Nantes - Tarifa (Andalucía, España) 3800km en stop 49 jours 4 pays (France, Andorre, Espagne & Portugal) 95 véhicules. 95 vies, personnalités. ¡ Que la aventura sigue !
Du 31 janvier au 20 mars 2019
7 semaines
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2018 aura été l'année de la prise de conscience.

2019 c'est l'année où il faut sortir de sa zone de confort. Quitter la maison, la région et le pays. Partir pour se (re)découvrir, expérimenter d'autre façon de vivre, de travailler, d'exister.

Je décide de me lancer à la découverte du concept des écovillages. À l'aide du site internet: Global Ecovillage Network, j'ai pu entrer en contact avec Molino de Guadalmesi (Tarifa). Il aura fallu que quelques jours, pour que Molino approuve mon projet.

Je pars vivre dans l'écovillage Molino de Guadalmesi à Tarifa, pour 1an dans le cadre d'un ESC (Europe Solidarity Corps), mon projet commence le 21 mars 2019, mon voyage commence le 14 janvier.

Le Parc Naturel de l'Estrecho, mi destino. 

Je vous emmène à la découverte de la France et de la péninsule Ibérique. Au fil des étapes, vous allez découvrir des paysages et les personnes qui y habitent.

Un grand merci à toutes celles et ceux qui m'ont aidé à me rapprocher de mon objectif et qui on fait de ce voyage une aventure extraordinaire...

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Il y a deux facteurs importants qui m'ont donné les clefs pour partir vivre dans un écovillage:

-en 2017 j'ai effectué une expérience de wwoofing à Almería (Andalucía, España) et j'ai rencontré des gens qui vivent dans un écovillage (Sunseed) dans le département. Ils m'ont fait découvrir le concept de la vie communautaire et des différents types de volontariats.

-la même année, je découvre la Zone À Défendre de Notre-Dame-des-Landes. Au delà des clichés où l'on traite cette zone de non droit, fermée, peuplée de gens violent. J'y ai vu des projets agricoles en communauté, une campagne qui vit et des gens ouverts. Durant l'année 2018, j'ai séjourné dans la zone, quelques week-end, pour des chantiers participatifs, visites, forum, concert.

La cabane flottante. 

Lundi 14 janvier, je me rends sur la zone pour l'anniversaire de l'abandon du projet d'aéroport le 17 janvier.

Lorsque vous arrivez dans la zone (dans le bocage) et que vous ne connaissez personne, aller au phare de la Rolandière situé sur la d42, la route qui relie Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne. Il y a un point d'accueil, les gens vous donneront une carte du bocage avec toutes les informations (sleeping, lieu pour camper, jardin, atelier...).

Le bocage est composé de plusieurs lieux de vie, dont 3 lieux où vous pouvez y passer la nuit (Bellevue, les Fosses Noires et la Noë Verte). En ce qui me concerne, j'ai séjourné au Fosses Noires et à la Riotière dans une cabane en bois.

Les ateliers sont très variés et très importants pour le bon fonctionnement de la vie dans le bocage: jardin communautaire, verger, élevage de brebis, 2 ateliers pain, une fromagerie, brasserie, conserverie, gestion des espaces, atelier charpente, atelier réparation de vélo...

À gauche, la bergerie du Rosier. À droite l'atelier charpente de Bellevue. 

À côté du phare il y a une bibliothèque où des auteurs s'y rendent pour présenter leurs livres.

17 janvier, preparatif pour la fête, lieu dit de la Rolandière. 

Janvier n'est pas un mois idéal pour séjourner dans le bocage, quelques chantiers au jardin Rouge et Noir les mercredis, au Très Petit Jardin les mardis, au verger du Moulin de Rohanne.

Chantier participatif dans le jardin Rouge et Noir. 

Les vendredis midi un repas est organisé à l'Auberge des Q de Plomb dans le lieu dit du Liminbout. Et on y mange très bien ! (lieu déconseillé aux végétariens)

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Jeudi 31 janvier DÉPART

Quelques jours auparavant, j'ai fait la rencontre de Landelin, il compte faire du Woofing chez un maraîcher à Hiesse (Charente). Je suis le bienvenu pour quelques jours, nous allons voyager à deux. Pour débuter un voyage en stop, c'est parfait.

Un habitant du bocage nous emmène jusqu'à Nantes. Nous traversons la ville (du Nord jusqu'au Sud) et nous nous posons à la Porte de Vertou au Sud de Nantes. Objectif: la Rochelle.

Après 1h d'attente, Éric nous prend en stop et nous dépose près de Fontenay le Comte. Une deuxième voiture nous emmène jusqu'à la Rochelle, Angèle une coach en équitation.

Faute de ne pas avoir trouvé de Couchsurfing, nous passons la nuit dans une auberge de jeunesse. Auberge très classe, très propre et (trop) bien chauffée.

La Rochelle, sa plage, son port et son soleil d'hiver. 

Vendredi 1er février

Départ à 11h... Heu non, on va attendre que la pluie s'arrête.

Nous faisons route vers Hiesse, en prenant notre temps, sur les petites routes. En une journée, 8 voitures nous ont rapproché de notre objectif.

Yannik un ancien autostopeur, Tony un apprenti boulanger, Dylan teufeur dans l'âme... Et d'autres personnes dont les noms ne me reviennent pas. Nous traversons des plaines de culture de blé, des vignes, peu de forêt.

Nous passons la nuit à Villefagnan chez des paysans boulanger qui possèdent une petite dépendance. La Ferme de Chassagne.

La Ferme de Chassagne (Villefagnan) et son fournil à pain. 

Samedi 2 février

Ce fut une journée très fraîche, deux voitures nous ont rapproché de Hiesse: Patricia, qui a hésité à s'arrêter mais puisque l'on a des bonnes têtes, elle a préféré tenter l'aventure ; et Guillaume un éleveur de porc, lui aussi un voyageur.

À Champagne-Mouton nous faisons du stop pendant plus de 2h. Et finalement c'est Claire qui nous emmène jusqu'à la ferme de la Roussière à Hiesse où Landelin va séjourner 1 mois.

Champagne-Mouton, son bourg et sa rivière. 

La Ferme de la Roussière, a été acheté il y a 5 ans par Jean-Emmanuel et Claire dans un but de créer une ferme permacole. La ferme a une dimension de 3ha, composé d'un champ pour les grandes cultures avec des haies de fruitiers (agroforesterie), une partie composée de butte surélevée par des planches en bois et d'autres butte de culture avec des fruitiers. Il y a un élevage de poule et 1 cochon.

J'ai séjourné 4 jours à La Roussière, à construire une haie, entretien des buttes pour les semis, récolte de patate. Je fais part de mes expériences en maraîchage biologique et je leur transmets des photos de mes stages en espérant que cela va les aider.

Nantes-Hiesse 3 jours 337km

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Jeudi 7 février

Hiesse - Beynac et Cazenac

Je continue mon voyage seul, direction la Dordogne. Claire m'emmène jusqu'à Confolent, sac sur le dos, le pouce levé, l'aventure continue. Beaucoup de voitures, beaucoup de rencontres...

Guillaume me prend en stop avec son ami. Il travaille dans une association qui aide les personnes qui vivent dans la précarité. Il m'a raconté l'histoire tragique d'Ouradour sur Glane, un village incendié avec ses habitants par les Nazis. À l'origine, le village ciblé fut Ouradour sur Veyrnes, la Résistance en a été informée et s'y est rendue. Depuis Ouradour sur Veyrnes, on pouvait apercevoir une colonne de fumée... Ce fut Ouradour sur Glane la victime.

Deux voitures me rapprochent de Limoges, puis une voiture m'emmène jusqu'à Périgueux. Le chauffeur s'appelle Damien, pilote de ligne depuis quelques semaines. On quitte les grandes parcelles de champ cultivé, pour retrouver un paysage plus varié (bourg, forêt, rivière). Bienvenu en Dordogne!

Olivier m'emmène dans son village, La Douze, en direction de Sarlat. Originaire du 93, ancien dealer, il a travaillé dans le sport (gestion du matériel). Il ne comptait pas rester dans la région parisienne et les attentats du 13 novembre 2015 ont fais accélérer les choses. Il était au stade de France et il a perdu des amis qui étaient en terrasse. Il ne regrette pas son changement de vie, il voit en la Dordogne des gens solidaires et des alternatives à d'autres modes de vie.

Natacha m'emmène à Sarlat, nous entrons dans le Périgord Noir. Elle travaille dans une ONG dans des bureaux qui gère les comptes. Elle a vécu au Tchad. Nous traversons la vallée de la Vézers avec ses grottes et ses troglodytes.

À Sarlat, un couple m'emmène à la sortie de la ville et enfin, une autre voiture m'emmène jusqu'à Beynac et Cazenac à grande vitesse. Fin de l'étape.

Beynac et Cazenac, un petit village au bord de la Dordogne. 

Je vais passer 3 nuits chez Ben et ses colocs dans une petite maison de campagne (à côté d'une grande demeure) via Couchsurfing.

Le Couchsurfing est une application qui permet de voyager et dormir chez l'habitant sans échange monétaire... mais en offrant ses mains pour faire la cuisine par exemple.

Ben, Amallia sa copine et son ami Timoté ont un projet d'installation en agriculture biologique (maraîchage et élevage). La mairie de Vezac leur a donné un terrain test de 2,5ha pour 2 ans. Si le projet est viable sur les 2 années, ils pourront l'acheter.

Timoté et Ben sur leur terrain à Vezac. 

Ils m'emmènent sur leur parcelle de terre, l'idée est d'implanter 3 serres de 30m de longs, 8 jardins de 20m×20m. C'est une prairie non cultivées depuis plus de 20 ans. Il y a un local cantonin géré par la mairie où ils pourront ranger le matériel et stocker les légumes. Il y a une école à proximité de la parcelle et la commune n'a pas d'AMAP. Il y a des opportunités !

Au-delà des projets, des balades en forêt, une visite de Sarlat. On a passé une soirée dans un bar (chez Nicole) avec concert, ambiance chaleureuse, des rencontres. Le soir suivant pendaison de crémaillère chez des amis à Ben. Une soirée musicale, accordéon ukulele...

Concert "Chez Nicole". 

Une 1ère expérience en Couchsurfing très sympa.

Total: 227km ~ Cumul: 564km.

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Dimanche 10 février

Beynac et Cazenac - Causse du Larzac.

Je fais mes aux revoirs à Ben et Timoté et leurs amis. Je les remercie pour leur hospitalité. Mais je compte bien repasser afin de voir l'évolution de leur projet. Je m'en vais en direction de Millau avec Amallia, elle va passer 3 semaines dans la Camargue chez des amis éleveur de vache pour son alternance (BTS).

Nous quittons la belle vallée de la Dordogne, passons par les Causses du Quercy, Figeac (Lot), Rodez (Aveyron) et enfin Millau.

Millau. 

Lundi 11 février, je quitte Millau pour réaliser un rêve: fouler les terres du Larzac, une terre de lutte (voir le film: Tous au Larzac !). Je me pose à la sortie de Millau et je fais la rencontre de Yohan un couvreur. Il m'emmène dans son hameau (Montredon) relié au village La Roque Sainte Marguerite. Nous montons (en voiture) en haut du plateau, traversons la pampa, la forêt, on perd quelques degrés, le paysage se couvre de neige. Yohan me propose de déjeuner chez lui avec Morgan sa femme, une éleveuse de brebis. Elle me fait goûter son délicieux fromage...

Le Hameau de Montredon, repeuplé durant les années 70.

Une rencontre riche, le temps d'un repas, d'une balade dans le hameau, une petite pause, ce silence mystérieux... Yohan me dépose au bord de la national qui relie Millau à La Cavalerie. Merci Morgan et Yohan pour votre hospitalité !

Les Causses du Larzac... La pampa!

Total: 232km ~ Cumul: 796km

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Lundi 11 février (après-midi)

Les Causses du Larzac - Mourèze

Il est temps de descendre vers le Sud et Romain un éleveur de brebis me donne un coup de main en m'emmenant jusqu'à La Cavalerie. Le trajet fut rapide.

Le Larzac près de La Cavalerie. 

Le stop fonctionne très bien sur le plateau et heureusement car il ne fait pas chaud. William me prend en stop, chauffeur routier depuis 32 ans, il s'est séparé de sa femme il y a peu de temps. Il a beaucoup roulé dans le Sud et il a décidé de quitter Chartres pour s'installer dans l'Hérault.

Nous descendons le plateau, au revoir le froid, bonjour le ciel bleu, le soleil, la chaleur... Bienvenu en Méditerranée !

Je marche en direction de Lodève, Bernard (Ber) me prend en stop et me dépose au prochain rond-point me laissant son tel dans le cas où je n'ai pas de plan pour passer la nuit.

Je continue à marcher sur une route peu fréquentée qui longe l'A75. Et... Ber vient me chercher et m'invite chez lui. J'accepte volontier. Ber, père de 2 enfants, vit dans un mobile-home sur le terrain de ses parents, il rénove une vieille maison, il travaille dans l'organisation de spectacle. Il habite à Ceyras, un lieu viticole et maraîcher. Je dîne avec la famille au complet, ce fut une très bonne soirée après une journée de voyage intense.

Le mobile-home aménagé de Ber.
La fille de Ber (6 ans) m'a laissé un petit message. 

Mardi 12 février.

Je remercie Ber et toute sa famille pour leur hospitalité, j'ai passé un très bon moment avec eux. Les parents de Ber me dépose à Clermont-Hérault sur la route de Mazamet.

Éric et Sonia me prennent en stop, je leur raconte mon voyage. Sonia me demande: "Es-tu allé au lac du Salagou?" Non. Contre toute attente, ils me proposent de passer la nuit chez eux à Mourèze.

Eric est pompier dans le Gard et Sonia (angevine) était prof mais elle a arrêté à cause de sa santé et elle s'occupe de la situation de son père.

Mourèze est un petit village situé dans "un cirque", un lieu entouré de montagnes. Juste magnifique. Je pars faire une randonnée que Éric et Sonia m'ont conseillé. Le sentier m'emmène au Mont Liauson où j'ai pu profiter d'un magnifique panorama du lac du Salagou. Le lac est bleu clair entouré de champs à la terre argileuse et de forêt verte.

Le Lac du Salagou. Il ne fait pas très chaud au sommet de la montagne.
Le cirque de Mourèze. 

Mercredi 13 février

Je laisse un petit mot de remerciement dans la chambre, un au revoir à Éric pour son hospitalité. Sonia m'emmène au lac du Salagou, le lieu est très calme, la faune et la flore y sont très riche, les couleurs sont saisissantes, le bleu clair de l'eau, la terre rouge, la pierre blanche... On a fait le tour d'une presqu'île pendant une bonne 1h.

Promenade au bord du lac. 
Le reflet du lac et le village de Celles. 

Sonia me laisse sur la route en direction de Mazamet. Je la remercie pour ce cadeau, elle a consacré beaucoup de temps pour moi et s'est beaucoup confiée à moi sur des sujets personnels.

Total: 122km ~ Cumul: 918km

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Mercredi 13 février

Mourèze - Badens

"OH si tu savais, nous vivons dans une belle région, nous avons la montagne, la mer, le soleil... Je suis bien ici !"

Sur mon trajet Mourèze-Carcassonne, beaucoup de voitures se sont arrêtées, j'ai passé du temps avec des gens très sympa et intéressant. Et tous m'ont dit qu'ils étaient fier de leur région.

J'étais avec Patrice un éleveur qui terminait sa tournée de viande à travers le Sud-Ouest. À Bédarieux, Jean-Paul, coiffeur à la retraite, m'emmène à Hérépian. Je fais la connaissance de Chris, anglais, il travaille dans la construction et la maintenance de chemin de fer, il me dépose à Colombières-sur-Orb.

Je découvre la beauté du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc situé entre les Cévènes et la mer Méditerranéenne. Sophie, coiffeuse à domicile et activiste écologiste, lutte contre une installation d'un parc éolien, la vallée de l'Orb possède une très bonne qualité de l'eau menacé par les forages et le bétonnage. Elle me dépose à Olargues un des plus beaux villages de France.

Philippe, livreur de matelas, m'emmène à Saint-Amans-de-Soult. Patrice, qui travaille à la Salvetat (et ses bu-bulles), m'emmène à son tour à Mazamet. Il me raconte que cette ville était reconnue pour sa laine et la tisserie. Aujourd'hui les usines sont en Asie, il n'y a pas de travail, les gens s'en vont et les commerces ferment.

Après une bonne heure d'attente à la sortie de Mazamet, un couple de retraité m'emmène à Villegailhence. Nous empreintons des routes en lacet, des forêts, on arrive au col de la montagne noire, puis nous descendons en direction de Carcassonne. Villegailhence est un des villages le plus touché par les inondations (octobre 2018). Au même moment je reçois un message de Martin que j'avais contacté en Couchsurfing, il est OK pour m'héberger les trois prochaines nuits. Benoît, prof de gym, me conduit à la sortie de Carcassonne direction Trèbes.

Les montagnes noires et la ville de Carcassonne.

À peine les pieds hors de la voiture, une fourgonnette s'arrête et ouvre la porte, Martin m'a tout de suite reconnu. C'est dans sa fourgonnette aménagée que nous nous rendons à Badens, un village viticole, il vit dans un hameau sur le terrain de ses parents vignerons (Domaine Astruc). Il fait une formation en Bio-construction, il vit dans un pigeonnier qu'il a rénové de ses propres mains. Benjamin son grand frère vit dans une petite maison en pierre et en bois, lui aussi est très bricoleur. Ils ont pour projet d'acheter les terrains de leur parents et avoir le statut cotisant solidaire pour se diversifier, soit 1ha de vigne, 1ha de céréales et des jardins pour créer une pépinière associative. Je passe la soirée avec Benjamin et Martin à jouer de la guitare. Le lieu est sympa et calme, je vais pouvoir me reposer après 4 jours de voyage.

Le pigeonnier de Martin et ça vue depuis le dernier étage.

Je passe une journée dans la Cité Médiévale de Carcassonne et son centre ville (1 journée suffit pour faire le tour), une journée dans le petit village de Badens victime des inondations. J'aide Benjamin à bricoler, il travaillait dans la mécanique des motos puis dans la boulangerie et ensuite dans la restauration. Il m'a raconté son voyage en stop en Islande! Pas facile le stop surtout dans un pays où il y a 4h de jours en hiver...

La cité médiévale de Carcassonne.
Et ses remparts.
Chantier construction.

Je termine la journée sur un banc avec vu sur les vignes et le couché de soleil. Prochaine étape: Massat (Ariège).

Total: 170km ~ Cumul: 1088km.

Sur le chemin de Badens.
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Samedi 16 février

Badens - Massat

Je quitte le Domaine Astruc, direction l'Ariège. Objectif, les Pyrénées. Merci Martin et Benjamin pour leur hospitalité et le Mario Kart.

Un couple avec un enfant me prend en stop et m'emmène à Bram. Ils se rendent à Toulouse pour la manifestation des gilets jaunes. La mère travaille dans une association d'éducation populaire et le père compte faire une formation par correspondance en agriculture biologique.

À Bram, Éric m'invite à monter dans sa voiture. Originaire de Paris et habite dans l'Aude depuis 30 ans. Il a beaucoup voyagé en stop à travers la France et c'est toujours un plaisir pour lui de rendre service. Et pour moi c'est un plaisir de rencontrer des voyageurs et plus particulièrement des ex auto stopeurs. Il me dépose à Fanjeau, peu de monde sur la route, mais il fait bon.

Vient ensuite Valentin, salarié chez EDF. Nous rentrons dans le département de l'Ariège, avec ses belles prairies vertes, son ciel bleu et au loin les montagnes enneigées des Pyrénées. Valentin m'emmène jusqu'à Saint-Giron, je me rapproche de Massat.

Pas facile le stop à Saint-Giron, je décide de marcher jusqu'à Massat... Une décision que je déconseille, je quitte la ville pour m'enfoncer dans la campagne, je marche sur une petite départementale, avec virage, sans bande d'arrêt d'urgence, sans gilet jaune. Le mieux s'est d'attendre à une sortie d'un village ou d'une ville.

2h plus tard, Christine s'arrête pour m'aider à me rapprocher de mon objectif. Elle habite dans l'Ariège depuis 2 ans, originaire de la Rochelle, elle a passé sa jeunesse en région parisienne, puis elle a vécu à Toulouse, ensuite en Savoie et enfin dans l'Ariège. Tout une vie, tout est changement.

Elle me dépose à un rond-point derrière une voiture arrêtée dont la personne me fait signe de monter... Tout va très vite, il y a des moments où c'est long et puis... Paf ! Tu rencontres les bonnes personnes.

Nicolas, il élève des brebis depuis 1983, il a vécu dans une cabane le temps de bâtir sa maison. Il se revendique néo paysan", il vit en grande partie grâce au troc, comme beaucoup de gens autour de Massat. Nous arrivons à Massat !

La maison de Agnès et Eloine, avec leurs 2 chèvres (ou boucs). 

Je fais la connaissance de Agnès, la personne chez qui je vais séjourner en couchsurfing, elle m'emmène dans sa maison dans la montagne à 20 minutes de Massat. Agnès s'est installée en Ariège il y a 15 ans, elle produit des plantes aromatiques et médicinales, elle les transforme en sirop ou elle les fait sécher pour faire des infusions. Elle élève des poules et des chèvres. Agnès (et son ex) ont rénové la maison située sur le flanc Sud de la montagne. La salle à manger donne une belle vue de la vallée et des hautes montagnes enneigées. Agnès a un fils de 13 ans, Eloine.

1er plan: la crête, 2e plan: la vallée de Massat, 3e plan: les hautes montagnes des Pyrénées. 

Il fait beau et chaud pour un mois de février, nous prenons le petit déjeuner dehors en claquette. L'endroit est très calme, agréable, je fais de la randonnée, je monte une crête qui te donne un panorama des Pyrénées enneigés. Au Sud ce sont les hautes montagnes, au Nord les montagnes sont moins hautes, on peut apercevoir quelques maisons isolées avec jardin et bergerie.

Le soleil et le calme. 

La vallée de Massat (comme beaucoup d'autres endroits en France) a connue l'exode rural et ses conséquences durant la 1ère moitié du XXe siècle, beaucoup de familles se sont installées à Toulouse. Durant les années 70, beaucoup de néo paysans se sont installés en Ariège et dans les Pyrénées Orientale voyant des opportunités. La vallée se repeuple, petit à petit les anciens et les nouveaux paysans co-habitent malgré les différences de cultures. Et le village de Massat concentre de nombreux commerces.

J'aide Agnès à préparer ses tisanes, elle a 4 recettes: Ours gourmand, pour la digestion; Marmotte paisible, pour bien dormir; Petit Desman, pour le mal de tête et Tsad Agile pour le réveil. J'ai taillé la vigne qui pousse sur le mur la maison. Le travail en toute tranquillité et ce soleil...

Préparation des tisanes, Agnès les vend à un magasin situé à Saint-Giron. 

Bref, ce fut un Couchsurfing très riche en échange.

Nom de la ferme: Flore des Cimes. Village: Boussenac, Ariège. Wwoofing France.

Total: 208km ~ Cumul: 1 296 km

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Mardi 19 février

Massat - Vidreres

Il est temps de traverser les Pyrénées, direction la Catalunya et plus particulièrement Vidreres (Provincia de Girona). Je compte rendre visite à Nuria, Jérémy et leurs enfants chez qui j'ai vécu pendant 1 mois en tant que wwoofer.

Je quitte la maison de Agnès et je me rends au bord de la départementale en direction de Tarascon-sur-Ariège. Peu de voiture... Encore une fois je fais la même erreur, marcher le pouce levé, je commence à avoir un manque de patience. Après 2h de marche je décide de m'arrêter.

Une voiture s'arrête ! Gilbert, un habitant de Massat, va m'emmener jusqu'au col de Port (1249m d'alt). Gilbert était prof d'histoire et de géographie, aujourd'hui à la retraite. Lui et d'autres Massatois, ont aidé une famille de migrant à se réinsérer et à se loger à Massat après avoir vécu 1an dans un garage en région parisienne !

Viennent ensuite Olivier et Valérie et leur petit garçon qui vont me rapprocher de Tarascon. Je fais ensuite la connaissance de Thomas qui se rend dans les Pyrénées Orientale. Il travaille dans l'aménagement et l'optimisation des transports en commun. Il me dépose sur le bord de la route qui mène à Andorra, là je me trouve dans les Pyrénées enneigés !

Jo & Erwan m'emmènent au Pas de la Casa, ils s'y rendent pour acheter et revendre des cigarettes en France. Le Pas de la Casa, c'est juste une station de ski avec plein de supermarché, mais les montagnes sont magnifiques avec ce ciel bleu. On est à plus de 2000m d'altitude.

Le Pas de la Casa, Andorra.

Une voiture s'arrête, Angel me propose de m'emmener à Alp. ¡Mi primero autostop con una española! Elle est professeur de ski, très sympa et bavarde, elle est originaire de Sevilla et fut contente de savoir que je vais vivre 1an en Andalucía. Elle m'offre une bière, puis nous traversons les Pyrénées. Maintenant je commence à travailler mon espagnol. Je passe la nuit à Alp.

Una mañana à Alp (Catalunya).

Le jour suivant fut difficile, j'attends longtemps, pour faire peu de kilomètre. La première voiture fut un espagnol qui ne parlait pas beaucoup, il m'emmène jusqu'à La Molina un village très touristique.

Après plus d'une heure d'attente, Sebastian m'emmène à Ripoll. Il vient de Andalucía (Malaga), il est en recherche d'emploi dans l'hôtellerie. Avec lui je me sentais à l'aise pour discuter en castellano, ça me donne de l'énergie et de la motivation pour continuer. Nous traversons les montagnes, les forêts des Pyrénées catalan, un lieu riche en nature. Muchas gracias Sebastian.

Je rencontre ensuite la générosité. Un couple de retraité, encore une fois originaire de Andalucía, me propose de monter dans leur voiture. Ils vont à Barcelona, ils vont sûrement me déposer à la prochaine ville. Et... Ils modifient leur trajet pour me déposer directement à Vidreres. ¡Que regalo de la vida de encontrar gente con mucha generosidad! ¡ Muchisimas gracias ! Je leur offre un petit chat en bois que Benjamin (de Carcassonne, étape 7) a confectionné.

Je redécouvre la ville de Vidreres 1an et demi après l'avoir quitté. Beaucoup de travaux... Normal, se sont les élections municipales. Je passe une agréable soirée avec Jérémy, Nuria, Luis et Maria (qui ont bien grandi). Je leur explique mon projet de vivre dans un écovillage, je leur raconte mon passé, mon travail en entreprise...

Vidreres et son marché.

En octobre 2017, en tant que wwoofer, j'aidais Jérémy à gérer ses cultures de légumes, une petite exploitation agricole (ou jardin) qu'il a construit depuis 2011. Il vendait ses légumes à un petit magasin de produits locaux. Suite à une année 2018 catastrophique sur le plan météo (neige, grêle inondation et tornade) la récolte fut mauvaise. Il a préféré suspendre son activité. Aujourd'hui il travaille dans une coopérative, achat et revente de produits.

L'Hort de la Selva, le Jardin de Jérémy où j'ai travaillé durant 1 mois en tant que wwoofer (octobre 2017).

Le jeudi 21 février 2019 Baga General (grève générale) dans toute la Catalunya. Au programme, petit tour dans Vidreres et son marché, balade à vélo et skate puis direction Girona pour la grande manifestation en lien avec l'indépendance et quelques indépendantistes en procès. La manifestation a rassemblé plus de 70 000 personnes.

Vaga general! Que l'on soit pour ou contre l'indépendance c'est toujours intéressant d'aller sur le terrain et rencontrer les gens

Je découvre la ville côtière de Llançà, soirée répétition Hard Rock (Jérémy à la batterie), soirée au bar.

L'épicerie/restaurant où Jérémy livrait ses légumes. Répétition Hard Rock à Llançà.

Nous nous promenons au bord de la mer Méditerranéenne, au Nord c'est la France, au Sud le Port de la Selva et le début du Cap de Creus. Qu'il est beau ce bleu méditerranéen, ce ciel sans nuage, il fait chaud pour un hiver !

La Costa Brava. À gauche en arrière plan la France. À droite le Cap de Creus.

Pour ma dernière soirée en compagnie de Jérémy et Nuria, nous mangeons des crêpes chez des amis. Ambiance Catalan (en fait ça parle catalan dans tous les sens et je ne comprends rien). Demain direction le SUD.

Total: 300km ~ Cumul: 1596km

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Lundi 25 février

Vidreres - València

Comment résumer 4 jours de stop compliquées. Ça commence par une longue attente, sous un soleil chaud, pensez à vous protéger et à boire (de l'eau c'est bien). Puis une voiture s'arrête et vous dépose 3km plus loin, puis une autre voiture, 3km de plus. Cela m'emmène dans des endroits peu fréquentés.

Parfois on tombe sur la bonne personne qui te fait ta journée comme Silvio un portugais pâtissier originaire de Porto, il vit à Granollers, ou Anthony, lunette de soleil, mains au volant, le pieds sur l'accélérateur, nous roulions à 190km/h sur l'AP7.

Sinon tu tombes sur des gens très sympa mais très pressé, comme ce fut le cas avec Antonio, dépanneur, où nous avons contourné Barcelona à toute vitesse dans un trafic monstrueux. Lui aussi lunette de soleil, main au volant accompagné de boissons énergisantes, cigarette, tableau de bord équipé de 2 portables.

Ou alors tu rencontres des personnes qui veulent t'emmener à la gare, ou qui te déconseille l'auto stop sous prétexte que ça cause des accidents.

Il y a des endroits bien sécurisé pour faire du stop où j'ai attendu très longtemps et des endroits pas du tout sécurisé mais les gens s'arrêtent. J'utilise Hitchwiki maps une application qui répertorie les lieux idéals (ou non) pour faire du stop. Le mieux se sont les péages.

Néanmoins, j'avance poco a poco, les paysages défilent. En Catalunya je traverse des déserts de vignes et des oliviers, j'aperçois les rizières du Delta de l'Ebre. Je passe par Amposta et j'entre dans la Comunidad de València avec ses cultures d'orange.

Santio, 29 ans, est chauffeur poids lourd, il se rend à València, après plusieurs heures d'attente, de changement de lieu, je monte dans un camion ! On se sent... Légé et puissant. Je découvre son travail, son quotidien. Il transporte de tout, des croquettes pour chiens et des métaux lourds. Je le remercie pour ce voyage, un trajet agréable.

Santio et son camion.

València, la 3ème ville de l'Espagne. Je me rends à un meeting de couchsurfeur organisé dans un bar. J'ai pu rencontrer des gens de pays différents (Royaume-Uni, Allemagne, Bolivie, Italie, Mexique...). Je leur fais part de mes projets et les autres aussi (prof de langues, infirmière, étudiant en psychologie, cuisinière...).

València.

Linet, cuisinière, me propose l'hébergement. Une journée très dur physiquement, qui se termine dans un appartement avec plein de colocs et un couchsurfeur (Diego un équatorien). Je devais me faire passer pour "el novio" de Linet afin de justifier ma présence dans l'appartement. Discuter avec Linet et Diego, s'est faire face à un espagnol très difficile à suivre, il y a la rapidité des phrases et le sens des mots qui change du Castillan.

València otra vez.

Nous sommes le 1er mars, début de Las Fallas (3 semaines de fête), ça commence par des explosions de pétard, des fanfares, des concerts.

¡ Bienvenido a España !

Total: 494km ~ Cumul: 2090km

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Domingo 3 de marzo.

València - Granada

Adios Linet, Adios Diego, Adios València. Je me dirige vers la sortie Sud de València pour prendre l'A7 direction Alicante. Je décide de me rendre à une station essence, faire du stop à la sortie d'un rond-point à 7 voies s'annonçait difficile. Je tente le stop actif, en allant voir les gens et en leur demandant où ils vont.

Là première demande n'a pas fonctionné, la voiture était pleine. La seconde demande... "Hola, soy un viajero y me voy en la dirección del Sur de España. Queria saber si es tu dirección y si tu tienes ganas de conducirme ?" Carmen a accepté ma ma demande nous partons à... Granada!

Carmen est étudiante à Granada, elle emmène une autre personne avec elle. Encore une fois c'est difficile de suivre leur conversation, tant rapide. Je tente de comprendre, je pose des questions, je m'endors, je me réveille et je suis perdu (dans la conversation).

La Comunidad de Murcia et son agriculture intensive dans le désert.

Nous prenons l'A7 direction Xàvita, nous traversons des champs d'oranger, des paysages désertiques, quelques montagnes, peu d'arbre. Nous entrons ensuite dans la comunidad de Murcia, un des lieux de l'Espagne le plus sec mais toujours accompagné d'une agriculture intensive. Le paysage ressemble aux États-Unis, un désert, une route bien droite, des montagnes. On passe à Jumilla (connu pour son vin) et enfin... Andalucía !

Granada y el hotel de jovenes With Nest Hostel.

Granada est une ville dont la moyenne d'âge est basse, ça bouge, ça joue de la musique, ça danse le flamenco dans les parcs, dans la rue. Beaucoup de touriste aussi, le mois de mars est une période agréable pour visiter la ville. J'ai séjourné dans une auberge de jeunesse (With Nest Hotel), en centre-ville à côté de la Alhambra.

Balade dans la ville et en dehors, dans les parcs, sieste sous les oliviers avec une vue des montagnes enneigées de la Sierra Nevada. Que tranquilo. Un défi à relever à Granada: passer par tous les points de vue (mirador) que compte la ville. Les miradors vous offriront de beaux panoramas.

El dehesa del generalize, la Sierra Nevada.

La Alhambra, un vestige de la conquête arabe lo más famoso y conocido de España. On peut y faire le tour des remparts, visiter une partie de l'intérieur gratuitement, en été il faut penser à réserver.

La Alhambra et ses remparts.

Le seul point négatif fut les taxis qui roulent dans le centre avec les petites ruelles qui t'obligent de te plaquer sur le côté, contre les murs. Mais cette ville a son charme et une âme précieuse.

Beaucoup d'escalier. El parque Carlos V, très animé en musique durant la nuit.
À gauche, El mirador San Cristobal. A droite, le même mirador vu d'en bas.
La Alhambra.

Total: 458km ~ Cumul: 2548km

12

Mardi 5 mars

Granada - Beneficio - Pitres

Direction Beneficio, un village auto géré près de Órgiva situé dans le parc naturel de l'Alpujarra. 1ère étape, sortir de Granada et prendre la direction de Motril. Il me faudra 3 voitures pour arriver à l'entrée du parc. Mustafa, marocain, puis Jose y Viktor m'emmènent un petit peu plus au Sud et Francisco (avec son accent andalou très prononcé) me dépose à l'entrée du parc. Je quitte l'autoroute pour emprunter les petites routes de montagne.

Deux filles m'emmènent dans leur voiture (lo siento, no me recuerdo de sus nombres). L'une est espagnole et l'autre mexicaine, alors qu'elles comptaient se rendre à Pampaneira, elles décident de changer leur plan et de m'emmener à Beneficio. Juste cool ! La route n'est pas large, sa tourne beaucoup mais le paysage est juste magnifique, la vallée avec ses cultures, les montagnes, la forêt, les villages blancs. Depuis Órgiva, nous prenons la direction de Cáñar, quittons la route pour emprunter un sentier et enfin le parking de Beneficio.

Beneficio et son terrain de foot.

Beneficio, communauté hippie vivant dans des yourts, cabanes, tipis, troglodytes près de la rivière ou perché du haut des falaises. Il y a de la forêt, des jardins, des cascades d'eau, c'est calme...

Des maisons perdues dans la montagne et la vallée de Beneficio.

Je côtoie quelques campeurs venant de l'Europe et d'Amérique Latine, nous passons la soirée dans le tipi, autour d'un feu. Ça fume, ça discute, ça joue du tam-tam, de la guitare. (la consommation d'alcool y est interdite)

La cascade, idéal pour prendre une douche.

Je fais la connaissance de Marco et Aurélien deux français. Marco est ici suite à un divorce et une envie de quitter le système. Il m'a fait part qu'il a eu une vie bien remplie, très riche en expériences, il a créé et géré plusieurs entreprises durant des années, élevé ses enfants. Aurélien vit à Beneficio depuis 2014, suite à des problèmes de santé, il a décidé de prendre une retraite en Andalucía, mais cette peur de retourner en France l'empêche de sortir de Beneficio.

Tous les chemins mènent à... L'abondance végétale ! 
Le fameux tipi.

Je passe 3 jours à Beneficio, heureux d'avoir visité ce lieu, mais un peu déçu du fait que ce n'est pas pas si communautaire que ça. Les gens sont très distincts, permacultura, gens de passage, fumeurs... Je me rends à Órgiva avec Aurélien, c'est jour de marché et il compte faire la manche et de la récup. Aujourd'hui ce ne sera pas le cas, je lui offre le petit déjeuner et le déjeuner, ça lui a fait très plaisir. Oui la vie à Beneficio est plus ou moins précaire.

Entre les montagnes de l'Alpujarra, des rivières et de la forêt en abondance. Église de Órgiva.

Sur mon chemin, un couple de néerlandais et belge m'emmènent à Pampaneira un des plus beau village de l'Alpujarra. Composé de maisons blanches, une église en brique, tiendas (tapisserie, produits locaux), des petites rues, les voitures ne circulent pas. La balade y est agréable, on peut apercevoir le village de Bubion plus en hauteur ainsi que Capilera et encore plus haut el Pico Veleta (plus haut sommet de la péninsule Ibérique) dans les nuages.

Pampaneira et ses petites ruelles.
1er plan: Pampaneira. 2ème plan: Bubion y Capilera. 3ème plan: la Sierra Nevada dans les nuages.

Je fais la rencontre de Candela, son travail c'est de conseiller les gens à manger dans un restaurant mais à côté de ça elle est étudiante en psychologie. Elle m'invite à prendre un café chez elle à Ferreirola plus en bas de la vallée avec Fran su novio. Très sympa. On est dehors (en hiver) sous un ciel bleu, Ferreirola c'est un village de 30 habitants qui regroupe 10 nationalités distinctes. Alpujarra c'est une petite provence de Granade qui a subi l'exode rural puis repeuplé par des hippies, néo-paysans, punk dans les années 90. C'est un lieu très alternatif avec une agriculture locale, de la connection entre les habitants et riche en diversité.

Chez Candela y Fran. La montagne éléphant.

Je me rends à Atalbeitar à pied, je me perds 2 fois, j'ai cette impression que je vais passer la nuit dans la forêt. Je perds mon duvet, je le retrouve mais ensuite je perds mon sac à dos. J'emprunte des sentiers inaccessible, je force le passage mais la nature me dit NON. Et elle a toujours le dernier mot. Lorsque j'arrive à Atalbeitar, il y a personne. Je croise un couple qui me rapproche de Pitres et me conseille d'aller à une auberge de jeunesse.

¡ Perdido en el bosque ! 
La petite yourt dans la montagne.

En effet je me retrouve face à une grande maison en pierre, en bois et en terre-paille. Bienvenido al Refugio de los Albergues. Je fais la rencontre de Maria la personne qui s'occupe du lieu ainsi que sa mère Barbara toutes les deux allemandes (elles parlent très bien le français). J'y passe 2 bonnes nuits, le village de Pitres est très vivant, avec son marché et les gens venant de toute l'Europe, je côtoie de nombreux français (encore). Si il y a des hamacs, forcément il y a la siesta, depuis le jardin de l'auberge il y a une splendide vue de la vallée et ce coucher de soleil...

Pitres et son marché. El Refugio de los Albergues 
Un espace de tranquillité, pour un repos bien mérité.

Demain il va falloir continuer le voyage, direction l'Ouest...

Total: 82km ~ Cumul: 2630km

13

Samedi 9 mars

Pitres - Sevilla

Aujourd'hui, direction l'Ouest! Je me suis équipé d'un panneau en carton afin d'indiquer ma direction:"Mas lejos". Ça me paraît clair.

¡ Claro que si ! 

Rabhi, peintre, se rend à Granada pour y présenter ses œuvres. Arrivé à la ville, j'attends à une entrée de l'autoroute, mais encore une fois, en ville c'est compliqué. Je tente le stop actif dans une station service, les gens sont pressés, il n'y a pas de temps... J'attends encore une fois à l'entrée de l'autoroute, le pouce levé, pencarte à la main, sous ce soleil... UN COCHE !

Maul y Javier, deux portugais, qui vont à Malaga. Nous empruntons l'autoroute, à grande vitesse, la musique à fond, les paysages défilent sous mes yeux fatigués, des champs d'oliviers, un océan d'oliviers. Ils me déposent à Salinas, un petit village.

Quelque part en Andalucía, près de Antequera. 

Maintenant comment expliquer la suite qui fut difficile. Ceci est un apprentissage. Pour commencer, ne pas faire du stop un dimanche, il y a peu de voiture et la plupart sont remplies de passagers. Bref j'ai attendu 6h (c'est important d'avoir un livre avec soi), à une entrée d'autoroute pour finalement être accueilli dans un camping-car conduit par un couple de français, ils m'ont emmené jusqu'à Antequera.

Un océan d'olivier, pauvre campagne.
¡ Casi 3000km de viaje ! ¡ Seguimos ! 

L'auto-stop joue avec tes émotions. Il y a les bons moments et les moments difficiles. Le plus important c'est de profiter chaque instant car rien ne dure éternellement. Un jour, j'ai vécu les deux extrêmes. Je commence la journée avec la guardia civil et la police, un moment pas très agréable. Et je termine la journée à Sevilla dans une auberge de jeunesse! Comment est-ce possible ? J'ai rencontré des personnes formidables qui m'ont aidé à un moment ou j'étais dans le besoin. Merci Anna y Jesus pour m'avoir emmené en dehors de Antequera et Estelle qui m'a conduit jusqu'à Sevilla ! Avec elle, impossible de parler, elle parle beaucoup, elle fut intéressante mais pour comprendre, pour la suivre c'était compliqué. Ce que j'ai compris, c'est qu'elle fait des études d'esthétique à Sevilla et elle a 3 enfants ! Le voyage a été très rapide.

Sevilla
Y sus bailarines.

Séjour très court à Sevilla, je passe une nuit dans une auberge de jeunesse très agréable, le tout accompagné d'une balade dans le centre ville, les parcs, devant les monuments, las tapas...

L'auberge de jeunesse, sa terrasse et la vue.
La cathédrale de Sevilla, un mélange d'architecture arabe et chrétienne.

¡ Autostop, una aventura !

Total: 350 km ~ Cumul: 2980 km

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Mardi 12 mars

Sevilla - Praira do Barril

"¿Portugal? ¡porque no!" le plus important dans un voyage, c'est de prendre son temps. Faire du stop à une sortie de Sevilla, c'est juste impossible et dangereux. Je marche plus de 5km pour sortir un peu de la ville, et c'est parti !

Après 2h d'attente, le pouce levé, la pancarte (Mas lejos) à la main, le turban sur la tête pour résister au soleil... Daniel m'invite à monter dans sa voiture, il comprend un peu le français. Il me dépose à la sortie de l'autoroute près d'un petit village. Peu de voiture et pas d'ombre...

La suite... Je me téléporte au Portugal. NON enfin presque, je rencontre un couple hispano-allemand qui vit au Portugal. Nano (espagnol) et Christina (allemande). Christina a beaucoup voyagé dans son combi VW aménagé, elle a rencontré Nano dans un supermarket (où il travaillait).

Nous traversons le département de Huelva avec ses plaines, ses champs, ses serres maraîchère, ses orangers. Nous traversons le fleuve Guadiana, la frontière naturelle qui sépare l'Espagne du Portugal. Bem Vindo a Portugal! Il est 16h et non 17h. Petite photo avec le couple avant de faire une petite balade dans Tavira et son melting polt, vous pouvez y rencontrer des français, des anglais, des allemands...

Tavira, Portugal.

Direction Praira do Barril à Santa Luzia, seulement 1h30 de marche. Santa Luzia est un petit village peu touristique, calme avec un petit port de plaisance, le coucher de soleil est magnifique. Pour accéder à la plage il faut emprunter un pont qui traverse un marais, puis des petits sentiers. J'arrive à la plage, au sable blanc, il fait nuit, le ciel est rempli d'étoile, c'est calme j'entends seulement le bruit des vagues. Je vais y passer la nuit, tranquille. Boa noite.

Santa-Luzia, son petit port de plaisance et ce coucher de soleil ! 
Praira do Barril, Santa-Luzia.

Je crois que j'ai passé la meilleure des nuits en bivouac! Que c'est calme et il n'y a personne. Mais mon bonheur ne s'arrête pas là. La nuit suivante je vais la passer dans un studio de musique. Comment faire ? Ça commence comme ça, tu te poses sur un banc, tu regardes le soleil se coucher, une personne vient te voir et te propose d'aller boire un verre au bar d'à côté. Ça joue de la guitare, de la percussion (du Cajon), ça chante. Ensuite il te propose d'aller au restaurant avec d'autres amis, évidemment que oui, je les accompagne une telle proposition ça ne se refuse pas! Et ça rejoue de la musique histoire d'ambiancer le restaurant! Vient ensuite la demande qui ne se refuse pas: l'hébergement. Et ainsi, Ricardo, le guitariste et Catherina sa femme, m'invitent à dormir chez eux (dans leur studio de musique). Une soirée improvisée, sous une bonne ambiance, malgré la barrière de la langue.

Obrigado Ricardo (guitare), Tose (cajon) y Pedro pour cette rencontre, unique, riche et précieuse. Et merci à Catherina y Ricardo pour l'hébergement!

Sans doute l'une de mes meilleures étapes de mon voyage.

Total: 194km ~ Cumul: 3158km.

15

Jeudi 14 mars

Tavira - Cádiz

Après une balade à la plage avec Ricardo et son chien, nous prenons la route direction Ayamonte. Demi tour direction l'Espagne. Merci Ricardo ! Objectif Cádiz.

Je fais du stop à la sortie du village et je fais la rencontre de Jean-Michel. Il se rend à Huelva avec sa voiture anglaise (le volant à droite). Originaire de Biarritz, il vit à Ayamonte depuis 16 ans, il travaille dans l'immobilier et il est traducteur. Il a pratiqué de nombreux métiers.

Huelva est une ville entourée de marais, des champs de céréales. Cette ville a été dirigée par les anglais car ils exploitaient les mines de charbon que possède le département. La ville étant en travaux, il est difficile de me déposer à la sortie pour faire du stop. Il me propose l'hébergement pour la nuit à Ayamonte puis il m'emmènera à un autre endroit pour faire du stop où j'aurais plus de chance de rencontrer des gens qui se rendent à Sevilla.

Huelva, un centre-ville très piéton.

Au programme avec J-M: petite balade dans Huelva, café. Retour à Ayamonte pour boire, manger et re-boire. J-M est connu dans Ayamonte pour son implication au niveau de la municipalité. Il m'a raconté ses voyages en stop entre Biarritz et Paris. Il est fier de tout ce qu'il a fait jusqu'à présent. "Vis ta vie et saisi les opportunités!". Selon lui, si je m'intègre bien en Andalousie, je vais avoir du mal à retourner en France. Nous passons la soirée à parler de tout et n'importe quoi, ambiance conviviale, rencontre très riche, entouré de gens intéressants !

Ayamonte.

Le vendredi 15 mars, direction Cádiz, mais avec cette obligation de passer par Sevilla. Il me faudra 4 voiture pour arriver à Sevilla, il arrive que tu montes dans une voiture avec des gens très sympa et intéressants. Tu discutes, puis tu oublies où tu es et tu t'éloignes de la national.

J'arrive à Sevilla du côté... Est. Zut! Il faut que je trouve un moyen de me rendre à une sortie au Sud de la ville. Un chauffeur me rapproche un peu vers le Sud mais je termine le trajet à pied (Sevilla s'est très grand!). Finalement, je réussi à sortir de cette ville, grâce à San Marina y pépé, ils m'emmènent à San Fernando. Le trajet fut reposant et je sais qu'avec eux, j'arrive à la bonne destination. Les paysages défilent, les plaines de céréales, les orangers, les oliviers, les éoliennes et ce coucher de soleil...

Cádiz et sa cathédrale.

¡ Cádiz otra planeta ! Bienvenido a la costa del sol. C'est la plus vieille ville de l'Europe, fondée par les phéniciens il y a plus de 3 milles ans. Elle est située sur une presqu'île (auparavant c'était une îles), elle est reliée au continent par une digue et un pont.

La cathédrale de Cádiz. Son port de plaisance et une de ses 2 plages.

Je me pose dans une auberge de jeunesse, balades dans les petites rues étroites du centre ville, plage et tapas. Très animé, évidemment c'est le carnaval, la fête est au rendez-vous ! Des chansons, de la musique sur les places, dans les rues, au pied de la cathédrale. Les petits comme les grands tout le monde participe. Par contre je vous laisse imaginer l'état des rues le matin: papier, plastique, bouteille...

¡ El carnaval ! 

À l'auberge de jeunesse, je rencontre l'Europe, il y a une diversité de culture dans un petit espace. L'auberge est en partie géré par des volontaires en Erasmus. Des rencontres riches, un agréable séjour, je profite. Mais il va falloir un jour quitter la ville et entamer la dernière étape... Tarifa.

Cádiz et ses jardins.

Total: 468 km ~ Cumul: 3642 km.

16

Mardi 19 mars

Cádiz - Tarifa

¡ Tarifa, la ultima etapa ! 

C'est parti pour la dernière étape de ce voyage, direction la pointe de l'Europe, Tarifa. Il me faudra 4 voitures pour y parvenir dont David, qui habite à Chiclana, m'emmène jusqu'à Algeciras. Nous traversons des prairies, de champ de céréales et des éoliennes, beaucoup d'éoliennes. Ensuite on entre sur l'autoroute, changement de décor, nous traversons la montagne, la forêt, absence de trace d'humain, pas de village. Bienvenido en el parque natural los Alcornocales.

Algeciras est une grande ville qui borde la baie de Gibraltar très industrielle et portuaire. Il me faudra patienter deux bonnes heures pour qu'une voiture m'emmène à la sortie de la ville au combien pollué, merci Livia et Rolje. Aller encore 17 km!

Algeciras et le rocher de Gibraltar.

J'attends... Non je n'attends pas. Une fourgonnette aménagée s'arrête sur le bord de la route. Jorge m'emmène jusqu'à Tarifa, il est roumain et il mène une vie de nomade. Il a parcouru l'Europe avec sa fourgonnette.

Le camion n'avance pas très vite mais on prend le temps d'admirer les paysages. Le coucher de soleil, la mer et l'Afrique, si près, juste magnifique. Nous montons la montagne puis nous descendons. On peut apercevoir, l'océan Atlantique et la mer Méditerranée en même temps. Entre les deux... Tarifa !

Tarifa et sa plage de kit et wind surf. Sur la route qui m'emmène à la Ecoaldea avec un panorama de l'Afrique.

Total: 146 km ~ 3788 km

Fin du voyage.
17

Mercredi 21 mars

Molino de Guadalmesi et Tarifa en photo.

¡ Que la aventura sigue !

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