Mardi 4 février
Aujourd'hui est un nouveau départ. Luisa se rend à Marrakech pour rentrer au Portugal, de mon côté direction les Gorges du Todra. Merci beaucoup Luisa.
Je me pose plus ou moins à la sortie de la ville, le pouce levé sous un soleil de plomb à attendre ma première voiture en stop en Afrique.
C'est une famille française qui m'emmène dans les gorges. Durant le trajet, je n'étais pas très à l'aise, peu de place dans la voiture et plein de questions (assez violentes). Ils m'ont parlé de la France et des grèves bien sûr, je n'étais pas très libre dans la discussion. Le voyage fut rapide.
Les Gorges du Todra et ses spots d'escalade.Je traverse les gorges, c'est très jolie, impressionnant, et très touristique ! Beaucoup de gens. Je me pose près des grimpeurs, un monsieur vient me voir, nous prenons le temps de discuter et de surveiller son fils qui se balade dans les rochers. Il me propose de déjeuner avec sa femme près de leur camping car.
Erik, Karoline et leur enfant Emiel sont une famille belge qui voyage au Maroc depuis plusieurs semaines. Originaire des Flandres (Nord) ils ont déménagé il y a peu de temps en Walonie. Karoline donne des cours de français à Emiel, j'ai donc assisté au cours de français afin de corriger d'éventuelles fautes. Je leur ai écrit des expressions et des jeux de mots en français. Nous discutons beaucoup.
En fin de journée, nous rencontrons deux grimpeurs que la famille avait déjà rencontré hier, ils ont proposé un cours d'escalade à Emiel. Erik et Karoline me propose l'hébergement dans leur camping car. Just cool!
Une anecdote:
Erik et moi nous croisons un berbère dans sa voiture stationné près du camping-car prêt à partir laissant ses déchets par terre autour de la voiture. "Tu ne vas pas partir en oubliant tes déchets." dit Erik. "Mais c'est vide" répond le berbère. "Tu ne vas pas laisser ça là ?" "C'est vide, ça ne sert plus à rien et s'était là avant." et il s'en va sans rien ramasser. Finalement, ce ne sont pas forcément les touristes qui laissent des déchets dans la nature. ¡Una pena! Mais avec du recul, on peut comprendre que dans ce pays, il n'y a pas un système de recyclage comme en Europe ni une éducation sur ce sujet.
Les Gorges du Todra en fin de journée. Ainsi qu'une rencontre inattendue d'une famille et deux grimpeurs.Mercredi 5 février
Nous faisons route vers Tamtatouch à une dizaine de kilomètres plus dans l'Atlas. Nous empruntons des petites routes entre les montagnes, on y croise des nomades avec leurs chèvres. Quelle force de vivre dans un endroit avec peu de végétation. Nous passons devant un projet de barrage, qui selon certains berbères de Tamtatouch, est une bonne nouvelle pour le village, pour d'autres non.
Tamtatouch et les hauts sommets enneigés de l'Atlas.Tamtatouch est un village de 2000 habitants, situé dans une vallée entouré de montagnes dépourvu d'arbre (avant il y en avait), on peut y apercevoir les hauts sommets enneigés de l'Atlas.
Nous nous installons dans un camping, qui se construit petit à petit avec l'aide des touristes.
Mustafa un des gérant du camping, nous raconte comment le village a évolué. Les nomades ont été forcés de se sédentariser par le roi. Les maisons se sont construites avec le bois provenant des quelques arbres des environs et les mûrs sont en terre paille. Depuis l'an 2000 se développe le tourisme et avec le barrage qui nécessitera 2 ans pour inonder la vallée, va faciliter l'accès à l'eau et développer le tourisme. Chacun son avis à ce sujet.
Un point positif du tourisme, c'est l'apprentissage de la langue, des mathématiques. Avant l'école était payante, aujourd'hui et depuis peu, elle est gratuite (mais pas obligatoire). Pour Mustafa, le tourisme lui a permis d'apprendre à lire, à écrire et à compter, grâce à quelques européens venus passer des vacances dans le village.
Au Maroc il y a beaucoup d'inégalités, de corruption. Seuls les riches ont le pouvoir, tout est question d'argent. Un métier, ça s'achète.
Les jardins de Tamtatouch, bientôt inondés par le barrage ? Jeudi 6 février
Nous prenons le temps de quitter Tamtatouch et de remercier Mustafa et ses frères pour l'hébergement. Karoline, Erik et Emiel vont s'installer dans les Gorges de Dades et moi je vais continuer ma route vers Ouarzazatte pour commencer à remonter vers le Nord.
Nous passons par Tinghir puis direction Boumalne-Dades. Durant le trajet je donne des cours de conjugaison de français à Emiel. Sur la route, il y a rien, tout est désertique, pas d'arbre, pas de voiture, un horizon grand ouvert.
Je fais mes aux revoirs à Emiel, Karoline et Erik, je les remercie pour leur hospitalité, pour ces jours de voyage partagés ensemble. "Tu es sûr que tu ne veux pas rester plus longtemps avec nous ?" me dit Erik. Je n'ai plus que 3-4 jours pour revenir à Tanger. Oui si j'avais une semaine de plus, je continuerai à voyager avec eux en donnant des cours de français à Emiel. Mais bon il faut rentrer...
Erik, Emiel et Karoline, merci beaucoup pour votre hospitalité ! Un cadeau ! À Boumalne-Dades, je lève tente le stop pour rejoindre Ouarzazatte. Mais je me rends compte très rapidement qu'il y a peu de trafic. Quelques voitures remplies de passagers ou des taxis (très audacieux de levé le pouce dans un village du désert). Du coup j'ai pris le taxi direction Ouarzazatte.