que faire en attendant le soir ? Aller à la piscine, évidemment. Il se touve qu'il y en a une à 300 mètres de l'hôtel.

On fait quelques longueurs dans le bassin de 50 mètres pour le principe, et ensuite direction l'eau chaude. Les températures des petits bassins circulaires s'echelonnent de 38 à 44. Prudemment, on s'allonge dans le 38. Au bout d'une demi-heure, mes jambes sont deux limaces... Quelle détente ! Vont-elles encore me porter si je me lève ? Puis-je encore marcher ?

Piscine islandaise : Il faut un plan pour s'y retrouver !

Ce soir nous dînons dans un restaurant plutôt quelconque et cher. Déception. Pour se consoler, on passe acheter un gâteau réglisse-caramel à la supérette du coin.

Demain il nous reste un peu de temps pour visiter Reykjavik, puis on passe en "mode avion".

26
juil

Un dernier p'tit déj islandais à l'hotel, "un des meilleurs" d'après l'hôtesse, que nous avons reussi à dérider un petit peu.

L'avion est à 1 heure du matin, et l'aéroport international (Keflavik) est à cinquante kilomètres de la ville... pas envie de les faire à vélo le long de l'autoroute. On réserve le bus. Nous avons donc la journée pour faire un tour dans Reykjavik.

Nous n'avons pas de programme précis, ni envie de visiter des musées. Marcher sans but dans les rues commerçantes, entrer dans les boutiques et ressortir sans rien acheter, ça va un moment. Les boutiques se ressemblent toutes, les touristes aussi...Le moral est en baisse...

La ville en mode touriste, on n'est vraiment pas fan... surtout après 3 semaines de plein air.

Fuyons...

Dans un quartier de bureaux, plutôt tranquille en ce mois d'été, nous avons repéré "Kaffihús - bakari Jói Fel" (café-boulangerie Jói Fel). Mmmmhhh... bel endroit, appétissant, calme, bien tenu et pas trop cher : le moral remonte ! Et en plus on est bien reçu...

Après cette tranquille collation, nous préférons retourner flâner sur la promenade le long de la mer. Profiter, respirer encore un peu...

Le bus est à 17h30. Il faut aussi garder du temps pour récupérer des cartons et préparer les vélos pour l'avion. On demande dans plusieurs boutiques, sans grand succès. On ne sent pas l'envie de rendre service... Finalement, c'est KFC qui se dévoue. Nos vélos seront donc emballés dans des cartons de frites surgelées. Merci KFC.

A l'aéroport, tout est prévu : il y a un petit local exprès pour le démontage / remontage des vélos. Mais d'abord, je dois faire un petit aller-retour au "base hotel", où nous étions le premier soir, pour récupérer les protections et emballages divers que nous y avons laissé.

Il nous faut encore 2 heures pour finaliser la protection des vélos, le ficelage des sacoches, etc...

Prendre l'avion avec des vélos est toujours un peu galère. Il n'y a pas de solution idéale : Les grosses valises ? Intransportable, trop lourd et trop encombrant. Les cartons spéciaux ? Nos vélos n'y rentrent qu'à condition de tout démonter... Alors on se débrouille comme on peut... Et on prie pour qu'il n'y ait pas de casse à l'arrivée.

Les formalités sont accomplies. Une dernière petite mousse pour fêter la fin d'un beau voyage... Snif !

... Et un GRAND merci à tous pour vos commentaires et vos encouragements !

Restez à l'écoute pour la conclusion et les meilleures photos...