Après une escale à Los Angeles, nous arrivons en France, à Roissy Charles de Gaulle le 26 août 2020. A la descente de l’avion, je n’ai pas encore conscience qu’une page se tourne. Tout est encore tellement présent.
Nous prenons le train pour Angers où nous récupérons la laguna de Jeanne que nous avions prêtée pendant un an. Et puis nous rentrons à Nantes, tard dans la nuit, et dormons chez les parents de Jeanne, absents, et qui ne sont pas au courant de notre retour.
Durant ces heures de trajet, j’ai tout le temps de repenser à ce voyage qui aura été initiatique pour moi. Il n’est jamais trop tard !
Le temps de revoir ceux qui nous ont accueillis pour quelques heures ou plus longtemps tout d’abord
en Nouvelle Calédonie :
Karen et Jean Michel bien sûr, ils furent les premiers et sont devenus nos amis.
Charlotte et Philippe dans leur immense domaine de la Tontouta aux chevaux de couleurs.
Odon, son centre équestre, son silence et sa rivière,
Patricia et Guy sur la pointe Bellenguez au paradis des chats et des chiens,
Stéphanie, François et leurs enfants Enzo et Nina à Poindimié, en Kanakie,
Florent et Anita, à l’éco-gîte tellement génial de Boulouparis,
Camille et Matthieu, Mia, Manoe et Naella, à l’Oasis des Possibles tellement inspirant de Dumbea,
Savina et Sébastien et toute leur troupe sur l’ilot Puen.
Puis en Nouvelle Zélande :
Joseph, notre couchsurfeur autodidacte érudit d’Auckland,
Fabrice l’ex collègue de Jeanne, boxeur à ses heures de Porirua vers Wellington,
Nico, Sandra et les colocs à Queenstown,
Andy, notre fermier préféré à qui l’on pense souvent à Te Anau,
Brant, activiste Maori multitâches à Reporoa, hôte de couchsurfing,
Julia ancienne prof de français à Blenheim, hôtesse de couchsurfing
Au Costa Rica :
Markus, Autrichien expatrié, gérant de la finca Mil Bezellas à Quepos,
Huguette, québécoise gérante de la finca Valeria à Puerto Viejo,
Terry, maitresse yoga, de Kindred Spirit à Cocles chez qui nous vivrons une partie du confinement.
Et aux USA :
Becky et Scott Brown Potmesil, au ranch d’Alliance dans le Nebraska,
Jan, au ranch de Bayfield dans le Colorado
et Pat Parelli « himself » au Parelli Center de Pagosa springs dans le Colorado.
Toutes et tous furent des refuges pour nous, ponctuant des moments de nomadisme et en suscitant de nouveaux.
D’autres furent des jalons, autant de rencontres qui fixent les souvenirs de moments partagés. Ce furent nos rencontres de voyage :
En Nouvelle Calédonie :
Alice et Bertrand, globetrotters rencontrés au camping de Poe, que nous ne croiserons finalement pas en Nouvelle Zélande,
Marion, rencontrée chez Karen et Jean Michel avec qui nous passons notre soirée rugby lorsque nous étions chez Odon,
Fred, juriste à Nouméa, Paul, psychologue cafetier, Marta, italienne en vadrouille rencontrés sur l’ile des pins,
Anna, franco-américaine en woofing chez Camille et Matthieu,
Morgane, chanteuse surexcitée et tellement drôle au karaoké chez Charlotte et Philippe
En Nouvelle Zélande :
Phavie, couchsurfeuse française logée par Joseph à Auckland et que nous retrouverons par hasard sur le ferry pour l’ile du sud,
Tea, Woofeuse danoise chez Andy qui nous a précédé et suivi, ne pouvant quitter le lieu ou le personnage.
Virginie, woofeuse toulousaine extravertie « pigophobe » chez Andy,
Sarah et Sam, lors de notre randonnée kayak et pédestre sur Abel Tasman.
Au Costa Rica :
Leona, woofeuse chez Markus qui tombera enceinte durant notre séjour,
Marie et Pierre François, globetrotters français malheureux en attente de leur carte bleue à Jaco et qui seront rattrapés par les restrictions dues aux Covid
Ambre et Jo, woofeurs français rencontrés chez Andy et qui nous permirent de vivre chez Terry durant le confinement. 1 mois et demi passés avec eux dans la jungle !
Ramon, jardinier en pointillé chez Terry,
Aux Etats Unis :
Jim, Cow boy mythomane et sympa croisé chez Scott et Becky avant son renvoi prématuré,
Jody, Woofeuse sur le tard qui nous a accueilli chez Jan,
Reed, Androgyne en woofing chez Jan aux très bonnes pâtisseries !
Sharon, Nate, Carlos, Victoria, Colin, Gracie, Rachel, Mac, employés ou stagiaires de Pat Parelli
Et puis il y eu les dizaines de bonnes âmes qui nous véhiculèrent sur quelques centaines de mètres ou pendant plusieurs heures, dans leurs voitures, camping-car, van ou même moto, sans qui nous n’aurions pu vivre ce que nous avons vécu.
Nous n’avons pas compté ni consigné leurs noms mais nous sommes redevables à chacun d’eux, chacune d’elles d’un fragment de notre aventure.
Ils furent notre mode de voyage en Nouvelle Calédonie et surtout en Nouvelle Zélande remplacés au Costa Rica par les transports publics puis, notre voiture aux états unis.
Nous avions choisi un type de voyage qui semblait le plus nous convenir, l’immersion plutôt que les pays à foison, des périodes de woofing plutôt que toujours les vacances, de la sédentarité entrecoupée de nomadisme, ou l’inverse, notre tente plutôt que des hôtels ou des auberges de jeunesse (qui nous sauveront pourtant quelques fois).
Grâce à ces choix nous sommes revenus plus riches dans tous les sens du terme.
Riches de tous ces moments magnifiques vécus, de ces rencontres inoubliables et des activités de dingue que nous n’aurions jamais pu nous payer et qui nous ont été offertes, simplement parce que cela faisait partie de la vie de nos hôtes.
Je veux parler des sorties en bateaux dans le lagon, de la pêche au gros, de nos escapades à cheval en Nouvelle Calédonie, de nos treks à cheval chez Andy en Nouvelle Zélande, de notre vie chez Markus et de notre « stage » de yoga chez Terry au Costa Rica, de notre vie de cowboys chez Scott et Becky et du stage Parelli offert à ma chérie à la sueur de mon front (ah ah !)
Riches aussi d’avoir vécu tous ces moments tous les deux et d’avoir confirmé, au feu d’une certaine promiscuité (nous étions tout le temps ensemble, ou presque), que nous étions bien ensemble et que nous allions continuer sur le même chemin,
Riches personnellement par les transformations plus ou moins conscientes que ce voyage a révélées ou permises. A ce propos, j’ai noté quelques « leçons de vie de maître voyage ».
- L’ « être » offre autant que le « faire »
- Il n’y a pas de contrariété ; les choses se font SI et QUAND elles doivent se faire.
- L’esprit ouvert aligne les planètes, le sourire ouvre les portes.
- Savoir prendre le temps, ou accepter de le « perdre » laisse place aux surprises de l’imprévu.
- Regarder les paysages avec l’œil des premiers explorateurs.
- Vivre en pleine conscience imprègne le corps et l’esprit.
- Chacun d’entre nous se pose ses propres limites. Soit par fainéantise, par manque de confiance ou par délégation. L’audace fait reculer les limites.
Riches enfin financièrement puisque ce voyage nous aura couté, tout, tout, tout compris 9 786 € pour 11 mois et demi à deux dans des pays traversés, au coût de la vie relativement voire très chers !
Tout compris signifie, vols, assurances, voiture, et vie quotidienne. Pour être plus précis, nous avons dépensé 14 266 € et gagnés 4 480 € au gré de nos woofing et de quelques cours donnés par Jeanne.
Tout calcul fait, nous aurions plus dépensé si nous étions restés en France pendant la même période ! Cette précision donnera peut-être à réfléchir à celles et ceux qui brandissent l’argent comme principal frein à ce type d’aventure.
Nous avions un budget prévisionnel de 10 000 € chacun et en avons dépensé la moitié. L’autre moitié nous permettra d’acheter une voiture à notre retour.
Je serai éternellement plein de gratitude pour Jeanne car je sais que c’est grâce à elle que nous avons su négocier au mieux tous les moments un peu tendus de notre voyage. Sa maitrise de l’outil informatique et de l’anglais, son expérience des voyages et de la débrouillardise nous ont sorti de plus d’une chausse trappe. En comparaison je ne suis qu’un handicapé du voyage.
J’aurai apporté ma pierre à l’édifice par mes capacités de travail, mes connaissances de la montagne, de la forêt et de la cuisine française ! Quelques compétences qui nous ont servi de sauf conduit en de nombreuses occasions.
Ce voyage nous aura permis de confirmer le mode de vie auquel nous aspirons ensemble, dans la simplicité, en connexion avec la terre, avec nos chevaux, et surement en marge de ce système qui s’emballe sans nous emballer.
Au moment de conclure l’écriture de cette aventure, des émotions s’invitent qui rendent les mots maladroits. Nous sommes conscients d’avoir vécu une expérience incroyable qui restera à jamais gravé en nous. Et même si la gomme du temps qui passe estompe certains détails il restera ce témoignage écrit et photographique qui saura, j’en suis certain, refaire vibrer ce qui nous fit vibrer.
Nous avons dégusté, durant tout ce voyage, les fruits savoureux de notre plante de rêve, en avons dispersé partout les semences qui se transformèrent aussitôt en graines de souvenirs ou graines de nouveaux rêves.
Nous avons gardé une de ces graines de rêve et l’avons semée dès notre retour dans notre super terreau d’aventure. Aujourd’hui cette toute jeune plante est déjà bien développée, mais son histoire est une autre histoire……
Des Totems sans Tabou ! De la plage paradisiaque de Nouvelle Calédonie en passant pas les glaciers de Nouvelle Zélande , la jungle du Costa Rica et le grand Canyon aux États-Unis !