Mal dormi. Le retour au calme malgré la fatigue n'a pas été facile. Les réflexions arrivent lorsque l'action est terminée. Hier, une chute tout seul ou aidé par un animal même à 10m en contrebas… c'est l'agriculteur du coin qui découvre des restes à l'automne en allant aux champignons. 2h après c'est recouvert par la neige et j'ai jamais entendu parler de circuit GR très réputé dans le coin. Avec un peu de chance la moto peut s'embraser dans la chute mais alors avant qu'il y en ai un qui voit les flammes ou la fumée… Ce sont surtout les bestioles qui vont s'installer tranquillement en attendant que ça refroidisse et laisseront un mot en partant: "Merci c'était sympa, goutû, on sent qu'il a vécu à l'air libre mais la prochaine fois si on pouvait en avoir un peu plus jeune et vigneron, le nageur ça a un arrière-goût de chlore."
En cinq jours j'ai cumulé ce qui arrive sur plusieurs années et hier le pompon! Jamais connu avant!
Finalement je ne conseille pas l'hôtel, pas d'isolation phonique, personnel de journée moins aimable, pdj très sommaire par contre très fortement incité à acheter une bouteille de vin très chère. Ca sentirait plutôt les séminaires d'intégration.
Petite étape prévue: 449 kms, départ à 10H30
Vérifier les traces de l'étape d'hier, charger, enfiler directement tous les KWAYS, rejoindre la station, fueler et caféïner. Direction la Grèce, ses maisons blanches, ses plages de sable fin, ses eaux bleues. J'ai déjà pas réussi à voir la Mer Noire. Pour être totalement honnête, je l'ai aperçue 30 secondes à VARNA hier matin sur le pont de la ville. A Bourgas il faisait déjà nuit quand je suis arrivé et ce matin il y avait tellement de brouillard qu'on voyait pas l'eau depuis le pont. Belle performance.
Autoroute, reprendre un peu de vitesse, subitement percuter qu'une des plaquettes est quand même bien bizarre. Stopper à la prochaine station. Non, s'arrêter maintenant, ça sent pas bon. Un pont avec une sortie, WAZE indique une route sur seulement 100 m de chaque côté du pont. Prendre quand même la sortie, trouver quand même plusieurs routes, des panneaux. Яамбол (Yambol) 6 kms. Première station: "C'est pour changer mes plaquettes" "Da Da Da, Niet, Niet, Niet, behind you big houze", rentrer dans la cour, ressortir très très vite en espérant que les chaines des molosses ne cèdent pas. Plus gros que des malamutes! Une hargne!! La vache!!!
Seconde station, voir le contrôle technique à côté (ah bon vous avez un contrôle technique ici? Le même qu'au Liban où il suffit d'acheter un timbre fiscal?). "Da, garache moto, station benzine left, one street right POGRADOV, PO-GRA-DOV!". Un des employés de POGRADOV parle bien l'anglais, il peut pas intervenir si son patron n'est pas là "que le patron peut donner des ordres et on ne sait pas quand il va revenir mais j'appelle un ami, on sait jamais. On est en période de Noël, je ne sais pas si quelqu'un va accepter de faire du travail en extra". Bien fait de pas retenir mon bateau avec une date fixe. Téléphone, l'ami GUALATAI m'attend derrière une usine à ciment mais faut d'abord le demander à la station machin. "????" Juste une erreur pour trouver la station, la cimenterie, l'ami, sortir les plaquettes des sacoches. Durée de l'intervention: le temps d'aller pisser! Un type qui avait été mécano endurance chez les tchèques ou les allemands, pas tout compris, un atelier magique pour une plaquette qui n'aurait pas fini la journée.
Expliquer les sensations pendant la visite de Яамбол (Yambol), un parc d'habitation constitué presque uniquement de HLM vieux, mais très vieux, beaucoup en briques apparentes, des paraboles partout, des garages en tôles de tous les côtés, des bâtiments abandonnés. Un parc automobile, à vue de nez, 25% SUV luxe allemand, 25% berlingot ou autre utilitaire, 25% taxi (plutôt vieux taxi), 25% cariole à cheval. Tous en sandales et survêt dans la rue. On a l'impression que ça vit de rien, tout le monde a une activité, de l'entraide, les gamins ont le sourire. Des chiens errants. Bref bizarre.
Rodage, Refueler, rouler quand même un peu, retrouver la neige. Patienter 45 min dans le froid à la frontière au poste de Nymphea (ça ne s'invente pas), passer le DPF sur lequel il est inscrit que dans les 14 derniers jours je n'ai pas quitté le territoire français, que j'arrive en Grèce par la route sans avoir traversé de pays depuis la France et qu'il est validé du premier coup (appli officielle COVID machin). David Copperfield? Garcimore?
Et le meilleur moment de la journée, le dernier péage avant KAVALA. 3 guichets au choix, d'instinct celui qui va bloquer, te pose pas de question, fonce c'est le bon. Gagné! Un gros SUV (vieux bizarrement jamais vu ce modèle) avec une plaque asiatique bleue garé trop près et trop loin du guichet. Les bras du chauffeur et de la caissière sont trop courts pour se passer l'argent. La portière conducteur ne peut pas s'ouvrir suffisamment pour laisser sortir le conducteur, 3 essais (de face, de profil, tentative de vrille qui a failli aboutir mais abandonnée quand le type a compris qu'il ne pourrait plus rentrer dans son véhicule). J'étais pas le seul à regarder avec attention car les klaxons se sont tus. Retour au volant, tentative d'avancer en laissant trainer le bras à l'arrière de la portière mais la caissière n'a toujours pas les bras plus longs. Superbe essai en marche arrière pour monter la roue sur le trottoir presque contre le guichet. Panique complète, la guichetière qui appelle la police par sa fenêtre de guitoune pour le faire dégager. La voiture avance contre la barrière, le chauffeur sort d'un bond jusqu'au guichet et lui tend un billet, la fille regarde le billet, le repousse et lui fait signe de partir. Du coup, il me regarde avec un grand sourire derrière ses lunettes et arrive en courant en me demandant du change. "Tu m'as pris pour la banque de France ou Wall Street????" Il insiste le bougre. "Ton billet de 100, ben voyons et avec 100 yuan, je fais quoi moi? Surtout si tu en as pour 200€ de péage" (une conduite à gauche donc pas un Japonais).
Arrivée à 18H30, je sais pas pourquoi mais n'importe quelle étape ça me prend 8 ou 9h.
KAVALA, ça sent vraiment le retour à la civilisation, en plus il fait 11 degrés!