Quand on est arrivé à Phnom Penh, on a trouvé que ça ressemblait beaucoup à ce que nous avions vu et ressenti à Siem Reap : des rues bondées de monde, des odeurs qu’on ne peut décrire tellement c’est immonde, des trottoirs très sales, des enfants qui mendient, qui dorment dehors, mais une différence près : les personnes ont l’air plus sympa, font des petits coucous aux filles et sont un peu moins froides.
Nous avions besoin d’aller à Phnom Penh pour que Timothée puisse finir son soin de dent. Donc dès notre arrivée nous allons prendre un rdv, manque de pot c’est fermé ( pourtant indiqué ouvert) pour ne pas perdre de temps on en cherche un autre qui est indiqué sans médecin français mais tant pis.
Même pas besoin de prendre rdv, la dentiste soigne Timothée direct, après des échanges écrits pour être sûr de bien se comprendre et quelques sueurs plus tard ( installation d’un grand bavoir, des crocs aux pieds, des grandes lunettes :) ) la dent est soignée.
Aujourd’hui nous avons décidé d’aller à la prison S-21. On nous avait pas forcément conseillé d’y aller avec des jeunes enfants, des photos pouvaient être choquantes.
Nous avons pris les audio guide pour les grands mais pour les filles, je leur traduisait ce que l’on me disait à l’oreille de façon à filtrer un peu cette dure période.
La visite est très bien faite, l’histoire est expliquée de façon très simple et on ressent bien la dureté de cette période.
Cette prison est une ancienne école réquisitionnée pendant le génocide Cambodgien entre 1975 et 1979. C’est la prison la plus connue des 196 réparties un peu partout dans le Cambodge par la dictature communiste des Khmers Rouges. Le principal dirigent des Khmers rouges c’est Pol Pot ( Saloth Sâr). Le but de cette dictature était de créer une société communiste sans classe. Il voulait vider les villes vers les campagnes.
Entre 16000 et 20000 personnes ont étés arrêtées puis torturées et enfin tuées dans cette prison. 89 enfants ont été répertoriés.
On demandait aux détenus d’avouer des fautes qu’ils n’avaient pas faites, afin d’avoir ces aveux ils étaient torturés. Des expérimentations ont étés faites à savoir si un corps plongés dans l’eau remontait plus vite si on attachait les mains ou non, qu’est ce qu’il se passait si on vidait le sang du corps .... Les gardes avaient entre 10 et 15 ans et sous l’endoctrinement des plus âgés, ils devenaient encore plus cruels que ces derniers.
Le portique dans la cour qui servait autrefois à jouer, était utilisé pour la torture. On pendait les détenus les mains liées dans le dos jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et ensuite on les plongeaient dans une jarre remplie d’excréments humains.
Pol Pot voulais purifier la société. Pour lui il fallait travailler dans les champs sans matériel donc il a imposé le retour du travail à la main.
Sous le régime des Khmers rouges il était interdit de se préparer son repas seul, cueillir une simple mangue par exemple était pris pour un vol et pouvait entraîner la mort.
Les personnes qui travaillaient toute la journée en plein soleil avaient le droit à simplement 2 rations alimentaires.
En moins de 4 ans c’est 3 millions de personnes qui sont mortes de faim, d’épuisement, de maladie ou assassinées ce qui représente 1 cambodgien sur 4.
Ce fut vraiment une visite très émouvante, j’avais lu le livre « d’abord ils ont tué mon père » de Loung Ung il y a quelques années, et cette visite m’a replongé dans ce livre immédiatement.
Les images du dernier bâtiment sont évidemment trop dur pour les petits, elles ont donc passé la fin de la visite dans les extérieurs. Les images sont pour quelques unes insoutenables tellement elle sont difficiles, je passe rapidement dans ces salles. On y vois les corps torturés et tués.
Kang Kek Leu le dirigeant de cette prison fut inculpé en 2007 pour crimes contre l’humanité et condamné à perpétuité en Février 2012. A la fermeture de Tuol Sieng, il y avait 7 survivants. A la sortie de la visite il est possible de discuter avec un d’entre eux qui passe sa journée à parler de cette partie de sa vie.